12.07.2015 Views

Lire le livre - Free

Lire le livre - Free

Lire le livre - Free

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

On se rappel<strong>le</strong> aussi que tout ça, cette apparente indifférence, cette discrétion, cettefaib<strong>le</strong>sse aussi, c’est la faute de nos parents.De <strong>le</strong>ur faute, ou grâce à eux.Parce que ce sont eux qui nous ont appris <strong>le</strong>s <strong>livre</strong>s et la musique. Ce sont eux quinous ont parlé d’autre chose et qui nous ont forcés à voir autrement. Plus haut, plusloin. Mais ce sont eux aussi qui ont oublié de nous donner la confiance. Ils pensaientque ça viendrait tout seul. Que nous étions un peu doués pour la vie et que <strong>le</strong>scompliments nous gâcheraient l’ego.Raté.Ça n’est jamais venu.Et maintenant nous sommes là. Sublimes toquards. Si<strong>le</strong>ncieux face aux excités avecnos coups d’éclat manqués et notre vague envie de vomir.Trop de crème pâtissière peut-être...Un jour, je me souviens, nous étions en famil<strong>le</strong> sur une plage près d’Hossegor etc’était rare que nous soyons en famil<strong>le</strong> quelque part, parce que la Famil<strong>le</strong> avec ungrand F majuscu<strong>le</strong>, ça n’a jamais été exactement pour nous - notre Pop (notre papan’a jamais voulu qu’on l’appel<strong>le</strong> Papa et, quand <strong>le</strong>s gens s’en étonnaient, nousrépondions que c’était à cause de mai soixante-huit. Ça nous plaisait bien commeexplication, « Mai 68 », c’était comme un code secret, c’était comme si on disait «C’est parce qu’il vient de la planète Zorg »), notre Pop, donc, a dû <strong>le</strong>ver <strong>le</strong> nez de son<strong>livre</strong> et il a dit : « Les enfants, vous voyez cette plage ? (La Côte d’Argent, vousvoyez comme plage ?)Eh bien, vous savez ce que vous êtes, vous, dans l’univers?(Oui ! Des privés de Chichis !)Vous êtes ce grain de sab<strong>le</strong>. Juste ce grain, là. Rien de plus. »Nous l’avons cru. Tant pis pour nous.- Qu’est-ce que ça sent ? s’inquiète Carine.J’étais en train d’éta<strong>le</strong>r la pâte de Madame Rachid sur mes jambes.- Mais que... qu’est-ce que c’est que ce truc ?!- Je ne sais pas. Je crois que c’est du miel ou du caramel mélangé avec de lacire et des épices...- Quel<strong>le</strong> horreur ! C’est vraiment dégoûtant. Et tu fais ça ici, toi ?- Bien obligée... Je ne vais pas y al<strong>le</strong>r comme ça. On dirait un yéti.Ma bel<strong>le</strong>-sœur s’est retournée en soupirant.- Tu fais attention aux fauteuils quand même... Simon, coupe la clim que j’ouvrema fenêtre.…s’il te plaît, ai-je ajouté entre mes dents.Madame Rachid avait enveloppé ce gros loukoum dans un tissu humide. « Riviens mivoir la prochaine fois. Riviens mi voir qui ji m’occupe di toi.Qui ji m’occupe di ton pitit jardin d’amour. Ti verras comme il sira ton homme quand jit’aurai tout en<strong>le</strong>vé, il sira comme un fou avec toi et ti pourras lui dimander tout ci que tivo... » m’avait- el<strong>le</strong> assuré dans un clin d’œil.Je souriais. Pas trop. Je venais de faire une tache sur l’accoudoir et jonglais avec mesK<strong>le</strong>enex. Quel merdier.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!