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Numéro 52 - Le libraire

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I NDICESLA CHRONIQUE DE NORBERT SPEHNERpolicierNorbert Spehner estchroniqueur depolars, bibliographeet auteur deplusieurs ouvragessur le polar,le fantastique et lascience-fiction.Meurtres en série, jazz etfemmes fatales!LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 54Par essence, le polar est un genre littéraire conventionnel, avec des contraintesnarratives assez strictes (crime, enquête, résolution). Pourtant, en dépit de cescodes figés, certains écrivains talentueux n’en finissent pas de nous surprendre,comme en témoignent les quatre romans suivants.Avec Håkan Nesser, Jo Nesbrø, Arnaldur Indridason, Åke Edwardson et quelquesautres, l’écrivain norvégien Kjell Ola Dahl appartient à cette nouvelle vague d’auteursde polars scandinaves qui ont profité de la renommée d’Henning Mankellpour envahir les marchés francophone, allemandet nord-américain. <strong>Le</strong> quatrième homme,son troisième polar publié dans la collection« Série Noire », est aussi son meilleur! La situationinitiale est commune à bien des romansnoirs: au cours d’une affaire de routine, FrankFrolich, un inspecteur de police, rencontreElisabeth, une ravissante jeune femme dont iltombe éperdument amoureux. Devant le mutisme de la belle, qui cultive un certainmystère, il décide de l’espionner. C’est ainsi qu’il découvre qu’elle est la sœurde Johnny Faremo, une figure centrale de la pègre, et qu’elle entretient des rapportsintimes avec sa professeure de faculté. La situation se corse quand la bandede Johnny abat un vigile pendant une attaque à main armée. Au tribunal, Elisabethleur fournit un (faux) alibi avant de disparaître dans la nature. Rien ne va plus pourle malheureux policier au cœur brisé, dont la liaison fatale est étalée au grand jour.Il est mis à pied, ses collègues l’évitent et le commissaire Gunnarstranda lui-même,son fidèle ami, prend ses distances. Mais Frank est un type intègre et déterminéqui n’a rien de commun avec les épaves alcooliques, lâches et veules des récits deJames M. Cain ou de Jim Thompson. Au contraire... Bien décidé à laver sonhonneur et à faire toute la lumière sur les agissements d’Elisabeth, il se lance dansune quête personnelle riche en (mauvaises) surprises et en rebondissements!Exception faite des explications finales, toujours trop alambiquées dans la majoritédes polars, ce roman particulièrement bien ficelé est difficile à lâcher, avec un suspensesoutenu et des personnages qui ne nous laissent pas indifférents.COURIR APRÈSLE DIABLEDavid Fulmer,Rivages,3<strong>52</strong> p. | 39,95$LE QUATRIÈMEHOMMEKjell Ola Dahl,Gallimard,370 p. | 34,95$Changement d’époque et de décor avec Couriraprès le diable de David Fulmer, un excellent polarhistorique dont l’action se passe à Storyville, le RedLight de la Nouvelle-Orléans, en 1907. Un mystérieuxtueur en série assassine des prostituées.Considérant que ces crimes sont préjudiciables à labonne marche des affaires, Tom Anderson, le grandpatron de la pègre locale, charge Valentin St. Cyr, un détective mulâtre, de faire lalumière sur ces crimes. St. Cyr, dont la principale occupation est d’assumer la protectiondes bordels, fait une découverte troublante: son ami Charles « Buddy »Bolden a été aperçu sur les lieux de chacun des crimes. Musicien renommé, considérépar d’aucuns comme l’un des pères fondateurs de la musique jazz, le cornettisteBolden affiche à partir de 1907 un comportement erratique, sombre dansdes accès de violence spectaculaires et se comporte de plus en plus comme unindividu dangereux et irresponsable: il est le suspect idéal. Mais le détective necroit pas à la culpabilité de son meilleur ami. Sur fond de blues et de jazz, DavidFulmer excelle à dépeindre l’ambiance exotique de la Nouvelle-Orléans avec sesquartiers chauds (dans lesquels se déroulent certaines pratiques étranges qui noussont révélées!), ses musiciens et le vaudou, omniprésent. Ce roman est le premierd’une trilogie consacrée au détective Valentin St. Cyr, un personnage haut encouleur que l’on a hâte de retrouver dans de nouvelles aventures.Avec Peter Robinson, Eric Wright, Joy Fielding, John Farrow et quelques raresautres, Giles Blunt appartient au club très sélect et restreint des meilleurs écrivainsde polars canadiens-anglais traduits en français. Quand tu liras ces mots est le quatrièmeopus de la série mettant en vedette l’inspecteur John Cardinal et Lise Delorme,de la police d’Algonquin Bay, un bled perdu de l’Ontario. L’histoirecommence par une scène éprouvante, choquante: Catherine, la femme maniacodépressivede Cardinal, s’est jetée du toit d’un immeuble de neuf étages. Pourtant,rien ne laissait présager un tel drame puisque ce soir-là, elle était de trèsbonne humeur et projetait de faire quelques photos. La police est formelle: c’estun suicide. D’ailleurs, Catherine a laissé une lettre sans équivoque... Pendant quesa collègue Delorme enquête sur une affaire de pédophilie, Cardinalcontinue à nier l’évidence et s’accroche obstinément à l’idée queCatherine ne s’est pas enlevé la vie. À force de fouiller et d’interrogerdes témoins, il va découvrir d’autres cas de suicides louches.Il n’en faut pas plus pour que son instinct de limier prenne le dessus,et le voilà parti en chasse. Plus noir, plus tragique que ses romansprécédents, ce polar de Blunt, émouvant et lyrique, se litQUAND TU LIRASCES MOTSGiles Blunt,Du Masque,432 p. | 29,95$néanmoins comme un thriller, sans temps morts nilongueurs.Même si son éditeur français s’obstine à le faire passer pourun auteur britannique, Peter Robinson, un ancien présidentde Crime Writers of Canada* qui vit à Toronto, est une autrevedette du polar canadien. L’amie du diable est le dix-septième roman de la sériemettant en vedette l’inspecteur Alan Banks, de la police d’Eastvale. Une fois deplus, Robinson nous propose une double intrigue: alors que sa collègue AnnieCabot enquête sur le meurtre d’une paraplégique égorgée au scalpel, Banks sedémène avec le cas complexe d’une étudiante violée et étranglée à la sortie d’unpub. Maître du double jeu, Robinson nous entraîne dans une histoire oppressantequi plonge ses racines dans l’affaire des meurtres en série racontée dans Beaumonstre: l’infirme assassinée était l’épouse du tueur. La justice n’avait jamais réussià prouver sa participation dans les assassinats atroces commis parson mari. Elle avait de nombreux ennemis, dont plusieurssouhaitaient sa mort. Alan Banks est un de cespersonnages qu’on a beaucoup de plaisir àretrouver roman après roman. Grand amateurde musique, ni alcoolique ni dépressif, moinstourmenté que certains de ses collègues, Banksest un flic sympathique, intelligent et sensible.L’AMIE DU DIABLEPeter Robinson,Albin Michel,410 p. | 29,95$Seul polar de cette liste, L’amie du diable a été sélectionné parmi les 100 meilleurslivres canadiens de 2007 par les critiques littéraires du Globe and Mail. Excellent!* Regroupement d’auteurs de romans policiers et de professionnels canadiens (éditeurs, <strong>libraire</strong>s, etc.)voué a la promotion du genre à l’échelle nationale et internationale (www.crimewriterscanada.com).

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