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Numéro 52 - Le libraire

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le <strong>libraire</strong>Avril<strong>Le</strong> bimestriel des librairies indépendantes- Mai 2009 • n o <strong>52</strong>GRATUITposte-publications 40034260Nicolas DICKNER Stéphane DOMPIERREVitamine DCet exemplaire vous est offertà titre gracieux par :DOSSIERAuteurs québécoispubliés en France:Du rêve à la réalitéLibraire d’un jourMICHEL RABAGLIATI


NOUVEAUTÉNOUVEAUTÉArchitecturemunicipaleà Québec100 bâtiments publics2009, 268 pages658 photos et illustrations32,95 $Plaisirs gourmands1885-19792009, 224 pages188 photos29,95 $Au pays de l’enfance1861-19622006, 232 pages188 photos29,95 $<strong>Le</strong>s années pieuses1860-19702007, 224 pages180 photos29,95 $Sur les tracesdes Amérindiens1863-19602005, 228 pages160 photos978-2-551-19677-729,95 $La mer nourricière1890-19722007, 224 pages196 photos29,95 $Québecla capitale romantique2008, 184 pages, 175 photos49,95 $English version:Québec: the Romantic CapitalNOUVEAUTÉÉGALEMENT OFFERTS :Nunavik Québec arctique978-2-551-19632-6Par monts et par vauxChaudière-Appalaches978-2-551-19651-7<strong>Le</strong>s chemins desCantons-de-l'Est2007, 176 pages172 photos49,95 $English version:Walking the Eastern TownshipsMontréal Ambiances2006, 176 pages170 photos49,95 $English version:Montréal MoodsVers la mer2003, 168 pages157 photos49,95 $Côtes du Nord2005, 176 pages161 photos49,95 $Nouvelle éditionNouvelle éditionGuide de la route2009, 284 pages19,95 $English version:Driver's HandbookConduire un véhicule lourd8 e édition2009, 314 pages22,95 $English version:Driving a Heavy Vehicle<strong>Le</strong>s champignons des arbresde l'est de l'Amérique du Nord2003, 748 pages500 photos49,95 $Principales maladiesdes arbres au Québec3 e édition2006, 96 pages100 photos et illustrations18,95 $Petite flore forestièredu Québec1990, 256 pages410 photosFormat poche19,95 $Bien mangerpour vieilliren santé2008, 264 pages24,95 $QuébecQuatre sièclesd'une capitale2008, 688 pages480 photos69,95 $Empreintes & mémoireL'arrondissement historiquedu Vieux-Québec2007, 256 pages294 photos37,95 $Vente et information• En librairie • 418 643-5150 ou 1 800 463-2100 • www.publicationsduquebec.gouv.qc.caL'histoire du Vieux-Québecà travers son patrimoine2007, 288 pages255 photos et illustrations39,95 $<strong>Le</strong> Québec sous l'œilde l'arpenteur-géomètredepuis Champlain2007, 1<strong>52</strong> pages150 photos et illustrations29,95 $Politique -Protection des rives, du littoralet des plaines inondablesGuide d'interprétation2007, 148 pages30 photos, 54 figures32,95 $


pub_1.4_Libraire_SLQ_mars09:Layout 1 25/03/09 15:04 Page 1w w w . h e u r e s b l e u e s . c o mNicole Guilbault et Joanne OuelletBestiaire des légendes du QuébecDes femmes d’ici, des femmes de cœurau Salon International du Livre de Québec(stand n o 130)FJacques ThisdelLa ThisdélieNADIA GOSSELINLa gueuledu LoupGENEVIÈVE LEMAYÀ l’ombredu manguierCLAUDINE PAQUETEntends-tuce que je tais ?THÉRÈSE LABERGE SAMSONManger de bon cœurANNE TREMBLAY<strong>Le</strong> château à Noé, tome 3 :<strong>Le</strong>s porteuses d’espoirFrançois VigneaultPoèmes du jardinsBernard Pozier et Javier ValdésCarnets de MexicoGuy Saint-JeanÉ DITEURIncomparableClaude FournierLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 4photo de l’auteur © Attila DoryUne personnalité hors du commun.Un parcours extraordinaire.Une écriture intense et magnifique.Un véritable chef-d’œuvre littéraire.En somme, un classique.groupelibrex.comEn librairie dès maintenant


LIVRE AVECCD INCLUSLIVRE AVECCD INCLUS70 ans de bonnes lecturesNouveautés« La guerre de la Conquêtedemeure le meilleurouvrage sur cette périodetroublée de notre histoire. »Jacques Lacoursière, auteur de la préfaceGuy FrégaultLa guerre de la Conquête1754-1760 nouvelle édition<strong>52</strong>0 pages • 29,95 $ • histoirePrix duCommonwealth 2008du meilleur premier livreTahmima AnamUne vie de choix392 pages • 29,95 $ • romanUn regard privilégiésur l’histoire politiquedu QuébecNOUVEAUTÉS PRINTEMPS 2009Simon GauthierSource(S)Préface deJocelyn BérubéPlanète rebelleSource(s)L’eau, cet or bleu indispensable à la vie, se fait rareau pays du roi Léon, dit Larivière. Après s’être appropriél’unique source, il maintient le peuple sous son empriseen rationnant le précieux liquide.Simon Gauthier pétrit les mots en leur donnant cette saveurde pain qu’a le bonheur au quotidien quand on est bien.56 PAGES | EN LIBRAIRIE LE 13 MAI 2009Charles DenisRobert Bourassa** La force de l’expérience464 pages • 36,95 $ • biographieComment 36 leaders ontintégré éthique, performanceet profit à leur visionLaurent Fontaine et Thierry Pauchant36 façonsd’être éthique au travail258 pages avec CD • 24,95 $ • éthique des affairesClaudette L’HeureuxPlanète rebelle<strong>Le</strong>scontesde laPoule àMadameMoreauNOUVELLE ÉDITIONAttention, danger !<strong>Le</strong>s contes de la Poule à Madame MoreauNOUVELLE ÉDITIONwww.editionsfides.comGaston Cadrin, Bernard Dagenais,Michel <strong>Le</strong>ssard, Pierre-Paul SénéchalRabaskaAutopsie d’un projet insensé272 pages • 24,95 $ • environnementAvecdeux nouvelles histoires que lui a léguées sa mère,Claudette L’Heureux nous invite de nouveau à partagerdes moments d’intimité avec ses contes, ses réflexionsphilosophiques, ses croyances et ses vérités du moment.C’est beau, drôle et touchant.72 PAGES | EN LIBRAIRIE LE 15 AVRIL 2009Consultez notre site Web: CD en version MP3 à télécharger !www.planeterebelle.qc.caLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 5


Printemps2009LITTÉRATURE D’AMÉRIQUETOUS CONTINENTSFrançois Désalliers<strong>Le</strong>s Géants anonymesÉric GougeonItinéraire d´un salaud ordinaireJoel Thomas HynesLundi sans fauteTania BouletDanser dans la poussièreLine BordeleauSionrahTome 1 — <strong>Le</strong>s HéritièresMicheline DuffAu bout de l´exilTome 1 — La Grande IllusionQUEBEC AMÉRIQUERobert Maltais<strong>Le</strong> Curé du Mile EndLyne RichardIl est venu avec des anémonesClaire VarinLa Mort de Peter PanAndrée A. MichaudLazy BirdMaryse RouyUne jeune femme en guerreTome 3 — Jacques ou <strong>Le</strong>s Échos d´une voixAnnie L´ItalienToujours orgueilleusemais (à peine) plus repentanteDOCUMENTSPREMIÈRE IMPRESSIONMAINS LIBRESDominique DemersAu bonheur de lireD r Yves LamontagneComment devenir un VIPM e Sylvie SchirmÊtre conjoints de faitFlorence MeneyLuc LavigneMontréal à l´encre de tes lieuxBenoît QuessyÀ Juillet, toujours nuedans mes penséesSylvie NicolasDix minutes avant l´heureaux montres de DalíQUÉBEC AMÉRIQUEwww.quebec-amerique.com


S O M M A I R Ele <strong>libraire</strong> n o <strong>52</strong> AVRIL-MAI 2009EN PREMIER LIEU<strong>Le</strong> mot d’Hélène SimardLE MONDE DU LIVREL’art, les femmes et leurs hommes 8La culture, les taxes et la mort 9LIBRAIRE D’UN JOURMichel Rabagliati: La juste dose d’humanité, d’humour... 10LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 12-13Nicolas Dickner: La fin du monde est en juillet 14Stéphane Dompierre: Des vertus libératrices du massacre 18En marge du poème 20<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 22ENTRE PARENTHÈSES 16-17-25-50-57-58-66LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 24Un monde sans faim 27Roberto Bolaño: Entre Dada et la Beat 28<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 29ESSAI | BIOGRAPHIE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 30Ëtre juif au XX e siècle 31<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 32DOSSIERDe l’Hexagone au monde entier,une conquête du livre québécois 34-42CUISINE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! | <strong>Le</strong>s choix de la rédaction 43SCIENCES<strong>Le</strong> langage des signes 45PORTRAIT D’ÉDITEURMultiMondes: La tête dans les étoiles et les pieds sur Terre 46LIVRE PRATIQUE | SPIRITUALITÉ<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 47Après avoir réaliséson rêve d’enfance(travailler dans unelibrairie), HélèneSimard dirige le<strong>libraire</strong> depuis ledébut du XXI e siècle.L’unionfait la forceLors du Salon du livre de Paris, qui a eu lieu du 13 au 18 mars derniers, j’ai croisé Marie-Fleurette Beaudoin, de Planète rebelle, à l’intérieur du stand de Québec Édition. L’éditricem’expliquait avoir créé le Collectif des éditeurs émergents avec son confrère Rodney Saint-Éloi, de Mémoire d’encrier, et sa consœur Julia Duchastel-Légaré, des Éditions du Passage,dans le but d’être plus connus et mieux distribués en Europe. Pour ce faire, ces maisonsd’édition de petite taille, qui emploient quelques personnes chacune, effectueront entreautres certaines opérations de promotion en commun. <strong>Le</strong>urs catalogues comptent, pourla première, des albums illustrés de contes, de récits et de poésie pour enfants et pouradultes accompagnés d’un CD ou d’un DVD; pour la seconde, des romans, des poèmes etdes essais d’auteurs québécois, franco-ontariens, antillais, maghrébins, africains, belges oufrançais; pour la troisième, des beaux livres éclectiques. Misant sur leur complémentarité,les membres du Collectif désirent représenter une vitrine pour des littératures produitesen terre d’Amérique.Quant à elle, l’Association France-Québec célèbre depuis dix ans, par l’entremise du prixFrance-Québec, l’excellence d’une œuvre québécoise et l’amitié qui unit les amateurs debelles-lettres québécois et français. Cette année, au cours d’une sympathique réceptiondonnée à l’élégante résidence du délégué général du Québec à Paris, une bourse de 5 000euros (tout près de 8 500 dollars canadiens) a été accordée à Christine Eddie pour sonroman <strong>Le</strong>s carnets de Douglas, publié chez Alto dans la Belle Province et repris par leséditions Héloïse d’Ormesson dans l’Hexagone.S’unir pour se démarquer dans un milieu où la compétition est féroce et le territoire à conquérir,vaste; percer en tant qu’éditeur, auteur, chez soi et ailleurs, charmer les lecteurs,obtenir l’aval des journalistes, n’est pas une mince affaire. Et quand la décision d’exporterune œuvre est prise, nos éditeurs et nos écrivains lorgnent d’abord naturellement vers laFrance, puisque aucune barrière linguistique n’entrave leur course.POLICIER | IMAGINAIREAndrée A. Michaud: La mort aux trousses 48<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 49Meurtres en série, jazz et femmes fatales! 54<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 55BEAU LIVRE | CINÉMA<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 56JARDINAGE<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 58LITTÉRATURE JEUNESSE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 59Henry T. Aubin: À la recherche du grand pharaon 60Au secours de l’adolescence 63<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 65BANDE DESSINÉE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 67<strong>Le</strong>s choix de la rédaction 68DANS LA POCHE 71Or, l’univers de l’édition s’internationalise. C’est le monde, aujourd’hui, qui s’ouvre aux professionnelsdu livre et aux écrivains. En ce sens, quelques dizaines de maisons d’éditiond’ici ont joint Québec Édition, ce comité de l’Association nationale des éditeurs de livres(Anel) fondé afin de promouvoir nos livres à l’étranger à travers les importantes foireset manifestations littéraires mondiales: Bologne, Francfort, Londres, Los Angeles,Madrid, Bruxelles, Guadalajara, Paris et j’en passe. <strong>Le</strong>s salons internationaux servententre autres à nouer des relations, ou à conclure des ententes de coédition, de ventesde droits. Ainsi, le succès d’un livre est redevable à ses qualités intrinsèques, certes,mais beaucoup à la machine humaine qui, derrière, l’alimente ou non. Comme le montrenotre journaliste Elsa Pépin dans son enquête sur les relations éditoriales entre leQuébec et la France, à lire en pages 34 à 42, « si le livre a un marché, ses lois commerciales,ses rouages et ses agents, il n’en demeure pas moins un objet difficile à évalueren dehors des rapports humains. La vie d’un livre tient avant tout à la rencontre entredes individus. Ainsi, que ce soit pour publier, vendre ou promouvoir un livre québécoisen France, il n’y a pas de recette miracle, si ce n’est d’aller à la rencontre de l’autre,directement, afin d’échanger et de partager son plaisir ».<strong>Le</strong> plaisir de la lecture, de découvrir un auteur, un univers, on y revient toujours, à la fin,qu’on soit simple lecteur, éditeur, attaché de presse ou agent, de la Vieille Capitale ou de laVille Lumière. Car le livre ne connaît pas les frontières et nous unit tous.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 7


LE BILLET DE LAURENT LAPLANTE<strong>Le</strong> monde du livreAuteur d’unevingtaine de livres,Laurent Laplantelit et recense depuisune quarantained’années le roman,l’essai, la biographie,le roman policier…<strong>Le</strong> livre, quoi!L’art, les femmeset leurs hommesIl est banal ― et prudent ― d’admettre que lesfemmes n’occupent pas dans l’histoire de l’art la placequ’elles méritent. Cette inoxydable toile de fond tolèrepourtant quelques surprises: quelques hommes, lespapas mieux que les maris ou les frères, ont bien traitéles créatrices et, plus déconcertant, certaines femmesont été des menaces pour les créatrices et pour l’art.Regardons Camille Claudel. Contrairement à ce queracontent les légendes, son maître et amant AugusteRodin n’a pas été le salopard responsable de sadéchéance. Dominique Bona, qui avait déjà exploré levolcan Gala-Dali (Gala, Flammarion; actuellement enréimpression) retouche si bien la réputation de Rodindans Camille et Paul: La passion Claudel qu’il devientpour elle un mécène attentif et discret. <strong>Le</strong> frère Paul,c’est moins bien. Un génie lui aussi, qui fit enfermersa sœur pour mettre à l’abri sa carrière d’auteur et dediplomate.<strong>Le</strong> magnifique catalogue consacré à l’expositionClaudel et Rodin: La rencontre de deux destins,réalisée en collaboration entre le Musée national desbeaux-arts du Québec et le musée Rodin à Paris, corroboreet précise ces perceptions. Face à l’étouffanteparanoïa de Camille, le personnage le plus cruel fut samère: en trente ans, pas une seule visite, refus d’entretenirune correspondance, de la loger dans un asileplus près de ses racines. La seule figure attachante?<strong>Le</strong> père, Louis-Prosper. À Paul, il écrit: « Si tu voulaism’aider à rétablir l’harmonie, quel service tu merendrais. » En vain.que, dans les cinq semaines qui ont suivi la mort dupeintre, Hortense Cézanne et son fils aient vidé l’atelierdes Lauves de toutes les œuvres, peintures,aquarelles ou dessins... » Alexandrine Zola avait donnéle la. Ainsi, quand Cézanne vint pleurer sur la tombede Zola, le peintre « ne fut sans doute pas tenté d’approcherAlexandrine, car il savait que, six mois avantla mort de Zola, elle avait mis aux enchères neuf deses œuvres de jeunesse... » (Zola: Une vie). Henri Mitterrandatteste lui aussi dans L’homme de Germinal:1871-1893, que la brouille survenue entre Zola etCézanne avait comblé les épouses: « Cézanne [...] arompu après la publication de L’ œuvre, qu’au fond, iln’a pas comprise: personne ne l’a retenu, et surtoutpas Alexandrine. »Un mot sur Saint-Ex. On espère qu’il a ignoré la pressionexercée sur sa sœur par leur mère Marie, commeon l’apprend dans l’ouvrage de Michèle Persane-Nastorg,Marie de Saint-Exupéry (épuisé): « À propos duroman que Simone veut publier, Marie a aussi un sentimentd’exclusivité. » Antoine possède « un génie littéraire» hors du commun, pense sa mère, avecraison. Il est pour elle le seul des Saint-Exupéry à pouvoirsigner une œuvre de son patronyme. Il ne reste àSimone qu’à prendre un pseudonyme. Devant cetteproposition maternelle, Simone s’est révoltée: « Jem’appelle Saint-Exupéry autant qu’Antoine! » Mais parrespect pour sa mère et par admiration pour sonfrère, elle a cédé et n’a rien publié sous son nom.Qui est parfait, le père, la mère, le mari, le frère…?LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 8Ce beau rôle du père auprès d’une fille douée, LilianeBlanc l’offre en plusieurs exemplaires dans Elle serapoète elle aussi!: <strong>Le</strong>s femmes et la création artistique(<strong>Le</strong> jour, 1991; épuisé): Anne Hébert, Jane Austen,Clara Schumann, Germaine de Staël, Louise Labé,Christine de Pizan... Abondent, par contre, les marisrépugnants, comme Gustave Mahler, et les frèrescapables, comme Félix Mendelssohn, de ranger lescompositions d’une sœur parmi les leurs. Livre écrittrop tôt pour confirmer la réhabilitation de Rodin.Rôles tristes et semblables que ceux des épousesCézanne et Zola au sujet de la peinture. Dans labiographie de Cézanne, John Rewald écrit: « Il sembleCAMILLE ET PAUL:LA PASSIONCLAUDELDominique Bona,LGF, 442 p. | 12,95$L’HOMME DEGERMINAL,1871-1893:ZOLA (T. II)Henri Mitterand,Fayard,1192 p. | 79,95$CLAUDELET RODIN:LA RENCONTRE DEDEUX DESTINSCollectif, Hazan,384 p. | 69,95$CÉZANNEJohn Rewald,Flammarion,282 p. | 104,95$ZOLA: UNE VIEFrederick Brown,Belfond,928 p. | 65,95$


Stanley Péan estrédacteur en chef duLibraire, écrivain,animateur radio etprésident de l’Uniondes écrivaines etécrivains québécois.L’ÉDITORIAL DE STANLEY PÉAN<strong>Le</strong> monde du livreLa culture, lestaxes et la mortPour le plaisir de découvrir336 p. 27,95$Maurice NadeauDictionnaire humoristiqueRires assurés, seul ou en groupe, vous découvrirezles finesses de la langue.Henri Beaudout<strong>Le</strong>s tribulations de Bob BrumasLa guerre n’est pas un jeu et la réalité, parfoiscrue, vous éclairera sur les sentiments et lescomportements des soldats.Bob Brumas emporte enfoui au plus profondde lui-même les stigmates d'un passé déjà troppénible à porter. Et si lourd de conséquences,qu'il lui faudra près de dix ans avant de retrouverla sérénité de l'esprit perdue en Allemagnealors qu'il combattait le nazisme.J’ai en tête cette scène de polar, dont je ne sauraisvous dire de quel bouquin elle est tirée. Son armebraquée sur sa victime, un tueur à gages rappellel’adage selon lequel « dans la vie, il n’y a que deuxtrucs auxquels on ne peut pas échapper: la mort etles taxes ». Puis, en appuyant sur la gâchette, ilrenchérit: « Prépare-toi à n’avoir plus qu’à te soucierdes taxes! »Pendant la récente campagne électorale, JeanCharest a sorti de son chapeau de magicien l’idéed’abolir la taxe de vente québécoise sur les produitsculturels d’ici. Mea maxima culpa: interrogé par lapresse, j’avais réagi à brûle-pourpoint en qualifiantla mesure d’improvisation électoraliste et ajoutéqu’il vaudrait mieux, selon le souhait de certainsmembres de l’Association nationale des éditeurs delivres (ANEL), réappliquer la TVQ sur le livre et réinvestirdans l’industrie éditoriale les revenus de cettetaxe. À défaut de tourner ma la langue sept foisavant de parler, je me la suis mordue après,en songeant qu’aucun citoyen au budget familialdéjà grevé par l’impôt n’applaudirait le retourd’une taxe de plus.On s’est depuis beaucoup interrogé sur les moda -lités d’application de la mesure, qui exige que l’onpuisse clairement distinguer le produit culturelquébécois des autres. Chez les disquaires, quel sortréserverait-on par exemple aux disques d’une CélineDion made in USA? Aux guichets de ces salles decinéma détenues par les majors hollywoodiennes,comment verra-t-on l’obligation de taxer le plus récentopus de Spielberg, mais d’exempter leFalardeau nouveau? En librairie, cela impliqueraitilque l’on réintroduise la taxe de vente sur les livresétrangers? Est-ce qu’un roman de Jacques Godboutpublié par les Éditions du Seuil est un produitquébécois? Un recueil de poésie du MexicainEduardo Lizalde traduit et publié aux Écrits desForges, maison d’édition basée à Trois-Rivières,serait-il exempté de cette taxe?Sur le plan « pratico-pratique », il sera à peu prèsimpossible de gérer efficacement cette exemptionet ces inévitables exceptions qui en confirmeront larègle. Mais poussons plus loin la réflexion sur lapertinence de la mesure. « Il est important desoutenir la culture en période économique plusdifficile, a martelé M. Charest, dans un de ces élanslyriques dont il a le secret. Dans un budget familial,lorsqu’on doit resserrer les dépenses en raisond’une incertitude économique, les produits culturelspeuvent malheureusement apparaîtrecomme un luxe. Au Québec, la culture n’est jamaisun luxe. Elle est identitaire, elle est nécessaire. »Même si on appuie cette volonté fort louabled’inciter à la « consommation » de produits culturels,de lutter contre cette idée reçue qui fait dela culture un luxe réservé à l’élite et enfin desoutenir nos arts et nos lettres, il y a quelquechose de vaguement tordu dans le moyen proposépour arriver à ces fins. D’abord, cette dispositionlaisse entendre qu’il en va de la culture comme desproduits de consommation courante. Or, noussavons qu’il n’en est rien, qu’on ne vend pas desdisques ou des pièces de théâtre comme dessouliers ou des autos usagées. Croit-on sincèrement,au gouvernement, qu’en situation de choix,un consommateur privilégiera un roman québécoisau détriment du Goncourt sous prétexte quele premier n’est pas soumis à la taxe?Plus encore, ce chauvinisme, que l’on cherche àencourager par le biais de dispositions fiscales etqui voudrait que le Québécois opte systématiquementpour le « produit culturel local » au détrimentde grandes œuvres venues de l’étranger,est-il même souhaitable sur le plan idéologique?Est-il seulement réaliste dans un Québec qui hésiteà conférer à sa littérature nationale un statutparticulier pourtant légitime dans tout cheminementscolaire?<strong>Le</strong> tueur à gages du polar du titre duquel je ne mesouviens pas n’avait que partiellement raison: aunombre des trucs auxquels on ne peut échapper,il faut ajouter la culture. La question est de déterminercomment on doit faire pour lui conférer unstatut aussi essentiel que celui des deux autres,sans en signer l’arrêt de mort.<strong>Le</strong>s quelques 2 750 définitions de cet ouvragen'ont pour but que d'amuser le lecteur. Parexemple, lorsque l'auteur écrit boulanger :Métier dans lequel l'homme est assuré de nepas être né pour un petit pain.Tome 1, 417 p. 24,95$Lina SavignacLiliAu nord de la rivière, Léo Plante accueille sacousine Marguerite ainsi que Lili, sa filleboiteuse, formant une famille pour le moinsavant-gardiste. En fallait-il davantage pourcauser un scandale ?Tome 3, 356 p. 24,95$Yvan Savignac<strong>Le</strong> projet panatium<strong>Le</strong>s chercheurs du Projet Panatium développentun nouveau médicament aux propriétésuniques et remarquables pour la médecinemoderne et spatiale.<strong>Le</strong> désert de l’Arizona cache des laboratoiresdont les travaux sont surveillés par des organisationsoccultes. Parviendra-t-on à déjouerleurs plans ?376 p. 26,95$162 p. 17,95$Lina SavignacÉva, Eugénie et MargueriteEntre 1910 et 1955, trois femmes issues demilieux différents habitent le village de Sainte-Élisabeth. Menant leur vie en parallèle, ellessubissent l’influence de la toute puissante religionqui régissait tout jusqu’à la premièremoitié de ce siècle.Tome 2, 474 p. 24,95$Lina SavignacCharlesCharles Plante, artiste-peintre, n’a qu’un seulbut : quitter la France et retourner sur le bordde la Bayonne. Charles achète la maison deDamase Sansoucy, mais la vie n’y est pas aussitranquille que celle qu’il avait espérée. En fait,le peintre doit cohabiter avec...347 p. 24,95$Alain TrudeauProtocoleVous plongerez dans l’univers mal défini desservices secrets américains et canadiens.À l’âge de 28 ans, Michaël fait une rencontrequi changera drastiquement le cours de sa vie.Un homme, voulant lui donner des informationssur la mort présumée de son père biologique,sera sauvagement assassiné sous sesyeux…www.editionslacaboche.comLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 9


M ICHELR ABAGLIATILa juste dose d’humanité,d’humour et d’intelligenceLibraire d’un jourLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 10Natif du quartier Rosemont à Montréal, Michel Rabagliati a acquis aufil des ans un statut fort enviable parmi les illustrateurs et bédéistesquébécois, notamment grâce à sa série d’albums d’inspirationautobiographique mettant en vedette son attachant alter ego, Paul.<strong>Le</strong>cteur « paresseux et difficile », selon ses propres dires, il partagenéanmoins avec nous ses petits émois.« Mon père était un lecteur tranquillequi étirait le même livre sur des mois,se rappelle le bédéiste. Comme il étaittypographe et qu’il passait ses journéesentières à lire des textes sur des formesde plomb et à l’envers, je crois qu’il enavait assez lorsqu’il arrivait à la maison.Je me souviens l’avoir vu lire unlivre qui a dû traîner sur la table dusalon pendant cinq ans: <strong>Le</strong> choc du futurd’Alvin Toffler. » D’emblée, cet aveudonnera le ton à notre entretien, d’autantplus que Michel Rabagliati reconnaîtavec candeur qu’il est issu d’unmilieu familial où la littérature et la lectureavaient une importance modeste.En dépit de cela, le livre fera une entréeremarquée dans l’univers du jeuneMichel, notamment une bande dessinéesignée Hergé: Objectif Lune: « Un matinje me suis levé, je devais avoir 6 ans.Mon père l’avait achetée la veille et mel’avait laissée sur la table avant de partirtravailler. Papa aimait bien les BDlui aussi, surtout Gotlib. J’ai lu çadoucement, en regardant chaque imageet en essayant de comprendre lestextes, irrémédiablement aspiré dans lefabuleux monde de Tintin. »ParStanley PéanConverti à la lecture en bas âge,Rabagliati se décrit comme un lecteur« paresseux et difficile » : « Je dois trouverdans un livre la juste dose d’huma -nité, d’humour et d’intelligence pourme tenir attentif et intéressé jusqu’aubout, sinon je décroche très facilement.» Un livre semble avoir réuni cesconditions indispensables: L’attrapecœursde J.D. Salinger, lu une dizaine defois, en anglais et dans la traductionfrançaise de J.-B. Rossi. « J’en parlemême dans un passage de Paul à lapêche, rappelle notre <strong>libraire</strong> d’un jour.C’est une œuvre qui a changé profondémentma vie et ma façon de regarder lemonde. Je pourrais dire qu’il y a deuxMichel Rabagliati: celui d’avant la lecturede L’attrape-cœurs, et celui d’après. À traverssa lunette, Salinger m’a fait voir lemonde comme je ne l’avais jamais vu« Je retournetoujours à L’hommerapaillé de GastonMiron. C’est un livrequi va toujoursm’accompagner. »avant. Je me suis immédiatement identifiéau personnage principal, auquel jeressemblais tant à cet âge. Salinger a suse remettre dans l’état d’esprit exact d’unjeune de 15 ou 16 ans, et le faire réfléchirtout haut. L’argent, l’hypocrisie, les injustices,l’amour, l’indifférence: tous lestravers de la société moderne y passent.Et tout est dit crûment sans ménagementpar ce jeune homme qui en a gros sur lecœur. Pour moi, c’est le meilleur romanjamais écrit. »L’admiration que voue Michel Rabagliatiau chef-d’œuvre de Salinger est telle qu’ilavoue ressentir encore aujourd’hui soninfluence dans sa manière d’aborder sespropres récits. Comment ne pas s’étonner,alors, que Rabagliati n’ait paschoisi le roman comme mode d’expression?« J’aurais bien sûr aimé écrireL’attrape-cœurs, mais pour rester plusprès de mon métier, je dirai que j’auraisaimé tout autant signer <strong>Le</strong>s bijouxde la Castafiore d’Hergé. C’est une desBD les plus raffinées que j’ai lues aupoint de vue scénaristique; très complexeet très fluide en même temps. <strong>Le</strong>déroulement des scènes, les chasséscroisésentre personnages, les malentendusgénérés par la surdité deTournesol font de cette histoire une formidablemachine infernale. Hergé devaitêtre en très grande forme lorsqu’ila mis ce scénario au point. »En sa qualité d’illustrateur, c’est sur leplan graphique que Rabagliati ressentle plus l’influence de ses lectures. <strong>Le</strong>sartistes qui l’ont le plus impressionnésont nombreux: « Albert Chartier, pèred’Onésime, le plus célèbre personnagede BD québécoise aux bras et auxjambes élastiques comme du caout -chouc. Robert Lapalme, caricaturiste etdécorateur virtuose qui a travaillé pourune foule de quotidiens canadiens; sescaricatures sont parmi les plus belles etles plus raffinées: c’est le AlbertHirschfeld du Québec. L’immenseAndré Franquin, père de Gaston Lagaffeet dessinateur des plus beaux albumsde Spirou. J’ai allègrement copiéson style durant toute mon enfance; àl’école, je présentais mes travaux sousforme de bandes dessinées. Et puis,Alain Grée, qui illustrait des livresdocumentaires pour les enfants dansles années 70 chez Casterman (<strong>Le</strong>sbateaux, <strong>Le</strong>s trains, <strong>Le</strong>s voitures, etc.).J’adorais ses illustrations dépourvuesde traits noirs, je trouvais ça très avantgardiste.En 1987, lorsque j’ai commencéà explorer l’illustration àl’ordinateur, un autre vieil auteur delivres documentaires jeunesse refitsurface et vint influer sur mon style:© Sylvain DumaisMiroslav Sasek, à qui l’on confiait desreportages des sinés à propos desgrandes villes du monde. Ces artistesont laissé des traces qu’un œilaverti peut aujourd’hui déceler dansmes cases. »Quand on lui demande d’identifierd’autres lectures marquantes, en tantque premier bédéiste retenu en cespages comme <strong>libraire</strong> d’un jour,Rabagliati choisit de prêcher pour saparoisse: « J’aime la BD avant tout,mais je concède que les excellentes BD,celles qui vous marquent, sont rares. Ily a beaucoup d’offre, mais peu de titres— près de 4 000 nouveautés arriventsur les rayons tous les ans! — trouventgrâce à mes yeux. Je parle, ici, deromans graphiques pour adultes. Sinon,en jeunesse, humour, aventure etscience-fiction, il y a une kyrielle debons albums. Avec l’âge, j’ai un peudélaissé ces rayons. Mais voiciquelques valeurs sûres dans la catégorieroman graphique: Maus d’ArtSpiegelman, Persepolis de MarjaneSatrapi, Quartier lointain de Jirô Tanigushi,Blankets de Craig Thompson,Jeux pour mourir de Jacques Tardi, Laguerre d’Alan d’Emmanuel Guibert. Il yen a des dizaines d’autres, mais disonsque ces albums pourraient constituerune bonne introduction au monde de laBD adulte. »L’ATTRAPE-CŒURSJ.D. Salinger,Pocket,258 p. | 9,50$OBJECTIF LUNE ETLES BIJOUX DE LACASTAFIOREHergé, Casterman,Casterman,64 p. ch. | 11,95$ ch.MAUS(COFFRET 2 VOL.)Art Spiegelman,Flammarion,312 p. | 55$QUARTIER LOINTAIN(L’INTÉGRALE)Jirô Tanigushi,Casterman,406 p. | 48,95$


à chacunson combatcun224 pages, 19,95 $, ISBN 978-2-89448-586-6Gilbert Lavoie se met au servicede la mémoire de Jean Pelletier.© Johanne Mercier150 pages, 15,95 $, ISBN 978-2-89448-576-7On le voit à cette courte liste, l’origine de l’auteur n’aguère d’importance pour Rabagliati: « Ce que je veux,c’est qu’on me raconte une bonne histoire. Mais évidemment,quand je lis un livre comme À quand les bonnes nouvelles?de Kate Atkinson, je suis très heureux de visiterl’Écosse et ses habitants à travers ses pages. » Quant auplus récent bouquin à l’avoir bouleversé, il s’agit du Soleildes Scorta de Laurent Gaudé. « Une histoire dense sedéroulant sur plusieurs années dans un petit villageitalien. Descriptions des lieux, des goûts et des odeurshyper réalistes. Une écriture qui rend jaloux. J’ai fait untrès beau voyage en lisant ce roman », déclare-t-il.PERSEPOLIS (4 T.)Marjane Satrapi,L’Association,entre 76 p.et 104 p. ch. |entre 24,99$et 26,99$ ch.BLANKETS:MANTEAU DE NEIGECraig Thompson,Casterman,582 p. | 47,95$JEUX POURMOURIRJacques Tardi,Casterman,240 p. | 47,95$LA GUERRED’ALAN (3 T.)Emmanuel Guibert,L’Association, 96 p.| entre 24,99$ et29,99$ ch.Quelques suggestions de Michel RabagliatiÀ QUANDLES BONNESNOUVELLES?Kate Atkinson,De Fallois,366 p. | 32,95$LE SOLEILDES SCORTALaurent Gaudé, J’ailu, 248 p. | 11,95$Paul à QuébecAutrement, une pile d’albums de bandes dessinées trônesur sa table de chevet. Des titres? « Tamara Drewe de PosySimmonds, une nouveauté primée au Festival d’Angoulême;superbe roman graphique très généreux, librementinspiré d’un roman de Thomas Hardy (Loin de la fouledéchaînée). C’est mon coup de cœur cette année. GhostWorld de Daniel Clowes, pilier de l’underground américain.La Marie en plastique de Prud’homme et Rabaté. Chambrefroide de Bruno Heitz. <strong>Le</strong> petit Christian 2 de Blutch, unartiste étourdissant de la BD nouvelle vague française.Amérika de Robert Crumb. Et Là où vont nos pères, merveilleuseBD muette sur les difficultés de l’émigration. »Sam Haroun propose ose une réflexionpolitique pertinente e sur l’approchecanadienne de la guerre.e.180 pages, 19,95 $, ISBN 978-2-89448-572-9Andréa Richard prône une spiritualitéiau-delà des dogmesreligieux.Septentrion.qc.caS e p t e n t r i o n . q c . c aMembre e de l’Association nationale des éditeurs de livresLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 11


LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature québécoiseLILI KLONDIKE (TOME II)Constatant que je me jetais sur le secondtome de la série « Lili Klondike » commela petite vérole sur le bas clergé, je me suis demandé par quelle magie Mylène Gilbert-Dumas arrivait à me faire apprécier de la littérature dite « de madame ». Puis, commençantma lecture, j’ai découvert que le charme opérait encore!Certes, l’auteure prend son temps pour recréer l’ambiance bouillonnantedu Klondike de la ruée vers l’or. Cependant, alors que Rosaliedoit fuir son amour pour survivre tandis que Liliane, véritablehéroïne du roman, trahit ses convictions et se la joue « Angélique,marquise des anges », j’ai vu que cela était bon. L’histoire de cesdeux jeunes Canadiennes françaises qui, au mépris des convenanceset de leur éducation catholique, tentent de se bâtir un avenir idéalsans l'appui d'un mari, a de quoi inspirer encore et encore!Anne-Marie Genest PantouteMylène Gilbert-Dumas, VLB Éditeur, 448 p., 29,95$CE QUI S’ENDIGUEAnna et Angela sont deux femmes biendifférentes, mais leurs destins seront liésdès leur conception. Tour à tour, elles joueront avec leur existence. Elles remettrontleur choix de vie en doute. Elles voudront poursuivre dans de nouvelles voies. Ellestrébucheront et se relèveront. Elles sont tout simplement deuxfemmes qui veulent vivre et aimer, deux femmes qui veulent affirmerleur sexualité et leur féminité. En suivant leur parcours, on réaliseà quel point l’humain est complexe. L’action se déroule dans les Pays-Bas, non loin des digues qui ont fait la réputation de ce pays. L’écritureest emplie d’une belle musicalité qui nous envoûte tout au longde la lecture. Un livre qui ne peut que nous troubler et nous amenerà réfléchir sur notre propre vie. Marie-Hélène Vaugeois VaugeoisAnnie Cloutier, Triptyque, 238 p., 22$ÊTREJ’ai souffert avec Boris de la méchancetéd’autrui. J’ai ressenti les frustrations etles joies de Juliette, 4 ans, qui apprend la vie. J’ai vécu les craintes d’un orphelin quin’a pas la chance de vivre comme les autres. J’ai vu la colère d’une petite fille et deson père et j’ai pleuré sur son destin. J’ai rêvé avec Jonathan. J’aifermé les yeux comme Rachel. J’ai craint de perdre comme Marie-Christine. Hervé m’a montré la haine. J’ai vu la souffrance d’unefemme qui aime sa famille. David m’a fait réfléchir et m’a étonnée.François m’a fait croire. J’ai été jugée en compagnie d’Eugénie. J’aiappris le partage avec M. Porter. J’ai connu la vieillesse et j’ai entrevula mort! Un livre splendide empreint d’une grande sensibilité, parfoisdure, mais combien véridique. Un enchevêtrement d’émotions à lireabsolument! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesÉric Simard, Septentrion, 162 p., 17,95$ÊTES-VOUS MARIÉE À UN PSYCHOPATHE? Deux réactions sont possibles à la lectured’Êtes-vous mariée à un psychopathe?La première: célibataires, vous n’êtes pas seuls, rassurez-vous! La deuxième:si vous êtes en couple, attention! Vous deviendrez paranoïaques et imaginerez lespires scénarios! Ouf! Bien sûr, une fois qu’on y réfléchit à tête reposée,on comprend qu’il faut en prendre et en laisser. Une choseest sûre, Nadine Bismuth a usé de tous les stratagèmes possibles pournous offrir un diaporama divertissant de la vie quotidienne. Questionaux lecteurs: êtes-vous infidèles à ce point? Tous? Lire ces nouvellesamènera tant les hommes que les femmes à se questionner sur lesbons et les mauvais côtés de la vie, qu’ils soient en couple ou pas!Isabelle Prévost-Lamoureux La Maison de l’ÉducationNadine Bismuth, Boréal, 232 p., 22,95$ILÛ: L’HOMME VENU DE NULLE PART Voilà enfin un roman historique qui oseremonter plus loin: Ilû: L’homme venu denulle part, premier opus de Pierre Barthe. L’auteur nous emmène sur les terres asiatiques,il y a plus de 40 000 ans, et romance de façon superbe la traverséedes premiers hommes jusqu’en Amérique, lorsqu’ils passèrentpar le Nord. Nous avons ici un récit passionnant et un texte travaillépour lequel l’auteur a fait de nombreuses recherches, qui nous sontd’ailleurs livrées sous forme d’annexe. Ilû: L’homme venu de nullepart peut convenir à n’importe quel lecteur puisqu’il est loin de s’agird’un texte inaccessible et surchargé d’informations historiques; vousaurez entre les mains un roman de qualité des plus agréables à lire.Marijoe Dubé-Roy Des SommetsPierre Barthe, VLB Éditeur, 628 p., 29,95$À JUILLET, TOUJOURS NUE DANS MES PENSÉES <strong>Le</strong>s romans d’anticipation réussisont ceci de particulier qu’ilssavent amplifier les travers des contemporains et mettre en perspective le monde danslequel nous vivons. En ce sens, À Juillet, toujours nue dans mes pensées est une œuvrebrillante! En 2033, quelque part en Amérique du Nord, se crée unehistoire d’amour entre Frank, un musicien, et Juillet, une militanteécologiste qui anime un site porno. Autour d’eux, la petite Lol, dontla langue est remplie d’expressions chinoises, et Lou, artiste visuel.Dans le contexte d’une société hypersexualisée, libérée à outrance,menacée par les catastrophes écologiques, les personnages cherchentun sens à leur vie, à l’amour naissant et l’amitié. Sur fond de cataclysmeannoncé, l’écriture, les arts visuels et la musique restent encoreles valeurs essentielles qui transcendent toutes les misères.René Paquin Clément MorinBenoît Quessy, Québec Amérique, 176 p., 16,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 12UN CŒUR ROUGE DANS LA GLACE Étant une inconditionnelle de RobertLalonde, je ne vous dirai pas que les troisnouvelles qui constituent les 240 pages de son plus récent livre ne m’ont pas plu. Ceserait un mensonge, une trahison. Ne passons toutefois pas sous silence le fait que celivre s’adresse à un public déjà conquis. Il faut, en plus d’aimer Lalonde, aimer VirginiaWoolf, Emily Dickinson, Alain-Fournier et son grand Meaulnes; ilfaut aimer leur univers romanesque. Il faut s’intéresser à l’acted’écrire, au processus de création, aux misères de l’écrivain. Il fautrisquer de se mettre en danger, de s’abandonner, d’errer et très souventde se perdre. Il faut savoir s’émouvoir de la beauté d’un vers,d’une fragile écriture, d’une possible traduction, d’une phrase aussibien construite que le sentiment pur dont elle en a été inspirée.Éclectique, le dernier livre de Lalonde? Extrême!Jocelyne Vachon La Maison de l’ÉducationRobert Lalonde, Boréal, 248 p., 22,95$LA BAR-MITSVA DE SAMUELIl est rafraîchissant de constater que l’originejuive de certains auteurs peutmener à autre chose qu’à la publication d’un manuscrit sans direction éditoriale. Ici,elle sert à construire un bon roman sur les liens familiaux. S’acharnant à déconstruirele mythe de la mère juive (vous savez, cette maman culturellementchargée de bonnes intentions qui s’octroie un droit de regard sur lamoindre activité de ses enfants), David Fitoussi nous permet de vivredes situations plus rocambolesques les unes que les autres. On seplaît à suivre le jeune Samuel, pas trop pubère, dans sa découvertede la culture québécoise et, surtout, dans ses premiers émois sexuels.Aux antipodes de la candeur, l’humour de Fitoussi transparaît à traversles déceptions, la hargne et le ton acerbe. Comme un WoodyAllen sous acide. Sous reflux acide. Anne-Marie Genest PantouteDavid Fitoussi, Marchand de feuilles, 308 p., 22,95$


LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature québécoiseELVIRA LA VIPÈRE: CHEZ MIMI (T. 1) Un décor réaliste, des personnages attachantset une histoire prenante constituentles ingrédients d’un bon roman populaire, genre qu’Hélène Potvin, dans lepremier tome de la série « Chez Mimi », maîtrise parfaitement. Mimi, une belle femme« dont l’embonpoint [égale] la bonne humeur et la grandeur d’âme », sorte de JuliettePomerleau d’Hébertville-Station, anime le populaire salon de coiffure« Chez Mimi ». Son antipathie pour Elvira Blackburn, la commère dela place, n’a d’égale que le mystère entourant une inconnue, unebelle Suissesse vivant dans la maison du maire. Sur fond de (fausses)rumeurs, d’intrigues à saveur rurale et d’enjeux nationaux (la vented’une industrie locale à une multinationale), ce livre est le parfaitexemple du roman régional réussi: il se lit avec bonheur, divertit etfait sourire. En plus, il rend hommage au Lac-Saint-Jean!René Paquin Clément MorinHélène Potvin, Béliveau Éditeur, 288 p., 19,95$LA GROTTE AUX FÉESVoici le quatrième tome de la fascinantesaga commencée avec <strong>Le</strong> Moulin du Loup.Suivant son habitude, Marie-Bernadette Dupuy arrive à nous charmer par son grandtalent. On se retrouve plongé dans l’atmosphère des années 1920, avec entre autresles voitures, le téléphone et la photographie d’époque. À l’aube d’unenouvelle ère pour Claire et sa famille, beaucoup d’événementssecoueront encore la vallée après la mort de Denis, le mari de Faustine:la mort soudaine de Raymonde, la grossesse de Faustine, sonmariage avec Mathieu et son accouchement inopiné, le voyage deJean en Amérique, etc. Encore une fois, nous sommes complètementcaptivés par l’univers de Claire et de Jean. Des quatre tomes, c’estassurément le plus complet et le plus touchant. Une saga à lire et àdéguster du début à la fin! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesMarie-Bernadette Dupuy, JCL, 6<strong>52</strong> p., 26,95$GÉOMÉTRIE DES CATACLYSMES D’entrée de jeu, j’avoue que je ne connaissaispas la poésie de Stéphane Jean,qui en est ici à son quatrième livre. Cette poésie bien ciselée, d’une fluidité remarquable,est une très belle découverte. Malgré le titre, Géométrie des cataclysmes, ilémane de ces textes une fraîcheur surprenante sapant la lourdeurqui aurait pu aller de soi, compte tenu du sujet. <strong>Le</strong>s images sontfortes et nous bousculent: « j’écoute un chemin mourir/dis-moi s’ilfait clair au fond des oiseaux/les légendes braquent unefontaine/nos cœurs comme des chambres à gaz. » Une lecture lentes’impose pour laisser respirer tant de densité. On reste ébaubi devanttant d’habileté inspirée: « les utopies débarquent/leurs anges trouéscomme des chaloupes/une carcasse allaite les étoiles/dans nos murmuresflotte une forêt. » Oui, une bien belle découverte!Guy Marchamps Clément MorinStéphane Jean, <strong>Le</strong>s herbes rouges, 84 p., 14,95$MON SOFA BRISE-GLACEEncore une merveille dénichée par cetteremarquable maison d’édition qu’est L’Oiede Cravan! Un tout petit livre qui ne pèse pas lourd (« les colis piégés non plus »,dixit Gainsbourg au sujet de son seul roman) mais qui sait se rendre incontournablepour qui aime ce type de poésie. Comme le suggère le titre, Mon sofabrise-glace, la poésie de Nathalie Thibault fait mouche en extirpantdes images fortes et simples du quotidien qu’une sensible économiede mots (on songe à Patrice Desbiens) rend plus que surprenantes:« Sur le cargo géant/mon ventre est un hublot/qui pleure et qui senoie/dans l’océan Sunlight vaisselle. » C’est concis, rendu sur un tonde naïveté douce-amère proche de la comptine qui appuie le proposavec force. À quand le prochain?Christian Girard PantouteNathalie Thibault, L’Oie de Cravan, 56 p., 12$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 13


N ICOLASD ICKNERENTREVUElittérature québécoiseLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 14La findumondeest enjuilletParAnne-Josée CameronC’est en 2005 que Nicolas Dickner s’approprie toute l’attention dela scène littéraire québécoise. Auparavant remarqué grâce àL’encyclopédie du petit cercle (L’instant même), un recueil denouvelles, l’auteur signe Nikolski, son premier roman. On assiste, cetteannée-là, à la naissance d’un romancier et d’une maisond’édition (Alto). Depuis, Nikolski est devenu un succès avec 30 000exemplaires vendus en plus d’avoir remporté de nombreusesdistinctions dont le prix Anne-Hébert et le Prix des <strong>libraire</strong>s duQuébec. L’auteur nous présente ce printemps son cinquième livre,Tarmac. Rencontre.<strong>Le</strong> début de la finL’histoire de Tarmac commence àRivière-du-Loup, par un bel après-midid’été. Michel Bauermann, alias Mickey,17 ans, un amateur de science-fiction,fait la rencontre de Hope Randall austade municipal:« La nuit dernière, j’ai rêvé à labombe d’Hiroshima.Quelques secondes se sontécoulées, pendant lesquelles j’aimédité sur cette entrée enmatière atypique. La fille avaitun drôle d’accent, anglais, peutêtreacadien. Je pariais surEdmunston.Je me suis contenté de renvoyerla balle.— Pourquoi Hiroshima en particulier?»En effet, pourquoi cette ville? Peut-êtreparce que le bombardement d’Hiroshimasymbolise la fin d’un monde etque, chez les Randall, l’apocalypse estune affaire de famille: « Chose certaine,les mêmes symptômes se répétaient degénération en génération avec une précisionchorégraphique: en arrivant à lapuberté, chaque Randall se voyait surnaturellementinstruit des moindres détailsde la fin du monde — sa date, sonheure et sa nature. » (p. 3) Cettebizarrerie séduit Mickey qui, dès lors,adopte Hope. Elle devient sa meilleureamie, sa compagne, son inséparable. Ilsvivront ensemble cette période siseentre l’adolescence et l’âge adulte,période au cours de laquelle le tempssemble s’étirer au gré des journéespassées à discuter et des soirées à segaver des infos à la télévision, au soussol.Dérive immobile, donc, jusqu’aujour où Hope aura elle aussi sa proprerévélation de la date de la fin destemps: le 17 juillet 2001. Commencealors une quête qui la mènera desÉtats-Unis au Japon, à la poursuite d’unmystérieux écrivain à qui aurait étérévélée la même date butoir.© Sylvain DumaisDans Tarmac, c’est la famille qui,comme dans Nikolski, définit au premierchef les personnages. La teneur descaractères et le destin des protagonistess’expliquent par l’histoire fami -liale, qu’on relate sur plusieursgé nérations. « Je ne voulais pas faire depsychologie, mais comme chaque personnagedoit trouver son explication, jepensais que les familles étaient lemeilleur moyen de le faire », soutientNicolas Dickner. Par exemple, le clande Mickey, les Bauermann, œuvre dansle béton depuis plusieurs générations etreprésente force, solidité, équilibre— tout ce qui a manqué à Hope. « Enfait, l’arbre généalogique des Randallaurait pu servir à enseigner l’histoire dela psychiatrie en Amérique du Nord aucours des 150 dernières années », précisel’auteur au début du roman. Peutonéchapper à l’atavisme familial? Voilàune des questions que propose le livre.B comme bungalow ou bunkerLieu phare du roman: le bungalow etson antre, le sous-sol. C’est là que trônela télévision, qui déverse son lotd’atrocités quotidiennes. Cet espacesouterrain devient dans Tarmac unesorte de chrysalide, lieu protégé où fermententdes aspirations contradictoires:« <strong>Le</strong> sous-sol moderne estapparu durant la guerre froide. C’est leproduit d’une civilisation obsédée par lebunker mais quand on y pense bien, ladernière fois qu’autant d’homo sapiensont choisi d’habiter sous terre, c’étaitdurant l’Âge de pierre. Conclusion: lamodernité est un concept tout relatif. »« J’aimais le paradoxe du bungalowbunker;on s’y cache, mais on y estaussi prisonnier », reconnaît Dickner,interrogé au sujet de la place importantequ’occupe le bungalow dans sonroman. Pour Hope, la maison desBauermann est perçue comme unrefuge. Elle y cache son argent, y faitses devoirs en toute quiétude et peuty éviter la folie de sa mère. Elle devratoutefois quitter cette tanière pourdépasser son obsession apocalyptiqueet ainsi pouvoir devenir adulte àpart entière.Géographie variableSi la première partie du roman s’attardesur le quotidien des deux adolescents, laseconde devient plus rythmée, et corres -pond au départ de l’héritière des Randallpour les États-Unis et le Japon. <strong>Le</strong> mondes’ouvre tout à coup à nos deux amis. Ildevient immensité et éloignement pourMickey, découverte et perpétuel changementpour Hope. C’est dans cet univers àgéographie variable que nous entraîneNicolas Dickner. Un monde où le fantastiqueprend sa place, où les villes de Tokyo


© Idra Labrieet Rivière-du-Loup se répondent comme l’écho dans lelointain: des condominiums vus à Tokyo apparaissent surle territoire rivelouvois, puis le stade municipal où se sontrencontrés les deux protagonistes se matérialise tout àcoup dans la capitale nippone. Comme si nos héros,quoique séparés, étaient toujours liés par un étrange jeude miroir qui n’est pas sans évoquer l’univers distordu del’écrivain japonais Haruki Murakami.Lieu de tous les impossiblesConstruit en 97 chapitres courts et incisifs, Tarmac seprésente comme une succession de vignettes pouvant êtreprises indépendamment les unes des autres. On a parfoisl’impression d’un casse-tête que l’auteur aurait assembléaprès coup. Cette succession de chapitres laconiques vientdonner au récit un ton presque journalistique. On accèdeà une multitude de souvenirs présentés comme des instantanésd’une période, pas si lointaine, mais bien révolue.La trame du roman se déroule sur douze ans, de 1989TARMACAlto,280 p. | 23,95$à 2001, et illustre bien toute cette génération ayant vécula fin de la guerre froide et le début d’une nouvelle répartitiondu pouvoir sur l’échiquier mondial. Sous le couvertd’une simple histoire d’amitié aux héros saisis d’étrangeslubies se cache une minutieuse étude de la société. NicolasDickner ressuscite avec une précision d’horloger la fin desannées 80 et le début des années 90 à travers force détailssur le quotidien et l’actualité de l’époque. Tarmac dessinele magnifique portrait d’une ère, d’une génération. Ceuxqui, comme les héros du roman, étaient à l’aube de l’âgeadulte en 1989, se souviendront d’une jeunesse passéesous le signe de la guerre froide. Ils se rappelleront aussi,avec le narrateur Mickey, de la chute du mur de Berlin,voire de l’invasion de l’Irak par Bush père. C’est là que résidele talent de l’écrivain, dans cette façon qu’il a d’entrelacerune histoire avec l’Histoire.On termine pourtant le roman avec le sentiment indéfinis -sable que quelque chose nous a échappé et que lamagnifique technique narrative oblitère un tout petit peule souffle vital des personnages. Heureusement, cela n’enlèveen rien tout le plaisir qu’on éprouve à plonger dansl’univers si particulier de Nicolas Dickner. On ne peutqu’admirer la construction soignée du roman, le souci dudétail, l’humour et le foisonnement d’idées qui composentTarmac, à cheval entre le réalisme et le fantastique.Voilà une œuvre originale et cohérente dans laquelle lesthèmes de la famille, du voyage et de la connaissancetissent les fils d’un temps qui épuise les choses, maisfaçonne les êtres.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 15


entre parenthèsesDes romanciersau service de Lucky LukeSelon le magazine français L’Express,les éditions Dargaud font appel àDaniel Pennac et à Tonino Benacquistapour réaliser le scénario d’un album deLucky Luke, le cowboy de Morris etGoscinny. <strong>Le</strong>s deux romanciers n’ensont pas à leur premier coup d’essai ence qui a trait à la BD, car Pennac a poursa part travaillé à La débauche et Benacquista,à Dieu n’a pas réponse à tout.Pour cet album de Lucky Luke, deuxéquipes œuvreront en parallèle: d’uncôté, Laurent Gerra et Achdé, quiavaient pris la relève à la mort de Morris(3 albums à leur actif, dont La belleprovince); de l’autre, Daniel Pennac etTonino Benacquista.Yves Beaucheminen convalescenceYves Beauchemin (<strong>Le</strong> matou), qui a subi uneintervention chirurgicale majeure, a annoncéson absence au Salon du livre del’Outaouais ainsi qu’à celui de Québec. L’auteur,qui heureusement récupère tranquillement,a cependant dû reporter sa tournéepromotionnelle pour le livre Renard bleu,une histoire pour petits et grands où lesanimaux parlent, publié plus tôt cet hiverchez Fides.Loup, loup, y es-tu?La collection « À pas de loup » de Dominique etcompagnie s’est refait une beauté en proposant unemaquette encore plus attrayante: couleurs vives,grande place à l’illustration et couverture glacée.<strong>Le</strong>s quatre niveaux de difficulté sont toujoursprésents, quoique rebaptisés, mais en plus, chacunde ces miniromans est accompagné d’un jeuquestionnairequi éveillel’attention de l’enfant. Cesalbums illustrés et écritspar des artistes reconnussont souvent remplis d’humouret de fantaisie. Ilsconstituent des incontour -nables pour l’apprentissageou le perfectionnement dela lecture.©Martine Doyon<strong>Le</strong>s têtes couronnéesPierre Crépeau, Prix littéraire <strong>Le</strong> Droit (fiction) 2008 pourMadame Iris et autres dérives de la raison (Éditions David).Philippe Djian, prix Jean-Freustié pour son romanImpardonnables (Gallimard).Blutch, Grand Prix 2009 du Festival international de labande dessinée d’Angoulême en récompense pour l’ensemblede son œuvre.Roberto Bolaño, National Book Critics Circle 2008, catégorieFiction, pour 2666 (Christian Bourgois Éditeur).Mona Latif-Ghattas, Prix du Salon international despoètes francophones du Bénin, pour Ambre et lumière (Éditionsdu Noroît).Olivier Adam, Prix RTL/Lire pour Des vents contraires(De l’Olivier).Haruki Murakami, Prix de Jérusalem 2009 pour la libertéde l’individu dans la société décerné par la Foire du livrede Jérusalem.Jonathan Harnois, 1 er prix des Prix littéraires Radio-Canada dans la catégorie Récit pour « Sonam ».Guy Lalancette, 2 e prix des Prix littéraires Radio-Canadadans la catégorie Récit pour « Blou sued chouz ».LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 16L’édition américaine se serre la ceinture…et les coudes<strong>Le</strong>s maisons d’édition américaines ne sont pas exemptesde la crise qui touche les États-Unis. Face au problème,les responsables de la grande foire professionnelle dulivre qu’est BookExpo America ont décidé de s’adapteret d’alléger les charges de ses exposants. Ainsi, jusqu’en2012, la manifestation qui se tient habituellementchaque printemps dans une ville différente, se fixera àNew York, où la majorité des grands éditeurs américainsont pignon sur rue. Cette année, les activités s’étendrontdu 28 au 31 mai 2009.Franc succès pour le Salon dulivre jeunesse de LongueuilDu 11 au 15 février derniers se déroulaitla troisième édition du Salon du livrejeunesse de Longueuil, dont plus de 7 500visiteurs ont franchi les portes, soitpresque le double de l’année précédente.Pour l’occasion, trente-cinq éditeursétaient présents, en plus de quelques auteurstels India Desjardins et Yves Beaucheminet quelques mascottes, dontCaillou et Géronimo Stilton. Après ce succèsincontestable, les organisateurscomptent récidiver en 2010 avec de nouveauxvolets, toujours dans le but de fairela promotion du livre et de la lectureauprès des jeunes.De la gym du cerveaupour vaincre l’Alzheimer<strong>Le</strong>s Publications Modus Vivendi créent une nouvelle division, les Éditions Bravo!, pour apaiser les inquiétudesdes baby-boomers face à la perte de leurs facultés cognitives. Trois collections — « Remue-Méninges », « Pause-Café » et « Ultra » — sont offertes à très petits prix pour développer la logique etentraîner les méninges. Labyrinthes, mots-croisés, mot cachés, quiz QI, sudoku: tous les prétextes sontbons pour s’adonner à des loisirs amusants, à la fois conviviaux et relaxants (de 5,95$ à 9,95$ ch.).Judy Quinn, 1 er prix des Prix littéraires Radio-Canada dansla catégorie Poésie pour « Six heures vingt ».Martine Audet, 2 e prix des Prix littéraires Radio-Canadadans la catégorie Poésie pour « Je demande pardon àl’espèce qui brille ».Bianca Joubert, 1 er prix des Prix littéraires Radio-Canadadans la catégorie Nouvelle pour « Money Express ».Jean-Sébastien Trudel, 2 e prix des Prix littéraires Radio-Canada dans la catégorie Nouvelle pour « À la pêche ».Alain Mabanckou, Prix littéraire franco-israélien pourVerre Cassé (Seuil).Gilles Pellerin (fondateur et directeur littéraire de L’instantmême), Prix du Rayonnement des <strong>Le</strong>ttres à l’étranger de lacommunauté française de Belgique, pour avoir promu lalittérature de Wallonie-Bruxelles au Canada.Pierre Pratt, Prix illustration Jeunesse 2009, catégorieAlbum, du Salon du livre de Trois-Rivières pour L’étoile deSarajevo (Dominique et compagnie).


À l’agendaLa 37 e Rencontre québécoiseinternationale des écrivainsDu 16 au 19 avril 2009C’est autour de tables rondes sur le thème « Mémoire/s» que seront réunis dix écrivains de l’étrangeret quinze écrivains du Québec pour aborder la mémoiredans tous ses états. Ces conversations seront diffuséespar Radio Spirale (www.spiralemagazine.com). Cette37 e édition débute le jeudi 16 avril à 17h30, à la Maisondes écrivains, par une conférence publique prononcéepar le poète et essayiste Paul Chamberland. Unelecture publique aura lieu le vendredi 17 avril à 17h30à la Maison de la culture Plateau-Mont-Royal.Où: La Maison des écrivains de Montréal et la Maisonde la culture Plateau-Mont-RoyalFestival Metropolis bleuDu 22 au 26 avril 2009Cette année, c’est sous le thème « La force des mots »que s’ouvrira le 11 e festival Metropolis bleu, qui a pourmission de rassembler des écrivains de renommée internationale.La célèbre romancière anglaise A.S.Byatt sera présente puisqu’elle est la lauréate duGrand Prix littéraire international Metropolis Bleu. Unpan du festival est également destiné aux enfants de3 à 12 ans et fait la promotion du plaisir en littératurejeunesse. Rappelons que l’année dernière, quelquequarante auteurs, illustrateurs, conteurs et traducteursavaient participé à l’événement.Où: Plusieurs bibliothèques, librairies, maisons de laculture et musées de MontréalInfo: www.metropolisbleu.org14 e Journée mondiale du livre et du droit d’auteur<strong>Le</strong> 23 avril 2009<strong>Le</strong> lieu et l’espace de la diffusion du livre seront àl’honneur lors de la 14 e Journée mondiale du livre etdu droit d’auteur. <strong>Le</strong>s porte-parole de cet événementsont, pour une deuxième année consécutive, ChrystineBrouillet et Stéphane Dompierre, auteurs reconnus etbien présents dans le milieu du livre au Québec.Plusieurs activités seront organisées dans les bibliothèques,les écoles, les maisons de la culture. Selon latradition, une rose est offerte à tous ceux et celles quise procurent un livre ce jour-là.Où: Dans plusieurs lieux publics, partout au QuébecInfo: www.jmlda.qc.caMarché de la poésie de MontréalDu 28 au 31 mai 2009La fête printanière de la poésie célèbre ses dix ans!Avec Paul-Marie Lapointe, invité d’honneur, ainsi queplus de 70 maisons d’édition et plus de 80 poètes duCanada, de France et de Wallonie-Bruxelles, l’événements’annonce des plus enivrants. C’est sous lethème « Héritages du surréalisme » qu’auront lieu lesactivités sur le plateau Mont-Royal.Info: www.maisondelapoesie.qc.ca | 514 <strong>52</strong>6-6251L’émotion l’emporte<strong>Le</strong> magazine féminin français Marie Claire, qui remettait depuis 2003 un prix pourle meilleur premier roman, change de direction en lançant le prix Marie Clairedu roman d’émotion, récompensant cette fois un auteur confirmé. La proclamationdu prix devrait avoir lieu le 9 juin prochain.Fais-moi une grimaceÀ l’occasion du 15 e anniversaire de la collection« Grimace », <strong>Le</strong>s 400 coups publient une éditionspéciale, Fricassée de Grimaces, qui, sous unemême couverture, regroupe six titres particulièrementappréciés des jeunes lecteurs: <strong>Le</strong> vampirequi aimait le lait, Bonne nuit, Gabo, Maman s’estperdue, Petit zizi, La gratouillette et Bizarres, lesbaisers! (192 p., 29,95$).La plume de Robert LévesqueDe la mi-août à la mi-octobre, l’écrivain et critiqueRobert Lévesque, lauréat du prix Judith-Jasmin de laFédération des journalistes du Québec et du prixJules-Fournier du Conseil supérieur de la languefrançaise, aura la chance d’habiter une maison situéesur les rives du lac Pohénégamook, et ainsi de laisseraller son imagination et sa plume. Cette résidence,offerte par le Camp littéraire Félix, a pour but de participerà l’enrichissement du milieu littéraire francophone.Robert Lévesque est auteur de quatreessais en plus d’être chroniqueur pour le <strong>libraire</strong> etpour l’émission « Christiane Charrette » à la premièrechaîne de Radio-Canada.L’accroche-lecteurÉcrire de façon dynamique,précise et concise n’est pastoujours chose facile. Poursimplifier la tâche desécrivains et des journalistesen herbe, le journalisteAndré Noël, qui cumuleplus de vingt ans d’expé -rience, propose une réédition, revue et corrigée,de son ouvrage intitulé <strong>Le</strong> style: Conseils pour écrirede façon claire et vivante (La Presse) En huitchapitres, ce guide a l’avantage de fournir de nombreuxexemples pour faciliter la compréhensiondes notions théoriques. Par ailleurs, quiconques’intéresse de près à l’art de la rédaction lira avecattention La profession de rédacteur de Jean Dumas(Fides), qui brosse un portrait complet, historiqueet sociologique, du métier choisi par celuiqu’Amélie Nothomb compare à un tisserand.Des gens d’exceptionIl y a des gens issus de milieux modestes qu’on pourraitpenser « nés pour un p’tit pain » mais qui, grâce à des caractères trempés dans l’acier, finissent parjouir, envers et contre tous, d’une existence jalonnée d’une suite de hasards heureux et malheureux. C’estnotamment le cas de Claude Fournier et de Monique Larouche-Thibault. Tour à tour réalisateur, scénariste(Deux femmes en or et Chapeau melon et bottes de cuir, les films; « <strong>Le</strong>s tisserands du pouvoir » et « JuliettePomerleau », les séries télé), directeur de la photographie, monteur et compositeur, le premier se racontesans ambages dans À force de vivre (Libre Expression, 688 p., 34,95$). À l’aide d’une prose souple et vivante,le frère jumeau de Guy commence ses mémoires avec sa naissance en juillet 1931 — le besson,comme il nomme son cadet, a été une surprise tant pour les parents que pour le médecin — et les termineavec la mort atroce de ses petits-fils, décédés dans un incendie en 2006. Entre les deux, l’homme auraadoré sa mère et les femmes en général, marqué l’industrie cinématographique québécoise et filmé legénéral de Gaulle clamant « Vive le Québec libre! ». Eh oui, Fournier, alors étudiant, avait eu, ce jour-là, labonne idée d’apporter avec lui une caméra… Moins connue du grand public malgré quelques romans bienaccueillis, Monique Larouche-Thibault (1928-2008), quant à elle, a mis au monde la très médiatisée chefd’antenne au réseau TVA, Sophie Thibault. Telle mère, quelle fille? (De l’Homme, 288 p., 24,95$) est unchassé-croisé dans lequel les deux femmes se dévoilent simplement et sans pudeur. L’une, altière, raconteavec humour et lucidité les cinquante années de sclérose en plaques qui l’ont clouée dans un fauteuil maisne l’ont jamais empêchée de penser, écrire, critiquer et aimer. L’autre, déployant ses ailes mais paralyséede culpabilité, aura eu besoin de temps pour à la fois se libérer et se rapprocher de cette force de la naturequ’était sa mère. L’on retient de ces deux livres, qui feront leur niche parmi les palmarès des meilleuresventes, que le souvenir est vraiment plus fort que la mort.© Attila Dory©Ghislain FournierLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 17


S TÉPHANED OMPIERREENTREVUElittérature québécoiseDes vertus libératricesdu massacreLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 18Stéphane Dompierre a accouché d’un monstre et il jubile, fort d’unsentiment de libération. Ce monstre, c’est le sanguinaire, le tranchant(littéralement), l’imprévisible, l’impayable et l’érudit pirate Morlante,héros étrange aussi violent qu’introspectif, qui anime sans mêmereprendre sa respiration le petit roman qui porte son nom.Morlante se lit d’un trait: c’est une mineexplosive d’action et d’humour que voustrouverez sous le pavillon Coups de tête,la maison d’édition de Michel Vézina.C’est d’ailleurs pour répondre à la demandede ce dernier que Stéphane Dompierrea donné le jour à Morlante, brodantautour d’un thème qui lui trottait dans latête depuis un moment.Dans la cale d’un bateau anglais, Morlantepoursuit tranquillement sa carrièred’écrivain. On ne l’emploie pas pour sontalent à raconter des histoires ou sa calligraphiesoignée: quand le navire est lacible des pirates ou d’une armée ennemie,il range sa plume, sort ses machetteset rentre dans le tas. Après tout,on ne marque pas son époque en écrivantdes livres, mais en tranchant des gorges.L’écrivain québécois qui nous a donnéUn petit pas pour l’homme et Mal élevé,deux romans centrés sur les relationsMORLANTECoups de tête,160 p. | 14,95$ParFlorence Meneyhommes-femmes et la génération 25-35ans du Plateau-Mont-Royal, expliqueavoir refusé une première fois l’offre deCoups de tête puis, au deuxième abordage,être monté à bord du mouvantnavire. Son objectif était aussi limpideque les eaux des Caraïbes: pondre unroman de piraterie pour un publicadulte. Morlante, précise Dompierre,tranche donc (outre les membres de sesennemis) avec la production littérairequébécoise actuelle. Que l’on soit clair:l’auteur ne place en cet ouvrage aucuneprétention intellectuelle, mais chercheplutôt à explorer le thème des relationshumaines, un sujet récurrent chez lui.Une rupture salutaireLa maison d’édition de Michel Vézinaétait toute désignée pour ce type de projet.Coups de tête a une vocation trèsclaire; elle se donne pour mission depublier des romans de gare de qualitépour grand public, en fait de réhabiliterle genre, pour offrir des romans sansprétention, mais efficaces. En entreprenantla rédaction de Morlante,Stéphane Dompierre reconnaît qu’ilsortait clairement de sa zone de confort,lui qui crée habituellement dans legiron de Québec Amérique. Maispourquoi cette escapade en des mers inviolées?« J’avais l’idée [d’apprivoiser]un lecteur récalcitrant que je rencontresouvent, entre autres dans les cégeps,de jeunes hommes qui ne se retrouventpas dans les romans traditionnels. »Ironiquement, bien qu’il ait pensé auxhommes en premier lieu pour Morlante,le livre a tout de suite plu aux filles deson entourage.Dompierre soutient que Morlante a constituéune saine rupture par rapport àson travail habituel: « J’ai écrit ce petitroman épique pour rompre le long etsolitaire travail d’écriture… Quand ontravaille trois ans, trois ans et demi surun roman, on est seul, c’est long. » Larédaction de Morlante, elle, a été d’unefulgurante rapidité, à cause, dit-il, de lanature du livre: « Je l’ai écrit en deuxmois, plus un mois de corrections, ensuivant un plan clairement établi. Sansme poser trop de questions, avec unmandat clair, un roman d’action, qui nedemande pas trop de réflexion. C’étaitparfait comme ça. » Tout de même,souligne l’auteur, il serait trompeur decroire que Morlante a été une voie facile,un calme voyage en eaux paisibles: « <strong>Le</strong>livre a quand même nécessité pas malde lectures, de recherche, c’étaitd’ailleurs fascinant. J’ai adapté desnoms, ceux des navires, par exemple, etdes lieux. » Et introduit des anachronismesdélirants. Intacte, la toucheDompierre.© Sylvain DumaisL’humour est, on le sait, une constantedans l’œuvre de Dompierre. Pour sesprojets à venir, ce trait sera toujours aurendez-vous, pas question d’y renoncer;d’ailleurs, on sent que cela fait partieintégrante de l’homme, du créateur. Humour,donc, dans Morlante, dans la définitionmême de ses personnages hautsen couleur. Morlante, dont le nom visaitau départ à évoquer un être inquiétant,mais qui, a-t-on fait remarquer au romancier,est fortuitement l’anagrammede Montréal!Sacrée diablesseMorlante, pirate monstrueux, sanguinaire,mais aussi écrivain génial ethomme à fleur de peau qui, d’un coup desabre gracieux, étête ses ennemiscomme autant de tulipes en devisant surla vie et le rôle des belles-lettres, maisaussi en se posant de grandes questionssur les femmes. Ou la femme, plutôt. Carle plus beau personnage, confie StéphaneDompierre, est celui de Lolly Pop, laflamme sauvage de Morlante, « flibustière» également éprise d’effusions


Collection <strong>Le</strong>s derniers motsDe la mort, du deuil, de . Jacques GauthierL’ENSOLEILLÉl es éditions du passageL’ENSOLEILLÉde Jacques Gauthier, poésieLa plume de l’écrivainoutaouais est respectueuse et c’estsur la pointe des pieds qu’elle nousfait pénétrer dans la chambredu mourant. (...) Et quand arriveZénith, titre de la dernière partiedu livre, c’est la gorge nouéequ’on voit finalement l’ultimerendez-vous entre la mortet sa victime.Du PassageAndré Magny, <strong>Le</strong> Droitd’hémoglobine. Une femme à la sexua -lité débordante qui vit un féminismeaussi littéral que sanglant, exprimé leplus souvent à coups de botte au visagedes malfrats qui en veulent à sonéquipage ou, accessoirement, à savertu. Une idylle sanglante se noueentre Morlante, amoureux transi, et labougresse, une affaire de cœur etde sang qui se dénouera dans lemassacre, la poudre et le mystère, carla fin de l’aventure demeure ouverte,sujette à l’interprétation.Stéphane Dompierre vit très bien avecle fait de publier chez deux éditeurs auxvocations différentes, pour des types deromans qui le sont tout autant:« Comme écrivain, je dois beaucoup à©Patrick <strong>Le</strong>mayQA. Si j’avais senti que cela les gênaitque je publie ailleurs, je ne l’aurais pasfait. D’un autre côté, je ne pense pasque si je leur avais proposé un romande piraterie pour adultes, ils l’auraientaccepté... » L’écrivain souligne égalementque travailler dans un autre genrele « garde allumé ». On sent qu’il neveut pas tomber dans la facilité,adopter une recette. Et tout en accordantun grand crédit à la façon dont lelecteur accueille son œuvre, StéphaneDompierre dit ne pas vouloir ou pouvoiraxer son écriture sur ce que les lecteurspeuvent attendre de lui, mais plutôts’investir de façon très personnelle et,au final, dire ce qu’il a à dire: « J’écrisavant tout pour mon plaisir, pour mettresur papier ma façon de voir les choses. »ELLE ARRIVE AVEC L’ÉTÉde Gilles Chagnon, récitC'est un témoignage unique,très personnel, sur ce qu'il y ade plus universel. (…) C'estplus qu'un simple témoignage,en fait. C'est une tentativede s'approprier la mortde la mère, la mort tout court,pour en faire quelque chosede beau. Ce n'est pas triste,c'est lumineux.Danielle Laurin, <strong>Le</strong> DevoirGilles C hagnonELLE ARRIVE AVEC L’ÉTÉles éditions du passageles éditions du passageLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 19


Stanley Péan estrédacteur en chef du<strong>libraire</strong>, écrivain,animateur radio etprésident de l’Uniondes écrivaines etécrivains québécois.I CI COMME AILLEURSLA CHRONIQUE DE STANLEY PÉANlittérature québécoiseEn marge du poèmeLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 20« Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves? », chantait le regretté Sylvain <strong>Le</strong>lièvre, à justetitre attristé par le déclin des utopies. Où trouver refuge dans un monde de plus enplus abandonné aux caprices cyniques de la droite anthropophage? Dans la poésiequi se dresse contre ce monde, tout contre, ainsi que le suggèrent chacun à leurmanière Pierre Gobeil, Jean-François Poupart et José Acquelin en filigrane de leursrécents ouvrages.De retour à Neverland« La poésie est partout et surtout en dehors des livres de poésie! »,m’avait un jour lancé Pierre Gobeil, au cours d’une entrevue qu’il m’accordaitpour la télévision. Nonobstant le côté provocateur de laboutade, il m’a toujours semblé manifeste que la poésie imprégnait aumoins les romans de l’auteur de Tout l’été dans une cabane à bateauet de Dessins et cartes du territoire, l’un des ténors qui ont émergé surla scène littéraire québécoise dans les années 80. Son œuvre,vigoureuse dans sa discrétion, a justement comme thèmerécurrent le tragique sacrifice de la magie, de la poésie de l’enfanceà l’autel d’un monde en deuil de rêve.Dans <strong>Le</strong> jardin de Peter Pan, ce « monde [qui] reste une chosebien étrange » nous est présenté par le biais d’un microcosmesemblable à l’Éden de la Genèse ou, mieux, le Neverland de J.M. Barrie: l’archipel desÎles-de-la-Madeleine, sorte de réplique nordique des Marquises de Brel, véritable« jardin de Peter Pan », terrain de jeux où défilent les figures attachantes de Liam,Bénédicte, Maurice Longuépée et quelques autres, des natifs et des citadins en mald’horizon. Gobeil connaît ces îles pour y avoir séjourné souvent, longtemps. Au fil decette chronique de dérive, il présente ce paysage et sa faune, battus par les vents, chaufféspar les percées de soleil et bercés par l’illusion que rien ne se passe en ce pays-là, querien ne changera jamais sur ces grèves. Chimères, bien sûr, ainsi que le démontre sansostentation le romancier, dont la plume a gagné en lyrisme avec chaque livre.S’il ne se passe en apparence rien, c’est parce qu’en marge du mondeurbain les enjeux de l’existence se font parfois plusfondamentaux. Porté par une langue magnifique, TOUJOURS VERTJean-Françoishabitée par l’appel du large, <strong>Le</strong> jardin de Peter Pan dePoupart,Gobeil m’a fait l’effet d’une vivifiante bouffée d’air salinCoups de tête,dans la saison littéraire actuelle.110 p. | 10,95$LE JARDINDE PETER PANPierre Gobeil,Triptyque,104 p. | 17$Ode à l’éternelle jeunesseJ’ai connu Jean-François Poupart à la fin des années 90, simultanément comme poèteet comme leader d’un groupe de rock alternatif, les Los Guidounos. S’il a abandonné(à ma connaissance) la scène musicale, c’est pour mieux se consacrer à la littératureen poursuivant son œuvre et en devenant éditeur; depuis des années, Poupart dirigeavec Kim Doré la maison Poètes de brousse, l’une des principales tribunes pour lesvoix émergentes de la poésie d’ici. En marge du poème, il publie sous le label décapantdes Coups de tête son premier roman, Toujours vert.Situé dans un futur pas trop lointain, ce polar satirique met en scène les habitantsd’une de ces gated communities qui, chez nos voisins du Sud, se sont multipliéescomme des champignons (magiques) au lendemain des attentats du 11 septembre2018, à l’occasion desquels l’Airbus piraté par Oussama Ben Laden a percuté la Statuede la Liberté. Baptisé « Evergreen », ce havre est devenu celui où les has been durock’n’roll viennent passer les dernières années de leur vieillesse lubrique.L’âge d’or, vous croyez? Certainement pas depuis que l’on a repêché le cadavre de JohnLord, ex-claviériste de Deep Purple, dans la piscine de Lou Reed. Désireux d’étoufferl’affaire avant que la presse jaune s’en empare, l’éminence grise de la communauté,Ray Manzarek (autrefois des Doors) fait appel à Mike Burns, un détective privé toxicomanequi n’a pas froid aux yeux. Pour autant qu’il sache se faire servir par une GraceSlick (ex-Jefferson Airplane/Starship) recyclée en barmaid ou repousser les avancesd’une Blondie nymphomane, Mike Burns a bien des chances de pouvoir élucider lemystère… Mais à quel prix?C’est Mick Jagger, il me semble, qui, dans les glorieuses sixties, avait affirmé qu’il nes’imaginait pas en train de chanter « Satisfaction » passé 50 ans. Dans cette parodiede whodunnit* menée tambour battant et, surtout, nourrie par une connaissance approfondiede la culture rock, Jean-François s’attaque aux mythes véhiculés par cettefaune. Avec Toujours vert, il signe un réquisitoire drolatique, qui ne fait pas l’économied’une belle réflexion sur la vie, la faillite et la mort d’un rêve et d’un esprit de révoltedepuis fort longtemps débauchés par les sirènes du showbiz.PARADOXES DE LAFRAGILITÉJosé Acquelin,Québec Amérique,104 p. | 17,95$La pleine mesure de l’existence« J’écris pour mieux aimer le monde en acceptant ce qu’il m’a donnépour se faire », nous confie José Acquelin sur le ton de la confidencedans Paradoxes de la fragilité, un superbe recueil de ses carnets d’écriturequi m’accompagne depuis décembre dernier. « J’écris quand je nesais pas vivre ou quand j’ai la sensation de vivre trop dans un seul sens,fût-il le mien. » Florilège de méditations, d’esquisses de poèmes,d’extraits de correspondance et de fragments divers rédigés « enmarge » de son œuvre de créateur, ce livre constitue à lafois une parfaite introduction et un prolongement du travail deJosé Acquelin.M’en voudriez-vous si je vous répétais combien j’aime la voix de José Acquelin, entenduesur scène lors de ces innombrables soirées de lecture qu’il anime ou auxquelles ilparticipe depuis des lunes? J’aime beaucoup cette voix qui s’exprime avec une faussedésinvolture, lucidité, humour, sensibilité et intelligence; cette voix, aérienne et profonde,que l’on retrouve avec bonheur dans tous ses livres et, donc, dans ce nouvelajout à l’admirable collection « Mains libres » que dirige Normand de Bellefeuille; elley tient des propos judicieux sur l’écriture, la culture, l’identité, la culture, la vie, l’amouret la mort.Tenez, en guise de conclusion, cette autre citation tel un écho de l’envoûtante petitemusique de nuit signée Acquelin: « La nature n’est jamais indifférente à nous, mêmesi elle ne comprend pas toujours notre culture du malheur. » Amen.* <strong>Le</strong> whodunnit (de who has done it?) désigne ce sous-genre du roman policier où un détective, leplus souvent amateur, doit enquêter sur un crime et déterminer, à partir d'indices dissimulés parl’auteur dans la trame narrative, qui a fait le coup. C'est à ce genre qu’appartiennent notamment lesromans d’Agatha Christie.


Libraire nouveau format.qxd:Ventsd'Ouest.09-2008.qxd 06/03/09 08:44 Page<strong>Le</strong>s Éditions Vents d’OuestIllustration : Odilon REDONLoïse Lavallée13 malentenduesLa part manquante des ÉvangilesRécits, 1<strong>52</strong> p. – 18,95 $Ann RobinsonEt si j’en étaisRoman200 p. – 21,95 $w ww.ventsdouest.caLoïse Lavallée : Prix littéraire Jacques-Poirier – OutaouaisFraîchement divorcée et mère de quatre enfants, lanarratrice goûte les plaisirs du célibat lorsque, audétour d'un colloque féministe, l'amour se présente ànouveau, cette fois sous les traits d’une femme. Elledevra affronter ses peurs et son entourage pourassumer ses nouvelles préférences sexuelles.<strong>Le</strong> caractère partiel et partial des Évangiles retenuspar l’Église a limité les femmes à des stéréotypesrelevant d’une imagerie immuable qui perdure encorede nos jours : vierge, pécheresse, servante ou mère.Or, non seulement Jésus leur vouait-il un amour deprédilection, mais il leur enseignait, les initiait, enfaisait ses disciples. Révolutionnaire pour l’époque,cette sollicitude a été occultée des textes officiels.Photo : Madeleine CÔTÉINDISPENSABLE!ANTHOLOGIEDE LA POÉSIE ACADIENNEÉDITION DE SERGE PATRICE THIBODEAULIMINAIRE DE JEAN-PHILIPPE RAÎCHEPERCE-NEIGE50 poètes acadiens du Canadaatlantique et de la LouisianeÉditions Perce-Neige24,95 $ / ISBN 978-2-922992-49-6Il est grand temps de passer à l’action…Pour nous alimenterde façon responsablePour respecter le milieucampagnardPour conquérir notreindépendanceénergétiquePour nous débarrasserdu pétrole dans lestransportswww.multim.com…en toute connaissance de cause !LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 21LibraireAvril09.indd 1 24/03/09 09:07:18


LES CHOIX DE LA RÉDACTIONlittérature québécoise<strong>Le</strong>s liens amoureux et familiaux constituent l’assise d’Entends-tu ce que je tais?,qui contient vingt-trois nouvelles présentées par l’éditeur comme « une incursiondans le monde intime des voix intérieures ».<strong>Le</strong>s textes, en fait, sont des monologues intérieurs,dits par des hommes ou desfemmes, jeunes ou âgés, qui explorent lesthèmes de l’amour, de la mémoire, duvoyage, de la maladie, du désir, de la mortet de l’art. L’homme moderne est imparfaitet a besoin d’amour: voilà ce qui, selonl’écrivaine, est universel. Claudine Paquet,ENTENDS-TU CEQUE JE TAIS?Claudine Paquet,Guy Saint-Jean Éditeur,128 p. | 19,95$mère de trois garçons, compte à son actif quelques recueils de nouvelles, unroman et plusieurs livres pour la jeunesse.La collection « Lieu dit » des éditions Noroît, dont <strong>Le</strong>s fantômes de la Pointe-Platonest le cinquième titre, propose une « rencontre entre un écrivain et un lieu »dévoilant au passage « ce paysage qui murmure en chacun », ce qui nourrit, ensomme, l’imaginaire et la fiction. Ce livre inclassable de l’écrivaine, journaliste,poète et traductrice Marie-Andrée Lamontagne révèle de quelle manière le domaineJoly-De Lotbinière a marqué son œuvre. Pour ce faire, elle y fait évoluer unLES FANTÔMESDE LA POINTE-PLATONMarie-AndréeLamontagne,Du Noroît,88 p. | 21,95$couple d’amoureux. Dans ce « récit amusant» selon l’éditeur, le lecteur découvre, àtravers le texte et les photos d’époque, unefacette parfois véridique, parfois inventée,de ce domaine où se sont succédé plusieursseigneurs depuis le XVII e siècle.Sous des allures de roman d’enquête, L’image de Dieu est une fresque historiquebien documentée et menée par Claude Gagnon, docteur en philosophie et spécia -liste d’alchimie médiévale, et Jean Lauzon,docteur en sémiologie ainsi que photographe.Dans cette fiction se déroulant auXIV e siècle, au cours duquel peste, guerreset maladies ont décimé la population,l’alchimiste Nicolas Flamel s’adjoint lesservices du rabbin Abraham dans le but depacifier l’Empire, dont la chrétienté est divisée.Cent ans plus tard, la résurrection duL’IMAGE DE DIEU: LAVÉRITABLE HISTOIREDU SUAIRE DE TURINClaude Gagnon et JeanLauzon, Bellarmin,256 p. | 24,95$Christ réunit les clans. Mais tout ne s’arrête pas là puisque les événements s’enchaînentautour de l’étrange mystère du suaire du Christ: ce linceul jadis conservéà Lirey était-il le véritable?« Après avoir goûté au punk », impossible de retourner en arrière », lit-on dansNormal, une fiction qui dévoile la vraie nature de la culture punk. Alain Clicheguide le lecteur dans l’univers d’un jeune garçonqui délaisse progressivement sa mentalité hippieNORMALAlain Cliche,Trois-Pistoles,230 p. | 24,95$pour adopter celle, plus contestataire, du punk.Dans un esprit de contradiction dont le seul butest de fuir la normalité, l’adolescent découvrirales mystères de cette vague, comparée à un« gêne de destruction et de mort ». Avec cetteœuvre à caractère introspectif et documentaire,l’auteur, dont il s’agit du deuxième roman,brosse le tableau d’un monde dur où drogues, musique et délinquance deviennentles adjuvants des personnages. Selon l’éditeur, plusieurs scènes sont dignesd’une « autopsie ».Décrit par Pierre Ouellet comme un recueilde remords et de regrets, Une outre emplied’éther qui se rétracte dans le froid, qui poursuitl’audacieux projet de réécriture commencéavec Voire, se révèle un florilège depoèmes rythmés qui, par leurs sujets intimes,touche à l’essence même de l’être, del’homme, de l’auteur. <strong>Le</strong> titre se veutd’ailleurs une métaphore de la vie; chaqueUNE OUTRE EMPLIED’ÉTHER QUISE RÉTRACTEDANS LE FROIDPierre Ouellet,L’Hexagone,432 p. | 29,95$outre devenant geôle. L’un de nos grands poètes, aussi essayiste et romancier,lauréat de plusieurs récompenses dont deux Prix littéraires du Gouverneur généralet le Grand Prix du Festival international de la poésie de Trois-Rivières pour Dépositions,entraîne ici ses lecteurs aux confins de leurs convictions sur l’existence.Lorsqu’une étudiante en médecine et son père, historien et écrivain émérite,se réunissent pour créer une histoired’amour dont la trame principale estl’épidémie de variole de 1885, on peut s’attendreà un résultat saisissant. Inspiré duparcours des trois principales pionnières dela médecine au Québec, Sarah, à l’ombre deshommes met en scène le rêve d’une jeuneMontréalaise, qui veut devenir médecin.C’est dans un climat de tension entreSARAH, À L’OMBREDES HOMMESMylène et Jean-PierreWilhelmy,Libre Expression,384 p. | 32,95$Français et Anglais, à une époque où l’Église possédait une place imposante etoù le statut de la femme était en lente mutation, que les auteurs ont prêté âmeset sentiments à leurs personnages.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 22Tandis que les villageois clament que « la mer l’a prise », trois enfants ont vu, eux,la force de l’océan, vaste et funeste, engloutir une femme, leur mère. Devenusadultes, ils auront besoin de comprendre leL’IMMENSEABANDON DESPLAGESMylène Durand,Pleine Lune,108 p. | 18,95$drame dont ils ont été témoins. Élizabeth,l’aînée, ira vivre à Montréal, espérant échapperà la malédiction qu’elle croit peser sur elle.Claire, elle, déchirée entre la beauté et la férocitédes Îles, déverse ses états d’âme dans deslettres adressées à sa sœur. <strong>Le</strong>ur frère, Julien,demeure quant à lui muet, fasciné par lemiroitement des flots et les secrets qui y sontenfouis. L’immense abandon des plages, premier roman de Mylène Durand, fait échoà l’œuvre de Marie Uguay et d’Anne Hébert. Deux de leurs poèmes sont d’ailleursreproduits en exergue.Mystère, légendes, ravissement… Dans Il est venu avec des anémones, le lecteurrencontre la belle Emma, femme bien en chair, épicurienne, libre et sensuelle.Il découvre aussi Sarah, qui « offred’l’amour ». Et Florence, qui jamais ne dort.Puis, Ophélie, qui ne veut plus de noir danssa vie, mais que du blanc, pour retrouver lapureté originelle. Tant de personnages,et encore bien d’autres, étonnants, inou -bliables. Lyne Richard a imaginé Roses-sur-Mer, un lieu qui rappelle le Griffin Creekd’Anne Hébert, pour camper les vingt et uneIL EST VENU AVECDES ANÉMONESLyne Richard,Québec Amérique,184 p. | 19,95$histoires de son recueil de nouvelles. Ce printemps, l’auteure de Québecpublie simultanément un roman pour adolescents, La nuit Woolf, également chezQuébec Amérique.


Nadine GRELETEntre toutes les femmesUne grande aventurequi ouvredesperspectives esinouïespourl’avenirdes femmes…Lili Klondike2Octobre 1897,laruée vers l’orse poursuit et les deux Liline sont pas au boutde leurs peines…Adieu, vert paradisUn roman richeet intenseequi met peu à peu en lumièreune difficilereconquêtedesoipar la mémoire et la parole.Jean MohsenFAHMYJean RENAUDReine-Aimée CÔTÉAlexandreLAZARIDÈS AMylèneGILBERT-DUMAS<strong>Le</strong> caméeet le bustierUnehistoired’amour etdesensualité, un roman d’aventurespour les amoureux, à lire à deux !Frères ennemis. Montréal,1914.Lorsque laguerreéclate,deuxfrèreschoisissent ichacunson camp.Maisquand ilsrencontreront nt Justine,leurdramepersonnel fera écho au dramehistorique qui agite l’Occident…L’échappée desdieuxUn roman qui s’interrogesurnotre liberté, celle defairedes choixentouteconnaissancede cause,d’être le maîtred’œuvredenotre destinée,car «vivre, c’est créer».Une compagnie de Quebecor Media curiosté PRIX HACKMATACK<strong>Le</strong> choix des jeunes 2010 www.dominiqueetcompagnie.comLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 23DC_Pub_Libraire.indd 13/24/09 1:05:20 PM


Librairie indépendanteLES PRESSES DEL’UNIVERSITÉ LAVA<strong>Le</strong>n coédition avecCHRONIQUESOCIALEPrésententNathalie Poirier etCatherine KozminskiLE LIBRAIRE CRAQUE!littérature étrangèreLA VIE D’UN HOMME INCONNU Il y a de ces romansqui nous laissentsans voix, sans mots pour décrire les sensations et lesémotions que nous avons ressenties à leur lecture. Cequ’il faut s’empresser de faire après avoir lu La vie d’unhomme inconnu, c’est de remercier l’auteur AndreïMakine pour cet inestimable devoir de mémoire qu’il aengendré en composant ce roman. La Russie y estprésentée dans toute sa complexité, de l’ère stalinienneà celle que l’on connaît aujourd’hui, et l’Homme sedévoile dans ce qui a de plus vrai et de plus sage. Souscette plume naît un passé révolu quivous hantera longtemps après quevous aurez tourné la dernière page. Etvous ne pourrez plus jamais regarderle ciel de la même façon. Parlez-en,même si vous ne trouvez pas les motsjustes. Même un moment de silencepeut devenir éloquent.Isabelle Prévost-LamoureuxLa Maison de l’ÉducationAndreï Makine, Seuil, 298 p., 32,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 241000, rue Fleury EstMontréal, Québec H2C 1P7Tél. : (514) 384-4401 • Fax : (514) 384-4844librairie@maisondeleducation.comVotre Librairieau cœur de laPromenadeFleury!Sur demande :• carte-fidélité• commandes spécialeswww.maisondeleducation.comDepuis 40 ans au servicedes collectivitésJean-Charles Juhelwww.pulaval.comLA LAMPE D’ALADINO ETAUTRES HISTOIRESPOUR VAINCRE L’OUBLIUne cathédrale ravagéepar la guerre, un hôtelavec une chambre mémorable,un homme quifait la rencontre de la dernière Grecque d’Alexandrie, unautre qui attend, une histoire d’amour entre un hommeet une femme qui prend une vie entière à aboutir, l’îlede la douleur, un Indien qui apprend à écrire, l’arbre, levétéran et son chien… Autant d’histoires originales, différentesles unes des autres et captivantesà lire. C’est sans contredit unexcellent recueil de nouvelles à saveurespagnole. L’auteur sait nous tenir enhaleine du début jusqu’à la fin. Que cesoit drôle, dramatique ou romantique,on en voudrait toujours plus. Un auteurà découvrir si vous ne le connaissezpas encore!Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesL’ART ET LA MANIÈRED’ABORDER SON CHEF DESERVICE POUR LUI DEMANDERUNE AUGMENTATIONLuis Sepúlveda, Métailié, 144 p., 25,95$Tout le monde a entenduparler de La disparition,ce romanlégendaire de 300pages écrit sans qu’aitété utilisée la lettre « e ». Pour beaucoup, il n’est restéqu’un fait divers, une vague anecdote tapie dans la mémoirecollective. Mais quelle erreur que d’oublier GeorgesPerec, un des plus beaux génies littéraires du siècledernier! Je veux parler d’une intelligence vive, qui le rapprocheparfois un peu de l’archétypal scientifique fou. Ilpossède un amour des mots qui trouve rarement son égalet sa pureté. La preuve que les adjectifs« complexe » et « hilarant » sont toutà fait complémentaires… Ici, point deponctuation: un dédale haletant, unelogique brute étalée sur le papier, destrompe-l’œil et des petites nuances quifont toute la différence. Faites vite:votre chef de service, lui, n’attendrapas! Vincent Thibault PantouteGeorges Perec, Hachette Littératures, 104 p., 21,95$


Untitled-2.indd 13/26/09 2:22:59 PMentre parenthèsesVoyage au centre des idéesJoël Des Rosiers, poète, essayiste etromancier, retrace le parcours desécrivains qui ont choisi de participer auprocessus périlleux de la décolonisationculturelle dans l’essai Théories caraïbes :Poétique du déracinement (Triptyque).D’abord paru en 1997, cet ouvrage, qui amérité le Prix de la Société des écrivainscanadiens ainsi que le Prix de la Renaissancefrançaise, est réédité ce trimestreet se voit bonifié de deux chapitres: « Pourune littérature postplantationnaire » et« Tombeaux ». (230 p., 25$)Jane et les zombiesParions que plusieurs critiques serontplutôt amers devant la nouvelle: le célèbreroman de Jane Austen, Orgueil et préjugés,a été remanié en une version « avec zombies»: Pride and Prejudice &Zombies. Cette parodie dumonument de littératureanglaise estsignée Seth Grahame-Smith, un scénaristeaméricain, et paraît enavril chez l’éditeurQuirk Books. Dans cetteversion gore, Elizabeth Bennettet Mr Darcy devront protéger le petitvillage de Meryton contre les attaquessanglantes des morts-vivants. La rumeurcourt que les droits cinématographiquesauraient été achetés par Hollywood.Du codex au e-bookOutre la lecture, l’histoire du livre et les enjeux qui animentl’édition contemporaine font partie de vos dadas?Deux récents ouvrages de vulgarisation traitentde vos sujets de prédilection. En premierlieu, Histoire du livre de Bruno Blasselle, paruchez Gallimard, regroupe sous une nouvellecouverture les deux volumes (À pleines pageset <strong>Le</strong> triomphe de l’édition) publiés à la fin desannées 90 dans la collection « DécouvertesGallimard ». Du rouleau de papyrus à Gutenbergen passant par la création du métier d’éditeur,ce livre à la riche iconographie constitueune mine d’informations indémodable. Quantà lui totalement dénué d’images, L’édition deBertrand <strong>Le</strong>gendre, publié dans la collection« Idées reçues » des éditions <strong>Le</strong> Cavalier Bleu,est un court opus du type « Que sais-je? » quijette un éclairage neutre mais approfondi surune quinzaine de questions d’actualité (« <strong>Le</strong>séditeurs exploitent les auteurs », « L’éditionn’est pas rentable », « <strong>Le</strong> numérique va tuerle livre », etc.). Quoique consacré auxacteurs du marché littéraire français,l’ouvrage rejoint tout de même l’édition québécoisepuisque l’auteur démêle le vrai du faux de certainesquestions la concernant.La maison ChristieDepuis février, il est possible de visiter la maison decampagne d’Agatha Christie. Située en Angleterre,dans le Devon, la Greenway House était, depuis lamort de cette « reine du crime », occupée par sa fille,Rosalind Hicks. Dorénavant propriété du NationalTrust, la maison où a séjourné la célèbre romancièrede 1938 à 1959 fait partie du patrimoine britannique.Max et les maximonstres au cinéma<strong>Le</strong> roman jeunesse Max et les maximonstres deMaurice Sendak, publié en 1963 et devenu un classiquede la littérature jeunesse, sera à l’affiche dansles salles américaines à compter du 16 octobre 2009.<strong>Le</strong> film, produit par Tom Hanks, raconte comment legarnement, lors d’une punition, se crée un mondeimaginaire. <strong>Le</strong> livre est publié en français par leséditions L’école des loisirs.Une vie qui vaut… cher!L’ancienne secrétaire d’État Condoleezza Rice a concluune entente de 2,5M$ avec Crown Publishers pourla publication de trois livres. <strong>Le</strong> premier, prévu pour2011, retracera son parcours au sein de l’administrationBush en combinant une narration spontanée et uneanalyse accrue. Elle y expliquera entre autres son rôledans la protection de la sécurité américaine. <strong>Le</strong>s deuxtitres suivants, prévus pour 2012, seront quant à euxplutôt autobiographiques. Rice y racontera notammentla ségrégation raciale qu’elle a vécue en Alabama.L’ANEL a lancé son entrepôt numériqueL’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) présentait en février dernier un entrepôt numérique pour l’ensemblede la production littéraire francophone du Canada. Résultat de plusieurs mois de travail acharné de l’ANEL et de la firmeDe Marque, cette plateforme représente un outil de promotion et de diffusion exceptionnel qui permet aux éditeurs et auxauteurs québécois de bénéficier des revenus de ventes de contenus numériques des livres mis à disposition.Mystère, légende,amour, danger...www.editionsmichelquintin.caIll. Boris StoilovLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 25


Perry MastrovitoImages du Québec<strong>Le</strong>s images de ce livre mettent sous nos yeux la beautédu Québec à travers ses paysages, ses cours d’eau, ses montagnes,sa lumière, sa nature sauvage et bien sûr son fleuve Saint-Laurent,qui fait la fierté de sa population et la joie des touristes.27 x 28,5 cm • 144 p. • 978-2-89129-553-6 • 49,95$PHOTOGRAPHEDISTRIBUTION MESSAGERIES ADPAÉDITIONS ANNE SIGIERwww.annesigier.qc.caNOUVEAUTÉSEN LIBRAIRIELE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 26Ginette BeaulieuArt et lumièreGinette Beaulieu poursuit sa démarche artistique,une véritable quête de la beauté cherchée dans la troublanteprofondeur du regard de ses modèles ou dans la quiétudedes paysages, une recherche qui se déploie dans une techniquepicturale éblouissante.23,5 x 29,5 cm • 48 p. • 978-2-89129-561-1 • 39,95$ARTISTE PEINTRE« Encore plustouchant »Christine Michaud, Rythme FMSecond voletdu best-sellerLÉO, l’autre filsHélène Lucas


Écrivain, éditeuret chroniqueurlittéraire, MichelVézina a fait vœude culture et d’art.Entre deux aventures,il s’y consacrecorps et âme.S UR LA ROUTELA CHRONIQUE DE MICHEL VÉZINAlittérature étrangèreUn monde sans faim?J’ai écrit, il y a peu, que j’avais l’impression que la littérature s’inquiétait de moinsen moins du monde dans lequel nous vivons. Trop souvent faut-il tourner son regardvers ce que certains appellent encore la paralittérature, la littérature degenre ou le roman de gare, pour lire sur le monde, le sentir se déployer sous laplume et le regard des écrivains.Deux ouvrages sont venus me contredire. Tant dans le roman <strong>Le</strong> tigre blanc del’Indien Aravind Adiga que dans le récit Adieu mon frère, de l’Haïtienne 1 EdwidgeDanticat, deux visions du développement d’un monde dont on désigne les paysqui le constituent par le vocable peu enviable de pays émergents, ou en voie dedéveloppement, sont décrites.L’Inde et la Chine contiennent à elles deux presque le tiers des habitants de notreplanète. Sous la lorgnette de la productivité et de l’expansion des marchés, on yvoit une panacée mirobolante de la survie du modèle, le nôtre, celui del’Amérique, celui de l’Occident de l’après-guerre. Sauf qu’on le sait maintenant,la modification des règles d’échanges, qui ne peut se faire sans heurts, signifieaussi une modification radicale des modes de vie, un choc pour les organisationssociales, politiques et économiques.Pour Haïti, la nouvelle économie ne s’organise pas de la même manière qu’enAsie. <strong>Le</strong>s vingt dernières années ont vu des régimes et des gouvernements élusse fracasser. Et plutôt que d’y voir apparaître de nouvelles classes, on constateque certaines disparaissent. <strong>Le</strong>s forces vives parties s’installer ailleurs et devenuesdiaspora travaillante, fournissent une des principales sources de revenus au pays.Certaines statistiques parlent de plus de deux milliards de dollars qui sont verséschaque année par les familles exilées. Un étrange moteur économique pour unpays dévasté, devenu la représentation même de l’oubli.Balram voit tout, saisit tout: la nouvelle vie de son pays, les nouveaux enjeux. Et ilcomprendra que pour devenir quelqu’un, il doit jouer selon les nouvelles règles: prendreson bien là où il est. Or, avec le contenu d’un seul des sacs queson maître livre, il pourrait. Tout. Il le prendra. Et deviendra. Ildéveloppera son entreprise de transport, à Bangalore, une des nouvellesMecque du capitalisme oriental.ADIEU MON FRÈREEdwidge Danticat,Grasset,3<strong>52</strong> p. | 34,95$Écrit comme une longue lettre au premier ministre de Chine, qui s’apprêteà visiter Bangalore, <strong>Le</strong> tigre blanc nous plonge dans un microcosmede transformations sociales et économiques. En plusde se présenter comme une confession, le livre dépeint un portraitde l’Inde actuelle tel qu’on en entend peu parler. Pas surprenantqu’il ait obtenu le prix Man Booker.Adieu mon frère fonctionne quant à lui sur un autre mode. Si la fiction de Tigre blancpermet de dépeindre le monde évoqué de manière presque humoristique, c’est sousla forme d’un récit de vie d’une profonde tristesse qu’Edwidge Danticat nous rappellel’Haïti de ces dernières décennies.Entre New York et la ville haïtienne de Bel-Air, Danticat signe non seulement un récitautobiographique où la mort se joue sans cesse de la vie, mais elle nous fait marchersur la route sombre de trente-cinq ans de déclin, pour la Perle des Antilles.Pour raconter la vie de sa famille, Danticat profite d’une grossesse et d’une mort annoncéepour remonter le temps. <strong>Le</strong> jour où elle apprend qu’elle est enceinte, sonpère reçoit la plus triste des nouvelles; celle d’une maladie incurable, qui aura bientôtraison de lui. Deux événements qui relèvent du paradis et de l’enfer, deux événementsà la fois opposés et proches, cycle imparable de la vie.Et ceux qui sont restés se sont soit enrichis, soit sont devenus pluspauvres encore.Deux continents, deux misèresAravind Adiga met en scène un enfant pauvre, d’une caste inférieurequi, traditionnellement, a pour mission sociale de fairele thé. Balram Halwai est un brillant élève, mais il devra interrompreses études pour travailler, faire le thé lui aussi, pour fairevivre sa famille. Son rêve du mieux et du meilleur lepoussera à quitter son village, sis sur « les rives noirâtresd’un Gange qui charrie les désespoirs de centaines degénérations ».LE TIGRE BLANCAravind Adiga,Buchet/Chastel,320 p. | 34,95$À Delhi, où il se rendra d’abord, la chance lui sourit: il faitmentir son destin et devient chauffeur pour M. Ashok, fils d’industriel indien, issud’une caste supérieure. M. Ashok est riche et a étudié à New York, où il a rencontréson épouse, une Américaine bien née: Pinky Madam. Mais M. Ashok et PinkyMadam sont malheureux. Il déteste le sort de porte-sacoche que sa famille luiimpose, réduit qu’il est à payer les partis et les ministres pour voir le business desa famille conserver son statut. Et elle ne s’acclimate jamais à la vie de l’Inde, quine correspond absolument pas à ce qu’elle adorait de sa vie new-yorkaise.Adieu mon frère retrace les liens de cette famille. Il reconstruit la vie de l’auteur, depuisle départ de ses parents vers New York, en 1973, alors qu’elle n’avait que 4 ans, jusqu’àla mort du père, en 2004. <strong>Le</strong> livre nous fait passer du temps à Bel-Air, chez l’oncle àqui son jeune frère et elle sont confiés. <strong>Le</strong>s années de détérioration lente sont omniprésentes,jusqu’à ce que les parents de la petite Edwidge viennent la reprendre,pour l’emmener lot bô d’lo 2 elle aussi. Des années qui verront le pays perdre sesrichesses, devenir de plus en plus violent. Des années qui feront trop de morts, quiverront trop de malades incapables de se soigner chez eux, et qui devront partir. Desannées de rencontre entre Dieu et l’Ange de la mort, entre les cadavres et les contes,entre les naissances et les départs…Adieu mon frère est un livre sur la vie qui s’arrache. Un livre où, quand tout se meurt,c’est la beauté de cet acharnement à faire tout en son pouvoir pour que ceux qu’onaime puissent continuer, malgré tout.Adieu mon frère, c’est non seulement le destin d’une famille, mais celui d’un pays oùla vie et la mort s’affrontent sans cesse, plus qu’ailleurs, dirait-on…<strong>Le</strong> tigre blanc et Adieu mon frère, deux livres de survie? Peut-être.1Edwidge Danticat est une États-Unienne d’origine haïtienne.2Expression créole signifiant « l’exil ».LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 27


Robert Lévesqueest journalisteculturel et essayiste.Ses ouvrages sontpubliés aux éditionsBoréal, Liber et Lux.E N ÉTAT DE ROMANLA CHRONIQUE DE ROBERT LÉVESQUElittérature étrangèreRoberto BolañoEntre Dada et la BeatLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 28Il était un foie… qui ne vint pas. Sale histoire. Putain de destin. Putains meurtrières.C’était le 14 juillet 2003 dans un hôpital de Barcelone, il avait 50 ans, l’écrivainchilien en attente d’une greffe, il savait qu’il ne serait avisé que cinq heures avantla transplantation et, pince-sans-rire, il affirma au journaliste à son chevet que,dans ce laps de temps, il aurait le temps de « demander pardon, faire [son] testament,mettre [son] âme en marche »… Et l’âme trottina seule… Un écrivain tombaitqui laissait en chantier un roman de mille pages, des textes entrepris, aboutis, ina -chevés, esquissés. Trois semaines plus tôt, à la une du cahier Livres de Libé, onprésentait Roberto Bolaño comme « l’un des plus saisissants romanciers de cesdernières années ».Moi, j’avais commencé à le lire en 2002 (Amuleto, aux Allusifs, traduit par le coupleMartel) et mon cœur de lecteur avait embrayé illico avec le ton et le cran de ceChilien atypique, apatride et comique, me jetant sur Des putains meurtrières (sortien mars 2003 chez Christian Bourgois, son éditeur français) et dévorant la mêmeannée, toujours avant sa mort, La littérature nazie en Amérique, livre fou, livrefaux, qui me fit me rouler de rire; il inventait trente biographies d’écrivains fascistesdont une soi-disant Argentine du nom de Luz Mendiluce Thompson née à Berlinen 1928 et qui, photographiée poupon dans les bras du Führer, passa sa vie, depoétesse précoce à alcoolique finie, en exhibant cette photo-trophée; elle étaitl’auteure de Heureuse avec Hitler et se tua en Alfa Romeo, s’écrasant contre unestation d’essence sur la route de Buenos Aires…Bolaño était né à Santiago en 1953 et à 15 ans, avec sa famille, il s’était retrouvéau Mexique pour quelques années (dans Amuleto, il fait revivre l’occupation meurtrièrede l’Université de Mexico en 1968 par la police, du point de vue d’uneUruguayenne entichée de poésie et enfermée durant treize jours dans les toilettes).En 1973, quelques mois avant le coup d’État de Pinochet, il était revenuinnocemment au Chili et sera arrêté par les militaires mais, en prison, il reconnaîtparmi les gardiens d’anciens camarades d’école qui le laisserontaller. Il quitte le Chili en janvier 1974. Dèslors, c’est le monde son territoire, de petitsboulots en différentes tentatives d’écritureau Salvador, aux É.-U., en Belgique, enFrance, au Maghreb et finalement àBarcelone, son terminus de Chilien volant.Cet itinéraire a nourri ses livres, formé sonLA LITTÉRATURENAZIE EN AMÉRIQUEChristian BourgoisÉditeur,288 p. | 13,95$caractère, affermi sa personnalité de trublion littéraire. Farceur,cynique et marginal, il est l’un des grands écrivains latino-américains à avoir surgisur la scène littéraire en rupture désinvolte avec le « réalisme magique » régnant.C’est une bête littéraire, Bolaño, une frêle bête à lunettes et à la tête frisottée quine se gênait pas pour dire qu’il n’aimait ni Neruda ni Paz, « des machistes », « dela canaille sentimentale », écrivait-il, alors qu’il vouait un culte à Borges, à Stevensonet à Marcel Schwob, oui, le Français Marcel Schwob mort à 37 ans en 1905,ami de Léautaud, à qui Jarry avait dédié son Ubu Roi. Ce qui devait plaire à Bolañochez ce Schwob, c’est qu’il était l’auteur de <strong>Le</strong>s vies imaginaires (1896), quil’avait sûrement inspiré pour ses inventions de biographies de lettrés timbrés etnazifiés en Amérique.L’auteur de Des putains meurtrières (treize récits: magie noire, errance, pornographie,assassinats, hommages, etc.; Christian Bourgeois Éditeur, 288 p., 14,95$)avait emprunté à des poètes mexicains des années 70 et peaufinéle moins sérieusement du monde une théorie littéraire, l’« infraréalisme», ou « le réalisme viscéral », sorte de mélange del’univers Dada et de l’héritage de la Beat Generation, un surréalismebeatnik dont la caractéristique est l’insolence envers les grands cadavresde la littérature latino-américaine (dont Neruda et Paz). Sonroman le plus infra-réaliste est la sublime brique <strong>Le</strong>s détectivesLES DÉTECTIVESSAUVAGESChristian BourgoisÉditeur,884 p. | 55,95$sauvages, parue trois ans après sa mort. Une somme, unevision brutale du monde, une traversée menée du côté desperdants et, comme le dit l’un des personnages du roman,« une histoire dans les extra-muros de la civilisation ».Je n’ai pas lu encore son hyper-brique, ce 2666 paru chezBourgois, c’était son grand chantier d’écriture quand le foielui a manqué… Ce qui en a été publié est, selon son éditeur (le regretté ChristianBourgois, décédé fin 2007), un premier jet, mais un jet de longue portée. Il s’agitd’une Apocalypse bien sûr, d’un Apocalypse Later, j’imagine, puisqu’il avait expliquéce titre à un journaliste en rappelant que William Burroughs avait déjàécrit que la fin du monde aurait lieu dans 600 ans… « Ce qui est un bon calcul »,avait-il ajouté. Lui, sa fin du monde, elle est arrivée bêtement trop vite, à 50ans, il a laissé deux jeunes enfants, Lautaro et Alexandra. Qui sait,LE SECRET DU MALChristian BourgoisÉditeur,184 p. | 34,95$s’il avait pu poursuivre sur sa lancée avecun foie de rechange, un foie de relais, c’està Stockholm peut-être qu’il aurait pu unsoir boire un grand coup d’aquavit aux fraisde l’inventeur de la dynamite…Pour l’heure, sa maison d’édition de la rue du Bac publie lesdernières cartouches utilisables, sous le titre <strong>Le</strong> secret du mal, une poignée denouvelles et d’esquisses trouvées dans son ordinateur et qui s’inscrivent dans sabalistique parodique et mélancolique, qui perpétuent cette façon qu’il avait de nerien respecter, de brouiller les frontières entre les genres, et d’aimer semer le troubledans la famille des écrivains. En témoigne ce texte froid, « Labyrinthe », écritau scalpel, une analyse aussi minutieuse que délirante (aussi entomologique qu’extravagante)d’une photo prise dans un bar parisien (on imagine le Pont Royal, succursaledes bureaux de Gallimard. Il y a là Sollers et Kristeva, Jacques Henric, PierreGuyotat, d’autres) au moment immortalisant de la « pose », moment pour lui,satrape de l’insolence, de jouer de sa fascination et de sa répulsion pour les fraternitéset les promiscuités par trop papales du monde des « gendelettres »…On me signale que Bolaño vient de recevoir, à titre posthume, leprix Roger Caillois de la littérature latino-américaine. On lui ensouhaite d’autres.AMULETO<strong>Le</strong>s Allusifs,144 p. | 19,95$


LES CHOIX DE LA RÉDACTIONlittérature étrangèreDécrit comme « puissant et émouvant » par le quotidien britannique The Guardian,Jack L’Épate et Mary pleine de grâce raconte comment des gens ordinaires, pousséspar des circonstances extrêmes, tombent dansJACK L’ÉPATE ETMARY PLEINE DEGRÂCEJoseph Connolly,Flammarion,544 p. | 34,95$la corruption pour sauver leur peau. L’histoiredébute en 1939, à Londres. Mary et Jack sontmariés et heureux jusqu’au jour où éclate laDeuxième Guerre mondiale, qui bouleverse leurquotidien. Pour survivre, Jack se fait brigand etMary, désormais « faiseuse d’anges », perd tranquillementson innocence… <strong>Le</strong> BritanniqueJoseph Connolly, réputé pour la qualité de sesmonologues intérieurs et l’utilisation des diverses voix narratives, a cette foispréféré le drame à la comédie, qui lui sied à la perfection. Pensons, entre autres,à Vacances anglaises ou N’oublie pas mes petits souliers.« On nous a traitées de tous les noms: phénomènes, horreurs, monstres, démons,sorcières, attardées, prodiges, merveilles. Aux yeux de la plupart, nous sommes desimples curiosités. Mais, dans la petite ville de<strong>Le</strong>aford, où nous vivons et travaillons, noussommes “ les filles ”, sans plus. » Nées au plusfort d’une tornade qui ravagea un coin perdude l’Ontario à l’été 1974. Rose et Ruby sontdes jumelles craniopages, c’est-à-dire que leurstêtes sont soudées ensemble. Malgré cetteanomalie congénitale, les sœurs ont des personnalités,des désirs et des rêves qui leur sontLES FILLESLori Lansens, Alto,584 p. | 28,95$propres. À l’aube de leur trentième anniversaire, elles apprennent qu’elles vontmourir. Autobiographie fictive racontée à deux voix, <strong>Le</strong>s filles de Lori Lansens a récoltéde nombreux éloges. Des personnages et un roman difficiles à oublier.Il s’est fait remarquer avec Lost Boys, des nouvelles parues en 1998, mais c’estdix ans plus tard que Junot Díaz a connu la consécration, raflant le National BookAward puis le Pulitzer pour son premier roman,LA BRÈVE ETMERVEILLEUSEVIE D’OSCARWAOJunot Díaz, Plon,312 p. | 39,95$La brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao. Luimêmené en République Dominicaine, l’auteurraconte les péripéties fantaisistes d’un jeuneDominicain obèse vivant au New Jersey avec safamille, frappée par le fukú, une ancienne malédiction.Grand amateur de SF, puceau et souffre-douleurde sa classe, Oscar s’imagine enCasanova ou en Tolkien, pour échapper à sondestin. En vain. Díaz a créé une saga tragicomique mémorable qui se déploie surtrois générations et se distingue, entre autres, par l’inventivité de sa langue.Lauréate de nombreux prix, dont trois fois le Femina, Duong Thu Huong est romancière,mais aussi dissidente politique vietnamienne. D’après son éditeur, c’estdans Au zénith que son combat politique convergele mieux avec son talent littéraire. LaAU ZÉNITHDuong Thu Huong,Éditions SabineWespieser,200 p. | 39,95$construction romanesque, avec ses quatrepoints de vue narratifs, montre la profondeurdes drames, intimes et politiques,qui s’entrelacent. Il y a un président qui, àla fin de sa vie, tente de comprendre sonpropre parcours, un homme qui élève sonfils alors que le nom de sa femme est synonymede corruption au pouvoir, un vieil homme respecté qui marie une femmede quarante ans sa cadette, puis un compatriote qui crie vengeance au nom de sabelle-sœur, la jeune épouse non consentante du vieil homme.L’auteure, chroniqueuse mode pour <strong>Le</strong> Figaro, signe avec Une femme sansqualités un premier roman au sujet duquel les critiques élogieuses ne tarissentpas. « Violence du ton et des sentiments,lyrisme du récit, des images, la jeune femmequi s’exprime vide son sac », lit-on dans <strong>Le</strong>Figaro. Dans une lettre écrite à un amant,dont l’écriture est franche et tranchante,l’héroïne se dévoile totalement. Elle, qui ena assez de l’image de la fille sexy qu’on luirenvoie et qu’elle croyait obligée d’endosser,baissera enfin les armes. Maintenant, elleUNE FEMME SANSQUALITÉSVirginie Mouzat,Albin Michel,180 p. | 27,95$ne conçoit pas de lendemain; maintenant, elle n’a plus le souci du temps. De Parisà Londres jusqu’à Ibiza, on découvre le portrait d’une femme révoltée qui s’acceptedésormais dans toute sa différence.Au moment où le syndrome de la page blanche s’abat sur une romancière cubaine,son éditeur la pousse à écrire un roman érotique. Elle n’y parviendra qu’au momentoù fera irruption dans sa propre vie unnouvel amant. L’histoire qui prend enfinforme sous sa plume est celle d’un triangleamoureux impliquant un danseur, unedanseuse et un photographe déprimé,quiéproférera des menaces meurtrières…Mais l’éditeur change d’avis et l’écrivainedoit tout recommencer. Dans un chassécroiséentre ce qu’elle vit et ce qu’elle écrit,DANSEAVEC LA VIEZoé Valdés,Gallimard,288 p. | 36,95$la narratrice entraîne les lecteurs aux limites de la fiction, où les deux mondes,finalement, s’amalgameront. Zoé Valdés publie également, ce trimestre, La fictionFidel, essai romancé, chez le même éditeur.<strong>Le</strong>s protagonistes de La solitude des nombres premiers, deux êtres solitaires, s’attirerontet se repousseront à la fois, et ce, de l’adolescence à l’âge adulte. Aliceest anorexique et boiteuse. Quant à Mattia,un surdoué passionné de mathématiques, ilse sent coupable d’avoir perdu sa sœur, etse persuade qu’Alice est sa jumelle, sondouble. « Ces nouveaux Paul et Virginie,comme l’a dit <strong>Le</strong> Figaro, égarés au XXI e siècle,[…] sont incapables d’assumer leur“amitié bancale et asymétrique” ». Une adaptationcinématographique est en cours pourLA SOLITUDE DESNOMBRES PREMIERSPaolo Giordano,Seuil,336 p. | 34,95$ce best-seller, vendu à plus d’un million d’exemplaires en Italie, raflant les prestigieuxprix Strega 2008 (équivalent du Goncourt) et Campiello du premier roman.Comparé par son éditeur aux louangés <strong>Le</strong> patient anglais et <strong>Le</strong> parfum, ce premierroman du Canadien Andrew Davidson a connu un succès retentissant dans sa versionoriginale. Entre des fêtes bien arrosées etsa carrière d’acteur porno, le narrateur brûle laLES ÂMESBRÛLÉESAndrew Davidson,Plon,504 p. | 29,95$chandelle par les deux bouts jusqu’au jour oùdes flèches enflammées s’abattent sur lui. Il seréveille à l’hôpital, le corps couvert de cicatrices.Il ne pense plus, dès lors, qu’au suicide. Or,une patiente en psychiatrie lui raconte leur histoired’amour, celle qu’ils auraient partagée auXIV e siècle, alors qu’elle était religieuse copisteet lui, mercenaire. Cette mystérieuse femme polyglotte, sculptrice de gargouilleset possédant le talent de Shéhérazade, l’envoute complètement. Peuvent-ils réellements’aimer depuis 700 ans?LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 29


annonce <strong>Le</strong> Libraire avril 09:Mise en page 1 06/03/09 12:55 Page 1LES VERTUSMIRACULEUSESDU VINAIGRETous les secretsde ce produitmiracle aussiefficace que lebicarbonate desoude.ÉDIMAGPRÈS DU PUBLICPRÉPAREZ VOTREGRAND MÉNAGELES MERVEILLESDU BICARBO-NATE DE SOUDEUn livre qui voussimplifieralavietout en vous faisantéconomiser.Faites comme desmilliers de personnes,faitesentrer le bicarbonatede soudedans votre maison!Nouveautéset succèsCOMMENT DÉVELOPPERVOS DONSpar Marylène Coulombe, auteure du bestseller«<strong>Le</strong>s morts nous donnent signe de vie»L’auteure est une des médiums les plus reconnuesau Québec. Avec ce livre, elle a voulu combler unmanque de ressources pour ceux qui désirentdévelopper leurs dons. Pour Marylène Coulombe,le monde ne se limite pas uniquement à ce quenous voyons avec nos yeux. La portion invisible denotre univers est bien plus important que celle quiest visible.LE LIBRAIRE CRAQUE!essaiLA BAIGNOIRE DE GOETHE<strong>Le</strong>s murs de votre chambre ont sérieusementbesoin d’être repeints? Vous devezremplacer la céramique de votre salle de bain? Ce petit livre est pour vous! Loin d’êtreun manuel de bricolage, La baignoire de Goethe vous propose de rénover à la manièredes plus grands écrivains de l’histoire de la littérature. Rien de moins! Par exemple,avec Haruki Murakami, repeindre un mur n’aura jamais été aussiérotique et languissant. Avec Emily Brontë, jamais un radiateurrécalcitrant n’aura créé autant d’émoi dans une chaumière… L’auteurMark Crick, surnommé « le pasticheur fou », réussit à nousfaire (re)découvrir l’univers et le style de plusieurs monuments dela littérature, à travers le thème du bricolage. <strong>Le</strong> résultat est sansaucun doute fort convaincant et divertissant. À lire avant de saisirson marteau! Voir aussi La soupe de Kafka, du même auteur, surle thème de la nourriture. Marie Lacourse CarcajouMark Crick, Baker Street, 130 p., 29,95$FRIANDISES LITTÉRAIRESQu’ont en commun Edgar Allan Poe, FedorDostoïevski et Alphonse Daudet? Lasyphilis. Si je le sais, ce n’est pas que j’étends ma culture comme on le ferait d’unrestant de confiture. J’ai fait plus simple, et mis le grappin sur Friandises littéraires.Faites de même, faites le drôle avec les copains et semblant d’êtreintelligent avec les collègues! Mais bon… Si vous pensez que lasyphilis, ce n’est pas du genre trop marrant, vous avez raison. Et sivous croyez que le fait que Pouchkine soit mort des suites d’un duell’opposant à son beau-frère qui aurait courtisé sa femme (!) n’estpas plus rigolo, eh bien, vous avez peut-être raison. Mais il y a dequoi se consoler: une édition des Misérables de Victor Hugo, un desplus grands écrivains français du XIX e siècle, a déjà contenu laphrase: « Il se leva debout. » Vincent Thibault PantouteJoseph Vebret, Écriture, 162 p., 27,95$COMMENTDÉCOUVRIR LES ANGESQUI NOUS PROTÈGENTpar Sylvain Charron,animateur de l’émissionLA VICTOIRE DE L’AMOURauréseauTVA.LES PROPHÉTIES DENOSTRADAMUSDes prédictions jusqu’en 2012touchant entre autres thèmes:Barack Obama, Sarkozy, la criseéconomique, lafin du monde.En grande demandeL’HUMILIATION: LES JEUNES DANS LACRISE POLITIQUELorsque nous abordons le thème des conséquencesde la crise politique, noustraitons souvent, et à plus forte raisondans l’actualité, de conséquences propres aux domaines économiques. JacquelineCosta-Lascoux, dans l’ouvrage présenté ici, fait exception à la règle et aborde un sujetsociologique moins connu et souvent soumis aux généralisations,soit celui des jeunes. Ces derniers, humiliés dans la société, fragmententconséquemment la politique. L’auteure étaye son proposà l’aide d'une écriture simple aux tendances romanesques et structureson argumentation en référant le lecteur à des cas concretspuisés ici et là. Bien que l’ouvrage porte davantage sur les jeunesde la société française, sa lecture permettra aux lecteurs de se faireune opinion différente de celles habituellement véhiculées sur lesjeunes. Ismaël Bellil La Maison de l’ÉducationJacqueline Costa-Lascoux, De l’Atelier, 232 p., 33,50$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 30LA BIBLE DU POKER<strong>Le</strong> seul livre qu’il vous fautpour apprendre à gagnerLA LOI NON-ÉCRITE POURFAIRE DE L’ARGENTLES 4 SECRETS POUR MAIGRIRDistribué parLE DROIT DE TRADUIREMalgré son rôle essentiel dans la société,la traduction reste une discipline méconnuedu grand public. Dans <strong>Le</strong> droit de traduire: Une politique culturelle pour la mondialisation,Salah Basalamah s’intéresse à cette discipline en retraçant l’histoire dudroit qui l’administre ainsi qu’en proposant une nouvelle politiquede traduction pour assurer une promotion respectueuse et fidèle dupatrimoine culturel mondial, et ce, dans le contexte actuel. Si l’auteurs’attaque à une lourde tâche, il parvient tout de même à accomplirefficacement son objectif initial à l’aide d'une écrituresimple et vulgarisée. Quant au fond, Salah Basalamah structure sonargumentation à l’aide d'une grande rigueur intellectuelle et scientifiquequi, malgré la provenance universitaire de l’auteur, sauraêtre accessible à tous et à toutes. Ismaël Bellil La Maison de l’ÉducationSalah Basalamah, Presses de l’Université d’Ottawa, 504 p., 45$


Depuis la fin deses études enphilosophie, MiraCliche vit dejournalisme,d’écri ture et detradution. Elle littout ce qui luitombe sous la main.S ENS CRITIQUELA CHRONIQUE DE MIRA CLICHEessaiÊtre juif au XX e sièclePar des souvenirs vifs et des récits sobres, Armand Abécassis, Chil Rajchman etJacques Chessex nous présentent des Juifs de tous les horizons, voués à des destinstrès différents, parfois heureux, souvent tragiques. Du camp d’extermination deTreblinka au ghetto de Casablanca en passant par un petit bourg suisse, leurs troisdocuments nous font entrevoir le quotidien de quelques communautés juivesau XX e siècle.Commençons par les mémoires d’Armand Abécassis, Rue des Synagogues, publiéschez Robert Laffont. Né au Maroc en 1933, ce philosophe et exégète de la penséejuive a vécu toute la Deuxième Guerre mondiale à Casablanca, alors sous occupationfrançaise. C’est cette jeunesse marocaine qu’Abécassis raconte avec attendrissementet clairvoyance, faisant revivre sous nos yeux le Mellah, ghetto juif de Casablanca,auquel il reste très attaché.<strong>Le</strong> lecteur découvre avec fascination la rue des Synagogues et ses habitants, leur viecommunautaire riche et variée, les jeux des enfants, les questionnements des adolescents…Sont-ils juifs marocains ou marocains juifs? Doivent-ils faire primer leurpays ou leur religion? Et quelle langue leur appartient vraiment? Celle qu’ils parlentdans les écoles de l’Alliance française, l’hébreu de leurs rabbis et des synagogues oucet arabe mâtiné de yiddish et d’espagnol que l’on parle dans lesmaisons juives marocaines? Il y a de quoi perturber un adolescent enquête d’identité! Et pourtant, la communauté organisée autour de larue des Synagogues, avec quelques îlots plus aisés du côté desquartiers européens, est tissée si serrée que les jeunes qui y grandissenttrouvent dans leur diversité un solide ancrage.RUE DES SYNAGOGUESArmand Abécassis,Robert Laffont,378 p. | 48,49$Malgré le mur érigé par les Français entre le quartier européenet le Mellah, malgré la grande pauvreté du ghetto,et malgré les tournois de soccer très politisés entre écoleschrétiennes, juives et musulmanes, Abécassis brosse unportrait nostalgique et chaleureux de cette époque. Tout enréflexion, Rue des Synagogues est un recueil de souvenirs, certes, mais de souvenirslentement décantés, que l’auteur nous présente moins pour leur singularité quepour leur valeur symbolique. Si le texte peut parfois lasser par son lyrisme surannéou ses pointes de complaisance, il dépeint une vie spirituelle et communautaire qui,vue d’aujourd’hui, a bel et bien quelque chose d’idyllique.TreblinkaOn ne peut plus éloigné de ce paradis, Je suis le dernier Juif raconte les deux annéesque Chil Rajchman a passées au camp d’extermination tristement célèbre de Treblinka.Inédit jusqu’à la mort de Rajchman en 2004 et traduit pour la première foisen français en 2009, ce texte relate la vie quotidienne des détenus juifs enrôlés deforce comme esclaves par les Allemands.Entre 700 000 et 900 000 Juifs ont été exterminés au camp de Treblinka pendant laguerre, la majorité d’entre eux étant d’origine polonaise, comme Rajchman. Débarquantau camp par milliers, ces Juifs de diverses allégeances et communautés étaientdépouillés de tout, puis envoyés aux chambres à gaz. <strong>Le</strong>s plus jeunes et les plus fortspouvaient échapper un temps à la mort en mettant leurs dernières forces physiquesau service de l’horreur.Vider les chambres à gaz des corps serrés et gonflés de Juifs asphyxiés, porterces corps jusqu’aux charniers, arracher leurs dents en or et leurs couronnes…Puis quelques mois plus tard, sur une volte-face des Allemands, déterrer lescorps en putréfaction et empiler leurs membres disloqués sur d’immensesbûchers qui brûleront des nuits entières… Voilà le sombre quotidien desquelques centaines de Juifs qui « travaillaient » à Treblinka. Sauvagement battus,sous-alimentés, contraints de courir du matin au soir pour maintenir la cadenceinfernale de l’extermination de leur propre peuple, quelques détenusont miraculeusement survécu à cet enfer en s’échappant à la faveur d’unsoulèvement. Rajchman fut du lot. Il a erré deux mois avant d’arriver,plus mort que vif, au ghetto de Varsovie,où il fut hébergé par des amis qui leprotégèrent jusqu’à la fin du conflit. Il s’estensuite installé en Uruguay, où il a fondéune famille avant de témoigner dansplusieurs procès de grands criminels de laDeuxième Guerre mondiale.<strong>Le</strong> fait que Chil Rajchman ait survécu est bien la seule chose qui adoucisse untant soit peu ce récit dur, écorché, mais extrêmement bien écrit.Loin des ghettosPetite commune suisse de quelques milliers d’habitants, Payerne a vécu laDeuxième Guerre mondiale dans le silence craintif et l’hypocrisie d’une certainebourgeoisie. Composée de paysans et d’éleveurs relativement aisés, la communautéde Payerne est reconnue pour ses « cochonnailles », saucissons et autrescharcuteries. C’est en droite ligne avec cette tradition de boucherie que s’inscrirale meurtre d’Arthur Bloch, marchand de bétail de la région, relaté parJacques Chessex dans Un Juif pour l’exemple.UN JUIF POURL’EXEMPLEJacques Chessex,Grasset,112 p. | 19,95$JE SUIS LE DERNIERJUIF: TREBLINKA(1942-1943)Chil Rajchman,<strong>Le</strong>s Arènes,168 p. | 19,95$En 1942, encouragé par les progrès du Reich, un groupuscule nazidirigé par un pasteur furieusement antisémite entreprend dedonner un exemple: assassiner un Juif pour signifier aux autresqu’ils ne sont pas les bienvenus. Prospère et connu de tout le canton,Arthur Bloch est la victime toute désignée. Il sera tué d’uncoup de barre de fer, puis son corps sera découpé enmorceaux avant d’être jeté dans un lac. N’eût été de l’enquêtequi révéla rapidement les coupables, Bloch auraitété le premier d’une série « d’exemples »…Originaire de Payerne, l’écrivain Jacques Chessex (prixGoncourt 1973) a fouillé autant dans ses souvenirs que dans les archives de laville pour reconstituer ce meurtre violent qui a marqué son enfance. D’uneplume sobre et tranchante, il signe un récit (bizarrement sous-titré « roman »)d’une vigueur peu commune. Dans le dernier chapitre, où il réfléchit sur l’horreurinsondable de cette boucherie, Chessex saisit l’impact destructeur que detels massacres peuvent avoir sur ceux qui y survivent: « Rien n’est explicable,plus rien jamais n’est ouvert à qui a reconnu une fois pour toutes l’injusticefaite à une âme. Hors de toute raison. »LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 31


Des livres pour savoirLES CHOIX DE LA RÉDACTIONessai | biographieLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 32126 p. 13,95$Barnett R. Rubin. LAfghanistan surle point de bascule.<strong>Le</strong> spécialiste Barnett R. Rubin élucidetoutes les questions que l’on peut se poserau sujet de la présence du Canada enAfghanistan. Tout en brossant le portraitd’un pays qu’il parcourt depuis vingt-cinqans, il appelle à un sérieux coup de barredans les stratégies de stabilisation et dereconstruction, sans quoi l’Afghanistanrisque fort de retomber dans le chaos.104 p. 12,95$Charles-Philippe David,<strong>Le</strong>s États-Uniset le monde après BushNous sommes en pleine période del’après-Bush avec tous les problèmes quecela comporte. Ce spécialiste desquestions américaines nous aideà mieux comprendre la situation.307 p. 28,95$Josias Semujanga.<strong>Le</strong> génocide, sujet de fiction?Comment les écrivains ont-il fait entrer« cet événement horrible » dans lalittérature ? Josias Semujanga a consacréson dernier livre aux traces de lamémoire du génocide au Rwanda dansla littérature africaine francophone.Un livre troublant et lucide.« <strong>Le</strong> féminisme est une œuvre au noir, secrète et en progrès», écrit France Théoret en guise d’introductionau deuxième chapitred’Écrits au noir. DansÉCRITS AU NOIRFrance Théoret,Remue-ménage,172 p. | 21,95$ce livre, l’auteurepoursuit sa réflexionsur l’engagement etl’écriture. Elle parledes procédés dontelle a usé pour rédigercertains de sestextes, ainsi que des écrivains qui l’ont influencée, cesmarginaux tels Claude Gauvreau et Antonin Artaud,Gabrielle Roy et Simone de Beauvoir, auxquels elle restefidèle. Elle recense les sources littéraires de la féminisationde la langue et nie l’existence d’une écriture androgyne.Avec Écrits au noir, la célèbre essayiste québécoise,connue pour ses prises de positions féministes et politiques,propose une série de réflexions ardentes.Il aura fallu quatre-vingt-dix-neuf livres avant que Max Gallone s’attaque au costaud sujet qu’est la Révolution française.En effet, c’est avec son centième livre que l’essayiste, historienet romancierLE PEUPLEET LE ROI:RÉVOLUTIONFRANÇAISE (T. 1)Max Gallo,XO Éditions,384 p. | 39,95$explore cet événementbutoir dans lamémoire collectivefrançaise. Qu’est-cequi a mené à la prisede la Bastille, il y adéjà 220 ans? Abordantautant lemeilleur que le pire visage de cette révolution, maiss’éloignant sciemment des notions contenues dans lesmanuels scolaires, Gallo éclaire le fossé qui s’est creusé entrela populace et le roi, explique pourquoi Louis XIV oscillaitentre fermeté et faiblesse devant le désir d’indépendance dupeuple, las des impôts et affamé, et énumère les raisons dela frivolité abusive de la royauté, royalement incarnée parMarie-Antoinette. <strong>Le</strong> deuxième tome vient de paraître.Vivre en marge pour fuir une société qui l’oppresse,voilà ce qu’a choisi Anaïs Airelle, l’auteure dePourquoi j’meurs tout le temps. Témoin d’une réalitésociale qui ne lui plaisait en rien, cette Marseillaisede 21 ans, qui possède une formation d’aidesoignante,a volontairement décidé de vivre dans larue, à Montréalou dans l’Ouestcanadien, dansPOURQUOI J’MEURSTOUT L’TEMPSAnaïs Airelle,Écosociété,136 p. | 19$les campagnesfrançaises ouailleurs en Europe.« Y’a pasun seul universitairesur Terrequi m’fera oublier que les discours les plus essentiels,j’les ai entendus de la bouche des bums de Montréal,des crackheads de Vancouver », affirme-t-elle. Il est ànoter que la publication du récit de cette écorchéevive constitue une première pour Écosociété, une maisonspécialisé dans les essais.« Un merveilleux mélange d’anecdotes, de promenadeslittéraires, de sermons sur la morale, de réflexions politiquesd’une extraordinaire actualité, d’histoireéconomique et de quête théologique »: voilà ce que dit lePublishers Weekly au sujet du plus récent livre de MargaretAtwood. Cette fois, la célèbre auteure canadiennemène une vasteenquête concernantla notion dela dette ainsique la place quecette dernièreoccupe dans lareligion, la littératureet laCOMPTES ET LÉGEN-DES: LA DETTEET LA FACE CACHÉEDE LA RICHESSEMargaret Atwood,Boréal, 208 p. | 24$société. Nous entraînant plus loin que les textes despécialistes, Atwood dévoile une conception étonnante,intuitive et intelligente des mots « équilibre »,« vengeance » et « péché », qui se retrouvent intimementliés aux phénomènes de dette et de crédit.Isabelle Delamotte retrace le destin de la maîtresse de l’auteurde Germinal, cette femme sensible qui connut une enfancedouloureuse en Bourgogne: sa mère est mortelorsqu’elle n’avait que 4 ans. Jeanne devient apprentie couturièreà Paris, puis lingère pour le couple Zola, formé parAlexandrine etÉmile. C’est lecoup de foudreentre Jeanne etl’écrivain, qui luidonne deux enfants.L’épouseest au courant deleur liaison. À laLE ROMAN DEJEANNE À L’OMBREDE ZOLAIsabelle Delamotte,Belfond,348 p. | 29,95$mort de son mari, Alexandrine fait toutefois la paix avecJeanne, acceptant d’élever ses enfants comme s’ils étaientles siens. <strong>Le</strong> roman de Jeanne à l’ombre de Zola jette un regardneuf sur les quinze dernières années d’un bonze littéraire,d’un homme tiraillé entre son amour pour deux femmes, etd’un père à la fois comblé et attentif.« La vérité sort de la bouche des enfants ». Voilà unvieux dicton qui reprend tout son sens dans le recueilde textes de Michel Arseneault. <strong>Le</strong> journaliste québécoisa visité plus de vingt-cinq pays du continentafricain. Dans Perdu en Afrique, il signe des récits devoyage, des portraits et des reportages très humains.Selon lui, pour comprendre l’Afrique et ses tragédies,« il faut surtoutPERDU ENAFRIQUEMichel Arseneault,Stanké,288 p. | 27,95$être à l’écoute deses enfants ». C’estdonc en leur donnantla parolequ’Arseneaulttouchera la plupartdes lecteurs. Il affirmequ’il aurait pu se perdre, au sens propre commeau sens figuré, au cours de ces voyages, si ce n’avaitété des enfants qui l’ont pris par la main, et qui luiont montré que leurs conflits ressemblent étrangementaux nôtres.


Plaidoyer pour une économie solidaire CLAUDE BÉLANDVous aimez les bonnes histoires policières ?Quatre fois l’an, Alibis vous offreles meilleurs textes du genre !• FICTIONS • CHRONIQUES • LECTURES • NOUVEAUTÉS •et un complément gratuit téléchargeable au www.revue-alibis.comCOUPON D’ABONNEMENTNOMADRESSEN o 30Une fiction deJean-Jacques Pelletier : le prologuede La Faim de la Terre,volume final des « Gestionnairesde l'Apocalypse ! »Et aussi des fictions deFrédéric Hardel, <strong>Le</strong>slie Watts etMichel-Olivier Gasse■ Je m’abonne pour 1 an : 28,22 $ (taxes incluses)Veuillez commencer mon abonnement au numéro :Chèque ou mandat à l’ordre de : Alibis, 120, côte du Passage, Lévis (Québec) G6V 5S9www.revue-alibis.comEt l'article« Enquête sur le polar 2 :<strong>Le</strong> polar à l'ère du soupçon »,par Jean-Jacques Pelletier■ Je m’abonne pour 2 ans : 49,67 $ (taxes incluses)418-837-2098LB30Dénonçant les scandalesfinanciers à l’origine de la le Mouvement Desjardins de plaidoyer en faveur d’unerevalorisation de l’éthique etde la solidarité. <strong>Le</strong> point devue rafraîchissant d’un hommed’affaires soucieux de justicesociale.Venez le rencontrer auSalon du livre de Québec !www.mediaspaul.qc.ca<strong>Le</strong>s impératifs du printemps !Découvrezune thèse révolutionnairesur la langue anglaise !Plongezdans l’univers imprégnéde magie de l’auteur duPetit prince retrouvé !Rigolezgrâce à ces savoureuxcontes d’inspirationtraditionnelle !Revivezla saga du Nord sous laplume inspirée d’HubertMansion !Voyagezaux quatre coins du globeen compagnie du célèbreanimateur !LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 33


RELATIONS ÉDITORIALESAVEC LA FRANCEET L’ ÉTRANGERDe l’Hexagone aumonde entier,une conquête dulivre québécoisUne enquête d’Elsa PépinLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 34Nous avons enquêté auprès d’éditeurs québécois et decertains de leurs homologues français afin de faire lepoint sur l’état de nos relations dans le milieu du livre,tant au point de vue commercial qu’intellectuel. Afinde mieux saisir les enjeux de ces rapports, nous avonsdressé un portrait des relations d’affaires qui s’établissententre la Belle Province et l’Hexagone, tout enrestant attentive aux motivations qui poussent des éditeurset des auteurs d’ici à vouloir s’implanter dans lemarché du livre français. Nous avons aussi tenté decomprendre pourquoi certains livres attirent les éditeursfrançais alors que d’autres pas, et de tracer unportrait des répercussions du succès du livre québécoisen France.Entre fantasme et réalisme, publier ou vendre des livresen France continue à nourrir l’ambition des Québécois,mais la situation a évolué, et il existe désormais diversesfaçons de pénétrer le marché étranger. Portait d’uneconquête tous azimuts.David contre GoliathLa France est un territoire attrayant, nonseulement du fait de l’envergure de sonbassin de population, mais aussi à cause de sa longuetradition littéraire et de l’effervescence du milieu dulivre. Brigitte Bouchard, fondatrice des Allusifs, y connaîtquelque chose, avec la moitié de ses ventes effectuéesen France. Selon elle, l’Hexagone a l’avantaged’être une plaque tournante de la littérature: tous leséditeurs étrangers passent à Paris. Avoir une visibilitéen France aiderait donc à se faire connaître à l’international.Pourtant, selon Antoine Tanguay, directeurdes éditions Alto, publier en France n’est passynonyme de réussite, parce que ça ne s’accompagnepas forcément d’une reconnaissance réelle. L’auteurpeut facilement se noyer dans la masse.S’il est un sujet sensible auprès des Québécois, c’estbien celui de leurs rapports avec la France, et ce,depuis la colonisation. Il fut un temps où la mèrepatrie faisait figure d’autorité, surtout dans ledomaine des arts et de la littérature. Or, si lesauteurs québécois des années 1960 publiaient enFrance pour obtenir une crédibilité, qu’en est-ilaujourd’hui? Notre littérature est jeune, soit, maisl’édition québécoise prend de l’expansion, et certainscas de figure prouvent qu’il est désormais possible defaire sa place dans un marché dix fois plus grand quele nôtre, voire sur la planète tout entière.De l’avis de Luc Roberge, directeur général de QuébecAmérique, qui doit sa renommée internationale auDictionnaire visuel, vendu à plus de 8 millions d’exemplaires(35 langues, 100pays), « le marché français est un des plusdifficiles et exigeants. <strong>Le</strong>s Français ont un sentimentd’autosuffisance et une vision colonialiste [duQuébec]. Ils ne veulent pas que les Québécois leurdisent comment faire undictionnaire! ». Attirant,certes, ce marchéest néanmoins saturéavec, en moyenne,700 nouveautés deuxfois par année. « Cen’est jamais acquis.Même si les Françaisaiment un livre, ilspeuvent détester lesuivant et tout est àrecommencer », noteBrigitte Bouchard. Ilssont critiques et n’ont Luc Roberge, Québec Amérique© Michel Gagné


Brigitte Bouchard, <strong>Le</strong>s Allusifspas besoin de nous, en somme.Arnaud Foulon, directeur généraldes éditions Hurtubise, indique que l’ampleur dumarché provoque une concurrence féroce et des coûtsde promotion exorbitants. <strong>Le</strong>s moyens à déployer pourpercer en France sont souvent démesurés pour les éditeursquébécois. Pour eux, il faut « accompagner » lelivre, établir un contact direct avec les éditeurs français,mais aussi avec les <strong>libraire</strong>s et les journalistes.Brigitte Bouchard a donc décidé, aprèsquelques années de vaches maigres,de mandater une attachée de presseen France: « Ça prend une antenne làbas,parce qu’on est sollicités tous lesjours. Pour être remarqué, il faut jouerdans la cour des grands. Si tu n’as pasles moyens de ton adversaire, tu asjuste ta volonté, tes convictions. »Guy Saint-Jean Éditeur a aussiembauché une attachée de presse enFrance au début des années 1990.Son salaire? 5 000$ par ouvrage! <strong>Le</strong>séditions Modus Vivendi, qui publienténormément de livres pratiques enFrance, nous apprend Isabelle Jodoin,directrice commerciale, ont aussi une équipe de diffusionsur place. Mais faute de pouvoir se payer unattaché de presse en France, plusieurs éditeursquébécois optent pour des partenariats avec leséditeurs français.© Marc MelkiFrançoise Nyssen, Actes Sud« Même si les Français aiment unlivre, ils peuvent détester le suivant ettout est à recommencer. »Brigitte Bouchard<strong>Le</strong>s différents partenariatsLa coédition est, en théorie, l’entente la plus intéressantepour les éditeurs. Il s’agit d’un vrai partage desrisques. Dans le cas d’unecoproduction, le nomdes deux parties seretrouve sur la couverture.Michel Tremblay,Antonine Maillet et AkiShimazaki font partiedes rares auteurs quibénéficient de cetteentente entre <strong>Le</strong>méacet Actes Sud, établie il ya vingt-cinq ans. « <strong>Le</strong>partenariat s’est faitaprès des expériencesde distribution décevantesen France », expliqueLise Bergevin, directricegénérale chez<strong>Le</strong>méac. Un mêmelivre distribué enFrance sous l’étiquette<strong>Le</strong>méac sevend mieux, en effet, une foisédité chez Actes Sud, car d’après elle « le publicaccorde une crédibilité à un éditeur ».Quant à Françoise Nyssen, présidented’Actes Sud, cette dernière croit que lacoédition permet une plus grande pénétrationdu marché, une diffusion plus large etéclairée dans un sens comme dans l’autre.<strong>Le</strong>s éditions du Boréal, elles, coéditent L’étatdu monde avec La Découverte, mais fontsurtout affaire avec <strong>Le</strong> Seuil. À la suite dusuccès de La petite fille quiaimait trop les allumettes,Gaétan Soucy s’est vu proposerune coédition par la© Pierre Bergevinmaison de la rue Jacob, àParis. « <strong>Le</strong>s ententes entreBoréal et <strong>Le</strong> Seuil sont baséessur des rapports humains, uneconfiance littéraire et une complicitéde longue date », explique BertrandVisage, romancier mais aussi directeurlittéraire du Seuil.La majeure partie du temps, la coéditionproduira deux livres, avec deux étiquettes,et chaque éditeur gardera lemonopole de la distribution sur son territoire. LucRoberge pense qu’on « laisse croire aux auteurs quele livre va se vendre en France, mais souvent, il n’estmême pas disponible. Dans les faits, ce sont lesFrançais qui accaparent le marché québécois ».Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint de LivresHebdo, un magazine professionnel hebdomadairefrançais publié par Électre, explique que « les éditeursfrançais refusent souvent de partager lemarché, car ils ne veulent pas céder la distributionsur le sol québécois ».Lise Bergevin, <strong>Le</strong>méac<strong>Le</strong>s politiques de la coédition commandent pourtantque l’éditeur distribue le livre sous sa marque, sur sonterritoire. La résistance des éditeurs français découragecertains de leurs homologues québécois, qui optentpour la cession de droits. Cela permet à nos auteurs debénéficier de la visibilité des grandes maisons d’éditionfrançaises, qui occupent un espace privilégié dans leslibrairies, mais aussi de réduire leurs coûts de transport.Isabelle Gagnon, directrice de la Librairie du Québec àParis et de Distribution du Nouveau Monde (DNM), déploreque dès qu’un livre québécois a un potentiel devente en France, les droits sont vendus à un éditeurfrançais. D’après elle, cela fait diminuer les ventes pourl’édition québécoise.<strong>Le</strong>s Français n’étant fréquemment pas intéressés, lacession de droits demeure une entreprise difficile pourles éditeurs québécois, qui peuvent néanmoins diffusereux-mêmes un livre par l’intermédiaire d’un distributeurfrançais. <strong>Le</strong> Groupe Librex, par exemple, est distribuépar Interforum. Boréal estdistribué par Volumen, à l’instarde Guy Saint-Jean Éditeur.Ces distributeurs, qui ont unservice de presse gèrant l’envoid’exemplaires aux journalistes etqui disposent de bons moyensde promotion, n’auront pourtantjamais l’autorité d’unegrande maison française.Isabelle Gagnon, La librairiedu Québec à Paris<strong>Le</strong>s entravesà l’exportationD’après la plupart des professionnelsconsultés, le principalobstacle à l’exportation du livrequébécois en France est la diffusion, qui exige desmoyens de plus en plus importants à cause des fusionsd’éditeurs, notamment, qui remodèlent l’échiquier.« L’édition devient une machine économique dirigéepar de grands financiers, qui sont plus prudents, estimeHélène Derome, directrice littéraire à La courte échelle.<strong>Le</strong>s préoccupations commerciales sont plus présentesqu’auparavant. <strong>Le</strong>s grands groupes veulent desbest-sellers à tout prix et achètent de plus en plusde livres anglo-saxons,des valeurs considéréescomme sûres. »DNM offre aux éditeursquébécois, par l’intermédiairede la Librairiedu Québec à Paris, unmoyen de rendredisponibles leurs ouvragesen France, maisne peut cependant pasen faire la promotion. «Pour vendre des livres,il faut passer par les Arnaud Foulon, Hurtubisemédias et ce n’est pasfacile », explique Isabelle Gagnon, qui se désole du peud’auteurs de chez nous qui jouissent d’une couverturemédiatique. À cet égard, Normand Baillargeon a réussiun exploit en France grâce à une réception critiqueexemplaire. Son Petit cours d’autodéfense intellectuelle(Lux Éditeur) a été remarqué par le Monde diplomatiqueet Daniel Mermet, une star du journalisme


français. Il n’en fallait pas moins pourque l’essai fasse un tabac et qu’ils’écoule à plus de 40 000 exemplaires.Selon Pascal Assathiany, qui connaîtbien les deux marchés pour avoirvécu en France avant de devenirdirecteur littéraire chez Boréal, leproblème est d’ordre culturel et commercial.Ainsi, la langue québécoise ades tonalités différentes, et notremarché répond aussi à des règles différentes.On a beau dire que notrelangue doit garder sa couleur, certainsde nos mots sont tout simplement inconnusdes Français. Pierre Bourdon,directeur des Éditions de l’Homme, abonde dans lemême sens : « Nos livres ne sont pas adaptés pour laFrance, comme c’est le cas pour les livres étrangers 1 . »Ainsi, les ouvrages canadiens-anglais réussissent souventmieux, parce que les traductions correspondent àla réalité, linguistique en particulier, des lecteursfrançais. « Il faut adapter les livres pour leur marché »,explique Louise Loiselle, directrice de FlammarionQuébec. À la di Stasio, le best-seller de Josée di Stasio,a ainsi été réintitulé Si simple, si bon pour l’édition impriméepar la maison© Hermance TriayBertrand Visage, <strong>Le</strong> Seuilmère, Flammarion.Hélène Derome, directricede La courteéchelle, perçoitégalement la France comme un marchéétranger, et non comme un voisin familier.« Il est faux de croire que la France estnotre marché d’exportation naturel grâceà la langue », ajoute Pierre Bourdon.Selon lui, en effet, les Québécois sontbeaucoup plus proches de la réalité duCanada anglais.Pourtant, l’Association pour l’exportationdu livre canadien confirme que, parmi lesventes de titres québécois réalisées enFrance en 2006 et qui totalisent environ10,5M$, 8 M$ sont attribuables aux publicationsvendues telles quelles, contreenviron 1M$ à la cession de droits et 1M$aux auteurs étrangers. Comme quoi le livre québécois sevend tout de même bien dans sa version originale!Louise Loiselle,Flammarion Québec<strong>Le</strong>s bons vendeurs québécoisComment déterminer qu’un livre possède le potentielpour séduire la France? Louise Loiselle possède unelongue expérience, ayant travaillé quatorze ans chezStanké avant de fonder les éditions Flammarion Québecen 1998, qui publient une vingtaine de titres par année.« On est tous à la recherche du moule, mais c’est dansl’originalité que ça marche, dans les approches qui sedistinguent. <strong>Le</strong>s formules gagnantes s’essoufflent. Deplus, les réussites sont basées sur la confiance et lorsqueles gens changent de poste, ilfaut tout reprendre à zéro. »« <strong>Le</strong>s ententes entre Boréal et <strong>Le</strong>Seuil sont basées sur des rapportshumains, une confiance littéraire etune complicité de longue date. »Bertrand VisageIl y a aussi des chassesgardées dans le milieu dulivre français. Il est difficilede rivaliser avecLarousse dans ledomaine des dictionnaires,par exemple.Pourtant, QuébecAmérique a réussi à imposerson Dictionnaire visuel. Il s’agit souvent de trouverune nouvelle approche, de combler un manque. SelonPascal Assathiany, du Boréal, l’édition nord-américaine(ce qui inclut bien sûr le Québec) est à l’avant-garde dulivre pratique.<strong>Le</strong>s Éditions de l’Homme, qui cumulent de très bonnesventes en France, y ont ouvert un bureau et élaboré uncatalogue international, spécialisé dans les sciences humaines,« un genre qui répond aux besoins du marchéfrançais, explique Pierre Bourdon, vice-président à l’édition.Nous amenons desauteurs québécois enFrance et des auteursfrançais au Québec ».©Martine DoyonLouis-Frédéric Gaudet,de Lux Éditeur, a aussiconquis un milieu spécifique,celui du livrepolitique. « Lux se positionneà mi-cheminentre les traditions universitairesfrançaise etanglo-saxonne », expliquel’éditeur, qui croit Pascal Assathiany, Boréalque cette « pensée hybride» répond au besoin de renouvellement d’uneFrance intellectuellement sclérosée. Isabelle Gagnonconfirme, elle, que les meilleurs vendeurs en Francesont les livres pratiques et de sciences humaines.« Nous avons une bonne réputation parce que noussommes moins théoriques que les Français, quiont souvent la manie de tout intellectualiser », indiquet-elle.Notre approche plus pragmatique constituemanifestement un atout. À preuve, Librex vend trèsbien La santé par le plaisir de bien manger, des Dr.Béliveau et Gingras, repris là-bas par Solar. FlammarionQuébec a pour sa part vendu à J’ai lu <strong>Le</strong>s secrets de lavitalité de Nicole Gratton et Guérir sans guerre deJohanne <strong>Le</strong>doux. Quant aux « bons vendeurs en FranceNORA ATALLAROBERT GENESTLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 36ROMAN – 120 PAGES – 19,95 $ROMAN –190 PAGES – 24,95 $ ROMAN –180 PAGES – 24,95 $ RÉCITBIOGRAPHIQUE – 504 PAGES – 29,95 $LES ÉDITIONS GID – Tél. : 418 877-3110 – editions@gidweb.com – leseditionsgid.comRAYMOND BREAULISE VEKEMAN


de Bayard Canada, révèle Gilda Routy,directrice générale, [ce] sont deslivres de croissance personnelle etde religion. »© Nancy <strong>Le</strong>ssardPierre Bourdon,Éditions de l’HommeHélène Derome, deLa courte échelle,affirme que noussommes égalementà l’avant-garde duroman adolescent.« On y aborde desthèmes contemporainsde façon plus directe,explique-t-elle. [<strong>Le</strong>s jeunes]ont besoin de cegenre de littérature. »Ce ton parfois cru peut, en revanche, rebuter certainslecteurs habitués à une vision plus conservatrice de lalittérature jeunesse.Précisons aussi que depuis « HarryPotter », la fantasy et le fantastique se sont acquis unpublic, adolescent et adulte, des plus fervents. Dans cedomaine, les Éditions de Mortagne ont vendu les droitsde la série « <strong>Le</strong>s chevaliers d’Émeraude » d’AnneRobillard aux éditions Michel Lafon. Même scénarioavec la saga « Amos d’Aragon » de Bryan Perro.Isabelle Gagnon, faisant référence aux livres duQuartanier, de La Pastèque, d’Héliotrope et duMarchand de feuilles, remarque depuis dix ans unenette amélioration de l’édition québécoise, plus exportableet de meilleure qualité. Elle confirmecependant que la visibilitédans les médiascompte pour beaucoupdans le succèsd’un livre. En témoignela percée fulgurantedans salibrairie du Petit coursd’autodéfense intellectuellede NormandBaillargeon. Selon CaroleBoutin, directricedes droits dérivéschez Groupe Librex,Raphaëlle Germain Philippe Garnier, Denoël(Soutien-gorge roseet veston noir) est l’exemple d’uneauteure qui s’exporte bien parce qu’elle est à l’aiseavec les médias. Gin tonic et concombre, sondeuxième roman publié chez Libre Expression, vientd’ailleurs d’être acheté par les Presses de la Cité.« Il est faux de croire quela France est notre marchéd’exportation naturel. »Pierre Bourdon<strong>Le</strong> succès des livresquébécois en Franceest une histoire de« cas par cas », selonPascal Assathiany:« <strong>Le</strong> succès à l’étran -ger passe par la sensibi lité littérairede deux personnes, la rencontre de deux subjectivités.<strong>Le</strong>s éditeurs n’ont pas tous le même goût. » Ainsi, siMarie-Sissi Labrèche est publiée en Allemagne, c’estparce que quelqu’un a aimé ses livres. Sa popularité auQuébec n’y est pour rien.L’image du QuébecDans les années 1960-1970, Réjean Ducharme, AnneHébert, Michel Tremblay et Antonine Maillet 2 ontséduit la France, mais depuis, l’image du Québec s’esttransformée. Selon Lise Bergevin, directrice chez <strong>Le</strong>méac,notre littérature est moins folklorisée aujourd’hui, ce quicontribue à notre succès.Philippe Garnier, éditeurchez Denoël, penseaussi que « l’image de lalittérature québécoisen’est plus liée à un terroirou à un folklore ».AvecUndimanche à la piscine àKigali, Gil Courtemanchea par exemplepermis de jeter un nouveléclairage sur leRwanda, un regardNicole Saint-Jean,détaché du sentimentde culpabilitéGuy Saint-Jean Éditeurressenti par les Français. Ce roman, d’une qualité hors ducommun selon l’éditeur, est loin de notre folklore.Pour d’autres, nous sommes moins séduisants dufait que nous sommes moins exotiques. « Nousavons tous les inconvénients d’une littératureétrangère pour la France, pense Pascal Assathiany.Nous n’avons ni le réseau pour appuyer le livre, nila reconnaissance de départ des auteurs français, nile prestige “exotique” d’une littérature étrangère. »Il est en effet souvent plus facile de faire traduire unlivre en Italie ou en Europe centrale que de lecoéditer en France, soutient l’éditeur. « <strong>Le</strong> Québecest malheureusement moins exotique que l’Afriqueou les Antilles, renchérit Bertrand Visage, directeurlittéraire du Seuil. Vous êtes des étrangers, maisaussi nos cousins germains. » Ainsi, la littératurequébécoise est familière, mais pas totalement assimilable.Françoise Nyssen, présidente d’Actes Sud,n’est pas d’accord avec l’idée que les Québécoissouffrent de leur manque d’exotisme. Selon elle,« un livre de qualité passera, peu importe sonorigine. Mais il faut bien le travailler ».978-2-92316 5-53-0136 pages 19 $978-2-923165-46-2160 pages 25 $978-2-923165-47-9216 pages 24 $N OUVEAUTÉSANAÏS AIRELLEPourquoij’meurs toutl’tempsRécitC’est l’histoire d’une fille quia mal démarré. Dévorée dequestions et de révoltes, ellepart sur les routes. Ce récitd’une itinérance, vécue de l’intérieur,nous parle d’une réalitétrop souvent occultée etnous explose en plein coeur.PIERREMOUTERDEPour unephilosophie del’action et del’émancipationPouvons-nous encore philosopheraujourd’hui? PierreMouterde nous propose departir des fondements de notretradition philosophique pourpenser notre action politique.Lancement au Café Babylone à Québec le16 avril à 17h30. 181, rue Saint -Vallier Est.Collection ActuelsPAUL ARIÈSDésobéir etgrandirVers une société dedécroissancePréface de Serge MongeauQuand 20% des humains s’approprient86% des ressourcesdisponibles sur Terre, parler dedécroissance devient une nécessité.Paul Ariès nous montrecomment nos sociétés doiventréapprendre le sens des limites.SALON DU LIVRE DE QUÉBECSTAND 9 PASSEZ NOUS VOIR!RENCONTRE D’AUTEURJeudi 16 à 15 h 30, entretien de Pierre Mouterdeavec Laurent Laplante, scène médias.PRÉSENCE D’AUTEURS :PIERRE M OUTERDE ET SERGE M ONGEAUw w w .ecosociet e.orghttp://slapp.ecosociete.org/LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 37


LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 38Nicole Saint-Jean, de Guy Saint-Jean Éditeur, et GildaRouty, directrice commerciale de Bayard Canada,trouvent que les Français sont moins chauvinsqu’auparavant. « Si un livre québécois ne se vendpas en France, ce n’est pas à cause de leur manqued’intérêt, mais souvent par manque de moyens deséditeurs québécois », avance Nicole Saint-Jean.Mélanie Vincelette, directrice du Marchand defeuilles, est moins optimiste. « La littérature québécoisereste inconnue en France, où l’on tarde àreconnaître les écrivains de la périphérie, croit-elle,au contraire desBritanniques, qui ont© Dominique LafondFlorence Noyer, Héliotropedepuis longtempstourné leur attentionvers les écrivainsdu Commonwealth etde leurs anciennescolonies. <strong>Le</strong>s Françaisont du mal à célébrerla littérature qui n’estpas produite dans le7 e arrondissement deParis », ironise-t-elle.Antoine Tanguay, deséditions Alto, s’inquiètepour sa part du peu d’attention qu’on porteà des passerelles comme le prix France-Québec.« Christine Eddie vient de remporter ce prix pour<strong>Le</strong>s carnets de Douglas, mais personne ou presque,ici, n’en a parlé », regrette l’éditeur.Hors dessentiers battusL’espoir d’une améliorationde nos relations avec laFrance se situe peut-être ducôté des petites maisons d’édition,florissantes au Québec.Ces dernières valorisent denouvelles approches du marchéet évitent certains écueils deséchanges à grande échelle. Et plutôt que de brandirle drapeau national, les éditeurs de la relève construisentleurs catalogues sur la qualité des auteurs.« <strong>Le</strong>s éditeurs de la relève n’ont pas le même pointde vue que l’ancienne génération, qui s’est battuepour s’introduire dans le marché français, juge AntoineTanguay. On ne doit pas souffrir du lieu d’oùon vient ». Éric de Larochellière est également d’accordavec cette idée. Sa maison d’édition, <strong>Le</strong> Quartanier,publie des auteurs québécois et français et afait sa place dans le milieu du livre expérimentalfrançais, grâce à son travail acharné sur le terrain.« Il va bientôt y avoir un changement de garde enFrance, car les éditeurs vieillissent », mentionne LucRoberge. La nouvelle génération est en effetnaturellement ouverte à plus d’échanges, comme lecroit Florence Noyer, des éditions Héliotrope.« À l’ère de l’Internet, dit-elle, il faut que les textescirculent, que la littérature voyage. » BrigitteBouchard a compris cela en 2001 en fondant <strong>Le</strong>sAllusifs, dont le catalogue est essentiellementconstitué d’auteurs étrangers. Il s’agit là d’une réussiteexceptionnelle pour un éditeurquébécois en France,une réussite qui a permis àdes auteurs comme SylvainTrudel et Pan Bouyoucas dese faire connaître. Cesderniers demeurent d’ailleursles meilleures vendeurs dela maison, nous apprendl’éditrice.« <strong>Le</strong> succès à l’étranger passepar la sensibilité littéraire dedeux personnes, la rencontre dedeux subjectivités. »Pascal AssathianyAntoine Tanguay, AltoFlorence Noyer privilégie aussil’ouverture sur le monde. <strong>Le</strong> cielde Bay City de CatherineMavrikakis a été acheté parSabine Wespieser, une petitemaison d’édition française qui a vendu à Héliotrope Surle sable, de Michèle <strong>Le</strong>sbre: les deux éditrices établissentdes passerelles. Florence Noyer juge que le rapportentre la France et le Québec était beaucoup plusdéséquilibré auparavant. Aujourd’hui,les éditeurs indépendantsdéfendent un mêmeidéal de qualité et croientqu’une nouvelle ère d’échangesentre la France et leQuébec va peut-être s’ouvrir.« Nous visons de vraispartena riats intellectuels,éditoriaux et commerciauxà long terme », se réjouitelle.À son avis, l’époque oùil fallait défendre la littératurenationale a fait son temps. Aujourd’hui, il faut donnerune vraie voix à la littérature contemporaine etdéfendre des textes.Louis-Frédéric Gaudet, de Lux Éditeur, qui se spécialisedans les textes politiques de gauche, défendaussi les échanges bilatéraux: « Plutôt que d’envi -sager la collaboration uniquement en termes© Idra Labrie©DRMichel Lafon,Éditions Michel Lafond’exportation, nousreprenons des projets,nous rachetonsdes livres français. »Lux a ainsi fait des acquisitionstrès intéressantesauprès degrands éditeurs, dontun texte de NoamChomsky. Antoine Tanguay défend aussi le Québecen tant qu’acheteur: la moitié du catalogue d’Altoest constitué de fictions de langue anglaise, choisiespour leur qualité puis traduites en français. L’éditeura publié Une brève histoire du tracteur en Ukrainede Marina <strong>Le</strong>wycka, dont il a vendu les droits auxÉditions des Deux Terres, ainsi que cinq romans dela Canadienne anglaise Margaret Laurence,acquis par l’éditrice française Joëlle Losfeld.Selon lui, les livres les plus vendeurs enFrance possèdent un caractère internationalcomme <strong>Le</strong>s carnets de Douglas de ChristineEddie, acquis par Héloïse d’Ormesson qui,après avoir roulé sa bosse chez Flammarionet Denoël, a ouvert sa propre maisond’édition en 2004. Son catalogue est à moitiéétranger et à moitié français. « Je publiedes coups de cœur. J’ai un réel plaisir à nouerdes liens avec des confrères. Ça fonctionnegrâce aux démarches individuelles »,précise-t-elle.Optimiste, Antoine Tanguay reconnait que lesrelations entre éditeurs s’humanisent et que« chaque livre doit faire son petit bonhomme dechemin ». Il y a dans cette philosophie un réalismeet une humilité qui sont peut-être les composantesnécessaires d’une saine relation avec la France.Plutôt que de vouloir conquérir le marché du livrefrançais en héros, les petits éditeurs défrichent àl’échelle humaine, avec l’espoir de se tailler uneplace honnête dans la durée. « Il ne faut pas fantasmerla France comme un marché sans menta lité etsans goût, croit Éric deLarochellière, mais plutôtétablir un dialogue basésur les connivences intellectuelles.»©DRAlain Carrière,Éditions Anne Carrière


<strong>Le</strong> livre québécoisdans la mire des FrançaisLa France s’intéresse-t-elle à nos auteurset quelle perception en a-t-elle?<strong>Le</strong>s Québécois souffrent-ils réellementd’un certain protectionnismefrançais? En interrogeant plusieursgrands éditeurs français, nous avonsremarqué qu’ils connaissent peu lesauteurs et les éditeurs québécoisactuels. En revanche, les éditeurs indépendantsconsidérés comme moinsimportants semblent voir d’un bon œilnotre paysage littéraire.<strong>Le</strong> Québec représente sans contredit un marché intéressantpour les Français. Michel Lafon fait partiedes rares éditeurs français qui s’intéressent de prèsà notre littérature. Il fréquente le Québec depuistrente ans et mise autant sur la vente des auteursquébécois en France que sur celle des auteursfrançais au Québec. Il a ouvert un bureau à Montréalpour distribuer ses livres et, en quatre ans, sonchiffre d’affaires au Québec est passé de 500 000$à 3M$. « Il y a des valeurs sûres au Québec »,avance celui qui a acheté les droits des séries« Amos d’Aragon » de Bryan Perro et « <strong>Le</strong>s Chevaliersd’Émeraude » d’AnneRobillard, ainsi qu’Unpetit pas pour l’hommede Stéphane Dompierre.Michel Lafon a aussipu blié, sans passer par leQuébec, Vous qui croyez« L’image de la littératurequébécoise n’est plus liée àun terroir ou à un folklore. »Pierre Garnierme posséder du MontréalaisDenys Richard, quia connu un très bon succèsen Europe. Fait intéressant,les « Chevaliers d’Émeraude » n’avaient reçu qu’unmodeste accueil en France jusqu’à ce que MichelLafon fasse redessiner la couverture par Patrice Garcia,très connu là-bas, organise une tournée nationalepour l’auteure et boucle des entrevues avecles médias. <strong>Le</strong> résultat est révélateur: cinq des livresd’Anne Robillard sont passés dans les dix meilleuresventes en France (860 000 exemplaires). « La Francea besoin d’une grosse machine promotionnellepour vendre un livre », explique l’éditeur, qui necache pas avoir investi plus de 300 000$ pourAnne Robillard!La spécificité québécoiseÀ la question de savoir s’il y a dans notre littératuredes traits spécifiques qui attirent les éditeursfrançais, plusieurs répondent qu’ils ne choisissentpas un livre pour son origine géographique, maispour la qualité du texte, de l’écri ture. Ils reconnaissenttoutefois dans notre littératuredes traits originaux, une sensibilitéqui nous est propre. Michel Lafonparle d’une « bouffée de pureté »:« Il y a une fraîcheur très nordaméricainedans la littératurequébécoise. Vous dites des chosesqu’on n’ose pas dire en France »,qualifiant Stéphane Dompierre de« révolutionnaire ».« Ce qui plaît chez les Québécois,Hélène Derome, c’est la sincérité et la qualité deLa courte échellel’écriture », affirme Alain Carrière,éditeur chez Anne Carrière, maisaussi ancien éditeur chez Robert Laffont. Aux yeuxde Bertrand Visage, du Seuil, notre littérature est indéniablementnord-américaine par le mode de viequ’elle met en scène et son rapport à la sexualité.Celui qui a publié Nelly Arcan affirme que « les auteursquébécois sont des écrivains à fleur de peauet à cœur ouvert ». Il oppose notre émotivité, notresensibilité, à la cérébralité française. Même chezGaétan Soucy, qu’il qualifie d’« extrêmementatypique », il trouve « quelque chose de québécois,d’irrationnel, proche du conte, difficile à transmettredans la cérébralité française ».« Souvent, on ne peut pas dire queles auteurs sont québécois, penseHéloïse d’Ormesson. Ils ne sontpas très éloignés des référencesfrançaises, mais il y a un écartqui séduit les Français ». <strong>Le</strong>scarnets de Douglas de ChristineEddie est selon elle représentatif,car « l’auteure est à la fois universelle,francophone et québécoise ». Toujours d’aprèsl’éditrice, notre langue attire les Françaisparce qu’elle est « une musique familière, mais aussisingulière et originale. <strong>Le</strong> charme du connu etde l’inconnu ».Plusieurs éditeursfrançais disent re -cher cher des auteursouverts sur le monde,universels. ManuelCarcassonne, direc -teur littéraire chezGrasset, remarquequ’après une périodede la littératurequébécoise très blan -che, nous avonsdésormais une littératuremétissée. Notre©RollerManuel Carcassonne, GrassetQuelques livresquébécois publiésen France*Nelly ArcanPutain(Seuil, 2001;Points, 2002)À ciel ouvert(Seuil, 2007)Jean BarbeComment devenirun ange(<strong>Le</strong>méac/Actes Sud,2007)François BarceloCadavres(Gallimard, 1998;Folio, 2002)Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay(Fayard, 2007)Denise BombardierUne enfanceà l’eau bénite(Seuil/Points, 1990)Edna, Irma et Gloria(Albin Michel, 2007 )Chrystine BrouilletMarie Laflamme(Lacombe/Denoël, 1990;t. 2, 1992 ; t. 3, 1994)<strong>Le</strong>s Quatre Saisonsde Violetta(Denoël, 2002)Gil CourtemancheUn dimancheà la piscine à Kigali(Folio, 2005)Nicolas DicknerNikolski(Denoël, 2007)LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 39


LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 40© Gaëlle de RoussanEric De Larochellière,<strong>Le</strong> Quartaniercosmopolitisme luiapparaît comme unnouvel atout. Dany Laferrière,Ying Chen etSergio Kokis incarnentd’après lui le visagemoderne du Québec,bien loin des imagesd’Épinal datant dequelques décennies. « Il y a eu une césure dans votrelittérature. <strong>Le</strong> Québec est devenu une terre d’asile etd’exil, et il produit désormais une littérature-monde »,affirme Carcassonne. En ce sens, Philippe Garnier, deDenoël, a été séduit par la vision planétaire de Nikolski2 de Nicolas Dickner. « C’est un roman désenclavé,qui n’est pas enfermé dans des frontières nationales,explique-t-il. Nous allons vers une littératurequi circule. Nous sommes de moins en moinsnationaux et frontaliers. »Alain Carrière, des éditions Anne Carrière, quipublient Marie Laberge en France, attribuel’immense succès de l’auteure populaire à l’universalitéde ses romans. « Il va devenir plus facile d’importerdes auteurs québécois chez nous, croit poursa part Bertrand Visage, parceque votre langue est plus universelle,bien que certains auteursquébécois s’enfermenttrop dans leur réalité ». FabricePiault, de Livres Hebdo, remarqueaussi que trop de particula -rismes passent moins bienqu’une langue internationale.Selon lui, « nous avons vécu surl’illusion que notre langue communesuffisait à fonder unemême identité culturelle. Pourtant,les cultures française etquébécoise sont très différenteset les marchés également ». Certainséditeurs français ont notéces différences et opté pour l’adaptation. C’est le casde Michel Lafon avec le livre de Stéphane Dompierre.« On a raccourci certaines scènes et travailléun peu la langue. Il faut adapter les livres québécoispour le marché français. C’est faux de croire quetout est pareil », affirme l’éditeur.Il demeure difficile d’expliquer pourquoi tel auteurperce et pas un autre. A cet égard, le rôle des médiasest déterminant. « Un article peut faire la différence,note Françoise Nyssen, présidente d’ActesSud. Il faut rencontrer les journalistes et travailleren grande proximité avec les <strong>libraire</strong>s, c’est la clef. »Fabrice Piault, de Livres Hebdo, pense quant à luiqu’« il n’y a pas d’ostracisme contre les éditeurs©Matsas_OPALEJoëlle Losfeld,Éditions Joëlle Losfeldquébécois. Tout éditeur, mêmefrançais, qui ne peut pas proposer enFrance une offre cohérente d’au moinsvingt titres par an, a des difficultésà percer ».<strong>Le</strong>s passeursTous les éditeurs français interrogéssouhaiteraient mieux connaître la littératurequébécoise, mais la majoritéconcède qu’ils ignorent ce qui s’écritactuellement au Québec. Ils croientque c’est aux éditeurs québécois deleur proposer des livres, de défricherle terrain. Pour favoriser les échanges, il faut des« passeurs » étroitement liés à leurs homologuesd’outre-Atlantique. Manuel Carcassonne, directeurlittéraire chez Grasset, constate l’importance de laproximité. Il rappelle qu’Yves Berger fut directeur littérairede la maison durant plusieurs années et qu’ila entre autres publié Antonine Maillet. « Il avait desrapports étroits avec le Québec. Or, depuis sondécès, les relations de Grasset avec le Québec seraréfient », note Carcassonne.Même constat pour Alain Carrière, quiétait chez Robert Laffont lorsque, dans lesannées 1970, la maison était très liée auQuébec et avait ouvert un club du livre àMontréal. Aujourd’hui, Denis Gombert,qui a publié Crimes horticoles de MélanieVincelette, avoue mal connaître notrelittérature. La clef de bonnes relationspasse donc par de fidèles entremetteursmais, lorsque ces « têteschercheuses » disparaissent,il faut lesrenouveler et cen’est pas toujoursévident. Fragiles, lesrapports entre laFrance et le Québec seconstruisent donc sur la durée, laconfiance et une connaissanceintime des gens.<strong>Le</strong>s auteurs québécois rêvent-ilsencore de la France?Publier en France est-il toujours le rêve des écrivainsquébécois et un gage de réussite? « Dans les années1960, cela permettait d’être lu au Québec », soutientJacques Godbout. Selon Gil Courtemanche,c’est encore le rêve de l’écrivain québécois à causede l’ampleur du marché, mais aussi des activités quiaccompagnent la publication. « Grâce à la publicationfrançaise d’Un dimanche à la piscine à Kigali,j’ai été invité au festival Étonnants voyageurs deSaint-Malo, en résidence littéraire àSaint-Nazaire, à plusieurs colloqueset à des tables rondes », raconte-t-il.Chrystine Brouillet a pour sa partdes réserves à propos du grand rêvequ’on fait miroiter aux auteursquébécois: « Il ne faut pas se leurrer.Il est utopique de croire qu’onva faire carrière en France. Personnene nous attend. » Éditée chezDenoël, l’auteure de Québec acommencé à publier ses romanspoliciers dans les années 1980 et avécu une dizaine d’années à Paris. « J’avais la chanced’être une étrangère et d’être une femme, ce qui mefaisait remarquer dans le milieu du roman policier, maisles médias s’intéressaient peu à moi. Ce n’est pascomparable au succès que j’ai connu au Québec »,explique-t-elle.Fabrice Piault, Livres HebdoTous les écrivains québécois consultés confirmentd’ailleurs que leurs ventes en France ne dépassentpas celles au Québec. Elles en constituent, aumieux, un tiers, comme le confirme FrançoisBarcelo, qui voit cependant certains de ses livress’écouler davantage en France : « Environ les deuxtiers de mes livres de la « Série Noire » chez Gallimardy sont vendus (5 000 exemplaires), et le restel’est au Québec. Mais cette collection est bien mieuxconnue en France ».« Il est utopique de croire qu’on vafaire carrière en France. Personnene nous attend. »Chrystine BrouilletSelon Nicolas Dickner,si la France était,pour la génération lepré cédant, soit celledes baby-boomers, lepôle d’attraction intellectuel,ce n’est plusvrai aujourd’hui :« Quand j’étais àl’université, je visaisla France. Aujourd’hui, cequi m’intéresse le plus, c’est être traduit dansplusieurs langues. » Gil Courtemanche confirme quel’hégémonie de la France dans le milieu du livre aété supplantée par celle des Anglos-Saxons. C’estlorsqu’il a vendu les droits d’Un dimanche à lapiscine à Kigali à un éditeur anglais que le livre a ététraduit en dix langues. Courtemanche a écoulé100 000 exemplaires de son roman au Québec, contreenviron 15 000 en France.Si la traduction semble être le nouveau rêve caressépar les auteurs québécois, la publication en Franceleur confère-t-elle encore une reconnaissance, uneautorité? François Barcelo pense que c’est encore le


Quelques livresquébécois publiésen France*© Ludovic Fremaux© Marcelo Troche© Martine Doyon© Martine DoyonStéphane DompierreUn petit pas pourl’homme(Michel Lafon, 2009)cas. Il se demande jusqu’à quel point le fait d’êtrepublié chez Gallimard a influencé le réalisateur quia récemment adapté Cadavres au cinéma. GaétanSoucy, qui a connu un succès notable en France avecLa petite fille qui aimait trop les allumettes et Music-Hall!, va jusqu’à dire qu’il a acquis sa notoriété aprèsla publication à Paris. Ses ventes ont alors décuplé.D’après lui, la « force gravitationnelle de Paris estimmense. »Encore faut-il être vu dans les médias et, pour cela,connaître des gens influents et être sur place. GilCourtemanche et Robert Lalonde ont tous deux eubonne presse à la sortie de leurs romans, mais ilsavaient déjà des contacts. « J’ai eudroit à une couverturemédiatique parce quej’ai des complices et unréseau qui a été long àconstruire et qui ne fonctionnepas toujours,avoue Robert Lalonde. Ilm’est arrivé de donner cinqentrevues à des journalistesfrançais qui ne les ont jamaispubliées. Il y a un fort réflexe protectionniste desFrançais en face des livres étrangers, mais ça secomprend, avec la tonne de livres qui se publie! »L’accueil des Français dépend donc du réseau del’écrivain, mais il y a aussi une part de hasard. Descirconstances favo -rables créent l’événement,comme ç’a été© Arnaud FévrierJacques Godbout Nelly Arcan François Barcelo Gaétan SoucyHéloïse d’Ormesson,Éditions Héloïse d’Ormesson« Parfois, le pays natal n’est pas lemeilleur pour accueillir le livre. »Robert Lalondele cas pour NellyArcan avec Putain. Undes plus grands succèsd’écrivain québécoisen France est celuid’Antonine Maillet 3 ,qui a remportéle Goncourt avecPélagie-la-Charette en1979. « Je sentais queles médias et le publicétaient avec moi »,confie-t-elle. Depuis, bien qu’elle poursuive unebelle carrière en France, la romancière concèdequ’elle n’intéresse plus autant les médias françaispuisqu’elle ne représente « plus une surprise ».Par contre, certains auteurs québécois se sont carrémentfait connaître par l’intermédiaire de laFrance. Réjean Ducharme a publié L’avalée desavalés chez Gallimard après avoir été refusé par leséditeurs québécois, à l’instar de Jacques Godboutavec L’aquarium, publié au Seuil en 1962. NellyArcan a aussi fait paraître Putain directement auSeuil. « Parfois, le pays nataln’est pas le meilleur pour accueillirle livre », expliqueRobert Lalonde. L’un de sesromans, <strong>Le</strong> dernier été desIndiens, a été mieux reçu enFrance qu’au Québec. <strong>Le</strong>livre traite du rapport avecles Amérindiens, un sujetdélicat pour les Québécois,mais qui a plu aux Français. « On estmieux compris par des gens à qui on ne fait pasun miroir impitoyable de leurs problèmes »,précise l’auteur.Jacques Godbout, quant à lui, note que « noussommes disparus de l’écran-radar des Français. ÀParis, ça fonctionne par mode. <strong>Le</strong>s Français se sontpassionnés du Québec, avec la déchristianisation dudébut des années 1960, la Révolution tranquille etle projet de souveraineté. Aujourd’hui, on estdevenu une province parmi les autres ».L’accueil fait aux QuébécoisActuellement moins fascinés par le Québec quedurant les années 1960-1970, les Français font-ilstoutefois un bon accueil aux écrivains québécois?On se souvient des commentaires de Thierry Ardissonsur l’accent de Nelly Arcan à Tout le monde enparle. L’épisode avait touché une corde sensible.Pourtant, la jeune auteure dit qu’elle ne s’est jamaissentie victime de discrimination comme écrivainedu Québec. Robert Lalonde s’est par contre déjà faitproposer par son éditeur de ne pas signaler enRéjean DucharmeL’avalée des avalés(Folio, 1982)Christine Eddie<strong>Le</strong>s carnets de Douglas(Héloïse d’Ormesson,2009 ; <strong>Le</strong> Livrede Poche en 2010)Jacques GodboutL’aquarium(Seuil, 1962)La concierge du Panthéon(Seuil, 2006)Gaétan SoucyMusic-Hall!(Seuil, 2002)La petite fille qui aimaittrop les allumettes(Points, 2000)Robert Lalonde<strong>Le</strong> dernier étédes Indiens(Seuil, 1982)<strong>Le</strong> petit aigleà tête blanche(Seuil, 1994;Prix France-Québec)Antonine MailletPélagie-la-Charrette(Grasset, 1979)<strong>Le</strong> mystérieuxvoyage de Rien(Actes Sud/<strong>Le</strong>méac,2008)Yann MartelL’histoire de Pi(Denoël, 2004 ; FolioJunior, non disponible)LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 41


LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 42© Dominique Thibodeau ©Dominique EddieChristine EddieRobert Lalondequatrième de couverture qu’ilvenait de la Belle Province. Lorsde ses tournées de promotionen France, Nicolas Dickner a,pour sa part, vu ses interventionsremplacées par cellesd’un Anglais ou d’un Américain:« Je ne claironne pas queje suis québécois, dit-il. Êtrecosmopolite est beaucoup plusà la mode. »Robert Lalonde croit que le plus grand obstacle pourles livres québécois vient de l’institution plutôt quedes lecteurs : « C’est l’intelligentsia littéraire quireprésente une mauvaise courroie de transmission. »Son succès en France, il le doit au rapport directqu’il a établi avec les <strong>libraire</strong>s bien plus qu’auxcanaux officiels. <strong>Le</strong>s chasses gardées du milieu dulivre français sont donc difficiles à percer, et lesécrivains québécois ont avantage à miser sur leursconnivences intellectuelles avec des individus:éditeurs, <strong>libraire</strong>s et lecteurs.La fin du règne françaisSi le livre a un marché, ses lois commerciales, sesrouages et ses agents, il n’en demeure pas moins unobjet difficile à évaluer en dehors des rapports humains.Plusieurs personnes interrogées ont fait remarquerque la vie d’un livre tient avant tout à larencontre entre des individus. Ainsi, que ce soitpour publier, vendre ou promouvoir un livre québécoisen France, il n’y a pas de recette miracle, si cen’est d’aller à la rencontre de l’autre, directement,afin d’échanger et de partager son plaisir.Nous aurions aimé dévoiler, au terme de la présenteenquête, les secrets des succès du livre québécois enFrance, mais cela tient principalement à des coups decœur d’éditeurs ou à des circonstances difficiles à évaluer.Il se dégage toutefois certaines constantes, desclefs pour ouvrir les portes de l’Hexagone. La proximité,la patience et l’approche individuelle constituent lesmeilleurs gages pour conquérir ce pays; le principal obstacleest la diffusion, qui se gère mal à distance.© Josée LambertChrystine Brouillet Nicolas Dickner Gil Courtemanche© Idra LabrieAu fil des différents témoignages se révèlent d’intéressantesnouvelles approches liées à l’ouverturedes frontières et à une plus grande circulation desœuvres. <strong>Le</strong>s petites maisons d’édition indépendantesse frayent un chemin dans les dédales dugrand marché du livre en développant des cataloguesoù se côtoient des auteurs de plusieurs ori -gines. <strong>Le</strong>s auteurs, quant à eux, doivent égalementêtre disposés à circuler et à s’ouvrir au monde.Robert Lalonde propose qu’on développe l’axeaméricain, en approfondissant les rapports avec leMexique 4 et les pays d’Amérique du Sud. D’autresconseillent que nous misions sur les traductions. Ensomme, la France n’est plus le seul pays dans la lignede mire des éditeurs québécois et ne monopoliseplus les fantasmes des écrivains francophones.Du fait de notre langue commune, le Québec et laFrance serons toujours intimement liés, mais leséchanges littéraires se fondent avant tout sur lacomplicité intellectuelle et les connivenceshumaines, qui n’ont rien à voir avec la langue niavec le lieu.1L’adjectif « étrangers », fréquemment employé par leséditeurs au cours de l’enquête, identifie ici et dans le restedu texte toute littérature autre que québécoise oufrançaise.2Nikolski a été traduit en dix langues.3Née en Acadie, Antonine Maillet est depuis plusieursannées « assimilée » à la littérature québécoise.4<strong>Le</strong> Mexique était le pays invité d’honneur du Salon dulivre de Paris 2009.© Dominique ThibodeauQuelques livresquébécois publiésen France*Bryan PerroLa série« Amos d’Aragon »(Michel Lafon, 2007)Anne RobillardLa série « <strong>Le</strong>s chevaliersd’Émeraude »(Michel Lafon, 2007)Louis-BernardRobitailleLong Beach(Denoël, 2006)Aki ShimazakiTsubaki(<strong>Le</strong>méac/Actes Sud,1999 ; Babel, 2005)Michel TremblayChroniques duPlateau-Mont-Royal(Actes Sud, 2000)La traversée de la ville(<strong>Le</strong>méac/Actes Sud,2008)Guillaume VigneaultChercher le vent(Seuil, 2006;Points, 2007)Mélanie VinceletteCrimes horticoles(Robert Laffont, 2006)* Par souci d’espace, nous ne nommons qu’un ou deux titres par auteur.


LE LIBRAIRE CRAQUE!cuisineDES CRÊPES À L’OPÉRATout le monde se souvient des bonnesodeurs des crêpes cuisinées par nosgrands-mères ou nos mères. Dans Des crêpes à l’opéra, l’auteur nous suggère 1001 façonsde les cuisiner. Qu’elles soient sucrées ou salées, la tentation estgrande d’expérimenter les suggestions de Marc-Antoine d’Aragon.Des plus traditionnels aux plus extravagants, les choix sont vasteset les goûts de chacun seront ainsi comblés. Bien illustré, ce livrepropose des recettes faciles à réaliser. Il vous manque un ingré -dient? Remplacez-le par autre chose, l’audace et l’imagination sonttoujours bienvenues en cuisine! Que ce soit pour un brunch, unplat principal ou un dessert, ces recettes de crêpes nous réconfortentle cœur et l’âme. Lina <strong>Le</strong>ssard <strong>Le</strong>s BouquinistesMarc-Antoine d’Aragon, <strong>Le</strong>s Malins, 224 p., 34,95$LES RECETTES DE MA MÈRELoin de moi l’intention de froisser la susceptibilitédes mamans québécoisesquant à leur savoir-faire culinaire, mais il me faut avouer que le livre <strong>Le</strong>s recettes dema mère m’a donné envie de m’offrir en adoption aux mamans del’Hexagone. En effet, cet éventail de recettes simples, auxquellesl’épreuve du temps a donné raison, nous offre la fine fleur de la cuisinefamiliale française. Il constitue un véritable florilège de classiqueschoisis de cette gastronomie dont la réputation n’est plus àfaire. Qu’on opte pour le bœuf bourguignon, le gâteau basque oubien la véritable soupe gratinée à l’oignon et bien d’autres délices,il s’agit ici d’une invitation à explorer un des plus appétissantsexemples de simplicité et de convivialité. Christian Girard PantouteCollectif, Larousse, 194 p., 29,95$LES CHOIX DE LA RÉDACTIONcuisineAvec la complicité de Robert Beauchemin, critique gastronomique et amateur decuisine internationale, Lilly Nguyen signe Baguettes et fourchette, un répertoire derecettes méconnues des restaurantsBAGUETTES ETFOURCHETTELilly Nguyen,La Presse,176 p. | 34,95$puisqu’elles proviennent de l’héritageculinaire de sa famille. « La cuisine, commela culture, est faite de mélange, de mixité,d’hybridation », soutient-on dans l’introduction.De fait, au fil des recettes, il est intéressantde constater comment le Viet Nam a« nourri » le Québec. L’ouvrage contient unguide d’achat détachable présentant enphotographies les produits et aliments nécessaires à l’élaboration des plats et uneliste des épiceries asiatiques de Montréal et de Québec. Un p’tit rouleau deprintemps avec ça?Repas rapide par excellence, la pizza se retrouve sur les tables de tous les continents.Généreusement « garni » de photos, Pizza suggère au-delà de 100 recettesalléchantes de calzones, de pizzas (salées, sucrées ou épicées) sur le gril et mêmede pizzas dessert qui changent des va -riétés traditionnelles. Louise Rivard, à quiPIZZALouise Rivard,Modus Vivendi,196 p., 24,95$l’on doit plusieurs livres populaires dontLa bible des salades, Mille et un petitsgâteaux et 200 recettes oméga-3, expliqueles divers modes de cuisson ainsi que lestrucs pour faire la pâte et mitonnerplusieurs sauces délicieuses.Une mère biologiste et sa fille nutritionniste unissent leurs passions et leurs connaissancesafin de rendre hommage à 55 variétés comestibles de plantes, de fruits, de légumes etd’herbes aromatiques dans Gourmet Nature.Ces amoureuses de la nature, gourmandes desurcroit, présentent des recettes inspirées:sablés à la lavande, papillotes de poisson enécorce de bouleau, tartare de fraises au basilic,boutons d’asclépiade assaisonnés, risotto aucitron et au pissenlit, braisé de chou àl’Amaretto et à l’érable… La nature et sesCinq. C’est la clé pour apprivoiser la cuisine japonaise. Cinq couleurs pour l’attraitvisuel et la variété nutritionnelle, cinq goûts pour le mélange des contrastes etcinq types de préparations (à la vapeur, mijoté, etc.) pour titiller les cinq sens. Etpour les gourmands plus spirituels, les cinq préceptes bouddhistes peuvent mêmeêtre coordonnés à la cuisine japonaise. JapanBar se base sur ce principe. GénéreusementJAPAN BARCollectif,Larousse,192 p. | 29,95$GOURMET NATUREMarie-José <strong>Le</strong>febvreet Julie Aubé,Michel Quintin,208 p. | 29,95$charmes, dont on oublie tout le potentiel de délices, sont valorisées dans ce livre augraphisme remarquablement réussi. Miam!illustré et de facture luxueuse malgré un prixabordable, il propose 90 spécialités japonaisesexotiques composées avec des ingrédientstypiques et explique clairement les techniquespour maîtriser cet art culinaire, qui est moinscomplexe qu’il en a l’air.Avec Steven Raichlen (Barbecue, Éditions de l’Homme, 100 000 exemplaires vendus auQuébec), Ted Reader est un autre expert dans l’art de braiser viandes, poissons, légumeset fruits, ses recettes ayant recueilli d’élogieuxcommentaires dans les revues culinaires. <strong>Le</strong>guide du barbecue Napoléon, de la marque de grildu même nom, en constitue une éloquente démonstration.Reader réinvente la manière decuisiner sur le gril; les plats, diversifiés et inventifs,sont pourtant mitonnés avec des alimentsde tous les jours: ça donne faim. Pour sûr, lesLE GUIDE DUBARBECUENAPOLÉONTed Reader,Broquet,296 p. | 29,95$amateurs de grillades se reconnaissent quand le cuistot affirme que « la cuisson au barbecueest aussi une philosophie et un style de vie » (on croirait entendre le chef Gusteau,dans Ratatouille!).Quoi amener dans la boîte à lunch si on part trois jours en kayak-camping? Quemanger lors d’une randonnée à pied, à vélo ou en raquettes? Des recettes, des informations,des menus, des conseils etDU PLEIN AIRJ’EN MANGENathalie Lacombe,Vélo QuébecÉditions,240 p. | 29,95$une panoplie d’autres renseignementspertinents font de Du plein air j’en mangeun incontournable dans le domaine dela nutrition et du sport, dont NathalieLacombe est une spécialiste. Elle aégalement cosigné Nutrition, sport et performancechez le même éditeur, et collaborerégulièrement au magazine GéoPlein Air. Avec ce nouveau livre, elle propose un vrai cours de nutrition pour lesgourmands amateurs d’aventures et de grands espaces.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 43


XYZ éditeur PARUTIONS 2009RomanichelsAnne GuilbaultJoiesroman, 102 p., 20 $Patrice Martin<strong>Le</strong> chapeau de Kafkaroman, 138 p., 21 $Anne Élaine ClicheMon frère Ésaüroman, 240 p., 25 $Lise BlouinDissonancesroman, 272 p., 25 $Étoiles variablesJean DésyEntre le chaos etl’insignifiancehistoires médicales, 108 p., 18 $XYZ éditeur • 1781, rue Saint-Hubert, Montréal (Québec) H2L 3Z1 • Téléphone : 514.<strong>52</strong>5.21.70 • Télécopieur : 514.<strong>52</strong>5.75.37 • Courriel : info@xyzedit.qc.ca • www.xyzedit.qc.caLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 44RomanDocuments en format pocheTraductionJ. P. AprilIci Julie Joyalune sorte de petit romanen quarante et un tableaux168 p., 19 $André PronovostPlume de Fauvetteroman, 304 p., 23 $Françoise ClicheL’arbre qui glapitroman, 272 p., 25 $MichèleRechtman SmolkinC’est encore loin,le bonheur ?roman, 192 p., 23 $Bruno RoyJournal dérivéIV. L’espace privé 1967-2000journal, 270 p., 16 $Gaëtan Lévesque (dir.)Anthologie derécits vénézuélienscontemporains240 p., 25 $


Après avoir réaliséson rêve d’enfance(travailler dans unelibrairie), HélèneSimard dirige le<strong>libraire</strong> depuis ledébut du XXI e siècle.B IEN DANS SON LIVRELA CHRONIQUE D’HÉLÈNE SIMARDSciences<strong>Le</strong> langage des signesDans un chapitre intitulé « Invasion du frelon » tiré d’Au fond du zoo à droite, EdouardLaunet soutient que « la littérature scientifique n’est qu’un maquis d’équationsésotériques et de démonstrations impénétrables: on y trouve aussi des graphiquesabscons ». Voilà une affirmation profondément rassurante pour quelqu’un qui,comme moi, n’a jamais vraiment su comprendre le sens des équations mathématiques.Quant à la chimie et à la physique, leur étude a confirmé que la languefrançaise serait, pour moi, le seul langage limpide… Mais revenons à nos moutons,dont il est d’ailleurs question à la page 104 dudit ouvrage (saviez-vous que ces bêtesrotent du méthane et, donc, contribuent à l’effet de serre? La Nouvelle-Zélande, avec45 millions de têtes, a tenté vainement de museler le problème…).Docteur Doolittle<strong>Le</strong> Français Edouard Launet, un ancien ingénieur, est journaliste au service Culture durespecté quotidien Libération, pour lequel il signe d’hilarantes chroniques surl’actualité des sciences et des belles-lettres. Son mandat consiste entre autres àéplucher les publications scientifiques mondialement réputées en quête d’articles(très sérieux) décrivant des expériences (fort saugrenues) qu’il commente (de manièretordante) afin de montrer la futilité de maintes recherches menées par des gens dontle savoir, au contraire de leurs motivations, ne peut être remis en cause.Après avoir présenté les expériences les plus étranges (Au fond du labo à gauche),révélé la face cachée de la médecine légale (Viande froide cornichons) et décrit l’aspectmécanique d’expériences liées à la sexualité (Sexe machin), Edouard Launet s’attardeaux animaux dans Au fond du zoo à droite. On croyait tout connaître de nos 4 millionsd’amis, auxquels il faut ajouter, ici, les insectes, les arachnides, les mollusques, lescrustacés et autres bestioles pas très jolies. Eh bien, non. Pendant des mois, Launet afouillé les revues spécialisées en zoologie, uneAU FOND DU ZOOÀ DROITEEdouard Launet, Seuil,176 p. | 26,95$discipline « plus complexe qu’aucune autre enraison de la multiplicité et la variété des sujetsqu’elle embrasse », concluait l’anthropologueet naturaliste français Armand de Quatrefagesdans un article paru en 1857. L’affirmation esttoujours juste.Ainsi, le rouge-gorge des villes chante la nuit car le jour, le bruit ambiant est trop intense.Tant pis pour ces fichus humains dérangés par ses ritournelles nocturnes. <strong>Le</strong>smanchots s’éveillent quand on chatouille leurs pieds alors qu’une claque dans le dosne trouble pas leur roupillon. Pratique quand on dort en bande serrée et qu’on couveson rejeton avec ses petons. Une pieuvre est soit droitière, soit gauchère. Commentchoisit-elle le tentacule qui fera l’affaire? Seule l’eau chaude soulage les piqûres deméduses. Comme quoi les remèdes de nos grands-mères sont souvent les plus efficaces.La poule préfère batifoler le soir. Tous les soirs, pas seulement le samedi? L’hypertensiondont souffre la girafe lui permet de rester en vie, sa tête étant très éloignéede son cœur. En voilà une qui ne doit pas trop s’en faire avec son taux de cholestérol.Et ainsi de suite.Difficile de ne pas aimer les animaux. Pareil pour Edouard Launet. Au fond du zoo àdroite déride tout en instruisant: les maths n’accompliront jamais cet exploit.De l’histoire naturelle de l’HommeL’Assemblée générale des Nations Unies a décrété que 2009 serait l’« Annéemondiale de l’astronomie ». C’est aussi celle du bicentenaire de la naissancede Charles Darwin, qui voit ses principaux écrits réédités ainsi que plusieursautres, abordant l’homme, ses recherches, son legs, publiés pour l’occasion.L’évolution, qui ne relève pas de la loi du plus fort, pas plus que l’homme nedescend du singe, est « à la fois une théorie scientifique qui explique ce qu’estla vie et aussi un grand récit qui reconstitue son histoire, clarifie le paléoanthropologuePascal Picq dans l’introduction de Darwin et l’évolution expliquésà nos petits-enfants. [Et] comprendre l’évolution, chers petits-enfants, poursuit-il,c’est faire que vous ayez aussi des petits-enfants, puis eux aussi, jusqu’aujour où, peut-être, au fil de la descendance avec modification,émergera une autre espèce d’Homme, ou plusieurs ou… plusaucune, car nul ne sait ce que sera notre évolution ». Des espècesdisparaissent, d’autres s’éteignent, certaines se diversifient:pourquoi et comment s’opère la sélection naturelle?Construit sur la forme d’une conversation animée entre un grandpèreet son petit-enfant, ce bref ouvrage en format deDARWIN ET L’ÉVOLU- poche s’adresse aux « grands enfants ». Vous n’avez jamaislu L’origine des espèces? Pas de problème, DarwinTION EXPLIQUÉS ÀNOS PETITS-ENFANTSet l’évolution expliqués à nos petits-enfants a été conçuPascal Picq, Seuil,160 p. | 16,95$ pour vous. <strong>Le</strong> dialogue coule librement, Picq présenteclairement l’essentiel du discours du naturaliste anglaisen mettant de côté l’aspect didactique.L’évolution du mondeexpliquée aux tout-petitsJe ne pourrais terminer cette chronique sans glisser un mot sur La physiqueracontée aux poètes et aux enfants du Suédois Ulf Danielsson, un cosmologisterécipiendaire du prestigieux prix Goran-Gustafsson, qui récompense larecherche en sciences et en médecine. « Une vision du monde raisonnable,sans superstition, n’est pas pour autant une vision scientifique. Certaines questionsqui touchent à l’humain, peut-être lesplus importantes d’ailleurs, ne peuvent secomprendre en termes purement scientifiques», affirme Danielsson. Dans ce livreécrit comme un roman encensé par HubertReeves, il explique, par le truchement destravaux de Galilée, de Newton, d’Hypatie etd’Einstein ou de romans comme L’île dujour d’avant d’Eco, comment le cosmos,LA PHYSIQUERACONTÉE AUXPOÈTES ETAUX ENFANTSUlf Danielsson,Robert Laffont,336 p. | 31,95$avec ses étoiles, ses trous noirs et ses galaxies, l’univers, en somme, est intimementlié aux légendes et aux mythes créés par l’homme, à la vision parfois irrationnellequ’il se fait du monde.Grâce à Danielsson, la physique a du sens pour ceux qui croient davantage auxsignes qu’aux chiffres.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 45


Portrait d’éditeurLa tête danset les piedsLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 46Accéder aux œuvres à caractère scientifique n’a jamais été uneévidence pour le lecteur moyen. Entre le simple curieux en quête denouveaux savoirs et le fin connaisseur à l’esprit formé aux théoriesde Copernic et des autres grands scientifiques, l’exploration du « hautsavoir » s’avère complexe. <strong>Le</strong>s éditions MultiMondes ont cependanttrouvé la lignée éditoriale idéale pour combler les attentes de tousles lecteurs: publier des ouvrages savants au service des gens, de lasociété. Un succès confirmé depuis plus de vingt ans pour cettemaison d’édition de Québec.Sciences et société en tandemÀ la tête des éditions MultiMondes,Jean-Marc Gagnon, un dynamiqueprésident qui fut au gouvernail dumagazine Québec Science entre 1971 et1983. Piqué par l’univers des sciences,ce passionné d’astrophysique œuvrepar la suite aux Presses de l’Universitédu Québec. La vocation d’éditeurd’ouvrages de vulgarisation scientifiquele fait donc bifurquer de sa formationpremière, en science politique. En1988, il fonde avec Lise Morin, quiassure la vice-présidence depuis, leséditions MultiMondes. La ligne édito -riale s’inscrit dans une démarcheglobale à laquelle tient fermement Jean-Marc Gagnon: « La science doit nousapprendre à utiliser notre tête, elle doitParHélène BoucherÉditions MultiMondes930, rue PouliotQuébec (Québec) G1V 3N9418 651-3885 | www.multim.comservir à contrer des phénomènes aussigraves que les changements climatiquesou le renouvellement des énergies, etce, pour les générations futures. »<strong>Le</strong>s premiers titres qui paraissent chezMultiMondes se démarquent par leurcôté novateur. Il y a vingt ans, la questionde l’aménagement paysager fascinaitdéjà le lecteur. Ainsi, lorsqu’en1988 Un jardin bien pensé de GilletCimon et Gillet Desmatis est publié, 10000 exemplaires trouvent preneur.Même succès pour Vivre les changementsclimatiques de Claude Villeneuve, paruen 1990 et on ne peut plus actuel. Nosressources énergétiques préoccupentégalement l’équipe de Jean-MarcGagnon. Depuis quelques années, eneffet, un débat autour de l’énergie éoliennesoulève de plus en plus de questions.<strong>Le</strong> président explique: « <strong>Le</strong>Québec détient un potentiel éolien formidableet arrive au 5 e rang des zonesgéographiques propices au développementde ce type d’énergie. Il faut ouvrircette voie afin d’assurer l’indépendanceénergétique au Québec. » La publication,en 2008, d’un titre percutant deNormand Mousseau, Au bout du pétrole:Tout ce que vous devez savoir sur la criseénergétique, a contribué à une meilleurecompréhension de cet enjeu.En somme, l’accessibilité aux « connaissancesporteuses d’avenir » constitueréellement le credo de MultiMondes,quels que soient les domaines ciblés.<strong>Le</strong>s deux pieds sur Terre<strong>Le</strong>s auteurs phares des éditions Multi-Mondes ne jouissent peut-être pas dela popularité d’Hubert Reeves: ils n’endemeurent pas moins des référencesdans le milieu scientifique. Par exemple,citons Pascal Lapointe, auteur deGuide de vulgarisation: Au-delà de ladécouverte scientifique, la société, quiénumère dans, l’introduction de sonlivre, les bases d’une « sciencecitoyenne ». Il soutient notamment que« la science devrait être quelque choseque s’approprie le citoyen, pas quelquechose qu’il considère avec inquiétudeou désarroi ». Professeur de didactiquedes sciences à la Faculté des sciencesde l’éducation de l’Université deMontréal, Marcel Thouin est, lui aussi,publié chez MultiMondes. Grâce à sonexpérience de pédagogue, ce dernier aécrit plusieurs ouvrages à la portée detout lecteur avide d’enrichir sesconnaissances scientifiques. Explorerl’histoire des sciences et des techniquesou, plus récemment, Tester et enrichir saculture scientifique et technologique, sontdes livres de vulgarisation destinéstant à l’enseignant, à l’étudiant, qu’àMonsieur Tout-le-Monde. Ce derniertitre de Thouin constitue d’ailleurs, àcette fin, une œuvre idéale. Idem pourL’abécédaire scientifique pour les curieux,le fruit des entretiens réalisés parMathieu Vidard au cours de sonémission radiophonique quotidienne,La tête au carré, diffusée sur les ondesde France Inter. Des sujets aussihétéroclites que le sexe du cerveau, lavie des fourmis, les bulles du champagneou encore l’effet placebo sontprésentés dans ce livre rédigé dans unstyle dynamique.La science,c’est pour tout le mondeDans un futur proche, le secteurjeunesse occupera une place résolumentplus importante chez MultiMondes.De l’avis de Jean-Marc Gagnon, ilincombe au corps professoral de donner la


LES CHOIX DE LA RÉDACTIONlivre pratiquespiritualitéles étoilessur Terrepiqûre des sciences aux élèves: « <strong>Le</strong>s jeunes ont peurd’aborder la science et, selon moi, leurs professeursne leur ouvrent pas suffisamment la voie. » De fait,les petits curieux sont conviés depuis l’an dernier àune aventure sur la planète Mars à travers l’œuvrede Jean-Pierre Urbain intitulée Objectif Mars. Bientôt,ils sauront également tout sur les oiseaux etprofiteront de leurs balades en forêt pour porter unregard nouveau sur la race ailée grâce à Découvre lessecrets des oiseaux de Jean Léveillé. La santé, elle,représente un autre enjeu de premier ordre pourl’éditeur, la population québécoise étant vieillissante.<strong>Le</strong> syndrome de Gilles de la Tourette, cette étrangemaladie traditionnellement appelée « danse de SaintGuy », touche de plus en plus de gens. Quand le corpsfait à sa tête: <strong>Le</strong> syndrome de Gilles de la Tourette, untitre phare paru en 2008 signé par Julie <strong>Le</strong>clerc,Jacques Forget et Kieron O’Connor, trois spécialistesdes domaines de la psychologie et de lapsychopathologie du Centre de recherche Fernand-Seguin de l’hôpital Louis-H. Lafontaine, fait le pointsur ce problème de santé mentale.Forte de nombreux projets, l’équipe de Jean-MarcGagnon envisage l’avenir avec optimisme. Ses ouvragesbénéficient d’une bonne distribution enFrance, en Belgique et en Suisse. Enfin, 2009,déclarée comme l’« Année mondiale de l’astronomie», est soulignée par la publication de 250 réponses àvos questions sur l’astronomie, de Pierre-Yves Bely,Carol Christian et Jean-René Roy.Tout pour réjouir le président de MultiMondes, pourqui l’expression « avoir la tête dans les étoiles », gagede succès dans son cas, semble avoir été crééesur mesure.MIEUX DORMIR…J’EN RÊVE!Brigitte Langevin,De Mortagne,220 p. | 22,95$Alors que le livre s’ouvre sur un questionnaire qui remetles pendules à l’heure concernant les idées reçues sur lesommeil (« on doit dormir huit heures », « les personnesâgées dorment moins », etc.), on en vient rapidement à laconclusion que nous n’en connaissons pas les réels méca -nismes. L’auteure,une spécialiste, proposedes solutionspour aider ceux etcelles qui se plai -gnent de mal dormir(une personne surtrois!) en abordantles troubles les plusrépandus tels les ronflements, les cauchemars, le somnambulismeet l’apnée. Avec ses chapitres adaptés auxétudiants, aux travailleurs autonomes, aux femmes enceinteset aux travailleurs de nuit, Mieux dormir… j’en rêve!saura combler ceux qui sont brouillés avec Morphée.Au Québec, 35% des couples vivent en union libre,mais seulement un faible pourcentage d’entre euxconnaissent réellement leurs droits en cas de séparation.Selon Sylvie Schirm, avocate spécialisée en droitde la famille, c’est l’ignorance qui cause le plus detort, et c’est pourquoi elle souhaite y remédier enpubliant un guideÊTRE CONJOINTSDE FAIT: POURUNE VIE À DEUXSANS SOUCISM e Sylvie Schirm,Québec Amérique,192 p. | 19,95$comme Être conjointsde fait: Pourune vie à deuxsans soucis. Endémystifiantplusieurs idéesfausses fort répandues,ellejette un éclairage sur l’aspect légal de la vie à deux,que ce soit au sujet de l’achat de biens matérielscomme une maison ou une voiture, de la garde desenfants ou de la pension alimentaire. Plusieurs casvécus démontrent le bien-fondé de ses recommandations.Mieux vaut prévenir que guérir!À l’heure où, dans plusieurs pays, la religion est encore aucœur des préoccupations, et où, pour nombre de personnes,les débats sur la laïcité sont dépassés, voici un plaidoyerpour un nouvel humanisme des Lumières. <strong>Le</strong> postulat dedépart? La religion met notre monde en danger en sefaisant complice de l’ignorance et de l’obscurantisme. EnDIEU N’EST PASGRAND: COMMENTLA RELIGIONEMPOISONNE TOUTChristopherHitchens, Belfond,324 p. | 34,95$plus d’être unesource de haine,de tyrannie et deguerres, elle discréditela scienceet multiplie arbitrairementles interdits.Voilà, entreautres, ce que Christopher Hitchens lui reproche principalement.Montaigne, Orwell, Voltaire, Dawkins: tant de nomsque l’auteur, « un des meilleurs journalistes de notreépoque » selon le London Observer, cite pour construire uneargumentation rigoureuse sur un sujet controversé.Qu’est-ce que le bouddhisme, cette doctrine plurimillénairequi fait nombre d’adeptes, aujourd’hui? Comment appliquerles enseignementsde Bouddha auXXI e siècle? DansSource de bonheurset de bienfaits, VincentThibault expliquequ’il nes’agit pas d’unSOURCE DEBONHEURS ETDE BIENFAITSVincent Thibault,Un monde différent,144 p. | 14,95$amalgame de concepts immuables, comme plusieurs tendentà le croire, mais plutôt d’une expérience personnellequi prend tout son sens lorsqu’elle est vécue. <strong>Le</strong> jeune auteurde Québec, qui se qualifie d’« optimiste éclairé », a étéprofesseur d’arts martiaux et exerce actuellement le métierde <strong>libraire</strong>. Auteur de Graines d’éveil, publié également chezUn monde différent, Vincent Thibault se consacre presqueuniquement au travail spirituel et à l’écriture.« De nos jours, très rares sont les individus à n’avoir jamaistravaillé pour un patron idiot. Ce livre, au-delà de la caricaturequ’il brosse desAU SECOURS,MON PATRONEST UN IDIOTJohn Hoover,Transcontinental,200 p. | 24,95$SHÔNINKI: L’AUTHENTIQUEMANUEL DES NINJASpatrons, offre un arsenalde méthodes etde techniques assu -rant la coexistenceavec n’importe queltwit en situationd’autorité », écritJohn Hoover dans l’introduction d’Au secours, mon patron estun idiot. Consultant organisationnel, Hoover a travaillécomme gestionnaire chez Walt Disney Productions. Sousdes dehors irrévérencieux, les techniques élaborées pourqu’un employé puisse tirer partie d’un supérieur moins compétentque lui et s’adapter à la bizarrerie de la situation touten créant un climat de travail agréable prétendent être desplus sérieuses. Hoover est devenu millionnaire en donnantdes conférences sur le sujet.LE LIBRAIRE CRAQUE!À la suite d’ouvragescomme le Livre desCinq Roues deMyamoto Musashi ou L’art de la guerre de Sun Tzu, leShôninki: L’authentique manuel des ninjas constitue undocument exceptionnel concernant les arts martiaux, lastratégie militaire et la spiritualité orientale. Dans le Japonféodal, les samouraïs et les généraux sont appuyés par desspécialistes de l’espionnage, du contre-espionnage et de laguérilla: les ninjas. <strong>Le</strong> Shôninki, écrit en 1681 par NatoriMasazumi, est le texte de référence de ces guerriers. Ilprésente toutes les facettes de l’art dela dissimulation: les outils exotiquesemployés par les ninjas, leurs méthodesde déguisement, leurs techniques desurvie... De plus, il décrit les méthodesésotériques qu’ils utilisent. Un documentfascinant que l’on recommande àtous ceux qui s’intéressent aux artsmartiaux et à la culture japonaise.Steeve Lafleur <strong>Le</strong>s BouquinistesNatori Masazumi, Albin Michel, 192 p., 21,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 47


A NDRÉEA. MICHAUDLa mort© Martine DoyonDès les premières pages de Lazy Bird, dernier romand’Andrée A. Michaud, l’amateur de polars et de films noirsa presque envie de soupirer de satisfaction tant il se sentdans son élément: éclairs zébrant le ciel, appels mystérieuxd’une certaine « Misty » au milieu de la nuit, meurtres sesuccédant à une cadence alarmante devant un corps depolice complètement dépassé… Tous les éléments sonten place pour une balade de première classe dans unauthentique polar, où Bob Richard, animateur de nuit à lapetite station WZCZ de Solitary Mountain, aura fort à fairepour échapper à la folle meurtrière qui semble lancée à sestrousses. Quand on apprend qu’en fait, ce qu’Andrée A.Michaud voit tous les jours de sa table de travail, ce sontplutôt les écureuils et les promeneurs du parc Baldwin,situé en plein Plateau-Mont-Royal, on ne peut que saluerl’imaginaire de l’auteur: « Je peux vraiment écrire n’importeoù. Ce n’est pas un problème pour moi. Cela dit, écriredevant ce parc est un immense privilège, même si, dansle fond, je rêve de travailler dans une petite maisonà la campagne. »ParCatherine LachausséeLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 48Si, dans ce nouveau livre, Andrée A.Michaud admet se plier pour la premièrefois à toutes les règles du romanpolicier, elle souligne qu’elle flirtaittout de même avec le genre depuis uncertain temps: « Si je considère monparcours, il y a des éléments depolicier et de roman noir dansplusieurs de mes livres, à commencerpar <strong>Le</strong> ravissement (Prix littéraire duGouverneur général 2001), dont jeparle parfois comme de mon ‘‘ protopolar!’’ Tous mes romans ont ce côténoir, avec la mort qui rôde. » Mais pourelle, un bon policier fait place à l’introspection,donne de la densité aux personnages,et ne se contente surtoutpas de ne servir au lecteur qu’unestricte intrigue policière: « Je me rendscompte que, finalement, je suis souventdéçue par les polars que je lis. MaisMystic River de Dennis <strong>Le</strong>hane demeure ungrand classique à mes yeux. »<strong>Le</strong> voyage américainAndrée A. Michaud poursuit dans LazyBird un voyage américain entamé avecMirror Lake (prix Ringuet 2007). Enplus d’installer son histoire dans uneville imaginaire du Vermont, elle multiplieles clins d’œil à un vieux film deClint Eastwood, Play Misty for me, oùil interprétait un animateur radioharcelé par une femme dangereusementpossessive, film qui l’a beaucoupmarquée. À l’instar d’Eastwood, BobRichard anime une émission où le jazzrègne en maître, ce qui fait de LazyBird un roman émaillé de référencesmusicales, à commencer par lafameuse « Lazy Bird » du titre — aircélèbre de John Coltrane: « C’était unautre des défis du roman. J’aime lejazz, mais je ne suis pas une connaisseuse,ce qui m’a obligée à faire beaucoupde recherches. J’ai écumé lacollection de l’homme de ma vie, unmordu de jazz. Je me préparais commesi j’allais animer moi-même mes émissions.» La musique des Doors aussirésonnera dans la tête du lecteur,lors d’un orage particulièrementmémorable…Curieusement, l’influence américaine seressent jusque dans le style de l’auteure.Après une première période qu’ellequalifie « d’européenne », très imprégnéedu style de Marguerite Duras, le dialoguedevient beaucoup plus présent dans deslivres récents comme Lazy Bird ou MirrorLake: « C’est comme si le ton de ces romanset leur ancrage dans le quotidienexigeaient des échanges où la parolen'est plus exclusivement portée parla narration. <strong>Le</strong>s interactions entremes personnages sont aussi beaucoupplus présentes. Je me permets enfinde me laisser aller à un certainhumour, et même au sarcasme et à l’autodérision,ce qui ne m’arrivait jamais auparavant.»Petite musique de nuitAvant même de commencer son roman,il était clair pour Andrée A. Michaudque la nuit y jouerait un rôle central,avec ses insomniaques qui tournent enrond, son snack-bar « 24 heures » al-


ENTREVUEpolicieraux troussesLE LIBRAIRE CRAQUE!policierUN CHIEN DE MA CHIENNEAu cours d’une fête donnée dans unemanufacture désaffectée de Montréal,François aperçoit une jeune femme à la beauté fulgurante dévaler l’escalier de secours.Il la voit, il la veut. « Mené par le bout de sa queue », il la talonne jusqu’à Sherbrooke,où il apprend que la belle serait peut-être mêlée au crime organisé.Parce qu’il s’en est amouraché, François le traqueur est à son tourpoursuivi, engagé malgré lui dans une course folle impliquant desarmes, de la drogue, des billets verts, un cadavre et une passion torride.Mandalian signe, avec Un chien de ma chienne, un premier romantémoignant d’un talent certain, un polar au rythme effréné dont lelangage cru et les phrases brèves recèlent quelques étonnantes tournurespoétiques. Comme autant de lueurs matinales dans ce chassécroiséde noctambules. François Martin Clément MorinMandalian, Coups de tête, 112 p., 10,95$lumé comme un phare au cœur de l’obscurité et ses routes longeant des boisopaques, avec la mélancolie du jazz pour seule musique. Poésie des images,poésie des symboles aussi, quand Bob Richard, dont Michaud a fait un albinosmarqué par le destin, trouve sur sa route un immense chevreuil au pelage miraculeusementblanc, inspiré par un chevreuil albinos qui hantait les environs dupetit village de Saint-Sébastien, dans les Cantons-de-l’Est, où elle est née.De la nuit profonde de Solitary Mountain jaillira aussi Lazy, une adolescente perturbéeà laquelle Bob Richard finira par s’attacher plus que de raison. Avec sonéternelle chique de Bazooka, ses ongles noirs et sa drôle de façon de marcher,un bras battant la mesure comme un balancier pendant que l’autre reste toutraide, ce personnage de jeune fille entièrement nouveau dans son œuvres’est fortement imposé à l’imaginaire de l’écrivaine: « Cette petite bonne femmelàest apparue un jour dans ma tête et j’ai tout de suite vu son potentiel. Je m’ysuis énormément attachée. J’aurais bien aimé la ramener dans un autre de meslivres. Mais la logique du roman me menait ailleurs. »Curieuse chose que l’écriture, alors que le romancier ne semble pas toujoursmener le bal, du moins pas de façon consciente, et que les éléments du romansurgissent comme les pièces d’un puzzle quelque part dans son inconscient. Uneville entrevue en voyage ou un animal surgi du passé peuvent ainsi longtempshanter son imaginaire avant qu’Andrée A. Michaud ne se décide à les utiliser,mais sans jamais savoir exactement où tout ça va la mener: « La logique romanesqueva au-delà de notre propre volonté. Quand on s’engage dans une voieX, il y a parfois des choses qui ne relèvent pas de la décision: le texte nous forceà prendre une direction. Dans le cas du destin de Lazy, ç’a été déchirant. Maisil y a aussi des moments miraculeux où on a l’impression qu’on ne va nulle part,et tout à coup, les éléments semblent se mettre en place d’eux-mêmes, l’horizons’éclaire, et finalement, on se rend compte que, oui, un chemin allait s’ouvrir. Etqu’on allait bien quelque part. »LAZY BIRDQuébec Amérique,424 p. | 26,95$LE CLUB DES POLICIERS YIDDISH Israël a fermé ses portes en 1948, peu detemps après sa fondation. On a déplacéle peuple juif dans la ville de Sitka, en Alaska, où ils sont aujourd’hui 2 millions quivivent en yiddish. Mais qu’est-ce que je raconte? Je raconte les prémices du nouveauroman de Michael Chabon. Malgré ses allures d’uchronie (un genrede la science-fiction où l’on revisite l’Histoire), <strong>Le</strong> club des policiersyiddish est bel et bien un polar. Un véritable roman noir où l’on reconnaîtla silhouette d’une version kasher de Raymond Chandler. C’estsurtout un livre d’une force littéraire incroyable avec ses images saisissantes,sa tranquille ironie où pointe toujours une tendresse irréductibleenvers le genre humain. Si vous pouvez encaisser la miseen situation incroyable, presque surréaliste, vous entrerez dans ungrand livre! Stéphane Picher PantouteMichael Chabon, Robert Laffont, 486 p., 34,95$RUE DES MENSONGESJamie considère sa vie sans intérêt: ellen’aime pas son travail, elle a peu d’amiset rien de palpitant ne se passe. Un soir, elle rencontre Brad, un homme charmant,drôle et attentionné qui, après quelques soirs de fréquentations, lui propose une escapadeen Ohio pour visiter son fils. Elle accepte avec bonne humeur.Enfin de l’imprévu dans sa vie! Mais au cours du trajet, le vraicaractère de Brad se manifeste: il se révèle être un homme violent.La route sera longue et pleine de surprises jusqu’à Mad River Road.Au fait, le fils existe-t-il vraiment? Que vont-ils faire au juste enOhio? Ces questions et bien d’autres trouveront leurs réponses, maisen attendant, elles correspondent à des taloches bien senties. Bienécrit, ce récit nous tient en haleine et nous bouleverse.Lina <strong>Le</strong>ssard <strong>Le</strong>s BouquinistesJoy Fielding, Robert Laffont, 336 p., 26,95$L’HEURE TROUBLEC’est avec curiosité, mais sans grandes attentes,que j’ai abordé L’heure trouble, récipiendairedu Prix du meilleur roman policier suédois en 2007. La quatrième decouverture laissait présager un roman psychologique plutôt lent: en compagnie de safille, un grand-père relance une enquête sur la disparition de sonpetit-fils survenue vingt ans plus tôt, question de faire définitivementson deuil. Mais au bout de quelques pages, j’étais accroché.Une sombre histoire se déploie dans une atmosphère à couper aucouteau et sans temps morts. Theorin joue sur deux époques avecbrio. On y suit, au passé, la transformation du supposé ravisseur entueur, tandis que l’enquête et ses répercussions se déroulent auprésent. <strong>Le</strong>s personnages et leurs motivations sont décrits en finesseet l’intrigue est sans faille. Un premier roman envoûtant.Denis <strong>Le</strong>Brun le <strong>libraire</strong>Johan Theorin, Albin Michel, 432 p., 29,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 49


À l’agendaMéga Bibliovente 2009Du 5 au 7 juin 2009<strong>Le</strong> Réseau des bibliothèques de la Ville de Québec organiseune vente de livres monstre. Bandes dessinées,romans, documentaires, livres pour enfants, dictionnaires,etc., seront vendus au poids (3$ le kilo le vendredi5 juin; 2$ le kilo le samedi 6 juin, et en solde, à0,50$ le kilo le dimanche 7 juin). Ces ouvrages, deslivres qui prennent la poussière, dont le contenu amal vieilli ou des best-sellers achetés en plusieursexemplaires, par exemple, sont retirés des rayons enraison d’un rafraichissement nécessaire dans toutesles bibliothèques.Où: Aréna Patrick-Poulin, 220 av. du Chanoine-Côté,arrondissement des Rivières, QuébecQuand: 5 juin de 10h à 21h | 6 juin de 10h à 17h |7 juin de 10h à 13h« L’espace de vivre –Voyage et autres poèmes »Collage de textes du poète Paul-Marie Lapointe<strong>Le</strong> 26 mai 2009À l’occasion du 10 e Marché de la poésie de Montréal,poètes et musiciens s’unissent afin de faire revivre lesmots de Paul-Marie Lapointe. Ainsi, les voix de SylvieDrapeau, Marcel Pomerlo, Luc Bourgeois et du jeunepoète Olivier Bourque s’ajouteront aux airs jazzés deJean Derome et de Bernard Falaise.Billets: 15$ en vente à la Billetterie Articulée,1182, boul. Saint-Laurent, MontréalOù: <strong>Le</strong> Lion d’Or, 1676, rue Ontario Est, Montréal;19h30Info: 514 844-2172 | 1 866 844-2172 (sans frais)Adaptation de Onze minutesde Paulo CoelhoPour la toute première fois, un roman ducélèbre auteur brésilien Paulo Coelho seraadapté au grand écran. Il s’agit de Onzeminutes, l’histoire d’une jeune Brésiliennequi, durant un voyage à Rio, rencontre unhomme qui lui propose de le suivre en Suisse,pour y travailler comme danseuse decabaret. Bien vite contrainte à vendre soncorps dans un club, elle verra la prostitutionsous un tout autre œil. Elle apprendraà ne pas tomber en amour et à séparerl’âme du corps. Michey Rourke, VincentCassel et Alice Braga figureront augénérique du film, dont le tournage, prévupour juin, se fera sous la réalisation deHany Abu-Assad.© éditions Anne Carrièreentre parenthèsesUn monde de connaissanceà portée de la souris!On ne se le cachera pas: le Dictionnaire Visuel, issu del’imagination de l’équipe de Québec Amérique, aconnu un succès foudroyant depuis sa création en1982, et ce, partout à travers le monde. Avec plus dehuit millions d’exemplaires imprimés et traduits entrente-cinq langues, cet outil pratique s’inscrit parmiles plus complets existant sur le marché. Maintenantdisponible gratuitement sur internet (www.ledictionnairevisuel.com),le Dictionnaire Visuel en lignepropose le contenu Intégral de la version papier, enplus d’être enrichi de la prononciation de chacune desentrées. Parmi les 800 sujets qui résument la viequotidienne, c’est 6 000 illustrations précises et16 000 termes aux définitions claires qui permettrontaux usagers d’avoir accès, en un seul clic, à cemonde, presque infini, de connaissances.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 50<strong>Le</strong> Rendez-Vous des Publications Parallèles<strong>Le</strong> 23 maiLa troisième édition propose la découverte de revuesd’arts et de littérature, de poésie et de bande dessinée,de musique underground et de vêtements tordus: bref,il y en aura pour tous les goûts. Ce sera entre autresl’occasion de faire connaissance avec l’originalité deszines de ce monde et avec plusieurs petites maisonsd’édition encore méconnues.Où: Sous-sol de l’église Saint-Jean-Baptiste,470, rue Saint-Jean, Québec de 11h à 18hInfo: www.lerendezvous.orgLire pour découvrir votre cultreEt le crapaud devint prince<strong>Le</strong>s 400 coups renouvellent la présentation visuelle de leurs albums jeunesse. C’estdésormais sous une couverture rigide, dont la qualité est rehaussée par une épine en tissu,qu’on pourra apprécier les nouveaux titres ou redécouvrir ceux qui seront réédités au fildes ans. Exceptionnellement et pour marquer ce changement, <strong>Le</strong> prince des marais deRobert Soulières a vu son texte retouché, tandis que le Belge Quentin Gréban, un habituédes éditions Pastel, s’est chargé des nouvelles illustrations. <strong>Le</strong>s livres continueront d’êtreofferts à prix abordable. <strong>Le</strong>s 400 coups est aussi très fière de soutenir l’économie québécoiseen choisissant des imprimeurs d’ici pour la production de ses livres.<strong>Le</strong> 2 avril dernier, Communication-Jeunesse lançait son nouveau programmeintitulé « Vivre la littérature d’ici pour lesjeunes ». Cet outil d’intégration socioculturela pour but de faire rayonner la culturequébécoise auprès des nouveauxarrivants, et ce, par l’entremise de la lectureen langue française. Ce programmepropose des sessions de formation ainsiqu’un impressionnant guide comprenantune sélection thématique de 145 livresd’auteurs d’ici, destinée aux 5 à 11 ans.Marc Haentjens à la tête des éditions David<strong>Le</strong>s éditions David, fleuron de l’édition franco-canadienne,se voient bonifiées de la présence de MarcHaentjens, qui assurera le rôle de directeur. Possédantune large expérience dans la gestion desorganismes artistiques et culturels, une bonneconnaissance des rouages gouvernementaux ainsique des compétences en marketing, Marc Haentjensoccupa durant les dernières années la direction duRegroupement des éditeurs canadiens-français(RECF). Yvon Malette, à qui Haentjens succède, fondales éditions David en 1993. Depuis, c’est près de 200titres qui sont parus et qui ont permis de donner unevoix aux auteurs canadiens francophones de tous genreslittéraires. Quant à Malette, il restera néanmoinsprésident du conseil d’administration.


Des romans auxACCENTS de voyagedu Canada françaisBouleversé par la découverted'un événement ayantmarqué sa vie à son insu,Nicola entreprend, le jourde ses 18 ans, un voyagequi le mènera du Pacifiqueà l'Atlantique.178 secondesKATIA CANCIANIÉditions DavidACCENTSCap NordHÉDIBOURAOUIÉditions duVermillonLa rançon del’espionnageNADINEMACKENZIEÀ l'ombredu grand pinLAURIECOLLETTEÉditions LaGrande Marée<strong>Le</strong> figuiersur le toitMARGUERITEANDERSENÉditions de lanouvelle plumeÉditionsL’InterligneLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • <strong>52</strong>www.scholastic.ca/editionsIllustration : <strong>Le</strong> chien qui ne sentait rien © Pierre Pratt, 2008.La terresans malMELCHIORMBONIMPAÉditions Prisede parolewww.recf.caL’étonnantdestin deRené PlourdeANNE-MARIECOUTURIERÉditions David


TOME 44en librairie dès maintenant !Un roman fantastiquehaletant qui mèneSéti en plein cœurde la légende du...Collection ChacalÉDITIONSPIERRE TISSEYREwww.tisseyre.cat.caaTrouvez le mot juste !Collection <strong>Le</strong>s mots pour le dire8,95 $ chacunLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 53


I NDICESLA CHRONIQUE DE NORBERT SPEHNERpolicierNorbert Spehner estchroniqueur depolars, bibliographeet auteur deplusieurs ouvragessur le polar,le fantastique et lascience-fiction.Meurtres en série, jazz etfemmes fatales!LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 54Par essence, le polar est un genre littéraire conventionnel, avec des contraintesnarratives assez strictes (crime, enquête, résolution). Pourtant, en dépit de cescodes figés, certains écrivains talentueux n’en finissent pas de nous surprendre,comme en témoignent les quatre romans suivants.Avec Håkan Nesser, Jo Nesbrø, Arnaldur Indridason, Åke Edwardson et quelquesautres, l’écrivain norvégien Kjell Ola Dahl appartient à cette nouvelle vague d’auteursde polars scandinaves qui ont profité de la renommée d’Henning Mankellpour envahir les marchés francophone, allemandet nord-américain. <strong>Le</strong> quatrième homme,son troisième polar publié dans la collection« Série Noire », est aussi son meilleur! La situationinitiale est commune à bien des romansnoirs: au cours d’une affaire de routine, FrankFrolich, un inspecteur de police, rencontreElisabeth, une ravissante jeune femme dont iltombe éperdument amoureux. Devant le mutisme de la belle, qui cultive un certainmystère, il décide de l’espionner. C’est ainsi qu’il découvre qu’elle est la sœurde Johnny Faremo, une figure centrale de la pègre, et qu’elle entretient des rapportsintimes avec sa professeure de faculté. La situation se corse quand la bandede Johnny abat un vigile pendant une attaque à main armée. Au tribunal, Elisabethleur fournit un (faux) alibi avant de disparaître dans la nature. Rien ne va plus pourle malheureux policier au cœur brisé, dont la liaison fatale est étalée au grand jour.Il est mis à pied, ses collègues l’évitent et le commissaire Gunnarstranda lui-même,son fidèle ami, prend ses distances. Mais Frank est un type intègre et déterminéqui n’a rien de commun avec les épaves alcooliques, lâches et veules des récits deJames M. Cain ou de Jim Thompson. Au contraire... Bien décidé à laver sonhonneur et à faire toute la lumière sur les agissements d’Elisabeth, il se lance dansune quête personnelle riche en (mauvaises) surprises et en rebondissements!Exception faite des explications finales, toujours trop alambiquées dans la majoritédes polars, ce roman particulièrement bien ficelé est difficile à lâcher, avec un suspensesoutenu et des personnages qui ne nous laissent pas indifférents.COURIR APRÈSLE DIABLEDavid Fulmer,Rivages,3<strong>52</strong> p. | 39,95$LE QUATRIÈMEHOMMEKjell Ola Dahl,Gallimard,370 p. | 34,95$Changement d’époque et de décor avec Couriraprès le diable de David Fulmer, un excellent polarhistorique dont l’action se passe à Storyville, le RedLight de la Nouvelle-Orléans, en 1907. Un mystérieuxtueur en série assassine des prostituées.Considérant que ces crimes sont préjudiciables à labonne marche des affaires, Tom Anderson, le grandpatron de la pègre locale, charge Valentin St. Cyr, un détective mulâtre, de faire lalumière sur ces crimes. St. Cyr, dont la principale occupation est d’assumer la protectiondes bordels, fait une découverte troublante: son ami Charles « Buddy »Bolden a été aperçu sur les lieux de chacun des crimes. Musicien renommé, considérépar d’aucuns comme l’un des pères fondateurs de la musique jazz, le cornettisteBolden affiche à partir de 1907 un comportement erratique, sombre dansdes accès de violence spectaculaires et se comporte de plus en plus comme unindividu dangereux et irresponsable: il est le suspect idéal. Mais le détective necroit pas à la culpabilité de son meilleur ami. Sur fond de blues et de jazz, DavidFulmer excelle à dépeindre l’ambiance exotique de la Nouvelle-Orléans avec sesquartiers chauds (dans lesquels se déroulent certaines pratiques étranges qui noussont révélées!), ses musiciens et le vaudou, omniprésent. Ce roman est le premierd’une trilogie consacrée au détective Valentin St. Cyr, un personnage haut encouleur que l’on a hâte de retrouver dans de nouvelles aventures.Avec Peter Robinson, Eric Wright, Joy Fielding, John Farrow et quelques raresautres, Giles Blunt appartient au club très sélect et restreint des meilleurs écrivainsde polars canadiens-anglais traduits en français. Quand tu liras ces mots est le quatrièmeopus de la série mettant en vedette l’inspecteur John Cardinal et Lise Delorme,de la police d’Algonquin Bay, un bled perdu de l’Ontario. L’histoirecommence par une scène éprouvante, choquante: Catherine, la femme maniacodépressivede Cardinal, s’est jetée du toit d’un immeuble de neuf étages. Pourtant,rien ne laissait présager un tel drame puisque ce soir-là, elle était de trèsbonne humeur et projetait de faire quelques photos. La police est formelle: c’estun suicide. D’ailleurs, Catherine a laissé une lettre sans équivoque... Pendant quesa collègue Delorme enquête sur une affaire de pédophilie, Cardinalcontinue à nier l’évidence et s’accroche obstinément à l’idée queCatherine ne s’est pas enlevé la vie. À force de fouiller et d’interrogerdes témoins, il va découvrir d’autres cas de suicides louches.Il n’en faut pas plus pour que son instinct de limier prenne le dessus,et le voilà parti en chasse. Plus noir, plus tragique que ses romansprécédents, ce polar de Blunt, émouvant et lyrique, se litQUAND TU LIRASCES MOTSGiles Blunt,Du Masque,432 p. | 29,95$néanmoins comme un thriller, sans temps morts nilongueurs.Même si son éditeur français s’obstine à le faire passer pourun auteur britannique, Peter Robinson, un ancien présidentde Crime Writers of Canada* qui vit à Toronto, est une autrevedette du polar canadien. L’amie du diable est le dix-septième roman de la sériemettant en vedette l’inspecteur Alan Banks, de la police d’Eastvale. Une fois deplus, Robinson nous propose une double intrigue: alors que sa collègue AnnieCabot enquête sur le meurtre d’une paraplégique égorgée au scalpel, Banks sedémène avec le cas complexe d’une étudiante violée et étranglée à la sortie d’unpub. Maître du double jeu, Robinson nous entraîne dans une histoire oppressantequi plonge ses racines dans l’affaire des meurtres en série racontée dans Beaumonstre: l’infirme assassinée était l’épouse du tueur. La justice n’avait jamais réussià prouver sa participation dans les assassinats atroces commis parson mari. Elle avait de nombreux ennemis, dont plusieurssouhaitaient sa mort. Alan Banks est un de cespersonnages qu’on a beaucoup de plaisir àretrouver roman après roman. Grand amateurde musique, ni alcoolique ni dépressif, moinstourmenté que certains de ses collègues, Banksest un flic sympathique, intelligent et sensible.L’AMIE DU DIABLEPeter Robinson,Albin Michel,410 p. | 29,95$Seul polar de cette liste, L’amie du diable a été sélectionné parmi les 100 meilleurslivres canadiens de 2007 par les critiques littéraires du Globe and Mail. Excellent!* Regroupement d’auteurs de romans policiers et de professionnels canadiens (éditeurs, <strong>libraire</strong>s, etc.)voué a la promotion du genre à l’échelle nationale et internationale (www.crimewriterscanada.com).


LES CHOIX DE LA RÉDACTIONpolicier | imaginaireCe n’est pas sans raison qu’Arnaldur Indridason (La femme en vert) a reçu le prixClé de Verre du roman noir scandinave pour Hiver arctique; acclamé par plusieurscritiques, ce livre serait sans contredit sonmeilleur. <strong>Le</strong> récit s’ouvre sur la découverted’un garçon de dix ans, mi-islandais, mi-thaïlandais,retrouvé poignardé dans le froid deReykjavik, capitale d’Islande. Crime xénophobe?Ce qui tracasse l’inspecteur Erlendur,c’est que le frère aîné, contrarié que sa mèreait marié un Islandais, manque à l’appel. <strong>Le</strong>policier, homme pessimiste et mélancolique,HIVER ARCTIQUEArnaldurIndridason,Métailié,336 p. | 29,95$sera également mobilisé par la disparition d’une femme, trompée par son mari, etd’une autre, dont les pleurs retentissent sur son portable. Digne de Simenon?L’éditeur est d’accord avec la comparaison.Montréal, 1955. Un homme dont la poitrine est transpercée par un poignardmythique, lequel avait été offert à Cartier quatre siècles auparavant par les tribusamérindiennes, passe inaperçu parmi le tumulted’une émeute. Ce n’est que treize ansplus tard, durant les événements de Mai-68,dont l’onde de choc se fait sentir jusqu’auQuébec, que la fille de la victime, aidée d’undétective débutant, éclaircira le mystère. Ladague de Cartier est un récit de vengeance familialemêlant sphères politiques, secteslouches et histoire nationale. John Farrow estLA DAGUE DECARTIERJohn Farrow,Grasset,624 p. | 29,95$le pseudonyme de Trevor Ferguson, auteur ontarien résidant maintenant à Montréal,qu’on a souvent comparé à Jack London et à Timothy Findley.Dans <strong>Le</strong> sang des elfes, le lecteur découvre le royaume de Cintra, un territoire merveilleuxqui a été réduit à néant par l’ennemi. La jeune princesse Cirilla, qui estégalement la seule survivante, s’est vu confierla destinée de cet univers. Alors qu’elleest initiée aux arts magiques par ceux quil’ont recueillie, Cirilla découvre qu’elle estdotée de pouvoirs insoupçonnés. Voici enfinla traduction française du premier tome de« La saga du sorceleur », une populaire sagapolonaise qui s’est vendue à plus de 1,5 millionsd’exemplaires en Europe. <strong>Le</strong>s romansLE SANG DES ELFES:LA SAGA DU SOR-CELEUR (T. 1)Andrzej Sapkowski,Bragelonne,3<strong>52</strong> p. | 31,95$d’Andrzej Sapkowski ont été traduits en neuf langues, et ce volet inaugural a étéadapté au cinéma, à la télé, en bande dessinée ainsi qu’en jeu vidéo.À la suite de la lecture de World War Z de Max Brooks, les adeptes de mortsvivantsressentiront peut-être le besoin de se prémunir contre une éventuelleattaque de zombies. À cet effet, cet auteurpropose cette fois son Guide de survie en territoirezombie, qui contient les règles essentiellespour ne pas périr sous les hordes degoules (entre autres, « Coupez-leur la tête.Utilisez la votre »). Ce manuel propose destechniques de combat et recense les armeset les moyens de transports susceptiblesd’être utiles en cas de crise. Par ailleurs, ilGUIDE DE SURVIE ENTERRITOIRE ZOMBIEMax Brooks,Calmann-Lévy,324 p. | 29,95$dresse un inventaire unique des épidémies recensées depuis 60 000 av. JC jusqu’en2002. Trois cent pages de conseils sur la façon d’agir ou de réagir devant un zombie.Mieux vaut prévenir que guérir!LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 55


pub_1.3v_Libraire_SLQ_mars09:Layout 1 26/03/09 11:150 ans de présencedans le monde du livre au Québec Rosette PiparDésir d’écrirePréface de Natalie ChoquetteEssai intimiste19,95 $Danielle ForgetIntrusionRoman policier24,95 $ Robert G. RoyPérils blancsRoman d’aventures19,95 $Un printempspassionnant !LES CHOIX DE LA RÉDACTIONbeau livre | cinémaElle a inspiré les poètes, les musiciens, les cinéastes, faitrêver les amoureux, nourri les légendes, les mythes et lesreligions. Objet de vénération dans l’Antiquité, la Lune aété étudiée au fil des siècles par des astronomes et desscientifiques du monde entier avant d’être conquise, le 20juillet 1969, parles Américains.Magnifiqueobjet de collectiondédié augrand public,Lune: Du rêve àla conquête retracel’histoireLUNE: DU RÊVEÀ LA CONQUÊTEScott L. Montgomery,Sélection duReader’s Digest,256 p. | 49,95$de cet astre fascinant à travers une abondante iconographiecomposée de reproductions d’artéfacts, d’œuvresd’art et de photographies d’époque. Quatre décenniesaprès que l’homme ait triomphalement foulé son sol, laLune n’a rien perdu de son charme. Bernard Marcoux<strong>Le</strong> gars des vuesRoman 19,95 $ Francine AllardJ’ai tué Freudet il m’en veutencoreRoman24,95 $Claude Jasmin<strong>Le</strong> rire de JésusRoman Parution fin avril24,95 $Louise Tremblay-D’EssiambreVenez les rencontrerau Salon Internationaldu livre de Québec(stand 130)Élaborée sur le moule de la collection « 1001 » quiprésente des objets (1001 livres qu’il faut avoir lus dans savie, 1001 tableaux qu’il faut avoir vus dans sa vie, etc.),« 501 » s’attarde à des sujets divers. <strong>Le</strong> premier titre, 501réalisateurs, recense les maîtres du 7 e art à travers lesfiches « bio-filmographiques » illustrées des plus importantsréalisateurs,de Méliès à vonTrier en passantpar Disney, Burton,Bergman,Allen, Tarantino,Spielberg, Hitchcocket Arcand.<strong>Le</strong> classement par501RÉALISATEURSCollectif, Trécarré,640 p. | 29,95$ordre chronologique d’année puis de date de naissancedes réalisateurs permet un survol efficace et intéressantde l’histoire du cinéma.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 56 Bernard AntonPlaidoyer pour la Terreet les Vivants29,95 $Collection SANTÉ BIEN-ÊTREDiane PatenaudeÀ nous deux, Parkinson !Préface du juge John H. GomeryChroniques humoristiques 19,95 $ Auteurs présents au Salon du livrede Québec au Stand de Prologue (n o 130)Venez nous découvrir au Salon du livrede Québec du 15 au 19 avril.Marie GrayGuy Saint-JeanÉDITEURSous l’œil du photographe Mathieu Dupuis, l’« or bleu »emplit majestueusement les pages de Québec au fil de l’eau.Ocre, azur, fuchsia, vert ou orangé, l’élémentliquide, qu’on prend encore trop souvent pour acquis, sedévoile danstoute sa splendeuret safragilité à traversplusieursLE QUÉBEC AU FILDE L’EAUMathieu Dupuis,Éditions de l’Homme,242 p. | 49,95$scènes croquéesen milieusauvage,urbain ou domestique.Quant aux textes de Marie-José Auclair, écologistespécialisée en environnement, ils mettent clairementen perspective les menaces qui pèsent sur cette ressourcenaturelle vitale et la nécessité d’en faire un usage conscientet respectueux. Il est à noter qu’il s’agit du premierbeau livre de photographies imprimé au Québec sur dupapier contenant 100% de fibres postconsommation.


entre parenthèses« On n’est pas sérieux,quand on a dix-sept ans »Gallimard publie une édition augmentée qui s’attarde longuement à lapériode de silence de Rimbaud. La nouvelle mouture des Œuvres complètesde la « Pléiade » aborde la vie et l’œuvre de du poète maudit danssa continuité. La première partie de l’ouvrage, dirigée par André Guyaux,comprend ses œuvres littéraires majeures (Une saison en enfer,Illuminations) ainsi que quelques correspondances, entre autres avecVerlaine. Dans la seconde partie, on découvre l’évolution de Rimbaud,de ses cahiers-brouillons lorsqu’il était écolier jusqu’aux extraits dujournal de sa sœur Isabelle, qui l’a veillé les jours précédant sa mort.Danser entre les âgesPasser de l’enfance à l’âge adulte ne se fait pas sansheurts, et Tania Boulet l’a bien compris. C’est pourquoil’auteure a si bien su manier sa plume dans « Clara etJulie » (Québec Amérique), cette série pour adolescentsqui met en scène deux jeunes filles devant gérer les aléastypiques de leur âge: première relation sexuelle, choix decarrière, le cégep, etc. <strong>Le</strong>s quatre tomes, qui figurentpresque tous au palmarès Communication-Jeunesse deslivres favoris des jeunes, sont maintenant réunis en unseul volume, sous le titre Danser dans la poussière (QA).Confidences sur l’oreillerPour ceux et celles qui se sont délectés du style de LouisePortal dans Cap-au-Renard et L’enchantée, voici probablementson livre le plus émouvant: Souvenirs d’amour: Journalde mes vingt ans (Hurtubise). Il s’agit en fait d’une version« précisée » de Jeanne Janvier, paru en 1981. Très personnel,le livre raconte les joies et les peines des premières amours,le tout dans une grande liberté de propos. À noter: le soin apportéà la présentation du livre, offert sous couverture rigideantoilée et reliée accompagnée d’une très jolie jaquette.Beau geste pour Hurtubise<strong>Le</strong>s éditions Hurtubise s’associent avec l’organisme Projet 80, dont l’objectif est de fairereculer le décrochage scolaire en offrant plusieurs activités de loisirs — la lecture, notamment— et des services sociaux aux enfants et à leurs parents, afin de produire un livrepour la jeunesse. L’écrivaine et éditrice Angèle Delaunois couchera sur papier les valeursdu pays d’origine d’enfants immigrants et de celles du Québec dans Mon ailleurs, mon ici, letitre provisoire de l’album (sortie prévue à l’automne prochain), et la photographe MartineDoyon croquera le minois des enfants originaires des quatre coins de la planète et qui partagentun même lieu d’adoption, la Belle Province. Dans un autre ordre d’idée, les lecteursattentifs remarqueront que le « HMH » des éditions Hurtubise est disparu depuis peu sur lescouvertures, et que la signature graphique de la maison a, elle, été rajeunie.<strong>Le</strong> Robert en ligneAprès avoir offert les versions papier, CD-ROM et DVD de ses dictionnaires,les éditions <strong>Le</strong> Robert permettent maintenant, moyennant un abonnement, deconsulter trois de ses ouvrages sur www.lerobert.com. Il s’agit du Grand Robert(80$/an), du Nouveau Petit Robert (15$/3 mois ou 40$/an) et du dictionnairebilingue français-anglais, <strong>Le</strong> Grand Robert & Collins (15$/3 mois ou 40$/an).Pour leur part, que proposent sur le Net Hachette et Larousse? L’éditeurHachette maintient l’accès libre à la version de base de son encyclopédie multimédiatout en proposant un abonnement pour la version complète (80$/an)(www.ehmelhm.hachette-multimedia.fr). Misant sur la publicité comme principalesource de revenus publicitaires, les éditions Larousse, elles, proposentgratuitement tout le contenu de leur encyclopédie, invitant néanmoins lesinternautes à y contribuer sur une base volontaire, un principe inspiré du fonctionnementde Wikipédia (www.larousse.fr).Mon vampire bien-aiméSi vous avez dévoré la saga « Twilight » de StephenieMeyer et vous êtes pâmés devant le film adapté du premiertome, deux ouvrages chez Hachette combleronttous vos appétits « métavampiriques »! Tout d’abord,dans le Guide officiel du film Twilight : Fascination (t. 1),qui abonde en photos, interviews et anecdotes, vousdécouvrirez tous les secrets liés au tournage. Ensuite,vous pourrez vous plonger dans Robert Pattinson: Labiographie de Paul Stenning. À seulement 22 ans, l’acteur-vedetteincarnant le vampire est devenu une icônemondiale. Comment gère-t-il sa soudaine célébrité?C’est ce qu’on apprend, page après page. De plus,notez qu’une édition limitée du titre Fascination estmaintenant offert en format cartonné.Éloik chez les Chinois!C’est avec la sortie de L’Élite desrêveurs, le quatrième tome de la série« Éloik » (Vents d’Ouest) que l’onapprend la traduction de cette dernièreen anglais ainsi qu’en chinois, ce qui luipermettra de rejoindre un plus grandnombre de jeunes lecteurs. Ceux duQuébec sont déjà sous le charme de cehéros, à la fois fragile et puissant, quicombat dans un monde fabuleux.Munro et le Man Booker InternationalL'écrivaine ontarienne Alice Munro est pour une troisième fois consécutiveen lice pour le prix littéraire Man Booker International, qui est remis tousles deux ans depuis 2005. <strong>Le</strong> prix, qui souligne l’œuvred’un auteur plutôt qu’un titre en particulier, s’accompagned’une bourse d’un peu plus de 100 000$. Laseule condition est que l’œuvre d’un auteur, lequelpeut provenir de n’importe quel pays, doit êtredisponible en langue anglaise. Notons que plusieursdes romans et recueils de nouvelles d'Alice Munrosont traduits en français par les éditions Rivages, entreautres Fugitives, Loin d'elle et Un peu, beaucoup... pasdu tout. <strong>Le</strong> dévoilement du gagnant aura lieu en mai. Finaliste en 2005 puisen 2007,Alice Munro connaîtra-t-elle enfin la consécration en 2009?Choc des littératuresDu 26 au 28 février derniers s’est tenu le premierFestival de nouvelle littérature française àNew York. <strong>Le</strong> concept était simple, mais desplus concluants: amener des écrivains franco -phones (Frédéric Beigbeder et EmmanuelCarrère, entre autres) à débattre sur le déclinde la culture française avec leurs confrères anglophones(dont Paul Berman et Mark Danner)sous la médiation de critiques littéraires et degens influents du domaine des lettres françaisesde New York. <strong>Le</strong>s organisateurs du festival,gratuit et ouvert au public, ont même fourni lestraductions simultanées.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 57


entre parenthèsesLES CHOIX DE LA RÉDACTIONjardinageLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 58Bébé s’amuse!« Il faut stimuler votre enfant! »: vous le savez, onvous le répète sans cesse, mais parfois, il est difficiled’imaginer de nouveaux concepts pour amuser bébé.Voici que Guy Saint-Jean Éditeur remet en marché,sous coffret cette fois, deux ouvragessuggérant chacun 120jeux conçus pour stimuler les capacitéscérébrales des tout-petits,de 0 à 12 mois et de 12 à 36 mois.Basés sur des études scientifiques,Bébés génies, les deuxvolumes de Jackie Silberg, recèlentde bonnes idées simples etfaciles à réaliser.Publication du Menaud d’origine<strong>Le</strong>s Éditions du Québécois proposent la premièreréédition de la version originale de Menaud maîtredraveur,parue chez Garneau en 1937. Publié à l’occasiondu 25 e anniversaire de la Société d’histoire deCharlevoix, ce roman de Félix-AntoineSavard est un incontournablede la littérature québécoise. « Ils’agit donc d’une réédition exceptionnelle[qui conserve] le ton premierde l’auteur et [véhicule] uneforce d’engagement en faveur de lalibération de son pays », soulignel’éditeur, qui soutient qu’il y a euune perte de sens politique dans les versionsultérieures de l’œuvre, soit celles de 1944, 1964 et1967, notamment en raison du vocabulaire choisi.Une présentation de l’œuvre ainsi qu’une courtebiographie de l’auteur enrichissent ce classique.<strong>Le</strong> crime est un artMêlez un ancien officier du renseignementcanadien converti enantiquaire à de sordides histoiresde meurtres où des œuvres d’artsont au cœur de l’intrigue et vousobtenez la recette gagnante d’AndréJacques. En effet, le romancierverra paraître en mai prochain,dans la collection « QA Compact », <strong>Le</strong>s lions rampants,La commanderie et La tendresse du serpent (prix Alfred-Desrochers 2008), sa trilogie mettant en scène lemajor Jobin.Bienvenue à l’Académie!L’écrivain franco-belge François a été choisi parmineuf candidats pour occuper le siège de MauriceRheims à l’Académie française. Weyergans est l’auteurd'une dizaine de romans et de récits auto -biographiques, dont plusieurs ont été récompensés,tel Trois jours chez ma mère (Goncourt 2005).PAGES D’HISTOIREBlanca Varela (1926-2009). Poétesse péruvienne,elle fut l’une des plus importantes figures de la poésielatino-américaine. Ses titres les plus connus sontCanto villano et Exercices matériels. De plus, Varela futla première femme récompensée par le Prix internationalde Poésie Federico Garcia Lorca de la Ville deGrenade.Abdelkébir Khatibi (1938-2009). Écrivain, sociologueet chercheur marocain, Khatibi avait un styleaudacieux et novateur. Il était reconnu pour la façondont il décrivait des phénomènes sociaux dans la littératuremaghrébine d’expression française. Il a signéplus de 25 ouvrages dont La mémoire tatouée, Un étéà Stockholm et La langue de l’autre.Pierre Bourgeade (1927-2009). Auteur scandaleuxdes années 60, Pierre Bourgeade a signé une œuvrepolymorphe s’inspirant des thèmes de l’Histoire, desgrands destins, du sexe, de l’érotisme ainsi que del’impossibilité de connaître notre propre personnalité.Il a signé entre autres le louangé Pitbull et <strong>Le</strong>sImmortelles.Millard Kaufman (1917-2009). Scénariste et auteur,Kaufman est réputé pour avoir participé à lacréation de Mr Magoo, ce personnage populaire dedessins animés âgé et myope. C’est à 90 ans qu’ilpublia son premier roman, Bowl of Cherries (Mc-Sweeney). Son second roman, Misadventure, paraîtraà l’automne.André Langevin (1927-2009). Chroniqueur littérairepour <strong>Le</strong> Devoir puis réalisateur à Radio-Canada,il est principalement reconnu pour Poussière sur laville, son œuvre phare inspirée de l’existentialismequi, lors de sa parution en 1953, fait entrer le romanquébécois dans l’ère moderne. André Langevin a remportéle Prix du Cercle du livre de France ainsi que leprix Athanase-David en 1998 pour l’ensemble de sonœuvre.James Purdy (1923-2009). Écrivain américain controversé,maître du roman gothique, on lui doit entreautres Chambres étroites et Gertrude de Stony Island.Dans <strong>Le</strong>s œuvres d’Eustache, qui se déroule à Chicagodans les années 30, il traite du désir homosexuel.Habiter en campagne ou au bord d’un lac vous a-t-il déjàtraversé l’esprit? Si vous résidez dans un tel endroit bucolique,désirez-vous en apprendre davantage sur l’équilibrenaturel, qu’il faut préserver pour continuerd’apprécier les bienfaits de Dame Nature? Claude Phaneuf,biologiste et spécialiste en planification de projetspublics, livre dans Habiter en milieu naturel une myriadede conseils provenant de son expérience personnelleainsi qu’une synthèse de recherches sur les écosystèmes.Puits artésien, fosse septique, champ d’épuration, alguesHABITER ENMILIEU NATURELClaude Phaneuf,MultiMondes,184 p. | 27,95$bleues, banderiveraine, phosphore,cyanobactéries,coliformesfécaux: tout cedont vous deveztenir comptepour rendre possiblevotre rêve de vivre hors de la ville est consigné danscet ouvrage de référence.Il existe des solutions simples et logiques pour aménagerun pan de terrain sur lequel on veut planter unjardin, mais qui reçoit peu ou pas de soleil, et ce, sansdevoir investir trop d’efforts. C’est ce qu’explique endétail le premierJARDINS D’OMBREDU JARDINIERPARESSEUX (T. 1)Larry Hodgson,Broquet,624 p. | 39,95$tome de Jardinsd’ombre du jardinierparesseux. Quelque3 500 espèces etcultivars croissantdans des endroitsombragés ont étérépertoriés à cejour, mais plusieurs sont pourtant méconnus. Ce nouveauguide de l’horticulteur bien connu Larry Hodgson,grâce aux techniques appropriées qui y sont décrites,deviendra vite un indispensable pour ceux et celles quise désolent devant la triste mine de leurs fleurs. Carrien ne sert de blâmer Dame Nature: mieux vaut se plierà ses caprices pour profiter de ses bontés!« Nous sommes tous intimement liés les uns aux autres.La survie de l’être humain dépend donc directement desplantes, des animaux et des divers éléments quicomposent notreATTIRER LAFAUNE AU JARDINAlbert Mondor etDaniel Gingras,De l’Homme,320 p. | 29,95$merveilleuseplanète », lit-ondans l’introductiond’Attirer lafaune au jardin.Signé par AlbertMondor, horti -culteur vedette et auteur de plusieurs livres, et DanielGingras, entomologiste et vulgarisateur ayant travaillé auBiodôme, ce guide fait honneur à la biodiversité. Ainsi, lesspécialistes expliquent comment créer un espace ravissantpour l’humain et accueillant pour la faune (insectes,oiseaux et batraciens). Cet ouvrage a été pensé pour lesjardiniers en herbe comme pour les pouces verts, dans unbut de respect et d’équilibre de l’écosystème.


LE LIBRAIRE CRAQUE!littérature jeunesseJE NE MANGERAI JAMAIS DE TOMATESDE TOUTE MA VIEPlonger dans les livres de Lauren Child,c’est plonger dans un imaginaire débordantd’humour. Une fois de plus, elle nousprocure beaucoup de plaisir avec la série « Charlie et Lola », récipiendaire du prixKate Grennaway 2001. Charlie, c’est le grand frère responsableet tellement patient car Lola, elle, c’est la petite sœur qui abeaucoup trop d’imagination et des idées bien arrêtées. DansJe ne mangerai jamais de tomates de toute ma vie, il n’y a pasque les tomates que Lola déteste dans son assiette. Heureusement,Charlie a la solution. Avec lui, les petits pois deviennentdes « gouttelettes vertes du Cap Vert » et la purée de pommesde terre de la « mousse de nuage récoltée au sommet du montFuji ». Ça pique la curiosité de Lola, et même les tomates serontmangées! Dès 3 ans Katia Courteau Clément MorinLauren Child, La courte échelle, 32 p., 16,95$ELVISComment raconter Elvis à des enfants quine l’entendront jamais à la radio et neressentiront jamais la folie de le voir en noir et blanc, qui en ont vu et entendud’autres, des plus sonores, des plus provocants, des plus royaux? Dans ce magnifique,incomparable album jeunesse, on s’occupe avant tout de la légende. Celle qui faitrêver, celle du rêve américain encore présent, encore tentant malgrél’égocentrisme, les abus et les déceptions. On en fait un petitgarçon avec une guitare, plein de talent, qui rencontre une joliefille puis un mentor vicieux. Il se rend à Las Vegas, monte au firmamentet est pris de vertige. <strong>Le</strong> Thanh raconte cette légendetandis que l’illustratrice Rebecca Dautremer fait ce qu’elle connaitle mieux: nous transporter dans un univers hors du temps maisancré dans l’espace. Un album doux et vibrant, d’une beauté àfaire pleurer. Dès 5 ans Anne-Marie Genest PantouteTaï-Marc <strong>Le</strong> Thanh et Rebecca Dautremer, Gauthier-Languereau, 44 p., 29,95$CE QUE J’ÉTAISAprès deux échecs scolaires, je me retrouvaiau pensionnat Saint-Oswald. En fait,j’étais un étudiant médiocre dans une institution tout aussi médiocre. Une vie rythméepar des règlements stricts, des profs insignifiants, des blagues salaces de collégiensboutonneux et des repas insipides. Ce sinistre quotidien fut chamboulépar ma rencontre avec Finn. Il vivait dans une modeste cabanede pêcheur, sans famille, libre… et je l’enviais. Au gré des marées,prenant tous les risques, je m’esquivais le plus possible du pensionnatpour le retrouver. Je partageais avec lui maigres repas, escapadesnautiques et longs silences. Finn était dénué de tout; son présentincertain et son absence d’avenir me fascinaient. J’aurais voulu êtrelui. Un jour, tout bascula… Me serais-je trompé? Ai-je été naïf?Un roman tout en délicatesse sur une amitié que tout sépare.Dès 14 ans Josyane Girard <strong>Le</strong> FureteurMeg Rosoff, Hachette Jeunesse, 240 p., 26,95$SUR LE BOUT DE LA LANGUEJouer à attraper les flocons de neige avecsa langue paraît inoffensif pour les noninitiés,mais si vous demandez l'avis de Sébastien et de Félix, ils vous jureront le contraire.Sur le bout de la langue est un album désopilant qui met en scène deux garçonstrop occupés à compter les flocons qu'ils engloutissent pour regarderoù ils mettent les pieds. Résultat? La langue de Sébastienvient se coller sur un poteau de fer... Quelle misère! Bien sûr, ily a une solution à tout... Alain M. Bergeron, auteur maintes foisrécompensé, fait équipe avec l'illustrateur Philippe Germain pourcréer un album fort amusant aux illustrations qui rappellentcelles de la bande dessinée. Ces créateurs nous avaient déjàdonné le savoureux livre Une casserole sur la tête, chez le mêmeéditeur. Dès 3 ans Katia Courteau Clément MorinAlain M. Bergeron et Philippe Germain, Imagine, 24 p., 9,95$LE CHAPEAU QUI RÊVAIT D’ÊTRE UN PIRATE <strong>Le</strong> chapeau de l’épouvantail ad’autres ambitions que de tenir compagnieaux oiseaux: il veut être un pirate, rien de moins. Il essaye donc de trouver latête qui fera de lui un redoutable loup de mer, mais toutes n’ont pas ce qui faitl’essence de la piraterie: Grand-Mère n’a que la moustache, Grand-Père n’a que la pipe,Papa n’a que les gros mots et Maman est terrible mais n’a pas de barbe… Qui alors?Je vous laisse découvrir la suite, bien que vousdeviniez sûrement qu’elle implique beaucoup de jeuxet d’aventures! Cet album nous séduit dès qu’on letouche: avec ses illustrations à la fois magnifiques etamusantes, ses personnages hauts en couleur et laquête, ô combien existentielle, qu’il nous relate, onne peut que tomber sous son charme! Dès 3 ansAurélie Chagnon-Lafortune La Maison de l’ÉducationOrianne Lallemand et Élodie Coudray, Gauthier-Languereau, 32 p., 24,95$LA FÉE CRAPAUDLorsque la pétillante Sorprésa se transformeen fée crapaud afin de combattresa peur des araignées, le royaume de Pomodoro en entier se retrouve privé de sonparfum de bonheur aux tomates. Tant que la fée crapaud sévira, armée de sa pantoufle-écrase-araignée,les Pomodorois ne pourront retrouver leursourire. C’est ainsi que les habitants décident, sous l’arbre àpourpettes, d’envoyer Sorprésa aux côtés de la belle Ara Bianca, quisaura lui faire apprécier les incomprises à huit pattes. Encore unefois, Dominique et compagnie nous offre un livre délicieux commeune tomate au goût de soleil et amusante à nous en donner des« froulifoufous » de plaisir. Avec les illustrations toujours aussirafraîchissantes de Fil et Julie, presque tous seront amadoués parles araignées, en plus d’être séduits par ce joli conte. Dès 7 ansAurélie Chagnon-Lafortune La Maison de l’ÉducationNicole Testa, Dominique et compagnie, 48 p., 8,95$LA CAGOULEC’est avec une touche d’audace et de mystèreque François Gravel s’aventure dansl’univers de la délinquance et du trafic de drogues. En adhérant à un nouveau programmeexpérimental de réhabilitation, Maxime est loin de se douter de ce qui l’attend.Il cumule déjà deux séjours en centre et n’a pas l’intention dese laisser marcher sur les pieds. Toutefois, le monde qui se révèle à luile déstabilise. Qui sont ces jeunes qui ne s’adressent jamais la parole?Pourquoi les surveillants se montrent-ils si peu rigoureux? Cet étrangepersonnage qui parle constamment seul est-il vraiment digne de confiance?Ce roman surprend tant par son mystère entretenu jusqu’auxdernière lignes que par sa sincérité et la justesse du personnage principal.<strong>Le</strong> récit idéal pour tous ceux qui souhaitent découvrir ce qui secache derrière les durs à cuire. Dès 14 ansAriane Boyer Clément MorinFrançois Gravel, Québec Amérique, 240 p., 10,95$BEOWULF: UN HÉROS DE LÉGENDE Beowulf: Un héros de légende revisite undes plus importants poèmes épiques de lalittérature anglo-saxonne. Ces aventures de Beowulf, adaptées par Nicky Raven, restentagréablement fidèles au poème original. Rien à voir avec les deux récentes adaptationscinématographiques! On y retrouve les trois combats légendaires du héros: la luttecontre le monstre Grendel, l’attaque de la sorcière et l’affrontementdu dragon des Goths. Pour que nous comprenions commentcette épopée est arrivée jusqu’à nous, le texte est précédé d’unrapide historique du manuscrit et de la légende germanique quia inspiré le poème. À noter que, quoique présenté sous forme d’albumjeunesse et magnifiquement illustré à l’aquarelle, à l’encreet au crayon de couleur par John Howe, ce livre contient quelquespassages déconseillés pour de jeunes enfants. Dès 12 ansThiery Parrot PantouteAdapté par Nicky Raven, illustré par John Howe, Quatre fleuves, 86 p., 29,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 59


H ENRYT. AUBINENTREVUElittérature jeunesseÀ la recherche du grand pharaon noirSaviez-vous qu’au VIII e siècle avant Jésus-Christ, les pharaons quirégnaient sur l’Égypte entière, les premiers à avoir unifié les royaumesdu Sud et du Nord, avaient la peau noire? C’est la première surpriseque nous réserve le Montréalais Henry T. Aubin dans L’ascension ducobra d’or, un roman épique pour la jeunesse qui nous raconte leshauts faits de Piankhy, le fondateur de la 25 e dynastie.ParRémy CharestLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 60Cette grande aventure nous est narréedu point de vue de Nebi, un jeune domestiquedont le maître, Setka, est assassinépar un noble qui s’est rebellécontre l’autorité de Piankhy, alors roide Coush, au sud de l’Égypte. Parvenantà échapper aux assassins, Nebiinforme le roi de la trahison et de lamenace qui se profile pour détruire lastabilité et l’ordre du royaume. Rejoignantl’armée du roi, il prend part àune véritable épopée conduisant à l’unificationdu pays, au moment mêmeoù, à l’est, l’Assyrie affirme sa puissanceet cherche à dominer toute la région.Entre les scènes de combatsintenses et les réflexions sur la façondont un roi doit gouverner, L’ascensiondu cobra d’or ne manque ni d’enjeux nid’intrigues.<strong>Le</strong>s descriptions des techniques desiège ou des mouvements de troupes enpleine bataille sont d’ailleurs d’une précisionexceptionnelle, retenant l’attentiondu lecteur au moins autant que laqualité des dialogues et des personnages.Comment Aubin est-il arrivé àrendre cette Égypte aussi vivante etréaliste? Grâce à des recherches approfondies,explique-t-il, mais surtout enremettant sans cesse son ouvrage surle métier. Pas moins de dix-neuf versionsdu roman ont vu le jour avant sapublication en anglais, il y a deux ans.On ne pourra pas lui reprocher de faireles choses à moitié.Noir sur blancMais où diable Henry T. Aubin a-t-il prisl’idée de raconter cette histoire restéeméconnue — et la motivation pour travailleret retravailler aussi longuementson récit? D’abord et avant tout dans savie familiale, en tant que fils aussi bienque père. En effet, cet Américaind’origine, diplômé de Harvard et ancienjournaliste du Washington Post devenuchroniqueur urbain dans The MontrealGazette, a adopté deux enfants avec sonépouse, dont un Noir.<strong>Le</strong> fait d’avoir ainsi un enfant « différent» rejoignait des sentiments quele jeune Henry avait lui-même éprouvés,alors qu’il habitait au New Jersey:« Ma mère était francophone. Et quandj’étais petit, j’avais honte d’êtrefrançais, d’être le gamin pas commeles autres de mon quartier. Mais plustard, quand j’ai lu la Chanson deRoland, et que j’ai trouvé des hérosfrançais, je me suis senti fier. Jevoulais que mon fils puisse avoir lamême chose. Alors j’ai cherché deshéros noirs, et je suis tombé sur la 25 edynastie des pharaons d’Égypte. C’estla seule dynastie égyptienne à proposde laquelle tout le monde s’entendpour dire qu’elle était noire. »Aubin a été pour le moins impressionnéde sa découverte: « Piankhy estconnu non seulement pour sesprouesses militaires, mais aussi pourses qualités philosophiques. De plus,il a stimulé l’émergence d’une véritablerenaissance artistique. Il estcomme le roi Arthur, en termeschevaleresques. Mais la différence,c’est qu’il a vraiment existé. »La véritable histoire de Piankhy, dontAubin dit s’être inspiré de très près,provient d’une grande pièce de granitL’ASCENSION DUCOBRA D’ORLa courte échelle,328 p. | 18,95$où est gravé un texte de quelque 5 000mots racontant les campagnes dupharaon: « C’est un des récits les pluscomplets du genre, pour toute l’Anti -quité. Aujourd’hui, on peut le trouversur Internet, mais dans les années 90,avant l’Internet, je l’avais trouvé dansune traduction de James HenryBreasted, un éminent égyptologue quifaisait autorité au début du XX e siècle.Un épouvantable raciste, aussi. »


Dans le roman, on s’étonnera peut-êtrede voir à quel point Piankhy semblemagnanime et sensible à la souffrancede ses ennemis. Un anachronisme venude nos sensibilités modernes? Pas dutout, selon Aubin: « <strong>Le</strong>s Coushites nevoulaient vraiment pas se mettre lespopulations locales à dos. Piankhy,après avoir unifié les deux royaumes,est retourné à Coush et a remis au pouvoirles nobles qu’il venait de défaire.C’était en droite ligne avec sa philosophie.Pour des raisons pratiques et religieuses,il voulait que les gens soientjustes les uns envers les autres; si toutle monde se comporte respectueusement,il existe dans le royaume uneharmonie qui permet d’en éloigner lechaos. Et la force du chaos, c’étaientles Assyriens, à l’époque. C’étaient lesnazis du monde antique. »Une sainte allianceLa philosophie du roi de Coush étaitd’ailleurs proche de celle duDeutéronome, un « des livres fondateursdu judaïsme », poursuit Aubin.Qui se ressemble s’assemble? Toujoursest-il que Piankhy est égalementconnu, dans l’Ancien Testament,comme étant celui qui est venu à larescousse des Hébreux, menacés parune armée assyrienne. Et quoi que,dans le récit biblique, Jérusalem soitsauvée par un miracle divin, c’est bienl’armée égyptienne qui est mentionnée,juste avant le « miracle », commese dirigeant vers la ville sainte. Bref,conclut Aubin, c’est Piankhy qui aurasauvé ses alliés hébreux.De cette histoire biblique, Henry T. Aubina d’abord tiré un essai intitulé The Rescueof Jerusalem, dont la publication a précédél’écriture du roman. Un livre qui voulaitnotamment contredire la croyance selonlaquelle les communautés juive et noire sesont toujours affrontées, au fil des siècles.L’ascension du cobra d’or n’aborde toutefoispas Jérusalem. Pour cela, il faudra attendreles prochains tomes. Et quand arriveront-ils?« Dans deux ou trois ans, jecrois. C’est que j’ai un travail à tempsplein », répond Henry T. Aubin, semblants’excuser. La suite se déclinera donc endeux volumes, dont le point culminantsera la bataille de Jérusalem.Au terme de toute cette aventure,Piankhy sera-t-il toujours un hérospour son fils? « Je crois qu’il est unhéros pour tous ceux qui lisent son histoire,croit Henry T. Aubin. Grâce à saretenue, à son absence d’arrogance età sa volonté de protéger. »<strong>Le</strong>s attributs d’un vrai leader. Uneespèce rare, il y a 3 000 ans commeaujourd’hui.<strong>Le</strong>s Éditions du NoroîtNouveautés - Printemps 2009Poètes de Québec et d’ailleursVERSschmuggel,ReVERSible,RéVERSibleCollectif de poètesallemands, autrichiens,canadiens, suisseset québécois.Accompagné dedeux disques.Marylène BertrandOffrandes de la jouissancePaul BélangerRépitHugues Corriveau<strong>Le</strong> livre des absentsNormand deBellefeuilleMon nom(chronique de l’effroi 1)Charles Drouinne pas humecterNormand GénoisVa-nu-piedsClaude Paradis<strong>Le</strong> livre sur la table© Karine BernierMercedes RofféRapprochements de labouche du roitraduit par Nelly RofféJosé Luis RivasPays nataltraduit de l’espagnol parFrançois-Michel Durazzowww.lenoroit.comLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 61


Venez rencontrerles auteurs dela courte échelle !STAND142Place à nosauteursCHRYSTINE BROUILLETSILENCE DE MORTVendredi 17 avril > 17 h à 19 hSamedi 18 avril > 13 h à 14 h 30Unecivilisation tiréedunéant comme toutes lescivilisations quifleurissent l'Univers.Nature sauvage, terroir,jardins... synthèsedeméditationsCe chemin qui se poursuit.Unehistoirevraieoù laVolonté, l’Amour etl’Esprit divin s’unissent.Seize témoignages etbien plus qui expliquentpourquoi les famillesd'accueil ?ANNIE GROOVIELÉONRENCONTRE D’AUTEUR À L’ESPACE JEUNESSE DESJARDINSJeudi 16 avril > 13 h à 13 h 30SUPERQUIZ DÉLIRONS AVEC LÉONSamedi 18 avril > 14 h 30 à 15 hLa course au bonheura plus de sens que lebonheur lui-même.<strong>Le</strong>s Amérindiens,ça vous dépasse?Lisez Pif au vent.« Au secours !À l’aide!J'ai froid »Femmes, vous gardezvotre mystère; je vousréinvente selon voséclats lumineux.SIGNATUREMercredi 15 avril > 10 h à 12 h > 13 h à 15 h > 18 h à 20 hJeudi 16 avril > 9 h à 11 h > 13 h 30 à 15 h > 18 h à 20 hVendredi 17 avril > 9 h 30 à 11 h 30 > 13 h à 15 h > 18 h à 20 hSamedi 18 avril > 10 h à 12 h > 13 h à 15 h > 18 h à 20 hDimanche 19 avril > 10 h à 12 h > 13 h à 14 h 30 > 15 h à 16 hMATTHIEU SIMARDPAVELDes mots avec lesquelsj'aimerais te convaincrequ'il y a toujours del'espoir.C'est le coeur heureuxque vous refermerez celivre, rempli d'espérancepour ce monde.Prendre conscience desévènements... La clef dubonheur de l'humanité.Un Canadien et unAbénaki font ensemble laguerre en 1812 contrel’envahisseur américain.Vendredi 17 avril > 19 h à 20 hSamedi 18 avril > 13 h à 14 h > 15 h 30 à 16 h 30 > 18 h 30 à 19 h 30TITANIA ET RIÙKABOUMUnepassion venuedelamer, une improvisationdans la vie de Carmen.Cet album comprendun jeu de questions quifavorisent la communicationavec l’enfant.Un roman dans lequel iln’existe aucune répétitiondu vocabulaire.L'espoir d'atteindre lalumièreau bout dutunnel lui donnait laforce d'avancer.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 62ANIMATION À L’ESPACE JEUNESSE DESJARDINSDimanche 19 avril > 13 h à 13 h 30SIGNATUREDimanche 19 avril > 13 h 45 à 15 h 15Consultez l’horaire de tous les auteurs auwww.courteechelle.com !Premier tome d’unetrilogie complétée.Saga familialedébutant en 1910.Un outil merveilleuxpour atteindre vos objectifsde vie : croire ensoi est parfait pour vous.<strong>Le</strong> dernier-né de cettetrilogie des Magalie.Unehistoiresavoureuseet bien de notre ère.Découvrez à travers lasensibilité de l’héroïne, lessecrets et le courage quihabitent les hommes de laLouisiane.www.cddl.qc.ca 450 714-4037 ou 1-877-777-6024


C’est à l’université,grâce à un professeurpassionnant, queNathalie Ferraris esttombée amoureuse deslivres pour enfants.À tel point qu’elle acommencé à encritiquer, puis àen écrire.AU PAYS DES MERVEILLESLA CHRONIQUE DE NATHALIE FERRARISlittérature jeunesseAu secours de l’adolescenceLIBRAIRE 51 • JAVIER-FÉVRIER 2009 • 63Si ma mémoire est bonne, c’est à l’âge de 12 ans que ma mère voulut discuter sexualitéavec moi. Alors qu’elle m’ordonna de m’asseoir dans la cuisine — ça commençait bien! —et de lui expliquer comment l’amour se faisait entre un homme et une femme, je figeaisur place. Impossible de prononcer les mots « pénis », « vagin », « éjaculation » ou autresdevant ma génitrice. Pourtant, quelques années plus tôt, assises l’une contre l’autre dansle salon, nous avions lu et contemplé ensemble La merveilleuse histoire de la naissancedu docteur Lionel Gendron. Cet ouvrage, paru en 1972 aux Éditions de l’Homme, m’avaitbien informée sur le développement du fœtus. Mais que se passait-il avant? Je l’apprispeu après d’une amie qui en savait plus que moi, et bien avant l’interrogatoire de deuxheures que me fit subir ma mère et qui se solda par un silence total de ma part!Fort heureusement, les temps ont changé. Il existe aujourd’hui des ouvrages et des romansqui, au lieu de s’attarder aux fleurs et aux abeilles, vont droit au but. Des ouvragesqui osent dire les mots et qui expriment clairement la réalité plutôt que de la transmettresous forme de métaphores ou de paraboles.Un gars, c’t’un gars!Parmi ces ouvrages, Bonjour la puberté!Tout ce qu’un garçon doit savoir*, est toutà fait admirable. Écrit par Geoff Price, unmentor qui organise des camps de jeunespour les préparer à devenir adultes, celivre dévoile tous les changements hormonaux,physiques, intellectuels et émotionnels qui s’opèrent àBONJOUR LAPUBERTÉ! TOUT CEQU’UN GARÇONDOIT SAVOIRGeoff Price,Chantecler,120 p. | 27,95$l’adolescence. La voix qui mue, les éjaculations nocturnes, le rôle de la testostérone, l’apparencede poils, le développement du pénis, les érections incontrôlables, les boutons,l’homosexualité, l’hygiène, la masturbation, les MTS, le développement du cerveau, lerespect de soi, l’acceptation de son corps, l’expression de ses sentiments, la gestion de lacolère, les filles… tous les sujets sont abordés avec intérêt et intelligence.Qui plus est, outre les sections questions-réponses, les conseils pratiques (commentsoigner l’acné, par exemple), le glossaire, la mise en pages dynamique, les photosmodernes et les dessins explicites, Bonjour la puberté! livre des témoignages d’hommeset de garçons sur les sujets présentés. <strong>Le</strong> lecteur adolescent peut ainsi comparer son vécuà celui d’autres garçons et à celui d’hommes ayant un souvenir très précis de cette périodede transformation: « Je me rappelle très bien de ma première éjaculation. J’ai eu peurquand elle s’est produite. J’ai pensé que j’étais en train de saigner. J’ai allumé la lampe, j’airegardé en bas et j’ai vu cette substance blanche. Je n’avais aucune idée de ce que c’étaitni d’où elle venait, mais j’ai été très soulagé de constater que ce n’était pas du sang. »Démolissant certaines légendes (« la masturbation rend sourd! »), soulevant le voile dela honte liée à la masturbation et à l’éjaculation, s’attardant sur l’expression saine desémotions et responsabilisant les adolescents, ce livre est franchement bien fait. Il a toutpour transformer les garçons en hommes équilibrés et fiers d’être des hommes!Une fille, c’t’une fille!Bien connue pour ses ouvrages destinés aux adultes (Histoires à faire rougir), Marie Grayvient de faire paraître La première fois de Sarah-Jeanne, premier tome de la série« Oseras-tu? », dans lequel l’héroïne connaît de nombreux changements de vie: déménagement,nouvelle école, nouveaux amis, nouveau groupe dans lequel elle devientchanteuse et nouveau chum qui, après l’échange de baisers fougueux, veut aller plus loin.Sarah-Jeanne est-elle prête à faire l’amour? Est-ce avec ce garçon qu’elle souhaite vivresa « première fois »?LA PREMIÈRE FOIS DESARAH-JEANNEMarie Gray,Guy Saint-JeanÉditeur,336 p. | 14,95$Voilà un vrai « roman de fille »! L’auteure y décrit avec justesse toutes lesquestions que les adolescentes se posent sur la sexualité. Gray dépeintde façon très réaliste les relations d’amitié et les rivalités entre ados, décritsans vulgarité des scènes assez crues (partouzes, viol collectif) danslesquelles elle n’a pas peur des mots.Évidemment, à cause de ces scènes, certains verront peut-êtred’un mauvais œil l’arrivée de ce livre sur le marché. Or, il n’y apas si longtemps, La Presse publiait un dossier sur la sexualitéchez les adolescents. Fellation dans les sous-sols des parents,danse sandwich, concours de wet t-shirt: les pré-ados et les adossont assez dégourdis en matière de sexualité.Ainsi, il ne faudrait pas interdire la lecture du roman La premièrefois de Sarah-Jeanne. Car ce qu’on retient de ce livre va bien au-delà des scènes osées.Contrairement aux filles sexy et délurées de son école, Sarah-Jeanne a une tête sur lesépaules. C’est une adolescente sensible, responsable, qui sait distinguer l’être du paraître,qui possède de bonnes valeurs et apprend de ses erreurs. Bref, elle pourrait devenir unmodèle pour les adolescentes d’aujourd’hui.MARRE DU ROSENathalie Hense (texte)et Ilya Green (ill.),Albin Michel Jeunesse,36 p. | 17,95$Un garçon ou une fille?« Moi, j’aime le noir. » Voilà commentdébute l’album troublant Marre du rose,dans lequel la protagoniste préfère les fossiles,les dinosaures, les insectes et lesgrues aux princesses, poupées, rubans ettout ce qui est rose. Un vrai garçon manqué?C’est ce qu’affirment ses parents. Et que disent-ils d’Auguste, qui aime coudre deshabits, et de Carl, qui peint plein de fleurs et de coccinelles? Que ce sont des garçons tropsensibles, des filles manquées.Livre abordant la recherche d’identité à travers les « normes » (« les garçons aiment lesautos, les filles aiment les poupées »), Marre du rose vient au secours de tous ceux etcelles que la société qualifie de « garçon manqué » ou de « fille manquée », et sensibiliseles adultes et les enfants aux diverses personnalités. Se terminant sur une note positive(« Moi, je trouve que je suis une fille réussie, même si je n’aime pas le rose. »), Marre durose aborde l’acceptation de soi, l’estime de soi et la confiance en soi, trois qualités essentiellesà développer lorsque l’adolescence pointe le bout de son nez.* La version pour adolescente, Bonjour la puberté! Tout ce qu’une jeune fille doit savoir(Shushann Movsessian, Chantecler, 120 p., 26,95$), existe également.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 63


La voix des Premières NationsNouveautésPlus de 200 pages de photos etd’illustrations totalement inéditesUn essai historique trépidantqui se lit comme un romanVenez rencontrer les auteurs de Cornacau Salon du livre de Québec entre le 15 et le 19 avril 2009 !LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 64


LES CHOIX DE LA RÉDACTIONlittérature jeunesseChaque année, le Times organise en Angleterre un concours qui permet à un inconnude gagner la publication de son manuscrit. C’est ainsi qu’Emily Diamands’est glissée tout en haut du podium avec LaLA RANÇONDES PIRATESEmily Diamand,Michel Lafon,308 p. | 24,95$rançon des pirates, une aventure avant-gardistequi mélange science-fiction, corsaires sanguinaireset… préoccupations écologiques.L’histoire se déroule en 2216, alors que lemonde a connu l’Apocalypse: délaissant lesordinateurs, les humains sont revenus auxvaleurs ancestrales. L’histoire commencelorsque la fille du premier ministre se fait kidnapperpar des pirates. Une jeune pêcheuse, Lily, devra livrer la rançon demandée:un bijou qui parle et qui l’entraînera bien plus loin qu’elle le croyait. « Diamandest un véritable auteur 24 carats », dixit le London Times. Dès 10 ansÀ l’aube de ses 14 ans, Marguerite apprend qu’elle appartient à la race « syrmaine», qu’elle est, en réalité, une sirène capable de vivre sur terre comme sousl’eau. Et, comme si ce n’était pas suffisant,on l’informe qu’elle descend d’une lignéeroyale. L’adolescente découvre donc avecémerveillement et crainte la Lénacie, cettecontrée plongée dans les profondeursabyssales où habitent sa mère biologiqueet son jumeau, Hosh. En sa compagnie etafin d’accéder au trône, elle devra participeraux épreuves barbares imposées parLES ÉPREUVESD’ALEK: LE ROYAUMEDE LÉNACIE (T. 1)Priska Poirier,De Mortagne,3<strong>52</strong> p. | 14,95$le souverain Alek, son ancêtre. Dans cet océan où calmars féroces, serpentsmarins venimeux et courants vigoureux s’opposeront aux participants, le triomphede Marguerite et de Hosh n’est en rien assuré. Dès 10 ansInspirée d’un écrit véritable rédigé il y a près de 1 000 ans (la fameuse treizièmeprophétie de Jean de Jérusalem), la série pour tous « Sionrah » s’annonce des pluscaptivantes. L’équipe éditoriale de QuébecAmérique est d’ailleurs immédiatementtombée sous le charme du premier volet, <strong>Le</strong>shéritières, que Line Bordeleau, native deQuébec, a mis six ans à écrire. Elle racontecomment deux sœurs, <strong>Le</strong>yla et Mégane, sontinvitées dans un univers parallèle, où elles devrontapprendre les rudiments magiques liésau cœur et aux éléments. <strong>Le</strong>ur mission est laLES HÉRITIÈRES:SIONRAH (T. 1)Line Bordeleau,Québec Amérique,464 p. | 24,95$plus importante jamais confiée à quiconque… Télékinésie, clairvoyance, télépathieet autres facultés extrasensorielles: l’auteure a tissé une trame riche etun univers cohérent qui augure bien pour la suite. Dès 12 ans« Là bas, au bord du <strong>Le</strong>z, existait un monde étrange et secret d’où lui parvenait chaquesoir la même rumeur. » En 1954, en vacances estivales dans le Sud de la France chez sesgrands-parents, le jeune Aymé, 11 ans, découvreLE CHÂTEAU DESGITANSMagali Favre,Boréal,170 p. | 10,95$l’univers des Gitans. Ces « Caraques », comme lesnomme son grand-père, demeurent près de chezlui et l’envoûtent par leurs couleurs et leurs coutumes.C’est donc dans une atmosphère de fête,où tous les yeux semblent rieurs, qu’Aymé se lierad’amitié avec Mika, au désespoir de ses aïeuls.Mika est pourtant un compagnon fascinant dontle seul défaut est d’être gitan. Un jour, la diseusede bonne aventure demande à voir Aymé. Ce dernier brisera-t-il la confiance des sesgrands-parents en allant à sa rencontre contre leur gré? Dès 10 ansC’est dans l’atmosphère brumeuse d’un cimetière que Neil Gaiman campe l’histoire d’unpoupon recueilli par les Owens, un couple… de fantômes! Élevé entre une sorcière brûléevive et des êtres étranges, ni morts ni vivants, leL’ÉTRANGE VIE DENOBODY OWENSNeil Gaiman,Albin Michel,350 p. | 21,95$Qu’arrive-t-il lorsqu’un dragon décide de ne plus cracher de flammes et qu’unchevalier souhaite devenir troubadour? Deux bouderies, deux fugues et plusieurs(més)aventures! <strong>Le</strong>s jeunes rebelles s’entraideronten utilisant ce qu’ils savent faire leplus habilement: cracher du feu pour l’un, etse battre à l’épée pour l’autre. Ils réaliserontque leurs dons respectifs sont utiles et, aprèstout, qu’il n’est pas si mal de produire desflammes exceptionnelles et d’être valeureuxau combat. Dans <strong>Le</strong> chevalier et le dragon, sondeuxième roman, Mélissa Anctil a voulujeune Nobody comprend rapidement que c’est lemonde des vivants qui est truffé de dangers, etnon celui des morts. L’enfant devra particulièrementcraindre le fameux Jack, qui a assassinétoute la famille de Nobody alors qu’il n’avait qu’unan, et qui est bien décidé à accomplir sa mission:le tuer. Récipiendaire de la Médaille John Newbery— l’une des plus importantes récompenses en littératurejeunesse aux États-Unis —, L’étrange vie de Nobody Owens est un livre « mélancolique,spirituel, sage et effrayant » selon le site Kirkus Reviews. Dès 10 ansLE CHEVALIERET LE DRAGONMélissa Anctil,Soulières Éditeur,72 p. | 8,95$mettre en avant-plan la profondeur des liens amicaux, elle qui a eu recours à sesamis lorsqu’elle s’est « perdue dans la forêt de la vie ». Dès 8 ansTrufette est une chienne enthousiaste et obéissante. Dénuée d’odorat, la pauvre n’a malheureusementaucun ami de son espèce, car renifler les fleurs et les poubelles n’a aucunsens pour elle. Quand ses maîtres déménagent dela ville à la campagne, Trufette se fait sa premièreLE CHIEN QUI NE amie: une moufette, qui, cela dit, l’a généreusementarrosée lors de leur première rencontre.SENTAIT RIENEmily Jenkins, Entre la bête puante et elle, une belle complicitéScholastic, s’installe, les deux embaumant bien fort et s’amusantferme, au grand dam des membres de la32 p. | 9,99$maisonnée, qui ne peuvent supporter de tels effluves.Entre l’amitié et la fidélité, le cœur deTrufette balance: un compromis est-il possible? Illustré par Pierre Pratt. Dès 3 ans<strong>Le</strong> jeune Robert Bylot souhaite devenir navigateur et découvrir des contrées lointaines.Mais John Dee, célèbre mathématicien et alchimiste qui le prend sous sonaile, lui révèle son plus grand rêve: réunir lesquatre échantillons magiques pour qu’apparaissele nouvel âge d’or. Ainsi, Robert se voitinvesti de cette mission, qu’il tentera demener à bien malgré les voyages en mer imposéset ses tumultueuses péripéties. C’est enutilisant l’univers de l’alchimie comme prétexteque ce roman retrace les grandes lignesde l’histoire de la navigation du XVII e siècle.LE RÊVE DEL’ALCHIMISTEJohn Wilson,Hurtubise,330 p. | 16,95$En effet, le récit est basé sur des faits et des personnages historiques: par exemple,l’exploration de l’Amérique et la recherche du passage du Nord-Ouest sousles ordres d’Henry Hudson. Dès 10 ansLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 65


entre parenthèsesLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 66Du bon usage des étoiles adaptépar Jean-Marc Vallée<strong>Le</strong> cinéaste Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y.,The Young Victoria) adaptera au cinéma Dubon usage des étoiles, le premier roman del’auteure Dominique Fortier paru aux éditionsAlto à l’automne 2008. <strong>Le</strong> scénariosera signé Jean-Marc Vallée et DominiqueFortier, qui se mettrontau travail en 2010,dès que le réalisateuraura terminé deuxprojets présentement enchantier. La fiction de laCarougeoise, finaliste auPrix des <strong>libraire</strong>s duQuébec 2009, qui sera attribuéle 11 mai prochain,s’inspire de la dernièreexpédition de Sir JohnFranklin. Ce dernier estparti en 1845 à la découvertedu passage du Nord-Ouest et disparuavec navires et équipages après avoirpassé trois ans dans les glaces. Un budgetjamais vu au Québec est prévu pour cetteméga-production qui, selon toute vraisemblance,sera tournée en anglais avecdes acteurs réputés. Par ailleurs, le romande Dominique Fortier sera traduit enanglais par la maison d’édition canadienneMc<strong>Le</strong>lland & Stewart.Tristes fermetures<strong>Le</strong>s derniers mois ont été marqués par la fermeturede plusieurs librairies, en Europecomme au Canada. En effet, trois institutionsdu Sud de la France et un de Toronto ontdéposé leur bilan. Ainsi disparaissentMagellan, spécialisée en ouvrages devoyage, Biblio, axée sur le livre scolaire,Panorama, une librairie de bonne réputationfondée il y a quarante ans ainsi que lalibrairie Champlain, qui comptait, quant àelle, près de cinq décennies d’existenceet qui représentait la seule librairie francophonede la Ville de Toronto.Quand les grands donnentl’exemple aux petitsEn 2008, une étude publiée par le magazine ParisMatch venait faire le point sur la place de la littératurejeunesse en France. <strong>Le</strong>s conclusionsdévoilaient que nos cousins auraient délaissé lesdocumentaires sur les animaux au détriment deceux qui concernent l'environnement et les nouvellestechnologies. Dans cette lignée, ERPI lanceune encyclopédie de l’écologie intitulée Pour uneplanète verte! L’attrait principal de ce livre résidedans la façon dont il est fabriqué, qui est tout enrespect de l’environnement: le papier est certifiéécologique, la couverture est recyclée, l’imprimeura réduit son empreinte de carbone de<strong>52</strong>% et génère lui-même la totalité de son électricité,l’encre utilisée est d’origine végétale: bref,enfin une application concrète qui illustre les propostenus dans ce livre!La bande dessinée espagnoleArrugas en film d’animationArrugas, cette bande dessinée racontantl’histoire d’un grand-père souffrantd’Alzheimer placé en maison deretraite par sa famille, deviendra unfilm d’animation. L’album du dessinateurPaco Roca s’est écoulé à17 000 exemplaires en Espagne(publiée par Astiberri) et à 4000exemplaires en France (publiée chezDelcourt).Ni dodo, ni tomates, ni écoleAprès la série « Clarice Bean » de Lauren Child, parue au Québec il y a environ un an, La courte échelle récidiveavec deux personnages cocasses de la même auteure: Charlie et Lola. La série, qui comprend six albums, donttrois titres accompagnés de quelques autocollants, est destinée aux enfants âgés d’entre 3 et 6 ans. <strong>Le</strong> trèsraisonnable Charlie, 7 ans, et sa petite sœur entêtée de 4 ans, Lola, ont leur propre série télévisée, diffuséedans plus de 14 pays. Au Canada, c’est sur TV Ontario qu’on peut voir leurs aventures hilarantes.Mère indigne sur le WebD’abord un blogue, puis un livre: voici maintenant<strong>Le</strong>s chroniques d’une mère indigne en « websérie »!En effet, les chroniques décapantes de CarolineAllard, publiées au Septentrion en 2007, sontmaintenant diffusées sur le site Internet de Radio-Canada, à raison de neuf épisodes d’environ troisminutes chacun. Réalisée par Miryam Bouchard,cette « websérie » met en vedette Marie-HélèneThibault et Stéphane Archambault. Notons que <strong>Le</strong>schroniques d’une mère indigne 2 est sorti en mars,toujours chez Septentrion.Lire pour échapperà l’usure du tempsL’instant même a rajeuni, et du coupembelli son site Internet. La maison d’éditionquébécoise assure toujours un espace édito -rial propice à la nouvelle, au roman, à l’essai,au théâtre et même au cinéma. De plus,comme on l’annonce sur leur nouveau site :« Lire à l'enseigne de L'instant même, c'est“lire pour faire durer l'instant”.»(www.instantmeme.com)Frayer son cheminBonne nouvelle pour la visibilité d’une œuvrequébécoise à l’étranger: le premier roman dePierre Szalowski, <strong>Le</strong> froid modifie la trajectoiredes poissons (Hurtubise), sera traduit enespagnol et en catalan ce printemps, ainsi qu’enallemand et en italien à l’automne. Une adaptationcinématographique est même prévue au Québec.


LE LIBRAIRE CRAQUE!bande dessinéeENDURANCEIl y a un siècle, une course a mené à ladécouverte et à l'exploration de l'Antarctique.<strong>Le</strong> duo d'auteurs rend hommage à ces pionniers du froid que sont Amundsenet Ernest Shackleton dans une BD-reportage réaliste inspirée desjournaux et des écrits de ce dernier, mais aussi de photographiesprises à l'époque par le photographe de l'équipée. Certaines complètentd'ailleurs l'album sur cinq pages documentaires. <strong>Le</strong> traitementest fort réussi: assez classique, et les teintes dominantesfroides, pour représenter les éléments tels la neige, la glace etl’eau, alternent avec les scènes plus chaudes (scènes d'intérieurou londoniennes), donnant une monochromie assez séduisante.C’est à la fois une belle réussite et une intéressante page d'histoire.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurPascal Bertho et Marc-Antoine Boidin, Delcourt, 132 p., 29,95$LA VAGUE<strong>Le</strong> roman de Todd Strasser, dont est tiréecette BD, a été vendu à plus d’un milliond'exemplaires dans le monde. Un enseignant en histoire dans une école secondaireaméricaine (mais ce pourrait être n’importe où) présente un film sur la Shoah et lerégime nazi; des questions fusent sur les motifs qui ont poussé lepeuple allemand à accepter ce qui s’est passé. S’en suit une expérience,manigancée par le professeur, qui illustre la facilité d’embrigadementd’un groupe donné, en l’occurrence les étudiantseux-mêmes. Une intolérance certaine émerge, la violence n’est pasloin. <strong>Le</strong>s illustrations de la jeune Allemande Stefani Kampmann,en noir et blanc et tout en mouvement, se rapprochent parfois del’univers du manga. Troublant de réalisme.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurD’après le roman de Todd Strasser, illustré par Stefani Kampmann,Éditions Jean-Claude Gausewitch, 176 p., 35,50$FRÈRES D'ARMESBasés sur des faits réels, « Cachemire » et« Kerala », ces récits produits par deuxtandems d’auteurs, illustrent une même réalité: celle de ces jeunes qui sont happéspar le fondamentalisme musulman. La première histoire se situeau Cachemire, zone où les tensions avec les Hindous sont toujoursvives. <strong>Le</strong> traitement relève presque du photoreportage, avec unréalisme cru, accentué par des couleurs vives. Dans « Kerala », dontl’action se déroule lors de funérailles, le dessinateur opte pour descouleurs chaudes d’un bout à l’autre, avec cette dominance doréequi traduit bien la chaleur du pays. <strong>Le</strong>s deux histoires sont captivantes,en phase avec la réalité sociopolitique du sous-continentindien. Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurAhmed Naseer et Abdul Sultan P.P. (scénario), Singh Saurabh etPartha Sengupta (ill.), Casterman, 216 p., 36,95$MUM IS DEAD: AUTOBIOGRAPHYOF A MITROLL (T. 1)Vous savez, ces histoires qui commencentpar une révélation troublante sur un litde mort? Vous savez, ces récits derecherche d’un parent dont on ignorait l’existence? Vous savez, ces road movies àl’américaine? Vous savez, ces copains qui se découvrent à travers ces road movies?Vous savez... Comment? Vous bâillez déjà à l’idée d’une histoire quiréunit tous ces clichés? Eh bien, Mum mis dead, c’est tout ça!Moins l’ennui… plus le plaisir et la rigolade et le charme tendre.Bouzard réussit à nous faire gober un récit rocambolesque avecpeu de moyens: cases répétitives, dessins dont on ne sait jamaiss’ils sont le fait de maîtres ou de débutants. Mais l’efficacité est là,les savoureux moments de comédie aussi. Mené comme un brouillonvolontaire, un dérapage contrôlé, cet album demeure un desplus complets du point de vue narratif que j’ai lu depuislongtemps! Anne-Marie Genest PantouteGuillaume Bouzard, Dargaud, 48 p., 18,95$PARESSELorsque vous étiez au secondaire, avezvousdéjà souhaité voir votre écolebrûler? Vous arrive-t-il d’écouter, l’oreille au plancher, ce que racontent vos voisinsd’en bas? Ce sont justement ces petits moments de la vie quotidienne, parfois comiquesou gênants, que Pascal Girard met en scène dans Paresse. C’est un vrai plaisir de lecture,car on se reconnaît dans chaque situation. Particulièrement quand on a aussi un chatà la maison qui est toujours dans nos pattes et desvoisins pas toujours reposants! Avec cette bande dessinée,vous pouvez lire une page par jour pour faire durerle plaisir. Si, par contre, vous êtes un incorrigibledévoreur de BD comme moi et que vous avez terminéParesse après une heure de lecture assoiffée, vous vousexclamerez probablement: « À quand la suite? »Isabelle Prévost-Lamoureux La Maison de l’ÉducationPascal Girard, La Pastèque, 112 p., 14,95$UNE PIQUANTE PETITE BRUNETTE Cette belle édition des 400 coups nousfait découvrir (ou redécouvrir, pour certains)l’un des pionniers de la bande dessinée québécoise, Albert Chartier (1912-2004).Du créateur d’Onésime, on rencontre ici les piquantes petites brunettes (ou parfoisblondinettes) dans leurs mésaventures amoureuses et citadines, mais aussi dans leurshistoires de chasse et de pêche. C’est à travers les péripéties deKiki, Suzette, Elsinore et Suzy qu’on déterre les racines de labande dessinée d’ici, d’une riche simplicité et d’un humour finet toujours actuel. En plus des différentes versions des stripsde Chartier, on retrouve dans Une piquante petite brunetteplusieurs copies de lettres d’éditeurs, un résumé du parcoursdu bédéiste ainsi que les reproductions de dessins originauxde certaines bandes du recueil. À déguster sans hésitation!Aurélie Chagnon-Lafortune La Maison de l’ÉducationAlbert Chartier, <strong>Le</strong>s 400 coups, 224 p., 27,95$BLOTCH: ŒUVRES COMPLÈTES Il y a quelques années, dans les pages dumensuel de BD Fluide Glacial, letalentueux Blutch a changé l’orthographe de son nom pour créer un personnagedécapant de bêtise. Véritable échantillon d’une certaine France à l’époque de l’entredeux-guerres,cet album présente Blotch, qui est illustrateur dansun journal humoristique (du nom de Fluide Glacial), et se croit lafine fleur et le rempart de l’esprit français. Mondain, raciste, fat,méprisant l’esprit du Front populaire et se permettant même dese gausser d’un jeune illustrateur belge du nom de Georges Rémi,Blotch nous entraîne dans des aventures où il se fait prendre aupiège étroit de son caractère. <strong>Le</strong> dessin de Blutch illustre à merveillel’esprit de l’époque et donne tout son sens à ce petit voyagedans le temps. Christian Girard PantouteBlutch, Fluide Glacial, 104 p., 36,95$LOW MOON & AUTRES HISTOIRES On reconnaît une bande dessinée deJason au premier coup d’œil: des couleursen aplat, des cases égales et un goût prononcé pour le mutisme. Mais, plus que tout,ce sont ses personnages à têtes d’animaux qui le caractérisent, comme une brochetted’acteurs dont il s’entourerait à chaque tournage. L’analogie cinématographique estpeut-être un peu facile lorsqu’il s’agit du 9 e art, mais dans le casde Jason, elle est presque nécessaire. En effet, le dessinateur exploreles genres classiques du cinéma, du film noir au muet, duwestern à la science-fiction. Il serait ardu de déterminer s’il entreou non dans le genre tant il se joue des codes, tant le ton et lessituations sont indissociables de l’univers de celui qui les raconte.Une chose est sûre: on n’aura jamais ressenti autant d’émotion vibrerà travers des yeux aussi remarquablement vides que ceux deses personnages! Anne-Marie Genest PantouteJason, Carabas, 210 p., 34,95$LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 67


LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 68Voici une tétralogie signéeMichel David.LE PETIT MONDE DESAINT-ANSELME(Chronique des années 30)Ce roman est le premier tome d’une sagaromanesque relatant la vie de quatregénérations de deux familles québécoises,les Marcotte et les Bergeron, qui effectuentun nouveau départ dans la vie.Code 64543 27,25 $L’ENRACINEMENT(Chronique des années 50)En 1955, le Québec aspire au changement etles jeunes sont souvent déchirés entre latentation d’une vie plus facile et les valeurstraditionnelles transmises par leurs parents.Code 67391 27,25 $LE TEMPS DES ÉPREUVES(Chronique des années 80)Ce roman relate la vie de plusieurs famillesquébécoises enracinées dans une petitemunicipalité rurale. En 1980, les habitantsde Saint-Anselme se préparent à célébrerle 150 e anniversaire de la fondation de leurvillage.Code 68589 27,25 $LES HÉRITIERS(Chronique de l’an 2000)Pour une dernière fois, les lecteurspourront partager les joies et les épreuvesdes habitants de Saint-Anselme qui,craignant le « bogue de l’an 2000 »,avaient bien peu imaginé tous lesbouleversements que l’entrée dans lenouveau millénaire leur réservait.Code 68909 27,25 $EN PRÉPARATION<strong>Le</strong>granddictionnairecooccurrences4501, rue DroletMontréal (Québec)H2T 2G2CanadaÉDITIONSPÉCIALE ÀGRANDSCARACTÈRESLE PETITMONDE DESAINT-ANSELME(Chronique desannées 30)576 pagesCode 7021625,95 $desTéléphone:(Dans une seule entrée, au mot Pitié,514-842-3481il y a eu 39 ajouts.)Télécopie:Beauchesne514-842-4923et fillesCourriel:francel@guerin-editeur.qc.cawww.guerin-editeur.qc.caLES CHOIX DE LA RÉDACTIONbande dessinée« <strong>Le</strong> dessin et les mots chantent une poésie verbale et un festival de couleurs s’étalesous vos yeux. Retenez trois mots […]: curiosité, humour et amour », peutonlire sur le site de bédéphiles Planète BD àpropos de Mes mille et une nuits au Caire. Aufil des noktas (histoires drôles égyptiennes),d’innombrables hammams, de cafés emboucanéset de rues bondées, Golo invite lelecteur à visiter l’Égypte qu’il a connue, bienau-delà de ses pyramides et de ses momies.Cet album autobiographique, premier tomed’un diptyque, s’ouvre sur une citation deMES MILLE ET UNENUITS AU CAIREGolo, Futuropolis,96 p. | 31,95$Gérard de Nerval: « En Orient tout devient conte. » S’ensuivent les pérégrinationsdu jeune Golo qui, durant les années 70, parcourt les rues du Caire à la recherched’aventures et d’histoires à raconter.Que symbolise le Che aujourd’hui? Sa photo, la plus reproduite de tous les tempset l’une des plus reconnaissables partout sur la planète, orne t-shirts, affiches etautres produits de consommation, mais soncombat, son héritage, ont-ils encore unsens? Publié dans la foulée du 50 e anniversairedu renversement du gouvernementcubain, l’album en noir et blanc de Manuel« Spain » Rodriguez, l’un des porte-étendardsde la BD underground américaine, retracede façon chronologique le trajet d’unhomme charismatique, né dans une familleLE CHE: UNE ICÔNERÉVOLUTIONNAIREManuel « Spain »Rodriguez,Hors Collection,112 p. | 27,95$bourgeoise et mort criblé de balles. Simplement intitulée <strong>Le</strong> Che, cette bio graphic seprésente comme « un trait d’union entre la vie du Che et son image », indique-t-on enpostface. Elle est aussi un « portrait brillant et génial », selon Art Spiegelman (Maus).LA PROPHÉTIE DEWINOG: YUNA (T. 1)Jacques Lamontagne(scénario) et Ma Yi(illustrations), Soleil,48 p. | 21,95$Un matin tranquille, trois druides et leur valet se présentent chez Bel, lui annonçantqu’elle est « Yuna », l’Élue, et que l’avenir de son pays repose sur savolonté de le sauver. Sa mission est d’unifierles trois Royaumes et de vaincre leseigneur Kaour, un envahisseur. Rien queça! Mais la petite Yuna est têtue et refusede croire à la prophétie… <strong>Le</strong>s illustrationsdu Chinois Ma Yi, chargées de détails, sontréalisées dans une palette alliant les tonsterreux aux coloris de base que sont lerouge, le bleu et le jaune, créant un contrastedans les lumières fort réussi. <strong>Le</strong> scénario est, quant à lui, signé par leQuébécois Jacques Lamontagne. Il s’agit d’une première pour lui, qui a percé enFrance grâce à la quadrilogie « <strong>Le</strong>s Druides », qu’il a dessinée.Très librement adapté du conte pour enfants éponyme de l’Italien Carlo Collodi(1826-1890), Pinocchio, de Winshluss (le pantin de bois, dans cette version trash,est devenu un androïde ayant un cafard dansla boîte crânienne), a remporté la plus hautedistinction (après le Grand Prix, remis àBlutch en 2009) attribuée annuellement pendantle Festival international de la bandedessinée d’Angoulême, soit le Prix dumeilleur album. « À travers des séquencessouvent muettes, d’après un commentairepublié sur le site Internet de l’événement,PINOCCHIOWinshluss,Requins Marteaux,192 p. | 59,95$Winshluss livre […] un véritable opéra dessiné en nous faisant partager des émotionsfortes et contradictoires, d’une richesse exceptionnelle. Un sommet d'inventionsgraphiques qui parvient à faire rire et réfléchir. » Un must.


De la lecture pour tousCollectionroman historique Chère Laurettetome 3 - <strong>Le</strong> retourMichel DavidDisponibleen maiChère Laurettetome 4 - La fuite du tempsMichel David <strong>Le</strong>s Filles du dogeEdward Charles<strong>Le</strong>s Portes de Québectome 4 - La mort bleueJean-Pierre CharlandDisponibleen maiBENOIT SÉGUINCHRIS KILLENNICOLE FONTAINECollectionamÉricaromanLa Voix du maîtreBenoit SéguinRAPHAËLLEEN MIETTESRaphaëlle en miettesDiane LabrecqueLA CHAMBREAUX OISEAUXromanLa Chambre aux oiseauxChris KillenOLIVIER romanDisponibleen maiOlivier oul'inconsolable chagrinNicole FontaineRomansjeunesseSONIA K. LAFLAMMEINTRA-MUROSIntra-MurosSonia K. Laflamme <strong>Le</strong>s Combatsde JordanMaryse Rouy<strong>Le</strong> Rêve de John Wilson<strong>Le</strong> Rêvede l'alchimisteJohn Wilson Geneviève MativatIllustrations de <strong>Le</strong>anne FransonLa Sonatedes chatouillesGeneviève Mativat Alain RaimbaultCapitaine Popaultome 2 - <strong>Le</strong> RetourAlain RaimbaultJohn W. MoffatEssaislittérairesMythes et réalités dans l'histoire du QuébecMarcel TrudelLa GravitéAprès Einstein, un physicien va plus loinLa Gravité réinventéeJohn W. Moffat


SAVOIR LIRE LE MARCHÉ• Un nouvel outil de suivi etd’analyse de vente de livres• Un accès à des informationspour mieux lire le marché etrépondre adéquatement àla demande• Une meilleure gestion devotre inventaireLibraires, ayez accès gratuitementau système en nous fournissant vosdonnées de ventes qui seront traitéesde façon confidentielle !CONTACTEZ-NOUS SANS PLUS TARDER !• 1 888 340-BTLF


DANS LA POCHEIPHIGÉNIE EN HAUTE-VILLEFrançois Blais, L’instant même, 204 p., 15$Finaliste au Prix des <strong>libraire</strong>s du Québec 2007, Iphigénie en Haute-Ville est un échange épistolaire entre deux jeunes un tantinetmisanthropes. Un jour de solitude, Érostrate ose composer le numéro,déniché dans un bar, d’une certaine Iphigénie. Malheureusement, labelle quittait la ville pour l’été. S’ensuit une correspondance électroniqueentrecoupée des passages du journal intime de la damoiselleet des interventions du narrateur. À travers leurs échanges sur la littérature russe etle Walmart, ils décident d’écrire un traité d’ésotérisme à quatre mains. Est-ce unehistoire d’amour? Oui et non, puisque cynisme et désillusion sont au rendez-vous.SOUDAIN LE MINOTAUREMarie Hélène Poitras, Triptyque, 164 p., 13$Écrit en deux parties, chacune relatant les états d’âme de deux êtresaux personnalités antagoniques, Soudain le Minotaure est l’histoire,horrible, d’un viol manqué. D’une part, Marie Hélène Poitras nousinvite dans l’univers de l’agresseur, un Guatémaltèque pour qui cecrime est devenu trop facile à perpétrer dans son pays natal. D’autrepart, on entre dans la vie d’Ariane, la victime, une voyageuse dansl’âme. Pour sa réédition en format poche, ce premier roman couronné du prix Anne-Hébert 2003 a été augmenté d’une postface inédite de l’auteure, dans laquelle elleexpose les raisons qui l’ont menée à se mettre dans la peau du violeur.LA PHYSIQUE DES CATASTROPHESMarisha Pessl, Folio, 832 p., 19,95$Récompensé par de nombreux prix littéraires, La physique des catastrophesest le premier roman de la jeune Marisha Pessl. Cettefiction, qui s’apparente au roman d’apprentissage, risque d’en surprendreplus d’un par son verbe ainsi que par ses nombreusesréférences culturelles et historiques. À 5 ans, Bleue perd sa mère.Son père, un intellectuel excentrique au charisme foudroyant, l’entraînesur les routes américaines. Une relation fusionnelle s’installe, jusqu’au jouroù, l’année précédent son entrée à Harvard, Bleue découvre sa professeure decinéma, pendue. Lorsqu’elle apprendra les causes du décès, sa relation avec sonpère s’en trouvera bouleversée…COMMENT LES RICHES DÉTRUISENT LA PLANÈTEHervé Kempf, Points, 160 p., 12,95$La crise économique retient l’attention, mais on ne doit pas pourautant en oublier l’urgence de la crise écologique. Croyant qu’ilest primordial de rester indépendant et de produire une informationexacte, Hervé Kempf dresse le portrait stupéfiant de notresituation mondiale actuelle et propose un principe simple: « Consommermoins, répartir mieux. » La notion de pauvreté doit êtrerelativisée, les riches doivent accepter de perdre un peu de confort, la croissancematérielle doit cesser: c’est en tenant compte de la dimension sociale de notresociété que l’on pourra résoudre la crise. Misant sur l’éveil des mentalités, ce portraitjuste et percutant reste cependant optimiste.LE TEMPS DES CENDRESJorge Volpi, Points, 608 p., 17,95$À mi-chemin entre le roman scientifique, la fresque historique etl’enquête policière, <strong>Le</strong> temps des cendres de Jorge Volpi est unroman grave, mais réaliste. Cet auteur mexicain, nommé attachéculturel à l’ambassade du Mexique à Paris en 2001, met en scènetrois femmes: Irina, une biologiste russe qui assiste à l’effondrementdu communisme, Jennifer, une fonctionnaire américaine,fille de sénateur et reine des négociations, et Eva, une émigrante hongroise etgénie de l’informatique qui participe activement au séquençage du génome humain.Ces trois héroïnes passionnées seront au cœur de l’Histoire, celle de laRussie, de la chute du communisme et du triomphe du capitalisme.DICTIONNAIRE ÉGOÏSTE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISECharles Dantzig, <strong>Le</strong> Livre de Poche, 1154 p., 17,95$C’est avec délectation qu’on découvre un portrait audacieux de lalittérature française, de ses auteurs comme de ses œuvres, de sespersonnages comme de ses notions, dans le Dictionnaire égoïstede la littérature française. On y lit entre autres que « les Goncourtsont agaçants », que Manon <strong>Le</strong>scaut est un « roman mal fait »,que Baudelaire est un « puceau intellectuel ». On en apprend aussibeaucoup sur l’ellipse, le roman d’anticipation, les notes en bas de page… Avecun brin d’humour, cet essai qui a obtenu le prix Décembre, le prix de l’Essai del’Académie française et le Grand Prix des lectrices de Elle, plaira à tous les amateursde belles-lettres.BETSI LAROUSSE OU L’INEFFABLE ECCÉITÉ DE LA LOUTRELouis Hamelin, Boréal Compact, 314 p., 15,95$Betsi Larousse ou l’ineffable eccéité de la loutre commence defaçon fracassante: un orignal s’écrase sur le pare-brise de lavoiture du narrateur, un sculpteur, puis atterrit sur la banquetteavant. L’intrusion, certes surprenante, ne surpasse cependantpas celle de l’idole de la chanson la plus en vogue, BetsiLarousse, qui se retrouvera assise à la même place quelque tempsplus tard… « L’écrivain dominant de sa génération », a affirmé RéginaldMartel dans La Presse à propos de Louis Hamelin qui, avec ce roman del’américanité publié originellement en 1994, confirmait sa parenté avec Kerouacet Hemingway.COMMENT J’AI TROUVÉ UN BOULOTJim Nisbet, Rivages/Noir, 368 p., 17,95$Trois amis, Ivy (une pieuvre tatouée sur le crâne), Lavina(surnommé « la Madone du pavot ») et Curly (guitariste dansdes bars minables) planifient de récupérer chez un certain Stepnowskidu matériel acheté à crédit, mais restent cependantpantois lorsqu’ils trouvent l’homme, baignant dans son sang. <strong>Le</strong>shurluberlus s’improviseront alors détectives et suivront la pistesinueuse d’un tueur brillant et insoupçonnable, dans un San Francisco méconnaissable.Avec son talent de conteur minutieux et ses personnages hors normes,Jim Nisbet nous entraîne dans un univers où se mêlent musique, drogues et meurtrieren série.MÊME LE MAL SE FAIT BIENMichel Folco, Points, 736 p., 17,95$On ne s’étonne pas que Michel Folco, avec sa prose caustique etsa plume acerbe, ait fait un tabac lors de son passage au Salon dulivre de Montréal. Dans Même le mal se fait bien, il raconte avechumour l’histoire de Marcello, un maître d’école casanier,amoureux fou des araignées, dont le père est décédé. <strong>Le</strong> testamentstipule que Marcello doit retrouver son demi-frère autrichien —duquel il ignorait jusqu’alors l’existence — pour pouvoir toucher son héritage. Aucours de son périple dans l’Europe du début du XX e siècle, il découvrira que sonpère était propriétaire d’un bordel, fera la rencontre de Freud et sera même frappépar la foudre!LÉCHÉES, TIMBRÉESJean Pierre Girard, L’instant même, 120 p., 11$Paru initialement en 1993, Léchées, timbrées est réédité cette saisonen format poche. <strong>Le</strong>s protagonistes des quinze nouvelles de JeanPierre Girard, essayiste, romancier et nouvelliste émérite, sontpresque tous des femmes. On retrouve, amalgamés, l’extraordinairequi côtoie le quotidien, la mutation de l’amour en douleur, la beautéqui crée la nouveauté ainsi que quelques réflexions sur la mort. Parexemple, dans « <strong>Le</strong> gant », c’est par une journée ensoleillée qu’un cycliste fera unesombre découverte qui le forcera à dévier de la ligne tracée de sa vie. L’urgence sedégage de chacun de ces textes succincts, qu’on lit, le souffle court.LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 71


LE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 72Publié par les Librairies indépendantes du Québec (LIQ), le <strong>libraire</strong> se trouveCENTRE DU QUÉBECEST DU QUÉBECLibrairie Baie St-PaulSUD DE MONTRÉALMONTRÉALLibrairie Asselin enr.Librairie A.B.C. Enr.Centre du QuébecLibrairie St-JeanLIBRAIRIEProcure de la Rive sudCHEZ NOS LIBRAIRIES ASSOCIÉESCENTRE DU QUÉBECLIBRAIRIE A.B.C. ENR.398, rue Saint-Joseph,La Tuque QC G9X 1L6,819 <strong>52</strong>3-5828LA LIBRAIRIE A. L’ÉCUYER INC.Galeries de Thetford,<strong>52</strong>0, boul. 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le <strong>libraire</strong>Volume 12, numéro <strong>52</strong>Avril - Mai 2009<strong>Le</strong>s <strong>libraire</strong>s craquent!ÉDITIONÉditeur: <strong>Le</strong>s librairies indépendantes du Québec (LIQ)PDG: Denis <strong>Le</strong>BrunPantoute<strong>Le</strong>s BouquinistesRÉDACTIONDirectrice: Hélène SimardRédacteur en chef: Stanley PéanAdjointe: Josée-Anne ParadisChroniqueurs: Mira Cliche, Nathalie Ferraris, Laurent Laplante,Robert Lévesque, Stanley Péan, Norbert Spehner, Michel VézinaComité: Christian Girard (Pantoute), Johanne Vadeboncœur(Clément Morin), Caroline Larouche (<strong>Le</strong>s Bouquinistes),Michèle Roy (<strong>Le</strong> Fureteur)Collaborateurs: Hélène Boucher, Anne-Josée Cameron, RémyCharest, Catherine Lachaussée, Florence Meney, Elsa PépinAnne-Marie GenestChristian GirardStéphane PicherCaroline LaroucheSteeve Lafleur<strong>Le</strong> FureteurLina <strong>Le</strong>ssardPRODUCTIONDirectrice: Hélène SimardMontage: KX3 Communication inc.Correction et révision linguistique: Yann RoussetVincent ThibaultThiery ParrotYves GuilletJosyane GirardIMPRESSIONPublications Lysar, courtierTirage: 35 000 exemplairesNombre de pages: 76le <strong>libraire</strong> est publié six fois par année(février, avril, juin, août, octobre, décembre).Clément MorinDes SommetsCarcajouPUBLICITÉHélène Simard 418 692-5421 | hsimard@le<strong>libraire</strong>.orgDISTRIBUTIONLibrairies partenaires et associéesAndré Beaulieu 418 692-5421 | abeaulieu@le<strong>libraire</strong>.orgKatia CourteauRené PaquinGuy MarchampsMarijoe Dubé-RoyMarie Lacoursewww.le<strong>libraire</strong>.orgTextes inédits - Actualité - Agenda - Coin des éditeursLa Maison de l’ÉducationÉdimestre: Cindy Paradis | edimestre@le<strong>libraire</strong>.orgWebmestre: Daniel Grenier | webmestre@le<strong>libraire</strong>.orgJohanne VadeboncoeurFrançois MartinUne réalisation des librairies Pantoute (Québec), Clément Morin(Trois-Rivières), <strong>Le</strong>s Bouquinistes (Chicoutimi) et <strong>Le</strong> Fureteur(Saint-Lambert).Une production des Librairies indépendantes du Québec (LIQ).Tous droits réservés. Toute représentation ou reproductionintégrale ou partielle n’est autorisée sans l’assentiment écritde l’éditeur. <strong>Le</strong>s opinions et les idées exprimées dans le <strong>libraire</strong>n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.le <strong>libraire</strong>Jocelyne VachonIsmaël BellilIsabellePrévost-LamoureuxAurélieChagnon-LafortuneVaugeoisFondé en 1998 | Dépôt légal Bibliothèque et Archivesnationales du Québec | Bibliothèque et Archives Canada |ISSN 1481-6342 | Envoi de postes-publications 40034260le <strong>libraire</strong> est subventionné par le Conseil des Arts du Canadaet la SODEC | le <strong>libraire</strong> reconnaît l’appui financier dugouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aideau développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pource projet.Hélène SimardStanley Péan Denis <strong>Le</strong>Brun Josée-Anne ParadisMarie-HélèneVaugeoisLE LIBRAIRE • AVRIL - MAI 2009 • 74LE LIBRAIRE est disponible dans 80 librairiesindépendantes du Québec, d’Ontarioet du Nouveau-Brunswick ainsi que dans700 bibliothèques affiliées aux CRSBP.Prochain numéro: 15 juinDOSSIER« Voyage voyage ! »Italie, Tibet, Algérie, Antilles:Partez sur les routes du mondeen compagnie des <strong>libraire</strong>s.Oups!Une erreur s’est glissée dans le précédentnuméro (no 51, février-mars 2009).Labelle et Camillien: Deux figures du populismecanadien français de Robert Lévesque publié parVLB Éditeur est un essai biographique où il estquestion de l’idéologie dont le sous-titre faitmention, et non un « essai sur le terroir et lacolonisation des terres de l’Outaouais » (« Entreparenthèses », p. 15).


JeunesseDes sagas et des aventurespour les passionnés dephénomènes insolites…editionsdemortagne.com


dans les livresLa viePhoto : © Mathieu Dupuiswww.edjour.comwww.edhomme.comNos livres d’inspiration Nos livres qui font du bienNos beaux livres<strong>Le</strong>s moulins à eau du QuébecTexte : Francine AdamPhotographies : Claude Bouchard<strong>Le</strong> Québec au fil de l’eauTexte : Marie-José AuclairPhotographies : Mathieu DupuisLa Gaspésie vue du cielTexte : Henri DorionPhotographies : Pierre Lahoud

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