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L'industrie pharmaceutique par Annick Escoffier d'Attac Aubagne A ...

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plein déclin. Elle est en phase de rendement décroissant, c’est ceralentissement que paient, pour compenser, les assurés sociaux et lesmalades du Sud.En 2000, elle intente un procès à l’Afrique du Sud, qui a voté une loipour réduire le prix des médicaments anti-sida (quatre millions depersonnes atteintes dans ce pays). La révolte de l’opinion publiqueinternationale la force à abandonner la procédure. Depuis elle a changé sacommunication devenue plus éthique, mais sa politique de prix élevés restela même pour les pays en voie de développement( PED). Elle <strong>par</strong>tage ainsi laterrible responsabilité de contribuer à la mort de personnes qui décèdent<strong>par</strong> millions,faute d’avoir accès aux médicaments efficaces mais trop cherspour eux.Le déclin de l’innovation <strong>pharmaceutique</strong> et la stagnation de l’inventioneffraient les industriels car la découverte de molécules innovantes est unequestion de vie ou de mort pour leurs laboratoires. Cette situation lesrend <strong>par</strong>fois capables du pire, comme ce procès intenté à l’Afrique du Sudou les essais thérapeutiques pratiqués sur les populations du Tiers-Monde,enfants compris,dans des conditions d’information,de morale et de sécuritéréduites au minimum; là-bas, les éventuels dégâts humains ne leur coûtentpas très cher.Le choix de recherches sur tel ou tel autre médicament est fait <strong>par</strong> desfinanciers qui privilégient le projet le plus rentable dans les pays lesplus rentables, c’est à dire là où les patients sont solvables et nombreux:Amérique du nord, Europe, Japon ; il s’agit de médicaments relatifs aubien-être, au meilleur vieillissement, à l’obésité, à la dépression ...comme le Prozac ou le Viagra. Ils négligent désormais les maladiesinfectieuses, que l’on rencontre surtout au Sud. Ils oublient les maladiesdites orphelines( c’est à dire celles qui atteignent un petit nombre demalades) et celles qui déciment les PED (paludisme,leishmaniose, maladiedu sommeil....) car les patients sont peu nombreux ou trop pauvres pouracheter leurs remèdes. Ils recherchent le “blockbuster” ,c’est lemédicament qui rapporte plus de 1 milliard de dollars. Ni la sécuritésociale qui finance les remboursements, ni les citoyens, ni les patientsne <strong>par</strong>ticipent à ces choix. Ils s’intéressent essentiellemnt auxpathologies qui leur offrent un marché important et mènent une strictepolitique financière!! Mais leurs discours en appellent à l’éthique :« Les profits d’aujourd’hui sont les médicaments de demain », justifiantl’augmentation du prix des médicaments actuels <strong>par</strong> la nécessité de gagnerde l’argent pour financer la recherche de médicaments nouveaux.L’industrie <strong>pharmaceutique</strong> est affolée <strong>par</strong> la menace de voir tomber dansle domaine public la plu<strong>par</strong>t des médicaments anciennement innovants,susceptibles d’ être copiés et de devenir des génériques qui sont vendusmoins cher et perdent leur nom de marque au profit de celui de la molécule.Dix-neuf des vingt médicaments les plus vendus sont concernés en France.Les laboratoires livrent une course contre la montre pour trouver denouveaux médicaments ,fausses innovations au bénéfice infinitésimal; pourgarder le plus longtemps possible le monopole des ventes, grâce auxbrevets; pour augmenter les quantités vendues. Ils vont même jusqu’à“inventer” des maladies en jouant sur la peur (le docteur Knock a faitécole)et créer ainsi un marché juteux. Le Monde diplomatique d’avril 2006dénonce leurs “stratégies marketing (qui) ciblent dorénavant les bienportantsde manière agressive. Les hauts et les bas de la vie de tous lesjours sont devenus des troubles mentaux, des plaintes somme toute communessont transformées en affections effrayantes et de plus en plus de gensordinaires sont métamorphosés en malades” (Lire la Recherche d’août 2004concernant les troubles obsessionnels compulsifs ou l’hyperactivité desenfants soignée avec la Ritaline). Pour découvrir de nouvelles molécules,ils organisent le pillage de la biodiversité des pays du Sud et brevètentdes plantes qui ne leur ap<strong>par</strong>tiennent pas, <strong>par</strong> exemple l’ayahuasca (planteculte des Indiens d’Amazonie) ou le neem (appelé aussi margousier).Les fusions-concentrations sont faites ,elles-aussi, pour garder un niveauélevé de profits. Nombreuses <strong>par</strong> le passé, elles continuent avec Sanofi-Synthelabo/Aventis car elles permettent des économies d’échelle grâce à la


concentration de la recherche et du marketing, mais les victimes en sontles salariés et les équipes de chercheurs qui ,une fois cassées, mettrontdes mois voire des années à reconstruire leur unité et leur efficacité.Aventis a fermé dans la région <strong>par</strong>isienne son centre de maladiesinfectieuses, nous avons déjà <strong>par</strong>lé de la <strong>par</strong>alysie de cette recherche. Lavague des fusions n’a pas enrayé le déclin des innovations et ne crée pasde richesses, mais accroît la force de frappe commerciale et la pressionsur les gouvernements.D.Deux stratégies <strong>par</strong>ticulièrement odieusesDeux stratégies des laboratoires <strong>pharmaceutique</strong>s pour enrayer leurdéclin et la chute de leurs profits peuvent se révéler criminelles enversles populations pauvres du Tiers-monde qu’ils privent d’accès auxmédicaments.1°)L’OMC et les brevetsSous leur pression, l’Organisation mondiale du Commerce(OMC) a rédigéen 1994 l’ADPIC (Accord sur les droits de propriété intellectuelle):tousles Etats membres de l’OMC ont accepté l’adoption de cette nouvellelégislation qui prolonge à vingt ans la durée de validité des brevets surles médicaments (au<strong>par</strong>avant cinq à quinze ans selon les pays), tout enlaissant libre la fixation des prix. Avant l’ADPIC, chaque Etat avait sapropre législation. Voici un bel exemple de l’intervention de l’OMC dansnotre vie quotidienne ! En effet, l’ADPIC provoque une augmentationconsidérable des prix qui ruine les systèmes de santé nationaux et décimeles populations du Sud car les médicaments leur deviennent inaccessibles(5% seulement des 40 millions de personnes atteintes du sida sont soignéeset toutes ou presque se trouvent au Nord!).L’IPH et les gouvernements occidentaux invoquent deux arguments pourjustifier cette politique odieuse.D’une <strong>par</strong>t,les firmes assurent qu’ellesne peuvent faire autrement sans compromettre les recherches de demain ;ornous avons vu quelle recherche, celle favorable aux populations aisées,qui laisse ainsi mourir les populations pauvres du Sud, pour garantir unemeilleure santé et un meilleur vieillissement au Nord, tout en enrichissantles actionnaires.Choix CRIMINEL et cynique auquel s’ajoute le mensongepuisque le marketing et la promotion coûtent plus cher dans leur budgetque la recherche.D’autre <strong>par</strong>t, dit l’IPH, puisqu’elle opère dans un marché global, elle abesoin d’un système global de brevets et d’un prix mondial unique, pouréviter que les bas prix du Sud n’influencent à la baisse les prix élevés duNord; en effet, un médicament fabriqué avec la protection d’un brevet peutcoûter 12.000 dollars, mais être vendu 400 quand il est fabriqué <strong>par</strong> uneentreprise du Sud qui fait fi du brevet ! La préoccupation première estbien mercantile et non pas sanitaire.Les conférences ministérielles de l’OMC à Doha et Cancun en 2001 et 2003,l’intervention de l’ONU en 2000 et 2001 ont laissé croire que cettesituation inique allait s’améliorer et que les pays du Sud pourraientfabriquer des médicaments à bas prix, au moins contre le sida, le paludismeet la tuberculose, les trois grandes pandémies. En réalité l’IPH a toutfait pour bloquer les accords et multiplier les contraintes qui empêchentcette production dans les pays du sud. A grand renfort de publicité et debeaux discours, elle préfère mettre en avant quelques actions charitablesqui touchent en vérité très peu de personnes.Dans les faits l’ADPIC esttoujours opérationnel: l’accord de Cancun obtenu avec l’aide des Etats-Uniset de la Commission européenne et malgré l’opposition des pays de l’ACP(Afrique,Caraïbes et Pacifique) n’a rien amélioré et menace au contrairel’existence des médicaments génériques car il institue un encadrementmondial de leur marché limitant leur fabrication et leur exportation. LesEtats-Unis et l’Europe ont fait céder les pays de l’ACP grâce à desmenaces, un peu de corruption et d’autres moyens aussi indignes querévoltants quand il s’agit de vie ou de mort pour des millions depersonnes.

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