Académie nationale de Pharmacie Fondée le 3 août 1803 sous le ...

Sont également gérés les compléments alimentaires (Plumpy Nut) pour lutter contre la dénutrition, les désinfectants, lesconsommables de toute nature pour les lieux de soins, des matériels des plus variés depuis des potences pour perfusion,jusqu’au cuir pour le cordonnier, des lits mécaniques, des fauteuils, des matériels pour les ateliers d’ergothérapie des lépreux,etc.L’achat des médicaments auprès de centrale d’achat humanitaire, la recherche de donateurs de matériels de seconde main(hôpitaux, institutions) est réalisée et financée par la direction des produits de santé de l’Ordre localisé à Paris.Le pharmacien humanitaire OMF s’impliquera directement dans le dédouanement et le contact avec les autoritésadministratives à la réception au port de Conakry.Basé à Pita, ville principale de moyenne Guinée, à trois heures de Conakry, son travail de gestionnaire des dispensairesréparti sur le territoire le conduit à voyager très régulièrement. Il doit veiller en outre à ce que tous les processus : stérilisation,décontamination, incinération à l’hôpital préfectoral des « safety boxes », etc …soient scrupuleusement respectés.Tous les soins n’étant pas gratuits, des contributions symboliques sont demandées lorsque les patients sont en mesured’acquitter. Le pharmacien participe à la réflexion pour déterminer le montant de ces contributions mêlant consultation +traitement complet (toujours d’un coût majoré de quelques centimes s’il y a des injections ou des antibiotiques, fréquemmentgratuit pour les autres médicaments). Selon les postes de santé, selon les régions, selon la participation communautaire lescontributions varient de 24 à 44 centimes d’Euro.Dans le cadre de la politique nationale de santé, l’Etat pourvoit les centres de soins de paramédicaux (infirmiers, sagefemmes)et assure leur rétribution. L’investissement et le fonctionnement du centre relève d’une politique communautaire deproximité.Dans les dispensaires de moyenne Guinée, paludisme, infections pulmonaires, infections gastriques, infections génitourinaires,infections oculaires, dermatoses, anémies, parasitoses, et plaies plus ou moins profondes représentent 80% despathologies communément rencontrées.Les résultats observésLèpre : En 1985, la population était de 1,2 million d’habitants avec une prévalence de la lèpre de 21 / 10.000. 24 ans plustard, la population de la moyenne Guinée est de 2 millions d’habitants avec une prévalence de la lèpre inférieure à 1 / 10.000(supposant que le mode de calcul soit identique…).ODM dispose d’une flotte de 7 véhicules (pour l’ensemble de la Guinée) et d’une quinzaine de motos pour les prospectionsavancées réalisées par les infirmiers.Le cordonnier de l’ODM, au centre de Pita, réalise prothèses et chaussures spéciales (environ 150 paires par an) pour leslépreux. La prise en charge médicale pour les lépreux est totalement gratuite pour toutes les personnes dépistées positives etpour leur proche.Cependant, deux aspects demeurent sans réponse, la prise en charge des séquelles par la chirurgie réparatrice, la réinsertionprofessionnelle des anciens lépreux. Or, la moyenne Guinée compte 15.000 anciens lépreux dont 3.000 souffrant deséquelles. Seuls 20 d’entre eux ont à ce jour pu bénéficier de chirurgie réparatrice.L’Ordre de Malte procède à un recensement de tous les villages de lépreux, afin d’étudier une possibilité de missionchirurgicale ; de plus il soutient les centres de santé primaire de ces villages en les dotant de médicaments. Cependant,beaucoup d’anciens lépreux ne survivent que grâce à la mendicité.Tuberculose : Chacune des 10 préfectures de Moyenne Guinée dispose d’un centre de traitement antituberculeux et d’unlaboratoire d’analyse des crachats. En 1993, la prévalence était à 47 / 10.000. L’occurrence du sida conduit la prévalencedésormais à plus de 60 / 10.000. Le protocole standard de traitement sur 6 mois est bien entendu celui préconisé par l’OMS.Selon les experts de l’OMS, les laboratoires sont encore trop souvent inexistants, les lacunes en matière d’inspection et dediagnostic, et la non-observance des six mois de traitements ont augmenté dramatiquement la fréquence des tuberculeuxporteurs de MDR – TB (Multi-Drug Resistant Tuberculosis), puisqu’apparaissent désormais en Afrique du Sud des patientsultra-résistants XDR – TB. Qu’en est il en Guinée, nul ne le sait puisqu’aucune étude n’est conduite sur le sujet … le CDCd’Atlanta est très pessimiste pour ce pays.ConclusionsLe missionnaire, dans sa mission d’assistance humanitaire et sociale, a été remplacé par les bénévoles des ONG.Le pharmacien humanitaire à l’Ordre de Malte France opère dans un cadre de travail bien défini tant au siège que sur lesmissions de terrain en Afrique. Il est responsable de la politique des médicaments essentiels adaptés et sélectionnés de concertavec les dispensaires de santé et les hôpitaux locaux. Il définit et met en œuvre le cahier des charges destiné aux centraleshumanitaires dans le cadre très contraint et limité des budgets d’une ONG. Il s’assure de leur envoi et réception à bon port,selon un agenda offrant de se soustraire aux ruptures de stocks (hors cadre épidémique). Il doit organiser, gérer les contrainteslogistiques inopinées, former les acteurs de terrain au bon usage des médicaments, certifier que les recommandations et lesprotocoles de soins OMS soient bien respectés. Ces éléments à caractère technique doivent être en parfaite harmonie avec une17/18CR Séance académique du 7 octobre 2009