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Numéro 52 - Le libraire

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<strong>Le</strong> livre québécoisdans la mire des FrançaisLa France s’intéresse-t-elle à nos auteurset quelle perception en a-t-elle?<strong>Le</strong>s Québécois souffrent-ils réellementd’un certain protectionnismefrançais? En interrogeant plusieursgrands éditeurs français, nous avonsremarqué qu’ils connaissent peu lesauteurs et les éditeurs québécoisactuels. En revanche, les éditeurs indépendantsconsidérés comme moinsimportants semblent voir d’un bon œilnotre paysage littéraire.<strong>Le</strong> Québec représente sans contredit un marché intéressantpour les Français. Michel Lafon fait partiedes rares éditeurs français qui s’intéressent de prèsà notre littérature. Il fréquente le Québec depuistrente ans et mise autant sur la vente des auteursquébécois en France que sur celle des auteursfrançais au Québec. Il a ouvert un bureau à Montréalpour distribuer ses livres et, en quatre ans, sonchiffre d’affaires au Québec est passé de 500 000$à 3M$. « Il y a des valeurs sûres au Québec »,avance celui qui a acheté les droits des séries« Amos d’Aragon » de Bryan Perro et « <strong>Le</strong>s Chevaliersd’Émeraude » d’AnneRobillard, ainsi qu’Unpetit pas pour l’hommede Stéphane Dompierre.Michel Lafon a aussipu blié, sans passer par leQuébec, Vous qui croyez« L’image de la littératurequébécoise n’est plus liée àun terroir ou à un folklore. »Pierre Garnierme posséder du MontréalaisDenys Richard, quia connu un très bon succèsen Europe. Fait intéressant,les « Chevaliers d’Émeraude » n’avaient reçu qu’unmodeste accueil en France jusqu’à ce que MichelLafon fasse redessiner la couverture par Patrice Garcia,très connu là-bas, organise une tournée nationalepour l’auteure et boucle des entrevues avecles médias. <strong>Le</strong> résultat est révélateur: cinq des livresd’Anne Robillard sont passés dans les dix meilleuresventes en France (860 000 exemplaires). « La Francea besoin d’une grosse machine promotionnellepour vendre un livre », explique l’éditeur, qui necache pas avoir investi plus de 300 000$ pourAnne Robillard!La spécificité québécoiseÀ la question de savoir s’il y a dans notre littératuredes traits spécifiques qui attirent les éditeursfrançais, plusieurs répondent qu’ils ne choisissentpas un livre pour son origine géographique, maispour la qualité du texte, de l’écri ture. Ils reconnaissenttoutefois dans notre littératuredes traits originaux, une sensibilitéqui nous est propre. Michel Lafonparle d’une « bouffée de pureté »:« Il y a une fraîcheur très nordaméricainedans la littératurequébécoise. Vous dites des chosesqu’on n’ose pas dire en France »,qualifiant Stéphane Dompierre de« révolutionnaire ».« Ce qui plaît chez les Québécois,Hélène Derome, c’est la sincérité et la qualité deLa courte échellel’écriture », affirme Alain Carrière,éditeur chez Anne Carrière, maisaussi ancien éditeur chez Robert Laffont. Aux yeuxde Bertrand Visage, du Seuil, notre littérature est indéniablementnord-américaine par le mode de viequ’elle met en scène et son rapport à la sexualité.Celui qui a publié Nelly Arcan affirme que « les auteursquébécois sont des écrivains à fleur de peauet à cœur ouvert ». Il oppose notre émotivité, notresensibilité, à la cérébralité française. Même chezGaétan Soucy, qu’il qualifie d’« extrêmementatypique », il trouve « quelque chose de québécois,d’irrationnel, proche du conte, difficile à transmettredans la cérébralité française ».« Souvent, on ne peut pas dire queles auteurs sont québécois, penseHéloïse d’Ormesson. Ils ne sontpas très éloignés des référencesfrançaises, mais il y a un écartqui séduit les Français ». <strong>Le</strong>scarnets de Douglas de ChristineEddie est selon elle représentatif,car « l’auteure est à la fois universelle,francophone et québécoise ». Toujours d’aprèsl’éditrice, notre langue attire les Françaisparce qu’elle est « une musique familière, mais aussisingulière et originale. <strong>Le</strong> charme du connu etde l’inconnu ».Plusieurs éditeursfrançais disent re -cher cher des auteursouverts sur le monde,universels. ManuelCarcassonne, direc -teur littéraire chezGrasset, remarquequ’après une périodede la littératurequébécoise très blan -che, nous avonsdésormais une littératuremétissée. Notre©RollerManuel Carcassonne, GrassetQuelques livresquébécois publiésen France*Nelly ArcanPutain(Seuil, 2001;Points, 2002)À ciel ouvert(Seuil, 2007)Jean BarbeComment devenirun ange(<strong>Le</strong>méac/Actes Sud,2007)François BarceloCadavres(Gallimard, 1998;Folio, 2002)Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay(Fayard, 2007)Denise BombardierUne enfanceà l’eau bénite(Seuil/Points, 1990)Edna, Irma et Gloria(Albin Michel, 2007 )Chrystine BrouilletMarie Laflamme(Lacombe/Denoël, 1990;t. 2, 1992 ; t. 3, 1994)<strong>Le</strong>s Quatre Saisonsde Violetta(Denoël, 2002)Gil CourtemancheUn dimancheà la piscine à Kigali(Folio, 2005)Nicolas DicknerNikolski(Denoël, 2007)LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 39

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