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cicatrisation.info : le livre© toute référen<strong>ce</strong> à <strong>ce</strong>t article doit porter la mention "www.cicatrisation.info",Petite histoire <strong>de</strong>s plaies et du pansementThierry LE GUYADECServi<strong>ce</strong> <strong>de</strong> Dermatologie, HIA Percy Clamart2006Nous n’avons pas vocation dans <strong>ce</strong>t article à être exh<strong>au</strong>stif, ne serait-<strong>ce</strong> que par<strong>ce</strong> que nous laissons<strong>de</strong> côté tout un pan <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cines « traditionnelles » (chinoise, indienne…). Notre volonté est plus <strong>de</strong>distraire par quelques anecdotes le lecteur, qui, s’il le souhaite, pourra trouver <strong>de</strong> plus amplesin<strong>format</strong>ions entre <strong>au</strong>tre dans l’ex<strong>ce</strong>llent livre <strong>de</strong> Christian Régnier : « l’Art <strong>de</strong> Panser » (1). Revenir<strong>au</strong>x sour<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine rend humble : vérité un jour, erreur le len<strong>de</strong>main, on s’aperçoit que lesquerelles d’écoles ont <strong>de</strong> tous temps existé. Ceci sera peut être utile <strong>au</strong> soignant qui voudra éviter toutdogmatisme !Voyager dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s plaies (2, 3)…L’art <strong>de</strong> soigner les plaies est <strong>au</strong>ssi vieux que l’humanité : « Confronté à une nature hostile, soumis à<strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x manuels dangereux, engagé dans <strong>de</strong>s conflits militaires in<strong>ce</strong>ssants, l’homme ne <strong>ce</strong>ssa <strong>de</strong>se blesser […] ; inhérentes <strong>au</strong> genre humain, les plaies constituent probablement le plus ancien <strong>de</strong>sproblèmes chirurgic<strong>au</strong>x… » (C Régnier) Savoir quoi faire et comment le faire est le résultat <strong>de</strong>millénaires d’observation, avant que <strong>ce</strong>la ne <strong>de</strong>vienne un “art” médical. On connaît l’exemple <strong>de</strong>grands singes qui usent <strong>de</strong> plantes à vertus médicinales, et dont l’utilisation par le reste <strong>de</strong> la troupese fait par imitation. On peut penser qu’il en fut <strong>de</strong> même chez l’homme, qui se transmettait ensuiteles re<strong>ce</strong>ttes <strong>de</strong> génération en génération. En quelques millénaires, les progrès ont été immenses,mais en <strong>ce</strong> qui con<strong>ce</strong>rne les pansements, c’est à partir du 19ème siècle que les choses se sontaccélérées.Du Néolithique <strong>au</strong> 19 ème siècle.Pendant l’Antiquité (jusque la chute <strong>de</strong> l’Empire Romain en 476 après JC) :Au Néolithique : 4 à 10 000 ans avant JC, les hommes pratiquaient déjà <strong>de</strong>s trépanations, suivies <strong>de</strong>survie prolongée, comme l’attestent les stigmates retrouvés sur <strong>de</strong>s squelettes : en effet, <strong>ce</strong>rtains <strong>de</strong><strong>ce</strong>s trous s’étaient rebouchés témoignant que la personne avait survécu ; <strong>ce</strong>s trépanations seraientencore parfois pratiquées dans <strong>ce</strong>rtaines tribus primitives à l’ai<strong>de</strong> d’un mor<strong>ce</strong><strong>au</strong> <strong>de</strong> bois durci et d’unesorte d’arc qu’on enroule à la façon d’un vilebrequin. On ne sait pas si <strong>ce</strong>s trépanations avaient un butmédical, ou étaient présumées évacuer les m<strong>au</strong>vais esprits. Les préparations à base <strong>de</strong> graisse etplantes étaient probablement utilisées comme <strong>au</strong>jourd’hui : « moins démunis que l’<strong>au</strong>stralopithèqueblessé, nous cicatrisons <strong>ce</strong>pendant encore comme lui » (Raymond Vilain)


En Egypte ancienne(4): Un <strong>de</strong>s plus anciens documents retrouvés (une tablette datant <strong>de</strong> 3000 ans)énumère une liste <strong>de</strong> re<strong>ce</strong>ttes à base <strong>de</strong> plantes (s<strong>au</strong>le, sapin…), <strong>de</strong> substan<strong>ce</strong>s animales (lait,serpent…) à utiliser sous forme <strong>de</strong> cataplasmes sur les blessures ; <strong>de</strong>s corps datant <strong>de</strong> 2500 ansavant JC ont été découverts, comportant <strong>de</strong>s fractures ouvertes traitées par contentionLe “Papyrus d’Edwin Smith” (- 1500 ans) est le plus célèbre et le plus complet <strong>de</strong>s « traitésmédic<strong>au</strong>x » égyptiens : il rapporte 48 « cas cliniques », surtout <strong>de</strong>s blessures <strong>de</strong> guerre, détaillant àchaque fois la conduite <strong>de</strong> l’examen, le diagnostic, le pronostic et le traitement à mettre en œuvre. Letraitement <strong>de</strong>s plaies ouvertes comporte ainsi : réductions <strong>de</strong>s fractures et luxation ; rapprochementpar bandages adhésifs avec <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>lettes ou par suture ; enfin l’application <strong>de</strong> b<strong>au</strong>mes à base <strong>de</strong>miel et <strong>de</strong> graisse.Voici quelques exemples <strong>de</strong> pansements utilisés à l’époque : le premier jour, <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> fraîche estsouvent appliquée sur les plaies, pour son effet calmant mais <strong>au</strong>ssi pour la croyan<strong>ce</strong> que la vian<strong>de</strong>prélevée sur un animal fraîchement abattu était encore imprégnée <strong>de</strong> vie. Ensuite, la plaie estrecouverte d’une préparation à base :o <strong>de</strong> miel, qui possè<strong>de</strong> un pouvoir antiseptique en modifiant le milieu dans lequel sedéveloppent les germeso <strong>de</strong> graisse ou <strong>de</strong> cire d’abeilles, adoucissantes et qui évitent l’adhéren<strong>ce</strong> du tampon <strong>de</strong> lin surla plaieo <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong>s (huile, vin, lait, e<strong>au</strong>) qui servent d’excipientso <strong>de</strong> fibres végétales absorbantes, <strong>de</strong>s tampons <strong>de</strong> charpieLe tout est maintenu par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>lettes <strong>de</strong> lin bien serrées, qui assurent la contention <strong>de</strong>s plaiesbéantes. Le nombre d’instruments chirurgic<strong>au</strong>x retrouvés dans les fouilles (son<strong>de</strong>s, curettes, aiguilles,bistouris…) montre la connaissan<strong>ce</strong> chirurgicale <strong>de</strong>s égyptiens, dès le 2ème millénaire avant JC.Vers la même époque, <strong>de</strong>s documents montrent qu’en Mésopotamie, les Sumériens utilisaient <strong>au</strong>ssiles « pansements occlusifs » à base <strong>de</strong> graisse et miel, et les vertus analgésiques <strong>de</strong> l’opium. A l’<strong>au</strong>trebout du mon<strong>de</strong>, en In<strong>de</strong>, un texte contemporain en Sanskrit décrit 14 types <strong>de</strong> bandages, la façon <strong>de</strong>les utiliser, <strong>de</strong> suturer et couvrir une plaieEn Grè<strong>ce</strong> : Les Grecs connaissaient sûrement les pratiques égyptiennes du traitement <strong>de</strong>s plaies,qu’ils adaptèrent et améliorèrent. Il f<strong>au</strong>t dire que les guerres entre cités étaient fréquentes, sour<strong>ce</strong>s<strong>au</strong>ssi d’une riche littérature qui nous permet <strong>de</strong> connaître les techniques d’époque. Ainsi, dans l’Ilia<strong>de</strong>et l’Odyssée, récits attribués à Homère (9ème siècle avant JC), près <strong>de</strong> 200 héros meurent <strong>de</strong>blessures bien i<strong>de</strong>ntifiées. 1000 ans avant JC, la précision <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions anatomiques indique lesbonnes connaissan<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> l’époque : les premiers soins sont appliqués par les combattants euxmêmes ou par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins : on extrait le trait vulnérant, le sang est lavé à l’e<strong>au</strong> tiè<strong>de</strong>, et on pose surla plaie <strong>de</strong>s plantes <strong>au</strong>x propriétés hémostatiques et calmantes… Puis vint Hippocrate (460 avant JC),considéré comme le “père fondateur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine occi<strong>de</strong>ntale” : ses recommandations durerontplus <strong>de</strong> 2000 ans ; localement, il lave la plaie avec une éponge, applique une piè<strong>ce</strong> propre <strong>de</strong> linimbibé <strong>de</strong> vin ou <strong>de</strong> vinaigre ; il conseille l’e<strong>au</strong> <strong>de</strong> mer pour le nettoyage et lutter contre l’œdème,toutes choses encore d’actualité ! Mais il considère la suppuration <strong>de</strong>s plaies comme né<strong>ce</strong>ssaire à leurcicatrisation.info : le livre2


guérison… et préconise parfois purge, saignée et diète : tout <strong>ce</strong>ci restera encore trop souvent la règlejusqu’<strong>au</strong> 19ème siècle et on imagine les dégâts sur un organisme déjà affaibli.A Rome : En mé<strong>de</strong>cine comme en chirurgie, les Romains s’inspirèrent <strong>de</strong>s Grecs (qui s’étaientrappelons le inspirés <strong>de</strong>s Egyptiens…), avant tout par<strong>ce</strong> que les premiers mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> Rome étaient<strong>de</strong>s Grecs. Des instruments retrouvés et <strong>de</strong>s écrits semblent montrer que <strong>ce</strong>rtains s’étaient déjàspécialisés dans le traitement <strong>de</strong>s plaies. Au premier siècle avant JC, le grand encyclopédiste romainCelse rappelle l’importan<strong>ce</strong> d’arrêter l’hémorragie (compression à l’e<strong>au</strong> vinaigrée ou c<strong>au</strong>térisation) etsurtout <strong>de</strong> bien nettoyer la blessure <strong>de</strong>s caillots <strong>de</strong> sang ; les plaies souillées étaient ensuite suturéessans être trop rapprochées et parfois recouvertes d’un mélange appelé barbarum (huile, vinaigre,aluminium, oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> plomb…) astringent et antiseptique. Galien (131 après JC) décrit quant à lui laligature <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x pour arrêter les hémorragies (il était entre <strong>au</strong>tres mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>s gladiateurs) ;son <strong>au</strong>torité fut absolue jusqu’<strong>au</strong> Moyen-Âge. Hélas, <strong>ce</strong>rtaines <strong>de</strong> ses théories firent sûrementquelques ravages… En effet, d’après lui comme d’après Hippocrate d’ailleurs, le pus est nonseulement une étape souvent né<strong>ce</strong>ssaire à la cicatrisation… mais il doit en plus être favorisé (parl’application <strong>de</strong> différentes substan<strong>ce</strong>s dans la plaie) : c’est le "pus bonum et l<strong>au</strong>dabile" (pus bon etlouable). Jusqu’<strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Lister <strong>au</strong> 19éme siècle, <strong>ce</strong>tte théorie <strong>de</strong> “guérison par suppuration” vaà <strong>de</strong> rares ex<strong>ce</strong>ptions l’emporter sur la fermeture par “première intention”Au Moyen-Âge (du Cinquième <strong>au</strong> quinzième siècle = Renaissan<strong>ce</strong>) :L’Empire Byzantin ou Empire Romain d’Orient est l’héritier <strong>de</strong> l’Empire Romain, (il durera jusque laprise <strong>de</strong> Constantinople construite sur le site <strong>de</strong> Byzan<strong>ce</strong> en 1453 par les Turcs et qui <strong>de</strong>viendraIstanbul). Les pratiques sont bien sûr dans la continuité <strong>de</strong>s Grecs et <strong>de</strong>s Romains. On doit àOribasius <strong>au</strong> quatrième siècle un traité colligeant toutes les connaissan<strong>ce</strong>s médicales <strong>de</strong> l’époque, enparticulier en matière <strong>de</strong> pharmacologie. Il mentionne avec précision l’origine, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> préparationet les propriétés <strong>de</strong>s différentes drogues re<strong>ce</strong>nsées, et rédige un livre <strong>de</strong> vulgarisation (l’Euporista) quicontenait 250 drogues faciles à se procurer.Ainsi, avant la chute <strong>de</strong> Rome en 476, les mé<strong>de</strong>cins gréco-romains savent traiter différentes formes<strong>de</strong> plaies, possè<strong>de</strong>nt du matériel chirurgical, <strong>de</strong>s topiques et différentes formes <strong>de</strong> pansements.A partir du Septième siècle, on note le formidable développement <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> la chirurgieArabes, d’abord basées sur les textes anciens traduits, puis qui connaîtra ensuite ses proprescélébrités comme Albucasis (11 ème siècle) ou Avi<strong>ce</strong>nne. Au 12ème et 13ème siècles : les croisa<strong>de</strong>s<strong>au</strong>ront une gran<strong>de</strong> influen<strong>ce</strong> sur la mé<strong>de</strong>cine occi<strong>de</strong>ntale par les nombreux échanges quis’installèrent. En effet, si la plupart <strong>de</strong>s <strong>au</strong>teurs pensent encore que le pus est né<strong>ce</strong>ssaire (ils croientque la fermeture primaire est contre-indiquée et <strong>au</strong> contraire, les plaies sont élargies avec les doigts et“méchées” avec <strong>de</strong> l’étoffe trempée dans du blanc d’œuf…), on retrouve régulièrement l’utilisationd’un mélange <strong>de</strong> blanc d’œuf, d’huile <strong>de</strong> rose, et <strong>de</strong> vin, emprunté à la mé<strong>de</strong>cine arabe et surtout à<strong>ce</strong>tte époque survient la première « rébellion » contre l’idée du 3pus bonum et l<strong>au</strong>dabile3 : un vétéran<strong>de</strong>s croisa<strong>de</strong>s, Hugh of Lucca, son élève Théodoric et un chirurgien français, Henri <strong>de</strong> Mon<strong>de</strong>ville(chirurgien <strong>de</strong> Philippe le Bel), vers 1300 après JC recomman<strong>de</strong>nt que la plaie nettoyée (en particulierà l’e<strong>au</strong> salée) soit suturée rapi<strong>de</strong>ment et que <strong>de</strong>s compresses soient appliquées <strong>de</strong>ssus et non danscicatrisation.info : le livre3


la plaie. Henri <strong>de</strong> Mon<strong>de</strong>ville était un grand défenseur <strong>de</strong> la désinfection <strong>de</strong>s plaies et <strong>de</strong> leurassèchement : sur les blessures propres, il versait du vin ch<strong>au</strong>d et appliquer un pansement sec ; lesblessures profon<strong>de</strong>s étaient <strong>au</strong> contraire traitées par méchage et onguents.Mais leurs théories meurent avec eux et les vieilles techniques continueront à être appliquées près <strong>de</strong>500 ans !Le Traité “Chirurgia Magna” <strong>de</strong> Guy <strong>de</strong> Ch<strong>au</strong>liac (1363) représente le summum <strong>de</strong>s connaissan<strong>ce</strong>sen chirurgie médiévale : il sera reconnu comme un remarquable chirurgien jusqu’<strong>au</strong> début duvingtième siècle… où on lui reprochera d’avoir comme les anciens voulu favoriser la suppuration. Maisil expose <strong>de</strong>s principes encore d’actualité : enlever les corps étrangers, rapprocher et maintenir lesbords d’une plaie ou dans <strong>ce</strong>rtains cas utiliser <strong>de</strong>s drains, appliquer les pansements sur et non dans laplaie... Son traité ne sera dépassé que par les “Dix livres <strong>de</strong> chirurgie” d’Ambroise Paré, <strong>de</strong>ux sièclesplus tard.La Renaissan<strong>ce</strong> :Au seizième siècle, les armes à feu commen<strong>ce</strong>nt à être utilisées à gran<strong>de</strong> échelle, et ren<strong>de</strong>nt lesplaies <strong>de</strong> guerre plus complexes… Les mé<strong>de</strong>cins comme Jean <strong>de</strong> Vigo pensent qu’il f<strong>au</strong>t en pluscombattre “l’empoisonnement” dû à la poudre par c<strong>au</strong>térisation à l’huile bouillante ou <strong>au</strong> fer rouge,utilisé <strong>au</strong>ssi pour les amputations… Les malheureux blessés avaient à subir une <strong>de</strong>uxième atteinteencore plus douloureuse et délabrante que la première… Ambroise Paré (1509-1590) fut viteconvaincu <strong>de</strong> la nocivité <strong>de</strong> l’huile bouillante (qu’il remplaça par un mélange <strong>de</strong> j<strong>au</strong>ne d’œuf, huile <strong>de</strong>rose et térébenthine) ; il est un <strong>de</strong>s premiers à ligaturer les vaisse<strong>au</strong>x lors <strong>de</strong>s amputations ; il fut pourbe<strong>au</strong>coup dans l’amélioration du sort réservé <strong>au</strong>x prisonniers blessés : guidés par sa foi ("Je lepensey, Dieu le guarist"), il fut en quelque sorte le précurseur <strong>de</strong>s « Conventions <strong>de</strong> Genève » ! Il fit<strong>au</strong>ssi l’observation que <strong>de</strong>s larves d’insectes avaient empêché la suppuration <strong>de</strong> blessures vieilles <strong>de</strong>plusieurs jours et il prépara un onguent à base <strong>de</strong> lys et larves bouillies . Grâ<strong>ce</strong> à lui, la conservationmorale et physique <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong>vint une préoccupation <strong>de</strong>s souverains. Au 17ème siècle, <strong>de</strong> plusen plus <strong>de</strong> chirurgiens s’opposent à la théorie an<strong>ce</strong>strale <strong>de</strong> la suppuration <strong>de</strong>s plaies, mais surtoutapparaissent les premiers trav<strong>au</strong>x anatomocliniques, comme la théorie circulatoire énoncée en 1628par Harvey. Les praticiens commen<strong>ce</strong>nt à s’intéresser <strong>au</strong>x pro<strong>ce</strong>ssus pathologiques, et la mé<strong>de</strong>cine<strong>ce</strong>sse peu à peu d’être un art purement pragmatique et d’observation. C’est l’époque <strong>de</strong> la <strong>format</strong>ion<strong>de</strong>s premières académies <strong>de</strong> Paris, Londres, Vienne…Au 18 ème siècle :Un chirurgien écossais, John Hunter, joue un rôle important dans la chirurgie mo<strong>de</strong>rne. Il remet enc<strong>au</strong>se les vieilles métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> traitement, en particulier le fait d’élargir les plaies… Il s’interroge surl’origine <strong>de</strong> la suppuration, classiquement attribuée à l’air vicié, et remarque le rôle délétère <strong>de</strong>l’exposition prolongée <strong>de</strong>s plaies à l’air. Expert en dissection, ses nombreux écrits permirent <strong>de</strong>considérer la chirurgie comme une discipline médicale à part entière.cicatrisation.info : le livre4


Au 19 ème siècle :Des progrès sont enfin réalisés, grâ<strong>ce</strong> <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> la chirurgie militaire, en particulierpendant les guerres napoléoniennes et surtout par la découverte du rôle <strong>de</strong>s germes dans lesinfections <strong>de</strong>s plaies.A l’inverse <strong>de</strong>s chirurgiens militaires qui soignaient les blessés ramenés à l’arrière, les chirurgiens <strong>de</strong>l’Empire choisirent d’aller les secourir <strong>au</strong> plus près du champ <strong>de</strong> bataille Pendant les Campagnes <strong>de</strong>Napoléon, les fameux barons Larrey et Percy améliorent la prise en charge <strong>de</strong>s blessés enperfectionnant les techniques opératoires, imaginent les ambulan<strong>ce</strong>s volantes, <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>xinstruments, le rôle du triage et inventent donc <strong>ce</strong> qui sera nommé <strong>au</strong> 20ème siècle la « mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong>l’avant ». Le Baron Jean Dominique Larrey (1766-1842), par exemple, organise (5) <strong>de</strong>s légionsmédicales avec chirurgiens, infirmiers, ambulan<strong>ce</strong>s… particulièrement bien approvisionnées durantles belles années <strong>de</strong> l’Empire : les pansements habituellement utilisés sont composés <strong>de</strong> charpie(obtenue par effilage <strong>de</strong> vieille toile <strong>de</strong> lin ou <strong>de</strong> coton), d’étoupe (peignage <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> lin ou <strong>de</strong> coton),<strong>de</strong> toile <strong>de</strong> lin et <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>lettes agglutinatives pour maintenir les berges <strong>de</strong>s plaies. Les pansementssont imbibés <strong>de</strong> préparation visant à déterger la plaie et stimuler la cicatrisation : vin miellé, e<strong>au</strong> <strong>de</strong>vie, vinaigre camphré, b<strong>au</strong>mes et onguents à base d’huile, <strong>de</strong> j<strong>au</strong>ne d’oeuf, <strong>de</strong> térébenthine… Maishélas <strong>ce</strong>tte abondan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> bien ne dura pas ; dans les <strong>de</strong>rnières campagnes, tout est bon pourrempla<strong>ce</strong>r la charpie : chiffons, lambe<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chemises, mousse et feuilles sont utilisés pour leurpouvoir absorbant ; en Russie, du papier trouvé dans les archives rempla<strong>ce</strong> le linge et les vieuxparchemins servent d’attelles! Et bien souvent, c’est l’e<strong>au</strong> “pure” <strong>de</strong> la Moselle, du Rhin, du Danubequi servira à Percy <strong>de</strong> pansement humi<strong>de</strong>. Toute sa vie, Larrey fut <strong>au</strong> servi<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s blessés et unecélèbre anecdote (2) résume bien sa vie : lors <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Waterloo, Larrey ne pouvait se tenirdans son ambulan<strong>ce</strong> <strong>ce</strong>ntrale et à chaque instant, on le voyait dans la mêlée, portant secours <strong>au</strong>xblessés… Wellington, qui suivait le combat, l’aperçut : « quel est <strong>ce</strong>t <strong>au</strong>dacieux ? » - « C’est Larrey »,lui répond-on – « Allez dire <strong>de</strong> ne pas tirer <strong>de</strong> <strong>ce</strong> côté : laissons à <strong>ce</strong> brave le temps <strong>de</strong> ramasser sesblessés » et il souleva son chape<strong>au</strong> – « Qui saluez vous ? » fit le Duc <strong>de</strong> Cambridge – « Je saluel’honneur et la loy<strong>au</strong>té qui passent »…Le progrès majeur fut bien sûr la découverte <strong>de</strong>s germes : quelques chirurgiens, comme le lyonnaisCl<strong>au</strong><strong>de</strong> Poute<strong>au</strong> en 1750, affirmaient déjà que la gangrène provenait du contact <strong>de</strong> la plaie avec <strong>de</strong>sinstruments ou <strong>de</strong>s mains souillés, et préconisaient <strong>de</strong>s mesures élémentaires d’asepsie. Maisnombre <strong>de</strong> leurs confrères combattaient <strong>ce</strong>s théories croyant en l’existen<strong>ce</strong> <strong>de</strong> « miasmesatmosphériques »… Jusqu’<strong>au</strong> 18ème siècle, les chirurgiens travaillaient souvent avec <strong>de</strong>s vêtementsordinaires, tachés <strong>de</strong> sang, sans se laver les mains ni changer d’instruments. Ce qu’on nommait alorsla “pourriture d’hôpital”, en fait les infections nosocomiales, produisaient <strong>de</strong>s ravages parfoissupérieurs à la maladie elle-même. Puis « Vint Semmelweis, qui tuait les germes sans les voir, <strong>au</strong>milieu <strong>de</strong> chirurgiens qui tuaient les patients sans prendre gar<strong>de</strong> <strong>au</strong>x germes! » (R Vilain). En effet, en1847, un mé<strong>de</strong>cin Hongrois, Semmelweis, remarque que les patients traités par <strong>de</strong>s étudiants qui<strong>au</strong>paravant avaient pratiqué <strong>de</strong>s dissections, avaient plus <strong>de</strong> risques d’être infectés : il astreint sonéquipe à une hygiène rigoureuse, <strong>ce</strong> qui fait chuter la mortalité… mais il est renvoyé <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong>Vienne pour attitu<strong>de</strong> outrageante! Personne ne savait à l’époque que les maladies se transmettaientcicatrisation.info : le livre5


par les microbes… En 1860, Louis Pasteur découvre le premier que <strong>ce</strong> sont <strong>de</strong>s micro-organismes,et non l’air, qui sont responsables <strong>de</strong> la fermentation, et qu’on peut les détruire <strong>de</strong> différentesmanières. En 1865, le chirurgien britannique Joseph Lister, qui avaient déjà remarqué que lesfractures ouvertes s’infectaient be<strong>au</strong>coup plus que les fractures fermées, prend connaissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>strav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Pasteur : il pense alors que la suppuration <strong>de</strong>s plaies doit être due à <strong>ce</strong>s microorganismes.Il a l’idée d’utiliser le phénol (employé pour nettoyer les égouts) dilué, d’abord pournettoyer les plaies, puis stériliser les mains et les instruments… Conscient <strong>de</strong> l’importan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> sestrav<strong>au</strong>x, il <strong>au</strong>rait dit : « j’ai s<strong>au</strong>vé plus <strong>de</strong> vie que toutes les guerres <strong>de</strong> l’humanité réunies en ont pris ».Le développement <strong>de</strong> l’antisepsie allait s’accompagner <strong>de</strong> la découverte <strong>de</strong>s premiers anesthésiqueset révolutionner la chirurgie. Les pansements se développent parallèlement à la généralisation <strong>de</strong>l’asepsie. « L’art délicat <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong>s pansements » <strong>de</strong>vient peu à peu le domaine réservé <strong>de</strong>l’infirmière, et en 1880 presque un tiers du programme <strong>de</strong>s cours est consacré à la confection <strong>de</strong>spansements (Les temps ont bien changés car les pansements ne sont quasiment plus enseignésdans le cursus infirmier…). Vers 1890, l’Assistan<strong>ce</strong> Publique crée même le corps <strong>de</strong>s infirmièrespanseuses. A la fin du XIXème siècle, les pansements s’améliorent: la né<strong>ce</strong>ssité d’effectuer <strong>de</strong>spansements propres et stériles s’impose ; le coton et la gaze rempla<strong>ce</strong>nt les vieux pansements…Lechirurgien Gamgee développe par exemple un “pansement antiseptique et absorbant”.Ainsi, pendant près d’un siècle la pratique du pansement <strong>au</strong>ra surtout pour but <strong>de</strong> prévenir l’infection,en faisant barrière entre la plaie et le mon<strong>de</strong> extérieur, mais sans avoir vraiment <strong>de</strong> rôle dans lacicatrisation...Le vingtième siècle :La Gran<strong>de</strong> Guerre engendra <strong>de</strong>s tr<strong>au</strong>matismes d’une ex<strong>ce</strong>ptionnelle gravité, confrontant chirurgienset mé<strong>de</strong>cins à <strong>de</strong>s plaies étendues et souillées, rendant né<strong>ce</strong>ssaire d’inévitables progrès chirurgic<strong>au</strong>x.Pendant la Première Guerre Mondiale, si le traitement <strong>de</strong>s plaies <strong>de</strong> guerre est bien codifié (excisionlarge <strong>de</strong>s tissus nécrotiques, débri<strong>de</strong>ment préco<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s plaies, application répétée <strong>de</strong> Dakin puiséventuellement suture secondaire), peu <strong>de</strong> chirurgiens s’intéressent à la cicatrisation : les plaies sontsouvent traitées par <strong>de</strong>s pansements secs, voire parfois occlusifs <strong>au</strong> coton cardé, ou antiseptiques <strong>au</strong>charbon ou alcool iodée, changés tous les 3 ou 4 jours : il s’en suit douleurs, infections, hémorragies,retard <strong>de</strong> cicatrisation…Auguste Lumière, un <strong>de</strong>s inventeurs du cinématographe, sera heureusementun <strong>de</strong>s pionniers <strong>de</strong> la cicatrisation mo<strong>de</strong>rne (6). Il applique les principes <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cineexpérimentale <strong>au</strong>x plaies ; il poursuit les trav<strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x initiés par le chirurgien lyonnais AlexisCarrel et Lecomte du Noüy : il étudie <strong>de</strong>s plaies expérimentales sur 44 chiens, puis sur une <strong>ce</strong>ntaine<strong>de</strong> plaies <strong>de</strong> guerre… En 1915, Lumière met <strong>au</strong> point un pansement révolutionnaire, le fameux “TulleGras Lumière”, semi-occlusif, non adhérent et surtout stérile. Par ailleurs, il établit les règles d’un bonpansement : changé tous les jours <strong>au</strong> début, puis un jour sur 2, non adhérent (l’emploi du tulle grasdiminue <strong>de</strong> 30% la durée <strong>de</strong> cicatrisation); stérile mais en évitant “l’emploi d’un antiseptique fort quiinhibe la régénération tissulaire, et l’abus <strong>de</strong> poudres et onguents bactériostatiques qui engendrent <strong>de</strong>l’eczéma <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> la plaie”, fermé avec un bandage stérilisé en veillant à <strong>ce</strong> que la plaie ne soit passujette à frottement ou tr<strong>au</strong>matisme. Enfin, Auguste Lumière théorise en 1922 ses trav<strong>au</strong>x dans uncicatrisation.info : le livre6


ouvrage (“les lois <strong>de</strong> la cicatrisation cutanée”) où il montre que la cicatrisation est un pro<strong>ce</strong>ssusrégulier, normalement <strong>de</strong> 1 mm/jour et le temps <strong>de</strong> cicatrisation est proportionnel à la largeurmaximale...Entre les <strong>de</strong>ux guerres mondiales, la prise en charge <strong>de</strong>s « gueules cassées » fait faire d’énormesprogrès à la chirurgie réparatri<strong>ce</strong>. Con<strong>ce</strong>rnant les pansements, la charpie disparaît après 15 siècles <strong>de</strong>règne sans partage, remplacée par la ouate ou coton cardé… Les compresses tissées font leurapparition, sous forme <strong>de</strong> roule<strong>au</strong>x qu’infirmières (et mala<strong>de</strong>s!) découpaient et pliaient eux-mêmesavant <strong>de</strong> les stériliser à l’<strong>au</strong>toclave. Des topiques se développent par dizaines, à base <strong>de</strong> vitamine A etD contenues dans l’huile <strong>de</strong> poisson, d’allantoïne, <strong>de</strong> chlorophylle... A <strong>ce</strong>tte époque, on utilise souvent« l’asticothérapie » (7), métho<strong>de</strong> observée <strong>de</strong> façon très ancienne et bien décrite par Ambroise Parépendant sa campagne d’Italie, ou par D. Larrey qui l’a utilisée en Egypte par la for<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s choses :“toutefois <strong>ce</strong>s insectes ont souvent accéléré la cicatrisation <strong>de</strong>s plaies en provoquant la chute <strong>de</strong>sescarres qu’ils avaient dévorés…” (5). Très utilisée pendant la première guerre mondiale, on retrouveune publication <strong>de</strong> son intérêt en milieu civil en 1931… puis elle tombe en désuétu<strong>de</strong> dans les années4O avec l’arrivée <strong>de</strong>s antibiotiques. Cette métho<strong>de</strong> (the maggot therapy) revient en for<strong>ce</strong> <strong>de</strong>puis 10ans dans les pays Anglo-Saxons… en particulier en cas <strong>de</strong> germes résistants <strong>au</strong>x antibiotiques! C’estbien sûr l’invention <strong>de</strong> <strong>ce</strong>s <strong>de</strong>rniers qui représente l’avancée thérapeutique majeure : dès 1910, P<strong>au</strong>lEhrlich découvre le Salvarsan, premier médicament à avoir un effet antibactérien à l’origine dudéveloppement <strong>de</strong>s sulfami<strong>de</strong>s. Flemming découvre la pénicilline en 1929 et H. Florey et E Chainmettent <strong>au</strong> point en 1929 sa production industrielle ; elle sera très utilisée dans les blessures <strong>de</strong>guerre pendant la secon<strong>de</strong> guerre mondiale.Mais en <strong>ce</strong> qui con<strong>ce</strong>rne les plaies, be<strong>au</strong>coup pensent encore qu’elles guérissent mieux si on leslaisse à l’air et qu’une croûte se forme….Ce n’est qu à partir <strong>de</strong>s années 60 qu’on commen<strong>ce</strong> à penser que la composition et les propriétés dupansement peuvent jouer un rôle dans la cicatrisation. En effet, jusque là, on pensait que plus la plaieétait asséchée, plus la cicatrisation serait rapi<strong>de</strong>, avec un risque moindre d’infection. En 1962, Winterpublie ses trav<strong>au</strong>x sur <strong>de</strong>s modèles anim<strong>au</strong>x : il crée <strong>de</strong>s plaies <strong>de</strong> 2,5 cm2 par brûlures sur <strong>de</strong>scochons, qu’il répartit en 3 groupes et dont il observe les résultats <strong>de</strong> la cicatrisation à 3 jours : <strong>ce</strong>uxqui ont reçu un pansement occlusif maintenant milieu humi<strong>de</strong> ont une cicatrisation <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 90 % ;<strong>ce</strong>ux dont la plaie est séchée à l’air libre : <strong>ce</strong>lle ci est à moitié cicatrisée alors que <strong>ce</strong>ux traités par uncourant d’air ch<strong>au</strong>d voient leur plaie cicatrisée seulement à 18%. Ces données seront confirmées chezl’homme un an plus tard par Hinman et MaibachCes trav<strong>au</strong>x montrant les effets bénéfiques d’un environnement humi<strong>de</strong> sur la cicatrisation ont conduitles laboratoires à mettre en œuvre <strong>de</strong>s recherches intensives qui ont abouti à la production <strong>de</strong>spansements mo<strong>de</strong>rnes : dans les années 1980 sont apparus les hydrocolloï<strong>de</strong>s, d’abord utilisés dansles pansements <strong>de</strong> stomie, développés par les laboratoires Coloplast et Convatec, première révolutiondans le traitement <strong>de</strong>s plaies <strong>de</strong> tous types ; mais leurs inconvénients (macération, o<strong>de</strong>ur…) ont faitpoursuivre les recherches et développer dans les années 1990 les hydro<strong>ce</strong>llulaires, souvent mieuxsupportés. Le marché a ensuite “explosé” avec la mise <strong>au</strong> point <strong>de</strong> pansements adaptés à toutes lescicatrisation.info : le livre7


situations : hydrogels pour les plaies trop sèches, alginates et hydrofibres pour les plaies tropsuintantes...En Fran<strong>ce</strong>, la prise en charge mo<strong>de</strong>rne et standardisée <strong>de</strong>s plaies est une histoire ré<strong>ce</strong>nte : rendonshommage à un <strong>au</strong>tre pionnier, Raymond Vilain (1921-1989) qui à l’hôpital Boucic<strong>au</strong>t évoquait déjàles problèmes d’écologie microbienne. La Société Française et Francophone Des Plaies etCicatrisations est crée en 1997 par les docteurs Sylvie Me<strong>au</strong>me et Luc Téot ; elle réunit <strong>de</strong>s soignantsvenus <strong>de</strong> multiples horizons et crée en 1998 le premier diplôme <strong>de</strong> Plaies et Cicatrisation. Elle a soncongrès annuel, son journal et <strong>de</strong>puis sa création, d’<strong>au</strong>tres diplômes ont vu le jour et les rése<strong>au</strong>x villehôpitalse sont développés, créant une dynamique nouvelle.Quelques <strong>au</strong>tres pansements...Pansements à base d’argent (8) : l’argent est utilisé per os <strong>de</strong>puis l’Antiquité dans <strong>de</strong> nombreusesaffections, mais c’est <strong>au</strong> 18ème siècle que le nitrate d’argent <strong>de</strong>vient une thérapeutique <strong>de</strong> choix dansles plaies et les ulcère, pour les assécher et les “tanner”. Il est encore très utilisé par les<strong>de</strong>rmatologues (en particulier Alibert) <strong>au</strong> début du 20ème siècle, sous le nom <strong>de</strong> “pierre infernale”, parexemple dans le traitement <strong>de</strong>s infections cutanées pour son côté antiseptique. Il tombera peu à peuen désuétu<strong>de</strong>, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son effet ”antibourgeonnement”… mais on le retrouve <strong>de</strong>puis quelquesannées dans <strong>de</strong> nombreux pansements, pour ses qualités antiseptiques et <strong>de</strong> détersion : »simpleretour <strong>au</strong>x origines, lorsque les Macédoniens recouvraient les blessures <strong>de</strong> leurs guerriers par <strong>de</strong>splats en argent » (C Régnier)Pansements à base <strong>de</strong> charbon : la poudre <strong>de</strong> charbon était déjà utilisée <strong>au</strong> début du vingtièmesiècle pour ses effets antiseptiques et absorbant <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs et <strong>de</strong>s exsudatsLes alginates : obtenus à partir d’algues brunes, ils ont été i<strong>de</strong>ntifiés par Standford à la fin du XIXèsiècle ; d’abord reconnus pour leur propriétés hémostatiques (Coalgan®), leur utilisation dans lacicatrisation est rapportée <strong>de</strong>puis 1947.Les remè<strong>de</strong>s populaires : en 1937, P<strong>au</strong>l Romieux (9) soutient une thèse en pharmacie à la faculté<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Nancy consacrée <strong>au</strong>x « vieux remè<strong>de</strong>s bretons » en recueillant les propos <strong>de</strong>sguérisseurs et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s sur l’île <strong>de</strong> Groix. Il ne fait pas <strong>de</strong> doutes que <strong>ce</strong>rtains d’entre eux sontencore d’actualité. Les guérisseurs agissent les uns par incantation, d’<strong>au</strong>tres par imposition <strong>de</strong>s mains(les toucheurs <strong>de</strong> feu), d’<strong>au</strong>tres enfin, généralement les femmes, par utilisation <strong>de</strong>s “simples”. Cessimples (“louzou” en Basse-Bretagne) sont constituées par <strong>de</strong>s tiges, <strong>de</strong>s fleurs, <strong>de</strong>s racinesadministrées en infusion, onguents, cataplasmes ; les re<strong>ce</strong>ttes sont transmises dans les familles <strong>de</strong>guérisseurs <strong>de</strong> génération en génération ; la préparation est souvent fort longue et le secretjalousement gardé… Ces plantes sont vendues par le guérisseur ou par “un marchand d’herbes”, quiles cultive dans son jardin. En voici quelques exemples : les cataplasmes faits avec <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong>soucis guérissent les plaies ;le choux est très employé dans toutes sortes <strong>de</strong> pansements, abcès… unonguent <strong>au</strong> millepertuis est indiqué dans les brûlures, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> l<strong>au</strong>rier écraséesdans du lard fondu. Qui ne connaît pas <strong>ce</strong>s remè<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bonne femme (ou bonne “fame”? c'est-à-dire<strong>de</strong> bonne renommée) : la graisse <strong>de</strong> lard fondue et tiè<strong>de</strong> soulage les brûlures, <strong>de</strong> même <strong>ce</strong>rtainespersonnes qui « ont le don » les soulagent en soufflant <strong>de</strong>ssus…l’urine est souvent souveraine pourcicatrisation.info : le livre8


toutes sortes <strong>de</strong> plaies…La terre <strong>de</strong>s cimetières, spécialement la terre recueillie sur les tombesd’individus qui ont succombé <strong>de</strong> mort violente (noyé, pendu…) est employée pour la guérison <strong>de</strong>sulcères invétérés ! On ne peut bien sûr pas quitter <strong>ce</strong> paragraphe sans citer l’importan<strong>ce</strong> (toujoursd’actualité !) <strong>de</strong>s Saints Guérisseurs (10) qui pourraient faire l’objet à eux seuls d’un article, dontchacun a sa spécialité (comme Saint Efflam qui guérit les brûlures… par flamme) et que les villagesse jalousent furieusement, ni du culte <strong>de</strong>s fontaines miraculeuses (dont l’origine remonte <strong>au</strong>x temps<strong>de</strong>s Celtes) : là <strong>au</strong>ssi, qui n’a jamais jeté une piè<strong>ce</strong> dans une fontaine…CONCLUSIONLongtemps rythmé par l’évolution <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> guerre, le traitement <strong>de</strong>s plaies fut longtempsl’apanage <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins militaires à qui nous voulons rendre hommage à travers <strong>ce</strong>t article.Heureusement, à la fin du 20ème siècle, les progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine laissent entrevoir <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>xpansements qui ne seront plus seulement <strong>de</strong> simples interfa<strong>ce</strong>s, mais <strong>de</strong>s médicaments agissant surles mécanismes intimes <strong>de</strong> la plaie. Plus encore, l’avancée <strong>de</strong> l’ingénierie tissulaire, comme lesépi<strong>de</strong>rmes <strong>de</strong> culture, les <strong>de</strong>rmes <strong>de</strong> synthèse, voire l’utilisation <strong>de</strong> <strong>ce</strong>llules souches ouvre <strong>de</strong>formidables espoirs. Gageons quand même qu’on n’en a toujours pas fini avec les querelles d’écoles !RÉFÉRENCES1. Christian Régnier. L’art <strong>de</strong> panser. LEN Médical Département2. Cope Z. The treatment of wounds through the ages.. Medical history 1958, 2, 163-74.3. Churchill E. Healing by first intention and with suppuration : studies in the history of woundhealing.. Journal of the history of medicine. 1964, 193-214.4. Bruno Halioua. La Mé<strong>de</strong>cine <strong>au</strong> temps <strong>de</strong>s pharaons. Editions Liana Levi, Diffusion Seuil,20025. Roud<strong>au</strong>t-Zagnoli A. Le Baron Jean Dominique Larrey, Chirurgien <strong>de</strong> l’Empereur et la priseen charge <strong>de</strong>s plaies <strong>de</strong> guerre pendant les campagnes Napoléoniennes » Mémoire pourl’obtention du DU « plaies et cicatrisations », année <strong>universitaire</strong> 1997-1998, Université Pierreet Marie Curie (Paris VI)6. Salazard B, Casanova D, Zuleta J, Desouches C, Magalon G. Auguste Lumière, pionnier<strong>de</strong> la cicatrisation mo<strong>de</strong>rne. Annales <strong>de</strong> chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 194-97. Rohée-Brière A. Traitement <strong>de</strong>s plaies par « l’asticothérapie » : revue <strong>de</strong> la littérature.Journal <strong>de</strong>s plaies et cicatrisations 2002, n°34, 17-21.8. Régnier C. La mé<strong>de</strong>cine et l’argent : petite histoire <strong>de</strong>s thérapeutiques argentiques. Journal<strong>de</strong>s plaies et cicatrisations 2003, n°39, 37-419. Romieux P<strong>au</strong>l. Les vieux remè<strong>de</strong>s bretons. Publié en 1986 <strong>au</strong>x Editions Séquen<strong>ce</strong>s, 16140Aigre10. Floc’hlay - Clervoy Annie. Pla<strong>ce</strong> et sens du culte <strong>de</strong>s Saints Guérisseurs en Bretagne.Thèse pour le diplôme d’état <strong>de</strong> docteur en mé<strong>de</strong>cine n° 89, année 1992, Université <strong>de</strong>Bor<strong>de</strong><strong>au</strong>x II, UFR <strong>de</strong>s scien<strong>ce</strong>s médicales.cicatrisation.info : le livre9

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