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Numéro 52 - Le libraire

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LE BILLET DE LAURENT LAPLANTE<strong>Le</strong> monde du livreAuteur d’unevingtaine de livres,Laurent Laplantelit et recense depuisune quarantained’années le roman,l’essai, la biographie,le roman policier…<strong>Le</strong> livre, quoi!L’art, les femmeset leurs hommesIl est banal ― et prudent ― d’admettre que lesfemmes n’occupent pas dans l’histoire de l’art la placequ’elles méritent. Cette inoxydable toile de fond tolèrepourtant quelques surprises: quelques hommes, lespapas mieux que les maris ou les frères, ont bien traitéles créatrices et, plus déconcertant, certaines femmesont été des menaces pour les créatrices et pour l’art.Regardons Camille Claudel. Contrairement à ce queracontent les légendes, son maître et amant AugusteRodin n’a pas été le salopard responsable de sadéchéance. Dominique Bona, qui avait déjà exploré levolcan Gala-Dali (Gala, Flammarion; actuellement enréimpression) retouche si bien la réputation de Rodindans Camille et Paul: La passion Claudel qu’il devientpour elle un mécène attentif et discret. <strong>Le</strong> frère Paul,c’est moins bien. Un génie lui aussi, qui fit enfermersa sœur pour mettre à l’abri sa carrière d’auteur et dediplomate.<strong>Le</strong> magnifique catalogue consacré à l’expositionClaudel et Rodin: La rencontre de deux destins,réalisée en collaboration entre le Musée national desbeaux-arts du Québec et le musée Rodin à Paris, corroboreet précise ces perceptions. Face à l’étouffanteparanoïa de Camille, le personnage le plus cruel fut samère: en trente ans, pas une seule visite, refus d’entretenirune correspondance, de la loger dans un asileplus près de ses racines. La seule figure attachante?<strong>Le</strong> père, Louis-Prosper. À Paul, il écrit: « Si tu voulaism’aider à rétablir l’harmonie, quel service tu merendrais. » En vain.que, dans les cinq semaines qui ont suivi la mort dupeintre, Hortense Cézanne et son fils aient vidé l’atelierdes Lauves de toutes les œuvres, peintures,aquarelles ou dessins... » Alexandrine Zola avait donnéle la. Ainsi, quand Cézanne vint pleurer sur la tombede Zola, le peintre « ne fut sans doute pas tenté d’approcherAlexandrine, car il savait que, six mois avantla mort de Zola, elle avait mis aux enchères neuf deses œuvres de jeunesse... » (Zola: Une vie). Henri Mitterrandatteste lui aussi dans L’homme de Germinal:1871-1893, que la brouille survenue entre Zola etCézanne avait comblé les épouses: « Cézanne [...] arompu après la publication de L’ œuvre, qu’au fond, iln’a pas comprise: personne ne l’a retenu, et surtoutpas Alexandrine. »Un mot sur Saint-Ex. On espère qu’il a ignoré la pressionexercée sur sa sœur par leur mère Marie, commeon l’apprend dans l’ouvrage de Michèle Persane-Nastorg,Marie de Saint-Exupéry (épuisé): « À propos duroman que Simone veut publier, Marie a aussi un sentimentd’exclusivité. » Antoine possède « un génie littéraire» hors du commun, pense sa mère, avecraison. Il est pour elle le seul des Saint-Exupéry à pouvoirsigner une œuvre de son patronyme. Il ne reste àSimone qu’à prendre un pseudonyme. Devant cetteproposition maternelle, Simone s’est révoltée: « Jem’appelle Saint-Exupéry autant qu’Antoine! » Mais parrespect pour sa mère et par admiration pour sonfrère, elle a cédé et n’a rien publié sous son nom.Qui est parfait, le père, la mère, le mari, le frère…?LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 8Ce beau rôle du père auprès d’une fille douée, LilianeBlanc l’offre en plusieurs exemplaires dans Elle serapoète elle aussi!: <strong>Le</strong>s femmes et la création artistique(<strong>Le</strong> jour, 1991; épuisé): Anne Hébert, Jane Austen,Clara Schumann, Germaine de Staël, Louise Labé,Christine de Pizan... Abondent, par contre, les marisrépugnants, comme Gustave Mahler, et les frèrescapables, comme Félix Mendelssohn, de ranger lescompositions d’une sœur parmi les leurs. Livre écrittrop tôt pour confirmer la réhabilitation de Rodin.Rôles tristes et semblables que ceux des épousesCézanne et Zola au sujet de la peinture. Dans labiographie de Cézanne, John Rewald écrit: « Il sembleCAMILLE ET PAUL:LA PASSIONCLAUDELDominique Bona,LGF, 442 p. | 12,95$L’HOMME DEGERMINAL,1871-1893:ZOLA (T. II)Henri Mitterand,Fayard,1192 p. | 79,95$CLAUDELET RODIN:LA RENCONTRE DEDEUX DESTINSCollectif, Hazan,384 p. | 69,95$CÉZANNEJohn Rewald,Flammarion,282 p. | 104,95$ZOLA: UNE VIEFrederick Brown,Belfond,928 p. | 65,95$

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