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Numéro 52 - Le libraire

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© Idra Labrieet Rivière-du-Loup se répondent comme l’écho dans lelointain: des condominiums vus à Tokyo apparaissent surle territoire rivelouvois, puis le stade municipal où se sontrencontrés les deux protagonistes se matérialise tout àcoup dans la capitale nippone. Comme si nos héros,quoique séparés, étaient toujours liés par un étrange jeude miroir qui n’est pas sans évoquer l’univers distordu del’écrivain japonais Haruki Murakami.Lieu de tous les impossiblesConstruit en 97 chapitres courts et incisifs, Tarmac seprésente comme une succession de vignettes pouvant êtreprises indépendamment les unes des autres. On a parfoisl’impression d’un casse-tête que l’auteur aurait assembléaprès coup. Cette succession de chapitres laconiques vientdonner au récit un ton presque journalistique. On accèdeà une multitude de souvenirs présentés comme des instantanésd’une période, pas si lointaine, mais bien révolue.La trame du roman se déroule sur douze ans, de 1989TARMACAlto,280 p. | 23,95$à 2001, et illustre bien toute cette génération ayant vécula fin de la guerre froide et le début d’une nouvelle répartitiondu pouvoir sur l’échiquier mondial. Sous le couvertd’une simple histoire d’amitié aux héros saisis d’étrangeslubies se cache une minutieuse étude de la société. NicolasDickner ressuscite avec une précision d’horloger la fin desannées 80 et le début des années 90 à travers force détailssur le quotidien et l’actualité de l’époque. Tarmac dessinele magnifique portrait d’une ère, d’une génération. Ceuxqui, comme les héros du roman, étaient à l’aube de l’âgeadulte en 1989, se souviendront d’une jeunesse passéesous le signe de la guerre froide. Ils se rappelleront aussi,avec le narrateur Mickey, de la chute du mur de Berlin,voire de l’invasion de l’Irak par Bush père. C’est là que résidele talent de l’écrivain, dans cette façon qu’il a d’entrelacerune histoire avec l’Histoire.On termine pourtant le roman avec le sentiment indéfinis -sable que quelque chose nous a échappé et que lamagnifique technique narrative oblitère un tout petit peule souffle vital des personnages. Heureusement, cela n’enlèveen rien tout le plaisir qu’on éprouve à plonger dansl’univers si particulier de Nicolas Dickner. On ne peutqu’admirer la construction soignée du roman, le souci dudétail, l’humour et le foisonnement d’idées qui composentTarmac, à cheval entre le réalisme et le fantastique.Voilà une œuvre originale et cohérente dans laquelle lesthèmes de la famille, du voyage et de la connaissancetissent les fils d’un temps qui épuise les choses, maisfaçonne les êtres.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 15

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