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Est-ce que je n’avais pas loupé un aiguillage ? Où est-ce que ça avait merdé ? Etquelqu’un m’attendait-il quelque part ? Les trois autres m’ont encouragée, m’ontsecouée un peu et j’ai fait semblant d’acquiescer à <strong>le</strong>ur bienveillance.D’ail<strong>le</strong>urs nous nous sommes tous secoués et nous avons tous fait semblantd’acquiescer.Parce que la vie, quand même, c’était un peu du bluff, non ?Ce tapis trop court et ces jetons manquants. Ces mains trop faib<strong>le</strong>s qui nousempêchent toujours de suivre... Nous en convenions bien tous <strong>le</strong>s quatre, avec nosgrands rêves et nos loyers à payer <strong>le</strong> 5 de chaque mois.Du coup, nous avons ouvert une autre bouteil<strong>le</strong> pour nous donner du courage !Vincent nous a fait rire en nous racontant ses derniers déboires sentimentaux :- Attendez, mais mettez-vous à ma place ! Une fil<strong>le</strong> que je piste pendant deuxmois, que j’attends pendant six heures devant sa fac, que j’emmène trois fois aurestau, que je raccompagne vingt fois jusqu’à son foyer à Tataouine-<strong>le</strong>s-Bains et quej’invite à l’opéra à cent dix bou<strong>le</strong>s la place ! Merde !- Et il ne s’est toujours rien passé entre vous ?- Rien. Nada. Que pouic. Alors merde quand même ! Deux cent vingt euros !Vous imaginez tous <strong>le</strong>s disques que j’aurais pu m’offrir avec ça ?- Tu me diras, un mec qui fait ce genre de calculs minab<strong>le</strong>s, je la comprends...persifla Lola.- Mais tu... tu as essayé de l’embrasser ? Demandai-je ingénue.- Non. Je n’ai pas osé. C’est ça qui est con...Gausserie des grands soirs.- Je sais. Je suis timide, c’est bête...- El<strong>le</strong> s’appel<strong>le</strong> comment ?- Eva.- El<strong>le</strong> est de quel<strong>le</strong> nationalité ?- J’sais pas. El<strong>le</strong> me l’a dit pourtant, mais je n’ai pas compris...- Je vois... Et euh... Tu sens que t’as une ouverture quand même ?- C’est diffici<strong>le</strong> à dire... Mais el<strong>le</strong> m’a montré des photos de sa mère...Trop c’était trop. Nous nous roulions dans l’herbe pendant que Don Juan ratait sesricochets.- Oh... suppliai-je, tu me <strong>le</strong> donnes celui-là ?Lola arracha une page de son carnet de croquis et me la tendit en <strong>le</strong>vant <strong>le</strong>s yeux auciel. El<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> avait su voir la grande nob<strong>le</strong>sse de mon héroïque ratier alanguiau so<strong>le</strong>il. Le seul mâ<strong>le</strong>, quand j’y pense, qui m’ait jamais couru après avec tant deconstance... Le dessin suivant était une très jolie vue du château.- Depuis <strong>le</strong> jardin anglais... précisa Vincent.- Nous devrions l’envoyer à Pop et lui écrire un petit mot, proposa sœur Lola.(Notre Pop n’avait pas de téléphone portab<strong>le</strong>.) (Note bien, il n’avait jamais eu detéléphone fixe non plus...)Comme toutes <strong>le</strong>s autres et depuis toujours, c’était une bonne idée, et commetoujours et pour perpète, nous nous rangeâmes derrière <strong>le</strong> panache blanc de notreaînée.On aurait dit <strong>le</strong> fond du car à la fin d’une colo. Feuil<strong>le</strong> et stylo passèrent de main enmain. Pensées, bonjours, tendresse, bêtises, petits cœurs et gros bisous avec.Le hic mais ça, c’était pas la faute de notre Pop, c’était cel<strong>le</strong> de Mai 68 c’est qu’on nesavait pas exactement où l’envoyer, notre <strong>le</strong>ttre.

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