entre parenthèsesLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 66Du bon usage des étoiles adaptépar Jean-Marc Vallée<strong>Le</strong> cinéaste Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y.,The Young Victoria) adaptera au cinéma Dubon usage des étoiles, le premier roman del’auteure Dominique Fortier paru aux éditionsAlto à l’automne 2008. <strong>Le</strong> scénariosera signé Jean-Marc Vallée et DominiqueFortier, qui se mettrontau travail en 2010,dès que le réalisateuraura terminé deuxprojets présentement enchantier. La fiction de laCarougeoise, finaliste auPrix des <strong>libraire</strong>s duQuébec 2009, qui sera attribuéle 11 mai prochain,s’inspire de la dernièreexpédition de Sir JohnFranklin. Ce dernier estparti en 1845 à la découvertedu passage du Nord-Ouest et disparuavec navires et équipages après avoirpassé trois ans dans les glaces. Un budgetjamais vu au Québec est prévu pour cetteméga-production qui, selon toute vraisemblance,sera tournée en anglais avecdes acteurs réputés. Par ailleurs, le romande Dominique Fortier sera traduit enanglais par la maison d’édition canadienneMc<strong>Le</strong>lland & Stewart.Tristes fermetures<strong>Le</strong>s derniers mois ont été marqués par la fermeturede plusieurs librairies, en Europecomme au Canada. En effet, trois institutionsdu Sud de la France et un de Toronto ontdéposé leur bilan. Ainsi disparaissentMagellan, spécialisée en ouvrages devoyage, Biblio, axée sur le livre scolaire,Panorama, une librairie de bonne réputationfondée il y a quarante ans ainsi que lalibrairie Champlain, qui comptait, quant àelle, près de cinq décennies d’existenceet qui représentait la seule librairie francophonede la Ville de Toronto.Quand les grands donnentl’exemple aux petitsEn 2008, une étude publiée par le magazine ParisMatch venait faire le point sur la place de la littératurejeunesse en France. <strong>Le</strong>s conclusionsdévoilaient que nos cousins auraient délaissé lesdocumentaires sur les animaux au détriment deceux qui concernent l'environnement et les nouvellestechnologies. Dans cette lignée, ERPI lanceune encyclopédie de l’écologie intitulée Pour uneplanète verte! L’attrait principal de ce livre résidedans la façon dont il est fabriqué, qui est tout enrespect de l’environnement: le papier est certifiéécologique, la couverture est recyclée, l’imprimeura réduit son empreinte de carbone de<strong>52</strong>% et génère lui-même la totalité de son électricité,l’encre utilisée est d’origine végétale: bref,enfin une application concrète qui illustre les propostenus dans ce livre!La bande dessinée espagnoleArrugas en film d’animationArrugas, cette bande dessinée racontantl’histoire d’un grand-père souffrantd’Alzheimer placé en maison deretraite par sa famille, deviendra unfilm d’animation. L’album du dessinateurPaco Roca s’est écoulé à17 000 exemplaires en Espagne(publiée par Astiberri) et à 4000exemplaires en France (publiée chezDelcourt).Ni dodo, ni tomates, ni écoleAprès la série « Clarice Bean » de Lauren Child, parue au Québec il y a environ un an, La courte échelle récidiveavec deux personnages cocasses de la même auteure: Charlie et Lola. La série, qui comprend six albums, donttrois titres accompagnés de quelques autocollants, est destinée aux enfants âgés d’entre 3 et 6 ans. <strong>Le</strong> trèsraisonnable Charlie, 7 ans, et sa petite sœur entêtée de 4 ans, Lola, ont leur propre série télévisée, diffuséedans plus de 14 pays. Au Canada, c’est sur TV Ontario qu’on peut voir leurs aventures hilarantes.Mère indigne sur le WebD’abord un blogue, puis un livre: voici maintenant<strong>Le</strong>s chroniques d’une mère indigne en « websérie »!En effet, les chroniques décapantes de CarolineAllard, publiées au Septentrion en 2007, sontmaintenant diffusées sur le site Internet de Radio-Canada, à raison de neuf épisodes d’environ troisminutes chacun. Réalisée par Miryam Bouchard,cette « websérie » met en vedette Marie-HélèneThibault et Stéphane Archambault. Notons que <strong>Le</strong>schroniques d’une mère indigne 2 est sorti en mars,toujours chez Septentrion.Lire pour échapperà l’usure du tempsL’instant même a rajeuni, et du coupembelli son site Internet. La maison d’éditionquébécoise assure toujours un espace édito -rial propice à la nouvelle, au roman, à l’essai,au théâtre et même au cinéma. De plus,comme on l’annonce sur leur nouveau site :« Lire à l'enseigne de L'instant même, c'est“lire pour faire durer l'instant”.»(www.instantmeme.com)Frayer son cheminBonne nouvelle pour la visibilité d’une œuvrequébécoise à l’étranger: le premier roman dePierre Szalowski, <strong>Le</strong> froid modifie la trajectoiredes poissons (Hurtubise), sera traduit enespagnol et en catalan ce printemps, ainsi qu’enallemand et en italien à l’automne. Une adaptationcinématographique est même prévue au Québec.
LE LIBRAIRE CRAQUE!bande dessinéeENDURANCEIl y a un siècle, une course a mené à ladécouverte et à l'exploration de l'Antarctique.<strong>Le</strong> duo d'auteurs rend hommage à ces pionniers du froid que sont Amundsenet Ernest Shackleton dans une BD-reportage réaliste inspirée desjournaux et des écrits de ce dernier, mais aussi de photographiesprises à l'époque par le photographe de l'équipée. Certaines complètentd'ailleurs l'album sur cinq pages documentaires. <strong>Le</strong> traitementest fort réussi: assez classique, et les teintes dominantesfroides, pour représenter les éléments tels la neige, la glace etl’eau, alternent avec les scènes plus chaudes (scènes d'intérieurou londoniennes), donnant une monochromie assez séduisante.C’est à la fois une belle réussite et une intéressante page d'histoire.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurPascal Bertho et Marc-Antoine Boidin, Delcourt, 132 p., 29,95$LA VAGUE<strong>Le</strong> roman de Todd Strasser, dont est tiréecette BD, a été vendu à plus d’un milliond'exemplaires dans le monde. Un enseignant en histoire dans une école secondaireaméricaine (mais ce pourrait être n’importe où) présente un film sur la Shoah et lerégime nazi; des questions fusent sur les motifs qui ont poussé lepeuple allemand à accepter ce qui s’est passé. S’en suit une expérience,manigancée par le professeur, qui illustre la facilité d’embrigadementd’un groupe donné, en l’occurrence les étudiantseux-mêmes. Une intolérance certaine émerge, la violence n’est pasloin. <strong>Le</strong>s illustrations de la jeune Allemande Stefani Kampmann,en noir et blanc et tout en mouvement, se rapprochent parfois del’univers du manga. Troublant de réalisme.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurD’après le roman de Todd Strasser, illustré par Stefani Kampmann,Éditions Jean-Claude Gausewitch, 176 p., 35,50$FRÈRES D'ARMESBasés sur des faits réels, « Cachemire » et« Kerala », ces récits produits par deuxtandems d’auteurs, illustrent une même réalité: celle de ces jeunes qui sont happéspar le fondamentalisme musulman. La première histoire se situeau Cachemire, zone où les tensions avec les Hindous sont toujoursvives. <strong>Le</strong> traitement relève presque du photoreportage, avec unréalisme cru, accentué par des couleurs vives. Dans « Kerala », dontl’action se déroule lors de funérailles, le dessinateur opte pour descouleurs chaudes d’un bout à l’autre, avec cette dominance doréequi traduit bien la chaleur du pays. <strong>Le</strong>s deux histoires sont captivantes,en phase avec la réalité sociopolitique du sous-continentindien. Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurAhmed Naseer et Abdul Sultan P.P. (scénario), Singh Saurabh etPartha Sengupta (ill.), Casterman, 216 p., 36,95$MUM IS DEAD: AUTOBIOGRAPHYOF A MITROLL (T. 1)Vous savez, ces histoires qui commencentpar une révélation troublante sur un litde mort? Vous savez, ces récits derecherche d’un parent dont on ignorait l’existence? Vous savez, ces road movies àl’américaine? Vous savez, ces copains qui se découvrent à travers ces road movies?Vous savez... Comment? Vous bâillez déjà à l’idée d’une histoire quiréunit tous ces clichés? Eh bien, Mum mis dead, c’est tout ça!Moins l’ennui… plus le plaisir et la rigolade et le charme tendre.Bouzard réussit à nous faire gober un récit rocambolesque avecpeu de moyens: cases répétitives, dessins dont on ne sait jamaiss’ils sont le fait de maîtres ou de débutants. Mais l’efficacité est là,les savoureux moments de comédie aussi. Mené comme un brouillonvolontaire, un dérapage contrôlé, cet album demeure un desplus complets du point de vue narratif que j’ai lu depuislongtemps! Anne-Marie Genest PantouteGuillaume Bouzard, Dargaud, 48 p., 18,95$PARESSELorsque vous étiez au secondaire, avezvousdéjà souhaité voir votre écolebrûler? Vous arrive-t-il d’écouter, l’oreille au plancher, ce que racontent vos voisinsd’en bas? Ce sont justement ces petits moments de la vie quotidienne, parfois comiquesou gênants, que Pascal Girard met en scène dans Paresse. C’est un vrai plaisir de lecture,car on se reconnaît dans chaque situation. Particulièrement quand on a aussi un chatà la maison qui est toujours dans nos pattes et desvoisins pas toujours reposants! Avec cette bande dessinée,vous pouvez lire une page par jour pour faire durerle plaisir. Si, par contre, vous êtes un incorrigibledévoreur de BD comme moi et que vous avez terminéParesse après une heure de lecture assoiffée, vous vousexclamerez probablement: « À quand la suite? »Isabelle Prévost-Lamoureux La Maison de l’ÉducationPascal Girard, La Pastèque, 112 p., 14,95$UNE PIQUANTE PETITE BRUNETTE Cette belle édition des 400 coups nousfait découvrir (ou redécouvrir, pour certains)l’un des pionniers de la bande dessinée québécoise, Albert Chartier (1912-2004).Du créateur d’Onésime, on rencontre ici les piquantes petites brunettes (ou parfoisblondinettes) dans leurs mésaventures amoureuses et citadines, mais aussi dans leurshistoires de chasse et de pêche. C’est à travers les péripéties deKiki, Suzette, Elsinore et Suzy qu’on déterre les racines de labande dessinée d’ici, d’une riche simplicité et d’un humour finet toujours actuel. En plus des différentes versions des stripsde Chartier, on retrouve dans Une piquante petite brunetteplusieurs copies de lettres d’éditeurs, un résumé du parcoursdu bédéiste ainsi que les reproductions de dessins originauxde certaines bandes du recueil. À déguster sans hésitation!Aurélie Chagnon-Lafortune La Maison de l’ÉducationAlbert Chartier, <strong>Le</strong>s 400 coups, 224 p., 27,95$BLOTCH: ŒUVRES COMPLÈTES Il y a quelques années, dans les pages dumensuel de BD Fluide Glacial, letalentueux Blutch a changé l’orthographe de son nom pour créer un personnagedécapant de bêtise. Véritable échantillon d’une certaine France à l’époque de l’entredeux-guerres,cet album présente Blotch, qui est illustrateur dansun journal humoristique (du nom de Fluide Glacial), et se croit lafine fleur et le rempart de l’esprit français. Mondain, raciste, fat,méprisant l’esprit du Front populaire et se permettant même dese gausser d’un jeune illustrateur belge du nom de Georges Rémi,Blotch nous entraîne dans des aventures où il se fait prendre aupiège étroit de son caractère. <strong>Le</strong> dessin de Blutch illustre à merveillel’esprit de l’époque et donne tout son sens à ce petit voyagedans le temps. Christian Girard PantouteBlutch, Fluide Glacial, 104 p., 36,95$LOW MOON & AUTRES HISTOIRES On reconnaît une bande dessinée deJason au premier coup d’œil: des couleursen aplat, des cases égales et un goût prononcé pour le mutisme. Mais, plus que tout,ce sont ses personnages à têtes d’animaux qui le caractérisent, comme une brochetted’acteurs dont il s’entourerait à chaque tournage. L’analogie cinématographique estpeut-être un peu facile lorsqu’il s’agit du 9 e art, mais dans le casde Jason, elle est presque nécessaire. En effet, le dessinateur exploreles genres classiques du cinéma, du film noir au muet, duwestern à la science-fiction. Il serait ardu de déterminer s’il entreou non dans le genre tant il se joue des codes, tant le ton et lessituations sont indissociables de l’univers de celui qui les raconte.Une chose est sûre: on n’aura jamais ressenti autant d’émotion vibrerà travers des yeux aussi remarquablement vides que ceux deses personnages! Anne-Marie Genest PantouteJason, Carabas, 210 p., 34,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 67