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C’est Simon qui nous a réveillés, il était allé chercher des croissants au village.- De chez Pidou<strong>le</strong> ? lui ai-je demandé en bâillant.- De chez Pidoune.Ce jour-là, Vincent n’a pas ouvert <strong>le</strong>s gril<strong>le</strong>s.« Fermé pour cause de chutes de pierres », a-t-il écrit sur un bout de carton.Il nous a fait visiter la chapel<strong>le</strong>. Avec Nono, ils avaient déménagé <strong>le</strong> piano du châteaujusque devant l’autel et tous <strong>le</strong>s anges du ciel n’avaient plus qu’à swinguer en rythme.Nous avons eu droit à un petit concert.C’était amusant de se retrouver là un dimanche matin. Assis sur un prie-Dieu. Sageset recueillis dans la lumière des vitraux à écouter une nouvel<strong>le</strong> version de toque,toque, toque on heaven’s door...Lola voulait visiter <strong>le</strong> château de fond en comb<strong>le</strong>. J’ai demandé à Vincent de nousrefaire son show. Nous étions écroulés de rire.Il nous a tout montré : l’endroit où la châtelaine vivait, ses gaines, sa chaise percée,ses pièges à ragondins, ses recettes de pâtés au ragondin, sa bouteil<strong>le</strong> de gnô<strong>le</strong> etson vieux Bottin mondain tout graisseux d’avoir été tant tripoté. Et puis <strong>le</strong> cellier, lacave, <strong>le</strong>s dépendances, la sel<strong>le</strong>rie, <strong>le</strong> pavillon de chasse et l’ancien chemin de ronde.Simon s’émerveillait de l’ingéniosité des architectes et autres experts en fortifications.Lola herborisait.J’étais assise sur un banc de pierre et je <strong>le</strong>s observais tous <strong>le</strong>s trois.Mes frères accoudés au-dessus des douves... Simon devait regretter sa dernièremerveil<strong>le</strong> télécommandée... Ah, si seu<strong>le</strong>ment Sisseul Deubeulyou était là... Vincentdevait lire dans ses pensées, car il a précisé :- Oublie tes bateaux... Y a des carpes monstrueuses là-dedans... El<strong>le</strong>s te <strong>le</strong>sboufferaient en moins de deux...- Vraiment ?Si<strong>le</strong>nce rêveur à caresser <strong>le</strong> lichen des rambardes...- Au contraire, finit par murmurer notre capitaine Achab, ce serait beaucoupplus drô<strong>le</strong>... Il faudrait que je revienne avec Léo... Laisser de gros poiscail<strong>le</strong>s goberces joujoux auxquels il n’a jamais eu <strong>le</strong> droit de toucher, c’est ce qui pourrait nousarriver de mieux à tous <strong>le</strong>s deux...Je n’ai pas entendu la suite mais j’ai vu qu’ils se claquaient <strong>le</strong>s paumes comme s’ilsvenaient de conclure une bel<strong>le</strong> affaire.Et ma Lola à genoux, dessinant au milieu des marguerites et des pois de senteur... Ledos de ma sœur, son grand chapeau, <strong>le</strong>s papillons blancs qui s’y risquaient, sescheveux retenus dans un pinceau, sa nuque, ses bras qu’un récent divorce avaitdécharnés et <strong>le</strong> bas de son tee-shirt sur <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> tirait pour estomper ses cou<strong>le</strong>urs.Cette pa<strong>le</strong>tte de coton blanc qu’el<strong>le</strong> aquarellait peu à peu...Jamais je n’ai tant regretté mon appareil photo.

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