français. Il n’en fallait pas moins pourque l’essai fasse un tabac et qu’ils’écoule à plus de 40 000 exemplaires.Selon Pascal Assathiany, qui connaîtbien les deux marchés pour avoirvécu en France avant de devenirdirecteur littéraire chez Boréal, leproblème est d’ordre culturel et commercial.Ainsi, la langue québécoise ades tonalités différentes, et notremarché répond aussi à des règles différentes.On a beau dire que notrelangue doit garder sa couleur, certainsde nos mots sont tout simplement inconnusdes Français. Pierre Bourdon,directeur des Éditions de l’Homme, abonde dans lemême sens : « Nos livres ne sont pas adaptés pour laFrance, comme c’est le cas pour les livres étrangers 1 . »Ainsi, les ouvrages canadiens-anglais réussissent souventmieux, parce que les traductions correspondent àla réalité, linguistique en particulier, des lecteursfrançais. « Il faut adapter les livres pour leur marché »,explique Louise Loiselle, directrice de FlammarionQuébec. À la di Stasio, le best-seller de Josée di Stasio,a ainsi été réintitulé Si simple, si bon pour l’édition impriméepar la maison© Hermance TriayBertrand Visage, <strong>Le</strong> Seuilmère, Flammarion.Hélène Derome, directricede La courteéchelle, perçoitégalement la France comme un marchéétranger, et non comme un voisin familier.« Il est faux de croire que la France estnotre marché d’exportation naturel grâceà la langue », ajoute Pierre Bourdon.Selon lui, en effet, les Québécois sontbeaucoup plus proches de la réalité duCanada anglais.Pourtant, l’Association pour l’exportationdu livre canadien confirme que, parmi lesventes de titres québécois réalisées enFrance en 2006 et qui totalisent environ10,5M$, 8 M$ sont attribuables aux publicationsvendues telles quelles, contreenviron 1M$ à la cession de droits et 1M$aux auteurs étrangers. Comme quoi le livre québécois sevend tout de même bien dans sa version originale!Louise Loiselle,Flammarion Québec<strong>Le</strong>s bons vendeurs québécoisComment déterminer qu’un livre possède le potentielpour séduire la France? Louise Loiselle possède unelongue expérience, ayant travaillé quatorze ans chezStanké avant de fonder les éditions Flammarion Québecen 1998, qui publient une vingtaine de titres par année.« On est tous à la recherche du moule, mais c’est dansl’originalité que ça marche, dans les approches qui sedistinguent. <strong>Le</strong>s formules gagnantes s’essoufflent. Deplus, les réussites sont basées sur la confiance et lorsqueles gens changent de poste, ilfaut tout reprendre à zéro. »« <strong>Le</strong>s ententes entre Boréal et <strong>Le</strong>Seuil sont basées sur des rapportshumains, une confiance littéraire etune complicité de longue date. »Bertrand VisageIl y a aussi des chassesgardées dans le milieu dulivre français. Il est difficilede rivaliser avecLarousse dans ledomaine des dictionnaires,par exemple.Pourtant, QuébecAmérique a réussi à imposerson Dictionnaire visuel. Il s’agit souvent de trouverune nouvelle approche, de combler un manque. SelonPascal Assathiany, du Boréal, l’édition nord-américaine(ce qui inclut bien sûr le Québec) est à l’avant-garde dulivre pratique.<strong>Le</strong>s Éditions de l’Homme, qui cumulent de très bonnesventes en France, y ont ouvert un bureau et élaboré uncatalogue international, spécialisé dans les sciences humaines,« un genre qui répond aux besoins du marchéfrançais, explique Pierre Bourdon, vice-président à l’édition.Nous amenons desauteurs québécois enFrance et des auteursfrançais au Québec ».©Martine DoyonLouis-Frédéric Gaudet,de Lux Éditeur, a aussiconquis un milieu spécifique,celui du livrepolitique. « Lux se positionneà mi-cheminentre les traditions universitairesfrançaise etanglo-saxonne », expliquel’éditeur, qui croit Pascal Assathiany, Boréalque cette « pensée hybride» répond au besoin de renouvellement d’uneFrance intellectuellement sclérosée. Isabelle Gagnonconfirme, elle, que les meilleurs vendeurs en Francesont les livres pratiques et de sciences humaines.« Nous avons une bonne réputation parce que noussommes moins théoriques que les Français, quiont souvent la manie de tout intellectualiser », indiquet-elle.Notre approche plus pragmatique constituemanifestement un atout. À preuve, Librex vend trèsbien La santé par le plaisir de bien manger, des Dr.Béliveau et Gingras, repris là-bas par Solar. FlammarionQuébec a pour sa part vendu à J’ai lu <strong>Le</strong>s secrets de lavitalité de Nicole Gratton et Guérir sans guerre deJohanne <strong>Le</strong>doux. Quant aux « bons vendeurs en FranceNORA ATALLAROBERT GENESTLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 36ROMAN – 120 PAGES – 19,95 $ROMAN –190 PAGES – 24,95 $ ROMAN –180 PAGES – 24,95 $ RÉCITBIOGRAPHIQUE – 504 PAGES – 29,95 $LES ÉDITIONS GID – Tél. : 418 877-3110 – editions@gidweb.com – leseditionsgid.comRAYMOND BREAULISE VEKEMAN
de Bayard Canada, révèle Gilda Routy,directrice générale, [ce] sont deslivres de croissance personnelle etde religion. »© Nancy <strong>Le</strong>ssardPierre Bourdon,Éditions de l’HommeHélène Derome, deLa courte échelle,affirme que noussommes égalementà l’avant-garde duroman adolescent.« On y aborde desthèmes contemporainsde façon plus directe,explique-t-elle. [<strong>Le</strong>s jeunes]ont besoin de cegenre de littérature. »Ce ton parfois cru peut, en revanche, rebuter certainslecteurs habitués à une vision plus conservatrice de lalittérature jeunesse.Précisons aussi que depuis « HarryPotter », la fantasy et le fantastique se sont acquis unpublic, adolescent et adulte, des plus fervents. Dans cedomaine, les Éditions de Mortagne ont vendu les droitsde la série « <strong>Le</strong>s chevaliers d’Émeraude » d’AnneRobillard aux éditions Michel Lafon. Même scénarioavec la saga « Amos d’Aragon » de Bryan Perro.Isabelle Gagnon, faisant référence aux livres duQuartanier, de La Pastèque, d’Héliotrope et duMarchand de feuilles, remarque depuis dix ans unenette amélioration de l’édition québécoise, plus exportableet de meilleure qualité. Elle confirmecependant que la visibilitédans les médiascompte pour beaucoupdans le succèsd’un livre. En témoignela percée fulgurantedans salibrairie du Petit coursd’autodéfense intellectuellede NormandBaillargeon. Selon CaroleBoutin, directricedes droits dérivéschez Groupe Librex,Raphaëlle Germain Philippe Garnier, Denoël(Soutien-gorge roseet veston noir) est l’exemple d’uneauteure qui s’exporte bien parce qu’elle est à l’aiseavec les médias. Gin tonic et concombre, sondeuxième roman publié chez Libre Expression, vientd’ailleurs d’être acheté par les Presses de la Cité.« Il est faux de croire quela France est notre marchéd’exportation naturel. »Pierre Bourdon<strong>Le</strong> succès des livresquébécois en Franceest une histoire de« cas par cas », selonPascal Assathiany:« <strong>Le</strong> succès à l’étran -ger passe par la sensibi lité littérairede deux personnes, la rencontre de deux subjectivités.<strong>Le</strong>s éditeurs n’ont pas tous le même goût. » Ainsi, siMarie-Sissi Labrèche est publiée en Allemagne, c’estparce que quelqu’un a aimé ses livres. Sa popularité auQuébec n’y est pour rien.L’image du QuébecDans les années 1960-1970, Réjean Ducharme, AnneHébert, Michel Tremblay et Antonine Maillet 2 ontséduit la France, mais depuis, l’image du Québec s’esttransformée. Selon Lise Bergevin, directrice chez <strong>Le</strong>méac,notre littérature est moins folklorisée aujourd’hui, ce quicontribue à notre succès.Philippe Garnier, éditeurchez Denoël, penseaussi que « l’image de lalittérature québécoisen’est plus liée à un terroirou à un folklore ».AvecUndimanche à la piscine àKigali, Gil Courtemanchea par exemplepermis de jeter un nouveléclairage sur leRwanda, un regardNicole Saint-Jean,détaché du sentimentde culpabilitéGuy Saint-Jean Éditeurressenti par les Français. Ce roman, d’une qualité hors ducommun selon l’éditeur, est loin de notre folklore.Pour d’autres, nous sommes moins séduisants dufait que nous sommes moins exotiques. « Nousavons tous les inconvénients d’une littératureétrangère pour la France, pense Pascal Assathiany.Nous n’avons ni le réseau pour appuyer le livre, nila reconnaissance de départ des auteurs français, nile prestige “exotique” d’une littérature étrangère. »Il est en effet souvent plus facile de faire traduire unlivre en Italie ou en Europe centrale que de lecoéditer en France, soutient l’éditeur. « <strong>Le</strong> Québecest malheureusement moins exotique que l’Afriqueou les Antilles, renchérit Bertrand Visage, directeurlittéraire du Seuil. Vous êtes des étrangers, maisaussi nos cousins germains. » Ainsi, la littératurequébécoise est familière, mais pas totalement assimilable.Françoise Nyssen, présidente d’Actes Sud,n’est pas d’accord avec l’idée que les Québécoissouffrent de leur manque d’exotisme. Selon elle,« un livre de qualité passera, peu importe sonorigine. Mais il faut bien le travailler ».978-2-92316 5-53-0136 pages 19 $978-2-923165-46-2160 pages 25 $978-2-923165-47-9216 pages 24 $N OUVEAUTÉSANAÏS AIRELLEPourquoij’meurs toutl’tempsRécitC’est l’histoire d’une fille quia mal démarré. Dévorée dequestions et de révoltes, ellepart sur les routes. Ce récitd’une itinérance, vécue de l’intérieur,nous parle d’une réalitétrop souvent occultée etnous explose en plein coeur.PIERREMOUTERDEPour unephilosophie del’action et del’émancipationPouvons-nous encore philosopheraujourd’hui? PierreMouterde nous propose departir des fondements de notretradition philosophique pourpenser notre action politique.Lancement au Café Babylone à Québec le16 avril à 17h30. 181, rue Saint -Vallier Est.Collection ActuelsPAUL ARIÈSDésobéir etgrandirVers une société dedécroissancePréface de Serge MongeauQuand 20% des humains s’approprient86% des ressourcesdisponibles sur Terre, parler dedécroissance devient une nécessité.Paul Ariès nous montrecomment nos sociétés doiventréapprendre le sens des limites.SALON DU LIVRE DE QUÉBECSTAND 9 PASSEZ NOUS VOIR!RENCONTRE D’AUTEURJeudi 16 à 15 h 30, entretien de Pierre Mouterdeavec Laurent Laplante, scène médias.PRÉSENCE D’AUTEURS :PIERRE M OUTERDE ET SERGE M ONGEAUw w w .ecosociet e.orghttp://slapp.ecosociete.org/LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 37