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L'épidémiologie des maladies rénales - Société de néphrologie

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L’épidémiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> :pourquoi faire ? et à quoi ça sert !parP. Landais *L’épidémiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> : pourquoi faire ? Et à quoi ça sert ! Ces<strong>de</strong>ux questions sont fréquemment posées. Nous illustrerons le propos avec cinqexemples articulés à la politique <strong>de</strong> santé publique : les conséquences du recourstardif au néphrologue, la modélisation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> greffons, l’adéquation entrel’offre et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dialyse, la pharmaco-épidémiologie à propos <strong>de</strong> l’introduction<strong><strong>de</strong>s</strong> biosimilaires et l’épidémiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> rares. Auparavant,nous définirons la place croissante <strong>de</strong> l’épidémiologie dans l’évaluation en santépublique, l’évaluation du risque <strong>de</strong> maladie rénale chronique (MRC) et d’insuffisancerénale chronique (IRC).Louis et l’ÉpidÉmiologie mo<strong>de</strong>rnePierre-Charles-Alexandre Louis (1787-1872) introduisit et défendit l’usage <strong>de</strong> lamétho<strong>de</strong> numérique en Mé<strong>de</strong>cine. Dans son ouvrage « Recherches sur les effets <strong>de</strong> lasaignée dans quelques <strong>maladies</strong> inflammatoires, et sur l’action <strong>de</strong> l’émétique et <strong><strong>de</strong>s</strong>vésicatoires dans la pneumonie » [1], il exprime ses doutes à propos <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>Broussais qui prônait <strong><strong>de</strong>s</strong> saignées pour le traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> inflammatoires. Ilintroduisit le principe <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong> groupes. Il avait compris que les groupes* Université Paris-Descartes, Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, UPRES EA 4067, AP-HP, Hôpital Necker, Service<strong>de</strong> Biostatistique et d’Informatique Médicale, Paris.FLAMMARION MÉDECINE-SCIENCES – ACTUALITÉS NÉPHROLOGIQUES 2009(www.me<strong>de</strong>cine.flammarion.com)


56 P. LANDAIS<strong>de</strong>vaient être i<strong>de</strong>ntiques en tout, sauf pour le traitement à comparer. Son analyse luipermit <strong>de</strong> conclure que l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> symptômes locaux et généraux établissait <strong><strong>de</strong>s</strong>limites à l’utilité <strong>de</strong> la saignée dans cette indication [2]. Ce travail fut précurseur <strong>de</strong>l’épidémiologie mo<strong>de</strong>rne définie comme l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> états <strong>de</strong> santédans les populations humaines et <strong>de</strong> leurs déterminants chez l’homme [3].Le management <strong>de</strong> la santé fondé sur l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> populations est multifacette. Ilintéresse <strong>de</strong> nombreux secteurs, médical, politique, technologique, mathématique…L’épidémiologie en est un élément central. Elle concourt à la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> risquesqui transforme les données sur les facteurs <strong>de</strong> risque, les données d’inci<strong>de</strong>nce ou<strong>de</strong> prévalence, <strong>de</strong> morbidité ou <strong>de</strong> mortalité en une métrique <strong>de</strong> management quigui<strong>de</strong> l’orientation du système <strong>de</strong> santé, mais aussi transpose les données actuellespour répondre aux besoins futurs.L’épidémiologie clinique a été plus récemment introduite. Elle concerne l’application<strong><strong>de</strong>s</strong> principes <strong>de</strong> l’épidémiologie à un contexte clinique, préventif, diagnostique,thérapeutique ou pronostique, rencontré dans l’administration clinique <strong><strong>de</strong>s</strong>soins à <strong><strong>de</strong>s</strong> patients individualisés. L’aspect populationnel <strong>de</strong> l’épidémiologie estprésent car ces patients sont partie intégrante <strong>de</strong> populations conceptuelles. Ainsi,lorsque l’on envisage <strong>de</strong> généraliser les résultats d’une étu<strong>de</strong> clinique, la populationconceptuelle afférente concerne le groupe <strong>de</strong> patients auxquels les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong><strong>de</strong>s</strong>’appliquent. Elle est fondée sur les caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> patients <strong>de</strong> l’échantillon àpartir duquel l’étu<strong>de</strong> a été réalisée. Le clinicien doit répondre à la question suivante :l’appartenance <strong>de</strong> mon patient pourrait-elle être assimilée à cette population, c’est-àdireles résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> pourraient-ils lui être appliqués ?ÉpidÉmiologie et Évaluation en santÉ publiqueParmi les déterminants <strong><strong>de</strong>s</strong> états <strong>de</strong> santé, les systèmes <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> prise encharge <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> prennent une place <strong>de</strong> plus en plus importante. Par l’activitépréventive, ils ont un impact sur l’inci<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong>. Par l’activité diagnostiqueet thérapeutique, ils modifient la prévalence <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> et la mortalité. Ces activitésont bien sûr un coût dont l’importance <strong>de</strong>vient une caractéristique essentielle. Parailleurs, les procédures <strong>de</strong> décision sont <strong>de</strong> plus en plus complexes. Elles requièrentla prise en compte d’un nombre croissant <strong>de</strong> covariables au sein d’une technicité <strong>de</strong>plus en plus affinée, et doivent allier un accès non discriminatif à <strong><strong>de</strong>s</strong> soins d’unequalité sans cesse accrue.L’épidémiologie a un rôle essentiel pour satisfaire les besoins émergents d’évaluationen santé publique [4] dans plusieurs domaines relatifs aux soins. Trois champssont particulièrement concernés :− la délivrance <strong><strong>de</strong>s</strong> soins (l’efficacité et l’efficience <strong><strong>de</strong>s</strong> soins, leur qualité, leurperformance, leur sécurité et l’accès aux soins) ;− la structuration du recueil <strong><strong>de</strong>s</strong> données relatives aux soins (mise en place etanalyse <strong><strong>de</strong>s</strong> bases <strong>de</strong> données médicales ou médico-économiques que permettentles registres <strong>de</strong> morbidité, les nouveaux réseaux <strong>de</strong> soins ou les programmesmédico-économiques tel que, en France, le programme <strong>de</strong> médicalisation dusystème d’information) ;− enfin, la décision sanitaire (organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> soins, stratégies et politiquessanitaires).


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 57La fin du siècle <strong>de</strong>rnier a connu une nouvelle transition épidémiologique marquéepar l’émergence <strong><strong>de</strong>s</strong> affections chroniques dont celle <strong>de</strong> l’insuffisance rénale chronique.Elle s’est développée au sein d’une population qui vieillit et qui présente <strong><strong>de</strong>s</strong>comorbidités en proportion croissante. La complexité <strong><strong>de</strong>s</strong> prises en charge multidisciplinairesen amplifie les coûts. Cette évolution a créé <strong>de</strong> nouveaux besoins enmatière d’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures <strong>de</strong> prise en charge, <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’informationou d’élaboration d’outils pour la prise <strong>de</strong> décision. L’épidémiologie y a toute saplace. Tout d’abord rappelons le principe <strong>de</strong> l’évaluation du risque rénal.Risque rÉnalLes principes et les métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l’épidémiologie reposent sur la notion <strong>de</strong> risque,<strong>de</strong> facteur <strong>de</strong> risque et <strong>de</strong> risque relatif. Si en France, 8 500 nouveaux cas d’insuffisancerénale terminale (IRT) surviennent au cours <strong>de</strong> l’année, le risque d’IRT estalors estimé à 137 par million d’habitants (pmh). Cette valeur suppose que le risqued’IRT est analogue pour tous, ce qui n’est pas le cas. C’est ainsi que la notion <strong>de</strong>facteur <strong>de</strong> risque a été introduite. Elle permet <strong>de</strong> cerner, pour un individu donné,les facteurs qui contribuent à augmenter son risque vis-à-vis <strong>de</strong> l’IRT. Un facteur<strong>de</strong> risque d’IRT caractérise tout facteur associé à son apparition. Chez un patientinsuffisant rénal chronique, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est unfacteur <strong>de</strong> risque d’IRT. On étudie l’association entre une exposition, ou facteur <strong>de</strong>risque (l’AINS), et l’affection considérée (l’IRT), c’est-à-dire l’existence éventuelled’une association entre l’exposition et l’affection. Si cette relation existe, on mesureson intensité en fonction <strong>de</strong> la dose et <strong>de</strong> la durée d’exposition. Ceci est matérialisépar le choix d’une mesure comme un excès <strong>de</strong> risque, un risque relatif ou un oddsratio [5]. On caractérise ainsi l’association, mais cela ne préjuge pas <strong>de</strong> son caractèrecausal. L’affirmer relève d’une analyse complémentaire visant à évaluer s’il existeune relation <strong>de</strong> cause à effet [6].La nature, l’intensité et la durée <strong>de</strong> l’exposition à un ou plusieurs facteurs peuventêtre associées à l’évolution vers l’IRT. Si le risque d’évoluer vers l’IRT est une fonction<strong>de</strong> la maladie rénale sous-jacente, cela ne signifie pas que les facteurs associésà la survenue <strong>de</strong> la néphropathie sont similaires à ceux qui entraînent une évolutionvers l’IRT. Il faut donc i<strong>de</strong>ntifier d’une part les facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> néphropathie,qui peuvent être distincts d’un type <strong>de</strong> néphropathie à un autre, et d’autre part lesfacteurs associés à la survenue <strong>de</strong> l’IRT qui peuvent être communs à différents types<strong>de</strong> néphropathies.La notion <strong>de</strong> maladie rénale chronique a été récemment proposée et permet <strong>de</strong>cerner un ensemble <strong>de</strong> situations cliniques.Maladie rÉnale chroniqueLa notion <strong>de</strong> maladie rénale chronique (MRC) recouvre un état défini par [7] :− la présence <strong>de</strong>puis au moins 3 mois d’anomalies <strong>rénales</strong> <strong>de</strong> structure ou <strong>de</strong>fonction associées ou non à une diminution du débit <strong>de</strong> filtration glomérulaire (DFG)


58 P. LANDAISet se manifestant par <strong><strong>de</strong>s</strong> anomalies histologiques et <strong><strong>de</strong>s</strong> marqueurs d’atteinte rénaleincluant <strong><strong>de</strong>s</strong> anomalies sanguines ou urinaires ou <strong><strong>de</strong>s</strong> anomalies à l’imagerie ;2− un DFG < 60 ml/min/1,73 m <strong>de</strong>puis au moins 3 mois, associé ou non à <strong><strong>de</strong>s</strong>marqueurs d’atteinte rénale.Cette définition inclut non seulement l’insuffisance rénale chronique (IRC), maiségalement <strong><strong>de</strong>s</strong> dommages rénaux avec une fonction rénale normale.Aux États-Unis, la prévalence estimée <strong>de</strong> tous les sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la maladie rénalechronique est voisine <strong>de</strong> 13 p. 100 et concerne près <strong>de</strong> 20 millions d’américains.Le nombre <strong>de</strong> patients en dialyse <strong>de</strong>vrait y être <strong>de</strong> 650 000 en 2010 [8]. La prévalence<strong>de</strong> la MRC a cru entre 1988-1994 et 1999-2004 passant respectivement <strong>de</strong>10,0 p. 100 à 13,1 p. 100. C’est le sta<strong>de</strong> 3 qui a augmenté le plus, respectivement<strong>de</strong> 5,4 p. 100 à 7,7 p. 100.En Europe, l’étu<strong>de</strong> norvégienne Hunt II, a montré que la prévalence <strong>de</strong> la MRCy était voisine <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis [10]. En revanche, à 60 ans, le ratio <strong>de</strong> l’IRTsur l’IRC était 2 fois plus élevé aux États-Unis qu’en Norvège, et 3 fois plus après60 ans. À prévalence analogue <strong>de</strong> MRC, c’est donc la progression <strong>de</strong> l’IRC qui estplus élevée aux États-Unis qu’en Norvège.La maladie rénale chronique requiert une prise en charge structurée et renouveléedu fait <strong>de</strong> sa prévalence élevée, <strong>de</strong> son évolution vers l’IRC et <strong>de</strong> l’IRT et <strong>de</strong> sescoûts importants <strong>de</strong> prise en charge.Les facteurs <strong>de</strong> risque conduisant à une MRC sont multiples.Facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> MRCLe risque <strong>de</strong> présenter une insuffisance rénale est constitué par un ensemble <strong>de</strong>risques qui se sont exercés lors <strong><strong>de</strong>s</strong> différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong> évolutifs <strong>de</strong> la maladie rénalechronique (MRC).On peut caractériser plusieurs types <strong>de</strong> facteurs :− facteurs <strong>de</strong> susceptibilité. La survenue d’une atteinte rénale est associée à <strong><strong>de</strong>s</strong>facteurs qui augmentent la susceptibilité à développer une maladie rénale chroniquetels que : antécé<strong>de</strong>nts familiaux <strong>de</strong> néphropathie, petit poids <strong>de</strong> naissance, diminution<strong>de</strong> masse rénale, âge élevé, facteurs alimentaires, médicaments, produits <strong>de</strong> contrasteiodés, exposition professionnelle, statut <strong>de</strong> minorité raciale ou ethnique, bas niveaux<strong>de</strong> revenus ou d’éducation ;− facteurs d’initiation. L’initiation <strong>de</strong> la MRC est associée à certains facteursqui jouent un rôle direct dans l’atteinte rénale. Ces facteurs diffèrent selon lalésion rénale primitive considérée : diabète, hypertension artérielle, <strong>maladies</strong> autoimmunes,infections systémiques, infections urinaires, calculs, obstructions, toxicitésmédicamenteuses, <strong>maladies</strong> héréditaires ;− facteurs <strong>de</strong> progression. Une fois les lésions installées, certains facteurs <strong>de</strong>progression sont susceptibles d’aggraver le dommage rénal et d’accélérer le déclin <strong>de</strong>la fonction rénale. Ils sont modifiables par une prise en charge adaptée : protéinurie<strong>de</strong> <strong>de</strong>gré plus élevé, pression artérielle plus élevée, contrôle glycémique médiocre,dyslipidémie, tabagisme, médicaments néphrotoxiques, produits <strong>de</strong> contraste iodés,grossesse, certaines mesures <strong>de</strong> régime, diabète survenant dans le cadre <strong>de</strong> néphropathiesnon diabétiques ;


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 59− autres facteurs. Au sta<strong>de</strong> d’IRT, d’autres facteurs augmentent la morbidité etla mortalité associée à ce sta<strong>de</strong> : référence tardive au néphrologue, accès vasculairetemporaire, anémie, hypo-albuminémie, hyperphosphorémie.La meilleure connaissance et la maîtrise <strong>de</strong> ces facteurs sont un élément crucial<strong>de</strong> la prise en charge clinique. Ils permettent, entre autre, d’envisager <strong>de</strong> façon plusappropriée la prise en charge <strong>de</strong> l’insuffisance rénale chronique.L’insuffisance rÉnale chronique :un enjeu majeur <strong>de</strong> santÉ publiqueL’insuffisance rénale chronique représente un enjeu majeur <strong>de</strong> santé publique [11,12]. La maladie rénale chronique concerne plus d’un sujet sur dix dans la population,dont 4 pour 100 000 atteindront le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dialyse. Chez <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>80 ans, le risque annuel <strong>de</strong> développer une insuffisance rénale terminale (IRT) dansles 5 ans est <strong>de</strong> 42 pour 100 000 [13]. Bien que la fréquence <strong>de</strong> l’insuffisance rénalechronique dans la population soit élevée, l’insuffisance rénale terminale reste uneaffection rare concernant 0,075 p. 100 <strong>de</strong> la population française. Toutefois, le coût<strong>de</strong> la dialyse est très élevé. Plus <strong>de</strong> 2 p. 100 <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses <strong>de</strong> santé sont ainsi dédiésau traitement <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 0,1 p. 100 <strong>de</strong> la population [14].L’insuffisance rénale terminale concerne une population <strong>de</strong> plus en plus âgée,avec plus <strong>de</strong> comorbidités. Il faut organiser une prise en charge plus lour<strong>de</strong> et pluscomplexe. La dialyse reste un traitement <strong>de</strong> référence dont les modalités doiventêtre variées pour faire face à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue, distribuée sur l’ensemble duterritoire. La greffe, chaque fois que possible, ne permet pas <strong>de</strong> répondre à toutesles attentes en dépit d’un accroissement marqué du prélèvement d’organes <strong>de</strong>puis1999 pour pallier le manque <strong>de</strong> greffons. Pour une prise en charge utile <strong>de</strong> l’IRT,l’i<strong>de</strong>ntification précoce <strong>de</strong> l’IRC est décisive.ÉpidÉmiologie et recours tardif au nÉphrologueLe retard au diagnostic <strong>de</strong> l’IRC peut conduire à un recours tardif au néphrologueainsi qu’à l’initiation en urgence d’un traitement <strong>de</strong> suppléance, dont la conséquenceest une augmentation <strong>de</strong> la morbi-mortalité chez ces patients [15-23]. Ce retard estretrouvé dans tous les pays et estimé entre 25 et 45 p. 100 <strong><strong>de</strong>s</strong> cas [24-26]. Dansla plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> situations où le patient est adressé tardivement au néphrologue, letraitement <strong>de</strong> suppléance est institué en urgence avec comme abord vasculaire uncathéter veineux central. La durée d’hospitalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> patients au recours tardifest généralement plus longue que celle <strong><strong>de</strong>s</strong> patients à la prise en charge précoce :dans une étu<strong>de</strong> prospective réalisée en 1998 en Ile-<strong>de</strong>-France, la durée moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong>éjour était respectivement <strong>de</strong> 28 jours [IC 95 p. 100 : 1-90] versus 3 jours [IC 95p. 100 : 1-11] [27]. De plus, c’est une cause <strong>de</strong> surcoûts estimés à l’époque à 30 keuros par patient référé à moins <strong>de</strong> 1 mois <strong>de</strong> l’institution <strong>de</strong> la dialyse. De tellessituations <strong>de</strong> retard perdurent encore dans près du tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> cas en dépit <strong>de</strong> la création<strong>de</strong> gui<strong><strong>de</strong>s</strong> thérapeutiques mis à la disposition <strong>de</strong> tous professionnels <strong>de</strong> santé [28,29]. Ainsi par exemple, dans une étu<strong>de</strong> européenne multicentrique 26 p. 100 <strong><strong>de</strong>s</strong>


60 P. LANDAISpatients ont été pris en charge moins d’un mois avant leur dialyse [26]. Il est doncindispensable <strong>de</strong> promouvoir le diagnostic précoce <strong>de</strong> MRC, en particulier dans lesgroupes à risque afin d’instaurer un suivi adéquat <strong>de</strong> l’IRC au sta<strong>de</strong> pré-terminaldont l’intérêt ne fait plus <strong>de</strong> doute.En Ile-<strong>de</strong>-France, plus d’un patient sur 3 était adressé tardivement en <strong>néphrologie</strong>[27]. Dans ce contexte, la diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> recommandations professionnelles aux mé<strong>de</strong>cinsgénéralistes et aux spécialistes non néphrologues est indispensable. La reconnaissanceprécoce <strong>de</strong> l’évolution d’une IRC est fondamentale [30], en particulierpour les groupes à risque pour lesquels un suivi prédialytique renforcé est indiqué.Les réseaux <strong>de</strong> professionnels qui se mettent en place en régions sont <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à unemeilleure coopération pour mieux gérer un processus décisionnel distribué. La priseen charge est en effet pluridisciplinaire et associe au mé<strong>de</strong>cin traitant référent [31],le néphrologue, les mé<strong>de</strong>cins spécialistes (diabétologue, cardiologue,..), l’équipesoignante, la diététicienne et l’assistante sociale. Plus en amont, une meilleureconnaissance et un meilleur suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> initiales est nécessaire pourprévenir <strong>de</strong> la manière la plus appropriée possible l’évolution vers l’IRC.Le recours tardif au néphrologue constitue une source <strong>de</strong> surcoûts évitables. En1989, un recours tardif était 5 fois plus coûteux qu’une mise en dialyse en tempsutile [32]. Le coût <strong>de</strong> l’accès vasculaire fait en cours d’hospitalisation était <strong>de</strong>11,3 k euros au lieu <strong>de</strong> 3 k euros en externe [33]. Si l’accès vasculaire était réaliséen externe, la réduction <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts était <strong>de</strong> 864 k euros [18]. Si le recours tardif étaitmieux géré en France, le gain <strong>de</strong> productivité estimé serait au moins à 30 millionsd’euros par an [20].Politique <strong>de</strong> santÉ et pilotagemÉdico-Économique <strong>de</strong> l’IRTIl a encore été récemment souligné qu’il était indispensable d’améliorer le fonctionnement<strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> soins et la coordination <strong>de</strong> ses acteurs [34]. L’offre<strong>de</strong> soins est plus ample et variée qu’auparavant et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins croît. Toutce qui est proposé n’est pas à placer au même niveau <strong>de</strong> nos exigences <strong>de</strong> soins.Tout n’a pas la même qualité, la même pertinence pour bien soigner. Notre système<strong>de</strong> financement s’épuiserait à vouloir couvrir sans aucun tri préalable tout ce queles professions <strong>de</strong> santé et les industries peuvent offrir. Plus encore, il tarirait lespossibilités <strong>de</strong> redistribution <strong>de</strong> la richesse collective. L’existence d’un financementsolidaire nécessite discernement et optimisation <strong>de</strong> l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds dans le cadred’une exigence éthique [35].Hiérarchiser les priorités est un impératif <strong>de</strong> notre système fondé sur la solidaritésociale. Il s’agit <strong>de</strong> trouver un « développement durable » pour notre système <strong>de</strong> solidarité[34]. Ce n’est pas refuser la croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses <strong>de</strong> santé liée à une offre<strong>de</strong> plus en plus spécifique et <strong>de</strong> haute technicité mais ne pas accepter une croissanceinjustifiée, non maîtrisée et dépourvue <strong>de</strong> sens, qui engloutit les ressources.Ainsi, les critères d’efficacité et d’efficience doivent gui<strong>de</strong>r les choix. L’efficacitérelève <strong>de</strong> procédures techniques. En revanche, l’efficience relève d’un choix collectif,c’est une forme d’appréciation médico-économique <strong>de</strong> l’utilité d’un type d’offre parrapport à son coût. Elle consiste à mesurer si l’efficacité ou l’utilité médicale d’un


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 61acte, d’un dispositif, d’un produit justifie les dépenses supplémentaires qu’il entraîne.L’articulation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux approches, présentée <strong>de</strong> manière explicite, est nécessaireen indiquant les motifs <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions partagées. Le ratio <strong>de</strong> l’utilité rapportée au coûtn’est pas ici conçu comme servant à définir ce qui peut rentrer dans un volume <strong>de</strong>dépenses fixé à l’avance, mais comme un outil <strong>de</strong> pilotage médico-économique. Pourla santé <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> soins, il faut optimiser nos prises en charge, améliorerla qualité et en maîtriser les coûts tout en procédant au réexamen <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes <strong>de</strong>recettes et <strong>de</strong> prise en charge publique.À cet égard, la prise en charge <strong>de</strong> l’insuffisance rénale terminale et la redistribution<strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins, par l’analyse conjointe <strong><strong>de</strong>s</strong> données <strong>de</strong> dialyse et <strong>de</strong> greffe,entre parfaitement dans ce champ d’une approche à maîtriser. Nous l’illustreronspar <strong>de</strong>ux exemples tirés <strong>de</strong> l’épidémiologie géographique d’une part et <strong>de</strong> la modélisation<strong><strong>de</strong>s</strong> coûts d’autre part. Au préalable, rappelons les enjeux économiques <strong>de</strong>la dialyse.Offre <strong>de</strong> soins et coÛt <strong>de</strong> l’IRTEn France en 2003, le coût moyen <strong>de</strong> la prise en charge d’un dialysé étaitestimé à 40 975 euros [36]. En 2005, le coût global <strong>de</strong> la prise en charge par techniqued’épuration extrarénale <strong><strong>de</strong>s</strong> patients en IRT a été estimé à 2 145 milliardsd’euros soit 1,56 p. 100 <strong>de</strong> l’objectif national <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses <strong>de</strong> santé (ONDAM).Une étu<strong>de</strong> effectuée en 2006 a évalué le coût <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong> la dialyse enFrance à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts moyens annuels <strong>de</strong> la dialyse par patient et par modalité,ainsi que le coût annuel global <strong>de</strong> la dialyse [14]. Les techniques dispensées audomicile sont les moins coûteuses. Les coûts moyens annuels <strong><strong>de</strong>s</strong> différentestechniques sont : 49,7 k euros pour la DP automatisée ; 49,9 k euros pour l’HDà domicile ; 50 k euros pour la DP continue ambulatoire ; 59,5 k euros pourl’autodialyse ; 62,3 k euros pour l’unité <strong>de</strong> dialyse médicalisée ; 81,5 k eurospour l’HD en centre.Aux États-Unis, l’USRDS rapporte une hausse <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses pour un patient enIRC <strong>de</strong> 3,2 p. 100 entre 2004 et 2005 après ajustement sur l’inflation. Une projectionévalue qu’en 2020 le coût <strong>de</strong> Medicare lié à l’IRT aux États-Unis s’élèveraità 53,6 milliards <strong>de</strong> $ pour 21,3 en 2005. Le coût annuel en 2005 lié à un patientMedicare traité pour IRT est <strong>de</strong> 59,42 k$ et selon la modalité <strong>de</strong> prise en charge :69,76 k$ pour l’hémodialyse ; 50,85 k$ pour la dialyse péritonéale ; et 25,02 k$pour la transplantation.L’adéquation <strong>de</strong> l’offre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins contribue à optimiser les coûts <strong>de</strong>traitement <strong>de</strong> l’IRT. Voyons <strong>de</strong> quoi il s’agit.ÉpidÉmiologie gÉographiqueet accÈs aux soins <strong>de</strong> dialyseUn système d’information décisionnel [37] a été développé pour le réseauépidémiologie et information en <strong>néphrologie</strong> (REIN). Il contribue à la connaissanceépidémiologique, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et offre <strong>de</strong> soins, et à l’ai<strong>de</strong> à la décision sanitaire. Les


62 P. LANDAISdonnées d’offre et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins en IRT sont recueillies en ligne par leSystème d’Information Multi Source, et intégrées dans un entrepôt <strong>de</strong> données. Ilest dynamiquement connecté à un outil <strong>de</strong> présentation ou <strong>de</strong> « reporting » interactif: le SIGNe (Système d’Information Géographique pour la Néphrologie) [38].Développé selon <strong><strong>de</strong>s</strong> modalités issues d’une technologie informatique particulièredite <strong><strong>de</strong>s</strong> « OLAP spatiaux » (Spatial On-Line Analytical Processing, SOLAP),le SIGNe permet l’analyse et la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription spatiale et temporelle <strong><strong>de</strong>s</strong> donnéesstockées dans la structure multidimensionnelle <strong>de</strong> l’entrepôt <strong>de</strong> données [39].L’utilisateur a la possibilité <strong>de</strong> soumettre dynamiquement <strong><strong>de</strong>s</strong> requêtes concernantdifférents thèmes (inci<strong>de</strong>nce, prévalence, mortalité) et selon différents axes d’analyses(années, âge, sexe, métho<strong>de</strong> et structure <strong>de</strong> traitement, région, comorbidités,handicaps…). Plus <strong>de</strong> 15 000 patients sont présents dans la file active (45 p. 100 <strong>de</strong>la file active nationale) <strong><strong>de</strong>s</strong> huit régions pilotes <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> (Languedoc-Roussillon,Limousin, PACA, Basse-Normandie, Ile-<strong>de</strong>-France, Champagne-Ar<strong>de</strong>nne, Centreet Midi-Pyrénées).Le SIGNe facilite également l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> relations géographiques entre l’offre et la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins et l’exploration <strong>de</strong> l’accessibilité aux centres <strong>de</strong> soins. L’intégration<strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong>de</strong> trajet a permis <strong>de</strong> construire un indicateur d’accessibilité aux unités<strong>de</strong> soins, fondé sur la notion d’équité géographique. Celle-ci suppose qu’un patientest traité dans l’unité la plus proche <strong>de</strong> son domicile et la plus conforme à sonétat : centre <strong>de</strong> dialyse, unité <strong>de</strong> dialyse médicalisée, unité d’autodialyse, dialyseà domicile.Prenons un exemple relatif aux centres lourds. Pour la région Champagne-Ar<strong>de</strong>nne, 95 p. 100 <strong><strong>de</strong>s</strong> patients sont traités dans le centre le plus proche <strong>de</strong> leurlieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce. Pour chaque commune, l’indicateur d’équité géographique, permet<strong>de</strong> calculer le temps d’accès au centre lourd le plus proche. Sur les 40 patients résidantà plus <strong>de</strong> 45 minutes d’un centre lourd, près <strong>de</strong> la moitié rési<strong>de</strong> dans la zonecomprenant Vitry le François et Saint-Dizier. Un scénario <strong>de</strong> création d’un centre<strong>de</strong> dialyse à Saint-Dizier permet d’évaluer les conséquences sur les temps <strong>de</strong> trajets<strong><strong>de</strong>s</strong> patients (fig. 1). Alors que 11 p. 100 <strong>de</strong> la population régionale, dont 40 dialysés,résidaient à plus <strong>de</strong> 45 minutes d’un centre lourd, l’ouverture d’une unité <strong>de</strong> dialysemédicalisée à Saint-Dizier aurait pour conséquence <strong>de</strong> faire baisser ces chiffres à3,2 p. 100 <strong>de</strong> la population et à 18 dialysés.Ce type d’approche permet ainsi <strong>de</strong> proposer aux déci<strong>de</strong>urs un outil d’ai<strong>de</strong> àl’adaptation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Ces scénarios peuvent bien sur êtreenrichis d’autres critères, intégrés au modèle, comme l’âge, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> comorbiditésou <strong>de</strong> handicaps, ou la disponibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels.Le SIGNe, couplé au registre <strong>de</strong> dialyse et intégrant le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong>de</strong>trajet, permet le développement d’un outil visant à améliorer la stratégie sanitaireen particulier pour les schémas régionaux d’organisation sanitaire (SROS) dans lecadre <strong><strong>de</strong>s</strong> discussions entre les agences régionales d’hospitalisation et les professionnels.L’objectif général du SROS est en effet d’offrir la meilleure adéquationentre la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du patient, son état <strong>de</strong> santé, et le lieu et la technique <strong>de</strong> priseen charge.Pour la greffe une autre approche a été élaborée.


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 63Temps d’accès au centrele plus proche< 45 min45 - 60 min> 60 minRethelCharleville-MézièresSedanReimsÉpernayChâlons-en-ChampagneVitry-le-FrançoisSaint-DizierRomilly-sur-SeineTroyesChaumontLangresTemps d’accès au centrele plus proche< 45 min45 - 60 min> 60 minCharleville-MézièresSedanRethelReimsÉpernayChâlons-en-ChampagneVitry-le-FrançoisSaint-DizierRomilly-sur-SeineTroyesChaumontLangresFig. 1. – Scénario <strong>de</strong> redistribution <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> dialyse en Champagne-Ar<strong>de</strong>nne.a. Zones situées à plus <strong>de</strong> 45 minutes d’un centre lourd selon le temps d’accès du domicile<strong><strong>de</strong>s</strong> patients au centre lourd le plus proche. b. Impact <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong> l’accès auxsoins après un scénario <strong>de</strong> création d’une unité <strong>de</strong> dialyse médicalisée à Saint-Dizier.


64 P. LANDAISPolitique <strong>de</strong> SantÉ Publique et greffe :approche par modÉlisation <strong><strong>de</strong>s</strong> coÛtsL’objectif du programme « 15-20 » était d’accroître la part <strong>de</strong> la transplantationdans le traitement <strong>de</strong> l’IRT. Il consistait à passer <strong>de</strong> 15 à 20 donneurs pmh et par an[40]. Le retour sur investissement prévisible était élevé compte tenu du différentiel<strong>de</strong> coût entre la dialyse et la greffe. En effet, le coût moyen annuel <strong>de</strong> la dialysepour un patient était alors estimé à 50 k euros, celui <strong>de</strong> la transplantation à 55 keuros la première année et à 8 k euros ultérieurement. Avec <strong>de</strong> telles hypothèses, lemodèle utilisé a considéré le différentiel <strong>de</strong> coût entre <strong>de</strong>ux programmes <strong>de</strong> priseen charge, l’un, existant, pour lequel le nombre <strong>de</strong> transplantations <strong>rénales</strong> restait<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1 600 par an pour 6 500 nouveaux cas d’ IRTT, l’autre, renforcé,pour lequel le nombre <strong>de</strong> transplantations s’accroissait jusqu’à 600 cas supplémentairespar an.La modélisation a montré que le programme renforcé, génèrerait annuellement,pour la filière IRTT, un retour sur investissement dépassant 76 millions d’euros dèsla cinquième année et 152 millions d’euros à partir <strong>de</strong> la dixième année. Ce retoursur investissement incluait le coût du renforcement <strong><strong>de</strong>s</strong> organisations <strong>de</strong> prélèvementet permettait <strong>de</strong> prendre en charge d’autres coûts induits comme l’augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong>autres greffes d’organes. Ce programme a été développé par l’agence <strong>de</strong> la biomé<strong>de</strong>cineavec succès. En effet, le nombre <strong>de</strong> prélèvements était en 2006 <strong>de</strong> 1 442 dont247 sur donneurs vivants (soit 23,2 donneurs pmh) et le nombre <strong>de</strong> greffes <strong>de</strong> 2 731(44 greffes pmh) soit une progression <strong>de</strong> 1,5 fois par rapport à 1999, année effective<strong>de</strong> la mise en place du programme [41].Toutefois, en dépit <strong>de</strong> ces évolutions, il faut rester à l’oeuvre car la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>greffe était <strong>de</strong> 6152 soit 99,2 pmh, au 31 décembre 2006, donc encore bien supérieureà l’offre [42, 43].Pharmaco-ÉpidÉmiologie et biosimilairesLes retraits du marché <strong>de</strong> la cérivastatine [44] en août 2001, puis du rofecoxib[45] en octobre 2004, ont illustré les difficultés du suivi post-AMM <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments.Plus récemment, les érythroblastopénies aiguës liées à certaines érythropoïétines[46-54] et l’introduction <strong><strong>de</strong>s</strong> biosimilaires [55-59] ont été accompagnésd’un renforcement <strong>de</strong> la réglementation européenne <strong>de</strong> la surveillance post-AMM<strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments [60]. Des propositions pour l’encadrement <strong><strong>de</strong>s</strong> essais cliniques[61] et <strong><strong>de</strong>s</strong> méta-analyses [62] ont également été formulées pour le suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> effetsindésirables. De nouvelles directives <strong>de</strong> pharmacovigilance ont été définies avec lamise en place <strong>de</strong> plans <strong>de</strong> gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> risques concernant les biosimilaires.La pharmacovigilance usuelle comprend l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques d’i<strong>de</strong>ntification,d’évaluation et <strong>de</strong> prévention du risque d’effet indésirable <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments missur le marché, que ce risque soit potentiel ou avéré. Les plans <strong>de</strong> gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> risques,définis a priori, dans une démarche active, renforcent le dispositif <strong>de</strong> caractérisationet <strong>de</strong> quantification <strong><strong>de</strong>s</strong> risques d’un médicament. Ils tiennent compte <strong>de</strong> l’analyse duratio bénéfice/risque qui est réévalué en permanence. Ce ratio dépend <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>l’événement, <strong>de</strong> son intensité et <strong>de</strong> son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> survenue (début, durée, réversibilité),


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 65<strong>de</strong> sa probabilité <strong>de</strong> survenue, <strong>de</strong> la gravité pour la personne qui le subit, et commentle bénéfice peut être optimisé ou le risque prévenu ou minimisé.Un biosimilaire est un produit censé être analogue à un produit médicinal biologique(BMP) déjà connu. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMM est soumise après la date d’échéancedu brevet du produit original. C’est le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles érythropoïétines. Le biosimilairecontient la même substance active que l’érythropoïétine <strong>de</strong> référence et estcensé être utilisé dans les mêmes indications, aux mêmes posologies et selon lamême voie d’administration.La survenue d’une érythroblastopénie aiguë a été notée après traitement par l’époïétinealpha en moyenne à 10 mois, et à 20 mois pour l’époïétine bêta, avec une étendueglobale <strong>de</strong> 2 à 90 mois. Afin d’envisager la surveillance post-AMM <strong><strong>de</strong>s</strong> biosimilaires,les sociétés savantes [63] et les professionnels européens [64] ont fait <strong><strong>de</strong>s</strong> propositionscomplémentaires <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> l’Euro pean Medicines Agency [65, 66].Cependant, pour un protocole récent <strong>de</strong> mise à disposition d’une nouvelle EPO,on note qu’il n’est pas fait mention du nombre <strong>de</strong> sujets à surveiller, ni <strong>de</strong> la durée<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> [67]. Il est clair que le nombre <strong>de</strong> sujets nécessaire à inclure dans une tellesurveillance est très important. Un essai prospectif <strong>de</strong> surveillance d’estimation <strong>de</strong>l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’érythroblastopénie aiguë médiée par <strong><strong>de</strong>s</strong> anticorps anti-érythropoïétinechez <strong><strong>de</strong>s</strong> insuffisants rénaux exposés à <strong><strong>de</strong>s</strong> érythropoïétines recombinantes aété initié en décembre 2001 [68]. Il s’agissait <strong>de</strong> la constitution d’un registre multicentrique,international, <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> l’immunogénicité selon un protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>uivi prospectif <strong>de</strong> cohorte, avec <strong>de</strong>ux groupes parallèles, exposé pour l’un à l’Eprex ®polysorbate 80 et pour l’autre à d’autres érythropoïétines du marché, administréespar voie sous-cutanée. Le nombre <strong>de</strong> personnes-années d’exposition à inclure était<strong>de</strong> 20 000 par groupe. Le coût <strong>de</strong> suivi par patient était estimé à environ 1 000 dollars[69]. Cet essai débuté en décembre 2001 recrute toujours !On mesure les difficultés d’une telle entreprise dont la mise en place est cependantessentielle à la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> soins.ÉpidÉmiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> rÉnales rareset CEMARAL’inci<strong>de</strong>nce et la prévalence <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> rares ne sont pas connues avec précisionpour la majorité d’entre elles. La création <strong>de</strong> centres Maladies Rares, et en particulier<strong><strong>de</strong>s</strong> quatre centres relatifs aux <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> rares sur l’ensemble du territoirenational est dédié à stimuler une approche formalisée <strong><strong>de</strong>s</strong> parcours <strong><strong>de</strong>s</strong> patients, <strong>de</strong>leur prise en charge et <strong>de</strong> leur suivi. L’offre <strong>de</strong> soins sera d’autant plus appropriéeà la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, que les régions disposeront d’informations pertinentes concernantleurs besoins réels <strong>de</strong> soins et leurs évolutions. Faire évoluer l’offre en fonction <strong>de</strong>la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sans s’exposer à une explosion <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> prise en charge nécessiteune rationalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> approches en matière <strong>de</strong> <strong>maladies</strong> rares. C’est l’une <strong><strong>de</strong>s</strong>missions du Plan national <strong>maladies</strong> rares 2005-2008, définies dans la loi relative àla politique <strong>de</strong> santé publique du 9 août 2004. Il existe, en France, un déficit majeurd’information épidémiologique sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins, sur la structure et sur l’adaptation<strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins en matière <strong>de</strong> <strong>maladies</strong> rares. La création <strong><strong>de</strong>s</strong> centres <strong>de</strong>référence <strong>maladies</strong> rares vise à améliorer la connaissance <strong>de</strong> ces affections. Il s’agit


66 P. LANDAIS1collecter lesdonnéesProfessionnels<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> raresrapporterBase <strong>de</strong> données <strong>de</strong> production2Contrôle qualité3réorganiser les donnéesEntrepôt<strong>de</strong>données5Déci<strong>de</strong>urs / Recherche CliniquePatients / FamillesWeb-SIGinterroger4Fig. 2. – Système d’information CEMARA pour les <strong>maladies</strong> rares : principe général.<strong>de</strong> satisfaire les besoins conjugués en information sur les <strong>maladies</strong> rares pour lespatients et leurs familles, les professionnels, l’administration sanitaire, l’assurancemaladie et les chercheurs.Pour étudier l’épidémiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> rares, nous avons développé un systèmed’information dans le cadre du programme CEMARA [70]. Il collige les données<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> rares sur la base d’un dossier médical commun minimal. Autour <strong>de</strong>ce noyau sont développés <strong><strong>de</strong>s</strong> « pétales » qui permettent <strong>de</strong> suivre spécifiquementcertaines affections : syndrome néphrotique, néphronophtise, cystinose. Le principerepose sur cinq étapes (fig. 2) analogues à celles que nous avions définies pour lesystème d’information multisource [71] du REIN :− la collection et la saisie du dossier médical commun dans une base <strong>de</strong> productionsécurisée (accord CNIL), avec l’élaboration d’un thesaurus partagé, conçu avecOrphanet ;− le contrôle <strong>de</strong> qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> données ;− la réorganisation <strong><strong>de</strong>s</strong> données dans un entrepôt <strong>de</strong> données ;− la formulation <strong>de</strong> requêtes pour fouiller dans l’entrepôt <strong>de</strong> données ;− la mise en forme <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> requêtes par un Système d’InformationGéographique (SIG) disponibles en ligne pour les utilisateurs, l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> donnéesépidémiologiques et la modélisation.Ce type <strong>de</strong> système d’information sécurisé via le web a montré son opérationnalitépour le REIN. L’entrepôt <strong>de</strong> données et le SIG <strong>de</strong> CEMARA sont en coursd’élaboration. Plus <strong>de</strong> 2 000 patients présentant une maladie rénale rare ont déjàété colligés. Plus <strong>de</strong> 30 000 dossiers <strong>de</strong> patients présentant une maladie rare ont étéenregistrés dans la base <strong>de</strong> production par les 32 centres <strong>maladies</strong> rares participantau programme CEMARA.Ce type <strong>de</strong> plateforme permet d’envisager au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> prochaines années uneapproche systématisée <strong>de</strong> l’épidémiologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> rares et en particulier dansle domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> rares.


L’ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES RÉNALES 67ConclusionL’épidémiologie <strong>de</strong> la maladie rénale chronique recouvre <strong>de</strong> multiples facettes.Nous avons donné quelques exemples issus <strong>de</strong> travaux récents concernant la constitution<strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données telles que le REIN pour l’IRT ou CEMARA pour les<strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong> rares. Coupler les données <strong>de</strong> dialyse aux données <strong>de</strong> greffe rénalepermettra une meilleure connaissance <strong>de</strong> l’épidémiologie <strong>de</strong> l’IRT. C’est un atoutpour l’orientation <strong>de</strong> la politique sanitaire en matière d’IRT, par exemple dans lecadre <strong>de</strong> l’épidémiologie géographique pour l’élaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> prochains schémasrégionaux d’orientation sanitaire. Les données ainsi colligées permettent d’envisager<strong><strong>de</strong>s</strong> scénarios <strong>de</strong> redistribution <strong>de</strong> l’offre ou <strong>de</strong> modélisation multi-états <strong><strong>de</strong>s</strong> trajectoires<strong>de</strong> patients dans la filière <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> l’IRT, dialyse et greffe.Pour CEMARA, le recueil systématique <strong><strong>de</strong>s</strong> informations relatives aux patientsatteints d’une maladie rénale rare <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> cerner <strong>de</strong> manière plus appropriéel’épidémiologie <strong>de</strong> ces affections.Une meilleure connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> maladie rénale chroniqueest nécessaire pour améliorer l’efficacité <strong>de</strong> la <strong>néphrologie</strong> clinique et <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux<strong>de</strong> soins qui se mettent en place dans les régions. L’épidémiologie clinique contribueégalement à renforcer la recherche clinique. Par ailleurs, nous avons présenté laplace que la pharmaco-épidémiologie peut jouer dans le suivi <strong>de</strong> l’introduction <strong><strong>de</strong>s</strong>biosimilaires d’érythropoïétine.Ainsi, l’épidémiologie a-t-elle sa place au cœur du dispositif sanitaire <strong><strong>de</strong>s</strong>urveillance et <strong>de</strong> prise en charge <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>maladies</strong> <strong>rénales</strong>.RemerciementsÀ toutes celles et ceux qui ont permis la mise en place du registre REIN et <strong>de</strong>CEMARA.Bibliographie1. Lo u i s PCA. Recherches sur les effets <strong>de</strong> la saignée dans quelques <strong>maladies</strong> inflammatoires, et surl’action <strong>de</strong> l’émétique et <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicatoires dans la pneumonie. Paris 1835. Editeur, JB Baillière,Libraire <strong>de</strong> l’Académie royale <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine : pp. 120.2. Mo r a b i a A. In <strong>de</strong>fense of Pierre Louis who pioneered the epi<strong>de</strong>miological approach to goodmedicine. Clin Epi<strong>de</strong>miol, 2009 ; 62 : 1.e1-5.3. Ma c Ma h o n B, Pu g h TF. Epi<strong>de</strong>miology, principles and methods. Boston, Little, Brown, 1970.4. We e d DL, Mi n k PJ. Roles and responsibilities of epi<strong>de</strong>miologists. Ann Epi<strong>de</strong>miol, 2002 ;12 : 67-72.5. Bo u y e r J, Hé m o n D, Co r d i e r S, et al. Epidémiologie : principes et métho<strong><strong>de</strong>s</strong> quantitatives. Paris,Editions INSERM, 1993 : pp. 498.6. Fr e e d m a n D. From association to causation : some remarks on the history of statistics. Stat Sci,1999 ; 3 : 243-258.7. Nat i o na l Ki d n e y Fo u n dat i o n, Ki d n e y Disease Ou t c o m e s Qua l i t y Initiative : K/DOQI.Clinical practice gui<strong>de</strong>lines for chronic kidney disease : evaluation, classification and stratification.New York (NY), NKF ; 2002.


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