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Innovalo 3 les cahiers 1 - Centre académique de ressources sur la ...

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Français et orientation en troisièmeUn exemple <strong>de</strong> coopération entre un enseignant et une conseillère d’orientation -psychologue pendant une année sco<strong>la</strong>ireJean-François Le GraëtCommission “Maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture et du <strong>la</strong>ngage”, inspection académique <strong>de</strong> Seine-Saint-DenisCollège Gabriel-Péri à Aubervilliers (93)HEURE DE VIE DE CLASSECe travail s’inscrit dans une recherche menée parun groupe d’enseignants et <strong>de</strong> COP <strong>de</strong> l’académie<strong>de</strong> Créteil qui réfléchissent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> liens entreorientation et disciplines.Réfléchir <strong>sur</strong> ce qu’on faitCette année sco<strong>la</strong>ire 2000-2001, je suis professeurprincipal dans une c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 e du collège ZEP où j’enseigneet, à ce titre, chargé d’animer l’heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>c<strong>la</strong>sse hebdomadaire qui figure à l’emploi du temps<strong>de</strong>s élèves.L’heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse a pour objectif <strong>de</strong> «responsabiliser<strong>les</strong> élèves» et doit être «un temps d’écoute et <strong>de</strong>dialogue». Par ailleurs, en troisième, cette heure doitprendre en compte l’information à l’orientation 1 .Pour remplir ce cahier <strong>de</strong>s charges, j’ai formé le projet<strong>de</strong> faire réfléchir mes élèves <strong>sur</strong> leurs représentationsdu travail, au sens que donne Yves Clot à cettenotion: activité contrainte, orientée et dirigée, socialementinscrite, jouant un rôle essentiel dans <strong>la</strong>construction i<strong>de</strong>ntitaire du sujet 2 .Une notion bienplus <strong>la</strong>rge donc que ce qu’évoque le mot métier, souventréduit à <strong>la</strong> définition d’un type (par exemple : leplombier) se déclinant en un certain nombre <strong>de</strong>tâches à effectuer.Après avoir fait l’inventaire <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong>sélèves concernant cette notion, il s’agira <strong>de</strong> voir <strong>sur</strong>quels points el<strong>les</strong> se recoupent, se distinguent et d’essayerd’évaluer dans quelle me<strong>sur</strong>e le travail menépendant l’heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>les</strong> fait évoluer.Mon projet pédagogique est <strong>de</strong> faire se confronterces représentations pour amener <strong>les</strong> élèves à mieuxréfléchir à ce que signifie pour eux le choix d’un(1)cf. <strong>la</strong> brochure Le Collège <strong>de</strong>s années 2000, Gui<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong>s actions pour <strong>la</strong> réforme,Paris, CNDP, 1999.(2)cf.Yves Clot, La Fonction psychologique du travail, Paris, PUF, 1999.(3)Je me réfère ici aux travaux c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> Lev Vygotski et <strong>de</strong> Mikhaïl Bakhtine etpour ce qui concerne <strong>les</strong> apprentissages en situation sco<strong>la</strong>ire je renvoie aux travauxd'Élisabeth Bautier, Dominique Bucheton, Élisabeth Nonnon et Jean-Yves Rochex.(4)Sur <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> genre, je renvoie aux travaux <strong>de</strong> Mikhaïl Bakhtine et particulièrementà Esthétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> création verbale, Paris, Gallimard, 1984. Le genre <strong>de</strong> discoursest une notion bien plus <strong>la</strong>rge que le genre littéraire, qu'il inclut.Tout individuqui parle ou écrit s'exprime en faisant <strong>de</strong>s choix dans <strong>la</strong> masse <strong>de</strong>s énoncésémis avant lui et qu'il assimile au cours <strong>de</strong> sa vie, au fil <strong>de</strong>s interactions avec autrui.Ces énoncés couvrent tous <strong>les</strong> champs <strong>de</strong> l'activité humaine et se regroupent engenres discursifs plus ou moins standardisés: conversation familiale, manifestations<strong>de</strong> <strong>la</strong> politesse, roman… <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> métier.(5)cf. article <strong>de</strong> Labor<strong>de</strong>-Mi<strong>la</strong>a I.: «La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> métier dans <strong>la</strong> presse généraliste»,in Reuter Y., La Description : théories, recherches, formation, enseignement,Presses universitaires du Septentrion,Villeneuve-d'Ascq, 1998.(6)cf. Programmes du cycle central, français : «[au cycle central] on affine <strong>la</strong> connaissance<strong>de</strong>s formes narratives, on engage l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong>scriptives et explicatives[…] (p.8), Paris, CNDP,1997.métier et qu’ils construisent un projet d’orientationayant du sens.Je fais par ailleurs l’hypothèse que <strong>les</strong> représentations<strong>de</strong>s élèves ado<strong>les</strong>cents qui ont <strong>de</strong>s activités professionnel<strong>les</strong>induisent <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s,voire <strong>de</strong>s postures, qui ont <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces <strong>sur</strong> leurimplication dans <strong>les</strong> activités sco<strong>la</strong>ires et que <strong>les</strong> faireréfléchir <strong>sur</strong> leur rapport à l’univers sco<strong>la</strong>ire peut <strong>les</strong>ai<strong>de</strong>r à mieux comprendre leur manière d’“être aumon<strong>de</strong>”.Travailler son rapport à soiProposer <strong>de</strong>s activités d’apprentissage qui permettent<strong>de</strong> travailler son rapport à soi en se confrontant auxautres, afin <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s connaissances ; ce projetrencontrait <strong>les</strong> préoccupations <strong>de</strong> <strong>la</strong> COP du collègequi souhaitait aller au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s rituel<strong>les</strong> séances d’information<strong>sur</strong> <strong>les</strong> métiers auxquel<strong>les</strong> sont soumistous <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> troisième pour montrer concrètement<strong>les</strong> liens qui existent entre <strong>les</strong> métiers <strong>de</strong> professeuret <strong>de</strong> conseiller d’orientation-psychologue et <strong>les</strong>ens <strong>de</strong> nos activités.En tant que professeur <strong>de</strong> français, je vou<strong>la</strong>is que <strong>les</strong>activités présentées aux élèves fassent alterner <strong>les</strong>moments <strong>de</strong> lecture, d’échanges oraux et d’écriture,avec aller et retour <strong>de</strong>s uns aux autres, dans une perspectiveinteractionniste <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>ssavoirs 3 .Par ailleurs, il m’a paru pertinent <strong>de</strong> travailler<strong>la</strong> <strong>de</strong>scription pour traiter <strong>de</strong> cette problématique dumétier comme activité. La “<strong>de</strong>scription <strong>de</strong> métier” esten effet le genre 4 dominant dans lequel l’objet discursifmétier s’énonce, aussi bien dans <strong>la</strong> presse généraliste(journaux 5 ) que spécialisée (fiches <strong>de</strong> l’ONISEP). Ilm’a semblé intéressant <strong>de</strong> travailler ce genre sociodiscursifen exploitant <strong>les</strong> connaissances disciplinaires<strong>de</strong>s élèves concernant <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> discours appelée«<strong>de</strong>scription» telle que l’étiquettent <strong>les</strong> programmes<strong>de</strong> français pour le collège en <strong>la</strong> distinguant <strong>de</strong> <strong>la</strong> narration,<strong>de</strong> l’explication et <strong>de</strong> l’argumentation 6 .Les formes discursives sont <strong>de</strong>s constructions archétypa<strong>les</strong>obéissant à <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> fonctionnement relevantd’une «grammaire <strong>de</strong> discours» (appelée aussi«pragmatique»). Ce type d’analyse postule l’existence,au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase, <strong>de</strong> “discours”; l’analyse <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong>d’organisation qui <strong>les</strong> fon<strong>de</strong>nt permet <strong>de</strong> rendrecompte <strong>de</strong>s énoncés produits. Chaque forme discursive:narration,<strong>de</strong>scription, explication, argumentation,obéit donc à <strong>de</strong>s contraintes et impose ses marques à <strong>la</strong>réalité dont elle veut rendre compte.Heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse 41


Mais ces formes discursives ne sont pas observab<strong>les</strong>directement. El<strong>les</strong> se matérialisent dans <strong>de</strong>s écritssocialement attestés – romans, notices, artic<strong>les</strong> <strong>de</strong>journaux, manuels <strong>de</strong> différentes disciplines – quiobéissent aussi à <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> d’acceptabilité internes.Enfin ces diverses formes <strong>de</strong> discours se manifestentdans <strong>les</strong> écrits sociaux sous forme <strong>de</strong> fragments plusou moins mêlés <strong>les</strong> uns aux autres : ils ne se rencontrentjamais “purs”. C’est particulièrement le cas du<strong>de</strong>scriptif qui s’actualise dans un écrit sous <strong>la</strong> formed’un parcours dont on peut repérer <strong>les</strong> composantesqui visent toutes à faire voir, faire construire unereprésentation. Pour ce qui concerne le métier, ils’agit <strong>de</strong> faire voir non pas un objet mais une activité.Et ce parcours <strong>de</strong> lecture est organisé. Le lecteureffectue un trajet balisé par l’émetteur du discours<strong>de</strong>scriptif en fonction d’une visée : si <strong>la</strong> <strong>de</strong>scriptionest informative, elle s’inscrit dans un univers <strong>de</strong> référencequ’il s’agit <strong>de</strong> crédibiliser en usant, consciemmentou inconsciemment, <strong>de</strong> procédés <strong>de</strong> textualisation7 .Par exemple, l’effet produit <strong>sur</strong> le lecteur par <strong>la</strong>fiche ONISEP d’un métier et <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du mêmeobjet discursif par un acteur décrivant son implicationprofessionnelle dans une activité concrète n’estpas le même.Le métier n’est donc pas une réalité préexistante à<strong>la</strong>quelle on se contente <strong>de</strong> mettre une étiquette maisune construction <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage qui permet <strong>de</strong> se représenterune activité.Description du protocoleDans une première séance (A), en septembre, j’ai<strong>de</strong>mandé aux élèves <strong>de</strong> m’écrire – en plus d’autresactivités sans rapport direct avec <strong>la</strong> recherche – <strong>les</strong>noms <strong>de</strong>s métiers qu’ils avaient envie <strong>de</strong> faire ou d’indiquer<strong>la</strong> poursuite d’étu<strong>de</strong>s qu’ils envisageaient pourl’année suivante.Il n’y a pas eu communication <strong>de</strong>sproductions.Une <strong>de</strong>uxième séance <strong>de</strong> photo<strong>la</strong>ngage (B) a été proposéeau mois d’octobre, en col<strong>la</strong>boration avec <strong>la</strong>COP, qui a animé <strong>la</strong> séance. Il s’agissait pour chaqueélève <strong>de</strong> choisir parmi cinq photos celle représentantle mieux pour lui le travail et d’écrire pourquoi.Après une lecture à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> sa production parl’élève concerné, il y avait un échange avec le groupe.Quand toutes <strong>les</strong> productions eurent été communiquées,il y eut réécriture <strong>de</strong> son texte par chaqueélève. Cette secon<strong>de</strong> production n’a pas été communiquéeau groupe.Pour cette activité, <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse avait été partagée en <strong>de</strong>uxafin <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser à chacun le temps <strong>de</strong> s’exprimer. Lacollègue COP reprenait ce qui avait été formulé oralementet au fur et à me<strong>sur</strong>e inscrivait au tableau <strong>les</strong>éléments nouveaux qui ressortaient <strong>de</strong>s interprétations<strong>de</strong>s photos choisies. Au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> réécriture,<strong>les</strong> élèves avaient donc entendu ce qu’avaient ditleurs camara<strong>de</strong>s et pendant <strong>la</strong> réécriture ils avaient42 Les CAHIERS innover & réussirsous <strong>les</strong> yeux l’ensemble <strong>de</strong>s propositions du groupe.Lors d’une troisième séance en novembre (C), toujoursen <strong>de</strong>mi-c<strong>la</strong>sse, nous avons distribué aux élèves<strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> presse extraits du Mon<strong>de</strong> qui présentaient<strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> métiers sous forme <strong>de</strong> portraitsdans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> acteurs tiennent un discours<strong>sur</strong> leur travail.Dans un premier temps, chaque élève avait un texte àanalyser en répondant par écrit aux questions suivantes:«Quelle activité est décrite dans le texte et quelle estl’opinion <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne concernée <strong>sur</strong> ce qu’elle fait ?Pourquoi ? »Ce type <strong>de</strong> questionnement permet aux élèves <strong>de</strong> sefamiliariser avec l’argumentation, gros morceau duprogramme <strong>de</strong> troisième.Il y avait six textes différents pour douze élèves (créateur<strong>de</strong> sites Web, ai<strong>de</strong>-soignante, ven<strong>de</strong>use-caissière,ai<strong>de</strong> médico-psychologique, graphiste, “technicien <strong>de</strong><strong>sur</strong>face”).Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons <strong>de</strong>mandé auxélèves <strong>de</strong> se regrouper par <strong>de</strong>ux, par activité décrite,et <strong>de</strong> confronter leurs réponses pour négocier uneréponse commune à apporter oralement au groupe.Dans un troisième temps, nous avons <strong>de</strong>mandé auxélèves <strong>de</strong> retrouver ce qui était commun dans ces <strong>de</strong>scriptions.Pour terminer cette séance, nous avons distribué àchacun <strong>la</strong> fiche métier <strong>de</strong> l’ONISEP se rapprochant leplus <strong>de</strong> l’activité dont ils avaient lu <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription, oucelle qui accompagnait le texte (“nouveau métier” liéaux NTIC), dans le cas <strong>de</strong> l’activité pour <strong>la</strong>quelle il n’yavait pas <strong>de</strong> fiche ONISEP.Nous <strong>les</strong> avons invité à comparer et commenter oralementces <strong>de</strong>ux déclinaisons du genre “<strong>de</strong>scription<strong>de</strong> métier” : <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’activité par l’acteurconcerné dans un article <strong>de</strong> journal et <strong>la</strong> « fichemétier » standard.La quatrième séance (D) a eu lieu en janvier. Ce futune séance d’écriture au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle j’ai <strong>de</strong>mandéaux élèves, dans un premier temps, <strong>de</strong> me dire enquoi consistait le “métier” d’élève. Dans un <strong>de</strong>uxièmetemps, <strong>de</strong> me décrire leur journée type ou un jour <strong>de</strong><strong>la</strong> semaine précis.La cinquième séance (E) s’est tenue en avril. Nousavons procédé à un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s savoirs qui a permisd’enrichir <strong>la</strong> conceptualisation <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> métieret d’activité tel<strong>les</strong> qu’el<strong>les</strong> se formu<strong>la</strong>ient dans <strong>les</strong>écrits <strong>de</strong>s élèves, d’en préciser le sens par <strong>de</strong>s interactionsverba<strong>les</strong>, d’approfondir <strong>les</strong> connaissances dugroupe concernant cette distinction métier / activité.Nous avons pu aussi échanger <strong>sur</strong> <strong>les</strong> contraintes <strong>la</strong>ngagières<strong>de</strong> genre concernant <strong>la</strong> rédaction d’une fichemétier et <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription d’une activité concrète.(7)Je me réfère ici aux travaux d’Yves Reuter. Je renvoie le lecteur intéressé parcette problématique, pour une première approche, aux Cahiers Pédagogiques n°373«Décrire dans toutes <strong>les</strong> disciplines», coordonné par Yves Reuter et particulièrementà son article introductif : «Douze propositions pour construire <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription».(8)Clot Y., op. cit. page 72.


Ce travail s’est conclu par une production écriteindividuelle sous forme <strong>de</strong> journal <strong>de</strong> bord tenupendant une semaine <strong>de</strong> stage en entreprise en avril,dont <strong>la</strong> consigne était <strong>de</strong> décrire <strong>la</strong> ou <strong>les</strong> activitéspratiquées (F).Analyse <strong>de</strong>s productionsA–La reproduction <strong>de</strong>s stéréotypes (septembre 2000)Cinq élèves associent dans leur premier écrit leurorientation sco<strong>la</strong>ire avec un projet professionnel.Mon objectif avec eux a été <strong>de</strong> leur faire vérifier, en sedocumentant au CDI, l’adéquation <strong>de</strong>s projets avec<strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s envisagées, pour ajustement <strong>de</strong>s représentations.Pour <strong>les</strong> autres, je n’ai pas exploité ni commenté leurschoix (ou leur non-choix).Mais on peut constater, sans <strong>sur</strong>prise, qu’ils s’inscriventdans leur univers social et culturel <strong>de</strong> référence.Sauf pour un élève qui veut être astrophysicien. Cetteprécision dans le choix est conforme au profil sco<strong>la</strong>ire<strong>de</strong> cet élève et à ses centres d’intérêts très circonscrits,comme je l’apprendrai ultérieurement (excellentélève qui lit essentiellement <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> vulgarisationscientifique <strong>sur</strong> ce thème).Ces choix sont par ailleurs conformes à <strong>la</strong> répartitionsexuelle <strong>de</strong>s métiers telle que <strong>les</strong> élèves peuvent levérifier dans leur environnement quotidien ou enregardant <strong>les</strong> séries télévisées.Les <strong>de</strong>ux seuls choix un peu en déca<strong>la</strong>ge avec <strong>les</strong>valeurs dominantes sont ceux <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fil<strong>les</strong> qui ontchoisi pour l’une « fonctionnaire à <strong>la</strong> RATP », qui sedéclinera, après recherche <strong>de</strong> renseignements, en«chauffeur <strong>de</strong> bus » ; et pour l’autre, « dans l’armée ouparachutiste ». Ce sont <strong>de</strong>ux professions dont ces<strong>de</strong>ux élèves ont pu constater <strong>la</strong> féminisation dansleurs contacts personnels ou sociaux (apparition <strong>de</strong>chauffeuses dans <strong>les</strong> bus <strong>de</strong> <strong>la</strong> RATP et policières dans<strong>les</strong> quartiers).Projets d’étu<strong>de</strong>s et/ou <strong>de</strong> métiers en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 e Bau 15 septembre 2000<strong>sur</strong> 22 élèves :Pas d’idée = 4 élèvesOrientation + métier = 5 élèvesSecon<strong>de</strong> pour faire prof <strong>de</strong> sportBEP secrétariat pour faire secrétairesecon<strong>de</strong> générale + bac S pour faire mé<strong>de</strong>cinBEP pour <strong>de</strong>venir fonctionnaire à <strong>la</strong> RATPÉtu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine pour être puéricultriceMétier = 13 propositionsPsychologue ou artiste peintre, travailler dansl’animation ou dans <strong>les</strong> loisirs avec <strong>les</strong> enfants,astrophysicien, informatique, comptable oujournalisme, commercial, esthéticienne oupuéricultrice, infirmière, puéricultrice ou secrétaire,mécanicien-auto, cuisinier ou dans <strong>les</strong> <strong>la</strong>boratoires,maîtresse du primaire, dans l’armée ou parachutiste,musicien dans un orchestre.B– Les représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction du travail(octobre 2000)La séance <strong>de</strong> photo<strong>la</strong>ngage illustre <strong>les</strong> hypothèsesénoncées par Yves Clot concernant <strong>la</strong> fonction psychologiquedu travail en tant qu’activité permettantd’intégrer une collectivité , ici “le mon<strong>de</strong> du travail”,au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle un certain nombre <strong>de</strong> signes exhibés(voiture, tenue vestimentaire, argent, impôts,etc.) attestent l’appartenance aux yeux <strong>de</strong>s autres. Ceque Yves Clot définit comme « l’adoption par le sujetd’une contenance symbolique (qui) marque son inscriptionparmi ses semb<strong>la</strong>b<strong>les</strong> » 8 .Le groupe <strong>de</strong>s pairs a une façon <strong>de</strong> voir l’activité professionnellecomme étant essentiellement un moyend’intégration sociale et culturelle. Ce sont <strong>les</strong> propositionsse référant à ce domaine qui sont <strong>les</strong> plus nombreusesà être associées au travail et el<strong>les</strong> sont expriméesen premier par <strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong>s élèves, en tout cas<strong>de</strong> tous <strong>les</strong> garçons (sauf par celui qui veut <strong>de</strong>venirastrophysicien). Viennent ensuite, en quantité, <strong>les</strong>remarques concernant le travail comme activité <strong>de</strong> réalisation<strong>de</strong> soi (plus chez <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> que chez <strong>les</strong> garçons),ensuite comme activité <strong>de</strong> connaissance. Activité <strong>de</strong>connaissance et réalisation <strong>de</strong> soi sont <strong>les</strong> seulsdomaines associés à <strong>la</strong> notion "travail" par l’élève quiveut <strong>de</strong>venir astrophysicien. Arrive en <strong>de</strong>rnier lieu seulementle travail comme tâche professionnelle à effectuer,contrainte, relevant d’une compétence technique.● Représentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction du travail dans <strong>la</strong>c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 e BLe travail comme activité d’intégration socialetravailler c’est vivreavoir <strong>de</strong> l’argentc’est une obligationpour avoir un logement, se nourrirpour payer ses impôtspour être comme <strong>les</strong> autresc’est avoir un costume, une blouse, un vêtementréglementairegagner sa viebien vivrevivre sa vieil faut avoir le bac minimumavoir une voitureavoir un bureauêtre employétravailler pour un patronLe travail comme activité <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> soise dépasserse donner à fond dans ce qu’on veutprendre <strong>de</strong>s décisions seul(e)<strong>de</strong>venir responsableêtre indépendantavoir une certaine autonomiefaire ce qu’on aime fairefaire ce dont on rêveamusantréaliser sa passionpouvoir voyagerce n’est pas ça qui fait le bonheurHeure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse 43


Le travail comme activité <strong>de</strong> connaissanceapprendre <strong>de</strong>s choses nouvel<strong>les</strong>c’est é<strong>la</strong>rgir son horizons’instruireavoir <strong>la</strong> chance d’apprendre à l’écoleLe travail comme tâche professionnellec’est durle travail manuel est plus difficile que le travail intellectuelil y a <strong>de</strong>s jours où ça fatigueêtre au service d’une personne avec <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong>temps● Quelques exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong> production écriteLes productions écrites du premier jet étaient pourbeaucoup centrées d’abord <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> cequi était visible <strong>sur</strong> <strong>la</strong> photo choisie, mê<strong>la</strong>nt plus oumoins à cette <strong>de</strong>scription, par association, <strong>de</strong>s penséesmodalisées.Les <strong>de</strong>uxièmes jets faisaient complètement abstraction<strong>de</strong>s supports et étaient <strong>de</strong>s réflexions portées <strong>sur</strong><strong>la</strong> notion elle-même, aucun texte ne reprenant ce quiavait été écrit <strong>la</strong> première fois.Voici <strong>de</strong>ux exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong> productions représentatives<strong>de</strong> l’ensemble :● AuroreTexte1:C’est bien car il est indépendant, Il travailletout seul sans ai<strong>de</strong>. C’est un déménageurou livreur. Il veut ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> autres. Il a du mal àpousser.Texte2:Le travail c’est primordial, important etc’est grâce au travail qu’on gagne notre vie. Capeut-être un travail dur ou facile. On s’enrichit,on apprend.● GaëlleTexte1:J’ai choisi l’image avec <strong>la</strong> voiture car ellereprésente un homme qui travaille, tout en étanttranquille et simple. il est <strong>de</strong>hors.Texte2:Le travail, pour moi, c’est l’argent et leconfort. Il me faut un bureau, une voiture avecun autoradio. Car je ne peux pas rester <strong>de</strong>rrièreun bureau pendant trente-cinq heures, il fautaussi que je sorte, c’est pour ça qu’il me faut <strong>la</strong>voiture. Il faut aussi <strong>de</strong> l’argent. Parce que s’il lefaut je travaille dur (pas physiquement) mais paspour gagner le SMIC.● CommentairesLe premier texte décrit toujours ce que fait le personnagemais aussi ce qu’il peut ressentir : l’activité estincarnée et le récit fait davantage référence au praticienqu’à <strong>la</strong> pratique : « Il travaille tout seul […] Il a44 Les CAHIERS innover & réussirdu mal à pousser. » Nous sommes bien dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription<strong>de</strong> métier comme genre tel que le thématise<strong>la</strong> presse généraliste 9 .Pour penser <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> travail, le <strong>de</strong>uxième texteabandonne le discours <strong>de</strong>scriptif et adopte l’argumentatif.Il ne s’agit plus <strong>de</strong> parler d’un travail, mais dutravail et d’argumenter pour dire tout le bien qu’on enpense pour soi,c’est-à-dire en tant qu’activité donnantdu sens à l’“être au mon<strong>de</strong>” d’un sujet singulier.Parallèlement au travail mené en heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssej’ai, dans le cadre <strong>de</strong> mon cours <strong>de</strong> français, fait travailler<strong>les</strong> élèves <strong>sur</strong> le portrait 10 ,travail dans lequel àpartir <strong>de</strong> <strong>la</strong> consigne «Décrivez-vous tels que <strong>les</strong> autresvous voient», apparaissait un très fort souci <strong>de</strong> conformitéet d’intégration au groupe, à travers l’énumération<strong>de</strong>s marques dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s vêtementsportés et <strong>la</strong> récurrence <strong>de</strong> l’adjectif “normal” dans <strong>de</strong>s<strong>de</strong>scriptions physiques dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> n’étaient jamaisdites <strong>les</strong> caractéristiques <strong>les</strong> plus discriminantes à l’emploi(couleur <strong>de</strong> peau, origine ethnique).C– Vers un enrichissement <strong>de</strong>s représentations(novembre-décembre 2000)La confrontation <strong>de</strong> ces représentations d’élèves à <strong>de</strong>sprésentations <strong>de</strong> métiers incarnés par un acteur <strong>de</strong>l’activité décrivant <strong>de</strong> qu’il fait “réellement” va faireémerger chez eux d’autres aspects <strong>de</strong> l’implicationprofessionnelle.Il s’agit notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> contrainte <strong>de</strong> temps, liée ounon à <strong>la</strong> flexibilité horaire, et qui peut être perçuecomme une liberté appréciable ou une contrainteinsupportable, en fonction <strong>de</strong>s locuteurs. Chez tous<strong>les</strong> élèves, il y aura prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong>s vies par le temps consacré au travail et en fonctionduquel s’organise le temps dit «libre». L’activité professionnelledu sujet modèle son genre <strong>de</strong> vie.Une découverte très importante pour eux qui envisageaientl’exercice d’un métier comme une promesse<strong>de</strong> liberté et d’indépendance. Et une dimension quin’apparaît absolument pas dans <strong>les</strong> « fiches métiers »correspondantes.Ils ne manqueront pas aussi <strong>de</strong> souligner avec révolte<strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s rémunérations dans beaucoup d’activitéexercées à temps partiel contraint.C’est ce que soulignent <strong>les</strong> remarques échangéesaprès <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions et <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>sfiches métiers.Cet enrichissement <strong>de</strong>s représentation se vérifieralors d’une <strong>de</strong>mi-journée <strong>de</strong> rencontre organisée parl’établissement, pour tous <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> troisième, avec<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> différents secteurs d’activité.Je leur avais <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> préparer trois questionsqu’ils aimeraient poser aux professionnels qu’ilsavaient choisi <strong>de</strong> rencontrer. La question <strong>la</strong> plus(9)c.f. Labor<strong>de</strong>-Mi<strong>la</strong>a I., article cité.(10)Sur l’intérêt <strong>de</strong> ce type d’activité dans l’é<strong>la</strong>boration du projet personnel <strong>de</strong>l’élève, je renvoie à mon article «Comment travailler à l’é<strong>la</strong>boration du projet personnel<strong>de</strong> l’élève en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> français», paru dans le numéro <strong>de</strong>s Cahiers Innover &Réussir : écrits sco<strong>la</strong>ires et orientation, <strong>de</strong> mai 2000, CRDP <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Créteil.


écurrente, après cel<strong>les</strong> portant <strong>sur</strong> <strong>la</strong> rémunérationet <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s, était re<strong>la</strong>tive au temps consacré à l’activitéprofessionnelle et à son organisation.Exemp<strong>les</strong> :(à un chauffeur <strong>de</strong> bus) Combien <strong>de</strong> jours <strong>de</strong> reposavez-vous ? Les horaires ?(à un journaliste) Combien <strong>de</strong> temps faut-il pourécrire un article ?(à une infirmière) Combien d’heures faites-vous parsemaine ? Combien <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s ?(à une puéricultrice) Les horaires sont-ils flexib<strong>les</strong> ?En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces trois préoccupations communes, <strong>les</strong>questions étaient liées au type d’activité et aux conditions<strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>s tâches particulières à chaquemétier :Y a-t-il beaucoup <strong>de</strong> bagarre dans <strong>les</strong> bus ? Y a-t-ilbeaucoup <strong>de</strong> questions d’hygiène à respecter ?(cuisinier)Est-ce que c’est dur ? (puéricultrice, chauffeur<strong>de</strong> bus, cuisinier) Pouvons-nous travailler cheznous ?(informatique)…D– Le “métier” d’élève : <strong>de</strong> l’impératif moral à l’activitéréelle (janvier 2001)L’emploi du mot métier pour caractériser <strong>les</strong> activités<strong>de</strong>s élèves n’est qu’une commodité heuristique permettantà ceux-ci <strong>de</strong> se représenter le cadre danslequel se situait l’activité d’écriture qui leur était<strong>de</strong>mandée. D’autant que comme <strong>les</strong> productions lemontrent, ils ne distinguent pas dans leurs <strong>de</strong>scriptionsl’activité sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> ses entours. Le “métier”d’élève est un genre qui, comme <strong>les</strong> “genres professionnels”,englobe bien d’autres formes d’activitésque <strong>la</strong> stricte activité sco<strong>la</strong>ire.Les productions ont été majoritairement courtes(2 fois une <strong>de</strong>mi-page 21 x 29,7).On y vérifie ce que <strong>les</strong> sociologues <strong>de</strong> l’éducationconstatent dans leurs travaux. Pour <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> ZEP,travailler à l’école « c’est faire un travail non rétribué,<strong>la</strong>rgement imposé, fragmenté, répétitif et constamment<strong>sur</strong>veillé » 11 .Et dans lequel n’apparaît pas « <strong>la</strong>fonction cognitive et culturelle <strong>de</strong> l’école » 12 .Deux élèves contestent l’appel<strong>la</strong>tion métier pour désignerleur état, arguant du fait qu’ils ne sont pas payés.Tous, lorsqu’ils décrivent le métier d’élève en soi, utilisentune énonciation indéterminée et non modalisée: « on nous prend notre carnet », « ils nous fontécrire ». Les élèves énoncent <strong>de</strong>s normes, <strong>de</strong>s principes,constatent, mais décrivent rarement <strong>de</strong>s activitésconcrètes. Voici <strong>de</strong>ux productions représentatives :Être élève, c’est avoir <strong>la</strong> chance d’aller àl’école pour avoir <strong>de</strong>s connaissances danstoutes <strong>les</strong> matières. L’élève à l’école apprend àrespecter <strong>les</strong> adultes et à avoir <strong>de</strong>s discussionsavec eux. Ensuite l’élève apprend pendant toutesa sco<strong>la</strong>rité à lire, à écrire, à compter, il apprend(11)cf. Perrenoud Philippe, Métier d’élève et sens du travail sco<strong>la</strong>ire, ESF, Paris,1994.(12)Expression <strong>de</strong> Berrnard Charlot, Élisabeth Bautier et Jean-Yves Rochex inÉcole et savoir dans <strong>les</strong> banlieues... et ailleurs, Paris,Armand Colin, 1992.<strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues étrangères comme l’ang<strong>la</strong>is. En fin<strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité il peut remercier l’école, car il aappris plein <strong>de</strong> choses et il a un bon avenir et unbon métier. On peut penser que le collège estune prison car quand on n’a pas son carnet onne peut pas sortir... Mais <strong>les</strong> adultes font ce<strong>la</strong>pour notre bien.On y va pour apprendre à lire, à écrire,pour voir ses potes, s’amuser. on a un emploi dutemps qui varie. On a différentes matières. Il fautrespecter <strong>les</strong> horaires, il (ne) faut (pas) être enretard. Dans <strong>les</strong> cours il doit écouter, prendre <strong>de</strong>snotes, poser <strong>de</strong>s questions.Par voie <strong>de</strong> conséquence, lorsqu’ils décrivent leurjournée type, <strong>la</strong> caractéristique <strong>de</strong>s productions est <strong>de</strong>faire apparaître <strong>les</strong> cours comme <strong>de</strong>s temps morts,que l’on peut escamoter dans son récit par <strong>de</strong>sellipses, encadrés <strong>de</strong> moments plus ou moins richesen activités, cel<strong>les</strong>-ci plus ou moins ritualisées et parfoisprécisément décrites mais toujours prises encharge par un sujet énonciateur. Voici <strong>de</strong>ux autresJe me suis levée à 6h30 pour prendre madouche, après ma douche, je me suis habillée etcoiffée. A 7h50 je suis sortie <strong>de</strong> chez moi pouraller à l’école. J’ai eu <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> français,une heure d’italien et une heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse,à 12h je suis rentrée chez-moi pour manger.Après j’ai commencé à 14h30 avec une heured’histoire-géo, une heure d’ang<strong>la</strong>is et une heured’hist-géo et je rentre chez-moi à 17h30.On me réveille à 6 h 45, je me lève à 7 h etje déjeune. Ensuite je vais me <strong>la</strong>ver, je retournedans ma chambre et je choisis <strong>les</strong> vêtements queje vais mettre aujourd’hui. En même temps jemets <strong>la</strong> radio. ensuite je vais me coiffer et je memets <strong>de</strong> <strong>la</strong> crème <strong>sur</strong> le visage. Je fais mon sac etje pars <strong>de</strong> chez moi à 7 h 45. Quand je rentre aucollège, je vais rejoindre mes copines, après onmonte en cours. Dès fois je suis fatiguée, alors jedors un petit peu. Après à 10 h il y a <strong>la</strong> récréationet on va rejoindre <strong>les</strong> autres qui ne sont pasdans <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse que moi. Ensuite il est 12 h,je rentre chez-moi, je mange et je regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> TVM6. Je pars <strong>de</strong> chez-moi vers 13 h 15. Quand jereprends à 13 h 30. Ou sinon je regar<strong>de</strong> “Lapetite (maison) dans <strong>la</strong> prairie” quand jereprends à 14 h 30. Après l’après-midi je suismotivée car je ne suis plus fatiguée, et là je suis<strong>les</strong> cours et je participe. Tout le temps on quitteà 17 h 30, presque. Nous sommes fatigués <strong>sur</strong>toutque l’emploi du temps est blindé. Après <strong>les</strong>cours, je pose mon sac et je sors <strong>de</strong>hors.productions.Lorsque <strong>de</strong>s activités en c<strong>la</strong>sse sont décrites, el<strong>les</strong>Heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse 45


apparaissent comme subies par <strong>de</strong>s élèves qui ne sontpas acteurs <strong>de</strong> leurs apprentissages : « Pour exercermon métier d’élève, je fais ce qu’on me dit <strong>de</strong> faire…ils nous font faire <strong>de</strong>s contrô<strong>les</strong>… » « Les élèves prennent<strong>de</strong>s notes et écoutent le prof. » « Je m’assois, jesors mes affaires, le professeur nous parle, il nous faitécrire… on récite <strong>la</strong> leçon puis on fait <strong>de</strong>s exercices. »«On écrit <strong>sur</strong> le c<strong>la</strong>sseur… Il nous fait le cours etj’écoute. »Les contenus disciplinaires apparaissent peu (troisoccurrences dans 18 productions).«Nous avons fait <strong>de</strong> l’argumentation. » « Nous apprenonsl’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre mondiale. » « On travail<strong>les</strong>ur <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième guerre mondiale. »Au final, ces textes montrent que le sens du “métierd’élève” comme activité cognitive et constructiond’un sujet n’est pas du tout perçu.Je fais l’hypothèse que <strong>les</strong> activités pédagogiques proposéesen c<strong>la</strong>sse ont un grand rôle dans cette nonperceptionet que ce qu’en disent <strong>les</strong> élèves reflète unepartie (au moins) <strong>de</strong> leur vécu quotidien.Une production, <strong>de</strong>ux fois plus longue que <strong>les</strong> autres,faite par une élève aux résultats sco<strong>la</strong>ires plutôtfaib<strong>les</strong>, m’a paru riche car elle est modalisée, argumentée,faisant apparaître dans sa <strong>de</strong>scription du“métier” une conception cognitive et culturelle <strong>de</strong>l’école, (re)formu<strong>la</strong>nt pour elle-même <strong>de</strong>s significationsaux différentes activités qui forment son quotidiend’élève.Elle est intéressante aussi parce que l’élève n’a pas puse tenir à <strong>la</strong> posture énonciative objective prescritepar l’écrit « fiche métier ». Sa tentative <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptiondu statut d’élève est sans cesse parasitée par uneréflexion <strong>sur</strong> le sens à donner à ce moment <strong>de</strong> vie.Par ailleurs, <strong>la</strong> partie consacrée à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> sonactivité personnelle d’élève, si elle élu<strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vraiten constituer le contenu essentiel (l’activité sco<strong>la</strong>irecognitive), décrit bien concrètement <strong>de</strong>s activités quifont parties <strong>de</strong> son travail d’élève et quelques attitu<strong>de</strong>srelevant <strong>de</strong> ce que Yves Clot 13 appelle le « style »,c’est-à-dire <strong>les</strong> modalités personnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> réalisation<strong>de</strong> <strong>la</strong> tâche professionnelle ici, du “métier” d’élève.Pour toutes ces raisons, je l’ai utilisée avec le groupec<strong>la</strong>sse,en y ajoutant <strong>de</strong>s extraits d’autres productions,afin <strong>de</strong> travailler un certain nombre <strong>de</strong> notions apparuesdans <strong>les</strong> productions, d’en négocier le sens et <strong>de</strong>revenir <strong>sur</strong> <strong>les</strong> aspects discursifs <strong>de</strong>s genres <strong>de</strong>scriptifsprescrits (fiche métier vs <strong>de</strong>scription d’activité). CeLe Métier d’élèvePour moi le métier d’élève est <strong>de</strong> se lever à8h pratiquement tous <strong>les</strong> jours et finir à 17h30.Mais s’il n’y avait pas l’école je ne saurais pas ceque je ferais chez moi toute seule. Donc je penseque ce n’est pas une perte <strong>de</strong> temps. on apprend(13)Clot Y., op. cit., 3 e partie:Action et style.46 Les CAHIERS innover & réussirl’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie pour plus tard, pouravoir un métier d’avenir et voir mes copines auquotidien. On doit faire le français, <strong>les</strong> maths etc..toutes <strong>les</strong> matières nécessaires à un bon rythme<strong>de</strong> vie. Il ne faut jamais être en retard où sécher<strong>les</strong> cours importants. Ce que je n’aime pas c’estque nous ne pouvons pas sortir du collège quandun prof est absent ou encore <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> permanence.La soif d’apprendre faire <strong>de</strong>s calculs et<strong>de</strong> <strong>la</strong> grammaire. quand on rentre dans le collège(prison) on ne peut pas sortir sans son carnet.Suivre <strong>les</strong> cours pour pouvoir comprendre ceque disent <strong>les</strong> anciens (profs). Sur le carnet <strong>de</strong>correspondance il y a notre emploi du temps,l’adresse, le numéro <strong>de</strong> tel. etc… On apprend àfaire comme nos parents. On se lève, on part travailleret on revient. Et le len<strong>de</strong>main rebelotte.On n’a pas le droit <strong>de</strong> fumer dans l’école, alorss’il y a besoin, on est obligé d’attendre.Ma journée typeLe matin je me lève à 6h30 mais je n’arrivejamais à me lever, alors je me rendors et je meréveille parfois en retard. Et c’est <strong>sur</strong>tout mescopines quand el<strong>les</strong> viennent me chercher, el<strong>les</strong>me réveillent et je m’habille en vitesse et on partà l’école toutes ensemble. Arrivées en cours onsort <strong>les</strong> affaires et on parle avec nos voisines <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers potins. On se raconte le week-end. on atoujours quelque chose à se dire. Après on écouteun peu le prof pour faire style “on s’intéresse”.Pendant toute <strong>la</strong> matinée on est en cours <strong>de</strong> français.Car le prof d’italien est souvent absent onest en perm mais nous on préfère aller dans <strong>les</strong>couloirs pour pouvoir parler tranquille. Le midije rentre je regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> télé. Je mange pratiquementpas et mes copines viennent me chercher etrebelotte. Sinon quand on commence tard on seretrouve chez-moi en écoutant <strong>la</strong> musique et parler<strong>de</strong> notre vie. Comme d’hab. l’après-midi c’esttoujours <strong>la</strong> même chose. Et le soir on rentre chacune<strong>de</strong> son côté et c’est parti pour une semaine<strong>de</strong> boulot.sera l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> séance suivante (E):E– Retour <strong>sur</strong> <strong>les</strong> représentations et enrichissement<strong>de</strong>s connaissances (février 2001)● Qu’est-ce que le métier d’élève ?1) Etre élève c’est un <strong>de</strong>voir. Il est vraiqu’être élève c’est ennuyant; Mais je préfère êtreélève dans un pays riche et développé comme <strong>la</strong>France plutôt que <strong>de</strong> travailler dans <strong>de</strong>s minesdans un pays sous-développé.L’école est un lieu où <strong>les</strong> élèves apprennentà respecter et à accepter <strong>les</strong> idées <strong>de</strong>s autres.Les parents éduquent, l’école développe <strong>les</strong>connaissances <strong>de</strong> l’élève. Mais ce<strong>la</strong> est moins vraiaujourd’hui car l’élève peut seulement dévelop-


per ses connaissances s’il le veut réellement.2) Etre élève, c’est avoir <strong>la</strong> chance d’allerà l’école pour avoir <strong>de</strong>s connaissances danstoutes <strong>les</strong> matières. L’élève à l’école apprend àrespecter <strong>les</strong> adultes et à avoir <strong>de</strong>s discussionsavec eux. Ensuite l’élève apprend pendant toutesa sco<strong>la</strong>rité à lire, à écrire, à compter, il apprend<strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues étrangères comme l’ang<strong>la</strong>is. En fin<strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité il peut remercier l’école, car il aappris plein <strong>de</strong> choses et il a un bon avenir et unbon métier. On peut penser que le collège est uneprison car quand on n’a pas son carnet on nepeut pas sortir… Mais <strong>les</strong> adultes font ce<strong>la</strong> pournotre bien.2) On y va pour apprendre à lire, à écrire,pour voir ses potes, s’amuser. on a un emploi dutemps qui varie. On a différentes matières. Il fautrespecter <strong>les</strong> horaires, il faut être en retard. Dans<strong>les</strong> cours il doit écouter, prendre <strong>de</strong>s notes, poser<strong>de</strong>s questions.3) Le métier d’élève est <strong>de</strong> travailler, <strong>de</strong>respecter <strong>les</strong> consignes et <strong>de</strong> construire son aveniret d’apprendre <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> choses. Le respect<strong>de</strong>s horaires, obligation d’aller à l’école jusqu’àseize ans.4) Pour moi le métier d’élève est <strong>de</strong> selever à 8h pratiquement tous <strong>les</strong> jours et finir à17h30. Mais s’il n’y avait pas l’école je ne sauraispas ce que je ferais chez moi toute seule.Donc je pense que ce n’est pas une perte <strong>de</strong>temps. on apprend l’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> viepour plus tard, pour avoir un métier d’aveniret voir mes copines au quotidien. On doit fairele français, <strong>les</strong> maths etc.. toutes <strong>les</strong> matièresnécessaires à un bon rythme <strong>de</strong> vie. Il ne fautjamais être en retard où sécher <strong>les</strong> coursimportants. Ce que je n’aime pas c’est quenous ne pouvons pas sortir du collège quandun prof est absent ou encore <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> permanence.La soif d’apprendre faire <strong>de</strong>s calculset <strong>de</strong> <strong>la</strong> grammaire. quand on rentre dans lecollège (prison) on ne peut pas sortir sans soncarnet. Suivre <strong>les</strong> cours pour pouvoir comprendrece que disent <strong>les</strong> anciens profs. Sur lecarnet <strong>de</strong> correspondance il y a notre emploidu temps, l’adresse, le numéro <strong>de</strong> tel. etc… Onapprend à faire comme nos parents. On se lève,on part travailler et on revient. Et le len<strong>de</strong>mainrebelotte. On n’a pas le droit <strong>de</strong> fumer dansl’école, alors s’il y a besoin, on est obligé d’attendre.5) Pour exercer mon métier d’élève, je faisce qu’on me dit <strong>de</strong> faire...ils nous font faire <strong>de</strong>scontrô<strong>les</strong>...● Décrivez votre journée type ou une journéeparticulière1) Je me suis levée à 6h30 pour prendrema douche, après ma douche, je me suis habilléeet coiffée. A 7h50 je suis sortie <strong>de</strong> chez moi pouraller à l’école. J’ai eu <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> français,une heure d’italien et une heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse,à 12h je suis rentrée chez-moi pour manger.Après j’ai commencé à 14h30 avec une heured’histoire-géo, une heure d’ang<strong>la</strong>is et une heured’hist-géo et je rentre chez-moi à 17h30.2) On me réveille à 6h45, je me lève à 7het je déjeune. Ensuite je vais me <strong>la</strong>ver, je retournedans ma chambre et je choisis <strong>les</strong> vêtements queje vais mettre aujourd’hui. En même temps jemets <strong>la</strong> radio. ensuite je vais me coiffer et je memets <strong>de</strong> <strong>la</strong> crème <strong>sur</strong> le visage. Je fais mon sac etje pars <strong>de</strong> chez moi à 7h45. Quand je rentre aucollège, je vais rejoindre mes copines, après onmonte en cours. Dès fois je suis fatiguée, alors jedors un petit peu. Après à 10h il y a <strong>la</strong> récréationet on va rejoindre <strong>les</strong> autres qui ne sont pas dans<strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse que moi. Ensuite il est 12h, jerentre chez-moi, je mange et je regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> TV M6.Je pars <strong>de</strong> chez-moi vers 13 h 15. Quand jereprends à 13h30. Ou sinon je regar<strong>de</strong> “La petite(maison) dans <strong>la</strong> prairie” quand je reprends à14h30. Après l’après-midi je suis motivée car jene suis plus fatiguée, et là je suis <strong>les</strong> cours et jeparticipe. Tout le temps on quitte à 17h30,presque. Nous sommes fatigués <strong>sur</strong>tout que l’emploidu temps est blindé. Après <strong>les</strong> cours, je posemon sac et je sors <strong>de</strong>hors.3) Le matin je me lève à 6 h 30 mais jen’arrive jamais à me lever, alors je me rendorset je me réveille parfois en retard. Et c’est <strong>sur</strong>toutmes copines quand el<strong>les</strong> viennent me chercher,el<strong>les</strong> me réveillent et je m’habille en vitesseet on part à l’école toutes ensemble. Arrivéesen cours on sort <strong>les</strong> affaires et on parle avecnos voisines <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers potins. On se racontele week-end. on a toujours quelque chose à sedire. Après on écoute un peu le prof pour fairestyle “on s’intéresse”. Pendant toute <strong>la</strong> matinéeon est en cours <strong>de</strong> français. Car le prof d’italienest souvent absent on est en perm maisnous on préfère aller dans <strong>les</strong> couloirs pourpouvoir parler tranquille. Le midi je rentre jeregar<strong>de</strong> <strong>la</strong> télé. Je mange pratiquement pas etmes copines viennent me chercher et rebelotte.Sinon quand on commence tard on se retrouvechez-moi en écoutant <strong>la</strong> musique et parler <strong>de</strong>notre vie. Comme d’hab. l’après-midi c’est toujours<strong>la</strong> même chose. Et le soir on rentre chacune<strong>de</strong> son côté et c’est parti pour une semaine<strong>de</strong> boulot.4)Les élèves prennent <strong>de</strong>s notes et écoutentle prof…5) Je m’assois, je sors mes affaires, le professeurnous parle, il nous fait écrire… on récite<strong>la</strong> leçon puis on fait <strong>de</strong>s exercices…6) On écrit <strong>sur</strong> le c<strong>la</strong>sseur…Il nous fait lecours et j’écoute…Heure <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse 47


Documents distribués aux élèves :● Bi<strong>la</strong>n oral collectifDes échanges entre élèves, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> comparaison<strong>de</strong>s productions selon <strong>les</strong> consignes d’écriture,ressortira <strong>la</strong> conclusion, exprimée par l’un d’entreeux que, dans un cas « on écrit ce qu’on <strong>de</strong>vrait faire »(<strong>de</strong>scription du métier) et dans l’autre (journée type)«ce qu’on fait vraiment ». Et que ce que l’on fait«vraiment » mêle du sco<strong>la</strong>ire (un peu) et du non-sco<strong>la</strong>ire(beaucoup). Et que, pris dans l’activité, c’estl’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité qui est en jeu, que“métier d’élève” et “préoccupations personnel<strong>les</strong>” nesont pas séparés dans <strong>la</strong> vie réelle quotidienne.F– Enrichir ses connaissances par l’analyse <strong>de</strong> sonactivité (avril 2001)Des élèves (10 <strong>sur</strong> 22) sont, à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, partis enstage une semaine. Ils <strong>de</strong>vaient compléter un dossierqui, outre <strong>de</strong>s informations ponctuel<strong>les</strong> à collecter ausein <strong>de</strong> l’entreprise auprès <strong>de</strong> différents interlocuteurs,comportait une <strong>de</strong>scription journalière <strong>de</strong>sactivités exercées.Cette consigne d’écriture était en re<strong>la</strong>tion avec le travaileffectué en français <strong>sur</strong> “l’expression <strong>de</strong> soi” (<strong>les</strong>textes autobiographiques). J’ai donc <strong>de</strong>mandé à tous<strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> tenir leur journal pendant une semaine(C’était <strong>la</strong> semaine banalisée pour tous <strong>les</strong> stages,voyages : certains élèves <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ont tenu leurjournal <strong>de</strong> voyage.)La lecture <strong>de</strong> ces “journaux <strong>de</strong> bord” m’a montré que<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s élèves restaient encore dans l’énumérationchronologique <strong>de</strong>s tâches effectuées, sans montrerqu’ils s’étaient investis dans une activité ayant dusens pour eux 14 .C’est ainsi que beaucoup d’écrits se présentaient sousforme <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptions d’actions successives sans traced’implication d’un acteur. Globalement, il s’agissaitd’une énumération <strong>de</strong> tâches sous forme <strong>de</strong> verbes àl’infinitif suivis <strong>de</strong> groupes nominaux, sans prise encharge par un je énonciateur.Exemple : « mardi : comment faire <strong>les</strong> pizzas, <strong>les</strong>gâteaux, faire <strong>la</strong> vaisselle, ba<strong>la</strong>yermercredi : ranger <strong>les</strong> gâteaux, faire <strong>les</strong> fougasses, <strong>les</strong>pizzas, <strong>la</strong> vaisselle etc… »Pour ces élèves j’ai re<strong>la</strong>ncé l’écriture en leur <strong>de</strong>mandantd’ajouter à leur liste <strong>de</strong> tâches un récit <strong>de</strong> leurssentiments et impressions <strong>sur</strong> ce qu’ils avaient fait.J’ai alors obtenu <strong>de</strong>s textes à <strong>la</strong> première personne dutype suivant (même élève) : « J’ai trouvé ce travailrégulier et que <strong>les</strong> horaires ne sont pas trop chargés.Les activités ont été diffici<strong>les</strong> au début car il fal<strong>la</strong>itfaire différentes choses et tout retenir. Et je penseaussi que travailler dans une bou<strong>la</strong>ngerie c’est difficilecar il faut être très rapi<strong>de</strong>. »Dans ce récit, le mot activité est employé pour nommerce que l’élève a fait et pour apporter un élément(14)Pour <strong>la</strong> distinction entre logique <strong>de</strong> <strong>la</strong> «tâche» et logique <strong>de</strong> l’«activité», jerenvoie aux travaux d’Élisabeth Bautier.(15)Clot Y., op. cit., page 122.48 Les CAHIERS innover & réussirappréciatif <strong>sur</strong> le métier. Mais ils ne sont pas entrésdans l’activité professionnelle proprement dite.Quelques écrits manifestent au contraire une mobilisationdu genre qui transforme le travail en travail«à soi».C’est, par exemple, le cas <strong>de</strong> cette jeune fille qui s’inscritdans un collectif (emploi du on, du nous, du présent<strong>de</strong> vérité générale) où elle exerce à sa manièrel’activité qu’elle décrit (« je »). Elle est aussi <strong>la</strong> seule àdécrire <strong>les</strong> machines qu’elle utilise.J’ai travaillé toute <strong>la</strong> journée à apprendreà ne pas mé<strong>la</strong>nger <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>stiques avec d’autres. Ilfaut faire très attention. La moindre inattentionest très grave…… on a nettoyé le broyeur pour broyer unautre produit. L’industrie est très exigeante…Levée à 4 heures… on a livré chez <strong>les</strong>clients <strong>les</strong> p<strong>la</strong>stiques que j’avais broyé auparavant…(broyeur à vis) C’est une vis sans fin quipousse <strong>la</strong> matière en l’écrasant, il est utilisé pour<strong>les</strong> mé<strong>la</strong>nges <strong>de</strong> certains matériaux…(broyeur à chargement frontal) Cebroyeur est dangereux car <strong>les</strong> <strong>de</strong>nts sont directementface à nous…Extraits :Une production écrite a <strong>sur</strong>passé toutes <strong>les</strong> autres par<strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> sa présentation et sa richesse en terme <strong>de</strong><strong>de</strong>scription d’activité. Elle émanait d’un élève redoub<strong>la</strong>nt,absentéiste chronique… et souvent exclu <strong>de</strong>scours pour bavardages quand il était là. Il m’a remisun véritable dossier relié, traité avec toute <strong>la</strong> palette<strong>de</strong>s logiciels Microsoft Office, en couleur.Il présentait jour par jour <strong>les</strong> différentes activités <strong>de</strong>son stage d’entraîneur bénévole dans un club <strong>de</strong> basket.Avec, à chaque fois, un modèle <strong>de</strong>s documentsutilisés, une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s activités effectuées, précisantle cadre et <strong>les</strong> personnes avec <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il avaitété en contact, <strong>les</strong> contraintes du métier, le tout assorti<strong>de</strong> commentaires personnels. Dans un français(presque) impeccable, utilisant <strong>de</strong>s modalitésd’énonciations variées : « nous » pour l’inscriptiondans <strong>la</strong> collectivité professionnelle, le « je » pour <strong>les</strong>activités accomplies individuellement, l’impersonnelpour ce qui relève <strong>de</strong>s propriétés du genre (« il fauts’occuper <strong>de</strong>… »)Vendredi 30 marsNous avons préparé l’organisation <strong>de</strong>smatches du week-end, pour ce<strong>la</strong> nous avons dusolliciter <strong>de</strong>s adhérents pour arbitrer et tenir <strong>les</strong>feuil<strong>les</strong> <strong>de</strong> matches <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> rencontres.Puis j’ai rencontré <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>l’association pour leur poser diverses questionspour mon rapport <strong>de</strong> stage.Ensuite j’ai préparé un entraînement <strong>de</strong>l’école <strong>de</strong> basket du club avec le responsable


technique <strong>de</strong> l’association. Ceci est une continuitépour moi car je suis assistant <strong>de</strong> l’entraîneur<strong>de</strong>s mini poussins.ConclusionCe stage m’a permis <strong>de</strong> me rendre comptedu travail et du temps nécessaire à s’occuperd’un club <strong>de</strong> basket. Car il faut s’occuper d’envoyer<strong>les</strong> convocations, gérer <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong>l’association avec le service <strong>de</strong>s sports, <strong>la</strong> fédérationet <strong>les</strong> fournisseurs.Tout ce travail est as<strong>sur</strong>é par <strong>les</strong> membres dubureau et <strong>les</strong> entraîneurs qui sont tous bénévo<strong>les</strong>.De plus ce stage m’a permis <strong>de</strong> m’initier àl’informatique et <strong>de</strong> travailler <strong>sur</strong> Word 2000.C’était un stage prenant et très agréable.Je pense que <strong>les</strong> entraîneurs et <strong>les</strong> autrespersonnes qui se consacrent à <strong>de</strong>s activités qui neleur rapportent rien font ça car c’est leur passion.En tout cas moi c’est pour ça que j’entraîne <strong>les</strong>jeunes. Car j’aime ça et ça me fait p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> pouvoirleur apprendre ce que je sais. C’est pour çaque j’ai aimé faire ce stage car j’ai vu comment<strong>les</strong> gens avec qui j’ai fait ce stage aimaient cequ’ils faisaient. Et j’ai trouvé ça formidable. Etentraîner ça me p<strong>la</strong>ît. C’est grâce à mon cousinque je suis tombé dans le basket et c’est lui quim’a poussé à entraîner car il voyait que j’aimaisça. Et je compte continuer à entraîner et passerplusieurs diplômes d’entraîneur pour essayerd’entraîner à un plus haut niveau et peut-êtred’en faire mon métier. Moi aussi au début jetrouvais pas ça intéressant mais une fois qu’onreste avec <strong>les</strong> gens qui s’occupent <strong>de</strong> cette associationon voit que c’est bien et qu’ils font çapour rien et que ça sert à quelque-chose en plusça leur fait p<strong>la</strong>isirExtraits :À <strong>la</strong> question <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce <strong>sur</strong> ses impressions et sentimentspersonnels, il m’a répondu par le texte suivant:Depuis son retour <strong>de</strong> stage, cet élève ne s’absente pluset ne se fait plus remarquer négativement dans <strong>les</strong>cours…À l’issue <strong>de</strong> ce travail au long cours, nous avons faitun bi<strong>la</strong>n collectif qui a permis aux élèves <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>er<strong>la</strong> distance qu’il y avait entre <strong>les</strong> représentations formuléesen début d’année et leurs écrits <strong>de</strong> fin d’année.Tous n’avaient pas accompli le même parcours,mais tous avaient bougé.Enseigner: un métier d’avenir?Je conclurai en me référant à une thèse c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong>Lev Vigotski que reprend Yves Clot 15 :«Pour le sujet,tous <strong>les</strong> objets, <strong>les</strong> outils, <strong>les</strong> signes et l’activité <strong>de</strong>sautres à son égard – pris dans <strong>de</strong>s genres et réveillésdans l’échange – sont d’abord source <strong>de</strong> son développementpuis ils <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s moyens au service <strong>de</strong>son activité personnelle, <strong>la</strong>quelle, en retour, leurdonne une <strong>de</strong>uxième vie. Le développement consistepour le sujet à mettre le mon<strong>de</strong> social à son service, àen faire “un mon<strong>de</strong> pour soi” afin <strong>de</strong> s’y intégrer,c’est-à-dire <strong>de</strong> le reformuler en participant à l’é<strong>la</strong>boration<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> significations. »Ce qui fait <strong>de</strong> l’enseignant un professionnel, c’est <strong>de</strong>savoir accompagner l’élève dans cette construction <strong>de</strong><strong>la</strong> personne, en l’étayant, dans le cadre <strong>de</strong> ses missionsd’éducation et d’enseignement, par <strong>de</strong>s activitésappropriées. Il est l’un “<strong>de</strong>s autres” du mon<strong>de</strong> socialdont parle Lev Vigotski.4pô<strong>les</strong> nationaux <strong>de</strong> <strong>ressources</strong> Arts & Culturedans l’académie <strong>de</strong> CréteilDans le cadre du p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> cinq ans pour le développement <strong>de</strong>s arts et <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture à l’école, une trentaine <strong>de</strong> PNR ont été imp<strong>la</strong>ntés en France autour<strong>de</strong>s grands domaines artistiques. Ces pô<strong>les</strong> doivent renforcer <strong>les</strong> partenariatsentre <strong>les</strong> rectorats, <strong>les</strong> IUFM, <strong>les</strong> DRAC, <strong>les</strong> CRDP et <strong>les</strong> partenaires culturelsconcernés. Ils ont pour mission <strong>de</strong> rassembler et <strong>de</strong> diffuser toutes <strong>les</strong> <strong>ressources</strong>disponib<strong>les</strong>, <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s personnels et à l’animationd’un réseau <strong>de</strong> personnes-re<strong>la</strong>is, <strong>de</strong> favoriser <strong>les</strong> échanges et <strong>la</strong>réflexion <strong>sur</strong> <strong>les</strong> thèmes abordés.Dans l’académie <strong>de</strong> Créteil, quatre PNR ont été constituésau cours <strong>de</strong> l’année 2001-2002 :Littérature (centrée <strong>sur</strong> <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong> jeunesse) Pour chacun <strong>de</strong> ces pô<strong>les</strong>,un chargé <strong>de</strong> projet a étéVille-Architecture-Patrimoinerecruté. Il peut être contactéau CRDP <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Créteil:PhotographieArts du cirquetél. 01 41 81 20 20

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