Numéro 52 - Le libraire
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H ENRYT. AUBINENTREVUElittérature jeunesseÀ la recherche du grand pharaon noirSaviez-vous qu’au VIII e siècle avant Jésus-Christ, les pharaons quirégnaient sur l’Égypte entière, les premiers à avoir unifié les royaumesdu Sud et du Nord, avaient la peau noire? C’est la première surpriseque nous réserve le Montréalais Henry T. Aubin dans L’ascension ducobra d’or, un roman épique pour la jeunesse qui nous raconte leshauts faits de Piankhy, le fondateur de la 25 e dynastie.ParRémy CharestLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 60Cette grande aventure nous est narréedu point de vue de Nebi, un jeune domestiquedont le maître, Setka, est assassinépar un noble qui s’est rebellécontre l’autorité de Piankhy, alors roide Coush, au sud de l’Égypte. Parvenantà échapper aux assassins, Nebiinforme le roi de la trahison et de lamenace qui se profile pour détruire lastabilité et l’ordre du royaume. Rejoignantl’armée du roi, il prend part àune véritable épopée conduisant à l’unificationdu pays, au moment mêmeoù, à l’est, l’Assyrie affirme sa puissanceet cherche à dominer toute la région.Entre les scènes de combatsintenses et les réflexions sur la façondont un roi doit gouverner, L’ascensiondu cobra d’or ne manque ni d’enjeux nid’intrigues.Les descriptions des techniques desiège ou des mouvements de troupes enpleine bataille sont d’ailleurs d’une précisionexceptionnelle, retenant l’attentiondu lecteur au moins autant que laqualité des dialogues et des personnages.Comment Aubin est-il arrivé àrendre cette Égypte aussi vivante etréaliste? Grâce à des recherches approfondies,explique-t-il, mais surtout enremettant sans cesse son ouvrage surle métier. Pas moins de dix-neuf versionsdu roman ont vu le jour avant sapublication en anglais, il y a deux ans.On ne pourra pas lui reprocher de faireles choses à moitié.Noir sur blancMais où diable Henry T. Aubin a-t-il prisl’idée de raconter cette histoire restéeméconnue — et la motivation pour travailleret retravailler aussi longuementson récit? D’abord et avant tout dans savie familiale, en tant que fils aussi bienque père. En effet, cet Américaind’origine, diplômé de Harvard et ancienjournaliste du Washington Post devenuchroniqueur urbain dans The MontrealGazette, a adopté deux enfants avec sonépouse, dont un Noir.Le fait d’avoir ainsi un enfant « différent» rejoignait des sentiments quele jeune Henry avait lui-même éprouvés,alors qu’il habitait au New Jersey:« Ma mère était francophone. Et quandj’étais petit, j’avais honte d’êtrefrançais, d’être le gamin pas commeles autres de mon quartier. Mais plustard, quand j’ai lu la Chanson deRoland, et que j’ai trouvé des hérosfrançais, je me suis senti fier. Jevoulais que mon fils puisse avoir lamême chose. Alors j’ai cherché deshéros noirs, et je suis tombé sur la 25 edynastie des pharaons d’Égypte. C’estla seule dynastie égyptienne à proposde laquelle tout le monde s’entendpour dire qu’elle était noire. »Aubin a été pour le moins impressionnéde sa découverte: « Piankhy estconnu non seulement pour sesprouesses militaires, mais aussi pourses qualités philosophiques. De plus,il a stimulé l’émergence d’une véritablerenaissance artistique. Il estcomme le roi Arthur, en termeschevaleresques. Mais la différence,c’est qu’il a vraiment existé. »La véritable histoire de Piankhy, dontAubin dit s’être inspiré de très près,provient d’une grande pièce de granitL’ASCENSION DUCOBRA D’ORLa courte échelle,328 p. | 18,95$où est gravé un texte de quelque 5 000mots racontant les campagnes dupharaon: « C’est un des récits les pluscomplets du genre, pour toute l’Anti -quité. Aujourd’hui, on peut le trouversur Internet, mais dans les années 90,avant l’Internet, je l’avais trouvé dansune traduction de James HenryBreasted, un éminent égyptologue quifaisait autorité au début du XX e siècle.Un épouvantable raciste, aussi. »
Dans le roman, on s’étonnera peut-êtrede voir à quel point Piankhy semblemagnanime et sensible à la souffrancede ses ennemis. Un anachronisme venude nos sensibilités modernes? Pas dutout, selon Aubin: « Les Coushites nevoulaient vraiment pas se mettre lespopulations locales à dos. Piankhy,après avoir unifié les deux royaumes,est retourné à Coush et a remis au pouvoirles nobles qu’il venait de défaire.C’était en droite ligne avec sa philosophie.Pour des raisons pratiques et religieuses,il voulait que les gens soientjustes les uns envers les autres; si toutle monde se comporte respectueusement,il existe dans le royaume uneharmonie qui permet d’en éloigner lechaos. Et la force du chaos, c’étaientles Assyriens, à l’époque. C’étaient lesnazis du monde antique. »Une sainte allianceLa philosophie du roi de Coush étaitd’ailleurs proche de celle duDeutéronome, un « des livres fondateursdu judaïsme », poursuit Aubin.Qui se ressemble s’assemble? Toujoursest-il que Piankhy est égalementconnu, dans l’Ancien Testament,comme étant celui qui est venu à larescousse des Hébreux, menacés parune armée assyrienne. Et quoi que,dans le récit biblique, Jérusalem soitsauvée par un miracle divin, c’est bienl’armée égyptienne qui est mentionnée,juste avant le « miracle », commese dirigeant vers la ville sainte. Bref,conclut Aubin, c’est Piankhy qui aurasauvé ses alliés hébreux.De cette histoire biblique, Henry T. Aubina d’abord tiré un essai intitulé The Rescueof Jerusalem, dont la publication a précédél’écriture du roman. Un livre qui voulaitnotamment contredire la croyance selonlaquelle les communautés juive et noire sesont toujours affrontées, au fil des siècles.L’ascension du cobra d’or n’aborde toutefoispas Jérusalem. Pour cela, il faudra attendreles prochains tomes. Et quand arriveront-ils?« Dans deux ou trois ans, jecrois. C’est que j’ai un travail à tempsplein », répond Henry T. Aubin, semblants’excuser. La suite se déclinera donc endeux volumes, dont le point culminantsera la bataille de Jérusalem.Au terme de toute cette aventure,Piankhy sera-t-il toujours un hérospour son fils? « Je crois qu’il est unhéros pour tous ceux qui lisent son histoire,croit Henry T. Aubin. Grâce à saretenue, à son absence d’arrogance età sa volonté de protéger. »Les attributs d’un vrai leader. Uneespèce rare, il y a 3 000 ans commeaujourd’hui.Les Éditions du NoroîtNouveautés - Printemps 2009Poètes de Québec et d’ailleursVERSschmuggel,ReVERSible,RéVERSibleCollectif de poètesallemands, autrichiens,canadiens, suisseset québécois.Accompagné dedeux disques.Marylène BertrandOffrandes de la jouissancePaul BélangerRépitHugues CorriveauLe livre des absentsNormand deBellefeuilleMon nom(chronique de l’effroi 1)Charles Drouinne pas humecterNormand GénoisVa-nu-piedsClaude ParadisLe livre sur la table© Karine BernierMercedes RofféRapprochements de labouche du roitraduit par Nelly RofféJosé Luis RivasPays nataltraduit de l’espagnol parFrançois-Michel Durazzowww.lenoroit.comLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 61
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Dans le roman, on s’étonnera peut-êtrede voir à quel point Piankhy semblemagnanime et sensible à la souffrancede ses ennemis. Un anachronisme venude nos sensibilités modernes? Pas dutout, selon Aubin: « <strong>Le</strong>s Coushites nevoulaient vraiment pas se mettre lespopulations locales à dos. Piankhy,après avoir unifié les deux royaumes,est retourné à Coush et a remis au pouvoirles nobles qu’il venait de défaire.C’était en droite ligne avec sa philosophie.Pour des raisons pratiques et religieuses,il voulait que les gens soientjustes les uns envers les autres; si toutle monde se comporte respectueusement,il existe dans le royaume uneharmonie qui permet d’en éloigner lechaos. Et la force du chaos, c’étaientles Assyriens, à l’époque. C’étaient lesnazis du monde antique. »Une sainte allianceLa philosophie du roi de Coush étaitd’ailleurs proche de celle duDeutéronome, un « des livres fondateursdu judaïsme », poursuit Aubin.Qui se ressemble s’assemble? Toujoursest-il que Piankhy est égalementconnu, dans l’Ancien Testament,comme étant celui qui est venu à larescousse des Hébreux, menacés parune armée assyrienne. Et quoi que,dans le récit biblique, Jérusalem soitsauvée par un miracle divin, c’est bienl’armée égyptienne qui est mentionnée,juste avant le « miracle », commese dirigeant vers la ville sainte. Bref,conclut Aubin, c’est Piankhy qui aurasauvé ses alliés hébreux.De cette histoire biblique, Henry T. Aubina d’abord tiré un essai intitulé The Rescueof Jerusalem, dont la publication a précédél’écriture du roman. Un livre qui voulaitnotamment contredire la croyance selonlaquelle les communautés juive et noire sesont toujours affrontées, au fil des siècles.L’ascension du cobra d’or n’aborde toutefoispas Jérusalem. Pour cela, il faudra attendreles prochains tomes. Et quand arriveront-ils?« Dans deux ou trois ans, jecrois. C’est que j’ai un travail à tempsplein », répond Henry T. Aubin, semblants’excuser. La suite se déclinera donc endeux volumes, dont le point culminantsera la bataille de Jérusalem.Au terme de toute cette aventure,Piankhy sera-t-il toujours un hérospour son fils? « Je crois qu’il est unhéros pour tous ceux qui lisent son histoire,croit Henry T. Aubin. Grâce à saretenue, à son absence d’arrogance età sa volonté de protéger. »<strong>Le</strong>s attributs d’un vrai leader. Uneespèce rare, il y a 3 000 ans commeaujourd’hui.<strong>Le</strong>s Éditions du NoroîtNouveautés - Printemps 2009Poètes de Québec et d’ailleursVERSschmuggel,ReVERSible,RéVERSibleCollectif de poètesallemands, autrichiens,canadiens, suisseset québécois.Accompagné dedeux disques.Marylène BertrandOffrandes de la jouissancePaul BélangerRépitHugues Corriveau<strong>Le</strong> livre des absentsNormand deBellefeuilleMon nom(chronique de l’effroi 1)Charles Drouinne pas humecterNormand GénoisVa-nu-piedsClaude Paradis<strong>Le</strong> livre sur la table© Karine BernierMercedes RofféRapprochements de labouche du roitraduit par Nelly RofféJosé Luis RivasPays nataltraduit de l’espagnol parFrançois-Michel Durazzowww.lenoroit.comLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 61