Académie nationale de Pharmacie Fondée le 3 août 1803 sous le ...

internationaux pour élaborer une réponse (cycle de Doha - OMC qui a probablement conduit à ce que certains qualifient dedécennie « la plus constructive » en matière d’amélioration de l’accès aux médicaments).6. Au delà des enjeux sanitaires, il existe un enjeu géopolitique et un enjeu économique : cette crise a révélé les ambitions de5 pays qui ont l’ambition de devenir des leaders régionaux voire internationaux et qui sont en train de se doter d’uneindustrie pharmaceutique –Afrique du Sud, Thaïlande, Brésil, Inde, Chine.7. Le monde a changé aussi parce qu’il existe une mobilisation générale des institutions internationales pour rechercher desfinancements innovants (ex Taxe avion). La grande question : sans changement au niveau local, sur les modalités deredistribution et d’assurance sociale des citoyens les plus démunis, il sera difficile de faire avancer la question de l’équitéd’accès à la santé.8. La réponse est d’abord dans le partenariat public- privé : il existe un très grand nombre d’initiatives d’organismesinternationaux et nationaux.9. L’industrie pharmaceutique mondiale n’a pas pris immédiatement la mesure de l’enjeu. Aussi, les premières réponsesn’ont pas été assez efficaces. Depuis, il y a eu une évolution considérable. Tous les industriels concernés ontprogressivement défini, mis en place et développé une politique en faveur de l’accès aux médicaments innovants etessentiels qui repose aujourd’hui en pratique sur tout ou partie des dispositions suivantes :- Politique de prix différenciés en fonction des capacités économiques des pays et des populations concernées((cette politique existait déjà depuis 1975 pour les vaccins).- Donations, notamment aux institutions sanitaires internationales, dont les critères d’efficacité et de pertinence ontété redéfinis.- Politique en matière de dépôt de brevets et de licence volontaire.- Accord de transferts de technologies pour favoriser la production locale et en conséquence la disponibilité localede certains produits.Enfin actions de proximité et de partenariats en faveur de la formation des professionnels ou du renforcement des systèmesde santé locaux.Il faut noter que ces politiques font désormais l’objet d’une attention particulière de la part de nombreux observateurs,qu’elles figurent systématiquement dans les rapports de responsabilité sociale ou de développement durable produits parles grands groupes pharmaceutiques et que plus récemment différentes agences internationales de notation ont décidé depublier sur une base régulière une analyse et un classement de leur performance dans ce domaine.Pour de nombreux laboratoires cette politique en faveur de l’accès aux médicaments existants s’est égalementaccompagnée d’une relance des investissements en R&D en vue de la mise au point de nouveaux médicaments destinésspécifiquement aux populations des pays en développement. Une récente étude de l’EFPIA a ainsi dénombré plus de 60projets de recherche pour de nouveaux traitements et 9 projets pour de nouveaux vaccins, en phase de développementclinique, non seulement pour le Sida, le paludisme et la tuberculose, mais aussi pour des pathologies plus rares comme ladengue, la leishmaniose, la maladie de Chagas, la lèpre, la filariose, l’onchocercose par exemple.Il faut désormais tourner la page des controverses, mesurer objectivement les progrès accomplis, mais aussi considérerqu’en termes de résultats sanitaires nous sommes encore très loin du compte. En effet, la réalisation des objectifs dumillénaire concernant la santé, passe par une mobilisation conjointe de l’ensemble des acteurs : société civile, personnestouchées, pays du sud et du nord, organisations internationales, etc.… L’industrie pharmaceutique est aujourd’huiclairement engagée aux côtés de tous ces acteurs pour contribuer à la mise en œuvre de la réponse collective au défi de lasanté mondiale. Le contexte a changé. Au cours des cinq dernières années, l’aide au développement a plus que doublé dansle domaine sanitaire. Fort de ces financements additionnels, indispensables pour le développement et l’amélioration dessystèmes de santé des pays, nous devons absolument sortir des logiques de confrontation d’acteurs, adoptersystématiquement une attitude d’ouverture et faire du partenariat la base de toute nouvelle initiative. L’Industrie dumédicament a vocation à prendre sa part, aux côtés des autres parties prenantes, pour aider les pays à se doter de structuresde soins et de prise en charge durables. Il ne s’agit plus seulement de travailler sur le résultat sanitaire mais surl’organisation qui le conditionne.En guise de conclusion, permettez-moi d’illustrer ce changement de paradigme par la réponse du groupe ROCHE qui atravaillé à la mise à disposition du Tamiflu (nd) en cas d’évolution pandémique majeure de la grippe H1N1. Cela a représentéun énorme travail, lequel repose sur une discussion continue de l’OMS et une politique de donation ciblée avec l’OMS, avecun stock mondial centralisé et des stocks décentralisés, soit environ 10 millions de traitement dont 5 avaient été libérés lors del’épidémie mexicaine. Ensuite, c’est une politique d’accords de licence, avec des producteurs, deux en Chine et un en Inde,afin d’assurer la mise à disposition de ce produit dans ces pays très peuplés. Enfin, un accord de transfert de technologie avecun producteur Sud-Africain pour assurer la mise à disposition sur ce continent. Enfin tout un travail avec les Institutionsinternationales, pour faire évoluer l’AMM du produit pour répondre à des situations particulières, avec la toute prochaineextension d’indications pour le nourrisson de 6 à 12 mois et l’extension chez la femme enceinte, puisque l’on a pu voir que lafemme enceinte présentait une sensibilité particulière à ce virus.6/18CR Séance académique du 7 octobre 2009