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dans <strong>le</strong>ur étui, l’étui dans la pochette Biotherm et la pochette Biotherm dans <strong>le</strong> sacTod’s. C’est incroyab<strong>le</strong>... A ce niveau-là, c’est du prix coûtant. Comment tu veux qu’ons’en sorte s’ils cassent <strong>le</strong> marché comme ça ? C’est de la concurrence déloya<strong>le</strong>. Niplus ni moins. C’est... Il n’y a plus de marge alors, ils... C’est vraiment n’importe quoi.Ça me déprime, tiens...Et, plongée dans un abîme de perp<strong>le</strong>xité, el<strong>le</strong> se conso<strong>le</strong> en tournant longtemps sonsucre sans sucre au fond de son café sans caféine.Là, <strong>le</strong> plus diffici<strong>le</strong>, c’est de garder notre sang-froid jusqu’à la cuisine, mais quand on yest enfin, on se met à glousser comme des dindes en cha<strong>le</strong>ur. Si notre mère passepar là, el<strong>le</strong> se déso<strong>le</strong> « Ce que vous pouvez être mesquines toutes <strong>le</strong>s deux... » etLola répond offusquée « Euh... pardon... Ça m’a quand même coûté soixante- douzecaillasses, cette saloperie ! » Puis nous pouffons de nouveau en nous tenant <strong>le</strong>s côtesau-dessus du lave-vaissel<strong>le</strong>.- C’est bien, avec tout ce que tu as gagné cette nuit tu pourras participer aux fraisd’essence pour une fois...- D’essence ET de péage, dis-je en me frottant <strong>le</strong> nez.Je ne <strong>le</strong>s vois pas, mais je devine son petit sourire satisfait et ses deux mains poséesbien à plat sur ses genoux serrés.Je me déhanche pour extraire un grosbil<strong>le</strong>t de mon jean.- Laisse ça, dit mon frère. El<strong>le</strong> couine :- Mais, euh... Enfin, Simon, je ne vois pas pourqu...- J’ai dit laisse ça, répète mon frère sans hausser <strong>le</strong> ton.El<strong>le</strong> ouvre la bouche, la referme, se tortil<strong>le</strong> un peu, ouvre la bouche de nouveau,époussette sa cuisse, touche son saphir, <strong>le</strong> remet d’aplomb, inspecte ses ong<strong>le</strong>s, vapour dire quelqu... se tait fina<strong>le</strong>ment.Il y a de l’eau dans <strong>le</strong> gaz. Si el<strong>le</strong> la bouc<strong>le</strong>, ça signifie qu’ils se sont en- gueulés. Siel<strong>le</strong> la bouc<strong>le</strong>, ça signifie que mon frère a é<strong>le</strong>vé la voix.C’est si rare...Mon frère ne s’énerve jamais, ne dit jamais de mal de personne, ne connaît pas lamalveillance et ne juge pas son prochain. Mon frère est d’une autre planète. UnVénusien peut-être...Nous l’adorons. Nous lui demandons : « Mais comment tu fais pour être si calme ? » Ilhausse <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s : « Je ne sais pas. » Nous lui demandons encore :« Tu n’as jamais envie de te lâcher un peu quelquefois ? De dire des trucs bien petits,bien minab<strong>le</strong>s ? »« Mais je vous ai pour ça, mes beautés... » Répond-il dans un sourireangélique.Oui, nous l’adorons. Tout <strong>le</strong> monde l’adore d’ail<strong>le</strong>urs. Nos nounous, ses institutrices,<strong>le</strong>s profs, ses collègues de bureau, ses voisins... Tout <strong>le</strong> monde.Quand nous étions petites, affalées sur la moquette de sa chambre, en train d’écouterses disques et en lui taxant des becs pendant qu’il faisait nos devoirs, nousnous amusions à imaginer notre avenir. Nous lui prédisions :«Toi, tu es tel<strong>le</strong>ment gentil que tu te feras mettre <strong>le</strong> grappin dessus par une chieuse.»Bingo.

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