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septembre 2012 - Les Ateliers de Rennes

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Sommaire03 // éditoriaux08 // <strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>,une biennale d’art contemporain11 // <strong>Les</strong> Prairies15 // Lieux <strong>de</strong> l'exposition collective23 // Lieux d'exposition partenaires31 // <strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairies78 // Médiation80 // La Caravane80 // éditions82 // Le Show <strong>de</strong> l’Ouest84 // Informations pratiques86 // Biennale OFF97 // Plan


éditoriaux<strong>Les</strong> Prairies en automneBruno Caron, prési<strong>de</strong>nt d’Art NoracTrois nouveautés pour la troisième édition <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> :– Une nouvelle équipe, Lucidar, dirigée par Anne Bonnin, assure le programme artistique etla mise en œuvre <strong>de</strong> la manifestation.– Un nouveau lieu, le Newway Mabilais, partage avec le nouveau Frac Bretagne l’accueil<strong>de</strong> l'exposition collective thématique. Le Newway Mabilais est un repère <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>architecture rennaise.– Une nouvelle pério<strong>de</strong> : la manifestation, après <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s printaniers, se déroulera <strong>de</strong><strong>septembre</strong> à décembre.Des changements, mais l’esprit <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> reste le même : proposer à un largepublic une mise en relation entre l’art et l’économie ; la collaboration entre le secteurpublic, notamment <strong>Rennes</strong> Métropole, et le secteur privé, emmené par Art Norac. Enfin,plusieurs structures <strong>de</strong> diffusion d’art contemporain sont associées, par leurs expositions,à cet événement. Cette année, le pionnier, personnage aux multiples facettes, inspirera laprogrammation artistique. <strong>Les</strong> Prairies – titre <strong>de</strong> cette édition – offriront aux visiteurs leursétendues et leurs promesses.3


éditoriauxCréation artistique, entreprises et implantationdans un territoireAurélie Filippetti, ministre <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> – biennale d’art contemporain sont <strong>de</strong>venus l’un <strong>de</strong>s grands ren<strong>de</strong>zvous<strong>de</strong> la création artistique <strong>de</strong> la rentrée qui permet, durant quelques semaines,la rencontre entre les pratiques artistiques et les pratiques économiques etentrepreneuriales.Cette troisième édition intitulée <strong>Les</strong> Prairies, dont le commissariat a été confié à AnneBonnin et à l’association Lucidar, interroge la figure du pionnier dans l’histoire, le pionniercomme découvreur et défricheur, le pionnier comme aventurier et conquérant <strong>de</strong> territoires.Bel hommage ainsi rendu à tous ces artistes qui encourent les risques <strong>de</strong> la création...Si les principales expositions sont présentées dans <strong>de</strong>s sites culturels emblématiques<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> comme le centre <strong>de</strong>s télécommunications conçu par Louis Arretcheet le Frac Bretagne imaginé par Odile Decq que j’ai eu la chance d’inaugurer récemment,je me réjouis que la biennale se déploie dans plusieurs autres lieux partenaires qui illustrentla vitalité <strong>de</strong> l’art contemporain à <strong>Rennes</strong>.Cette volonté d’implanter l’art contemporain sur le territoire pour mieux atteindre le pluslarge public témoigne <strong>de</strong> l’esprit du partenariat exemplaire entre la Ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>et <strong>Rennes</strong> Métropole, le Conseil régional <strong>de</strong> Bretagne, le Conseil général d’Ille-et-Vilaine,l’état et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise.Je tiens à remercier le groupe Norac, « Grand Mécène <strong>de</strong> la culture » <strong>de</strong>puis 2010, dontl’association Art Norac accomplit un travail remarquable <strong>de</strong> diffusion en rendant accessiblesà tous, les développements récents <strong>de</strong> l’art contemporain et en mettant en lumièreles relations multiples entre l’art contemporain et les entreprises.Je me félicite que le soutien du ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communicationà ce temps fort <strong>de</strong> la vie rennaise offre la possibilité <strong>de</strong> se confronter aux œuvres d’art,<strong>de</strong> se questionner sur la présence <strong>de</strong>s artistes dans <strong>de</strong>s lieux urbains, rurauxou professionnels. Et je forme le vœu que cette édition rencontre un franc succès.à l’image <strong>de</strong> ces pionniers qui partaient à la conquête d’un nouveau mon<strong>de</strong>, je souhaiteà tous <strong>de</strong> partir à la rencontre <strong>de</strong> l’art contemporain.5


éditoriaux<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> au Frac BretagnePierrick Massiot, prési<strong>de</strong>nt du Conseil régional <strong>de</strong> BretagneDans le cadre <strong>de</strong> cette troisième édition, les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> – biennale d’art contemporainont choisi comme thématique la figure du pionnier, héros d’une histoire <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité.Ce choix thématique fait particulièrement écho à la politique culturelle du Conseil régional<strong>de</strong> Bretagne qui se veut innovante dans son dialogue avec les artistes et les acteurs culturels,précurseur dans la promotion <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> culture – savantes et populaires –et avant-gardiste dans ses grands projets architecturaux comme en témoigne le choix dubâtiment imaginé par Odile Decq pour le Frac Bretagne.La biennale d’art contemporain ne pouvait faire un meilleur choix que celui <strong>de</strong> ce nouvelespace pour faire découvrir aux Rennais, aux Bretons et à tous ceux qui le souhaitent, curieuxou amateurs éclairés, les créateurs inspirés <strong>de</strong> notre époque.Une soixantaine d’artistes internationaux explorant toutes les formes artistiquescontemporaines, <strong>de</strong> la sculpture à la vidéo, présenteront leurs travaux dans <strong>de</strong>s conditionsexceptionnelles, aussi bien au Frac que dans <strong>de</strong>s lieux plus insolites tel le Newway Mabilais.L’ampleur croissante <strong>de</strong> cet événement, les nombreux partenaires associés, la qualité <strong>de</strong> l’offreartistique, à la fois audacieuse et singulière, sont autant <strong>de</strong> raisons <strong>de</strong> la forte implication duConseil régional <strong>de</strong> Bretagne en faveur <strong>de</strong> cette manifestation et, plus généralement, <strong>de</strong> l’artcontemporain.Je souhaite une gran<strong>de</strong> réussite aux <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> qui permettent aux artistes et à leurscréations <strong>de</strong> se lancer, à travers cette biennale d’art contemporain, à la conquête <strong>de</strong> l’Ouest.6


éditoriauxArt, innovation et dynamique <strong>de</strong> territoireDaniel Delaveau, maire <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> MétropoleAprès le Couvent <strong>de</strong>s Jacobins, monument du patrimoine rennais qui a accueilli les<strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> en 2008 et 2010 avant d’opérer sa mue en centre <strong>de</strong> congrès, ce sont<strong>de</strong>ux nouveaux lieux emblématiques <strong>de</strong> l’architecture rennaise qui seront investis par latroisième édition <strong>de</strong> la biennale d’art contemporain. Le premier, l’ancien centre régional <strong>de</strong>stélécommunications, est un remarquable bâtiment construit par l’architecte Louis Arretcheen 1975. Le second, le tout nouveau siège du Frac Bretagne, œuvre d’Odile Decq, a été bâtià proximité <strong>de</strong>s soixante-douze colonnes <strong>de</strong> l’Alignement du xxi e siècle d’Aurelie Nemours,l’un <strong>de</strong>s symboles récents <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique à <strong>Rennes</strong>.<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, qui ont accueilli entre quarante mille et cinquante mille visiteurs lors<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes éditions, sont rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>venus un événement majeur du paysage culturelrennais. La biennale permet <strong>de</strong> mobiliser le public bien au-<strong>de</strong>là du cercle <strong>de</strong>s amateursd’art contemporain et <strong>de</strong> fédérer les acteurs et équipements culturels <strong>de</strong> notre territoire,à l’image du Musée <strong>de</strong>s beaux-arts, <strong>de</strong> La Criée ou <strong>de</strong> la galerie 40mcube, qui accueilleront<strong>de</strong>s expositions cette année. événement d’envergure internationale, elle contribue à rendrenotre territoire attractif, en mettant en lumière la vitalité et la richesse <strong>de</strong> la scène artistiquerennaise dans le domaine <strong>de</strong> l’art contemporain.Le projet artistique élaboré pour cette édition <strong>2012</strong> prend sa source dans le contexteurbain, économique et social <strong>de</strong> notre agglomération. Ce projet, <strong>Les</strong> Prairies, évoqueimmanquablement la figure du pionnier, qui entre en résonance avec la capacité à défricher, àinventer, à innover dans laquelle <strong>Rennes</strong> Métropole enracine son dynamisme, aussi bien dansles champs <strong>de</strong> l’économie ou <strong>de</strong> la recherche que dans celui <strong>de</strong> la création artistique, soustoutes ses formes.7


<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>,une biennale d’art contemporainL’association Art Norac invente une nouvelle biennale d’art contemporainFondé et dirigé par Bruno Caron, le groupe agroalimentaire Norac a mis en place fin2005 une politique <strong>de</strong> mécénat consacrée à l’art contemporain. Art Norac, association loi1901 reconnue d’intérêt général, a été constituée, dans le cadre <strong>de</strong> la loi Mécénat d’août2003, afin d’ai<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> promouvoir la création contemporaine et <strong>de</strong> rendre accessible àun large public ses développements récents.Art Norac abor<strong>de</strong> les pratiques actuelles sous l’angle <strong>de</strong>s relations entre l’art etl’entreprise, grâce, en particulier, à l’organisation <strong>de</strong> projets ou d’expositions d’artcontemporain stimulant les échanges entre ces <strong>de</strong>ux domaines.<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - biennale d’art contemporain ont été créés dans cette optique.Cet événement innovant, à périodicité bisannuelle et à vocation internationale, a étéfondé en 2008 à <strong>Rennes</strong>, en partenariat avec la Ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>. L’originalité <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong><strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> rési<strong>de</strong> aussi dans son organisation. Pour concevoir et mettre en œuvre labiennale, un commissaire d’exposition et son équipe <strong>de</strong> production sont recrutés surconcours pour <strong>de</strong>ux éditions.Bruno Caron et le groupe NoracBruno Caron, né en 1952, est diplômé <strong>de</strong> HEC. Amateur et collectionneur d’art contemporain, il a engagé <strong>de</strong>puis1992 le groupe dans une démarche <strong>de</strong> soutien à la création à travers une collection d’entreprise. Elle rassemble <strong>de</strong>sœuvres <strong>de</strong> l’abstraction <strong>de</strong>puis l’après-guerre avec Aurelie Nemours, François Morellet et Martin Barré ou encore legroupe Supports / Surfaces avec Jean-Pierre Pincemin et Clau<strong>de</strong> Viallat. Depuis cinq ans une attention est portéeaux artistes émergents et la collection s’élargit vers la photographie et les nouveaux médias.En 2006, Bruno Caron est membre <strong>de</strong> la commission chargée <strong>de</strong>s acquisitions du Fonds national d’art contemporain(FNAC). Le groupe Norac a reçu la distinction <strong>de</strong> Grand Mécène <strong>de</strong> la culture en 2010.8


<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, une biennale d’art contemporainLa troisième éditionIntitulée <strong>Les</strong> Prairies, la troisième édition <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - biennale d’artcontemporain se déroule du 15 <strong>septembre</strong> au 9 décembre <strong>2012</strong> dans différents lieux <strong>de</strong><strong>Rennes</strong> et <strong>de</strong> ses alentours. Elle déploie son propos artistique à travers une expositionthématique collective, <strong>de</strong>s expositions personnelles, une programmation événementiellepluridisciplinaire, <strong>de</strong>s projets éditoriaux ainsi qu’un outil <strong>de</strong> médiation mobile etitinérant.L’exposition <strong>Les</strong> Prairies se tient sur <strong>de</strong>ux sites inédits et prestigieux : le FracBretagne (Fonds régional d’art contemporain Bretagne), conçu et réalisé par l’agenceOdile Decq Benoît Cornette architectes, et le Newway Mabilais, ancien centre <strong>de</strong>stélécommunications, construit par Louis Arretche en 1975. <strong>Les</strong> expositions personnellesse tiennent quant à elles dans <strong>de</strong>s lieux d’art contemporain partenaires : La Criéecentre d’art contemporain, le Musée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, PHAKT Centre CulturelColombier, 40mcube, le Cabinet du livre d’artiste, la galerie Art & Essai.Cette troisième édition <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - biennale d’art contemporain affirme sadimension internationale en réunissant une soixantaine d'artistes et en produisant plusd’une vingtaine d’œuvres originales.L’association Lucidar conçoit et organise les <strong>de</strong>ux prochaines éditionsEn janvier 2010 est lancé le <strong>de</strong>uxième concours <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, avec pour objectif <strong>de</strong> sélectionner unnouveau projet artistique et une nouvelle équipe pour les éditions <strong>de</strong> <strong>2012</strong> et 2014. L’association Lucidar, dirigée parAnne Bonnin, est sélectionnée par un jury composé <strong>de</strong> représentants d’Art Norac, d’institutions culturelleset <strong>de</strong> professionnels du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’art contemporain.Anne Bonnin est critique d’art et commissaire d’exposition. Elle a enseigné à l’École supérieure <strong>de</strong>s arts décoratifs(ESAD) <strong>de</strong> Strasbourg puis à l’École supérieure d’art <strong>de</strong> Clermont-Communauté et a organisé en 2009 lesexpositions collectives Pragmatismus & Romantismus à la Fondation d’Entreprise Ricard (Paris) et Sauvageriedomestique à l’école municipale <strong>de</strong>s beaux-arts / galerie Édouard-Manet (Gennevilliers).9


<strong>Les</strong> PrairiesAnne Bonnin, commissaire <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>L’esprit <strong>de</strong>s commencements<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> – biennale d’art contemporain offrent <strong>de</strong>s conditions stimulantespour une commissaire d’exposition. Concevoir, organiser, diriger et partager unebiennale internationale est une aventure artistique, professionnelle, mais aussihumaine. La spécificité <strong>de</strong> la manifestation, qui traite <strong>de</strong>s relations entre l’art,l’entreprise et l’économie, a nourri l’une <strong>de</strong>s premières étapes <strong>de</strong> ma réflexion à traversle déploiement sémantique du terme même qui qualifie la manifestation, à savoir« ateliers ».Puis, j’ai pris le mot-clé « entreprise » que j’ai mis à plat : en son sens premier,entreprendre signifie commencer (cf. « Je forme une entreprise […] », Jean-JacquesRousseau, dans le livre 1 <strong>de</strong>s Confessions, en 1782). Cette attitu<strong>de</strong> a progressivementconstruit une métho<strong>de</strong>, elle m’a guidée dans ma façon <strong>de</strong> travailler avec les artistes etdans mon approche du contexte <strong>de</strong> la biennale, que j’ai donc située dans un horizonconcret. J’ai ainsi regardé la ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> dans son ensemble, mais surtout tellequ’elle s’est construite <strong>de</strong>puis les années 1960.J’ai conçu le projet <strong>Les</strong> Prairies avec <strong>de</strong>s artistes dont je connaissais bien l’oeuvre,élargissant ensuite le choix par la prospection. La thématique <strong>de</strong> la conquête, qui estcoextensive à celle <strong>de</strong> « prairies », puise à diverses sources et s’explique par plusieursraisons : poser l’espace comme le lieu d’une pratique, réfléchir à <strong>de</strong>s façons artistiques<strong>de</strong> travailler (dans) l’espace dont celui <strong>de</strong> l’exposition lui-même, abor<strong>de</strong>r l’idée d’étendueet celle d’attitu<strong>de</strong>, l’espace étant façonné par <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s. Que peut-on entreprendre,en effet, dans un mon<strong>de</strong> hyperconstruit, perçu et représenté aujourd’hui comme saturé ?Une figure <strong>de</strong> conquêteLa figure du pionnier est déterminante dans cette problématique <strong>de</strong> la conquêteet <strong>de</strong> la prairie. Le pionnier est un personnage ambivalent, positif et négatif : unefigure <strong>de</strong> conquête historique et légendaire, qu’il s’agit <strong>de</strong> déplier dans ses aspectscontradictoires. Si l’usage courant du terme <strong>de</strong>meure positif, désignant un précurseur,un défricheur qui déplace ou franchit les limites d’un domaine <strong>de</strong> recherche ou<strong>de</strong> connaissance et ouvre <strong>de</strong>s perspectives inédites, ses différentes incarnationshistoriques revêtent parfois une certaine négativité, celle du conquérant ou ducolonisateur manifestant une tendance impérialiste propre à la civilisation occi<strong>de</strong>ntale.Or cet esprit conquérant anime l’histoire <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité, d’une mo<strong>de</strong>rnité plurielle :scientifique, technique, politique et, bien sûr, artistique. Visionnaire, révolutionnaire,inventeur, bâtisseur, le pionnier aspire à un mon<strong>de</strong> nouveau et le prépare. Œuvrant àl’avant-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la société ou <strong>de</strong> la vie quotidienne, il a ainsi incarné le héros <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité qui appartient désormais au passé. Tout comme l’expression « avant-gar<strong>de</strong> »,le terme « pionnier » a une origine militaire : dans l’armée, fantassin en première ligneou terrassier qui prépare le terrain, dans les <strong>de</strong>ux cas, une personne qui va à pied,située au bas <strong>de</strong> la hiérarchie militaire. On retient <strong>de</strong> l’étymologie trois caractéristiquesdu pionnier : une position (spatiale, sociale, intellectuelle), une mobilité, et une relationphysique à un environnement.11


<strong>Les</strong> PrairiesSi son étymologie définit un homme <strong>de</strong> peine, à la vie ru<strong>de</strong> et rudimentaire, elle le doted’une qualité essentielle : le mouvement ; sa racine, la même que « pion », qui a donné« péon », vient <strong>de</strong> pedonis. Cet être en mouvement est, autrement dit, déplacé. Déplacé :dans un autre pays, une autre société, un nouveau mon<strong>de</strong>, dans lesquels il n’a pas <strong>de</strong>place.Ainsi, cette figure qui se construit et se définit en rapport avec <strong>de</strong>s espaces, <strong>de</strong>sterritoires, se comprend en termes d’attitu<strong>de</strong>s face à un espace. <strong>Les</strong> attitu<strong>de</strong>s, les mo<strong>de</strong>s<strong>de</strong> vie culturels façonnent un environnement, sur un mo<strong>de</strong> autoritaire ou selon unrapport plus intime d’interaction. La conquête s’incarne dans une variété <strong>de</strong> positionsspatiales qui s’opposent : du pionnier américain au migrant postcolonial. La botaniqueoffre aussi un modèle pour penser un rapport entre « individu » et environnement : ilexiste <strong>de</strong>s plantes pionnières qui préparent le terrain à <strong>de</strong>s végétaux qui viendrontaprès, ou bien <strong>de</strong>s plantes qui colonisent <strong>de</strong>s écosystèmes en détruisant leur variété.La platitu<strong>de</strong>La prairie, étendue herbeuse, espace et horizon ouvert se déployant à l’horizontale,est un lieu commun, paysager et poétique, et même un cliché cinémascopique :européen, américain, occi<strong>de</strong>ntal. Recouvrant différentes espèces, prairies naturelles ouartificielles, variant selon le climat, la latitu<strong>de</strong> ou le continent, avec une faune et uneflore spécifiques (savane africaine, steppe russe, pampa argentine), elle appartientaussi au mon<strong>de</strong> construit. Ainsi la prairie d’Amérique représente l’expérience d’uneétendue non circonscrite, celle d’un espace et d’un horizon illimités. C’est précisémentune géographie et une monotonie plates que Gertru<strong>de</strong> Stein, par exemple, transformeen une expérience poétique mo<strong>de</strong>rne ; en la dénudant platement, elle la détache <strong>de</strong> sonorigine.Une certaine platitu<strong>de</strong> caractérise aussi la prairie générique, verte, européenne :platitu<strong>de</strong> géographique et poétique. La monotonie produit la répétition. La répétitionaccomplit l’idée d’un faire qui se fait en faisant ; elle produit une poétique ducommencement par le faire, non par l’idéal.En explorant l’horizontalité, on découvre la verticalité <strong>de</strong> l’herbe : « Une étendue platevue d’en haut et horizontale ; mais elle est faite d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tiges dressées dontla verticalité lui confère sa "verte qualité" » (Francis Ponge 1 ). On passe <strong>de</strong> l’étendueplate à l’étendue en trois dimensions, tout corps occupe une étendue dans l’espace,selon la définition première du terme. L’étendue n’est pas que surface : la littéralitéretourne l’espace sur lui-même. Et la platitu<strong>de</strong> mène à une vitalité simple : « La prise<strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> la verticalité <strong>de</strong> l’herbe, la constante insurrection du vert qui nousressuscite. » L’horizontalité matérialise aussi un principe égalitaire <strong>de</strong> relations,se développant sur un même plan par opposition à une organisation verticale ethiérarchique. La platitu<strong>de</strong> est en fait une attitu<strong>de</strong> : une façon d’abor<strong>de</strong>r l’étendue commepeuplement <strong>de</strong> choses, <strong>de</strong> choses égales, comme la mort. Mais c’est un commencementqui commence.<strong>Les</strong> Prairies disent d’une façon littérale la mise à plat <strong>de</strong>s pratiques d’espace : nombred’œuvres valorisent l’étendue et accor<strong>de</strong>nt une importance à <strong>de</strong>s lieux concrets,<strong>de</strong>s sites, dans leur complexité et leur histoire. « L’occupation <strong>de</strong>s sols » semble unepréoccupation pour <strong>de</strong>s artistes qui ont intégré une histoire <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> site1. Fr a n c i s Po n g e, La fa b r i q u e d u Pr é, in Œu v r e s c o m p l è t e s, Ga l l i m a r d, Bi b l i o t h è q u e d e la Pl é i a d e, 2002.12


<strong>Les</strong> Prairies(Katinka Bock, Fernanda Gomes, Guillaume Leblon) ; d’autres décomposent nos décors(Gyan Panchal), mettent à plat <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs (Dove Allouche, Irene Kopelman, BatiaSuter) ou développent une botanique <strong>de</strong>s sols (Lois Weinberger).<strong>Les</strong> artistes d’aujourd’hui adoptent une attitu<strong>de</strong> objectiviste ou littéraliste, ils mettent àplat la réalité, les choses, considérées par eux <strong>de</strong> façon égale – ce qu’on leur reprocherégulièrement. Rappelons qu’Édouard Manet fut un maître en platitu<strong>de</strong>. Ainsi, « lesartistes ren<strong>de</strong>nt visible la composition mo<strong>de</strong>rne » (Gertru<strong>de</strong> Stein 2 ) : ils travaillentà partir d’un mon<strong>de</strong> construit. Leurs œuvres reflètent la composition du mon<strong>de</strong>contemporain : la réalité comme composition.Pour le pionnier américain, l’étendue a signifié une promesse, matérialisée en terrepromise, vierge. Mais la prairie était habitée par <strong>de</strong>s Indiens. Deux conceptionsspatiales se sont affrontées, occupation et habitation.Occuper, c’est prendre possession, cartographier, ordonner ; habiter, c’est percevoir« comme un entrelacs <strong>de</strong> lignes et non comme une surface continue » (Tim Ingold 3 ) unenvironnement tissé <strong>de</strong> lignes <strong>de</strong> vie. La ligne droite et la grille ou bien la courbe, leslignes <strong>de</strong> vie, pistes tracées par <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s animaux qui suivent la géographie.L’Indien était le <strong>de</strong>vancier du pionnier, auquel il a ouvert <strong>de</strong>s pistes, celles que lesanimaux, les bisons, lui avaient enseignées.<strong>Les</strong> Prairies invitent à une traversée paradoxale <strong>de</strong> la platitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s platitu<strong>de</strong>s.Celle-ci commencerait par une expérience simple, élémentaire, qui consisterait toutd’abord à adopter une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> platitu<strong>de</strong> face au mon<strong>de</strong> : mettre à plat les choses, lesconsidérer comme égales, les répéter, les refaire, comme le font les artistes, les poèteset les écrivains, qui cherchent à comprendre la composition du mon<strong>de</strong> contemporain.L’aventure, ce serait migrer vers les choses, déplacer notre point <strong>de</strong> vue vers elles.Autrement dit : déconstruire la « grammaire <strong>de</strong>s lieux », dissocier les choses <strong>de</strong> leurclasse et <strong>de</strong> leur origine, les expérimenter hors <strong>de</strong> leurs limites ; dans un langageconcret : prendre la réalité <strong>de</strong> plain-pied. Cet éloge <strong>de</strong> la platitu<strong>de</strong> s’offre comme unantidote à la tyrannie du contexte – le contexte aujourd’hui, c’est un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> réseauxconnectés, mais déconnectés du concret.2. Ge r t r u d e St e i n, Le c t u r e s e n Am é r i q u e, é d. Ch r i s t i a n Bo u r g o i s, 2011.3. Tim In g o l d, Un e b r è v e histoire d e s l i g n e s, Zo n e s Se n s i b l e s , 2011.13


Lieux <strong>de</strong> l'exposition collective15


<strong>Les</strong> PrairiesLe commissariat artistique <strong>de</strong> la troisième édition <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong><strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> englobe l’exposition collective déployée au NewwayMabilais et au Frac Bretagne, ainsi que les expositions <strong>de</strong>s sixlieux partenaires.L’ensemble <strong>de</strong> l’exposition collective est organisé en cinq airesthématiques :L’étendueLe mon<strong>de</strong> construit« Je forme une entreprise »Re : histoireL’occupation <strong>de</strong>s sols17


NewwayMabilaisL’étendue« Je forme une entreprise »Re : histoireLouis Arretche (1905–1991) fut l’un <strong>de</strong>s architectes prolifiques <strong>de</strong>s TrenteGlorieuses, réalisant <strong>de</strong> nombreuses comman<strong>de</strong>s d’État. Des années 1960 àla fin <strong>de</strong>s années 1970, il participe à la construction d’une France mo<strong>de</strong>rne etcontribue à la naissance d’une nouvelle <strong>Rennes</strong> : les campus universitairesà Beaulieu (1956-1982) et à Villejean (1963-1975), le Liberté (1961), le Centre <strong>de</strong>stélécommunications (1975), le quartier du Colombier (1958-1987).Ses réalisations rennaises <strong>de</strong>s années 1960 à la fin 1970 sont représentatives,voire emblématiques d’une histoire contemporaine <strong>de</strong> l’architectureinternationale. Arretche est mo<strong>de</strong>rniste dans les années 1960 ; son style <strong>de</strong>vientfuturiste dans les années 1970. Il adopte la dalle, typique <strong>de</strong> l’urbanisme <strong>de</strong>l’époque. Architecte conseil du ministère <strong>de</strong>s Postes et <strong>de</strong>s Télécommunications,Louis Arretche réalise plusieurs comman<strong>de</strong>s, dont la monumentale constructionqui s’impose dans le paysage rennais tel un vaisseau spatial posé dans la ville.D’inspiration futuriste, le bâtiment en forme <strong>de</strong> tripo<strong>de</strong> compte plus <strong>de</strong>15 000 m 2 . La fonction du Centre <strong>de</strong>s télécommunications exigeait la constructiond’une antenne hertzienne <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> hauteur à laquelle l’architecte ajouta uneplateforme <strong>de</strong> contrôle qui prit alors la forme d’une « soucoupe volante ».18


Lieux <strong>de</strong> l'exposition collectiveMathieu K. AbonnencGilles AillaudDove AlloucheTolia Astali & Dylan PeirceZbyněk BaladránJesus Alberto BenitezKatinka BockAdriana BustosMiriam CahnLuis CamnitzerDuncan CampbellMarieta ChirulescuJohn DivolaFlorian FouchéFernanda GomesSofia HulténVincent-Victor JouffeKiluanji Kia HendaThomas KilpperPierre LeguillonDóra MaurerHelen MirraUriel OrlowGyan PanchalJorge SatorreJudith ScottYann SérandourMichael E. SmithNewway Mabilaiswww.lesateliers<strong>de</strong>rennes.fr2, rue <strong>de</strong> la Mabilais35 000 <strong>Rennes</strong>Horaires : du mardi au dimanche<strong>de</strong> 12h à 19h,Fermé le lundiBatia SuterFrancisco TropaAndré ValensiMarie VoignierJackie Winsor19


FracBretagneLe mon<strong>de</strong> construitL’occupation <strong>de</strong>s solsLa collection du Fonds régional d’art contemporain Bretagne est riche <strong>de</strong>quatre mille sept cents œuvres <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cinq cents artistes, acquises <strong>de</strong>puissa création en 1981. Elle est constituée <strong>de</strong> grands ensembles thématiques– l’abstraction, les relations <strong>de</strong> l’art et du paysage, le regard <strong>de</strong> l’art surl’histoire – et d’ensembles monographiques <strong>de</strong> Raymond Hains, Jacques Villeglé,Didier Vermeiren et Gilles Mahé, entre autres. Le Frac Bretagne diffuse cettecollection en France et à l’étranger et propose au public régional <strong>de</strong> nombreuxprogrammes <strong>de</strong> sensibilisation à l’art sous toutes ses formes. Financée par leConseil régional <strong>de</strong> Bretagne, le ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication,la DRAC Bretagne et la Ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, l’institution abor<strong>de</strong> en <strong>2012</strong> une étapemajeure <strong>de</strong> son développement en ouvrant ses portes au public, dans un nouveaubâtiment conçu par l’agence Odile Decq Benoît Cornette, architectes. Située à<strong>Rennes</strong>, dans le quartier <strong>de</strong> Beauregard, la construction s’articule autour d’unvaste puits <strong>de</strong> lumière et donne accès aux trois galeries d’exposition, au centre<strong>de</strong> documentation, au café et à la librairie. Doté d’un auditorium <strong>de</strong> cent dixplaces, d’espaces <strong>de</strong> pédagogie et d’expérimentation, le Frac Bretagne offre unprogramme dynamique d’expositions temporaires, à partir <strong>de</strong> sa collection et <strong>de</strong>l’art actuel.20


Lieux <strong>de</strong> l'exposition collectiveBisan Hussam Abu-EishehGilles AillaudMichel AubryZbyněk BaladránKatinka BockMiriam CahnRené Daniëlsétienne-MartinLydia GiffordKees GoudzwaardVincent-Victor JouffeKiluanji Kia HendaJan KempenaersIan KiaerIrene KopelmanKitty KrausGuillaume LeblonJochen LempertGyan PanchalNeša ParipovićBatia SuterNasrin Tabatabai et Babak AfrassiabiFrancisco TropaAndré ValensiJackie WinsorFrac Bretagnewww.fracbretagne.fr19, avenue André-Mussat35 000 <strong>Rennes</strong>Želimir ŽilnikHoraires : du mardi au dimanche<strong>de</strong> 12h à 19h,Fermé le lundi21


Lieux d'exposition partenaires23


Lieux d'exposition partenairesLa Criéecentre d’art contemporainLa Criée est un centre d’art contemporainvolontaire et prospectif dans sondévouement à la recherche, la production,la présentation et la diffusion d’œuvresd’artistes innovants. Chaque saison,le centre d’art conçoit une programmationambitieuse, où se croisent <strong>de</strong>s projetsartistiques aux esthétiques multiples quirépon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s enjeux et <strong>de</strong>s objectifs<strong>de</strong> pratiques d’exposition, <strong>de</strong> recherche,<strong>de</strong> rayonnement international etd’inscription durable sur les territoires.Avec ses quatre plateformes <strong>de</strong> création(Art au centre – Prospectives – Des RivesContinentales – Territoires en création), LaCriée propose aux publics l’expérience <strong>de</strong>l’ouverture artistique par la mise en placed’expositions, <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nces d’artistes,l’organisation <strong>de</strong> colloques, séminaires,ateliers, rencontres ainsi que la publicationd’ouvrages collectifs et/ou monographiques.La Criée centre d'art contemporain accueille :Pratchaya Phinthong (voir p. 64)Infos pratiques :La Criée, centre d’art contemporainwww.criee.orgHalles centralesPlace Honoré-Commeurec35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 23 62 25 10la-criee@ville-rennes.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 12h à 19h,samedi et dimanche<strong>de</strong> 14h à 19h,fermé le lundi et les jours fériés24


Lieux d'exposition partenairesMusée <strong>de</strong>s beaux-arts<strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>Remarquable par ses peintures françaises,italiennes et d’Europe du Nord du x v i e au x v i i i esiècles, son département d’arts graphiquesqui contient <strong>de</strong> très belles feuilles <strong>de</strong> Botticelli,Léonard <strong>de</strong> Vinci, Rubens ou Rembrandt, leMusée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> met aujourd’huien avant le Cabinet <strong>de</strong> curiosités à partir duquels’est fondée sa collection.à travers une histoire <strong>de</strong> la peinture qui traverseles siècles, l’arrivée <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité au tournantdu x x e siècle se traduit par plusieurs œuvresessentielles <strong>de</strong> l’abstraction géométrique etlyrique. La création artistique contemporaine,quant à elle, se déploie à travers <strong>de</strong>s expositionstemporaires.Le Musée <strong>de</strong>s beaux-arts accueille :Carla Filipe (voir p. 43)Manfred Pernice (voir p. 63)INFOS PRATIQUES :Musée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>www.mbar.org20, quai émile-Zola35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 23 62 17 45museebeauxarts@ville-rennes.frHoraires : du mercredi au dimanche<strong>de</strong> 10h à 12h et 14h à 18h,le mardi <strong>de</strong> 10h à 18h,fermé le lundi et les jours fériés25


Lieux d'exposition partenairesPHAKTCentre Culturel ColombierPHAKT – Centre Culturel Colombier est un espace culturelassociatif conventionné avec la Ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> avec uneorientation dans les arts visuels en lien avec son territoire.à partir <strong>de</strong> trois polarités : les œuvres et les artistes,l’apprentissage et les pratiques, la culture et l’histoire <strong>de</strong>sformes, il propose <strong>de</strong>s complémentarités entre art contemporainet histoire <strong>de</strong> l’art, regard sur les œuvres et pratiques artistiques,création et médiation.Il propose une actualité artistique sous forme d’expositions,rési<strong>de</strong>nces, commissariats, éditions, etc., et tous sesaccompagnements : ateliers <strong>de</strong> pratique amateurs, médiations,conférences, service éducatif.La programmation (cinq à six expositions par an) dans la galerieexplore l’ensemble <strong>de</strong>s médiums sans oublier l’espace urbain : laplace du territoire dans notre réflexion et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>sartistes nous amènent à interroger régulièrement l’in situ,le « hors les murs », l’interdisciplinarité, etc.PHAKT Centre CulturelColombier accueille :André Gue<strong>de</strong>s (voir p. 48)INFOS PRATIQUES :PHAKTCENTRE CULTUREL COLOMBIERwww.phakt.fr5, place <strong>de</strong>s Colombes35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 65 19 70contact@phakt.frHoraires : du lundi au samedi<strong>de</strong> 13h à 19h15 et sur rdv.fermé le dimanche et les jours fériés26


Lieux d'exposition partenaires40mcube40mcube est un lieu d’exposition et un bureau d’organisation<strong>de</strong> projets d’art contemporain. Son activité va <strong>de</strong> la productiond’œuvres, un travail étroit avec les artistes tout au long <strong>de</strong>sétapes que sont la recherche, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité,le suivi technique et la fabrication, jusqu’à la présentation<strong>de</strong>s œuvres dans le cadre d’expositions monographiques, leurcommunication et leur médiation auprès du public.Ce travail <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> collaboration avec les artistesest généré ou suivi par une réflexion sur l’art actuel qui sematérialise par <strong>de</strong>s expositions collectives et <strong>de</strong>s éditions.Plusieurs axes sont ainsi développés : 40mcube – exposition ;40mcube – édition ; 40mcube AV qui coproduit avec lesecteur <strong>de</strong> l’audiovisuel <strong>de</strong>s vidéos d’artistes et propose uneprogrammation internationale <strong>de</strong> films d’artistes, et enfin40mcube – espace public qui travaille à <strong>de</strong>s projets artistiquesprenant place hors <strong>de</strong> l’espace d’exposition, avec le projetd’expositions collectives Chantier public et le dispositif <strong>de</strong>sNouveaux Commanditaires.40mcube occupe un bâtiment industriel comprenant un espaced’exposition <strong>de</strong> 170 m 2 , la Black Room dédiée à la vidéo et unatelier <strong>de</strong> production, sur une parcelle <strong>de</strong> 1 100 m 2 ² penséecomme un parc <strong>de</strong> sculptures urbain.40mcube accueille :Marion Verboom (voir p. 72)Aglaia Konrad (voir p. 53)INFOS PRATIQUES :40mcubewww.40mcube.org48, avenue Sergent-Maginot35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 90 09 64 11contact@40mcube.orgHoraires : du mardi au samedi<strong>de</strong> 14h à 18h, et sur rdv.fermé le lundi et les jours fériés27


Lieux d'exposition partenairesCabinet du livre d’artisteFondées en 2000 par <strong>Les</strong>zek Brogowski, les ÉditionsIncertain Sens sont un programme <strong>de</strong> publicationet <strong>de</strong> recherche autour du livre d’artiste. Depuis2006, elles ont initié le Cabinet du livre d’artiste :bibliothèque spécialisée, dispositif <strong>de</strong> lecture et lieud’exposition. Leur objectif est d’encourager cetteautre façon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’art qu’est le livre d’artiste,<strong>de</strong> soutenir sa production et <strong>de</strong> défendre sa présencedans la culture éditoriale et artistique. Nés dans lecontexte universitaire, les Éditions Incertain Sens etle Cabinet du livre d’artiste stimulent les recherchesen esthétique, documentation et histoire du livred’artiste, et mettent à disposition <strong>de</strong> tous les publicsleurs résultats : le fonds d’ouvrages (plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxmille titres), les expositions, les conférences, ainsique les publications, en particulier Sans niveau nimètre. Journal du Cabinet du livre d’artiste.Le CLA accueille une œuvre collective <strong>de</strong> :Mathieu K. Abonnenc, Pierre Leguillon,Yann Sérandour (voir p. 67)INFOS PRATIQUES :Cabinet du livre d’artistewww.incertain-sens.orgwww.sans-niveau-ni-metre.orgUniversité <strong>Rennes</strong> 2 - VillejeanPlace du Recteur-Henri-Le-Moal35 000 <strong>Rennes</strong>Bâtiment érèvetél. 02 99 14 15 86noury_aurelie@yahoo.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 11h à 18h et sur rdv.fermé pendant les vacances universitaires28


Lieux d'exposition partenairesGalerie Art & EssaiLa galerie Art & Essai <strong>de</strong> l’université<strong>Rennes</strong> 2 est un lieu d’exposition, <strong>de</strong>formation, <strong>de</strong> recherche et d’échangesdont la mission pédagogique, artistiqueet scientifique s’accompagne <strong>de</strong> rencontreset <strong>de</strong> discussions avec tous les publics.Elle présente plusieurs expositions chaqueannée, <strong>de</strong>s projets monographiques,collectifs ou thématiques confiés à différentscommissaires. Une équipe d’étudiantsresponsables <strong>de</strong>s différents secteurs <strong>de</strong> larégie, <strong>de</strong> la communication, <strong>de</strong> la médiationet <strong>de</strong> la documentation est associée chaqueannée universitaire au fonctionnement <strong>de</strong>la galerie. Deux enseignants chercheurs,Marion Hohlfeldt et Denis Briand, enassurent actuellement la direction.La galerie Art & Essai accueille :Frédéric Moser & Philippe Schwinger (voir p. 59)INFOS PRATIQUES :galerie Art & Essaiwww.univ-rennes2.frwww.galerieartessai.frUniversité <strong>Rennes</strong> 2 - VillejeanPlace du Recteur-Henri-Le-Moal35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 14 11 42galerie@uhb.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 13h à 18h,accueil <strong>de</strong>s groupes sur rdv,fermé pendant les vacances universitaires29


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairies31


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesBisan Hussam Abu-EishehBayt Byoot “Playing House”, 2008-2011.Photographie : Nathalie Barki.Collection Teixeira <strong>de</strong> Freitas, Lisbonne.L’œuvre s’impose par son ampleur tout en produisant un effetparadoxal. Ses dix impeccables vitrines blanches contiennentune collection hétéroclite d’objets, dont la plupart sontfragmentés, cassés, détériorés. Mais ces débris sont actuels :ces objets ont été collectés parmi les décombres <strong>de</strong> maisonsdétruites par le gouvernement israélien dans un quartierpalestinien <strong>de</strong> Jérusalem. Rangé et étiqueté, chacun d’eux estprécisément décrit dans une notice qui établit sa provenance,indique le lieu où il a été prélevé, la date <strong>de</strong> la démolition<strong>de</strong> la maison et le nombre <strong>de</strong> personnes qui y habitaient. Laneutralité du dispositif muséographique extrait brutalementces objets <strong>de</strong> leur réalité domestique. Ceux-ci n’en <strong>de</strong>meurentpas moins attrayants, vivants en quelque sorte : saisis sur levif, ils portent <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction, mais aussi d’existence.On touche <strong>de</strong>s yeux <strong>de</strong>s vies individuelles. Bayt Byoot " PlayingHouse" parvient à documenter tout en prenant une distanceavec un drame quotidien, international et abondammentchroniqué. La courte vidéo qui l’accompagne fait écho à cetteréalité politique explosive, tout en rappelant sa dimensionmédiatique : trouvée sur You Tube, elle diffuse en boucle la<strong>de</strong>struction d’un bâtiment palestinien du quartier <strong>de</strong> BeitHanina. <strong>Les</strong> objets semblent alors convoqués contre <strong>de</strong>s imagesdiffusées en flux continu, ayant perdu leur possibilité <strong>de</strong>représentation. Ils donnent accès à ce que soustrait l’actualité.A. B.Né en 1985 à Jérusalem (Palestine), où il vit et travaille.Gilles AillaudGilles Aillaud est présenté dans les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>en compagnie d’artistes d’horizons distincts. Encore tropsouvent associé aux mouvements <strong>de</strong> la Figuration Narrativeet <strong>de</strong> la Nouvelle Figuration apparus dans les années 1960et 1970 en France, le peintre, quoique très connu, mérited’être redécouvert. Décliné en un thème obsessionnel, le zooapparaît à la fois comme une scène <strong>de</strong> théâtre et une prisonqui ouvre pourtant vers un ailleurs : cet ailleurs dont lesanimaux sont coupés, mais qu’ils portent aussi en eux. Niromantiques, ni pathétiques, ces tableaux, qui ne relèventpas du sublime, énoncent avec précision <strong>de</strong>s présencesmuettes et vivantes. Or, dans les scènes animalières oupaysagères, comme dans les <strong>de</strong>ssins, la peinture re<strong>de</strong>vientune idée vivante qui con<strong>de</strong>nse une série d’opérations <strong>de</strong>dédoublement : entre surface et profon<strong>de</strong>ur, entre l’animalet l’homme, entre un <strong>de</strong>dans et un <strong>de</strong>hors. En effet, sesétendues ari<strong>de</strong>s et paradoxales, ses animaux, ses lieuxcontraints explorent <strong>de</strong>s registres d’existence qui mettent lapeinture à l’épreuve <strong>de</strong> la réalité en un art réflexif. Héritier<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité, l’artiste met à plat <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong>peinture, <strong>de</strong> surface, <strong>de</strong> matière, <strong>de</strong> couleur, <strong>de</strong> figure et <strong>de</strong>représentation, sans néanmoins quitter la réalité : il scrute<strong>de</strong>s manières d’habiter et d’occuper l’espace. Ses tableauxmontrent <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s prisonniers du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’hommemais qui n’en existent pas moins par eux-mêmes.A. B.Grille n°2, 1964. Collection du Frac Bretagne.Photographie : Guy Jaumotte. © Adagp, Paris <strong>2012</strong>.Né en 1928 à Paris (France), décédé en 2005.33


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesdove alloucheCo-production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Frac Bretagne.L’origine <strong>de</strong> la source I et II, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l’artiste et <strong>de</strong> la galerie Gau<strong>de</strong>l <strong>de</strong> Stampa, Paris.<strong>Les</strong> images <strong>de</strong> Dove Allouche proposent une énigme : quel est leur médium ? Commentont-elles été fabriquées ? Autrement dit que montrent-elles vraiment ? Leur mystère résulte<strong>de</strong>s techniques utilisées, parfois obsolètes. Pour <strong>Les</strong> Prairies, l’artiste a réalisé une séried’ambrotypes, selon un procédé ancien, ainsi que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins. <strong>Les</strong> Pétrifiantes explorent<strong>de</strong>s grottes particulières, que Dove Allouche a utilisées comme <strong>de</strong>s « chambres noires »naturelles. De même que la lente sédimentation du carbonate <strong>de</strong> calcium forme stalactites,stalagmites et encroûtements, la technique photographique retenue par l’artiste procè<strong>de</strong> pardépôt et pétrification : inventé au milieu du x i x e siècle, l’ambrotype révèle un négatif dansune émulsion d’argent sur plaque <strong>de</strong> verre, au dos <strong>de</strong> laquelle il faut glisser un fond noir pourrétablir l’image. « Caverneuse », la technique requiert d’être sous-exposée et procè<strong>de</strong> pardéveloppement physique. Son processus même coïnci<strong>de</strong> avec le sujet <strong>de</strong> l’image : <strong>de</strong> la matièreen formation. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins présentés ont été réalisés à l’encre et au graphite à partir d’uneplaque <strong>de</strong> verre stéréoscopique <strong>de</strong> 1940. Pour simuler un relief, cette technique impliquait uneprise <strong>de</strong> vue dédoublée, simultanée, mais légèrement désaxée. Le premier <strong>de</strong>ssin reporte tellequelle la vue <strong>de</strong> gauche, le second reproduit le négatif <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> droite. De cette inversionnaît un aller-retour, une profon<strong>de</strong>ur inversée où L’Origine <strong>de</strong> la source semble tour à tour être<strong>de</strong>rrière et <strong>de</strong>vant nous.H. M.Né en 1972 à Paris (France), où il vit et travaille.34


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesTolia Astali & Dylan PeirceProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Surface Value, <strong>2012</strong>. Vue <strong>de</strong> l'installation. Courtesy <strong>de</strong>s artistes. Photographie : Achim Kukulies.<strong>Les</strong> installations architectoniques d’Astali / Peirce mêlent formes construites et signes <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction.Leurs agencements d’éléments modulaires font écho au principe <strong>de</strong> construction mo<strong>de</strong>rniste : <strong>de</strong>s plaquesblanches encadrées <strong>de</strong> noir, sortes <strong>de</strong> cloisons, souvent superposées, affirment leur fonction constructiveavec autorité. Ces éléments <strong>de</strong> base dans leur pratique actuelle configurent <strong>de</strong>s décors froids, dont la palettese décline en noir, gris et blanc, et dénotent une esthétique bureaucratique, voire totalitaire. Le duo d’artistesréalise aussi <strong>de</strong>s collages d’images trouvées, également en noir et blanc, qu’ils présentent sur leurs cloisons.Ces collages montrent <strong>de</strong>s figures et <strong>de</strong>s éléments signifiants dont les référents se per<strong>de</strong>nt dans un passéproche et confus. Leurs connotations sont évocatrices sans être explicites : « nous construisons le cliché quenous aurions voulu trouver ». Des motifs surgissent d’une temporalité décomposée ; sont-ils produits parune mémoire en travail ou qui sombre ? Ils se précisent en impressions nettes : « les images sont traitéescomme <strong>de</strong>s peaux qui font remonter <strong>de</strong>s fragments à la surface ». Ces fragments mnémoniques évoquent uneatmosphère <strong>de</strong> conspiration désuète : le mon<strong>de</strong> communiste. Ces signes ambigus emmènent le regar<strong>de</strong>ur auseuil du lisible et déçoivent ses attentes. Dans <strong>Les</strong> Prairies, un « serpent monétaire » composé <strong>de</strong> centimesd’euros est également présenté ; outre son explicite référence économique, il provient lui aussi <strong>de</strong>s arcanesparanoïaques <strong>de</strong> notre histoire actuelle.A. B.Tolia Astali est née en 1974 à Tiflis (Géorgie), Dylan Peirce est né en 1977 à Paris (France),ils vivent et travaillent à Berlin (Allemagne).35


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesmichel aubryLe Grand Jeu, 2011. Détail <strong>de</strong> l’installation à la Galerie nationale <strong>de</strong> la Tapisserie(Beauvais), exposition Décor & Installations, 2011. Photographie : Michel Aubry.Cette gran<strong>de</strong> installation murale est composée d’élémentsrécurrents dans le travail <strong>de</strong> Michel Aubry : tapis, uniformesmilitaires, tissus <strong>de</strong> camouflage, éléments mobiliers, tables <strong>de</strong> jeu,cartes militaires, produits dérivés <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> maoïste. <strong>Les</strong>tapis proviennent d’origines et d’usages différents : tapis afghans,<strong>de</strong> jeux d’enfants, <strong>de</strong> casino, etc. Cet assemblage thématiqueassocie le jeu, la stratégie politique et la guerre en un grand puzzle.Monumentale, la composition amplifie les qualités ornementales<strong>de</strong> ces objets décontextualisés. En effet, l’artiste travaille les motifs,leurs référents et leurs connotations ; il opère <strong>de</strong>s glissementssémantiques entre le jeu et la guerre, dont il met en scène, maisaussi à plat et au mur, la vieille alliance. <strong>Les</strong> motifs <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>ssignes dont les significations s’entrecroisent au contact les unes<strong>de</strong>s autres. Cette double qualité ornementale et politique rappelleles gran<strong>de</strong>s fresques consacrant les cités italiennes aux x v e etx v i e siècles. L’œuvre se déploie comme un objet rituel d’apparat,voire un parement d’autel : elle dresse à la verticale <strong>de</strong>s objetshorizontaux. Le Grand Jeu procè<strong>de</strong> à une double opération quiprend le sens d’une mise au pinacle et d’une mise au pilori d’uneiconographie politique – d’une idéologie – qui traite <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>sgrands empires communistes tout en rappelant leur apothéose.C’est une fresque postcommuniste, associant l’Afghanistan, l’URSS,la Chine et le casino, qui se joue du fétichisme politique.A. B.Né en 1959 à Saint-Hilaire-du-Harcouët (France), vit et travaille àParis (France).36


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesZbyněk BaladránWhen in 1735. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Hunt Kastner, Prague.Jesus Alberto BENITEZL’artiste, qui s’intéresse aux modèles théoriques etcognitifs et à leurs traductions visuelles, situe saréflexion à l’ère numérique : « <strong>Les</strong> images nouvellementcréées <strong>de</strong>viennent aussi <strong>de</strong>s ruines. La rapiditéavec laquelle ceci arrive est proportionnelle à lavitesse à laquelle <strong>de</strong> nouvelles images sont créées.Ceci est l'espace-temps <strong>de</strong> la culture et <strong>de</strong> l'histoirehumaine. » Prenant la forme d’un atlas rétro-futuriste,l’œuvre <strong>de</strong> Zbynek ̌ Baladrán évoque l'évaporation<strong>de</strong>s contenus et du sens, tout en réinterprétant <strong>de</strong>ssystèmes <strong>de</strong> représentation et <strong>de</strong> classificationscientifique, historique ou philosophique. Whenin 1735 renvoie à la révolution industrielle etl'occultation <strong>de</strong>s conséquences humaines et socialesdu développement machinique. Dans Mo<strong>de</strong>l for theUniverse, l'artiste énonce et <strong>de</strong>ssine en même tempsles hypothèses successives d’« une exposition commemodèle <strong>de</strong> l'univers » ; règles artistiques et systèmesd’organisation scientifique ou sociale sont mis sur lemême plan, tout objet pouvant <strong>de</strong>venir un modèle <strong>de</strong>l’univers et, par conséquent, d’exposition. Enfin, lacomposition modulaire Assemblage Against Essencequestionne notre rapport au savoir et aux modèlescognitifs, dont l’artiste montre la réversibilité etl’arbitraire.M. C.Né en 1973 à Prague (République Tchèque) où il vit ettravaille.Très influencé par la musique, et notamment par le Death Metalet l’électroacoustique expérimentale, Jesus Alberto Benitezconsidère les tirages photographiques comme différentesversions possibles d’un même morceau <strong>de</strong> musique – d’oùl’importance d’une pratique concrète d’atelier qui intègre sanscesse les contingences extérieures et assume les erreurs <strong>de</strong>fabrication dont il imite volontairement les effets (papier plié,bâche ondulée, tissu froissé, traces <strong>de</strong> scanner, marges inégales,etc.). L’emploi du papier photosensible incarne cette attention auhasard : il travaille à partir <strong>de</strong> rouleaux altérés par la lumière ouqu’il laisse volontiers s’abîmer davantage dans l’atelier. Il utiliseégalement la peinture au spray comme un « projecteur », dansun même esprit d’indétermination : elle échappe au contrôle dugeste sans définir <strong>de</strong> ligne précise. L’importance <strong>de</strong> la matérialité<strong>de</strong>s supports empêche toute distinction entre l’objet et l’image.Parmi les références <strong>de</strong> l’artiste, on citera Wa<strong>de</strong> Guyton, WaleadBeshty, Sigmar Polke ou les photographies <strong>de</strong> sculptures <strong>de</strong>Constantin Brancusi. Par ailleurs, la nature éphémère <strong>de</strong>ces matériaux a influencé ses lectures dans le domaine <strong>de</strong>ssciences physiques, en particulier les théories <strong>de</strong> l’origine, <strong>de</strong> laconstitution <strong>de</strong> la matière et <strong>de</strong> l’espace-temps.F. O.Né en 1978 à Valencia (Venezuela), vit et travaille à Lyon(France).Sans titre, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Frank Elbaz, Paris.37


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairieskatinka bockProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Le Grand Bleu (elle), <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Jocelyn Wolff, Paris. Photographie : Chloé Philip.<strong>Les</strong> sculptures <strong>de</strong> Katinka Bock sont à la fois matérielles et formelles, processuelleset construites. <strong>Les</strong> matériaux jouent un rôle déterminant – le plus souvent naturels(terre, bois, fer, cuivre, cuir, sable), parfois inattendus (un citron). L’artiste travailleavec leurs qualités physiques, qu’elle associe aux hasards <strong>de</strong> leur transformation (parexemple, la cuisson). L’œuvre est un jeu <strong>de</strong> forces contraires et stabilisées : une stase –un agencement harmonieux qui est un moment <strong>de</strong> clarté et <strong>de</strong> suspens dans le grandmouvement général qu’est le mon<strong>de</strong>. L’artiste présente <strong>de</strong>ux nouvelles productions,dont l’une a été réalisée selon un protocole contextuel en lien avec le lycée Bréquigny(<strong>Rennes</strong>), un bâtiment mo<strong>de</strong>rniste brutaliste à l’horizontale marquée, construitpar Louis Arretche, l’architecte du Newway Mabilais. Dans l’artère <strong>de</strong> circulationprincipale, un couloir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent vingt mètres <strong>de</strong> long emprunté chaque jour par plus<strong>de</strong> mille cinq cents personnes, l’artiste a installé une surface <strong>de</strong> terre crue recouverte<strong>de</strong> moquette rouge – un harnachement significatif qui assume l’artifice <strong>de</strong> l’art. Lasculpture obtenue déjoue les attentes : elle n’enregistre pas réellement d’empreintesi<strong>de</strong>ntifiables, que l’ensemble <strong>de</strong>s procédures, dont la cuisson, continuera à estomper.À rebours <strong>de</strong> tout causalisme, Katinka Bock prend le contrepied d’une fétichisation <strong>de</strong>la trace. Elle raconte une histoire matérielle qui englobe une expérience humaine dansun processus plus vaste, et affirme par là une position <strong>de</strong> plain-pied avec une réalitéconcrète dont elle révèle l’infinie complexité.A. B.Née en 1976 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), vit et travaille à Paris (France).38


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesAdriana BustosRéédition<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Antropología <strong>de</strong> la mula, 2007. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerieIgnacio Liprandi Arte Contemporáneo, Buenos Aires.<strong>Les</strong> œuvres d’Adriana Bustos établissent <strong>de</strong> subtilsparallèles entre l’histoire <strong>de</strong> l’Amérique latine etson actualité contemporaine, révélant parfois <strong>de</strong>scorrespondances inattendues. Elle a notamment consacréun corpus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins, <strong>de</strong> vidéos et <strong>de</strong> photographies aucheval, érigé en témoin <strong>de</strong>s changements économiques dupays : l’animal, autrefois symbole <strong>de</strong> fierté et <strong>de</strong> prospéritédans les campagnes d’Argentine, est <strong>de</strong>venu, au moment<strong>de</strong> la crise économique et sociale <strong>de</strong>s années 2000, lecompagnon précaire <strong>de</strong>s cartoneros qui transportentdans les rues <strong>de</strong> Buenos Aires leur collecte <strong>de</strong> carton et<strong>de</strong> papier pour survivre. Dans le prolongement <strong>de</strong> cesrecherches, Adriana Bustos travaille sur l’histoire <strong>de</strong> laconquête coloniale et ses supposés liens avec le trafic <strong>de</strong>drogues. Elle découvre que les routes en partance <strong>de</strong> laville <strong>de</strong> Córdoba, empruntées <strong>de</strong>puis plus d’un siècle par<strong>de</strong>s « mules humaines » pour la circulation <strong>de</strong> stupéfiants(<strong>de</strong>s passeurs qui cachent <strong>de</strong>s capsules <strong>de</strong> cocaïne dansleur estomac), correspon<strong>de</strong>nt à celles autrefois <strong>de</strong>stinéesaux mules pour l’exportation <strong>de</strong> métaux précieux du x v i eau x v i i i e siècle. L’ensemble présenté ici joue sur la doubleinterprétation du mot mule et superpose les itinérairesempruntés par le narcotrafic avec la carte <strong>de</strong>s routescoloniales.F. O.Née en 1963 à Bahia Blanca (Argentine), vit et travailleà Córdoba (Argentine).miriam cahnMiriam Cahn avoue ne pas savoir, au moment <strong>de</strong> commencerune toile, si le personnage représenté sera une personne ouun animal – car, selon elle, il existe une relation profon<strong>de</strong>entre les espèces. Un homme aux attributs féminins, unefemme-singe, <strong>de</strong>s humains-plantes, <strong>de</strong>s paysages-corps : cen'est pas une personne réelle qu'elle souhaite peindre, maisla mémoire ou les sentiments <strong>de</strong> celle-ci. Ses portraits, ainsiqu’elle les nomme, végétaux, humains, animaux, sont ambigus,complexes, vulnérables, et vibrent d’une vie inconsciente. <strong>Les</strong>corps humains sont souvent nus et androgynes, les yeux et lesorganes sexuels très caractérisés et stylisés. La frontalité <strong>de</strong>sfigures met l’accent sur la présence d’un sujet. En fait, son sujetne serait-il pas l’excès du sujet, le sujet comme excès ? Excèshors <strong>de</strong> soi, hors i<strong>de</strong>ntité, hors classe, hors sexe, hors genre,néanmoins hypersexué, hypersensible. Marquée par MarkRothko, l’artiste développe une texture brillante et lumineuseobtenue par l’application d’une couche très fine <strong>de</strong> peinturesur la toile, sans aucune trace <strong>de</strong> pinceau. L’artiste attacheune gran<strong>de</strong> importance à l’accrochage, conçu comme uneinstallation, improvisé en situation, réalisé rapi<strong>de</strong>ment dansle lieu d’exposition. La disposition <strong>de</strong>s œuvres transcrit ainsila ca<strong>de</strong>nce frénétique <strong>de</strong> la performance. Le choix d’œuvresprésenté ici orchestre un accrochage rythmé, inspiré <strong>de</strong> ceux<strong>de</strong> l’artiste.F. O. / A. B.ZORN, 5./6.1.04. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie JocelynWolff, Paris.Née en 1949 à Bâle (Suisse), vit et travaille entre Bâle etla région du Bergell (Suisse).39


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesluis camnitzerTwo Parallel Lines, 1976. Collection 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, Metz.Photographie : Frac Lorraine.Deux lignes horizontales et parallèles sur un mur. À lafois notes <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page et formalisation d’une penséeau travail, ces bribes poético-philosophiques évoquenttour à tour l’horizon, la frontière, l’exclusion, la trajectoire,mais aussi la platitu<strong>de</strong> et la mort. Deux lignes parallèlesdans l’espace, mais aussi dans leur essence même, etqui ne se rencontreront jamais : les mots et les choses.Irréductible distance entre le visuel et le discursif, entrel’œuvre et le discours. On retrouve dans ce travail hybri<strong>de</strong>toute la singularité <strong>de</strong> l’artiste uruguayen (émigré auxÉtats-Unis) Luis Camnitzer : une tension fondamentaleentre le poétique et le conceptuel. Mais attention, cetravail n’est pas replié sur <strong>de</strong> purs enjeux artistiques, ilapparaît bien plus ouvert sur le mon<strong>de</strong>. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cessubtils questionnements sur la représentation, il faut,comme toujours chez Camnitzer, y déceler <strong>de</strong>s signes plusprofonds et cachés sur la relation <strong>de</strong> l’art au politique.D’abord, l’œuvre manifeste clan<strong>de</strong>stinement certainsmotifs autobiographiques : la frontière, le transculturel,l’enfermement. La ligne droite est une séparation parnature incontournable, une forme <strong>de</strong> laquelle on nes’échappe pas. Elle a donc un écho tout particulier chezun artiste longtemps exilé forcé aux États-Unis, et trèsconcerné par la situation <strong>de</strong>s dictatures sud-américainesdans les années 1970.Né en 1939 à Lübeck (Allemagne), vit et travailleà New-York (États-Unis).duncan campbellPostulant que le documentaire est une formefictionnelle, Duncan Campbell en interroge la naturedans <strong>de</strong>s œuvres où archives et images d’époque sontréagencées au sein <strong>de</strong> narrations qui en font apparaîtrela part d’imaginaire. L’artiste réalise notamment <strong>de</strong>sportraits <strong>de</strong> personnages emblématiques <strong>de</strong> l'histoiredu x x e siècle. Make it new John (2009) est l'histoire <strong>de</strong>John DeLorean et <strong>de</strong> son invention la DeLorean DMC-12.Ingénieur <strong>de</strong> talent et vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> General Motors,John DeLorean quitte en 1973 le géant automobileet crée sa propre entreprise. Il obtient le soutien dugouvernement britannique pour construire une usineà Dunmurry, dans la banlieue <strong>de</strong> Belfast. Située àla frontière entre catholiques et protestants, cette<strong>de</strong>rnière doit contribuer à réduire les conflits sociauxet politiques en fournissant du travail aux membres<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux communautés. Mais la DeLorean ne rencontrepas <strong>de</strong> réel succès et, presque immédiatement, JohnDeLorean se heurte à <strong>de</strong>s difficultés financières.L'usine – qui a employé <strong>de</strong>ux mille ouvriers – fermeen 1982, ayant produit à peine plus <strong>de</strong> neuf millevoitures. Cette voiture <strong>de</strong> sport <strong>de</strong>viendra cependant,et paradoxalement, l'un <strong>de</strong>s symboles du mytheaméricain et une icône cinématographique grâce à latrilogie Retour vers le futur.M. C.Make it new John, 2009. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.Photographie : Seamus Harahan.Né en 1972 à Dublin (Irlan<strong>de</strong>), vit et travaille à Glasgow(Écosse).40


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesMarieta ChirulescuStop, 2010. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie MickySchubert, Berlin.Marieta Chirulescu échappe à la scission habituelle qui opposeau clan du numérique la sacro-sainte chapelle argentique : pour« l’impureté », elle pratique un décloisonnement volage allantdu digital à l’analogique, <strong>de</strong> la peinture à la photographie, <strong>de</strong>Photoshop à la photocopieuse. Ses œuvres semblables à <strong>de</strong>sfiltres, <strong>de</strong>s voiles ou <strong>de</strong>s projections pigmentaires font souventl’effet d’une brume nébuleuse dont la profon<strong>de</strong>ur affleureet dont les frontières se brouillent : il est parfois difficile <strong>de</strong>distinguer le grain, tant le bruit <strong>de</strong> l’agrandissement numériqueressemble à la trame d’une toile peinte ; il est égalementcompliqué <strong>de</strong> départager les marges et les bordures qui sesuperposent dans une stratigraphie illisible. Le goût <strong>de</strong> l’artistepour l’inci<strong>de</strong>nt parasitaire – scotch oublié, griffure, poussière,reflet, décentrage, etc. – lui viendrait d’une enfance passée enRoumanie à feuilleter <strong>de</strong>s livres à l’impression approximative.Images d’Internet, captures d’écran, photographies prises par sonpère durant la dictature ou illustrations extraites <strong>de</strong> l’anciennerevue roumaine Arte font l’objet <strong>de</strong> traitements singeant <strong>de</strong>sprocédures archivistiques et bureaucratiques. La jeune artistetravaillerait à un épuisement expliquant les tonalités délavées etsurexposées d’images exsangues. Si Marieta Chirulescu pratiquela dynamique <strong>de</strong>s calques – logique propre aux logiciels <strong>de</strong>retouche d’images –, c’est pour la mettre au profit d’effets aussitactiles qu’impalpables. Une abstraction <strong>de</strong> la présence et non <strong>de</strong>la virtualité.H. M.Née en 1974 à Sibiu (Roumanie), vit et travaille à Berlin (Allemagne).rené daniëlsLa fulgurante carrière <strong>de</strong> René Daniëls se concentre<strong>de</strong> 1977 à 1987, au moment même où la vaguenéo-expressionniste sonne le retour d’une peinturemarchan<strong>de</strong>. En 1987, victime d’une commotioncérébrale, il interrompt sa pratique, reprise en 2006.Un motif invasif émerge en 1984 : celui d’un espaceperspectif, à <strong>de</strong>ux ou trois murs, la plupart dutemps sans sol ni plafond. Ambivalente, cette formeénigmatique passe souvent pour un nœud papillon,noué au cou <strong>de</strong> l’artiste dans un <strong>de</strong>ssin intitulé ARoom above The Pacific. Un pictogramme moquant lamondanité <strong>de</strong>s vernissages. Mais dans Battle for theTwentieth Century le nœud écarlate se voit ponctué<strong>de</strong> lucarnes jaunes – fenêtres ou monochromes ? – quifont du nœud papillon une salle d’exposition. Lamise en abîme est séduisante : <strong>de</strong> la peinture dansl’espace d’exposition à l’exposition dans l’espace <strong>de</strong>la peinture. Au même moment, Michael Baldwin etMel Rams<strong>de</strong>n, les britanniques d’Art & Language,jouent un enchâssement tout aussi dépeuplé dans leursérie Inci<strong>de</strong>nts in a Museum. Le diptyque Title Eveningparticipe <strong>de</strong> ce sabotage perspectif, René Daniëls ydémasquant encore une fois la fiction du tableau et<strong>de</strong> son exposition, la vacuité d’un regard centré, etabstrait du mon<strong>de</strong>.H. M.Painting on the Bullfight, 1985. Courtesy Bonnefantenmuseum, Maastricht.Photographie : Peter Cox. © Adagp, Paris <strong>2012</strong>.Né en 1950 à Eindhoven (Pays-Bas), où il vit et travaille.41


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesjohn divolaVandalism, 1974. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Laura Bartlett, Londres.Photographe majeur <strong>de</strong> la scène artistique californienne,John Divola débute dans les années 1970 avec la sérieSan Fernando Valley (1971-1973) qui documente la vie <strong>de</strong>shabitants et les architectures d’une banlieue sinistre <strong>de</strong>Los Angeles. La série Vandalism réalisée entre 1974 et 1975est une œuvre fondatrice <strong>de</strong> son vocabulaire conceptuel :il photographie en noir et blanc <strong>de</strong>s intérieurs <strong>de</strong> maisonsà l’abandon en prenant soin au préalable <strong>de</strong> retravaillerl’espace, notamment avec <strong>de</strong> la peinture à la bombeargentée ou en déplaçant certains objets. <strong>Les</strong> premièresintuitions <strong>de</strong> cette série voient le jour alors qu’il développe<strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> bouteilles <strong>de</strong> gaz <strong>de</strong> couleur grisargenté. La relation entre la couleur argentée du papierphotographique et celle <strong>de</strong>s bouteilles lui donne l’idée<strong>de</strong> prolonger les effets <strong>de</strong> la photographie et du flash surcette teinte. John Divola commence à transporter avec lui<strong>de</strong>s bombes <strong>de</strong> peinture dans les maisons délaissées <strong>de</strong>Los Angeles, et peint au hasard les objets, les murs, le solet le plafond. L’espace tridimensionnel <strong>de</strong> ces intérieurs setrouve aplati par le motif pictural bidimensionnel ramenéà la surface <strong>de</strong> l’image. Vandalism établit une filiationconceptuelle entre la peinture et la photographie dans ladroite lignée d’artistes californiens comme Ed Ruscha.F. O.Né en 1949 à Los Angeles (états-Unis), où il vit ettravaille.étienne-MartinLe sculpteur français Étienne-Martin qui se situe dans lalignée <strong>de</strong> Brancusi fut aussi marqué par Marcel Duchamp.Travaillant le plâtre, le bronze, ou encore le tissu et lecaoutchouc, il a une prédilection pour le bois. Pour lui,« l’intérieur détermine la forme » ; l’intérieur, c’est la vieintérieure, la maison familiale, mais c’est aussi la qualitéd’un bois qui contient déjà la forme. Cette vision spirituelle<strong>de</strong> la matière anime une pratique inséparable d’uneintrospection menée comme un voyage initiatique au seind'une histoire individuelle et immémoriale. Puisant dansses souvenirs et dans sa maison d’enfance <strong>de</strong> Loriol, ilréalise à partir <strong>de</strong>s années 1950 les Demeures, architecturessculpturesqui relèvent d’un art <strong>de</strong> la mémoire et dontfait aussi partie le fameux Manteau en tissu. Sculptured’assemblage, La Marelle reprend le plan <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong>Loriol. Son graphisme est composé <strong>de</strong> formes élémentaires –soleil, cercle, rectangle, cœur – <strong>de</strong> chiffres et d’inscriptions.Elle fait partie <strong>de</strong> l’Abécédaire : « L’Abécédaire répondait àun besoin impératif : relier entre elles ces choses diverses,trouver un lien entre ces personnages. L’Abécédaire est unitinéraire chronologique <strong>de</strong> l’alcôve originelle, mon<strong>de</strong> closet secret, à la terrasse qui est ouverte sur le mon<strong>de</strong> extérieur.C’est aussi une sorte <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong> l’oie » (étienne-Martin).Ainsi, cet art original, qui transforme la biographie en uneexpérience artistique universelle, transcen<strong>de</strong>-t-il l’oppositionentre mo<strong>de</strong>rne et archaïque, figure et abstraction.A. B.La Marelle, 1963. Collection Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne et Contemporain <strong>de</strong>Strasbourg. Photographie : M. Bertola. © Adagp, Paris <strong>2012</strong>.42Né en 1913 à Loriol (France), décédé en 1995.


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiescarla filipeBlue drawings, 2006-2008. Courtesy <strong>de</strong> l’artiste, <strong>de</strong> la galerie Nuno Centeno, Porto, et <strong>de</strong> lagalerie Graça Brandão, Lisbonne.Mêlant étroitement histoirepersonnelle et collective, CarlaFilipe explore le fonctionnement<strong>de</strong> la mémoire, convoquant <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ssins, <strong>de</strong>s objets, <strong>de</strong>s affiches,<strong>de</strong>s photographies, <strong>de</strong>s bannières,ou d’autres formes, qui prennentsens au sein d’installations. Commenombre d’artistes <strong>de</strong> l’exposition<strong>Les</strong> Prairies, son art repose surun travail documentaire qui,dans son cas, associe étroitementla biographie et la sociologie.Présentés dans l’expositioncollective, <strong>de</strong>s livres mangés par<strong>de</strong>s vers donnent littéralement àvoir une connaissance trouée, parun double motif symétrique quirappelle les formes du fameux testpsychologique projectif Rorschach.<strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux ensembles présentés auMusée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>sont tout aussi emblématiques <strong>de</strong>la démarche <strong>de</strong> l’artiste. Ex-voto :dimanche, cimetière anonyme etmémorial ferroviaire se compose <strong>de</strong>soixante-huit ex-voto que l’artistedédie aux cheminots. Nourrie<strong>de</strong> récits familiaux, cette fille <strong>de</strong>gar<strong>de</strong>-barrière développe uneréflexion sur le chemin <strong>de</strong> fer commemétaphore concrète <strong>de</strong> l’avènementdu capitalisme et <strong>de</strong>s mouvements<strong>de</strong> population. Créée pour le centred’art contemporain praguois Tranzit,l’installation Archive sour<strong>de</strong>-muettedéploie, à travers un ensemble <strong>de</strong>documents hétérogènes, une archivehistorique subjective qui matérialise<strong>de</strong>s déplacements temporels,conceptuels et idéologiques : <strong>de</strong>sannées 1980 à aujourd’hui, ducommunisme au post-communisme,<strong>de</strong> l’enfance à l’âge adulte, duPortugal à la République tchèque,<strong>de</strong> l’Ouest à l’Est.Née en 1973 à Vila Nova daBarquinha (Portugal), vit ettravaille à Porto (Portugal).retrouvez cette artiste au Musée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>43


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesflorian fouchéProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.L’école du village, Musée du paysan roumain, Bucarest, 2010-<strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.En 2007, Florian Fouché se rend à Târgu Jiu en Roumanie pour étudier le monument auxmorts érigé par Brancusi en 1938. Composé <strong>de</strong> trois éléments – La Table du silence, LaPorte du Baiser et La Colonne sans fin – le sanctuaire con<strong>de</strong>nse un vocabulaire formelliant l’épure à l’archaïsme. C’est sans doute ce même équilibre que retrouve l’artisteau Musée du Paysan Roumain <strong>de</strong> Bucarest, réaménagé dès 1990 sous la direction dupeintre Horia Bernea, dont le père anthropologue était spécialiste <strong>de</strong> la culture paysanne.Pariant qu’une bonne mise en relation <strong>de</strong>s objets peut tenir lieu d’explication, Berneaet son équipe convertissent l’obsession didactique en pédagogie douce, favorable àune « poétique <strong>de</strong> la muséographie ». Décontextualisés, les objets vernaculaires setrouvent dépaysés par <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> présentation – socles, vitrines, mannequins oucimaises – aux accents parfois mo<strong>de</strong>rnistes. En 2010, l’artiste photographie certains <strong>de</strong> cesarrangements. Vingt-huit <strong>de</strong> ces cent vingt images sont présentées ici, entre <strong>de</strong>s plaques<strong>de</strong> verre, fichées dans <strong>de</strong>s étagères. Ménageant <strong>de</strong>s panoramas fragmentaires, jouant<strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> la transparence, le dispositif s’inspire <strong>de</strong> manière très lointaine<strong>de</strong> vitrines conçues par Bernea. à l’été <strong>2012</strong>, pour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, Florian Fouchéa poursuivi ses recherches auprès <strong>de</strong> l’équipe du musée afin d’écrire sur cet ensembleextraordinaire, dont les expérimentations scénographiques recoupent en certains pointsle syncrétisme intuitif qui traverse sa démarche.H. M.Né en 1983 à Lyon, vit et travaille à Paris (France).44


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairieslydia giffordDell, <strong>2012</strong>. Vue <strong>de</strong> l'installation. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Laura Bartlett, Londres.Lydia Gifford développe une pratique élargie <strong>de</strong> la peinture à la frontière <strong>de</strong>l’immatériel. <strong>Les</strong> traces <strong>de</strong> peinture, <strong>de</strong> crayon ou <strong>de</strong> poussière disséminéesdans l’espace d’exposition suggèrent <strong>de</strong>s gestes et <strong>de</strong>s intentions volontairementinachevés : « Mon travail tente <strong>de</strong> créer une impression <strong>de</strong> commencement ».Réalisée à l’occasion d’une exposition personnelle à la David Roberts ArtFoundation à Londres, Dell (<strong>2012</strong>) est une installation in situ <strong>de</strong> longues planches <strong>de</strong>bois parallèles, posées au sol ou en équilibre sur <strong>de</strong>s parpaings, puis recouvertespar endroits <strong>de</strong> cendre <strong>de</strong> charbon <strong>de</strong> bois. L’artiste laisse visible l’impact physiquedu déplacement <strong>de</strong>s planches, comme la courbure <strong>de</strong>s lattes sous l’effet du poids(notons que le titre Dell se traduit par « vallon ») ou encore les traces <strong>de</strong> poudrequi révèlent l’espace négatif <strong>de</strong> la structure comme un pochoir. Passée au tamis,la poudre s’étale par couches et crée une sensation <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité quicontredit les propriétés d’une substance aussi légère. Invitée à rejouer l’œuvrepour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, Lydia Gifford livre une chorégraphie muette quiconnecte l’architecture du lieu au subtil équilibre entre gestes orchestrés et gestesimprovisés.F. O.Née en 1979 à Cheltenham (Gran<strong>de</strong>-Bretagne), vit et travaille à Londres(Gran<strong>de</strong>-Bretagne).45


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesFERNANDA GOMESProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Sans titre, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Luisa Strina, São Paulo, et <strong>de</strong> la galerie Emmanuel Hervé, Paris.Photographie : Fernanda Gomes.L’art <strong>de</strong> Fernanda Gomes se caractérise par une manière d’occuper l’espace et <strong>de</strong> s’y déployer,et manifeste une sensibilité en interaction avec un environnement concret. Ses réalisations sontreliées à <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie : ceux <strong>de</strong>s expositions, <strong>de</strong> leurs environs, <strong>de</strong> la rue ou <strong>de</strong> sa maison.L’œuvre déploie ses paradoxes : spacieuse, ses matériaux infimes sont parfois à la limite duvisible ; dispersée, sa composition est discrètement tramée par une grille. Sa palette atone –sable, blanc, gris – se fond dans l’ambiance, tandis que surgissent <strong>de</strong>s détails qui sont euxmêmes<strong>de</strong>s compositions : un verre d’eau souligne une rainure du sol ; une aiguille d’or plantéedans le mur vous atteint et désigne le mur. Ces éléments <strong>de</strong> toutes sortes sont glanés un peupartout, à la manière <strong>de</strong> l’animal qui furète et fait ses provisions. Elle les appelle <strong>de</strong>s « choses » :objets quotidiens, meubles, verres parfois remplis d’eau, miroirs, pièces <strong>de</strong> monnaie, branches,journaux, ficelles, aimants, à l’état <strong>de</strong> fragment, <strong>de</strong> l’ordre du rebut. Certaines sont minuscules :aiguilles, poussière, cheveux, mégots. L’artiste scrute l’architecture pour en faire sa matière :l’invisible compose l’espace ; l’insignifiant (aspérités, angles, fenêtres) <strong>de</strong>vient signe, formecaractéristique. Le vi<strong>de</strong> est traité comme une matière architectonique, <strong>de</strong> même, la poussièreest une couleur. Ces compositions sont un voyage intérieur au sein du mon<strong>de</strong> construit. Dans lalignée <strong>de</strong>s néo-concrétistes brésiliens, son art est formel et politique : grâce à un langage abstrait,il produit une expérience sensible et intelligible d’une réalité invisible, pauvre, délaissée, à lapériphérie du regard.A. B.Née en 1960 à Rio <strong>de</strong> Janeiro (Brésil), où elle vit et travaille.46


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesKees GoudzwaardLightweight, 2009. Courtesy <strong>de</strong> la galerie Zeno X,Anvers. Photographie : Peter Cox.sofia hulténKees Goudzwaard est l’auteur d’une peinture abstraite nourried’influences picturales diverses – <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> paysage hollandaiseà l’Expressionisme allemand en passant par le Colorfield paintingaméricain. Il réalise <strong>de</strong>s maquettes à échelle un avec lesquelles ilexpérimente <strong>de</strong> nombreuses compositions en papier avant <strong>de</strong> peindre sursa toile. Au cours <strong>de</strong>s années 1990, l’artiste opère un changement radical :il prend conscience que le sujet <strong>de</strong> son travail n’est pas le tableau peint,mais l’image <strong>de</strong> la maquette qui conserve intacts les moments <strong>de</strong> douteset d’hésitations <strong>de</strong> son processus <strong>de</strong> pensée. Comme une partition, celle-cilui permet d’agencer et <strong>de</strong> superposer librement <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> papier<strong>de</strong> couleur ou <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> plastique transparent qu’il colle avec duruban adhésif – généralement sur le mur <strong>de</strong> son atelier. Dans une secon<strong>de</strong>phase, il peint la copie exacte <strong>de</strong> la maquette originale sans toutefoisprendre en compte les reliefs et les ombres. Kees Goudzwaard insistesur le fait que son travail n’est pas un jeu illusionniste ni un trompe-l’œilmais simplement la substitution d’une réalité à une autre : il remplacela peinture par son processus d'élaboration. La toile est à la fois lareprésentation mentale d’un tableau à venir et une œuvre parfaitementachevée. L’artiste expose ici plusieurs tableaux dont chacun abor<strong>de</strong> <strong>de</strong>squestions esthétiques particulières. Le tableau Untitled (2000) correspondainsi à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> réflexion sur le mo<strong>de</strong>rnisme hollandais. Séduit parl’idée du mo<strong>de</strong>rnisme comme la promesse d’un possible, une euphoriemuette, il tente <strong>de</strong> lui donner une dimension plus intime : « Ce tableau estla proposition d’un espace mental suffisamment intime pour qu'on veuilley habiter et s’y sentir chez soi ».F. O.Né en 1958 à Utrecht (Pays-Bas), vit et travaille entre Anvers(Belgique) et Reusel (Pays-Bas).Depuis qu’elle s’est établie à Berlin au tournant <strong>de</strong>sannées 2000, Sofia Hultén n’a cessé d’aiguiser son sens<strong>de</strong> la récupération. L’artiste glane donc <strong>de</strong>s objets readyma<strong>de</strong>,already-used. <strong>Les</strong> objets que bricole l’artiste sontsouvent eux-mêmes <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> bricolage, c’est là lepremier indice <strong>de</strong> la teneur conceptuelle du travail : saréflexivité. La vidéo Past Particles – The Found Toolbox(2010) réalise un inventaire scrupuleux. Elle recenseune centaine <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> quincaillerie contenuesdans une caisse à outils trouvée : filmé un à un, chaquefragment se singularise sans laisser <strong>de</strong>viner son usage.Neuf grilles métalliques <strong>de</strong> portes et <strong>de</strong> fenêtres sontsciées en trois portions horizontales ; chaque tiers estensuite soudé à <strong>de</strong>ux autres tronçons pour former neufnouvelles baies disparates, suspendues à intervallesréguliers. Observées dans l’axe <strong>de</strong> leur alignement, lesgrilles se recomposent une à une en se superposant.Simultanément multiple et unitaire, cette visiontraduirait l’alternance <strong>de</strong>s processus d’expansion et <strong>de</strong>contraction, que décrit ce « gui<strong>de</strong> d’éveil <strong>de</strong> l’hommeparesseux » (Lazy Man’s Gui<strong>de</strong> to Enlightenment), livre<strong>de</strong> développement personnel qui donne son titre àl’installation.H. M.Née en 1972 à Stockholm (Suè<strong>de</strong>), vit et travaille à Berlin(Allemagne).Lazy Man's Gui<strong>de</strong> to Enlightenment, 2011. Vue <strong>de</strong> l'installation.Collection Konstmuseum <strong>de</strong> Malmö.47


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesandré gue<strong>de</strong>sCo-Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,PHAKT Centre Culturel Colombier.Nova Árgea, <strong>2012</strong>. Photographie : Vera Keel.Le travail plastique d’André Gue<strong>de</strong>s, qui s’appuie sur d’importantes recherches documentaires, estsous-tendu par une réflexion anthropologique sur les activités humaines dans la conception <strong>de</strong>sespaces. Invité au PHAKT Centre Culturel Colombier dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,l’artiste réalise un projet en forme <strong>de</strong> réponse oblique à l’ensemble à la fois architectural et socialdu quartier du Colombier. L’installation Nova Árgea inclut un diaporama <strong>de</strong> photographies mises enscène, montrant – au présent – <strong>de</strong>s membres d’une communauté fictionnelle en situation. Elle créeun récit visuel et textuel auquel participent aussi la poète Fiama Hasse Pais Brandão, l’urbanisteGaston Bar<strong>de</strong>t et l’artiste Clara Batalha. Ce récit est inspiré par l’histoire d’une coopérative agricoledénommée « A Comunal », fondée dans le village portugais d’Árgea, à l’époque du PREC (ProcèsRévolutionnaire en Cours), après la Révolution <strong>de</strong>s Œillets en avril 1974, au Portugal. Ses fondateurs,<strong>de</strong>s intellectuels urbains, envisageaient <strong>de</strong> se rapprocher <strong>de</strong> la population rurale afin d’y insufflerune « dynamisation culturelle ». Pour accé<strong>de</strong>r à leur idéal révolutionnaire <strong>de</strong> fraternité entre classes,ils tentèrent <strong>de</strong> constituer, avec les paysans et le prolétariat rural, un projet agricole fondé surl’échange <strong>de</strong>s savoirs et la juste contribution <strong>de</strong> chacun. Cette expérience communautaire utopique,réactualisée, réinterprétée dans Nova Árgea, est par ailleurs contemporaine <strong>de</strong> la création duquartier du Colombier qui, s’il concrétisait <strong>de</strong>s aspirations <strong>de</strong> confort mo<strong>de</strong>rne, s'éloignait <strong>de</strong> l’idéalsocial et culturel émancipateur d’Árgea, matérialisant plutôt la vision d’un architecte cadré par unmodèle économique moins empreint d’idéalisme.Né en 1971 à Lisbonne (Portugal), où il vit et travaille.retrouvez cet artiste au PHAKT, Centre Culturel Colombier48


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesvincent-victor jouffeProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Prairies Saint-Martin, <strong>Rennes</strong>, décembre 2000. Photographie : Vincent-Victor Jouffe.Après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin à l’École nationale supérieure <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong>Paris, Vincent-Victor Jouffe abor<strong>de</strong> les formes photographiques et filmiques.à partir <strong>de</strong> 1995, date <strong>de</strong> son installation à Saint-Méloir-<strong>de</strong>s-Bois, village rural <strong>de</strong>sCôtes-d’Armor, il entreprend <strong>de</strong> constituer un corpus d’images en relation avecson pays natal, ce travail étant guidé par une réflexion sur le territoire. Vincent-Victor Jouffe est proche <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> l’historien <strong>de</strong> l’art, critique etcommissaire d’exposition Jean-François Chevrier, lequel l’invite d’ailleurs dansson séminaire « Des territoires ». La photographie <strong>de</strong> l’artiste articule plusieursparamètres : artistique, théorique, historique, social, autobiographique. En effet,sa connaissance <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong>s pratiques documentaires lui permetd’abor<strong>de</strong>r le territoire natal avec une distance analytique, et d’en faire le lieud’une expérience artistique et personnelle. Ainsi ses œuvres, ancrées dans uneréalité concrète, relèvent <strong>de</strong> la chronique sociale mais aussi d’une photographie<strong>de</strong> paysage où la dimension humaine est présente, discrètement animée parl’autobiographie. Outre son magnifique ensemble <strong>de</strong> polaroïds <strong>de</strong>s PrairiesSaint-Martin inondées en 2000, Vincent-Victor Jouffe réalise, pour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong><strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>, un nouveau film photographique, un montage <strong>de</strong> diapositives issues<strong>de</strong> son vaste fonds compilant dix ans <strong>de</strong> photographies <strong>de</strong> comices agricoles.COMICE, qui mêle pourtant <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> différentes années, relate une journéetype<strong>de</strong> cet événement <strong>de</strong>venu rare.Né en 1968 à Dinan (France), vit et travaille à Saint-Méloir-<strong>de</strong>s-Bois (France).49


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesjan KempenaersSpomenik #1 (Podgaric), 2007. Collection Mu.ZEE, Osten<strong>de</strong>.© Adagp, Paris <strong>2012</strong>.Jan Kempenaers est surtout connu pour ses vuespanoramiques <strong>de</strong> grands formats représentant <strong>de</strong>spaysages industriels et urbains d'Europe, <strong>de</strong>s États-Unis et du Japon. Fasciné par l'hybridité du paysaged'aujourd'hui, Jan Kempenaers interroge la notion <strong>de</strong>« pittoresque », développée au x v i i i e siècle. La sérieSpomenik (2007) tente quant à elle <strong>de</strong> saisir ce qui reste<strong>de</strong>s monuments (spomenik) communistes érigés sous lerégime <strong>de</strong> Tito, dans les années 1960-1970, en hommageà la résistance communiste à l'occupation nazie. Situéessur <strong>de</strong>s sites stratégiques ou symboliques, ces sculpturesmonumentales, aux formes géométriques puissammentexpressives, ont été construites en matériaux pérennes,telles <strong>de</strong>s architectures : béton armé, acier, granit. Aprèsl'agitation <strong>de</strong>s guerres ethniques liées à l'effondrement<strong>de</strong> l'ex-Yougoslavie, ces monuments brutalistes d'uneextrême diversité formelle ont été pour une gran<strong>de</strong> partiedétruits, tandis que d'autres sont restés à l'abandon.Aujourd'hui incompris <strong>de</strong>s nouvelles générations,ces mémoriaux étranges, vidés <strong>de</strong>s oripeaux <strong>de</strong> leuridéologie sociale et politique ainsi que <strong>de</strong> leur fonctioncommémorative, interrogent la façon dont un « objet »peut, après la « fin <strong>de</strong> l'histoire », accé<strong>de</strong>r au statut <strong>de</strong>sculpture pure et autonome.N. L.Né en 1968 à Anvers (Belgique), vit et travaille à Gand(Belgique).Kiluanji Kia HendaAvec distance, Kiluanji Kia Henda s’attache à rendre compte <strong>de</strong>l’histoire <strong>de</strong> son pays, l'Angola, détruit par les guerres civiles etla colonisation, et à construire <strong>de</strong>s fictions qui explorent autant lepassé que le futur. Lunda In The Sky with Diamonds I représenteun paysage angolais détruit par les mines <strong>de</strong> diamants, doncpar une économie qui échappe aux Angolais, ceux-là mêmesqui extraient les pierres <strong>de</strong> la mine. Balumuka (Ambush) montreune zone <strong>de</strong> transit en plein air à Luanda, capitale <strong>de</strong> l’Angola :un véritable cimetière où objets, machines et fragments <strong>de</strong>monuments sont abandonnés. Leur confrontation fortuite rejoue<strong>de</strong>s scènes historiques : <strong>de</strong>s héros coloniaux y côtoient <strong>de</strong>ssouverains angolais et <strong>de</strong>s armes militaires. Ces scènes, épiquesvoire grotesques, témoignent <strong>de</strong> la difficulté du pays à préserverson patrimoine. Re<strong>de</strong>fining The Power III (with Miguel Prince)met en scène <strong>de</strong> façon théâtrale notre rapport à l’histoire enraillant la place accordée aux monuments et à la statuaire dansl’espace public angolais. Sur <strong>de</strong>s pié<strong>de</strong>staux vi<strong>de</strong>s datant <strong>de</strong> l’èrecoloniale – et dont les sculptures ont été mises à bas au moment<strong>de</strong> l’Indépendance <strong>de</strong> l’Angola – l’artiste invite <strong>de</strong>s performeurs àoccuper la place vacante du colonisateur. Ces héros improvisés,anciens colonisés, adoptent <strong>de</strong>s postures <strong>de</strong> pouvoir, comiqueset dérisoires. Si l’artiste matérialise un rêve éphémère, il appellesurtout la possibilité d’une mémoire nouvelle.C. P.Né à Luanda (Angola) en 1979, où il vit et travaille.Balumuka – Ambush, 2010. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> laGaleria Fonti, Naples.50


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesIAN kiaerProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Melnikov project, black faca<strong>de</strong>, 2011. Vue <strong>de</strong> l'installation.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Alison Jacques, Londres, et du Kunstverein <strong>de</strong> Francfort.Ian Kiaer développe un travail plastique autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> projet, à partir d’architecturesutopiques et <strong>de</strong> leurs inventeurs. Inspiré du modèle architectural, ses installations sedéploient au niveau du sol et sur les murs. Leur échelle <strong>de</strong> maquette est aussi celle duprojet ; leurs matériaux fragiles quoique ordinaires (emballages, plastique, carton, etc.), leurscouleurs passées les situent dans un temps intermédiaire entre idée, idéal et réalisation.Un art plastique <strong>de</strong> la composition, du détail et <strong>de</strong> la couleur sublime <strong>de</strong>s éléments issus<strong>de</strong> la vie quotidienne en une vision imaginaire, convoquant la peinture d’une autre époquequi dépeint le réel comme un rêve. L’art <strong>de</strong> Ian Kiaer, pictural et sculptural, se situe dans lamême dimension que celle <strong>de</strong> l’utopie : un temps réflexif et imaginaire, celui <strong>de</strong>s possiblesoù se prépare la réalité. Pour <strong>Les</strong> Prairies, l'artiste s’est intéressé à l’ancien centre <strong>de</strong>stélécommunications <strong>de</strong> Louis Arretche achevé en 1972 : cet imposant édifice incarne uneconfiance dans le modèle architectural mo<strong>de</strong>rniste déjà daté dans les années 1970, commel’indique d’ailleurs l’esthétique rétro-futuriste du bâtiment. L’échelle <strong>de</strong> celui-ci, à l’opposéd'une « architecture <strong>de</strong> papier » prospective et réflexive, a provoqué l’artiste dans un rapport <strong>de</strong>force, l’incitant à réfléchir à d’autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production. Récupérant et utilisant <strong>de</strong>s fenêtresd’origine, Ian Kiaer a pu reconsidérer ce projet architectural comme une proposition et uneruine, qu’il interprète, en rapport avec les archives <strong>de</strong> l'architecte, avec son langage, réalisant<strong>de</strong>s peintures, <strong>de</strong>s maquettes et <strong>de</strong>s projections.A. B.Né en 1971 à Londres (Gran<strong>de</strong>-Bretagne), où il vit et travaille.51


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesThomas KilpperJohn Heartfield and Silvio Berlusconi, 2009. Collection Kadist Art Foundation, Paris.© Adagp, Paris <strong>2012</strong>.Artiste et activiste allemand installé à Berlin, Thomas Kilpperest connu pour ses installations monumentales qu’il déploie àl’échelle <strong>de</strong> l’architecture urbaine. L’artiste investit <strong>de</strong>s bâtimentspromis à la <strong>de</strong>struction, où il grave directement le sol qu’ilutilise comme matrice pour réaliser in situ <strong>de</strong>s impressions surtoile ou papier. John Heartfield and Silvio Berlusconi associeavec provocation un portrait <strong>de</strong> Silvio Berlusconi, ancien chefdu gouvernement italien et magnat <strong>de</strong>s médias, et un fragment<strong>de</strong> photomontage <strong>de</strong> John Heartfield (1891-1968), où l’artisteallemand, grand manipulateur d’images et détracteur du régimenazi, apparaît précisément une paire <strong>de</strong> ciseaux à la main. DansWilli Brandt, Guenther Guillaume and Dietrich Sperling, l’artisterenoue avec les intrigues politiques <strong>de</strong> la Guerre froi<strong>de</strong> : GuenterGuillaume, agent secret <strong>de</strong> la RDA infiltré au sein du bureau duchancelier <strong>de</strong> la RFA, semble chuchoter <strong>de</strong> fausses informations àl’oreille du chancelier Willi Brandt ; le troisième homme, DietrichSperling est alors ministre dans le gouvernement <strong>de</strong> Brandt. Ces<strong>de</strong>ux œuvres proviennent <strong>de</strong> la série State of Control, une fresquemonumentale avec laquelle l’artiste expérimente pour la premièrefois la gravure sur un sol en linoléum dans un bâtiment berlinoisqui n’est autre que l’ancien quartier général <strong>de</strong> la Stasi, la policepolitique <strong>de</strong> la RDA.F. O.Né en 1956 à Stuttgart (Allemagne), vit et travaille à Berlin (Allemagne).52


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesaglaIa konradConcrete & Samples III Carrara, 2010. Courtesy Production Auguste Orts. © Adagp, Paris <strong>2012</strong>.Concrete & Samples I, II et III est une série <strong>de</strong> films d'Aglaia Konrad consacrée à <strong>de</strong>ux architectures et un sitenaturel largement modifié par l'Homme. Le premier volet <strong>de</strong> la trilogie explore l'église <strong>de</strong> la Sainte-Trinité, àVienne. Créé par le sculpteur Fritz Wotruba, le bâtiment ressemble à une sculpture abstraite monumentale,à un arrangement cubiste <strong>de</strong> cent cinquante-<strong>de</strong>ux blocs <strong>de</strong> béton disposés <strong>de</strong> façon asymétrique. Concrete &Samples II Blockhaus présente l'église Sainte-Berna<strong>de</strong>tte-du-Banlay <strong>de</strong> Nevers, conçue par Clau<strong>de</strong> Parent etPaul Virilio. Monolithique, énigmatique, elle apparaît comme un bunker en béton brut. Construit selon uneidée utopique, l'espace intérieur présente <strong>de</strong>ux rampes obliques qui créent une dynamique spatiale. Dernierfilm <strong>de</strong> la trilogie, Concrete & Samples III Carrara montre la célèbre carrière <strong>de</strong> marbre du même nom. Cepaysage toujours en évolution paraît avoir été sculpté, semble comporter <strong>de</strong>s architectures temporaires etfait <strong>de</strong> nombreuses références à l'histoire <strong>de</strong> l'art. <strong>Les</strong> trois films ont comme point commun <strong>de</strong> ne comporteraucun commentaire tout en proposant un regard subjectif sur ces architectures et sur ce site, comme sila caméra se substituait au regard d'un visiteur, en l’occurrence celui <strong>de</strong> l'artiste. C'est donc son point <strong>de</strong>vue, au sens propre et au sens figuré, qui nous fait découvrir les lieux et crée un lien entre les films. AglaiaKonrad choisit <strong>de</strong> rassembler dans une même série ces trois sites, architectures mo<strong>de</strong>rnes en béton brut etsite naturel d'extraction d'un matériau noble et traditionnel <strong>de</strong> la sculpture, et <strong>de</strong> les considérer en tant quesculptures à part entière.A. L.Née en 1960 à Salzbourg (Autriche), vit et travaille à Bruxelles (Belgique).retrouvez cette artiste à 40mcube53


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesIrene KopelmanThis is a potato, 2011. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.Ce projet a reçu le soutien <strong>de</strong> la fondation Botin, Santan<strong>de</strong>r.kitty krausIrene Kopelman revendique sa fascination pour larichesse <strong>de</strong>s muséums d’histoire naturelle ainsique pour la domestication du paysage, propres àla vieille Europe. Certaines <strong>de</strong>s curiosités qu’elleaime à explorer confinent certes au merveilleux :ces rares mollusques dont la coquille tourne ensens inverse <strong>de</strong>s aiguilles d’une montre, ou cettepropriété d’asymétrie, la chiralité, qui caractérisedans différentes branches scientifiques les systèmesou objets dont les images-miroirs ne sont passuperposables (les mains ou les orchidées). Mais, pourdéjouer l’abstraction <strong>de</strong> données surréelles, IreneKopelman <strong>de</strong>ssine. Dans la biologie systématique,comme dans l’art minimal et conceptuel qu’évoqueparfois Irene Kopelman, <strong>de</strong>s règles prési<strong>de</strong>nt à lagénération <strong>de</strong>s formes. <strong>Les</strong> principes <strong>de</strong>« mêmeté » (sameness en anglais) et <strong>de</strong> différencey sont déterminants car ils permettent <strong>de</strong> discernerl’occurrence d’i<strong>de</strong>ntités distinctes <strong>de</strong> la répétitiond’entités i<strong>de</strong>ntiques. Or l’artiste affirme précisémentqu’une <strong>de</strong>s problématiques principales <strong>de</strong> son travailconcerne « la dynamique <strong>de</strong> la différence et <strong>de</strong> larépétition : comment <strong>de</strong>s choses quasi i<strong>de</strong>ntiques aupremier regard se révèlent aussi différentes si nousles regardons assez longuement et scrupuleusement ».H. M.Née en 1976 à Cordobá (Argentine), vit et travaille àAmsterdam (Pays-Bas).L’œuvre présentée dans <strong>Les</strong> Prairies est emblématique <strong>de</strong> l'intérêtque Kitty Kraus porte aux processus, voire aux transformationsalchimiques associées à l'art post-minimal, à l'Arte Povera, auxartistes Joseph Beuys et Robert Smithson. Ces lampes encapsuléesdans <strong>de</strong>s blocs <strong>de</strong> glace traitent <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> la forme. Laforme initiale – cubique, compacte, minimale – ressemble à un enginexplosif. Une fois la lampe allumée, la glace fond inévitablementet l’encre se répand sur le sol pour former un paysage abstrait, unetache noire informe. La réalisation <strong>de</strong> ce qui prend les apparencesd'un banal acci<strong>de</strong>nt mécanique est très précise. En procédant ainsi,l'artiste réinterprète en les matérialisant <strong>de</strong>s motifs récurrentsdans l’histoire <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du x x e siècle – la tache,le cube, la lumière. De ces changements <strong>de</strong> forme naît une sombrebeauté, qui fait coinci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>struction physique et questionnementmétaphysique. Bien qu'elle accentue la dimension sensible <strong>de</strong> cesœuvres dont les matériaux (le verre, la glace, la lumière, les miroirs)évoquent la fragilité et le caractère éphémère <strong>de</strong>s choses, Kitty Krausdéjoue les pièges <strong>de</strong> l’élégance et reste sur le fil tranchant.K. A. F.Née en 1976 à Hei<strong>de</strong>lberg (Allemagne), vit et travaille à Berlin(Allemagne).Sans titre, 2008. Collection Kadist Art Foundation, Paris.54


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesguillaume leblonProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Avec le soutien <strong>de</strong>l'entreprise Crézé.Croquis d’intention pour Portrait <strong>de</strong> l’homme politique en sportif occasionnel, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerieJocelyn Wolff, Paris.<strong>Les</strong> sculptures et les films <strong>de</strong> Guillaume Leblon développent <strong>de</strong>s paysages divers,naturels ou domestiques, traversés par <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> submersion, d’enfouissementou <strong>de</strong> disparition. Néanmoins, le passage du temps ne sonne pas chez l’artiste d’alarmemétaphysique, seulement un étonnement à voir <strong>de</strong>s traces persister alors que <strong>de</strong>s chosesdisparaissent. L’atelier s’avère un espace <strong>de</strong> transit, parfois <strong>de</strong> rétention. <strong>Les</strong> élémentsarchitecturaux et mobiliers <strong>de</strong> ses sculptures conservent la mémoire du corps dont ilscadrent l’échelle, l’amplitu<strong>de</strong> et l’esprit. Depuis 2009, l’artiste développe une famille <strong>de</strong>sculptures pensées comme <strong>de</strong>s collages, et où s’invitent parfois <strong>de</strong>s présences humainesfragmentaires, rappelant, entre autres références, le morcèlement <strong>de</strong>s ruines antiques. Ils’agit d’assemblages constitués autour d’un meuble structurant, entier ou partiel, auquelviennent se greffer <strong>de</strong>s éléments provenant <strong>de</strong> l’atelier. Incluant ici un pan <strong>de</strong> bureau, là unprésentoir <strong>de</strong> pharmacie, certaines <strong>de</strong> ces pièces observent l’horizontalité du corps allongé.D’autres suggèrent en revanche une stature verticale à laquelle le corps peut se mesurer.Pour <strong>Les</strong> Prairies, Guillaume Leblon réalise une sculpture servant également d’échellepotentielle, voire <strong>de</strong> perchoir. L’espalier central propose une ascension dont la stabilitéest cependant menacée par un système <strong>de</strong> fixation inhabituel, un arrimage au sol par <strong>de</strong>scâbles <strong>de</strong> laiton. Deux jambes moulées en céramique, suspendues par les pieds, marquentla suspension du mouvement. L’objet suggère pourtant l’exercice du corps : traction,étirement et assouplissement.H. M.Né en 1971 à Lille (France), vit et travaille à Paris (France).55


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiespierre leguillonProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Prelinger Drawings, <strong>2012</strong>. Prelinger Library, San Francisco, 2011.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Motive, Amsterdam.Pierre Leguillon fabrique <strong>de</strong>s images avec <strong>de</strong>s images, dont il est collectionneur.Prelinger Drawings est une installation inédite associant <strong>de</strong>ux registres plastiques :un espace rectangulaire construit en assemblant différents tissus imprimés, choisispour leurs motifs, leurs techniques d’impression et leur provenance (tissus nordiques,africains, français ou japonais), et un ensemble <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins au crayon, <strong>de</strong>s frottages <strong>de</strong>couvertures <strong>de</strong> livres, tous issus <strong>de</strong> la bibliothèque Prelinger à San Francisco. Cettebibliothèque privée, créée par Megan et Rick Prelinger et ouverte au public en 2004,est dédiée à l’histoire <strong>de</strong>s États-Unis. Elle regroupe quantité d’ouvrages, savants ounon, parfois obsolètes, sur les sujets les plus variés, constituant une mémoire à la foisencyclopédique et vernaculaire <strong>de</strong> l’Amérique du Nord. La diversité <strong>de</strong>s couvertures <strong>de</strong>slivres choisis par l’artiste, lesquels embrassent toutes sortes <strong>de</strong> disciplines, reflète uneidéologie pragmatique. <strong>Les</strong> motifs <strong>de</strong>s tissus convoquent une histoire <strong>de</strong> l’art et du <strong>de</strong>signmo<strong>de</strong>rnes, tout en évoquant une économie mondialisée, par leurs origines multiples,inscrites sur les lisières <strong>de</strong>s tissus laissées apparentes. Tissus et <strong>de</strong>ssins se superposentpour composer un palimpseste où la transparence <strong>de</strong>s imprimés est accentuée par laluminosité du lieu. Très coloré, ce dispositif apparaît aussi comme un théâtre <strong>de</strong> mémoireoù le frottage s’apparente à un geste rituel – geste <strong>de</strong> freinage dans le mouvementperpétuel où le visuel l’emporte sur le texte, la circulation sur la transmission.A. B.Né en 1969 à Nogent-sur-Marne (France), vit et travaille à Paris (France).56


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesJochen LempertForaging gulls indicate the height of flying insects, 2005.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie ProjecteSD, Barcelone.Ayant étudié la biologie et travaillé comme ornithologue sur<strong>de</strong>s navires <strong>de</strong> recherche en mer du Nord, Jochen Lempertporte naturellement un regard scientifique sur ses sujetsphotographiques, non sans y distiller une forte dose d'humour,<strong>de</strong> mélancolie et d'étonnement. L’artiste développe lui-même sestirages argentiques, qu'il présente invariablement sans cadre, <strong>de</strong>telle sorte que ceux-ci, pourtant désarmants <strong>de</strong> simplicité, fontobjet. C’est pourquoi l’artiste cherche parfois à complexifier leurstatut d'image en les rendant illisibles, tels <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins figuratifsou <strong>de</strong>s abstractions. La variété <strong>de</strong> l’ensemble présenté ici permet <strong>de</strong>mieux saisir la pratique <strong>de</strong> l’artiste. Stadtstrukturen, qui représenteun couple <strong>de</strong> pigeons vaquant nonchalamment aux alentoursd'un centre ville désert, est une ironique et touchante parodied'anthropomorphisme. Fly montre une simple mouche planantdans une clarté cristalline contre une haie floue, comme si JochenLempert avait minutieusement immobilisé cet insecte <strong>de</strong>s plusbanals en plein vol, afin <strong>de</strong> contempler le miracle <strong>de</strong> la vie. Prenonsle plus récent Untitled (Hoopoe, Delhi) : <strong>de</strong> l’étendue granuleused'un blanc grisâtre, qui recouvre la quasi-totalité <strong>de</strong> la surface<strong>de</strong> la photographie, surgit une simple huppe filant farouchementdans le coin supérieur gauche. Le pathétique prodigieux <strong>de</strong> cettephotographie vient <strong>de</strong> l'apparente ambition <strong>de</strong> l'oiseau, qui sembleaussi urgente qu'incompréhensible.C. S.Né en 1958 à Moers (Allemagne), vit et travaille àHambourg (Allemagne).dÓra maurerDóra Maurer invoque au cœur <strong>de</strong> sa démarche leprincipe d’un mouvement constant : certaines <strong>de</strong>ses œuvres peuvent être lues dans un sens ou dansl’autre, et témoigner par la répétition, le pli, laboucle ou la spirale, <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> retournements,propres aux principes <strong>de</strong> la gravure. Dès la fin <strong>de</strong>sannées 1960, l’artiste intègre la photographie et lefilm à ses activités, comme traces documentairesmais aussi comme séquences autonomes <strong>de</strong> gestesélémentaires : marcher, tourner la tête, serrer la main,etc. Dans le film Timing (1973/1980) l’artiste plie unepièce <strong>de</strong> lin blanc proportionnée aux dimensionsdu cadre <strong>de</strong> l’image ainsi qu’à la largeur <strong>de</strong> sesbras ouverts. Au fur et à mesure du pliage, la toiledisparaît, révélant le fond sombre. Dans la vidéoProportions (1979) c’est en quelque sorte son proprecorps que l’artiste va plier, puisqu’après avoir reportésa hauteur sur une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> papier, elle la rabat etla divise en moitiés puis en quarts. Par une étrangechorégraphie, l’artiste piétine, s’accou<strong>de</strong> et embrasseensuite cette échelle <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, dont la graduationabstraite ne semble plus correspondre à son étaloninitial, ni à aucune proportion cachée. Subversive, latentative anthropométrique s’inscrirait à rebours <strong>de</strong>toute normalisation.H.M.Proportions, 1979. Production He<strong>de</strong>ndaagse Kunst, Utrecht.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.Née en 1937 à Budapest (Hongrie) où elle vit ettravaille.57


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesHELEN MIRRACo-production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Frac Bretagne.Avec le soutien <strong>de</strong>s Verrières –rési<strong>de</strong>nces-ateliers <strong>de</strong> Pont-Aven etd'Itinéraire Bis – Galerie du Dourven.Hourly Directional Field Notation, Arizonan Sonoran Desert, 6 January, <strong>2012</strong>, <strong>2012</strong>.Photographie <strong>de</strong> l’artiste. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Nelson-Freeman, Paris.La marche fait partie intégrante du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> production d’Helen Mirra ; elle en gui<strong>de</strong> lechoix <strong>de</strong> ses procédures. <strong>Les</strong> œuvres réalisées pour <strong>Les</strong> Prairies sont issues d’un protocoleentamé en 2010, que l’artiste poursuit d’un lieu d’exposition à l’autre, d’un pays à l’autre –l’idée étant qu’à chaque exposition soient simultanément montrés les fruits d’une rési<strong>de</strong>nceantérieure et menée une rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> production. D’une exposition à l’autre se trameainsi une œuvre noma<strong>de</strong>, élaborée par ricochets et dont les titres – Field Recordings, FieldNotation – suggèrent la pratique <strong>de</strong> terrain. <strong>Les</strong> œuvres montrées à <strong>Rennes</strong> ont ainsi étéproduites à l’hiver <strong>2012</strong> en Arizona ; celles qui seront produites en Bretagne à l’été <strong>2012</strong>, entreBrocélian<strong>de</strong>, Pont-Aven et Trédrez-Locquémeau, seront montrées à Tokyo. Hourly DirectionalField Notation, Arizonan Sonoran Desert témoigne <strong>de</strong> sept jours <strong>de</strong> marche effectués dansle désert <strong>de</strong> Sonora, à la manière <strong>de</strong>s pionniers américains. Chacune <strong>de</strong> ces déambulationsquotidiennes a été marquée d’une empreinte faite en cours <strong>de</strong> route, l’artiste badigeonnantd’encre verte une pierre ramassée à ses pieds, pour l’appliquer sur un pan <strong>de</strong> lin brut, pliédans son sac à dos comme une carte. Cette métho<strong>de</strong> d’empreinte directe et positive rappellecelle du gyotaku japonais, technique picturale consistant à enduire directement d’encre unpoisson frais pour en faire un tampon réaliste. « Ni photographiques, ni <strong>de</strong>scriptives », lestraces n’autorisent aucune localisation géographique. Pure matérialité, elles traduisentl’empreinte réciproque <strong>de</strong> l’artiste et du paysage.H. M.Née en 1970 à New York (États-Unis), vit et travaille à Cambridge (états-Unis).58


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesfrédéric moser &philippe schwingerCo-Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Galerie Art & Essai.Alles wird wie<strong>de</strong>r gut, 2006. Courtesy <strong>de</strong>s artistes, <strong>de</strong> la galerie Jocelyn Wolff, Paris, et <strong>de</strong> la galerie KOW, Berlin.À mi-chemin entre le théâtre, la performance et le film, les installations vidéo <strong>de</strong> Frédéric Moseret Philippe Schwinger montrent l’affrontement <strong>de</strong> figures engagées dans <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong>reconstitution, <strong>de</strong> débat et <strong>de</strong> procès. L’événement dont on discute n’est jamais montré : il reste à définirpar une délibération collective. Par les villages agence cinq films, dont un inédit : Tumeur. Le titre faitréférence à une échelle sociale récurrente chez Frédéric Moser et Philippe Schwinger, celle du village: cellule close partagée entre le repli et l’exo<strong>de</strong>, le communautarisme ou l’individualisme, et exposée à<strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> précarité : industrialisation agricole, licenciement, chômage, etc. Le titre Alleswird wie<strong>de</strong>r gut (2006), « Tout ira bien », fait référence au film <strong>de</strong> Jean-Luc Godard et Jean-Pierre GorinTout va bien (1972) : transposé dans un village <strong>de</strong> l’ex-Allemagne <strong>de</strong> l’Est, le piquet <strong>de</strong> grève <strong>de</strong>s parentss’est éternisé <strong>de</strong>puis la chute du Mur, servant <strong>de</strong> mythologie à <strong>de</strong>s enfants confrontés au chômage ettiraillés entre l’action commune, le désir <strong>de</strong> partir et celui <strong>de</strong> rester. <strong>Les</strong> adolescents <strong>de</strong> Cupidon grandit(2011) ne sont plus <strong>de</strong>s comédiens, mais <strong>de</strong>s amateurs filmés alors qu’ils jouent à un jeu <strong>de</strong> rôle où lehasard <strong>de</strong>s cartes dicte à chacun une i<strong>de</strong>ntité à masquer ou à démasquer : villageois ou loup-garou ?Donnerstag (2006) et Acting Facts (2003) montrent respectivement une jeune ouvrière agricole prise dansle travail répétitif <strong>de</strong> la traite mécanisée et un homme rejouant les témoignages <strong>de</strong> soldats coupablesd’exactions inhumaines dans <strong>de</strong>s villages que l’on suppose vietnamiens.H. M.Nés respectivement en 1966 et 1961 à Saint-Imier (Suisse), ils vivent et travaillent à Bruxelles (Belgique).retrouvez ces artistes à la galerie Art & Essai59


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesuriel orlowRemnants of the Future, 2010. Diffusion LUX. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.Uriel Orlow réfléchit aux modalités d’existence d’unemémoire collective, aux formes et aux figures quil’incarnent dans la réalité (personnages, lieux, écrits,images). Dans son film Remnants of the Future (2010),il explore ainsi les ruines <strong>de</strong> l’idéologie soviétique.La cité H.L.M Mush, située au nord <strong>de</strong> l’Arménie, futconstruite en 1988 sur décision <strong>de</strong> Mikhaïl Gorbatchevafin d’héberger <strong>de</strong>s populations déplacées <strong>de</strong> lazone sismique <strong>de</strong> Stipak. Mais, suite à l’effondrement<strong>de</strong> l’Union soviétique en 1991, le projet est resté ensuspens. Cette ville fantôme relève <strong>de</strong> l’hétérotopiefoucaldienne dans le sens où, inachevée, elle n’estmentionnée sur aucune carte ; elle advient comme unlieu fantasmagorique, quoique réel. Mush, qui tient sonnom d’une ville éponyme située à l’est <strong>de</strong> la Turquieen Anatolie, est le sujet <strong>de</strong> Plans for the Past (<strong>2012</strong>), lesecond volet <strong>de</strong> Remnants of the Future. Cette villeapparaît elle aussi figée dans le temps : elle fut le lieudu massacre <strong>de</strong>s Arméniens, premier génoci<strong>de</strong> reconnu<strong>de</strong> l’histoire du x x e siècle, quoique nié ou contesté parles différents gouvernements turcs.M. C.Né en 1973 à Zurich (Suisse), vit et travaille entreLondres et Zurich.Nasrin tabatabai & babak afrassiabi (PAGES)À travers leurs projets <strong>de</strong> recherches et leur revue bilingue anglaispersan,Nasrin Tabatabai et Babak Afrassiabi explorent les conditionshistoriques, politiques et culturelles <strong>de</strong> la production artistique en Iran.Two Archives (2011) intègre <strong>de</strong>ux sources différentes : les archives <strong>de</strong>la compagnie <strong>de</strong> pétrole anglaise BP (British Petroleum), documentantl'histoire <strong>de</strong>s premières exploitations <strong>de</strong> pétrole au Moyen-Orient, etla collection d’art mo<strong>de</strong>rne occi<strong>de</strong>ntal du musée d’Art contemporain <strong>de</strong>Téhéran. En 1970, alors que l’exportation <strong>de</strong> l’or noir est à son apogée,le musée d’Art contemporain <strong>de</strong> Téhéran constitue la collection laplus importante du Moyen-Orient grâce à l’argent d’une compagniepétrolière. Dans l’espace d’exposition, un assemblage <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rrickspétroliers et la copie d’un caisson <strong>de</strong> ventilateur <strong>de</strong> raffinerie ouverten <strong>de</strong>ux se posent en écho à la sculpture mo<strong>de</strong>rne. La vidéo en bouclesuperpose la sortie d’usine <strong>de</strong>s travailleurs avec le même extraitmonté à l’envers, le départ <strong>de</strong>venant ainsi le retour dans la raffinerie.La réplique d’un album photographique documente l’architecture<strong>de</strong>s habitations <strong>de</strong> l’entreprise tandis qu’une série <strong>de</strong> lettres retraceune correspondance en vue du tournage d’un reportage flatteur etidéologique <strong>de</strong> la compagnie. <strong>Les</strong> tableaux s’inspirent <strong>de</strong> photographies<strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> la collection du musée. La superposition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxarchives rend manifeste le caractère inachevé <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité iranienne en partie façonnée par l’économie du pétrole<strong>de</strong>puis le début du x x e siècle.F. O.Nasrin Tabatabai (né en 1961 en Iran) et Babak Afrassiabi (né en 1969en Iran) ont fondé PAGES en 2004 à Rotterdam (Pays-Bas) où ils viventet travaillent.Woo<strong>de</strong>n Oil Derrick Superimposed with Steel Oil Derrick,Two Archives, 2011. Vue <strong>de</strong> l'installation, BadischerKunstverein, Karlsruhe (Allemagne) 2011.Photographie : Stephan Baumann.60


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesgyan panchalProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Dhrso, 2011. Courtesy <strong>de</strong> l’artiste et <strong>de</strong> la galerie Frank Elbaz, Paris.Tel le géologue, Gyan Panchal son<strong>de</strong>les matériaux <strong>de</strong> notre environnementquotidien, explore leur cycle <strong>de</strong>production et leur origine, révélantaussi leur histoire. Il travaille <strong>de</strong>smatières industrielles brutes, souventdérivées du pétrole, telles que lespolymères ou les plastiques, etauxquelles il associe <strong>de</strong>s poudresnaturelles (charbon, graphite, etc.) Sesformes résultant d’un conditionnementindustriel situent sa sculpture du côtéd’une abstraction concrète. Son travaildélicat révèle une sédimentation<strong>de</strong>s matériaux et s’ancre dans unehistoire économique et organique.Pour <strong>Les</strong> Prairies, l’artiste a réaliséune sculpture spécifique danschacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux lieux <strong>de</strong> l’expositioncollective. Bien qu’autonomes, ces<strong>de</strong>ux sculptures sont pensées comme<strong>de</strong>ux moments d’une même œuvre :<strong>de</strong>ux projections dans un espace àinvestir. La première prend place ausein d’un bâtiment <strong>de</strong>s années 1970 enrénovation, lieu brut où prédomine lebéton, ouvert sur l’extérieur avec sesparois vitrées : l’œuvre prend appuicontre l’un <strong>de</strong> ses piliers, longeant lepaysage. Trois feuilles <strong>de</strong> cartonplume,courbées et recouvertes <strong>de</strong>poudre <strong>de</strong> sanguine, se déplient.Utilisé par les architectes pour leursmaquettes, ce matériau s’accor<strong>de</strong> avec<strong>de</strong>s formes architectoniques, commeavec l’idée <strong>de</strong> projection spatiale. Dansles salles d’exposition « cube blanc »du Frac Bretagne, l’artiste procè<strong>de</strong> à unnouveau déploiement : du mur au sol,le dépliage en accordéon <strong>de</strong> longues etfines plaques isolantes projette dansl’espace un relief acci<strong>de</strong>nté et feuilleté.La prospection à la fois conceptuelle etmatérielle <strong>de</strong> Gyan Panchal allège lescontraintes spatiales et s’affranchit <strong>de</strong>la pesanteur.A. B.Né en 1973 à Paris (France), où ilvit et travaille.61


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesneŠa paripoviĆN.P., 1977. Collection Kontakt, Vienne. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.N.P. 1977, 1977. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Kontakt, Vienne.Collection Erste Group et Erste Foundation, Vienne.Neša Paripovicć ´ est une figure importante <strong>de</strong> l'art conceptuel serbe<strong>de</strong>s années 1970. Marqué par la théorie critique du groupe Praxis(qui postule que le léninisme et le stalinisme ne respectent pasl'orthodoxie marxiste et la détournent au profit d'une idéologie<strong>de</strong> Parti), il est l'héritier d’une mo<strong>de</strong>rnité avant-gardiste. Il réaliseà l’époque <strong>de</strong> nombreuses œuvres dans lesquelles il s’attache àdéconstruire l’i<strong>de</strong>ntité du peintre, voire <strong>de</strong> l’artiste. Le premier volet<strong>de</strong> la trilogie NP – ses initiales – en est un exemple significatif : levisage peint, face à la caméra, il se livre à une gestuelle silencieuse,se moquant <strong>de</strong> son statut d'artiste. Dans NP77, le film présenté dans<strong>Les</strong> Prairies, il traverse d'un pas rapi<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Belgra<strong>de</strong> selonune ligne imaginaire, sautant par <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s barrières, escaladant<strong>de</strong>s toits, franchissant une autoroute, <strong>de</strong>s cours et <strong>de</strong>s jardins.Ostensiblement politique, la performance n’en relève pas moins d’uneposture également esthétique et ironique, proprement dandy : en effet,l’artiste est vêtu d’un costume à la mo<strong>de</strong>, et marche nonchalammenten chaussures cirées. Néanmoins, il incarne une position conceptuelle,son geste niant l'architecture <strong>de</strong> la ville, aplatie telle une surface surlaquelle il <strong>de</strong>ssine une ligne avec son corps. Critique et ludique, sadérive situationniste désobéit ouvertement aux règles.M. C.Né en 1942 à Belgra<strong>de</strong> (Serbie), où il vit et travaille.62


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesmanfred perniceTiefengarage, 2008. Vue <strong>de</strong> l'installation, Culturgest, Lisbonne.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Neu, Berlin. Photographie : DMF, 2008.<strong>Les</strong> sculptures, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong>l’installation, <strong>de</strong> Manfred Perniceévoquent les éléments d’unmobilier domestique et urbain.Ses sculptures architectoniquesemploient <strong>de</strong>s matériaux pauvres –carton, contreplaqué, aggloméré,béton. Certains signes leurconfèrent un apprêt mo<strong>de</strong>ste, voireterne, marquant la persistanced’une esthétique, constituée aposteriori, <strong>de</strong> l’Allemagne <strong>de</strong> l’Est.En 2008, l’installation Tiefengarageavait été conçue pour les espaces<strong>de</strong> Culturgest à Lisbonne. Le titreallemand est une composition <strong>de</strong>l’artiste, qui, en agglutinant aumot garage l’adjectif tiefen, faitallusion à la « psychologie <strong>de</strong>sprofon<strong>de</strong>urs », la Tiefenpsychologie,notion fameuse <strong>de</strong> psychanalyse.Peint en gris à mi-hauteur, rempli<strong>de</strong> bancs et <strong>de</strong> tabourets <strong>de</strong> bois,d’objets et <strong>de</strong> photographies,l’espace <strong>de</strong> Tiefengarage observebel et bien l’esthétique du souterrainfait pour remiser <strong>de</strong>s articles horsd’usage. Parking, garage ou cave. Eneffet, la psychologie n’est pas exclue<strong>de</strong> cet espace dont l’inaccessibilitépeut symboliser un inconscientenfoui, voire refoulé. <strong>Les</strong> cadresaccrochés au mur renferment <strong>de</strong>simages que l’on peut discernermalgré la faible lumière : elles sont<strong>de</strong>s reproductions d’illustrationset <strong>de</strong> photographies issues <strong>de</strong>sarchives d’un étudiant d’arttchécoslovaque à Berlin Ouest dansles années 1960. Cet assemblageiconographique uniformément noiret blanc traduit l’intrication d’uninconscient collectif et personnel.H. M.Né en 1963 à Hil<strong>de</strong>sheim (Allemagne),vit et travaille à Berlin (Allemagne).retrouvez cet artiste au Musée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>63


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesPRATCHAYA PHINTHONGCo-Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,La Criée, centre d'art contemporain.sleeping sickness, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> la galerie gb agency, Paris. Photographie : Pratchaya Phinthong.<strong>Les</strong> œuvres <strong>de</strong> Pratchaya Phinthong, qui sont <strong>de</strong> l’ordre du projet, peuvent prendre <strong>de</strong>sformes sensiblement différentes. Reposant sur <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> déplacement, elles mettenten relation <strong>de</strong>s situations aux antipo<strong>de</strong>s qui, sans lui, s’ignoreraient, et font ainsi apparaîtreune situation sociale, géographique et économique particulière. sleeping sickness est leprolongement d’un projet initié par Pratchaya Phinthong pour la documenta 13 (Kassel,<strong>2012</strong>) autour <strong>de</strong> la maladie du sommeil, affection mortelle qui touche notamment lespopulations d’Afrique sub-saharienne. Face au prototype <strong>de</strong> piège à mouches qu’il a conçuavec <strong>de</strong>s chercheurs et <strong>de</strong>s scientifiques (il ressemble à une simple tente <strong>de</strong> toile bleue),un moniteur diffuse la ban<strong>de</strong> son d’une campagne <strong>de</strong> santé sur la maladie du sommeil.<strong>Les</strong> images ayant été effacées, seuls restent le script, transcrit par <strong>de</strong>s sous-titres, et un<strong>de</strong>ssin réalisé par l’illustrateur thaïlandais Vichai Malikul qui permet d’accé<strong>de</strong>r à unereprésentation du fléau. Par ailleurs, lors <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong> l’exposition, cinq tentes bleuesont été déployées en Zambie, éthiopie et Tanzanie afin <strong>de</strong> tester en situation l’efficacité <strong>de</strong>ces pièges. Tout le long <strong>de</strong> l’exposition, les populations locales sont invitées à transmettre<strong>de</strong>s images <strong>de</strong>s pièges en contexte, images qui seront exposées dans l’espace <strong>de</strong> La Criée.Avec sleeping sickness, Pratchaya Phinthong présente une œuvre où se joignent processus<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> création tout en faisant glisser le geste artistique vers le champ social.C. B.Né en 1974 à Ubon Ratchathani (Thaïlan<strong>de</strong>), vit et travaille à Bangkok (Thaïlan<strong>de</strong>).retrouvez cet artiste à La Criée64


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesjorge satorreDivine Truth. Evi<strong>de</strong>ntiary Piaxtla. (Détail). 2008-2010.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste .judith scottInspiré <strong>de</strong> la micro-histoire formalisée par l’historien CarloGinzburg, l’artiste Jorge Satorre travaille à partir <strong>de</strong> faitset <strong>de</strong> leurs récits, tissant <strong>de</strong>s interprétations autour d’uneidée fixe, voire obsédante : un fait, dès lors qu’il est relaté,se constitue en récit. Son œuvre manifeste une parfaitecoïnci<strong>de</strong>nce entre théorie et pratique : les métho<strong>de</strong>sutilisées ren<strong>de</strong>nt compte d’une réflexion sur la transmissionet l’interprétation, sans pour autant être illustratives.L’installation finale, qui associe souvent <strong>de</strong>ssins etdocuments, compose un prisme à plusieurs facettes :documentaire, historique, fictionnelle et personnelle. Ledispositif spatial restitue une expérience mnémoniquecollective et individuelle. Jorge Satorre fait <strong>de</strong> la microhistoiretout en produisant <strong>de</strong>s métarécits. La notion <strong>de</strong>point <strong>de</strong> vue est d’ailleurs mise en œuvre dans le processus<strong>de</strong> réalisation lui-même : ainsi, pour Divine Truth, a-t-il<strong>de</strong>mandé à différentes personnes <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins àpartir d’une même histoire. Cette œuvre complexe, présentéepour la première fois dans son intégralité, se compose <strong>de</strong>plusieurs strates et entrelace divers éléments narratifs. Onperd parfois le fil <strong>de</strong> ces récits que l’installation très épuréecon<strong>de</strong>nse et déploie à la fois. La série <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins recouverts<strong>de</strong> noir, « tel un film surexposé », contredit et suspend lavocation didactique et testimoniale <strong>de</strong> l'image illustrée, touten créant un écran <strong>de</strong> projection pour le regar<strong>de</strong>ur, invité àentrer dans la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s images. La lecture <strong>de</strong>vient uneenquête, donc une quête.Né en 1979 Mexico (Mexique), où il vit et travaille.Sour<strong>de</strong> et muette, atteinte <strong>de</strong> trisomie, Judith Scottréalise <strong>de</strong>s sculptures à partir d’objets qu’elle enroulesous <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> laines. Placée dans <strong>de</strong>s conditionsqui encouragent la création, elle développe un art à based’assemblages : elle ligote <strong>de</strong>s objets qu’elle récupère,les enrobe dans <strong>de</strong>s fils colorés ou dans <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>tissus. Le plus souvent, les objets per<strong>de</strong>nt leur formeoriginelle en s’effaçant sous l’épaisseur <strong>de</strong> l’écheveau.Ni informes, ni difformes, ils sont plutôt le résultatd’une transformation par recouvrement. Ses sculpturesévoquent <strong>de</strong>s cocons, <strong>de</strong>s poupées, <strong>de</strong>s nœuds ou <strong>de</strong>sœufs, voire même <strong>de</strong>s excroissances physiques ouencore <strong>de</strong>s objets rituels aux pouvoirs magiques. Unefois l’objet suffisamment enrobé, elle s’en désintéresse,le mettant <strong>de</strong> côté avant <strong>de</strong> passer à l’ouvrage suivant, etréitérer le processus. Glaner, enrober, nouer, dissimuler,telle semble être la démarche <strong>de</strong> l’artiste dont on nepeut certifier les intentions esthétiques ni la volontésymbolique. Des images d’archives, qui la montrent autravail, révèlent la précision <strong>de</strong> ses gestes, les choix <strong>de</strong>smatériaux, <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s textures qu’elle assemble,le caractère sensuel et physique <strong>de</strong> l’acte, l’importancedu toucher.M. C.Née en 1943 à Cincinnati (états-Unis), décédée en 2005.Sans titre (titre attribué : Poupée, 1992). Collection LaM Lille Métropolemusée d’art mo<strong>de</strong>rne, d’art contemporain et d’art brut, Villeneuve d’Ascq.Photographie : Philip Bernard.65


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesYANN SéRANDOURProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Un cours d’eau paresseux à travers les prairies, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie gb agency, Paris.Photographie : Yann Sérandour.La pratique <strong>de</strong> Yann Sérandour se développe au cœur <strong>de</strong>s bibliothèques et <strong>de</strong>s livres. Il a ainsiproduit nombre d’œuvres à partir <strong>de</strong> celles d’artistes conceptuels historiques privilégiant letexte, le livre ou l’imprimé, dont il a prolongé, détourné <strong>de</strong>s œuvres emblématiques. Il a adopté<strong>de</strong>s procédures d’in<strong>de</strong>x, <strong>de</strong> liste, <strong>de</strong> reproduction, les appliquant à ceux-là mêmes qui en furentles pionniers. Son art <strong>de</strong> référence, maniant la citation et l’appropriation, joue <strong>de</strong>s signes et<strong>de</strong> leurs significations et propose une relecture, voire <strong>de</strong> nouveaux récits <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> sonhistoire. Un cours d’eau paresseux à travers les prairies serait la traduction, adaptée pour <strong>Les</strong>Prairies, du nom <strong>de</strong> la technique japonaise <strong>de</strong> décoration du papier : le suminagashi. Dansune cuve d’eau claire, l’encre est déposée par touches successives à l’ai<strong>de</strong> d’un pinceau pourformer <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s concentriques que l’artiste fait ensuite bouger avec un éventail. Lorsque le<strong>de</strong>ssin est terminé, il pose une feuille <strong>de</strong> papier sur la surface <strong>de</strong> l’eau pour reproduire parempreinte le motif en suspension. Dans une installation composée d’une série <strong>de</strong> huit cuvesen inox, Yann Sérandour revisite cet art imprimé fugitif où l’attention portée à l’expression <strong>de</strong>forces naturelles supplante la volonté <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’artiste. <strong>Les</strong> formats et l’emplacement <strong>de</strong>scuves dans l’installation reprennent la disposition <strong>de</strong>s vitrines du Cabinet du livre d’artiste,autre lieu d’exposition où Yann Sérandour prolonge son projet en compagnie <strong>de</strong> Mathieu K.Abonnenc et <strong>de</strong> Pierre Leguillon.A. B.Né en 1974 à Vannes (France), vit et travaille à <strong>Rennes</strong> et Paris (France).66


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesMathieu K. AbonnencPierre Leguillonyann sérandourCo-Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Cabinet du livre d'artiste.Avec le soutien <strong>de</strong>l'entreprise Self Signal.Sans Tambours ni trompettes, <strong>2012</strong>. Photographie : Yann Sérandour.Pour preuve que « tout, au mon<strong>de</strong>, existe pour aboutir à un livre », Yann Sérandour, artistecoutumier <strong>de</strong> l’imprimé, s’attache ici au premier <strong>de</strong>gré d’existence du livre : la fabrication dupapier, convoquant dans son installation au Newway Mabilais, tant les tâtonnements du génialimprimeur-chercheur <strong>de</strong>s Illusions perdues, que l’ancestrale technique japonaise du suminagashi.Cet outil pédagogique – un manuel sur l’histoire <strong>de</strong> la fabrication du papier publié en 1954au Japon – est utilisé comme matrice puisque sa page <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, marbrée, est agrandie auxproportions du Cabinet du livre d’artiste. <strong>Les</strong> huit vitrines du lieu reçoivent chacune l’image <strong>de</strong> laparcelle correspondante. À partir <strong>de</strong> là, le CLA <strong>de</strong>vient une étendue donnée, comparable à la paged’un livre, et l’intervention <strong>de</strong>s artistes répond à une problématique propre à la mise en page quibascule ici dans les trois dimensions <strong>de</strong> l'architecture. Sur le papier vierge viendront d’abord lesimages, <strong>de</strong>s tirages vintage provenant d'agences <strong>de</strong> presse : celles fournies par Pierre Leguillon,collectées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années et montrant ici <strong>de</strong>s bibliobus américains <strong>de</strong>s années 1950. Suivraensuite le texte : notes, dates et légen<strong>de</strong>s, inscrites par Mathieu K. Abonnenc à même le plexiglas<strong>de</strong>s vitrines, en suivant le cours <strong>de</strong>s marbrures du papier et créant une frise historique dont larigueur est contrariée par l’aléatoire <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong> fabrication du papier. Ainsi, en travaillantpar couche, chacune correspondant à un artiste, à un médium et à un niveau <strong>de</strong> lecture, YannSérandour, Pierre Leguillon et Mathieu K. Abonnenc convoquent une fabrique <strong>de</strong> l’histoire, réduiteau microcosme <strong>de</strong> l’espace d’une vitrine.A. N.retrouvez ces artistes au Cabinet du livre d’artiste67


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesmichael e. smithProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Trouble stand, 2011. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie KOW, Berlin. Photographie : Alexan<strong>de</strong>r Koch.Le travail <strong>de</strong> Michael E. Smith, artiste né à Détroit, n'est pas exactement <strong>de</strong> ceux qu’onpourrait qualifier d’optimistes. D'un caractère résolument post-apocalyptique, saproduction évoque <strong>de</strong>s fragments humains, <strong>de</strong>s catastrophes urbaines et <strong>de</strong>s restesméconnaissables ; elle est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la conséquence. Le penchant <strong>de</strong> l'artiste pour<strong>de</strong>s matériaux industriels inhabituels, parmi lesquels plastiques, sièges automobiles,mousses et textiles, ainsi que pour un déploiement <strong>de</strong> techniques, telles que la cuissonau grill ou la fonte, semblerait plus adapté à <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> « résistance produit » qu'à lacréation artistique. Mais c’est précisément ce genre d'expérimentations à la limite <strong>de</strong> lapsychopathie qui caractérise sa pratique. L’artiste dispose soigneusement ses œuvresdans <strong>de</strong>s endroits insolites (en bas d’un mur, au plafond, dans les coins), l'installationpourtant épurée <strong>de</strong> ses œuvres étant aussi importante que les œuvres elles-mêmes. Et, endépit <strong>de</strong> son économie <strong>de</strong> moyens, l’effet dramatique est certain. Mais toute cette tristesseet ces drames n’affectent pas son incomparable humour : sa vision du mon<strong>de</strong> s’affirme <strong>de</strong>manière tellement sinistre et grave qu’il serait impossible <strong>de</strong> ne pas s’esclaffer <strong>de</strong>vantelle. La tragédie et l'anxiété apocalyptiques semblent bien trop âpres et intenses pour nepas porter en elles leur propre catharsis, nécessaire.C. S.Né en 1977, à Detroit (états-Unis), où il vit et travaille.68


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesbatia suterProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Shelter Series, <strong>2012</strong>. D. R.Depuis le milieu <strong>de</strong>s années 1990, Batia Suter collectionne, compile et reproduit<strong>de</strong>s milliers d’images. <strong>Les</strong> livres d’occasion qu’elle chine pour leurs illustrationssont parfois exposés tels quels – ouverts, alignés ou en quinconce – formantd’épais tapis ou <strong>de</strong> longues tablées d’images. Mais le plus souvent l’iconographieen est extraite pour faire l’objet d’une redistribution murale ou éditoriale. Au sein<strong>de</strong>s sommes d’images amassées par Batia Suter, les critères <strong>de</strong> regroupementfluctuent : certaines sont rapprochées car leurs objets présentent <strong>de</strong>s affinitésmorphologiques, fonctionnelles ou iconographiques ; d’autres semblent enrevanche réunies par leur seule trame d’impression. <strong>Les</strong> trames <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vantures,bouches d’égouts et chemises à carreaux que Sol LeWitt réunissait justement engrille dans son livre PhotoGrids (1977) annonceraient la démarche conceptuelle<strong>de</strong> Batia Suter. L’inventaire <strong>de</strong>s toits regroupés dans Roofs (<strong>2012</strong>) tient aussi<strong>de</strong>s typologies architecturales <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> Bernd et Hilla Becher.A quelques différences près cependant, Batia Suter collectant <strong>de</strong>s imagespréexistantes, délaissant la grille pour l’empilement et éclatant la circonscriptiontypologique pour une acception ultra-large <strong>de</strong> la toiture, <strong>de</strong>s mégalithes <strong>de</strong>Stonehenge à la Chapelle <strong>de</strong> Ronchamp <strong>de</strong> Le Corbusier. Car entre-temps, bases<strong>de</strong> données et moteurs <strong>de</strong> recherches du type Google Image auraient peut-êtrechangé la donne, vers une profusion antihiérarchique et décloisonnée.H. M.Née en 1967, à Bülach (Suisse), vit et travaille à Amsterdam (Pays-Bas).69


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesfrancisco tropaProduction<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Terra Platónica, <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Quadrado Azul, Porto. Photographie : Guilherme Carmelo.La pratique <strong>de</strong> Francisco Tropa, artiste portugais vivant à Lisbonne, est un exemple actuelparfait <strong>de</strong> ce que Harald Szeemann qualifiait <strong>de</strong> « mythologie individuelle ». L’artiste ne créepas seulement <strong>de</strong>s objets, il élabore aussi <strong>de</strong>s constellations <strong>de</strong> références spécifiques danslesquelles ceux-ci peuvent être idéalement lus. Malgré le caractère potentiellement ésotérique<strong>de</strong> ses œuvres, il n'est pas un mystique. Ses œuvres – sculptures, performances, photographies,<strong>de</strong>ssins et impressions – puisent leur source dans l'histoire <strong>de</strong>s médiums qu'il utilise, dansl'art antique, la philosophie et la littérature, ainsi que dans les thèmes classiques que sont lememento mori, le rituel, le jeu et le temps. Saisissante et énigmatique, Terra Platonica (<strong>2012</strong>),associe plusieurs <strong>de</strong>s centres d’intérêts <strong>de</strong> Francisco Tropa : une technique <strong>de</strong> fabrication<strong>de</strong> l'art classique – le moulage en bronze – et les questions <strong>de</strong> rituel et <strong>de</strong> temps. La pièces'inspire d'une étrange photographie d'Edward S. Curtis, issue <strong>de</strong> sa célèbre série sur lesIndiens d'Amérique du Nord, qui représente un rite funéraire d'une teneur obscure. L’artistecrée donc un moulage à partir <strong>de</strong> la prétendue momie, repliée en position fœtale et présentéeici suspendue par <strong>de</strong>s câbles. Le titre se réfère à la croyance pré-copernicienne en une Terreplate au centre <strong>de</strong> l'univers. L'incompréhension dont témoigne Curtis dans la représentation<strong>de</strong> ce mystérieux rite pourrait être du même ordre, comme s'il s'agissait d'une analogiemicrocosmique avec le modèle pré-copernicien.C. S.Né en 1968 à Lisbonne (Portugal), où il vit et travaille.70


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesandré valensiObjet d’Analyse, 1969. Collection Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> Saint-Etienne Métropole.Photographie : Yves Bresson.André Valensi est l’un <strong>de</strong>s théoriciens et <strong>de</strong>s artistes fondateurs dugroupe Supports / Surfaces (1969–1972) considéré comme la <strong>de</strong>rnièreavant-gar<strong>de</strong> abstraite en France. Puristes et militants politiques,les artistes du groupe déconstruisent la peinture, la réduisent à sescomposants essentiels (tableau, surface, grille, châssis, cadre, etc.)et lui refusent toute influence extérieure (narration, histoire <strong>de</strong> l’art,vie <strong>de</strong> l’artiste, etc.) <strong>Les</strong> Objets d’analyse proposent ainsi différentesétu<strong>de</strong>s sur la couleur, la forme et le rapport à l’espace. L’artiste ydécompose méthodiquement le marron en bleu, jaune, rouge ou violet,qu’il applique sur <strong>de</strong>s passepoils ou <strong>de</strong>s ligatures <strong>de</strong> fibres dont il faitensuite <strong>de</strong>s « chaînes <strong>de</strong> chaînes ». Il déclarait pourtant qu’il n’avait« surtout pas réalisé d’objets à partir <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> tressages ou <strong>de</strong>tissages » dont « il ne connaissait rien ». Car si, comme Clau<strong>de</strong> Viallat,André Valensi utilisait les cordages et les filets, c’est pour emprisonnerle regar<strong>de</strong>ur : Pièges à regards rappelle évi<strong>de</strong>mment l’installation <strong>de</strong>Marcel Duchamp pour l’exposition First Paper of Surrealism en 1942. Sagrille mouvante transpose le plan dans l’espace tridimensionnel ; ladéambulation du spectateur fait alterner vi<strong>de</strong>s et pleins et mouvoir lescouleurs. André Valensi quitte Supports / Surfaces au cours <strong>de</strong> l’année1971 pour se consacrer à la réalisation <strong>de</strong> nombreuses toiles.Né en 1947 à Paris (France), décédé en 1999.71


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesmarion verboomCo-Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,40mcube.Charte, <strong>2012</strong>. Vue <strong>de</strong> l'installation. Photographie : Marion Verboom.<strong>Les</strong> sculptures <strong>de</strong> Marion Verboom hybri<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s formes empruntées à l’histoire <strong>de</strong> la sculpture,à l’architecture et à la géologie mais sont unifiées par la matière. Le travail <strong>de</strong> l’artiste puisesa source dans le <strong>de</strong>ssin, grâce auquel elle a mis en place un vocabulaire <strong>de</strong> formes et uneappréhension <strong>de</strong> la sculpture plus libre, affranchie <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> fonctionnalité ou <strong>de</strong>faisabilité. Cette liberté lui permet <strong>de</strong> jouer le fragment comme forme autonome autant quecomme partie d’un tout, dans <strong>de</strong>s assemblage à l’équilibre précaire. Sa pratique s’apparente àcelle <strong>de</strong> la greffe, conceptuelle et physique : Marion Verboom mêle aux motifs figuratifs ceux <strong>de</strong>la sculpture minimale, aux formes issues <strong>de</strong> l’architecture celles <strong>de</strong>s concrétions sédimentaires.à travers ses œuvres, l’artiste semble d’ailleurs explorer <strong>de</strong>ux conceptions pourtant opposées<strong>de</strong> l’architecture, celle <strong>de</strong> John Ruskin prônant son aspect ornemental et celle fonctionnalisted’Adolf Loos, déjouant dans une même sculpture ces enjeux en ne la rendant ni fonctionnelle nidécorative. Agger emprunte son titre au nom latin désignant <strong>de</strong>s fortifications en forme <strong>de</strong> levées<strong>de</strong> terre à l’époque romaine. Composée <strong>de</strong> modules travaillés par l’impact <strong>de</strong> la lumière surleurs reliefs, l’exposition oscille entre la fluctuation organique d’une surface et la rigueur d’unecomposition géométrique, se contractant ou se déployant aux mesures <strong>de</strong> l’espace qui l’accueille.L’exposition forme une composition, une cosmogonie comprenant la nature, le corps humain,l’outil et la construction, une « modélisation par la main d’une terre ou d’un paysage ».A. L.Née en 1983 à Nantes (France), vit et travaille à Paris (France).retrouvez cette artiste à 40mcube72


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesMARIE VOIGNIERCo-production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Frac Bretagne.Le Terrain était déjà occupé (le futur), <strong>2012</strong>. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste et <strong>de</strong> la galerie Marcelle Alix, Paris.<strong>Les</strong> vidéos et les films <strong>de</strong> Marie Voignier trouvent leurs sujets variés dans la réalité : un vieuxparc d’attraction western abandonné, une plage tropicale artificielle en ex-Allemagne <strong>de</strong> l’Est,un phénomène <strong>de</strong> migration d’oiseaux dévastateurs pour les cultures agricoles. Son traitementsobre joue sur différents registres filmiques – fictionnels, documentaires, cinématographiques –,soulignant ainsi la réversibilité <strong>de</strong>s genres et <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue sur une situation. Si ses œuvresrestituent différents aspects d’un fait, elles en montrent l’étrangeté et l’absurdité, à travers sareprésentation même : ses films mettent au jour l’envers d’un décor réaliste. Pour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong><strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>, en écho avec l’esprit <strong>de</strong>s Prairies, l’artiste s’est mise en situation : face à un terrain,enquêtant sur les différentes façons d’abor<strong>de</strong>r un espace en vue <strong>de</strong> sa construction. Un géomètre,une urbaniste, un paysagiste expriment tour à tour leur vision et expliquent leur pratique, faisantéclater la perception simple d’une étendue déployée. Pour cette œuvre vidéo, Marie Voignier s’estinspirée <strong>de</strong>s documentaires sur l’architecture qu’éric Rohmer a réalisés avec Jean-Paul Pigeat, pourla télévision, dans les années 1970, et qui ont été une source essentielle dans l’écriture du projetartistique <strong>de</strong> la commissaire. Quarante ans plus tard, l’on mesure le changement <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vuesur un terrain non construit : pré, prairie, terrain vague. On ne dit plus, comme l’un <strong>de</strong>s architectesdans le film <strong>de</strong> Rohmer désignant un vaste champ : « Voyez, là, il n’y a rien ». Le regar<strong>de</strong>ur pourraréévaluer sa perception <strong>de</strong> la réalité construite.A. B.Née en 1974 à Ris-Orangis (France), vit et travaille à Paris (France).73


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s Prairiesjackie winsorYellow insi<strong>de</strong> out piece, 1984-1985. Collection Frac Bretagne.Photographie : Florian Kleinefenn.Želimir ŽilnikAssociée à la génération post-minimale (Eva Hesse, Bruce NaumanRichard Serra, Richard Grosvenor), Jackie Winsor développe unepratique singulière qui met en tension vocabulaire abstrait et travail<strong>de</strong>s matériaux. Dès ses premiers travaux, dans les années 1960,Jackie Winsor témoigne d’un intérêt pour la forme, les matériaux etleur relation à l’espace. Elle s’attache d’abord à ordonner – cor<strong>de</strong>s,ficelles, filins d’acier –, puis combine ensuite cordages, briques,clous ou bois. Guidée par le matériau, l’artiste conserve unegrammaire géométrique : carré, cube, grille. Or ce langage lui permetprécisément d’accentuer un travail <strong>de</strong>s matériaux, qui se manifesteen particulier dans <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> tressage ou <strong>de</strong> nouage (Boundgrid, 1971-1972), mais également <strong>de</strong> découpes visibles (Yellow insi<strong>de</strong>out piece, 1984-1985). Bound grid est un parfait exemple <strong>de</strong> sa façon<strong>de</strong> faire : cette grille est composée <strong>de</strong> branches <strong>de</strong> bois attachéesavec du chanvre tressé. Le geste (nouage, tressage, torsion) et l’épaiscordage lestent tant la forme qu’elle ressemble à un objet artisanalou à un outil agricole. En outre, les procédures manuelles <strong>de</strong> JackieWinsor acquièrent un sens rituel : le sens d’un rituel artistiqueinvoquant une présence au sein d’un mo<strong>de</strong>rnisme désincarné dontl’artiste reprend néanmoins <strong>de</strong>s principes ou <strong>de</strong>s motifs, tels que larépétition, la géométrie, la sérialité. Si les formes et le vocabulairesont minimalistes, la matière habite <strong>de</strong>s formes et travaille unegrammaire <strong>de</strong> l’intérieur. Ces sculptures produisent la sensationd’une « existence acharnée ».A. B.Née en 1941 à Newfoundland (Canada), vit et travailleà New-York (État-Unis).Le cinéma <strong>de</strong> ŽZelimir ̌ ŽZilnik ̌ se fon<strong>de</strong> sur uneapproche documentaire directe d’une réalité sociale.<strong>Les</strong> protagonistes <strong>de</strong> ses films sont souvent <strong>de</strong>smarginaux exclus d’un système social et politique(enfants <strong>de</strong>s rues, chômeurs, sans-abri, étrangers,travestis, sans-papiers, tsiganes). Le cinéaste seconcentre sur différentes formes <strong>de</strong> dominationou d’exclusion étatique. Black Film (1971) montrel’artiste dans les rues <strong>de</strong> Novia Sad (Serbie) abordant<strong>de</strong>s sans-abri qu’il invite chez lui durant <strong>de</strong>ux jours.Sa caméra <strong>de</strong>vient alors le témoin d’une situationexceptionnelle, puis d’un débat insoluble sur laquestion <strong>de</strong>s sans-logis. Zilniǩfera d’ailleurs preuved’une ironie noire en confiant à propos <strong>de</strong> ce projetavoir eu une position ambiguë : celle <strong>de</strong> vouloir faireun film socialement engagé en guise <strong>de</strong> pardon touten ne pouvant gar<strong>de</strong>r ces hommes chez lui du fait <strong>de</strong>leur terrible o<strong>de</strong>ur. Black Film, expliquera-t-il plustard, est un essai sur la position du cinéaste. L’œuvreest emblématique <strong>de</strong> la Black Wave yougoslave(1963-1972) à laquelle il participe aux côtés <strong>de</strong>Dušan Makavejev, ŽZivojin ̌ Pavlovicćou ̌ AleksandarPetrovicćet ̌ qui, comme d’autres « nouvelles vagues »cinématographiques <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, bouleverse lecinéma européen.M. C.Black film, 1971. Courtesy <strong>de</strong> l'artiste. D. R.Né en 1942 à Niš (Serbie), vit et travaille à Novi Sad(Serbie).74


<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s PrairiesGare SNCF, parvis sudLOIS WEINBERGER,Gar<strong>de</strong>n, 1994-<strong>2012</strong>.Production<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>.Depuis le début <strong>de</strong>s années 1970, Lois Weinberger milite en faveurd’une végétation spontanée. Rétif aux plantations et désherbagesvolontaristes comme aux idéaux <strong>de</strong> pureté et d’épurationafférents, l’artiste plai<strong>de</strong> pour la mauvaise herbe, la marge etl’interstice. <strong>Les</strong> visées <strong>de</strong> Weinberger sont en fait plus politiquesque botaniques, car à travers la dynamique <strong>de</strong>s espèces indigèneset néophytes c’est la lutte du natif et <strong>de</strong> l’immigré qu’il évoque,et ses problématiques i<strong>de</strong>ntitaires et migratoires. Des processusd’hybridation, <strong>de</strong> colonisation et <strong>de</strong> parasitage s’accomplissent envue d’une indistinction progressive du « sauvage » et du« cultivé », car chez Weinberger, c’est la plante adventice, invasiveet vivace qui gagne. Réactivé pour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>,Gar<strong>de</strong>n infiltre un interstice <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>. Bordé <strong>de</strong>chemins <strong>de</strong> fer, d’une prison et d’un terrain vague, le parvis sud <strong>de</strong>la gare offre une frange particulièrement indéterminée où disposer<strong>de</strong>ux mille seaux <strong>de</strong> plastique jaune, remplis <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong>végétation spontanée. « Je ne sème rien, je ne plante rien, je laissele sol ouvert à la nouveauté d’où qu’elle vienne – du vent, <strong>de</strong>sanimaux et aussi <strong>de</strong> la terre elle-même » affirme l’artiste a<strong>de</strong>ptedu « laisser-advenir ». Avec le temps, les seaux se décolorentet craquent sous la pression <strong>de</strong> leur contenu. Prospérant surles décombres et le long d’axes <strong>de</strong> circulation riches en azote,la végétation dite rudérale (du latin rudus, « plâtras, déblais,décombres ») figure au rang <strong>de</strong>s « pestes végétales » à abattre.Pour elle, l’artiste imagine divers plans <strong>de</strong> réinsertion : défoncerl’asphalte pour que <strong>de</strong>s herbes sauvages s’y infiltrent (BRENNENund GEHEN, 1995) ou leur ménager en ville d’imprenables « cages<strong>de</strong> liberté » (Wild Cube, 1991-1992). Tout comme les sacs <strong>de</strong>sJardins transportables, les seaux offrent l’avantage d’une culturehors-sol, une forme <strong>de</strong> supra-territorialité favorable à une « librecirculation », sans entrave ni racine.H. M.Né en 1947 à Stams (Autriche), vit et travaille àVienne (Autriche).Gar<strong>de</strong>n, 2002. Vue <strong>de</strong> l'installation, Lower Austria Museum, St Pölten.Courtesy <strong>de</strong> l'artiste.Des seaux en plastique sont disposés sur une surface <strong>de</strong> béton,remplis <strong>de</strong> terre provenant d'un terrain vague. Cette terrecontient <strong>de</strong>s graines / le travail va donc se développer par luimême.Végétation spontanée. Avec le temps, tout ce qu'il restera<strong>de</strong>s pots sera <strong>de</strong>s fragments / plastique incolore sur une zoneenvahie par les herbes. Ceux-là aussi finiront par se dissoudreet les fleurs seules se souviendront <strong>de</strong> leur couleur initiale. Plustard, mon travail ne sera plus guère remarqué / le créateur auradisparu.L.W., Vienne, 1994.76


MédiationLe service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> a mis en œuvre un ensemble <strong>de</strong> propositions dontl’ambition est d’offrir à un large public <strong>de</strong>s moments privilégiés <strong>de</strong> rencontre avec le projet artistique<strong>Les</strong> Prairies. Des visites accompagnées, <strong>de</strong>s parcours croisés d’un lieu à l’autre, <strong>de</strong>s parcoursarchitecturaux et urbains ainsi que <strong>de</strong>s ateliers-goûters sont organisés durant toute la biennale.Ces actions se déroulent dans les <strong>de</strong>ux sites d’accueil <strong>de</strong>s Prairies, le Newway Mabilais et le FracBretagne, mais aussi dans les différents lieux partenaires <strong>de</strong> la biennale.Visites et parcoursL’exposition collective se déploie dans <strong>de</strong>ux lieux, le Newway Mabilais et le Frac Bretagne, où <strong>de</strong>smédiateurs sont disponibles pour vous accueillir et vous accompagner lors d’une visite.Visites tout publicNewway MabilaisLe mercredi à 12h30 et à 17h, le samedi à 17h, le dimanche à 15h.Ren<strong>de</strong>z-vous à l’accueil du Newway Mabilais.durée : 1h30 environ / tarif : 2€. SUR RESERVATION.Frac BretagneLe samedi à 15h.Ren<strong>de</strong>z-vous à l’accueil du Frac Bretagne.durée : 1h30 environ / tarif : 2€. SUR RESERVATION.Accueil <strong>de</strong>s groupes // <strong>Les</strong> groupes sont accueillis du mardi au dimanche sur ren<strong>de</strong>z-vous.Newway Mabilaistarif : 2€. SUR RESERVATION (auprès du service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>).Des visites en langue <strong>de</strong>s signes, <strong>de</strong>stinées aux déficients auditifs, sont programmées une fois parmois, ainsi que <strong>de</strong>ux visites <strong>de</strong>scriptives <strong>de</strong>stinées aux déficients visuels.Frac Bretagnetarif : 2€. SUR RESERVATION (auprès du service éducatif du Frac Bretagne).Visites <strong>de</strong>stinées aux jeunes publicsGroupes scolaires // <strong>Les</strong> groupes scolaires sont accueillis du mardi au vendredi (9h-12h et 13h30-17h).Centres <strong>de</strong> loisirs // <strong>Les</strong> centres <strong>de</strong> loisirs sont accueillis le mercredi et pendant les vacances scolaires(9h-12h et 13h30-17h).Newway Mabilaisdurée : 1h30 / tarif : 1€ par enfant. SUR RESERVATION€(auprès du service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>).Frac Bretagnedurée : 1h30 / tarif : 1€ par enfant. SUR RESERVATION€(auprès du service éducatif du Frac Bretagne).78


Médiation<strong>Ateliers</strong>-goûters // La proposition s’adresse aux enfants <strong>de</strong> 6 à 11 ans.Ces ateliers se déroulent au Frac Bretagne (espaces du service éducatif).<strong>Les</strong> samedis 6 octobre, 10 novembre et 8 décembre à 14h.durée : 2h / tarif : 2€ (goûter inclus) par enfant. SUR RESERVATION€(auprès du service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s<strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>). Limité à 12 enfants.Parcours croisésCette proposition associe l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sites d’exposition <strong>de</strong>s Prairies, le Newway Mabilais ou leFrac Bretagne et <strong>de</strong>ux autres lieux parmi les six structures partenaires <strong>de</strong> la biennale : la Criéecentre d’art contemporain, le Musée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, le PHAKT Centre Culturel Colombier,40mcube, le Cabinet du livre d’artiste et la galerie Art & Essai. <strong>Les</strong> parcours croisés varient enfonction <strong>de</strong>s lieux visités. La formule permet d’approfondir <strong>de</strong>s thématiques communes à différentsartistes et d’abor<strong>de</strong>r plus particulièrement certains axes <strong>de</strong> l’exposition.<strong>Les</strong> vendredis 12, 19 et 26 octobre, 2 et 30 novembre, 7 décembre à 14h.Lieux : Newway Mabilais & Frac Bretagne + <strong>de</strong>ux autres lieux.durée : 2h30 environ / tarif : 4€. SUR RESERVATION €(auprès du service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong><strong>Rennes</strong>). <strong>Les</strong> déplacements peuvent s’effectuer à pied ou en transport en commun (Ligne 4), chaqueparticipant s’acquittera alors d’un titre <strong>de</strong> transport.Parcours « Attitu<strong>de</strong>s urbaines »Au cours d’une promena<strong>de</strong> à <strong>Rennes</strong>, un spécialiste <strong>de</strong> l’architecture décrypte la ville mo<strong>de</strong>rne, ennous éclairant sur <strong>de</strong>s conceptions et <strong>de</strong>s notions architecturales et urbanistiques. Il nous invite àobserver nos manières d’habiter ou d’occuper <strong>de</strong>s espaces.<strong>Les</strong> vendredis 21 et 28 <strong>septembre</strong>, 5 octobre, 9, 16 et 23 novembre à 14h.Ren<strong>de</strong>z-vous à l’accueil du Newway Mabilais.durée 2h30 / tarif : 4€. SUR RESERVATION €(auprès du service <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>).Limité à 12 personnes. (Ces séances sont programmées sous réserve <strong>de</strong>s conditions climatiques etd’un nombre minimum <strong>de</strong> participants).CONTACTS, RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONSNewway Mabilaiswww.lesateliers<strong>de</strong>rennes.frService <strong>de</strong>s publics :Tél : 02 23 45 43 93mediation@lesateliers<strong>de</strong>rennes.frFrac Bretagnewww.fracbretagne.frService éducatif :Tél : 02 99 84 46 10brigitte.charpentier@fracbretagne.frlorie.gilot@fracbretagne.fr79


La CaravaneéditionsÀ la fois centre <strong>de</strong> documentationdu projet et lieu <strong>de</strong> consultation,la Caravane constitue la structureitinérante et le laboratoire <strong>de</strong> médiation<strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong>. Elle proposeune bibliothèque et une filmothèquecorrélées au projet artistique : <strong>de</strong>s essais,<strong>de</strong>s catalogues, <strong>de</strong>s livres d’art maisaussi <strong>de</strong>s vidéos d’artistes, <strong>de</strong>s films <strong>de</strong>tous genres, fictions ou documentaires.Un catalogue <strong>de</strong> ressources en ligne estégalement consultable.Retrouvez toute l’actualité <strong>de</strong> lacaravane sur :www.lesateliers<strong>de</strong>rennes.fr,facebook / <strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>et twitter @ADR<strong>2012</strong>.Le projet artistique conçu par l’association Lucidarpour les <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> <strong>2012</strong> accor<strong>de</strong> unepart importante aux projets éditoriaux, déployéssous plusieurs formes, sur différents supports <strong>de</strong>publication et <strong>de</strong> diffusion :<strong>Les</strong> textes littéraires :Des écrivains sont invités à écrire un court texte –une nouvelle – en relation avec les orientationsdu projet. Ce projet éditorial s’inspire d’uneforme populaire américaine <strong>de</strong> récit, les Dimenovels ou "romans à quat'sous", qui, outre lewestern, recouvraient différents genres. L’idéeest <strong>de</strong> revisiter <strong>de</strong>s genres populaires <strong>de</strong> récitet <strong>de</strong> constituer une collection <strong>de</strong> petits livres,divers dans leur sujet, leur écriture et leur formelittéraire.Ces textes sont conçus comme <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s d'unesérie libre où le personnage, Lucky Prairie, passed'un texte à l'autre.Auteurs :Pascale BouhénicStéphane BouquetFrédéric CiriezClaire GuézengarMaylis <strong>de</strong> Kerangal<strong>Les</strong> Dime NovelsPrécurseurs <strong>de</strong>s pulp magazines au x x e , lesDime Novels apparus au x i x e sont <strong>de</strong>s récitspopulaires, couvrant <strong>de</strong>s sujets et genres trèsdivers, avant d’être attachés au western plustardivement au x x e siècle. Édités tout d’abordpar Beadle & Adams dès 1860, <strong>Les</strong> Dime Novelsont contribué à diffuser la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Ouestaméricain.Retrouvez cette collectionà la billeteriedu Newway Mabilais2€ l'unité80


Le Show <strong>de</strong> l’OuestLe Show <strong>de</strong> l’Ouest est la programmationpluridisciplinaire <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> –biennale d’art contemporain corrélée au projetartistique <strong>Les</strong> Prairies.Le Show <strong>de</strong> l’Ouest croise les arts, les pratiqueset les points <strong>de</strong> vue afin d’enrichir la lecture <strong>de</strong>sœuvres présentées dans <strong>Les</strong> Prairies. Il proposeun riche programme d’interventions aux formeset genres variés : performances, conférences,projections <strong>de</strong> vidéos, <strong>de</strong> films documentairesou <strong>de</strong> fiction, rencontres, déambulations, etc.Ces invitations sont l’occasion d’approfondir <strong>de</strong>ssources, <strong>de</strong>s références qui inspirent le projet,les artistes et la commissaire <strong>de</strong>s éditions <strong>2012</strong> et2014.<strong>Les</strong> intervenants sont <strong>de</strong>s praticiens et <strong>de</strong>spenseurs issus <strong>de</strong> domaines très divers,comptant <strong>de</strong>s excentriques très sérieux : artistes,architectes, paysagistes, philosophes, écrivains,théoriciens, enseignants, sans étiquette, etc.La programmation du Show <strong>de</strong> l’Ouest s’élaboreet s’organise en collaboration avec :le cinéma L’Arvor,l’association Au bout du plongeoir,le CCNRB – Musée <strong>de</strong> la Danse,le Ciné-TNB,le Ciné-Tambour – Service culturel <strong>de</strong> l’Université<strong>Rennes</strong> 2,le Département <strong>de</strong>s Arts plastiques <strong>de</strong> l’Université<strong>Rennes</strong> 2,le Diapason – Service culturel <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> 1,l’École Européenne Supérieure d’Art <strong>de</strong> Bretagne – site<strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>,Le Triangle – Cité <strong>de</strong> la danse,Le Village – Site d’expérimentation artistique,la Ville <strong>de</strong> Saint-Malo,et les différents lieux d’exposition <strong>de</strong>s Prairies.Quelques datesMardi 25 <strong>septembre</strong> [17h30]Auditorium <strong>de</strong> l’EESAB-<strong>Rennes</strong>Conférence d’Emmanuel RubioMercredi 3 octobre [18h / 20h30]Ciné-Tambour – <strong>Rennes</strong> 2Soirée cinéphile en écho aux thématiques <strong>de</strong>sPrairiesDimanche 7 octobreLe Show <strong>de</strong> l’Ouest est à Bazouges-la-PérouseDimanche 14 octobreLe Show <strong>de</strong> l’Ouest est à Saint-MaloMardi 16 octobre [17h30]Auditorium <strong>de</strong> l'EESAB-<strong>Rennes</strong>Conférence <strong>de</strong> Florian FouchéMercredi 24 octobre [18h / 20h30]Ciné-Tambour – <strong>Rennes</strong> 2Soirée cinéphile en écho aux thématiques <strong>de</strong>sPrairiesVendredi 23 novembre [19h]Le TriangleApéro littéraire avec : Julien d’Abrigeon,Patrick Châtelier, Cécile MinardMercredi 28 novembre [18h30]La Médiathèque <strong>de</strong>s Champs libresRencontre avec Gilles Clément, modérationpar Jean-Marc HuitorelMardi 4 décembre [17h30]Auditorium <strong>de</strong> l’EESAB-<strong>Rennes</strong>Conférence <strong>de</strong> Dove AlloucheMercredi 5 décembre [18h / 20h30]Ciné-Tambour – <strong>Rennes</strong> 2Soirée cinéphile en écho aux thématiques <strong>de</strong>sPrairiesRetrouvez toute laprogrammation duShow <strong>de</strong> l’Ouest surwww.lesateliers<strong>de</strong>rennes.frLe Wild West Show <strong>de</strong> Buffalo Bill (créé en 1882)Après la fin <strong>de</strong> la Conquête, ce héros au chômage monte un show qui fait le tour <strong>de</strong> l’Amérique,puis voyage en Europe où il propage le mythe <strong>de</strong> l’Ouest. Ses spectacles reconstituent <strong>de</strong>s faitshistoriques, quoique déjà légendaires, et <strong>de</strong>s scènes du Far West, tels que <strong>de</strong>s combats entre Blancset Indiens, <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> diligences, mais aussi <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s pionniers et <strong>de</strong>s Indiens.Le cirque a fait jouer <strong>de</strong>s rôles par ceux-là mêmes qui les avaient vécus et qui s’étaient battus :<strong>de</strong>s Indiens, en particulier Geronimo et Sitting Bull, ou encore Calamity Jane. Ce show fondé sur lereenactment incarne une Amérique qui invente sa légen<strong>de</strong> presque en simultané avec l’événementet l’expérience vécus. Est-ce la caractéristique d’un « peuple sans histoire » (Gertru<strong>de</strong> Stein) ? Cetexemple <strong>de</strong> pragmatisme témoigne aussi d’un esprit d’entreprise, sauvage en quelque sorte.82


Informations pratiquesHORAIRES12h - 19h - du mardi au dimancheBilletteries :Newway Mabilais, Frac Bretagne,fermeture à 18h15Office du Tourisme <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> Métropole11, rue Saint-Yves 35 000 <strong>Rennes</strong>—TarifsBillet d’entrée pour le Newway Mabilais et le Frac Bretagnevalable pour une journéeTarif plein : 6 €Tarif réduit : 3 €Le tarif réduit (sur présentation d’un justificatif), s’applique aux :. jeunes <strong>de</strong> 18 à 26 ans,. <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi,. titulaires <strong>de</strong> la carte handicap,. titulaires <strong>de</strong> la carte Cezam,. enseignants,. accompagnateurs <strong>de</strong> groupe scolaire,. groupes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8 personnes (réservation obligatoire)—La gratuité (sur présentation d’un justificatif), s’applique aux :. moins 18 ans,. étudiants en école d’arts plastiques, en histoire <strong>de</strong> l’art, enécole d’architecture,. inscrits à la Maison <strong>de</strong>s artistes,. titulaires <strong>de</strong> la carte ICOM,. titulaires d’une carte <strong>de</strong> presse,. titulaires <strong>de</strong> la carte Culture,. titulaires <strong>de</strong> la carte Sortir.—Autre tarif réduit : 1 €Supplément visite accompagnée sur réservation uniquement,. groupes scolaires,. centres <strong>de</strong> loisirs—Pass : 12 €Accès illimité à l'exposition <strong>Les</strong> Prairies au Newway Mabilaiset au Frac Bretagne.—Newway Mabilaiswww.lesateliers<strong>de</strong>rennes.frRenseignements et réservations :Tél : 02 23 45 43 93mediation@lesateliers<strong>de</strong>rennes.fr84


Informations pratiquesNewway Mabilaiswww.lesateliers<strong>de</strong>rennes.fr2, rue <strong>de</strong> la Mabilais35 000 <strong>Rennes</strong>Horaires : du mardi au dimanche<strong>de</strong> 12h à 19h,fermé le lundiAccès : bus nº9 "Malakoff",nº4 "Chèques Postaux",le Vélo STAR, parking sur site.Frac Bretagnewww.fracbretagne.fr19, avenue André-Mussat35 000 <strong>Rennes</strong>Horaires : du mardi au dimanche<strong>de</strong> 12h à 19h,fermé le lundiAccès : métro "Villejean Université",bus nº4 "Beauregard",le Vélo STAR.La Criéecentre d’art contemporainwww.criee.orgHalles centralesPlace Honoré-Commeurec35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 23 62 25 10la-criee@ville-rennes.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 12h à 19h,samedi et dimanche<strong>de</strong> 14h à 19h,fermé le lundi et les jours fériésAccès : métro "République",le Vélo STAR.ENTRée LIBREMusée <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>www.mbar.org20, quai émile Zola35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 23 62 17 45museebeauxarts@ville-rennes.frHoraires : du mercredi au dimanche<strong>de</strong> 10h à 12h et 14h à 18h,le mardi <strong>de</strong> 10h à 18h,fermé le lundi et les jours fériésTarifsMusée + Exposition temporairePlein : 5,95 eurosRéduit : 3 euros (étudiants, famillesnombreuses, comités d’entreprises,etc.) ou 2 euros pour les détenteurs dubillet journée <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>.Accès : métro "République",bus nº4, 6, 40, 64, 67 "Musée <strong>de</strong>sbeaux-arts", nº54, 55, 56 "LycéeEmile-Zola", le Vélo STAR.PHAKTCentre Culturel Colombierwww.phakt.fr5, place <strong>de</strong>s Colombes35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 65 19 70contact@phakt.frHoraires : du lundi au samedi<strong>de</strong> 13h à 19h15 et sur rdv.fermé dimanche et jours fériésAccès : métro "Charles <strong>de</strong> Gaulle",bus nº9, 5 "Plélo Colombier", nº4, 11,40, 64 "Place <strong>de</strong> Bretagne",le Vélo STAR.ENTRée libre40mcubewww.40mcube.org48, avenue Sergent Maginot35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 90 09 64 11contact@40mcube.orgHoraires : du mardi au samedi<strong>de</strong> 14h à 18h, et sur rdv.fermé lundi et jours fériésAccès : métro "République",bus nº4, 6 "Pont <strong>de</strong> Chateaudun",le Vélo STAR.entrée libreCabinet du livre d’artistewww.incertain-sens.orgwww.sans-niveau-ni-metre.orgUniversité <strong>Rennes</strong> 2 - VillejeanPlace du Recteur Henri Le Moal35 000 <strong>Rennes</strong>Bâtiment érèvetél. 02 99 14 15 86noury_aurelie@yahoo.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 11h à 18h, et sur rdv.fermé pendant les vacancesuniversitairesAccès : métro «Villejean Université»,bus nº4 "Université",le Vélo STAR.entrée libreGalerie Art & Essaiwww.univ-rennes2.frwww.galerieartessai.frUniversité <strong>Rennes</strong> 2 - VillejeanPlace du Recteur Henri Le Moal35 000 <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 14 11 42galerie@uhb.frHoraires : du mardi au vendredi<strong>de</strong> 13h à 18h,accueil <strong>de</strong>s groupes sur rdv.Accès : métro «Villejean Université»,bus nº4 «Université»,le Vélo STAR.entrée libre85


DMA GALERIE23, rue <strong>de</strong> Chateaudun- <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 87 20 10regie.dma@gmail.comwww.dmagalerie.comdu lundi au vendredi9h > 12h & 14h > 18h06 SEPT - 12 OCTcosmoramaatelier à quatrefrédéric laroche etgwenaeëlle-vincianevinouse, aka atelier à quatre18 OCT - 12 décdiy or buyles frèresripoulaindavid renault, matthieutremblin24 novelectric firecampdma & crab cakeparty06 sept & 12 oct22h30 > 3hmoon stationeesabsite <strong>de</strong> rennesécole européenne supérieured’art <strong>de</strong> Bretagnetél. 02 23 62 22 60erba@ville-rennes.frwww.erba-rennes.frÀ la veille <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong> la troisième édition <strong>de</strong>s <strong>Ateliers</strong><strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - biennale d’art contemporain, quinze lieux d’artcontemporain <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> Métropole s’unissent pour créerBIENNALE OFF.Événement parallèle et complémentaire à la biennale, BIENNALEOFF fédère <strong>de</strong>s structures œuvrant dans l’art contemporain etpropose aux publics une programmation exceptionnelle pendantprès <strong>de</strong> trois mois.Expositions, rencontres, performances, éditions...BIENNALE OFF propose un parcours spécialement élaboré àtravers quinze lieux aux approches multiples et singulières <strong>de</strong> l’artcontemporain.PLUS D’INFOS SUR : WWW.BIENNALEOFF.FRgalerie du Cloître34, rue Hoche - <strong>Rennes</strong>18 SEPT - 25 OCTles toiles en prêtcorentin canessonactivationspierre galopinhors-les-mursespace standards2 rue <strong>de</strong>s Portes Mor<strong>de</strong>laises,<strong>Rennes</strong>du mercredi au samedi14h > 18h12 au 22 septRE: #3bis86


iennale OFFgalerie micaRoute du Meuble,La Brosse - St Grégoiretél. 09 79 09 17 31contact@galeriemica.comwww.galeriemica.comdu mercredi au samedi15h > 19h15 SEPT - 10 novvernissage 15 SEPT19h (inauguration off)éric baudartdominiqueghesquièresalle polyvalentefranck chauvet23 nov - 19 janATOM(abri temporaire pouroiseaux migrateurs)odile <strong>de</strong>cqle trianglecité <strong>de</strong> la danseBoulevard <strong>de</strong> Yougoslavie,- <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 22 27 27infos@letriangle.orgwww.letriangle.org15 nov - 21 décnicolas barreau &jules charbonnetvivariumZI Rte <strong>de</strong> Lorient29, rue du Manoir <strong>de</strong> Servigné- <strong>Rennes</strong>tél. 09 50 61 66 76vivariumatelier.blogspot.fr12 au 28 septzone autonomemutualiséeEmilien AdageFrançois FeutrieTony RegazzoniSébastien RémyBi RongrongCamille RouxThorsten StreichardtCamille Girard etPaul Brunet17 novVente Aux enchèresles orpailleurshotel <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> rennes19hstandards2, rue <strong>de</strong>s Portes Mor<strong>de</strong>laises- <strong>Rennes</strong>tél. 06 65 63 10 62du mercredi au samedi14h > 18h29 sept - 27 octles détectivessauvagestobias löffleronirisgalerie d’art contemporain38 rue d’Antrain - <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 36 46 06/ 06 71 633 633contact@galerie-oniris.frwww.galerie-oniris.frdu mardi au samedi 14h >18h30jusqu’au 22 septfrançois morelletodile <strong>de</strong>cq2 oct - 3 novo<strong>de</strong> bertrandaurelie nemours6 nov - 8 décyves popetpassage 2525, rue Surcouf - <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 14 22 75/ 06 81 53 13 52e<strong>de</strong>roost@orange.frdu mardi au samedi14h > 18hdimanche 15h > 18h18 oct - 30 novmatièrespremières :enjeuxcontemporainsc. bujeauhans meyer petersenjacques domeauerick <strong>de</strong>roost29 nov - 6 décnathalie leonardpeinturesgalerienathalieclouard22, rue Hoche - <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 63 51 23nathalie.clouard@wanadoo.frwww.galerie-nathalie-clouard.comdu mardi au samedi14h > 19h13 SEPT - 10 novloïcle groumellec2 ème exposition personnelle15 nov - 5 janjacques villeglésculptures et estampesgalerie picturaNET PLUS40, rue du Bignon - Chantepiedu lundi au vendredi 9h > 18h15 oct - 14 décrichard volantephotographiesmétro, boulot, dodogalerie net plus40, rue du Bignon - Chantepietél. 02 99 22 77 99www.facebook.com/galerienetpluscontact@net-plus.frdu lundi au vendredi 9h > 18h28 sept - 28 octautoportraitslendroitéditions23, rue Quineleu - <strong>Rennes</strong>tél. 02 23 30 42 27lendroitgalerie@free.frwww.lendroit.orgdu lundi au vendredi14h > 18h15 sept - 9 déc<strong>de</strong>rrière lavitrineguillaume pinardpierre la policeblex bolexsuperstrat48, bld Villebois Mareuil- <strong>Rennes</strong>talweg@ultralocal.frwww.ultralocal.fr15 sept - 9 décapparition sporadiquetout au long <strong>de</strong> labiennalesuperstratexposition horsles murstalwegultralocalle bon accueil74, canal St Martin - <strong>Rennes</strong>tél. 09 53 84 45 42contact@bon-accueil.orgwww.bon-accueil.orgdu mercredi au samedi14h > 18hdimanche 15h > 19hchapellest joseph(monfort)18 sept - 6 octconcert <strong>de</strong> steve ro<strong>de</strong>net mathias <strong>de</strong>lplanquele 18 sept - 19hsuivi du vernissage <strong>de</strong>l’expositionle bon accuEil(rennes)27 sept - 9 décsteve ro<strong>de</strong>n (usa)le grandcor<strong>de</strong>lmaison <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong> laculture18, rue <strong>de</strong>s Plantes - <strong>Rennes</strong>tél. 02 99 87 49 49www.grand-cor<strong>de</strong>l.comcontact@grnd-cor<strong>de</strong>l.comlun, mar, jeu, ven 14h > 20h30mercredi 9h > 12h30 & 14h > 20h30samedi 9h > 13h12 oct - 17 novcityscape 2095mécaniquesdiscursives87


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FRANCE 3 BRETAGNE PARTENAIREDE TOUTES LES CULTURES© Tom Kelley Archive / GO Archives / GraphicObsession / Val Thoermer / Imagebroker / InspireStock/ Tom Kelley Archive / GO Archives / Mark Karrass / Corbis / Liane Riß / Westend61 / Nicolas Ferrando/ Corbis /Seth Joel Photography / Cultura.france3.fr


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Organisation // Art NoracBruno Caron // Prési<strong>de</strong>ntCatherine Brégand // Responsable communication et mécénatEliane Perron // Assistante <strong>de</strong> directionBernard Crespy // ComptableBenoît Bonamy // Conseiller JuridiqueConception et réalisation // Association LucidarFrançois Forge // Prési<strong>de</strong>ntMarie-Dominique Debat // TrésorièreAnne Bonnin // DirectriceValérie Renard // Responsable administration et mécénatMarie Cantos // Coordinatrice généraleVirginie Redois // Responsable communication, relations presse et éditionsChloé Orveau // Responsable <strong>de</strong>s publicsSimon Dablin // Responsable régie et techniqueFlavie Hue // Responsable <strong>de</strong> billetterieAudrey Pennachio // Assistante chargée <strong>de</strong> communication, relations presse et mécénatLauren Papet // Assistante chargée <strong>de</strong> productionCharlotte Fisselier // Assistante chargée <strong>de</strong> médiationStagiaires : Cécile Bailly, Marion Le Bec, Maxime Le Clanche, Gauthier <strong>Les</strong>turgie, Soizig Loué<strong>de</strong>c.Médiateurs : Anthony Bodin, Véronique Meunier, Marie Mourougaya, Johanna Rocard, Thomas Tudoux.Stagiaires médiation : Juliet Davis, Emilie Fromenteze, Marion Lemoult, Soizig Loué<strong>de</strong>c, CassieQuintin, Marine Ricard.Monteurs : Rémi Albert, Antoine Bertron, Anthony Glais, Ludovic Jouet, Damien Le Déve<strong>de</strong>c, Yann<strong>Les</strong>ueur, Laurent Petitot. Stagiaire montage : David Picard.Surveillants <strong>de</strong> salles : Virginie Jeanne, Julien Goron, Clémence Moullé Prévost.Conception <strong>de</strong>sign graphique :Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> visite et programme : Maxime Le ClancheEditing : Anne Bonnin / Marie CantosTraductions additionnelles : Marie CanetRelectures : Alice Norasingh-ErtaudConception site Internet : BUGRelations Presse et partenariats media : Sylvie Chabroux<strong>Les</strong> notices sur les artistes ont été écrites par :Anne Bonnin (A. B.), Marie Canet (M. C.), Kadist Art Foundation (K. A. F.), Nadine Labeda<strong>de</strong> – CourtesyFRAC Centre (N. L.), Anne Langlois – 40mcube (A. L.), Hélène Meisel (H. M.), Aurélie Noury (A. N.),Camille Pageard (C. P.), Florence Osten<strong>de</strong> (F. O.), Chris Sharp (C. S.).94


Organisation :Partenaires publics :Mécènes :Partenaires associés à la production d’œuvres :Société CrézéPartenaires médias :Lieux d’exposition :Nous remercions également pour leur soutien :Partenaires du Show <strong>de</strong> l’Ouest :Le CCNRB – Musée <strong>de</strong> la Danse, le cinéma l’Arvor, l’association Au bout du plongeoir, leCiné-TNB, le Ciné-Tambour – Service culturel <strong>de</strong> l’Université <strong>Rennes</strong> 2, le Diapason – Serviceculturel <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> 1, l’École européenne supérieure d’art <strong>de</strong> Bretagne – site <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, LeTriangle – Cité <strong>de</strong> la danse, Le Village – Site d’expérimentation artistique,la Ville <strong>de</strong> Saint-Malo.95


Remerciements<strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> – biennale d’art contemporain remercient chaleureusement, pour leurcontribution à cette troisième édition, <strong>Les</strong> Prairies :<strong>Les</strong> artistes <strong>de</strong>s expositions et du Show <strong>de</strong> l’Ouest,<strong>Les</strong> auteurs <strong>de</strong>s différents projets éditoriaux,<strong>Les</strong> intervenants du Show <strong>de</strong> l’Ouest et <strong>de</strong> La Caravane,<strong>Les</strong> galeries,<strong>Les</strong> prêteurs publics et privés,<strong>Les</strong> lieux associés à <strong>de</strong>s productions d’œuvres,<strong>Les</strong> directeurs et les équipes <strong>de</strong>s lieux d’exposition partenaires ainsi que <strong>de</strong>s structures partenaires<strong>de</strong> La Caravane et du Show <strong>de</strong> l’Ouest,Ainsi que, pour leur ai<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s projets particuliers ou pour leur accompagnement tout au long<strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s Prairies :Marleen Gijsen et la René Daniëls Foundation, Ioana Popescu et le Musée du Paysan roumain<strong>de</strong> Bucarest, Lisa Rosendahl et Iaspis, Eric Baugé, Julien Bailleul, Mehdi Teffahi et Territoires etdéveloppement, Colette Barbier et la Fondation Ricard, Jean-Marc Poinsot et les Archives <strong>de</strong> laCritique d'Art, Michaël Chéneau et l'association Libre Art Bitre, Jean-Paul Legendre, EmmanuelPivain, Antoine Iehl et Marie-France Callarec et le groupe Legendre, Franck Fillaut, Capitaine duService commission arrondissement <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, Adil Elmaliki, Christophe Krier, Fabrice Motais,Philippe Rouply et JPR Électricité.Kathy Alliou, Emmanuelle Anneix-Dao, Hervé Beurel, Pascal Blanchais, Gwénaël Blin, LaëtitiaBouvier, Véronique Brégeon, Emmanuel Couet, Christine Desmoulins, Catherine Elkar, CarolineFerreira, Joëlle Folch, Carolina Grau, M. Guihéneuf, Caroline Hancock, Vit Havranek, Victoria Horton,Jean-Marc Huitorel, Eliza Iacoblev, Claire Jacquet, Patrice Joly, Béatrice Josse, Sylvain Kermici,Marianne Lanavère, Au<strong>de</strong> Launay, Emma Lavigne, Pierrick Marcellier, Philippe-Alain Michaud,Benoît-Marie Moriceau, Ricardo Nicolau, Pedro Pereira, David Perreau, Denis Pinault, NadinePouillon, Jonathan Pouthier, Julien Prévieux, Anthony Rio, Rita Santana, Guy Tortosa, EmmanuelThaunier.Copyright ADAGP, Paris <strong>2012</strong> pour les artistes suivants : Gilles Aillaud, René Daniëls, étienne-Martin, Jan Kempenaers, Thomas Kilpper, Aglaia Konrad.Crédits photographiques supplémentaires :Pages <strong>de</strong> couverture : Vincent-Victor Jouffe, Ville-es-Bret, Promena<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Assomption, 15 août 1995 /Yann Peucat, Newway Mabilais, <strong>2012</strong> ; Newway Mabilais © Yann Peucat, <strong>2012</strong> ; Frac Bretagne© Agence ODBC / Labtop ; La Criée centre d’art contemporain : Benoît Mauras ; Musée <strong>de</strong>s beaux-arts<strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> © Musée <strong>de</strong>s beaux-arts / Ville <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> ; PHAKT - Centre Culturel Colombier :© PHAKT Centre Culturel Colombier ; 40mcube © 40mcube ; Cabinet du livre d’artiste © Cabinet dulivre d’artiste ; galerie Art & Essai, université <strong>Rennes</strong> 2 : vue exposition John Wood & Paul Harrison,Notebook, 2011 © galerie Art & Essai, université <strong>Rennes</strong> 2 ; La Caravane © Maxime Le Clanche / <strong>Les</strong><strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, <strong>2012</strong> ; Le Show <strong>de</strong> l’Ouest : Jocelyn Cottencin & Mathieu Renard - La poussière, lasueur, la poudre © Maxime Le Clanche / <strong>Les</strong> <strong>Ateliers</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong>, <strong>2012</strong>.96

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