12.07.2015 Views

Numéro 52 - Le libraire

Numéro 52 - Le libraire

Numéro 52 - Le libraire

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ENTREVUEpolicieraux troussesLE LIBRAIRE CRAQUE!policierUN CHIEN DE MA CHIENNEAu cours d’une fête donnée dans unemanufacture désaffectée de Montréal,François aperçoit une jeune femme à la beauté fulgurante dévaler l’escalier de secours.Il la voit, il la veut. « Mené par le bout de sa queue », il la talonne jusqu’à Sherbrooke,où il apprend que la belle serait peut-être mêlée au crime organisé.Parce qu’il s’en est amouraché, François le traqueur est à son tourpoursuivi, engagé malgré lui dans une course folle impliquant desarmes, de la drogue, des billets verts, un cadavre et une passion torride.Mandalian signe, avec Un chien de ma chienne, un premier romantémoignant d’un talent certain, un polar au rythme effréné dont lelangage cru et les phrases brèves recèlent quelques étonnantes tournurespoétiques. Comme autant de lueurs matinales dans ce chassécroiséde noctambules. François Martin Clément MorinMandalian, Coups de tête, 112 p., 10,95$lumé comme un phare au cœur de l’obscurité et ses routes longeant des boisopaques, avec la mélancolie du jazz pour seule musique. Poésie des images,poésie des symboles aussi, quand Bob Richard, dont Michaud a fait un albinosmarqué par le destin, trouve sur sa route un immense chevreuil au pelage miraculeusementblanc, inspiré par un chevreuil albinos qui hantait les environs dupetit village de Saint-Sébastien, dans les Cantons-de-l’Est, où elle est née.De la nuit profonde de Solitary Mountain jaillira aussi Lazy, une adolescente perturbéeà laquelle Bob Richard finira par s’attacher plus que de raison. Avec sonéternelle chique de Bazooka, ses ongles noirs et sa drôle de façon de marcher,un bras battant la mesure comme un balancier pendant que l’autre reste toutraide, ce personnage de jeune fille entièrement nouveau dans son œuvres’est fortement imposé à l’imaginaire de l’écrivaine: « Cette petite bonne femmelàest apparue un jour dans ma tête et j’ai tout de suite vu son potentiel. Je m’ysuis énormément attachée. J’aurais bien aimé la ramener dans un autre de meslivres. Mais la logique du roman me menait ailleurs. »Curieuse chose que l’écriture, alors que le romancier ne semble pas toujoursmener le bal, du moins pas de façon consciente, et que les éléments du romansurgissent comme les pièces d’un puzzle quelque part dans son inconscient. Uneville entrevue en voyage ou un animal surgi du passé peuvent ainsi longtempshanter son imaginaire avant qu’Andrée A. Michaud ne se décide à les utiliser,mais sans jamais savoir exactement où tout ça va la mener: « La logique romanesqueva au-delà de notre propre volonté. Quand on s’engage dans une voieX, il y a parfois des choses qui ne relèvent pas de la décision: le texte nous forceà prendre une direction. Dans le cas du destin de Lazy, ç’a été déchirant. Maisil y a aussi des moments miraculeux où on a l’impression qu’on ne va nulle part,et tout à coup, les éléments semblent se mettre en place d’eux-mêmes, l’horizons’éclaire, et finalement, on se rend compte que, oui, un chemin allait s’ouvrir. Etqu’on allait bien quelque part. »LAZY BIRDQuébec Amérique,424 p. | 26,95$LE CLUB DES POLICIERS YIDDISH Israël a fermé ses portes en 1948, peu detemps après sa fondation. On a déplacéle peuple juif dans la ville de Sitka, en Alaska, où ils sont aujourd’hui 2 millions quivivent en yiddish. Mais qu’est-ce que je raconte? Je raconte les prémices du nouveauroman de Michael Chabon. Malgré ses allures d’uchronie (un genrede la science-fiction où l’on revisite l’Histoire), <strong>Le</strong> club des policiersyiddish est bel et bien un polar. Un véritable roman noir où l’on reconnaîtla silhouette d’une version kasher de Raymond Chandler. C’estsurtout un livre d’une force littéraire incroyable avec ses images saisissantes,sa tranquille ironie où pointe toujours une tendresse irréductibleenvers le genre humain. Si vous pouvez encaisser la miseen situation incroyable, presque surréaliste, vous entrerez dans ungrand livre! Stéphane Picher PantouteMichael Chabon, Robert Laffont, 486 p., 34,95$RUE DES MENSONGESJamie considère sa vie sans intérêt: ellen’aime pas son travail, elle a peu d’amiset rien de palpitant ne se passe. Un soir, elle rencontre Brad, un homme charmant,drôle et attentionné qui, après quelques soirs de fréquentations, lui propose une escapadeen Ohio pour visiter son fils. Elle accepte avec bonne humeur.Enfin de l’imprévu dans sa vie! Mais au cours du trajet, le vraicaractère de Brad se manifeste: il se révèle être un homme violent.La route sera longue et pleine de surprises jusqu’à Mad River Road.Au fait, le fils existe-t-il vraiment? Que vont-ils faire au juste enOhio? Ces questions et bien d’autres trouveront leurs réponses, maisen attendant, elles correspondent à des taloches bien senties. Bienécrit, ce récit nous tient en haleine et nous bouleverse.Lina <strong>Le</strong>ssard <strong>Le</strong>s BouquinistesJoy Fielding, Robert Laffont, 336 p., 26,95$L’HEURE TROUBLEC’est avec curiosité, mais sans grandes attentes,que j’ai abordé L’heure trouble, récipiendairedu Prix du meilleur roman policier suédois en 2007. La quatrième decouverture laissait présager un roman psychologique plutôt lent: en compagnie de safille, un grand-père relance une enquête sur la disparition de sonpetit-fils survenue vingt ans plus tôt, question de faire définitivementson deuil. Mais au bout de quelques pages, j’étais accroché.Une sombre histoire se déploie dans une atmosphère à couper aucouteau et sans temps morts. Theorin joue sur deux époques avecbrio. On y suit, au passé, la transformation du supposé ravisseur entueur, tandis que l’enquête et ses répercussions se déroulent auprésent. <strong>Le</strong>s personnages et leurs motivations sont décrits en finesseet l’intrigue est sans faille. Un premier roman envoûtant.Denis <strong>Le</strong>Brun le <strong>libraire</strong>Johan Theorin, Albin Michel, 432 p., 29,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 49

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!