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Numéro 52 - Le libraire

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S TÉPHANED OMPIERREENTREVUElittérature québécoiseDes vertus libératricesdu massacreLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 18Stéphane Dompierre a accouché d’un monstre et il jubile, fort d’unsentiment de libération. Ce monstre, c’est le sanguinaire, le tranchant(littéralement), l’imprévisible, l’impayable et l’érudit pirate Morlante,héros étrange aussi violent qu’introspectif, qui anime sans mêmereprendre sa respiration le petit roman qui porte son nom.Morlante se lit d’un trait: c’est une mineexplosive d’action et d’humour que voustrouverez sous le pavillon Coups de tête,la maison d’édition de Michel Vézina.C’est d’ailleurs pour répondre à la demandede ce dernier que Stéphane Dompierrea donné le jour à Morlante, brodantautour d’un thème qui lui trottait dans latête depuis un moment.Dans la cale d’un bateau anglais, Morlantepoursuit tranquillement sa carrièred’écrivain. On ne l’emploie pas pour sontalent à raconter des histoires ou sa calligraphiesoignée: quand le navire est lacible des pirates ou d’une armée ennemie,il range sa plume, sort ses machetteset rentre dans le tas. Après tout,on ne marque pas son époque en écrivantdes livres, mais en tranchant des gorges.L’écrivain québécois qui nous a donnéUn petit pas pour l’homme et Mal élevé,deux romans centrés sur les relationsMORLANTECoups de tête,160 p. | 14,95$ParFlorence Meneyhommes-femmes et la génération 25-35ans du Plateau-Mont-Royal, expliqueavoir refusé une première fois l’offre deCoups de tête puis, au deuxième abordage,être monté à bord du mouvantnavire. Son objectif était aussi limpideque les eaux des Caraïbes: pondre unroman de piraterie pour un publicadulte. Morlante, précise Dompierre,tranche donc (outre les membres de sesennemis) avec la production littérairequébécoise actuelle. Que l’on soit clair:l’auteur ne place en cet ouvrage aucuneprétention intellectuelle, mais chercheplutôt à explorer le thème des relationshumaines, un sujet récurrent chez lui.Une rupture salutaireLa maison d’édition de Michel Vézinaétait toute désignée pour ce type de projet.Coups de tête a une vocation trèsclaire; elle se donne pour mission depublier des romans de gare de qualitépour grand public, en fait de réhabiliterle genre, pour offrir des romans sansprétention, mais efficaces. En entreprenantla rédaction de Morlante,Stéphane Dompierre reconnaît qu’ilsortait clairement de sa zone de confort,lui qui crée habituellement dans legiron de Québec Amérique. Maispourquoi cette escapade en des mers inviolées?« J’avais l’idée [d’apprivoiser]un lecteur récalcitrant que je rencontresouvent, entre autres dans les cégeps,de jeunes hommes qui ne se retrouventpas dans les romans traditionnels. »Ironiquement, bien qu’il ait pensé auxhommes en premier lieu pour Morlante,le livre a tout de suite plu aux filles deson entourage.Dompierre soutient que Morlante a constituéune saine rupture par rapport àson travail habituel: « J’ai écrit ce petitroman épique pour rompre le long etsolitaire travail d’écriture… Quand ontravaille trois ans, trois ans et demi surun roman, on est seul, c’est long. » Larédaction de Morlante, elle, a été d’unefulgurante rapidité, à cause, dit-il, de lanature du livre: « Je l’ai écrit en deuxmois, plus un mois de corrections, ensuivant un plan clairement établi. Sansme poser trop de questions, avec unmandat clair, un roman d’action, qui nedemande pas trop de réflexion. C’étaitparfait comme ça. » Tout de même,souligne l’auteur, il serait trompeur decroire que Morlante a été une voie facile,un calme voyage en eaux paisibles: « <strong>Le</strong>livre a quand même nécessité pas malde lectures, de recherche, c’étaitd’ailleurs fascinant. J’ai adapté desnoms, ceux des navires, par exemple, etdes lieux. » Et introduit des anachronismesdélirants. Intacte, la toucheDompierre.© Sylvain DumaisL’humour est, on le sait, une constantedans l’œuvre de Dompierre. Pour sesprojets à venir, ce trait sera toujours aurendez-vous, pas question d’y renoncer;d’ailleurs, on sent que cela fait partieintégrante de l’homme, du créateur. Humour,donc, dans Morlante, dans la définitionmême de ses personnages hautsen couleur. Morlante, dont le nom visaitau départ à évoquer un être inquiétant,mais qui, a-t-on fait remarquer au romancier,est fortuitement l’anagrammede Montréal!Sacrée diablesseMorlante, pirate monstrueux, sanguinaire,mais aussi écrivain génial ethomme à fleur de peau qui, d’un coup desabre gracieux, étête ses ennemiscomme autant de tulipes en devisant surla vie et le rôle des belles-lettres, maisaussi en se posant de grandes questionssur les femmes. Ou la femme, plutôt. Carle plus beau personnage, confie StéphaneDompierre, est celui de Lolly Pop, laflamme sauvage de Morlante, « flibustière» également éprise d’effusions

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