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Un jeune type blanc comme une endive, assez craspec et avec un regard de veau engelée nous a conseillé de rejoindre <strong>le</strong> groupe au premier étage.Il y avait là quelques touristes égarés, des femmes à la cuisse mol<strong>le</strong>, un coup<strong>le</strong>d’instituteurs recueillis en Mephisto, des famil<strong>le</strong>s équitab<strong>le</strong>s, des gamins ronchons etune poignée de Bataves. Tous s’étaient retournés en nous entendant arriver.Vincent, lui, ne nous avait pas vus. Il était de dos et commentait ses mâchicoulis avecune fougue que nous ne lui connaissions pas.Premier choc : il portait un blazer élimé, une chemise rayée, des boutons demanchettes, un petit foulard rentré dans <strong>le</strong> col et un pantalon douteux mais à revers. Ilétait rasé de près et ses cheveux étaient plaqués en arrière.Deuxième choc : il racontait n’importe quoi.Ce château était dans la famil<strong>le</strong> depuis plusieurs générations. Aujourd’hui, il y vivaitseul en attendant de fonder un foyer et de remettre <strong>le</strong>s douves en état.C’était un endroit maudit puisqu’il avait été bâti en cachette pour la maîtresse dutroisième bâtard de François 1er, une certaine Isaure de Haut-Brébant rendue par luifol<strong>le</strong> de jalousie, disait- on, et qui était un peu sorcière à ses heures.…Et encore aujourd’hui, mesdames, messieurs, <strong>le</strong>s nuits où la lune est rousse dans <strong>le</strong>premier décan, on entend des bruits fort étranges, des espèces de râ<strong>le</strong>s monter descaves, cel<strong>le</strong>s-là mêmes qui faisaient office de geô<strong>le</strong>s autrefois...En aménageant la cuisine actuel<strong>le</strong> que vous verrez tout à l’heure, mon grand-père aretrouvé des ossements datant de la guerre de Cent Ans et quelques écus frappésdu sceau de Saint Louis. A votre gauche, une tapisserie du XIIe sièc<strong>le</strong>, à votre droite,un portrait de la fameuse courtisane. Notez <strong>le</strong> grain de beauté sous l’œil gauche,signe incontestab<strong>le</strong> de quelque malédiction divine...Vous ne manquerez pas d’admirer la magnifique vue depuis la terrasse... Les jours degrand vent, on aperçoit <strong>le</strong>s tours de Saint-Roch...Par ici, s’il vous plait. Attention à la marche.Pincez-moi, je rêve.Les touristes regardaient attentivement <strong>le</strong> grain de beauté de la sorcière et luidemandaient s’il n’avait jamais peur la nuit.- Parb<strong>le</strong>u, mais c’est que j’ai de quoi me défendre !Il désignait <strong>le</strong>s armures, hal<strong>le</strong>bardes, arbalètes et autres massues accrochées dansl’escalier.Les gens acquiesçaient gravement et <strong>le</strong>s caméras se dressaient.Mais qu’est-ce que c’était que ce délire ?Quand nous sommes passés devant lui en quittant la pièce, son visage s’est illuminé.Oh, rien que de très discret. Un hochement, tout au plus. Cette complicité du sang etdes anciennes accointances.La marque des Grands.Nous pouffions entre <strong>le</strong>s heaumes et <strong>le</strong>s arquebuses pendant qu’il continuait à pérorersur <strong>le</strong>s difficultés qu’engendrait l’entretien d’une tel<strong>le</strong> bâtisse... Quatre cents mètres

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