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Après, c’était comme dans un film de Kusturica avant qu’il se chope <strong>le</strong> melon.Les vieux chantaient des chansons tristes à mourir qui vous retournaient la bidoche,<strong>le</strong>s jeunes frappaient dans <strong>le</strong>urs mains et <strong>le</strong>s femmes dansaient autour du feu. Laplupart étaient grosses et mal fagotées mais, quand el<strong>le</strong>s bougeaient, tout ondulaitautour d’el<strong>le</strong>s.Les gamins continuaient de courir partout et <strong>le</strong>s mémés regardaient la télé en berçantdes nourrissons. Presque tous avaient des dents en or et souriaient largement pournous <strong>le</strong>s montrer.Vincent était au milieu d’eux comme un coq en pâte. Il jouait en fermant <strong>le</strong>s yeux,juste un peu plus concentré que d’habitude pour tenir <strong>le</strong>ur note et la distance.Les vieux avaient des ong<strong>le</strong>s comme des serres et <strong>le</strong>ur guitare était un peu creusée àl’endroit où ils la griffaient.Tdzouing tdzouing, toc.Même si on ne comprenait rien, il n’était pas diffici<strong>le</strong> de deviner <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s…Ô mon pays, où es-tu ? Ô mon amour, où es-tu ?Ô mon ami, où es-tu ? Ô mon fils, où es-tu ?Avec une suite qui devait dire à peu près :J’ai perdu mon pays, je n’ai que des souvenirs.J’ai perdu mon amour, je n’ai que des souffrances.J’ai perdu mon ami, je chante pour lui.Une vieil<strong>le</strong> nous servait des bières éventées. À peine avions-nous fini notre verrequ’el<strong>le</strong> revenait à l’assaut.Lola avait <strong>le</strong>s yeux brillants, el<strong>le</strong> tenait deux gamines sur ses genoux et se frottait<strong>le</strong> menton contre <strong>le</strong>urs cheveux. Simon me regardait en souriant.Nous en avions fait du chemin depuis ce matin, tous <strong>le</strong>s deux...Oups, revoilà la mémé hilare avec sa Valstar tiède...J’ai fait signe à Vincent pour savoir s’il avait quelque chose à fumer, mais il m’a faitcomprendre que chut, plus tard. Encore un contraste, tiens... Chez ces gens quin’envoient pas <strong>le</strong>urs mômes à l’éco<strong>le</strong>, qui laissent peut-être croupir un petit Mozartdans ce gourbi et qui sont bien arrangeants avec nos lois de sédentaires laborieux, onne fume pas d’herbe.Par sainte Merco-Benz, pas de ça chez nous.- Vous <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s, vous n’avez qu’à dormir dans <strong>le</strong> lit d’Isaure...- Avec <strong>le</strong>s râ<strong>le</strong>s qui montent des anciennes geô<strong>le</strong>s ? Non merci.- Mais c’est des conneries tout ça !- Et l’autre détraqué qui a <strong>le</strong>s c<strong>le</strong>fs ? Pas question. On dort avec vous !- O.K., O.K., t’énerve pas Garance...- Je m’énerve pas ! C’est juste que je suis encore vierge figure-toi !Fatiguée comme j’étais, j’avais quand même réussi à <strong>le</strong>s faire rire. J’étais assez fièrede moi.Les garçons ont dormi chez Joli Cœur et nous chez Ouragan.

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