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l’envoya au tapis, puis dans les bras de Morphée pour 24 heures. Etait-ce un stratagème de séduction ? Non, simplementl’expérimentation sauvage de la clonidine (CATAPRESSAN nd ) qui sera ainsi découverte comme puissant antihypertenseur.Les anecdotes foisonnent avec bonheur : John CADE et le lithium dans les psychoses maniaco-dépressives, Albert HOFMANNet le LSD, Hideo UNO et le minoxidil, Auguste LOUBATIERES et Marcel JANBON qui découvrent les effets hypoglycémiantsdes sulfamides, etc. A n’en pas douter, au delà des curieux et des férus d’innovation thérapeutique, les enseignants depharmacologie ou de chimie thérapeutique pourront trouver dans cet ouvrage de quoi pimenter leur cours avec le plus grandintérêt pour des étudiants qui savoureront l’intelligence, la curiosité, la sagacité de si nombreux scientifiques, souventpharmaciens.Osons deux critiques.D’abord, une erreur, Jean-François BOREL, qui découvrit la ciclosporine, aurait pu espérer un Prix NOBEL, maiscontrairement à ce que rapportent les auteurs, il ne l’a pas reçu, ou du moins pas encore.On peut également reprocher à nos infatigables traqueurs de découvertes « serendipitiques » d’attribuer au hasard, desdécouvertes qui sont, de notre point de vue, le fruit d’un labeur continu et déterminé. C’est le cas, par exemple, desinhibiteurs de tyrosine kinase et leur chef de file, l’imatinib (Glivec nd ), découvert dans le cadre d’une recherche rationnelledont le point de départ est une cible d’action : la protéine bcr-abl, ou encore l’insuline qui fut le produit d’une quêteinterminable (45 ans) depuis l’hypothèse pancréatique de LANCEREAUX en 1877 à la découverte de BANTING et BEST en1922, ou enfin la pilule contraceptive, que Carl DJERASSI et Grégory PINCUS ont fait naître après moult sueur, et peut-êtrequelques larmes.Mais revenons à la question essentielle : le hasard s’oppose-t-il à la notion de loi scientifique ? Probablement pas. Il crée la loinaturelle et participe à l’écriture du Grand Livre ! De nombreux faits scientifiques sont imprévisibles mais c’est précisémentle rôle du scientifique de faire preuve, après une réaction de surprise, de perspicacité pour exploiter au mieux sa chance,prendre à son compte ce qu’il a observé et transformer en trésor ce qui n’était qu’un produit d’expérience !Merci à Claude BOHUON et Claude MONNERET de nous offrir ces rêves d’incertitude qui font souffler un vent rafraîchissantsur un monde où les agences d’évaluation et les critères de sélection n’ont probablement pas encore fait entrer les éléments,pourtant fondamentaux et consubstantiels, de ce « fabuleux hasard ».3. TRAVAUX SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELS« Pharmacie humanitaire :les besoins, les réponses des entreprises du médicament, les réponses des praticiens »Séance académique dédiée sous l’égide des 4 ème & 5 ème SectionsINTRODUCTION : Pr Georges HAZEBROUCQ, Membre de l’Académie nationale de PharmaciePour répondre à la demande de notre Présidente, le Dr Yves Juillet et moi-même avons conçu cette séance pour présenter àl’Assemblée des exemples de Pharmacie humanitaire, - Biologie humanitaire exclue car la séance serait trop longue.L’objectif est de fournir des pistes à ceux qui sont tentés par l’action humanitaire.Selon Le Petit Robert, il y a deux acceptions au terme Humanitaire : d’une part, qui vise au bien de l’Humanité et d’autrepart, qui intervient pour sauver des vies humaines, pour soulager les populations dans une situation d’urgence (conflit,catastrophe). Ces définitions n’apportent pas un éclairage précis des missions humanitaires.Nous aborderons ici deux grands cas de figure :- les actions de l’industrie des produits de santé, principalement celle du médicament. Nous aborderons ces questionsau travers des exposés des Dr Chambon, Dr Bompart et Mme C Perrier- les actions des ONG. Nous aborderons ces aspects au travers des deux témoignages de pharmaciens C. Bruneton et J-P Hodeau.Une discussion générale animée par Yves Juillet terminera la séance.Les organisations humanitaires qui nous intéressent sont principalement des ONG. Elles tirent leurs ressources desubventions, dons, legs… Leurs statuts sont assez clairement définis. De toutes tailles, elles disposent de personnelspermanents, de personnels volontaires, bénévoles ou « semi-bénévoles » (prise en charge modeste plus que véritable salaire).4/18CR Séance académique du 7 octobre 2009
Ces organisations humanitaires ont une forte implication éthique, un grand respect de l’autre, de ses traditions, de sareligion…. On peut citer des figures emblématiques comme Mère Teresa et leurs émules mais aussi un grand nombre depersonnes ou d’organisations civiles.Pharmacien humanitaire : est-ce un métier ? Dans un certain nombre de facultés de pharmacie, nous trouvons desenseignements spécifiques, des UV de 4 ou 5ème année ou des DU, comme à Caen qui a mis en place un diplômeuniversitaire spécifique.Cependant, on remarque qu’il existe encore trop peu d’annonces de recrutement pour des pharmaciens. Les pharmaciens quitravaillent au sein des organisations humanitaires ont une forte compétence de logistique de crise en cas de catastrophe. Ilsdoivent avoir aussi une grande compétence en thérapeutique. Le pharmacien apporte localement ses compétences enlogistique, en thérapeutique, en hygiène, en biologie clinique usuelle dans des mondes où les clivages des professions de santésont érodés. Le bon usage du médicament est une priorité.PRESENTATIONS5/183.1. « Accès aux médicaments dans les pays en développement -problématiques et solutions »Dr Jean-François CHAMBON, Directeur des Affaires Publiques et de la Communication - Roche FranceDepuis 10 ans, à la faveur de la mobilisation internationale contre le sida, la question de l’accès aux médicaments innovantss’est posée en des termes totalement inédits. Cela a conduit à une mise en cause majeure de l’industrie pharmaceutique et desa politique en matière de propriété intellectuelle qui a largement débordé la question de l’accès aux antirétroviraux. Etpourtant, dès le début de cette crise nous disposions d’une analyse et d’une compréhension commune des causes et desconséquences des inégalités en matière de santé comme le montre l’extrait ci-dessous du Budget Programme 2002-2005 del’OMS :« On a assisté à la fin du XXe siècle à une transformation sans précédent en matière de santé. Or malgré les réalisationsremarquables des dernières décennies, plus d’un milliard d’êtres humains n’ont pu bénéficier des avantages dudéveloppement économique et des progrès scientifiques qui ont permis d’accroître considérablement l’espérance de vie et laqualité de vie pour la majorité de la population dans le monde ». Cette situation constitue une crise sanitaire internationale :des maladies, notamment infectieuses, nouvelles et anciennes, telles que l’infection par le VIH, la tuberculose et le paludismese développent dans des pays qui n’ont ni les moyens, ni les infrastructures qui leur permettraient de faire face à cesépidémies. L’interprétation des causes et des conséquences des problèmes de santé évolue. Il apparaît cependant clairementque l’amélioration de l’état de santé dépend outre de la qualité des services de santé et de la disponibilité de médicamentsefficaces, de nombreux facteurs notamment sociaux, économiques, politiques et culturels. Si nous voulons améliorer lasituation sanitaire des pays en développement, il faudra ainsi que tous les acteurs de la société, tant au niveau nationalqu’international, c’est-à-dire les gouvernements, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile dans sonensemble, travaillent côte à côte en créant de nouvelles formes de partenariat. Il faudra également que leurs efforts soientsoutenus par un financement à très grande échelle. »Ainsi,1. Sommes-nous en présence d’une crise sanitaire internationale sans précédent.2. Les raisons de cette crise sont bien connues et très intriquées : problèmes économiques, sociaux, organisationnels et déficitd’accès aux médicaments.3. Pour tenter de résoudre la question du déficit d’accès aux médicaments, il faut segmenter les problèmes :a. le déficit d’accès aux médicaments de base, souvent largement génériqués, relativement accessibles sur le planéconomique, est lié à des raisons logistiques ;b. le déficit en médicaments sous brevet, qui fait l’objet de controverse notamment pour ceux concernant la pandémiede SIDA, est lié au prix des médicaments lequel constitue un obstacle ;c. le déficit en médicaments spécifiques (médicaments n’existant pas) est lié à un défaut d’investissement en R& Dsur les pathologies qui touchent ces pays voire qui les touchent exclusivement – C’est un aspect à ne pasdésolidariser du déficit en médicaments sous brevet, car il faut absolument éviter que les solutions qui peuvent êtrepromues pour résoudre le déficit en médicaments sous brevet (b) aillent à l’encontre des moyens disponibles pourmettre en place une R & D ultérieure sur des pathologies spécifiques.4. Depuis la mise en place des trithérapies en 1997, le SIDA a joué un rôle de révélateur en mettant en lumièrel’interdépendance des enjeux de santé publique. Nous sommes dans un monde « globalisé ». Les disparités précédemmenttolérées sont dorénavant devenues insupportables.5. A la faveur de cette crise, l’Industrie pharmaceutique a été mise en accusation : Le procès de Pretoria (1997-2000) areprésenté une véritable faillite morale pour l’industrie pharmaceutique et a été à l’origine de l’évolution des traitésCR Séance académique du 7 octobre 2009
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