Numéro 52 - Le libraire

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LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature québécoiseLILI KLONDIKE (TOME II)Constatant que je me jetais sur le secondtome de la série « Lili Klondike » commela petite vérole sur le bas clergé, je me suis demandé par quelle magie Mylène Gilbert-Dumas arrivait à me faire apprécier de la littérature dite « de madame ». Puis, commençantma lecture, j’ai découvert que le charme opérait encore!Certes, l’auteure prend son temps pour recréer l’ambiance bouillonnantedu Klondike de la ruée vers l’or. Cependant, alors que Rosaliedoit fuir son amour pour survivre tandis que Liliane, véritablehéroïne du roman, trahit ses convictions et se la joue « Angélique,marquise des anges », j’ai vu que cela était bon. L’histoire de cesdeux jeunes Canadiennes françaises qui, au mépris des convenanceset de leur éducation catholique, tentent de se bâtir un avenir idéalsans l'appui d'un mari, a de quoi inspirer encore et encore!Anne-Marie Genest PantouteMylène Gilbert-Dumas, VLB Éditeur, 448 p., 29,95$CE QUI S’ENDIGUEAnna et Angela sont deux femmes biendifférentes, mais leurs destins seront liésdès leur conception. Tour à tour, elles joueront avec leur existence. Elles remettrontleur choix de vie en doute. Elles voudront poursuivre dans de nouvelles voies. Ellestrébucheront et se relèveront. Elles sont tout simplement deuxfemmes qui veulent vivre et aimer, deux femmes qui veulent affirmerleur sexualité et leur féminité. En suivant leur parcours, on réaliseà quel point l’humain est complexe. L’action se déroule dans les Pays-Bas, non loin des digues qui ont fait la réputation de ce pays. L’écritureest emplie d’une belle musicalité qui nous envoûte tout au longde la lecture. Un livre qui ne peut que nous troubler et nous amenerà réfléchir sur notre propre vie. Marie-Hélène Vaugeois VaugeoisAnnie Cloutier, Triptyque, 238 p., 22$ÊTREJ’ai souffert avec Boris de la méchancetéd’autrui. J’ai ressenti les frustrations etles joies de Juliette, 4 ans, qui apprend la vie. J’ai vécu les craintes d’un orphelin quin’a pas la chance de vivre comme les autres. J’ai vu la colère d’une petite fille et deson père et j’ai pleuré sur son destin. J’ai rêvé avec Jonathan. J’aifermé les yeux comme Rachel. J’ai craint de perdre comme Marie-Christine. Hervé m’a montré la haine. J’ai vu la souffrance d’unefemme qui aime sa famille. David m’a fait réfléchir et m’a étonnée.François m’a fait croire. J’ai été jugée en compagnie d’Eugénie. J’aiappris le partage avec M. Porter. J’ai connu la vieillesse et j’ai entrevula mort! Un livre splendide empreint d’une grande sensibilité, parfoisdure, mais combien véridique. Un enchevêtrement d’émotions à lireabsolument! Caroline Larouche Les BouquinistesÉric Simard, Septentrion, 162 p., 17,95$ÊTES-VOUS MARIÉE À UN PSYCHOPATHE? Deux réactions sont possibles à la lectured’Êtes-vous mariée à un psychopathe?La première: célibataires, vous n’êtes pas seuls, rassurez-vous! La deuxième:si vous êtes en couple, attention! Vous deviendrez paranoïaques et imaginerez lespires scénarios! Ouf! Bien sûr, une fois qu’on y réfléchit à tête reposée,on comprend qu’il faut en prendre et en laisser. Une choseest sûre, Nadine Bismuth a usé de tous les stratagèmes possibles pournous offrir un diaporama divertissant de la vie quotidienne. Questionaux lecteurs: êtes-vous infidèles à ce point? Tous? Lire ces nouvellesamènera tant les hommes que les femmes à se questionner sur lesbons et les mauvais côtés de la vie, qu’ils soient en couple ou pas!Isabelle Prévost-Lamoureux La Maison de l’ÉducationNadine Bismuth, Boréal, 232 p., 22,95$ILÛ: L’HOMME VENU DE NULLE PART Voilà enfin un roman historique qui oseremonter plus loin: Ilû: L’homme venu denulle part, premier opus de Pierre Barthe. L’auteur nous emmène sur les terres asiatiques,il y a plus de 40 000 ans, et romance de façon superbe la traverséedes premiers hommes jusqu’en Amérique, lorsqu’ils passèrentpar le Nord. Nous avons ici un récit passionnant et un texte travaillépour lequel l’auteur a fait de nombreuses recherches, qui nous sontd’ailleurs livrées sous forme d’annexe. Ilû: L’homme venu de nullepart peut convenir à n’importe quel lecteur puisqu’il est loin de s’agird’un texte inaccessible et surchargé d’informations historiques; vousaurez entre les mains un roman de qualité des plus agréables à lire.Marijoe Dubé-Roy Des SommetsPierre Barthe, VLB Éditeur, 628 p., 29,95$À JUILLET, TOUJOURS NUE DANS MES PENSÉES Les romans d’anticipation réussisont ceci de particulier qu’ilssavent amplifier les travers des contemporains et mettre en perspective le monde danslequel nous vivons. En ce sens, À Juillet, toujours nue dans mes pensées est une œuvrebrillante! En 2033, quelque part en Amérique du Nord, se crée unehistoire d’amour entre Frank, un musicien, et Juillet, une militanteécologiste qui anime un site porno. Autour d’eux, la petite Lol, dontla langue est remplie d’expressions chinoises, et Lou, artiste visuel.Dans le contexte d’une société hypersexualisée, libérée à outrance,menacée par les catastrophes écologiques, les personnages cherchentun sens à leur vie, à l’amour naissant et l’amitié. Sur fond de cataclysmeannoncé, l’écriture, les arts visuels et la musique restent encoreles valeurs essentielles qui transcendent toutes les misères.René Paquin Clément MorinBenoît Quessy, Québec Amérique, 176 p., 16,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 12UN CŒUR ROUGE DANS LA GLACE Étant une inconditionnelle de RobertLalonde, je ne vous dirai pas que les troisnouvelles qui constituent les 240 pages de son plus récent livre ne m’ont pas plu. Ceserait un mensonge, une trahison. Ne passons toutefois pas sous silence le fait que celivre s’adresse à un public déjà conquis. Il faut, en plus d’aimer Lalonde, aimer VirginiaWoolf, Emily Dickinson, Alain-Fournier et son grand Meaulnes; ilfaut aimer leur univers romanesque. Il faut s’intéresser à l’acted’écrire, au processus de création, aux misères de l’écrivain. Il fautrisquer de se mettre en danger, de s’abandonner, d’errer et très souventde se perdre. Il faut savoir s’émouvoir de la beauté d’un vers,d’une fragile écriture, d’une possible traduction, d’une phrase aussibien construite que le sentiment pur dont elle en a été inspirée.Éclectique, le dernier livre de Lalonde? Extrême!Jocelyne Vachon La Maison de l’ÉducationRobert Lalonde, Boréal, 248 p., 22,95$LA BAR-MITSVA DE SAMUELIl est rafraîchissant de constater que l’originejuive de certains auteurs peutmener à autre chose qu’à la publication d’un manuscrit sans direction éditoriale. Ici,elle sert à construire un bon roman sur les liens familiaux. S’acharnant à déconstruirele mythe de la mère juive (vous savez, cette maman culturellementchargée de bonnes intentions qui s’octroie un droit de regard sur lamoindre activité de ses enfants), David Fitoussi nous permet de vivredes situations plus rocambolesques les unes que les autres. On seplaît à suivre le jeune Samuel, pas trop pubère, dans sa découvertede la culture québécoise et, surtout, dans ses premiers émois sexuels.Aux antipodes de la candeur, l’humour de Fitoussi transparaît à traversles déceptions, la hargne et le ton acerbe. Comme un WoodyAllen sous acide. Sous reflux acide. Anne-Marie Genest PantouteDavid Fitoussi, Marchand de feuilles, 308 p., 22,95$

LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature québécoiseELVIRA LA VIPÈRE: CHEZ MIMI (T. 1) Un décor réaliste, des personnages attachantset une histoire prenante constituentles ingrédients d’un bon roman populaire, genre qu’Hélène Potvin, dans lepremier tome de la série « Chez Mimi », maîtrise parfaitement. Mimi, une belle femme« dont l’embonpoint [égale] la bonne humeur et la grandeur d’âme », sorte de JuliettePomerleau d’Hébertville-Station, anime le populaire salon de coiffure« Chez Mimi ». Son antipathie pour Elvira Blackburn, la commère dela place, n’a d’égale que le mystère entourant une inconnue, unebelle Suissesse vivant dans la maison du maire. Sur fond de (fausses)rumeurs, d’intrigues à saveur rurale et d’enjeux nationaux (la vented’une industrie locale à une multinationale), ce livre est le parfaitexemple du roman régional réussi: il se lit avec bonheur, divertit etfait sourire. En plus, il rend hommage au Lac-Saint-Jean!René Paquin Clément MorinHélène Potvin, Béliveau Éditeur, 288 p., 19,95$LA GROTTE AUX FÉESVoici le quatrième tome de la fascinantesaga commencée avec Le Moulin du Loup.Suivant son habitude, Marie-Bernadette Dupuy arrive à nous charmer par son grandtalent. On se retrouve plongé dans l’atmosphère des années 1920, avec entre autresles voitures, le téléphone et la photographie d’époque. À l’aube d’unenouvelle ère pour Claire et sa famille, beaucoup d’événementssecoueront encore la vallée après la mort de Denis, le mari de Faustine:la mort soudaine de Raymonde, la grossesse de Faustine, sonmariage avec Mathieu et son accouchement inopiné, le voyage deJean en Amérique, etc. Encore une fois, nous sommes complètementcaptivés par l’univers de Claire et de Jean. Des quatre tomes, c’estassurément le plus complet et le plus touchant. Une saga à lire et àdéguster du début à la fin! Caroline Larouche Les BouquinistesMarie-Bernadette Dupuy, JCL, 652 p., 26,95$GÉOMÉTRIE DES CATACLYSMES D’entrée de jeu, j’avoue que je ne connaissaispas la poésie de Stéphane Jean,qui en est ici à son quatrième livre. Cette poésie bien ciselée, d’une fluidité remarquable,est une très belle découverte. Malgré le titre, Géométrie des cataclysmes, ilémane de ces textes une fraîcheur surprenante sapant la lourdeurqui aurait pu aller de soi, compte tenu du sujet. Les images sontfortes et nous bousculent: « j’écoute un chemin mourir/dis-moi s’ilfait clair au fond des oiseaux/les légendes braquent unefontaine/nos cœurs comme des chambres à gaz. » Une lecture lentes’impose pour laisser respirer tant de densité. On reste ébaubi devanttant d’habileté inspirée: « les utopies débarquent/leurs anges trouéscomme des chaloupes/une carcasse allaite les étoiles/dans nos murmuresflotte une forêt. » Oui, une bien belle découverte!Guy Marchamps Clément MorinStéphane Jean, Les herbes rouges, 84 p., 14,95$MON SOFA BRISE-GLACEEncore une merveille dénichée par cetteremarquable maison d’édition qu’est L’Oiede Cravan! Un tout petit livre qui ne pèse pas lourd (« les colis piégés non plus »,dixit Gainsbourg au sujet de son seul roman) mais qui sait se rendre incontournablepour qui aime ce type de poésie. Comme le suggère le titre, Mon sofabrise-glace, la poésie de Nathalie Thibault fait mouche en extirpantdes images fortes et simples du quotidien qu’une sensible économiede mots (on songe à Patrice Desbiens) rend plus que surprenantes:« Sur le cargo géant/mon ventre est un hublot/qui pleure et qui senoie/dans l’océan Sunlight vaisselle. » C’est concis, rendu sur un tonde naïveté douce-amère proche de la comptine qui appuie le proposavec force. À quand le prochain?Christian Girard PantouteNathalie Thibault, L’Oie de Cravan, 56 p., 12$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 13

LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature québécoiseELVIRA LA VIPÈRE: CHEZ MIMI (T. 1) Un décor réaliste, des personnages attachantset une histoire prenante constituentles ingrédients d’un bon roman populaire, genre qu’Hélène Potvin, dans lepremier tome de la série « Chez Mimi », maîtrise parfaitement. Mimi, une belle femme« dont l’embonpoint [égale] la bonne humeur et la grandeur d’âme », sorte de JuliettePomerleau d’Hébertville-Station, anime le populaire salon de coiffure« Chez Mimi ». Son antipathie pour Elvira Blackburn, la commère dela place, n’a d’égale que le mystère entourant une inconnue, unebelle Suissesse vivant dans la maison du maire. Sur fond de (fausses)rumeurs, d’intrigues à saveur rurale et d’enjeux nationaux (la vented’une industrie locale à une multinationale), ce livre est le parfaitexemple du roman régional réussi: il se lit avec bonheur, divertit etfait sourire. En plus, il rend hommage au Lac-Saint-Jean!René Paquin Clément MorinHélène Potvin, Béliveau Éditeur, 288 p., 19,95$LA GROTTE AUX FÉESVoici le quatrième tome de la fascinantesaga commencée avec <strong>Le</strong> Moulin du Loup.Suivant son habitude, Marie-Bernadette Dupuy arrive à nous charmer par son grandtalent. On se retrouve plongé dans l’atmosphère des années 1920, avec entre autresles voitures, le téléphone et la photographie d’époque. À l’aube d’unenouvelle ère pour Claire et sa famille, beaucoup d’événementssecoueront encore la vallée après la mort de Denis, le mari de Faustine:la mort soudaine de Raymonde, la grossesse de Faustine, sonmariage avec Mathieu et son accouchement inopiné, le voyage deJean en Amérique, etc. Encore une fois, nous sommes complètementcaptivés par l’univers de Claire et de Jean. Des quatre tomes, c’estassurément le plus complet et le plus touchant. Une saga à lire et àdéguster du début à la fin! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesMarie-Bernadette Dupuy, JCL, 6<strong>52</strong> p., 26,95$GÉOMÉTRIE DES CATACLYSMES D’entrée de jeu, j’avoue que je ne connaissaispas la poésie de Stéphane Jean,qui en est ici à son quatrième livre. Cette poésie bien ciselée, d’une fluidité remarquable,est une très belle découverte. Malgré le titre, Géométrie des cataclysmes, ilémane de ces textes une fraîcheur surprenante sapant la lourdeurqui aurait pu aller de soi, compte tenu du sujet. <strong>Le</strong>s images sontfortes et nous bousculent: « j’écoute un chemin mourir/dis-moi s’ilfait clair au fond des oiseaux/les légendes braquent unefontaine/nos cœurs comme des chambres à gaz. » Une lecture lentes’impose pour laisser respirer tant de densité. On reste ébaubi devanttant d’habileté inspirée: « les utopies débarquent/leurs anges trouéscomme des chaloupes/une carcasse allaite les étoiles/dans nos murmuresflotte une forêt. » Oui, une bien belle découverte!Guy Marchamps Clément MorinStéphane Jean, <strong>Le</strong>s herbes rouges, 84 p., 14,95$MON SOFA BRISE-GLACEEncore une merveille dénichée par cetteremarquable maison d’édition qu’est L’Oiede Cravan! Un tout petit livre qui ne pèse pas lourd (« les colis piégés non plus »,dixit Gainsbourg au sujet de son seul roman) mais qui sait se rendre incontournablepour qui aime ce type de poésie. Comme le suggère le titre, Mon sofabrise-glace, la poésie de Nathalie Thibault fait mouche en extirpantdes images fortes et simples du quotidien qu’une sensible économiede mots (on songe à Patrice Desbiens) rend plus que surprenantes:« Sur le cargo géant/mon ventre est un hublot/qui pleure et qui senoie/dans l’océan Sunlight vaisselle. » C’est concis, rendu sur un tonde naïveté douce-amère proche de la comptine qui appuie le proposavec force. À quand le prochain?Christian Girard PantouteNathalie Thibault, L’Oie de Cravan, 56 p., 12$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 13

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