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Numéro 52 - Le libraire

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Brigitte Bouchard, <strong>Le</strong>s Allusifspas besoin de nous, en somme.Arnaud Foulon, directeur généraldes éditions Hurtubise, indique que l’ampleur dumarché provoque une concurrence féroce et des coûtsde promotion exorbitants. <strong>Le</strong>s moyens à déployer pourpercer en France sont souvent démesurés pour les éditeursquébécois. Pour eux, il faut « accompagner » lelivre, établir un contact direct avec les éditeurs français,mais aussi avec les <strong>libraire</strong>s et les journalistes.Brigitte Bouchard a donc décidé, aprèsquelques années de vaches maigres,de mandater une attachée de presseen France: « Ça prend une antenne làbas,parce qu’on est sollicités tous lesjours. Pour être remarqué, il faut jouerdans la cour des grands. Si tu n’as pasles moyens de ton adversaire, tu asjuste ta volonté, tes convictions. »Guy Saint-Jean Éditeur a aussiembauché une attachée de presse enFrance au début des années 1990.Son salaire? 5 000$ par ouvrage! <strong>Le</strong>séditions Modus Vivendi, qui publienténormément de livres pratiques enFrance, nous apprend Isabelle Jodoin,directrice commerciale, ont aussi une équipe de diffusionsur place. Mais faute de pouvoir se payer unattaché de presse en France, plusieurs éditeursquébécois optent pour des partenariats avec leséditeurs français.© Marc MelkiFrançoise Nyssen, Actes Sud« Même si les Français aiment unlivre, ils peuvent détester le suivant ettout est à recommencer. »Brigitte Bouchard<strong>Le</strong>s différents partenariatsLa coédition est, en théorie, l’entente la plus intéressantepour les éditeurs. Il s’agit d’un vrai partage desrisques. Dans le cas d’unecoproduction, le nomdes deux parties seretrouve sur la couverture.Michel Tremblay,Antonine Maillet et AkiShimazaki font partiedes rares auteurs quibénéficient de cetteentente entre <strong>Le</strong>méacet Actes Sud, établie il ya vingt-cinq ans. « <strong>Le</strong>partenariat s’est faitaprès des expériencesde distribution décevantesen France », expliqueLise Bergevin, directricegénérale chez<strong>Le</strong>méac. Un mêmelivre distribué enFrance sous l’étiquette<strong>Le</strong>méac sevend mieux, en effet, une foisédité chez Actes Sud, car d’après elle « le publicaccorde une crédibilité à un éditeur ».Quant à Françoise Nyssen, présidented’Actes Sud, cette dernière croit que lacoédition permet une plus grande pénétrationdu marché, une diffusion plus large etéclairée dans un sens comme dans l’autre.<strong>Le</strong>s éditions du Boréal, elles, coéditent L’étatdu monde avec La Découverte, mais fontsurtout affaire avec <strong>Le</strong> Seuil. À la suite dusuccès de La petite fille quiaimait trop les allumettes,Gaétan Soucy s’est vu proposerune coédition par la© Pierre Bergevinmaison de la rue Jacob, àParis. « <strong>Le</strong>s ententes entreBoréal et <strong>Le</strong> Seuil sont baséessur des rapports humains, uneconfiance littéraire et une complicitéde longue date », explique BertrandVisage, romancier mais aussi directeurlittéraire du Seuil.La majeure partie du temps, la coéditionproduira deux livres, avec deux étiquettes,et chaque éditeur gardera lemonopole de la distribution sur son territoire. LucRoberge pense qu’on « laisse croire aux auteurs quele livre va se vendre en France, mais souvent, il n’estmême pas disponible. Dans les faits, ce sont lesFrançais qui accaparent le marché québécois ».Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint de LivresHebdo, un magazine professionnel hebdomadairefrançais publié par Électre, explique que « les éditeursfrançais refusent souvent de partager lemarché, car ils ne veulent pas céder la distributionsur le sol québécois ».Lise Bergevin, <strong>Le</strong>méac<strong>Le</strong>s politiques de la coédition commandent pourtantque l’éditeur distribue le livre sous sa marque, sur sonterritoire. La résistance des éditeurs français découragecertains de leurs homologues québécois, qui optentpour la cession de droits. Cela permet à nos auteurs debénéficier de la visibilité des grandes maisons d’éditionfrançaises, qui occupent un espace privilégié dans leslibrairies, mais aussi de réduire leurs coûts de transport.Isabelle Gagnon, directrice de la Librairie du Québec àParis et de Distribution du Nouveau Monde (DNM), déploreque dès qu’un livre québécois a un potentiel devente en France, les droits sont vendus à un éditeurfrançais. D’après elle, cela fait diminuer les ventes pourl’édition québécoise.<strong>Le</strong>s Français n’étant fréquemment pas intéressés, lacession de droits demeure une entreprise difficile pourles éditeurs québécois, qui peuvent néanmoins diffusereux-mêmes un livre par l’intermédiaire d’un distributeurfrançais. <strong>Le</strong> Groupe Librex, par exemple, est distribuépar Interforum. Boréal estdistribué par Volumen, à l’instarde Guy Saint-Jean Éditeur.Ces distributeurs, qui ont unservice de presse gèrant l’envoid’exemplaires aux journalistes etqui disposent de bons moyensde promotion, n’auront pourtantjamais l’autorité d’unegrande maison française.Isabelle Gagnon, La librairiedu Québec à Paris<strong>Le</strong>s entravesà l’exportationD’après la plupart des professionnelsconsultés, le principalobstacle à l’exportation du livrequébécois en France est la diffusion, qui exige desmoyens de plus en plus importants à cause des fusionsd’éditeurs, notamment, qui remodèlent l’échiquier.« L’édition devient une machine économique dirigéepar de grands financiers, qui sont plus prudents, estimeHélène Derome, directrice littéraire à La courte échelle.<strong>Le</strong>s préoccupations commerciales sont plus présentesqu’auparavant. <strong>Le</strong>s grands groupes veulent desbest-sellers à tout prix et achètent de plus en plusde livres anglo-saxons,des valeurs considéréescomme sûres. »DNM offre aux éditeursquébécois, par l’intermédiairede la Librairiedu Québec à Paris, unmoyen de rendredisponibles leurs ouvragesen France, maisne peut cependant pasen faire la promotion. «Pour vendre des livres,il faut passer par les Arnaud Foulon, Hurtubisemédias et ce n’est pasfacile », explique Isabelle Gagnon, qui se désole du peud’auteurs de chez nous qui jouissent d’une couverturemédiatique. À cet égard, Normand Baillargeon a réussiun exploit en France grâce à une réception critiqueexemplaire. Son Petit cours d’autodéfense intellectuelle(Lux Éditeur) a été remarqué par le Monde diplomatiqueet Daniel Mermet, une star du journalisme

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