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Agapè sans frontières

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ible et ÉthiqueMort choisie :un débat ouvert à nouveauPAGE10Hugo CLAUS a choisi de partir. Unefemme en France suppliait qu’onla délivre. Et tant d’autres dontles souffrances sont devenues intolérables...Mosaïque a demandéau docteur Daniel BURDET de partagerses convictions.Daniel BURDeTLes morts récentes de Hugo CLAUS etde Chantal SÉBIRE ont remis la questionde l’euthanasie au centre d’un débatd’abord médiatique mais dont on peutespérer qu’il soit ou qu’il (re)devienneessentiellement éthique, philosophiqueet sociétal. La manière dont leschoses se déroulent montre une foisde plus que, en cette matière commeen tant d’autres, rien n’est jamais acquis,qu’une loi ne suffit pas à cloreun débat, à enfermer une questionou à interrompre une quête de sens.L’humain, et donc par là l’incertain etle mouvant, est heureusement appeléà rester au centre même de notre existenceindividuelle et sociale.L’humain au centre... C’est peut-être làd’ailleurs que se concentre une grandepartie des enjeux.L’Homme, debout maishumble, libre acteur de sa vieLes controverses au sujet de l’euthanasiesont parfois une arène où est misen scène l’affrontement entre pouvoirde Dieu et pouvoir de l’homme :choisir sa mort serait pour certains lanégation de la souveraineté de Dieu,comme le fait pour l’être humain de sevouloir maître de la vie et de la mort.Je pense qu’il n’en est rien.En quoi le fait pour la personne humaineconfrontée à une souffrance ou àune déchéance intolérable, de choisirde mourir dignement, de façon libreet responsable, est-il une atteinte àDieu ? L’histoire de Dieu et de sa relationavec sa créature, nous montrebien plutôt qu’il s’intéresse à un êtreresponsable, libre, investi du pouvoirde parler et discuter, de dialoguer avecle Père. L’homme que me révèle l’Écritureest un être plein, authentique etnon l’esclave d’une divinité.L’humain au centre... et non l’inhumain.Les plus hautes autorités ecclésiastiquescatholiques, en exprimantque l’euthanasie « n’est pas un actehéroïque », donnent une réponse quise situe doublement en dehors duchamp de la question. D’abord parcequ’il n’est nulle part, dans l’Évangile,demandé à l’être humain d’être unhéros. Autant l’Écriture me révèleque Dieu souhaite avoir un Hommedebout et respectable, autant elleme montre qu’il m’est demandé derester, justement, Homme, créaturetout à la fois limitée et finie, imparfaitemais aussi digne et entière, et nonun “héros” (concept antichambre du“surhomme”, bien plus apte à disputerson pouvoir au divin).Mais la réponse semble égalements’inscrire dans une perspective de“hiérarchie de droit divin”, émanantd’une autorité qui reste imprégnéedu dogme de l’infaillibilité et conduità faire de la personne, in fine, un êtrepensé et agi plutôt qu’une créatureresponsable, autonome et “Fils deDieu”. Dieu est amour, c’est dire aussiqu’il est relation, créatrice et fondatrice.Peut-on concevoir que ce mêmeDieu place l’homme en responsabilitésurveillée, limitée, en liberté “soustutelle”. Abaisser l’homme n’est pasgrandir Dieu, au contraire : sa grandeurest, entre autres, de laisser placeà la liberté humaine, avec ses risqueset ses potentialités. Si le créateur peutfaire alliance, c’est avec un être debout,responsable et capable d’autonomie,donc de relation.Il est d’ailleurs nécessaire, vital de restervigilant à cet égard : la volonté dediriger la conscience et le libre arbitre,voire de se substituer à eux, n’est pasl’apanage d’une confession au sein duchristianisme, elle se rencontre danstous les mouvements spirituels y comprisau sein du protestantisme. Toutesles religions ont leurs intégristes, leursdoctrines et leur volonté de pouvoir etde domination.g Mosaïque N°5

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