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Académie nationale de Pharmacie Fondée le 3 août 1803 sous le ...

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l’envoya au tapis, puis dans <strong>le</strong>s bras <strong>de</strong> Morphée pour 24 heures. Etait-ce un stratagème <strong>de</strong> séduction ? Non, simp<strong>le</strong>mentl’expérimentation sauvage <strong>de</strong> la clonidine (CATAPRESSAN nd ) qui sera ainsi découverte comme puissant antihypertenseur.Les anecdotes foisonnent avec bonheur : John CADE et <strong>le</strong> lithium dans <strong>le</strong>s psychoses maniaco-dépressives, Albert HOFMANNet <strong>le</strong> LSD, Hi<strong>de</strong>o UNO et <strong>le</strong> minoxidil, Auguste LOUBATIERES et Marcel JANBON qui découvrent <strong>le</strong>s effets hypoglycémiants<strong>de</strong>s sulfami<strong>de</strong>s, etc. A n’en pas douter, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s curieux et <strong>de</strong>s férus d’innovation thérapeutique, <strong>le</strong>s enseignants <strong>de</strong>pharmacologie ou <strong>de</strong> chimie thérapeutique pourront trouver dans cet ouvrage <strong>de</strong> quoi pimenter <strong>le</strong>ur cours avec <strong>le</strong> plus grandintérêt pour <strong>de</strong>s étudiants qui savoureront l’intelligence, la curiosité, la sagacité <strong>de</strong> si nombreux scientifiques, souventpharmaciens.Osons <strong>de</strong>ux critiques.D’abord, une erreur, Jean-François BOREL, qui découvrit la ciclosporine, aurait pu espérer un Prix NOBEL, maiscontrairement à ce que rapportent <strong>le</strong>s auteurs, il ne l’a pas reçu, ou du moins pas encore.On peut éga<strong>le</strong>ment reprocher à nos infatigab<strong>le</strong>s traqueurs <strong>de</strong> découvertes « serendipitiques » d’attribuer au hasard, <strong>de</strong>sdécouvertes qui sont, <strong>de</strong> notre point <strong>de</strong> vue, <strong>le</strong> fruit d’un labeur continu et déterminé. C’est <strong>le</strong> cas, par exemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong>sinhibiteurs <strong>de</strong> tyrosine kinase et <strong>le</strong>ur chef <strong>de</strong> fi<strong>le</strong>, l’imatinib (Glivec nd ), découvert dans <strong>le</strong> cadre d’une recherche rationnel<strong>le</strong>dont <strong>le</strong> point <strong>de</strong> départ est une cib<strong>le</strong> d’action : la protéine bcr-abl, ou encore l’insuline qui fut <strong>le</strong> produit d’une quêteinterminab<strong>le</strong> (45 ans) <strong>de</strong>puis l’hypothèse pancréatique <strong>de</strong> LANCEREAUX en 1877 à la découverte <strong>de</strong> BANTING et BEST en1922, ou enfin la pilu<strong>le</strong> contraceptive, que Carl DJERASSI et Grégory PINCUS ont fait naître après moult sueur, et peut-êtrequelques larmes.Mais revenons à la question essentiel<strong>le</strong> : <strong>le</strong> hasard s’oppose-t-il à la notion <strong>de</strong> loi scientifique ? Probab<strong>le</strong>ment pas. Il crée la loinaturel<strong>le</strong> et participe à l’écriture du Grand Livre ! De nombreux faits scientifiques sont imprévisib<strong>le</strong>s mais c’est précisément<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du scientifique <strong>de</strong> faire preuve, après une réaction <strong>de</strong> surprise, <strong>de</strong> perspicacité pour exploiter au mieux sa chance,prendre à son compte ce qu’il a observé et transformer en trésor ce qui n’était qu’un produit d’expérience !Merci à Clau<strong>de</strong> BOHUON et Clau<strong>de</strong> MONNERET <strong>de</strong> nous offrir ces rêves d’incertitu<strong>de</strong> qui font souff<strong>le</strong>r un vent rafraîchissantsur un mon<strong>de</strong> où <strong>le</strong>s agences d’évaluation et <strong>le</strong>s critères <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction n’ont probab<strong>le</strong>ment pas encore fait entrer <strong>le</strong>s éléments,pourtant fondamentaux et consubstantiels, <strong>de</strong> ce « fabu<strong>le</strong>ux hasard ».3. TRAVAUX SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELS« <strong>Pharmacie</strong> humanitaire :<strong>le</strong>s besoins, <strong>le</strong>s réponses <strong>de</strong>s entreprises du médicament, <strong>le</strong>s réponses <strong>de</strong>s praticiens »Séance académique dédiée <strong>sous</strong> l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 4 ème & 5 ème SectionsINTRODUCTION : Pr Georges HAZEBROUCQ, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>Pharmacie</strong>Pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre Prési<strong>de</strong>nte, <strong>le</strong> Dr Yves Juil<strong>le</strong>t et moi-même avons conçu cette séance pour présenter àl’Assemblée <strong>de</strong>s exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>Pharmacie</strong> humanitaire, - Biologie humanitaire exclue car la séance serait trop longue.L’objectif est <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s pistes à ceux qui sont tentés par l’action humanitaire.Selon Le Petit Robert, il y a <strong>de</strong>ux acceptions au terme Humanitaire : d’une part, qui vise au bien <strong>de</strong> l’Humanité et d’autrepart, qui intervient pour sauver <strong>de</strong>s vies humaines, pour soulager <strong>le</strong>s populations dans une situation d’urgence (conflit,catastrophe). Ces définitions n’apportent pas un éclairage précis <strong>de</strong>s missions humanitaires.Nous abor<strong>de</strong>rons ici <strong>de</strong>ux grands cas <strong>de</strong> figure :- <strong>le</strong>s actions <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé, principa<strong>le</strong>ment cel<strong>le</strong> du médicament. Nous abor<strong>de</strong>rons ces questionsau travers <strong>de</strong>s exposés <strong>de</strong>s Dr Chambon, Dr Bompart et Mme C Perrier- <strong>le</strong>s actions <strong>de</strong>s ONG. Nous abor<strong>de</strong>rons ces aspects au travers <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux témoignages <strong>de</strong> pharmaciens C. Bruneton et J-P Ho<strong>de</strong>au.Une discussion généra<strong>le</strong> animée par Yves Juil<strong>le</strong>t terminera la séance.Les organisations humanitaires qui nous intéressent sont principa<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s ONG. El<strong>le</strong>s tirent <strong>le</strong>urs ressources <strong>de</strong>subventions, dons, <strong>le</strong>gs… Leurs statuts sont assez clairement définis. De toutes tail<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s disposent <strong>de</strong> personnelspermanents, <strong>de</strong> personnels volontaires, bénévo<strong>le</strong>s ou « semi-bénévo<strong>le</strong>s » (prise en charge mo<strong>de</strong>ste plus que véritab<strong>le</strong> salaire).4/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Ces organisations humanitaires ont une forte implication éthique, un grand respect <strong>de</strong> l’autre, <strong>de</strong> ses traditions, <strong>de</strong> sareligion…. On peut citer <strong>de</strong>s figures emblématiques comme Mère Teresa et <strong>le</strong>urs ému<strong>le</strong>s mais aussi un grand nombre <strong>de</strong>personnes ou d’organisations civi<strong>le</strong>s.<strong>Pharmacie</strong>n humanitaire : est-ce un métier ? Dans un certain nombre <strong>de</strong> facultés <strong>de</strong> pharmacie, nous trouvons <strong>de</strong>senseignements spécifiques, <strong>de</strong>s UV <strong>de</strong> 4 ou 5ème année ou <strong>de</strong>s DU, comme à Caen qui a mis en place un diplômeuniversitaire spécifique.Cependant, on remarque qu’il existe encore trop peu d’annonces <strong>de</strong> recrutement pour <strong>de</strong>s pharmaciens. Les pharmaciens quitravail<strong>le</strong>nt au sein <strong>de</strong>s organisations humanitaires ont une forte compétence <strong>de</strong> logistique <strong>de</strong> crise en cas <strong>de</strong> catastrophe. Ilsdoivent avoir aussi une gran<strong>de</strong> compétence en thérapeutique. Le pharmacien apporte loca<strong>le</strong>ment ses compétences enlogistique, en thérapeutique, en hygiène, en biologie clinique usuel<strong>le</strong> dans <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s où <strong>le</strong>s clivages <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong> santésont érodés. Le bon usage du médicament est une priorité.PRESENTATIONS5/183.1. « Accès aux médicaments dans <strong>le</strong>s pays en développement -problématiques et solutions »Dr Jean-François CHAMBON, Directeur <strong>de</strong>s Affaires Publiques et <strong>de</strong> la Communication - Roche FranceDepuis 10 ans, à la faveur <strong>de</strong> la mobilisation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> contre <strong>le</strong> sida, la question <strong>de</strong> l’accès aux médicaments innovantss’est posée en <strong>de</strong>s termes tota<strong>le</strong>ment inédits. Cela a conduit à une mise en cause majeure <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique et <strong>de</strong>sa politique en matière <strong>de</strong> propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> qui a largement débordé la question <strong>de</strong> l’accès aux antirétroviraux. Etpourtant, dès <strong>le</strong> début <strong>de</strong> cette crise nous disposions d’une analyse et d’une compréhension commune <strong>de</strong>s causes et <strong>de</strong>sconséquences <strong>de</strong>s inégalités en matière <strong>de</strong> santé comme <strong>le</strong> montre l’extrait ci-<strong>de</strong>s<strong>sous</strong> du Budget Programme 2002-2005 <strong>de</strong>l’OMS :« On a assisté à la fin du XXe sièc<strong>le</strong> à une transformation sans précé<strong>de</strong>nt en matière <strong>de</strong> santé. Or malgré <strong>le</strong>s réalisationsremarquab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, plus d’un milliard d’êtres humains n’ont pu bénéficier <strong>de</strong>s avantages dudéveloppement économique et <strong>de</strong>s progrès scientifiques qui ont permis d’accroître considérab<strong>le</strong>ment l’espérance <strong>de</strong> vie et laqualité <strong>de</strong> vie pour la majorité <strong>de</strong> la population dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> ». Cette situation constitue une crise sanitaire inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> :<strong>de</strong>s maladies, notamment infectieuses, nouvel<strong>le</strong>s et anciennes, tel<strong>le</strong>s que l’infection par <strong>le</strong> VIH, la tuberculose et <strong>le</strong> paludismese développent dans <strong>de</strong>s pays qui n’ont ni <strong>le</strong>s moyens, ni <strong>le</strong>s infrastructures qui <strong>le</strong>ur permettraient <strong>de</strong> faire face à cesépidémies. L’interprétation <strong>de</strong>s causes et <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> santé évolue. Il apparaît cependant clairementque l’amélioration <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> santé dépend outre <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong> médicamentsefficaces, <strong>de</strong> nombreux facteurs notamment sociaux, économiques, politiques et culturels. Si nous voulons améliorer lasituation sanitaire <strong>de</strong>s pays en développement, il faudra ainsi que tous <strong>le</strong>s acteurs <strong>de</strong> la société, tant au niveau nationalqu’international, c’est-à-dire <strong>le</strong>s gouvernements, <strong>le</strong>s institutions inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s, <strong>le</strong> secteur privé et la société civi<strong>le</strong> dans sonensemb<strong>le</strong>, travail<strong>le</strong>nt côte à côte en créant <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> partenariat. Il faudra éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>urs efforts soientsoutenus par un financement à très gran<strong>de</strong> échel<strong>le</strong>. »Ainsi,1. Sommes-nous en présence d’une crise sanitaire inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> sans précé<strong>de</strong>nt.2. Les raisons <strong>de</strong> cette crise sont bien connues et très intriquées : problèmes économiques, sociaux, organisationnels et déficitd’accès aux médicaments.3. Pour tenter <strong>de</strong> résoudre la question du déficit d’accès aux médicaments, il faut segmenter <strong>le</strong>s problèmes :a. <strong>le</strong> déficit d’accès aux médicaments <strong>de</strong> base, souvent largement génériqués, relativement accessib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> planéconomique, est lié à <strong>de</strong>s raisons logistiques ;b. <strong>le</strong> déficit en médicaments <strong>sous</strong> brevet, qui fait l’objet <strong>de</strong> controverse notamment pour ceux concernant la pandémie<strong>de</strong> SIDA, est lié au prix <strong>de</strong>s médicaments <strong>le</strong>quel constitue un obstac<strong>le</strong> ;c. <strong>le</strong> déficit en médicaments spécifiques (médicaments n’existant pas) est lié à un défaut d’investissement en R& Dsur <strong>le</strong>s pathologies qui touchent ces pays voire qui <strong>le</strong>s touchent exclusivement – C’est un aspect à ne pasdésolidariser du déficit en médicaments <strong>sous</strong> brevet, car il faut absolument éviter que <strong>le</strong>s solutions qui peuvent êtrepromues pour résoudre <strong>le</strong> déficit en médicaments <strong>sous</strong> brevet (b) ail<strong>le</strong>nt à l’encontre <strong>de</strong>s moyens disponib<strong>le</strong>s pourmettre en place une R & D ultérieure sur <strong>de</strong>s pathologies spécifiques.4. Depuis la mise en place <strong>de</strong>s trithérapies en 1997, <strong>le</strong> SIDA a joué un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> révélateur en mettant en lumièrel’interdépendance <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> santé publique. Nous sommes dans un mon<strong>de</strong> « globalisé ». Les disparités précé<strong>de</strong>mmenttolérées sont dorénavant <strong>de</strong>venues insupportab<strong>le</strong>s.5. A la faveur <strong>de</strong> cette crise, l’Industrie pharmaceutique a été mise en accusation : Le procès <strong>de</strong> Pretoria (1997-2000) areprésenté une véritab<strong>le</strong> faillite mora<strong>le</strong> pour l’industrie pharmaceutique et a été à l’origine <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s traitésCR Séance académique du 7 octobre 2009


internationaux pour élaborer une réponse (cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> Doha - OMC qui a probab<strong>le</strong>ment conduit à ce que certains qualifient <strong>de</strong>décennie « la plus constructive » en matière d’amélioration <strong>de</strong> l’accès aux médicaments).6. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s enjeux sanitaires, il existe un enjeu géopolitique et un enjeu économique : cette crise a révélé <strong>le</strong>s ambitions <strong>de</strong>5 pays qui ont l’ambition <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs régionaux voire internationaux et qui sont en train <strong>de</strong> se doter d’uneindustrie pharmaceutique –Afrique du Sud, Thaïlan<strong>de</strong>, Brésil, In<strong>de</strong>, Chine.7. Le mon<strong>de</strong> a changé aussi parce qu’il existe une mobilisation généra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s institutions inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s pour rechercher <strong>de</strong>sfinancements innovants (ex Taxe avion). La gran<strong>de</strong> question : sans changement au niveau local, sur <strong>le</strong>s modalités <strong>de</strong>redistribution et d’assurance socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s citoyens <strong>le</strong>s plus démunis, il sera diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> faire avancer la question <strong>de</strong> l’équitéd’accès à la santé.8. La réponse est d’abord dans <strong>le</strong> partenariat public- privé : il existe un très grand nombre d’initiatives d’organismesinternationaux et nationaux.9. L’industrie pharmaceutique mondia<strong>le</strong> n’a pas pris immédiatement la mesure <strong>de</strong> l’enjeu. Aussi, <strong>le</strong>s premières réponsesn’ont pas été assez efficaces. Depuis, il y a eu une évolution considérab<strong>le</strong>. Tous <strong>le</strong>s industriels concernés ontprogressivement défini, mis en place et développé une politique en faveur <strong>de</strong> l’accès aux médicaments innovants etessentiels qui repose aujourd’hui en pratique sur tout ou partie <strong>de</strong>s dispositions suivantes :- Politique <strong>de</strong> prix différenciés en fonction <strong>de</strong>s capacités économiques <strong>de</strong>s pays et <strong>de</strong>s populations concernées((cette politique existait déjà <strong>de</strong>puis 1975 pour <strong>le</strong>s vaccins).- Donations, notamment aux institutions sanitaires inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s, dont <strong>le</strong>s critères d’efficacité et <strong>de</strong> pertinence ontété redéfinis.- Politique en matière <strong>de</strong> dépôt <strong>de</strong> brevets et <strong>de</strong> licence volontaire.- Accord <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong> technologies pour favoriser la production loca<strong>le</strong> et en conséquence la disponibilité loca<strong>le</strong><strong>de</strong> certains produits.Enfin actions <strong>de</strong> proximité et <strong>de</strong> partenariats en faveur <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s professionnels ou du renforcement <strong>de</strong>s systèmes<strong>de</strong> santé locaux.Il faut noter que ces politiques font désormais l’objet d’une attention particulière <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> nombreux observateurs,qu’el<strong>le</strong>s figurent systématiquement dans <strong>le</strong>s rapports <strong>de</strong> responsabilité socia<strong>le</strong> ou <strong>de</strong> développement durab<strong>le</strong> produits par<strong>le</strong>s grands groupes pharmaceutiques et que plus récemment différentes agences inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s <strong>de</strong> notation ont décidé <strong>de</strong>publier sur une base régulière une analyse et un classement <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur performance dans ce domaine.Pour <strong>de</strong> nombreux laboratoires cette politique en faveur <strong>de</strong> l’accès aux médicaments existants s’est éga<strong>le</strong>mentaccompagnée d’une relance <strong>de</strong>s investissements en R&D en vue <strong>de</strong> la mise au point <strong>de</strong> nouveaux médicaments <strong>de</strong>stinésspécifiquement aux populations <strong>de</strong>s pays en développement. Une récente étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’EFPIA a ainsi dénombré plus <strong>de</strong> 60projets <strong>de</strong> recherche pour <strong>de</strong> nouveaux traitements et 9 projets pour <strong>de</strong> nouveaux vaccins, en phase <strong>de</strong> développementclinique, non seu<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong> Sida, <strong>le</strong> paludisme et la tuberculose, mais aussi pour <strong>de</strong>s pathologies plus rares comme la<strong>de</strong>ngue, la <strong>le</strong>ishmaniose, la maladie <strong>de</strong> Chagas, la lèpre, la filariose, l’onchocercose par exemp<strong>le</strong>.Il faut désormais tourner la page <strong>de</strong>s controverses, mesurer objectivement <strong>le</strong>s progrès accomplis, mais aussi considérerqu’en termes <strong>de</strong> résultats sanitaires nous sommes encore très loin du compte. En effet, la réalisation <strong>de</strong>s objectifs dumillénaire concernant la santé, passe par une mobilisation conjointe <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s acteurs : société civi<strong>le</strong>, personnestouchées, pays du sud et du nord, organisations inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s, etc.… L’industrie pharmaceutique est aujourd’huiclairement engagée aux côtés <strong>de</strong> tous ces acteurs pour contribuer à la mise en œuvre <strong>de</strong> la réponse col<strong>le</strong>ctive au défi <strong>de</strong> lasanté mondia<strong>le</strong>. Le contexte a changé. Au cours <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années, l’ai<strong>de</strong> au développement a plus que doublé dans<strong>le</strong> domaine sanitaire. Fort <strong>de</strong> ces financements additionnels, indispensab<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong> développement et l’amélioration <strong>de</strong>ssystèmes <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s pays, nous <strong>de</strong>vons absolument sortir <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> confrontation d’acteurs, adoptersystématiquement une attitu<strong>de</strong> d’ouverture et faire du partenariat la base <strong>de</strong> toute nouvel<strong>le</strong> initiative. L’Industrie dumédicament a vocation à prendre sa part, aux côtés <strong>de</strong>s autres parties prenantes, pour ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s pays à se doter <strong>de</strong> structures<strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> prise en charge durab<strong>le</strong>s. Il ne s’agit plus seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> résultat sanitaire mais surl’organisation qui <strong>le</strong> conditionne.En guise <strong>de</strong> conclusion, permettez-moi d’illustrer ce changement <strong>de</strong> paradigme par la réponse du groupe ROCHE qui atravaillé à la mise à disposition du Tamiflu (nd) en cas d’évolution pandémique majeure <strong>de</strong> la grippe H1N1. Cela a représentéun énorme travail, <strong>le</strong>quel repose sur une discussion continue <strong>de</strong> l’OMS et une politique <strong>de</strong> donation ciblée avec l’OMS, avecun stock mondial centralisé et <strong>de</strong>s stocks décentralisés, soit environ 10 millions <strong>de</strong> traitement dont 5 avaient été libérés lors <strong>de</strong>l’épidémie mexicaine. Ensuite, c’est une politique d’accords <strong>de</strong> licence, avec <strong>de</strong>s producteurs, <strong>de</strong>ux en Chine et un en In<strong>de</strong>,afin d’assurer la mise à disposition <strong>de</strong> ce produit dans ces pays très peuplés. Enfin, un accord <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologie avecun producteur Sud-Africain pour assurer la mise à disposition sur ce continent. Enfin tout un travail avec <strong>le</strong>s Institutionsinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s, pour faire évoluer l’AMM du produit pour répondre à <strong>de</strong>s situations particulières, avec la toute prochaineextension d’indications pour <strong>le</strong> nourrisson <strong>de</strong> 6 à 12 mois et l’extension chez la femme enceinte, puisque l’on a pu voir que lafemme enceinte présentait une sensibilité particulière à ce virus.6/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


3.2. « Développer et mettre à disposition <strong>de</strong>s médicaments adaptés :exemp<strong>le</strong> du paludisme en Afrique »Dr François Bompart, Directeur médical, Accès au médicament -Sanofi-AventisNous connaissons tous <strong>le</strong>s problèmes récurrents d’accès aux médicaments dans un certain nombre <strong>de</strong> pays du Sud, enparticulier, en Afrique Subsaharienne.Les solutions techniques existent mais <strong>le</strong>s populations ont peu ou pas accès à <strong>de</strong>s médicaments adaptés et quand c’est <strong>le</strong> cas ils’agit malheureusement fréquemment <strong>de</strong> produits contrefaits.A travers <strong>le</strong> paludisme qui touche particulièrement la population africaine et qui est un facteur important <strong>de</strong> la pauvreté dansce continent nous verrons comment une gran<strong>de</strong> entreprise pharmaceutique multi<strong>nationa<strong>le</strong></strong>, en partenariat avec une association<strong>de</strong> droit privé (DNDi : Drugs for Neg<strong>le</strong>cted Diseases initiative), a essayé <strong>de</strong> répondre à la fois à <strong>de</strong>s exigences d’efficacité,d’innocuité et <strong>de</strong> qualité pour mettre au point un nouveau médicament actif contre cette maladie. Mais <strong>le</strong> médicament,comme dans d’autres pathologies, n’est qu’une partie <strong>de</strong> la réponse et dans <strong>le</strong> même temps il a fallu construire <strong>de</strong>s outilsd’information, <strong>de</strong> communication pour sensibiliser <strong>le</strong>s populations atteintes par cette maladie.Pourquoi une politique d’Accès au Médicament ?La première réponse à cette question passe par la conscience <strong>de</strong>s professionnels au sein <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique, <strong>de</strong><strong>le</strong>urs responsabilités envers <strong>le</strong>s patients <strong>le</strong>s plus démunis.80% <strong>de</strong> la population mondia<strong>le</strong> n’a pas un accès suffisant auxmédicaments. Les professionnels <strong>de</strong> santé et citoyens que nous sommes ont vocation à développer une tel<strong>le</strong> vision altruiste.La <strong>de</strong>uxième réponse est d’ordre économique. L’industrie pharmaceutique, pour sa pérennité même, a <strong>le</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> sedévelopper « au Sud ». Il s’agit d’un nouveau « business mo<strong>de</strong>l »: l’industrie pharmaceutique <strong>de</strong> Recherche doit aussi sedévelopper dans <strong>le</strong>s pays émergents et en développement.Les gran<strong>de</strong>s firmes inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s préfèrent dorénavant, comme forme <strong>de</strong> réponse pertinente <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur part aux problèmesrécurrents d’accès aux médicaments dans <strong>le</strong>s pays concernés, plutôt qu’une réponse en dons et en numéraire, mobiliser toutes<strong>le</strong>s expertises internes et externes sur <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> développement.C’est dans ce cadre que la firme Sanofi-Aventis s’est mobilisée pour améliorer l’accès aux médicaments antipaludiques.Comment améliorer l’accès aux médicaments antipaludiques ? L’action <strong>de</strong> Sanofi-Aventis se décline en 4 axes, fournir <strong>de</strong>smédicaments adaptés aux besoins <strong>de</strong>s patients, fournir <strong>de</strong>s médicaments abordab<strong>le</strong>s pour tous <strong>le</strong>s patients, informer <strong>le</strong>sacteurs <strong>de</strong> santé et mener <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Recherche & DéveloppementDes médicaments adaptés aux besoins contre <strong>le</strong> paludismeComme vous <strong>le</strong> savez, l’OMS recomman<strong>de</strong>, pour <strong>le</strong> traitement du paludisme, la mise à disposition d’association <strong>de</strong>médicaments. Nous avons développé avec DNDi 1 une association fixe d’artésunate (AS)-amodiaquine (AQ) permettant <strong>de</strong>traiter toutes <strong>le</strong>s tranches d’âge, avec <strong>le</strong> même comprimé, la posologie étant adaptée par sécabilité ou par multiplication.En effet, nous sommes partis <strong>de</strong> la constatation que, pour améliorer l’observance du traitement par <strong>le</strong> patient et diminuer <strong>le</strong>srisques <strong>de</strong> résistance, l’utilisation du médicament doit être la plus simp<strong>le</strong> possib<strong>le</strong>. La combinaison à doses fixes évite <strong>le</strong>risque que <strong>le</strong>s patients ne prennent que l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux composants actifs. La nouvel<strong>le</strong> formulation permet <strong>de</strong> limiter <strong>le</strong>traitement pour un adulte à 2 comprimés par jour en une prise pendant 3 jours au lieu <strong>de</strong> 8 comprimés par jour. Pour <strong>le</strong>snourrissons et enfants, la posologie est d’1 comprimé par jour pendant 3 jours. Ces comprimés peuvent être faci<strong>le</strong>mentécrasés et mélangés à <strong>de</strong>s liqui<strong>de</strong>s ou à <strong>de</strong> la nourriture semi-liqui<strong>de</strong>, ce qui facilite gran<strong>de</strong>ment <strong>le</strong>ur utilisation chez l’enfant.Cette association à dose fixe est un réel progrès par rapport aux médicaments jusqu’alors proposés <strong>de</strong> façon séparée ou en coblisters.Des médicaments abordab<strong>le</strong>s pour tous <strong>le</strong>s patientsLa première étape est d’arriver à abaisser au maximum <strong>le</strong> coût <strong>de</strong> production, à qualité maintenue. C’est <strong>le</strong> cahier <strong>de</strong>s chargesqui est imposé aux équipes <strong>de</strong> production. Ensuite, nous déterminons <strong>le</strong> prix “sans perte ni profit”. Sur cette base, nousproposons ces médicaments au Secteur public, ONG, UNICEF, Fonds Mondial, etc. En revanche, <strong>le</strong> même médicament seraproposé dans <strong>le</strong>s pharmacies privées au prix du marché (1 médicament, 2 noms <strong>de</strong> marque, 2 niveaux <strong>de</strong> prix).1 En 2003, à l’initiative <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cins Sans Frontières, Prix Nobel <strong>de</strong> la paix 1999, sept organisations du mon<strong>de</strong> entier ont uni<strong>le</strong>urs forces pour créer DNDi (Drug for Neg<strong>le</strong>cted Diseases Initiative) soit cinq institutions du secteur public - la FondationOswaldo Cruz du Brésil, l'Indian Council for Medical Research, <strong>le</strong> Kenya Medical Research Institute, <strong>le</strong> ministère <strong>de</strong> la Santé<strong>de</strong> Malaisie et la France avec l'Institut Pasteur , MSF et un organisme <strong>de</strong> recherche international, <strong>le</strong> PNUD / Banque mondia<strong>le</strong> /OMS Programme spécial <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> formation concernant <strong>le</strong>s maladies tropica<strong>le</strong>s (TDR), qui agit comme unobservateur permanent à la initiative.Cette organisation, sans but lucratif, développe <strong>de</strong> nouveaux traitements contre <strong>le</strong> paludisme, la <strong>le</strong>ishmaniose viscéra<strong>le</strong> (LV),maladie du sommeil (trypanosomiase humaine africaine) et la maladie <strong>de</strong> Chagas.7/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Le traitement ASAQ coûte moins <strong>de</strong> 1 dollar pour l'adulte et 0,50 dollar pour l'enfant (marché public), pour un traitementcomp<strong>le</strong>t sur trois jours.Grâce à cette politique, plus <strong>de</strong> 18 millions <strong>de</strong> traitements antipaludiques ont été distribués à prix préférentiels dans 16 paysd’Afrique entre 2005 et 2008, et vraisemblab<strong>le</strong>ment nous atteindrons <strong>le</strong>s 30 millions <strong>de</strong> traitements anticipés en 2009, sachantque notre capacité <strong>de</strong> production peut atteindre 70 millions <strong>de</strong> traitements / an.Contribuer à l’information <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> santéLe médicament seul ne suffit pas. Nous avons préparé une sorte <strong>de</strong> “Boîte à outils” d’Information, éducation et <strong>de</strong>communication pour promouvoir la prise en charge “intégrée” du paludisme, par utilisation appropriée <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s outilsexistants et pour susciter, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s acteurs, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’interventions adéquates (moustiquaires, diagnostics,médicaments…).Pour <strong>le</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé, nous éditons un mémento thérapeutique du paludisme, dont la rédaction a été confiéeentièrement à <strong>de</strong>s experts africains.Pour <strong>le</strong>s communautés et <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s, nous avons préparé <strong>de</strong>s Boîtes à images « Ensemb<strong>le</strong> luttons contre <strong>le</strong> paludisme ».Cette boîte à image a été développée en collaboration avec <strong>le</strong> Programme National <strong>de</strong> Lutte contre <strong>le</strong> Paludisme <strong>de</strong> la Côted’Ivoire. Cette même boîte à image a été adaptée par <strong>le</strong>s PNLP du Burkina Faso et du Ghana pour col<strong>le</strong>r à la réalité du terrain<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pays.Rechercher et Développer <strong>de</strong> nouveaux médicaments antipaludiquesNous poursuivons <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> trois médicaments :- Ferroquine-artesunate – voie ora<strong>le</strong>, Phase II. (USTL, Lil<strong>le</strong>, Pr. Brocard)- Bis-thiazolium SAR97276/T3- voie Injectab<strong>le</strong>, Phase II. (Université Montpellier II, Pr. H. Vial)- Trioxaquine SAR116242/PA1103, voie Ora<strong>le</strong>, phase préclinique (PALUMED, Toulouse, Dr. B. Meunier)Nous développons en même temps un Programme d’accompagnement du déploiement <strong>de</strong> ”ASAQ”. Nous avons vouludévelopper un programme <strong>de</strong> pharmacovigilance active avec l’objectif d’obtenir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> bonne qualité sur latolérance et l’efficacité d’ASAQ dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> “vie réel<strong>le</strong>” et avec l’objectif <strong>de</strong> développer l’expertise <strong>de</strong> noscollègues africains sur cet aspect <strong>de</strong> pharmacovigilance et <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong>s résistances.Nous avons formalisé ce programme dans un « Risk Management Plan » qui a été soumis à l’OMS. Ce programme comporte8 étu<strong>de</strong>s cliniques, avec plus <strong>de</strong> 20 000 patients qui seront inclus.Pour conclure, il faut comprendre que la maîtrise <strong>de</strong> l’endémie paludique ne peut s’envisager que sur <strong>le</strong> long terme. Lesprojections montrent que pour obtenir <strong>de</strong>s résultats, il faudra maintenir, au plan international, <strong>le</strong>s investissements à un niveaué<strong>le</strong>vé (6 milliards <strong>de</strong> dollars annuels pendant encore plus <strong>de</strong> 10 ans et 3 milliards, au-<strong>de</strong>là, encore une dizaine d’annéesencore).Carine BRUNETON, Déléguée Généra<strong>le</strong> - ReMeDReMEd3.3. « Politique <strong>de</strong>s médicaments et approvisionnement en médicaments<strong>de</strong> qualité »ReMed ou Réseau Médicaments & Développement est une association <strong>de</strong> solidarité inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> qui œuvre à un meil<strong>le</strong>uraccès à <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong> qualité dans <strong>le</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement. C’est une association régie par la Loi 1901,constituée en 1993 et reconnue d’intérêt général, qui représente à ce jour un peu plus <strong>de</strong> 1700 professionnels <strong>de</strong> santé dans <strong>le</strong>Mon<strong>de</strong>. Nous coordonnons <strong>le</strong>s échanges d’information entre <strong>le</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé du Nord et ceux du Sud. Nousorganisons <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s populations du Nord et du Sud aux problématiques du médicament. Nousassurons <strong>le</strong> transfert <strong>de</strong> compétences et la formation <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé. Nous mettons notre expertise au service <strong>de</strong>nos partenaires. Nous travaillons avec 22 pays d’Afrique (Angola, Benin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert,Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée équatoria<strong>le</strong>, I<strong>le</strong>s Comores, Madagascar, Mali,Mauritanie, Niger, République du Démocratique du Congo, Rwanda, Tchad, Togo, Sénégal), un pays asiatique, <strong>le</strong>Cambodge, Haïti. Et nous travaillons aussi en France.L’action <strong>de</strong> ReMed en matière <strong>de</strong> dons <strong>de</strong> médicaments est née d’une série <strong>de</strong> catastrophes humanitaires et pharmaceutiques.Du tremb<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> terre qui affecta l’Arménie en 1988 jusqu’au Tsunami en 2004 en Indonésie, <strong>de</strong>s tonnes <strong>de</strong> médicamentsnon utilisés (MNU) pour la plupart périmés, inadaptés aux pathologies loca<strong>le</strong>s ou non i<strong>de</strong>ntifiés ont été envoyées et détruites,car inutilisab<strong>le</strong>s, pour <strong>de</strong>s sommes se chiffrant en millions <strong>de</strong> dollars. L’envoi <strong>de</strong> MNU en situation d’urgence a étéofficiel<strong>le</strong>ment dénoncé pour la première fois en 1995 dans la Déclaration <strong>de</strong> Mostar. En situation <strong>de</strong> non urgence, <strong>le</strong>s mêmesprocédés sont utilisés pour pallier <strong>le</strong> supposé manque <strong>de</strong> médicaments dans <strong>le</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement. Or, laredistribution humanitaire <strong>de</strong>s MNU est effectuée en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout cadre rég<strong>le</strong>mentaire. Ni <strong>le</strong>ur qualité, ni <strong>le</strong>ur traçabilité ne8/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


peuvent être garanties et ils ne correspon<strong>de</strong>nt pas nécessairement aux besoins et aux pathologies <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong>stinataires et à laformation <strong>de</strong>s personnels médicaux qui <strong>le</strong>s utilisent.Malgré la bonne volonté <strong>de</strong>s personnes qui interviennent sur ce recyclage, cette pratique <strong>de</strong>s MNU a été remise en question, àcommencer par <strong>le</strong>s acteurs <strong>de</strong>s pays en développement eux-mêmes, comme l’a montré l’appel <strong>de</strong> M.Fodé Fofana, prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> l’Inter-Ordre <strong>de</strong>s pharmaciens d’Afrique (IOPA) au ministre <strong>de</strong> la santé français <strong>le</strong> 7 décembre 2006 « […] Tout enreconnaissant la bonne foi <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong> ces associations, nous faisons observer que ces médicaments [non utilisés] déjàdiffici<strong>le</strong>ment gérab<strong>le</strong>s en Europe, causent plus <strong>de</strong> problèmes en Afrique qu’ils n’en résolvent.[…] ». Ces dons, en effet, nerespectent pas <strong>le</strong>s politiques pharmaceutiques loca<strong>le</strong>s et concurrencent <strong>le</strong>s circuits locaux <strong>de</strong> distribution pharmaceutique. Enoutre, ils sont susceptib<strong>le</strong>s d’alimenter <strong>le</strong> marché illicite <strong>de</strong> médicaments, en p<strong>le</strong>ine expansion en Afrique. Délivrés par <strong>de</strong>sven<strong>de</strong>urs analphabètes, ces MNU constituent donc un véritab<strong>le</strong> problème <strong>de</strong> santé publique, en mettant en danger la santé,voire la vie, <strong>de</strong>s populations concernées.Depuis quelques années, <strong>de</strong> nombreux pays en développement ont défini une liste limitative <strong>de</strong> médicaments essentielsgénériques. Ces médicaments sont disponib<strong>le</strong>s aujourd’hui dans <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s d’achats <strong>de</strong> médicaments essentiels génériques<strong>de</strong>s pays. D’un autre côté, <strong>le</strong>s associations caritatives européennes, qui souhaitent faire <strong>de</strong>s dons <strong>de</strong> médicaments, peuventdorénavant effectuer <strong>de</strong>s achats <strong>de</strong> médicaments essentiels génériques adaptés et à moindre coût à la Centra<strong>le</strong> humanitairemédico-pharmaceutique (CHMP) <strong>de</strong> C<strong>le</strong>rmont-Ferrant.En France, <strong>le</strong> 25 janvier 2007, <strong>le</strong> Sénat français a voté l’arrêt <strong>de</strong> la col<strong>le</strong>cte <strong>de</strong>s MNU, qui passait <strong>de</strong>puis 1993, par <strong>le</strong>dispositif CYCLAMED. De nombreuses associations françaises <strong>de</strong> solidarité inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> utilisaient jusqu’alors <strong>de</strong>s MNUdans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur activité.Quel<strong>le</strong> doit être alors la politique d’approvisionnement en médicaments à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> ces pays ?La santé fait partie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme. Le droit à la santé est applicab<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s hommes et particulièrement auxgroupes vulnérab<strong>le</strong>s ou marginalisés. L’égalité doit donc se traduire par une meil<strong>le</strong>ure accessibilité aux traitements et auxsoins pour tous, sans aucune discrimination <strong>de</strong> race, <strong>de</strong> sexe, d’appartenance religieuse ou <strong>de</strong> catégorie socia<strong>le</strong>. Lestraitements et <strong>le</strong>s soins doivent être assurés équitab<strong>le</strong>ment à tous <strong>le</strong>s niveaux : aux urgences, en consultations et àl’hospitalisation.Le droit au traitement est indissociab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s médicaments nécessaires à l’accomplissement <strong>de</strong>s actesthérapeutiques.Quels sont <strong>le</strong>s principaux obstac<strong>le</strong>s pour l’accès aux médicaments nécessaires ? Quel<strong>le</strong> est <strong>le</strong>ur disponibilité à l’échel<strong>le</strong> loca<strong>le</strong>,régiona<strong>le</strong> ou <strong>nationa<strong>le</strong></strong> ? Quels sont <strong>le</strong>urs prix ? Qui doit financer <strong>le</strong>urs achats ? Quel<strong>le</strong> est la qualité <strong>de</strong> ces médicaments ?Sont-ils utilisés rationnel<strong>le</strong>ment ? Quel<strong>le</strong> est la performance du système <strong>de</strong> soins où ils seront prescrits ? Beaucoup <strong>de</strong>questions à se poser si l’on cherche à créer un système d’approvisionnement pérenne et fiab<strong>le</strong> et répondant aux besoins <strong>de</strong>spopulations concernées.Basée sur la moyenne <strong>de</strong>s revenus par capita, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jonathan D. Quick WHO/EDM, 2002 a montré qu’il fallait enmoyenne 500 jours <strong>de</strong> travail pour un habitant <strong>de</strong> Tanzanie pour se procurer un traitement antitubercu<strong>le</strong>ux, contre quelquesjours en Thaïlan<strong>de</strong> et moins d’un jour pour un Suisse.Les mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s pays en développement (PED) et ceux <strong>de</strong>s pays développés n’ont pas <strong>le</strong>s mêmes chances <strong>de</strong>vant la maladie.Afin d’assurer l’accès aux médicaments essentiels et <strong>le</strong>ur disponibilité tout en assurant <strong>le</strong>ur efficacité et <strong>le</strong>ur innocuité,l’Organisation mondia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la santé à créé <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> concept <strong>de</strong> politique pharmaceutique et <strong>de</strong> liste <strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>de</strong>médicaments essentiels 2 suite à la résolution WHA28.66 lors <strong>de</strong> la 28 ème Assemblée mondia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la santé en 1975 3 etpersonne ne pouvait imaginer à cette époque qu’un modè<strong>le</strong> théorique <strong>de</strong> pensée qui oriente la réf<strong>le</strong>xion scientifique et sonapplication dans <strong>le</strong> domaine du médicament avec comme objectif « la santé pour tous » connaîtrait <strong>le</strong> développement atteintactuel<strong>le</strong>ment.Ainsi pour l’OMS, assurer l’accès aux médicaments essentiels c’est d’abord, opérer une sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> médicamentsnécessaires en rapport avec <strong>le</strong>s priorités, c’est ensuite, obtenir que <strong>le</strong> coût soit supportab<strong>le</strong> pour l’individu, opérer unfinancement continu et c’est rendre <strong>le</strong> système d’approvisionnement <strong>de</strong> soin fiab<strong>le</strong>.La politique pharmaceutique <strong>nationa<strong>le</strong></strong> d’un pays permet d’établir <strong>de</strong>s priorités <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s acceptées par tous (professionnels<strong>de</strong> santé, industries pharmaceutiques, associations <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, ministère <strong>de</strong> la santé et gouvernement), afin d’orienter <strong>le</strong>système pharmaceutique national et répondre aux priorités <strong>de</strong> la santé publique et son objectif est d’assurer aux populationsun approvisionnement régulier en produits pharmaceutiques <strong>de</strong> qualité, sûrs, efficaces et accessib<strong>le</strong>s géographiquement etfinancièrement.Les médicaments essentiels doivent satisfaire <strong>le</strong>s principaux besoins en santé <strong>de</strong> la population à qui ils sont <strong>de</strong>stinés puisqu’ilsrépon<strong>de</strong>nt aux maladies préva<strong>le</strong>ntes et présentent un bon rapport coût/efficacité.2 OMS, Liste modè<strong>le</strong> <strong>de</strong>s médicaments essentiels, Rapport technique <strong>de</strong> la série n°615, 1977.3 OMS, Official Records, n°226, annexe 13, p 96-110.9/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Les médicaments essentiels doivent être présents dans un système <strong>de</strong> santé en quantité suffisante, en formes et dosagesadéquats pour <strong>le</strong>s traitements et être d’une bonne qualité pharmaceutique, enfin à <strong>de</strong>s prix pouvant être supportés parl’individu et sa col<strong>le</strong>ctivité.Le système national d’approvisionnementLe système national d'approvisionnement repose dans la plupart <strong>de</strong>s pays à ressources limitées sur un système pyramidal avecune centra<strong>le</strong> d'achat et un circuit <strong>de</strong> distribution approvisionnant <strong>le</strong>s formations sanitaires directement à partir <strong>de</strong> la centra<strong>le</strong>d'achat ou par l'intermédiaire <strong>de</strong> dépôts régionaux et/ou <strong>de</strong> district.ECHELLE SECTEUR PRIVÉ SECTEUR PUBLICLe Système PharmaceutiquePARTENAIRESInter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>Fabricants MultinationauxOrganismesInternationauxd’ApprovisionnementDonateursDPMNationa<strong>le</strong>Fabricants LocauxDistributeurs en GrosCentra<strong>le</strong>sd’AchatÉtatiquesTiers PayantInstitutionAssociationProfessionnel<strong>le</strong>Régiona<strong>le</strong>DistributeursDépôts PharmaceutiquesRégionauxDistrict<strong>Pharmacie</strong>s et Ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>Médicaments<strong>Pharmacie</strong>s du DistrictCommunautaire: Circulation principa<strong>le</strong><strong>de</strong>s produits: Circulation intermédiaire<strong>de</strong>s produits: Echanges d’informationsPrescripteurs du PrivéConsommateurs (mala<strong>de</strong>s)ReMeD - Réseau Médicaments &Développement - www.remed.org<strong>Pharmacie</strong>s <strong>de</strong>s Centres<strong>de</strong> SantéONG etOrganisationCommunautairesPartage <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s en matière <strong>de</strong> solidarité avec d’autres partenairesDepuis plus d'une décennie, <strong>le</strong>s partenaires appuient <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s d’achats, notamment pour <strong>le</strong>s maladies prioritaires- Les multilatéraux : UE, BM, BAD, BID, Fonds Mondial, UNITAID, etc...- Les bilatéraux : USAID, PEPFAR, CF, DFID, CTB, JICA, SIDA...- Les fondations : Clinton, Bill & Melinda Gates, Damien...- Les agences <strong>de</strong>s Nations Unies : UNICEF, FNUAP, PNUD, ONUSIDA,...- Les Confessionnels- Les ONGs : MSF, MSH, FHI…Ces partenaires ont dans certains cas <strong>le</strong>ur propre système d'approvisionnement et <strong>de</strong> distribution et l’impact négatif <strong>de</strong> cettesituation a été mis en évi<strong>de</strong>nce.Les programmes internationaux <strong>de</strong> dons <strong>de</strong> médicaments évaluent <strong>le</strong> succès <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs actions au vu du nombre <strong>de</strong> traitementslivrés aux autorités sanitaires <strong>de</strong>s pays concernés. Ils associent directement ce chiffre au nombre <strong>de</strong> vies susceptib<strong>le</strong>s d'êtresauvées en partant du principe que100 % <strong>de</strong>s traitements arriveront au chevet <strong>de</strong>s patients. Les étu<strong>de</strong>s réalisées par plusieurséquipes universitaires et <strong>le</strong>s observations rapportées par <strong>le</strong>s soignants du pays ou expatriés sur <strong>le</strong> terrain démontrentl'inexactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce lien : <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> soignés et <strong>de</strong> guéris est très inférieur au nombre <strong>de</strong> traitements fournis.Il apparaît évi<strong>de</strong>nt que <strong>le</strong>s programmes internationaux portant sur l'accès aux médicaments, mis en place <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années2000, ont été bénéfiques en mettant à la disposition <strong>de</strong>s pays à ressources limitées <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> qualité, mais il est àprésent évi<strong>de</strong>nt qu'il est temps <strong>de</strong> se doter <strong>de</strong>s moyens financiers permettant d'évaluer <strong>le</strong>s points d'efforts qui restent à meneren vue d'assurer la distribution rationnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces médicaments aux populations pour optimiser ces programmes.Une étu<strong>de</strong> a été menée par l’OMS pour évaluer <strong>le</strong>s résultats <strong>de</strong> ces programmes d’ai<strong>de</strong> diverses, dans 10 pays au Cameroun,Sénégal, Rwanda, Burundi, Mali, Congo-Brazzavil<strong>le</strong>, Ghana, Nigéria, Tanzanie, et Zambie]. Cette étu<strong>de</strong> se poursuitactuel<strong>le</strong>ment pour d’autres pays.L’objectif <strong>de</strong> l’OMS a été d’appuyer <strong>le</strong>s Ministères <strong>de</strong> la Santé pour réaliser :- la cartographie <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s partenaires et structures impliqués dans l'approvisionnement et la distribution <strong>de</strong>sproduits pharmaceutiques- l'évaluation approfondie <strong>de</strong>s systèmes d'approvisionnement et <strong>de</strong> distribution- l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s forces et faib<strong>le</strong>sses10/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


- in fine, <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> stratégies pour <strong>le</strong> renforcement <strong>de</strong> la coordination et <strong>de</strong>s capacités <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s.La méthodologie est en <strong>de</strong>ux étapes : Etape 1 : opérer la cartographie, c'est-à-dire i<strong>de</strong>ntifier tous <strong>le</strong>s partenaires et structuresimpliqués, décrire <strong>le</strong>s circuits d'approvisionnement et <strong>de</strong> distribution et décrire <strong>le</strong>s flux financiers selon <strong>le</strong>s catégories <strong>de</strong>produits concernés (MEG, y compris <strong>le</strong>s ARVs adultes et pédiatriques, Antipaludiques, TB, IO, Réactifs VIH/SIDA,Vaccins, Préservatifs, Contraceptifs et dispositifs médicaux). Etape 2 : Réaliser une évaluation approfondie <strong>de</strong>s structures et<strong>de</strong>s systèmes d'approvisionnement et <strong>de</strong> distribution (Calcul d'indicateurs <strong>de</strong> performance pour tous <strong>le</strong>s niveaux <strong>de</strong> la chaîned'approvisionnement)Les résultats <strong>de</strong> cette évaluation ont montré <strong>le</strong>s forces et faib<strong>le</strong>sses <strong>de</strong>s systèmes d’approvisionnement vis-à-vis <strong>de</strong>s actions<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s Institutions caritatives inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s.Les Forces : L’action <strong>de</strong>s organisations permet :- <strong>de</strong>s ressources financières additionnel<strong>le</strong>s importantes permettant <strong>le</strong> renforcement du système <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s produitspharmaceutiques- Un appui technique permettant <strong>le</strong> renforcement <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong>s acteurs impliqués dans la gestion <strong>de</strong>s achats et <strong>de</strong>sapprovisionnements <strong>de</strong>s produits pharmaceutiques- Un appui logistique dans certains cas, permettant d'améliorer la distribution et donc la disponibilité géographique <strong>de</strong>certains catégories <strong>de</strong>s produits pharmaceutiques- Un appui en ressources humainesLes Faib<strong>le</strong>sses : En revanche- sur <strong>le</strong> financement : Les données financières diffici<strong>le</strong>ment disponib<strong>le</strong>s. Il existe un manque <strong>de</strong> coordination entre <strong>le</strong> MSet <strong>le</strong>s partenaires, ce qui entraîne une mauvaise répartition <strong>de</strong>s fonds disponib<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s différents programmes. Peu <strong>de</strong>financements sont prévus pour la logistique el<strong>le</strong>-même, ce qui entraîne une perturbation du système nationald'approvisionnement.- Achat/Approvisionnement : la multitu<strong>de</strong> et la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong>s procédures d'achat et <strong>de</strong> décaissement entraînent <strong>de</strong>sruptures <strong>de</strong> stock, <strong>de</strong>s sur-stockages et <strong>de</strong>s périmés.- Gestion <strong>de</strong> stock : El<strong>le</strong> est souvent différenciée en fonction <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> financement, ce qui augmente la charge <strong>de</strong>travail du personnel et la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s stocks- Suivi-Evaluation : Les outils <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> reporting multip<strong>le</strong>s surchargent <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s stocks àtous <strong>le</strong>s niveaux <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> sanitairePour illustrer la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong>s systèmes, voici l’exemp<strong>le</strong> du circuit d’approvisionnement au Burundi.Systèmes d'approvisionnement <strong>de</strong>s produits pharmaceutiques au BURUNDI. Juil<strong>le</strong>t 2007République du BurundiMinistère <strong>de</strong> la Santé PubliqueMEDICAMENTSESSENTIELSARVs PALUDISME TB IOARVsPedREACTIFSsécurité du sang(+ test HIV)VACCINS Préservatifs ContraceptifsDispositifsMédicauxEtatBail<strong>le</strong>ursbilatérauxBail<strong>le</strong>ursmultilatérauxONG/PrivéSources<strong>de</strong>FinancementETATCAMEBUDFIDUEFONDSMONDIALCLINTONUNITAIDGDFOMSUNICEFMSFACFPDMCICRBMGTZCEPBUUSAIDGVCGAVICTBPSICORDAIDFNUAPIPPFKFWCONCERNStructured'approvisionnementPNLTCAMEBUIPASEP/CNLSCLINTONGDFOMSUNICEFMSFACFPDMCICRSEP/CNLSGTZCEPBUGVCCTBPSICORDAIDFNUAPIPPFGFACONCERN1er point<strong>de</strong> stockagePNLT CAMEBUPEV IMC MSF ACF PNLO CICR CEPBU GVC PSI CORDAID ABUBEF PNSR CONCERN2ème point<strong>de</strong> stockagePNSRSite <strong>de</strong> priseen chargeHÔPITAUXCDVCNTSIMC ACF PRISON BPS GVCGrossistePrivéCORDAIDCDSCPLSStructuredispensatriceBPS CPLS CDVSite <strong>de</strong> priseReMeD - Réseau SNT/CNT Médicaments CDT/CT &en chargeCDSDétaillantsCOCOLSDéveloppement - www.remed.orgPATIENTExemp<strong>le</strong> du circuit d’approvisionnement au Burundi.Le choix <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> en dons <strong>de</strong> médicaments entraîne ainsi:11/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


3.4. « Le don <strong>de</strong> médicaments en situation d’urgence - <strong>le</strong>s conditions dusuccès »Christine PERRIER, Directrice - TulipeTulipe est l’opérateur qui fédère <strong>le</strong>s dons <strong>de</strong>s Entreprises du médicament pour répondre en urgence aux besoins <strong>de</strong>spopulations en détresse lors <strong>de</strong>s crises sanitaires aigues, <strong>de</strong>s catastrophes naturel<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s conflits. L’intervention <strong>de</strong> firmesprend la forme du paiement d’une cotisation et <strong>de</strong> dons <strong>de</strong> produits. En 2009, Tulipe compte 57 entreprises adhérentes. En2007, avec 26 entreprises adhérentes, 800 000 euros <strong>de</strong> dons ont été traités.Grâce aux dons <strong>de</strong> médicaments <strong>de</strong>s entreprises adhérentes, Tulipe est en mesure d’apporter une ai<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s associations quiopèrent en situation d’urgence (catastrophes naturel<strong>le</strong>s, conflits…). Tulipe travail<strong>le</strong> avec <strong>de</strong>s associations spécialisées, dontel<strong>le</strong> est partenaire <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> vingt ans : Comité <strong>de</strong> Secours Internationaux (COSI), Secouristes sans frontières, Centre <strong>de</strong>Crise du Ministère <strong>de</strong>s Affaires Etrangères/ ex DAH, Croix Rouge FrançaisePar ail<strong>le</strong>urs, hors situations d’urgence, Tulipe est en mesure <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s donations à <strong>de</strong>s associations qui viennent en ai<strong>de</strong> à<strong>de</strong>s populations en situation <strong>de</strong> détresse chronique.L’attribution <strong>de</strong> ces donations est décidée par <strong>le</strong> pharmacien responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> Tulipe, en fonction <strong>de</strong>s stocks disponib<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>ne garantit en rien la reconduite <strong>de</strong> ces donations l’année suivante.L’intervention <strong>de</strong> Tulipe prend donc en général la forme d’une mise à disposition, dans <strong>de</strong>s délais très courts, <strong>de</strong> kits (oucantines) <strong>de</strong> médicaments neufs, adaptés aux besoins du terrain.Les kits <strong>de</strong> médicaments non attribués à ces missions d’urgence sont, dans un souci <strong>de</strong> bonne gestion, réaffectés à d’autresprogrammes d’ai<strong>de</strong>. Dans ce cadre spécifique, ils font l’objet <strong>de</strong> dons à <strong>de</strong>s organismes français dûment sé<strong>le</strong>ctionnés, quis’engagent à respecter <strong>le</strong> cahier <strong>de</strong>s charges défini par Tulipe.Le don <strong>de</strong> médicaments en situation d’urgence est une activité qui présente, outre <strong>le</strong>s caractéristiques habituel<strong>le</strong>s appliquéesaux dons <strong>de</strong> médicaments, une contrainte supplémentaire : cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’urgence.Tout d’abord, il est nécessaire <strong>de</strong> bien définir ce qu’est une situation d’urgence. Ce terme très générique englobe en fait troisphases successives : l’extrême urgence, l’urgence et la post-urgence.Seul <strong>le</strong> don en situation d’extrême urgence à l’international est traité ici.La condition du succès d’une intervention en situation d’urgence à l’international est <strong>de</strong> pouvoir appliquer une méthodologiereproductib<strong>le</strong> dans un contexte exceptionnel et unique. Ceci afin d’acheminer au bon endroit, en temps voulu, <strong>le</strong>s bonsmédicaments et <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur prescription et administration par <strong>de</strong>s personnels qualifiés aux patients ciblés. Le don <strong>de</strong>médicaments en situation d’urgence va donc bien au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la mise à disposition d’un stock <strong>de</strong> médicaments : il implique lamaîtrise <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> la chaîne pharmaceutique. C’est dans cet esprit que fonctionne l’association Tulipe (Urgence etSolidarité Inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>de</strong>s Entreprises du Médicament).Afin <strong>de</strong> mettre en place un don en situation d’urgence un certain nombre <strong>de</strong> conditions doivent être étudiées : s’assurer <strong>de</strong> lanécessité du don, évaluer <strong>le</strong>s besoins en médicaments, étudier <strong>le</strong>s conditions logistiques <strong>de</strong> transport, la logistique médica<strong>le</strong> etla traçabilité <strong>de</strong> la donation.Pour répondre au mieux aux besoins <strong>de</strong> l’extrême urgence à l’International, Tulipe a créé <strong>de</strong>s kits <strong>de</strong> médicaments appelés« cantines », <strong>de</strong> compositions fixes, adaptés aux situations d’urgence et au personnel soignant. Ces kits sont fabriqués àl’avance, dans l’établissement pharmaceutique Tulipe, et mis à disposition en quelques heures. Ils permettent aux équipesmédica<strong>le</strong>s une très gran<strong>de</strong> réactivité afin d’effectuer <strong>le</strong>s premiers secours et d’évaluer plus précisément <strong>le</strong>s besoinssecondaires en médicament compte tenu <strong>de</strong> chaque situation.Ce modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> kits s’inspire <strong>de</strong>s kits <strong>de</strong> médicaments essentiels <strong>de</strong> l’OMS, à ceci prêt que <strong>le</strong>s cantines Tulipe restent dédiées àl’extrême urgence. Si la situation <strong>le</strong> nécessite, <strong>le</strong> relais <strong>de</strong> l’approvisionnement pharmaceutique pourra se faire avec <strong>de</strong>s kitsOMS. En effet, un don <strong>de</strong> médicaments en situation d’extrême urgence doit toujours être envisagé comme unapprovisionnement ponctuel pour pallier <strong>le</strong> système d’approvisionnement habituel en médicament dans un contexteexceptionnel. Il n’a pas vocation à être pérennisé.L’Ordre <strong>de</strong> Malte3.5. Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pharmaciens humanitaires dans <strong>le</strong>s pays endéveloppementJean-Paul HODEAU, Ordre <strong>de</strong> MalteLes Œuvres Hospitalières Françaises <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong> Malte, association <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> 1901, créée en 1926, et reconnue d'utilitépublique dès 1927. El<strong>le</strong> a créé l’Association française <strong>de</strong>s Membres <strong>de</strong> l’Ordre qui représente, en France, l'Ordre Souverain<strong>de</strong> Malte, lui-même créé il y a neuf sièc<strong>le</strong>s.13/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


L'Association est une association caritative à vocation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> (ONG); el<strong>le</strong> gère, en France, <strong>de</strong>s activités re<strong>le</strong>vant dudomaine social et <strong>de</strong>s structures médico-socia<strong>le</strong>s, notamment en faveur <strong>de</strong>s personnes handicapées ou <strong>de</strong>s personnesdépendantes (âge, Alzheimer, etc.). Dans <strong>le</strong>s pays <strong>le</strong>s plus pauvres ou touchés par <strong>le</strong>s conflits ou <strong>le</strong>s catastrophes naturel<strong>le</strong>s,souvent en partenariat avec d’autres ONG, el<strong>le</strong> œuvre pour affirmer la préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> l’équité auprès <strong>de</strong>populations vulnérabilisées, en s’impliquant directement dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>s soins aux personnes.Les va<strong>le</strong>urs fondamenta<strong>le</strong>s <strong>de</strong> son action reposent sur <strong>le</strong> secours aux plus faib<strong>le</strong>s selon sa Charte fondatrice qui disait déjà il ya 900 ans : « sans distinction d'origine ou <strong>de</strong> religion ».Un établissement pharmaceutique est localisé à Versail<strong>le</strong>s. Il approvisionne et <strong>de</strong>ssert 176 centres <strong>de</strong> soins en Afriquesubsaharienne parmi <strong>le</strong>squels 5 hôpitaux et 5 léproseries. Ces centres sont soit <strong>sous</strong> la responsabilité directe <strong>de</strong>s Œuvres, soit<strong>de</strong>s dispensaires affiliés à <strong>de</strong>s congrégations qui partagent <strong>le</strong> même idéal.Pour illustrer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong> Malte France (OMF) dans cette vocation humanitaire, citons son implication dans la luttecontre la lèpre. L’Ordre <strong>de</strong> Malte a mis en place et continue une politique <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la recherche fondamenta<strong>le</strong> et <strong>de</strong>la recherche appliquée en créant <strong>de</strong>ux bourses annuel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> 100.000 $ chacune, alors que l’OMS avait, il y a quelques années,déclaré trop tôt la fin <strong>de</strong> la Lèpre comme gran<strong>de</strong> cause humanitaire. L’OMS, <strong>de</strong>puis, est revenue sur cette désastreusedécision. Cela illustre aussi l’importance <strong>de</strong>s Associations caritatives ou humanitaires dans la prise <strong>de</strong> conscienceinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> la santé.Le rô<strong>le</strong> du pharmacien humanitaireLe rô<strong>le</strong> du pharmacien humanitaire est sensib<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> même quel<strong>le</strong> que soit l'organisation qui l'emploie à titre bénévo<strong>le</strong>.Nous développons successivement trois parties se rapportant à- la vision du pharmacien engagé dans la pratique <strong>de</strong> l’humanitaire- l’abord toujours uti<strong>le</strong> à rappe<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>s spécificités <strong>de</strong>s pays en développement- l’illustration <strong>de</strong>s plus concrètes au travers d’un exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> cette conjonction du pharmacien en milieu économiquementpauvre, en situation sanitaire proche du dénuement, mais dans une relation à la personne <strong>de</strong>s plus authentiques et <strong>de</strong>s plusriches.Le pharmacien dans la pratique <strong>de</strong> l’humanitaireQuel<strong>le</strong> que soit la filière suivie en fin d’étu<strong>de</strong>s, <strong>le</strong> cursus <strong>de</strong> formation initia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pharmaciens s’avère indispensab<strong>le</strong> dans lamise en œuvre <strong>de</strong> la pratique humanitaire. Cependant, il n’est pas suffisant. Des formations complémentaires appropriées,proposées par certaines facultés afin d’acquérir une compétence dans l’ai<strong>de</strong> humanitaire, s’avère uti<strong>le</strong> en vue <strong>de</strong> faciliter <strong>le</strong>urintégration à <strong>de</strong>s missions ou à la coopération pharmaceutique.Cette compétence repose d’abord sur une formation théorique <strong>sous</strong> forme <strong>de</strong> DU (diplôme universitaire) « <strong>Pharmacie</strong> Ai<strong>de</strong>Humanitaire » puis sur une formation pratique <strong>de</strong> plusieurs mois sur <strong>le</strong> terrain. En outre, certaines facultés dispensent encinquième ou sixième années une vingtaine d’heures <strong>de</strong> cours dédiés au registre humanitaire.Cette formation est nécessaire pour permettre aux pharmaciens <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong> nouvel environnement dans <strong>le</strong>quel s’insèreson exercice professionnel. En effet, la chaîne du soin dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> pharmacien humanitaire va <strong>de</strong>voir s’intégrer est assezloin <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> connue dans nos pays. Dans <strong>le</strong> domaine humanitaire, on côtoie la misère, l’éloignement, <strong>le</strong> défaut <strong>de</strong> ressources,la pénurie <strong>de</strong> praticiens, <strong>le</strong> fatalisme attachés aux attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s acteurs sur place. Les impedimenta seront <strong>de</strong> faitnombreux dans la pratique professionnel<strong>le</strong> du pharmacien humanitaire :- médicaments inadaptés aux besoins <strong>de</strong>s populations ;- médicaments périmés ;- médicaments présentant un conditionnement et un résumé <strong>de</strong>s caractéristiques produits en langue étrangère ;- médicaments hygroscopiques altérés par <strong>le</strong>s conditions tropica<strong>le</strong>s (chaud & humi<strong>de</strong>) ;- médicaments <strong>de</strong>vant être conservés dans la chaîne du froid ;- médicaments essentiels en rupture <strong>de</strong> stocks ;Ce <strong>de</strong>rnier point –la rupture <strong>de</strong> stocks- révè<strong>le</strong> la sensibilité voire la dépendance aux transports (quand ce n’est pas aufinancement ou bien à la politique <strong>de</strong>s Etats !) et à tous ses aléas logistiques liés à l’affrètement maritime pour <strong>le</strong>s pays <strong>de</strong> lacôte (conteneurisation, durée du transport, priorité), aux difficultés <strong>de</strong> continuation en transport routier pour <strong>le</strong>s pays enclavés,au choix <strong>de</strong> l’aérien pour <strong>le</strong>s zones dangereusement exposées (Tchad, Est <strong>de</strong> la RDC, etc.).Chaque rupture dans <strong>le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport est source <strong>de</strong> vulnérabilité en regard <strong>de</strong>s prédateurs habituels. Que ce soit dans uncontainer sur un quai <strong>de</strong> livraison, dans un entrepôt <strong>de</strong> consignation en douanes, <strong>le</strong>s documents qui accompagnent <strong>le</strong>smarchandises signa<strong>le</strong>nt, pour eux, la présence <strong>de</strong> médicaments… c'est-à-dire d’un produit à forte va<strong>le</strong>ur ajoutée, considérécomme un luxe. Il est d’autant plus regardé comme un produit <strong>de</strong> luxe que beaucoup <strong>de</strong> personnes ne peuvent se l’offrir :nombre <strong>de</strong> containers en dépit du plombage apparemment intact sont ainsi « visités » avant <strong>le</strong>ur réception fina<strong>le</strong>.14/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Notre pharmacien humanitaire pourra être aussi désemparé par la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s médicaments, <strong>le</strong> plus souvent contrefaits quipullu<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong>s trottoirs <strong>de</strong>s vil<strong>le</strong>s, apparemment en toute impunité et <strong>le</strong> manque <strong>de</strong> qualification <strong>de</strong>s personnels appelés àtravail<strong>le</strong>r avec lui.Sur ce <strong>de</strong>rnier point, l’on est souvent heureusement surpris <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong>s paramédicaux à assurer <strong>de</strong>s fonctions plussophistiquées que cel<strong>le</strong>s auxquel<strong>le</strong>s ils ont été formés.Le rô<strong>le</strong> du pharmacien humanitaire est :- d’organiser, <strong>de</strong> gérer, <strong>de</strong> distribuer, <strong>de</strong> former, <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> recueil <strong>de</strong>s besoins en médicaments essentiels(adéquation aux proportions <strong>de</strong>s pathologies rencontrées, et à <strong>le</strong>ur saisonnalité (pério<strong>de</strong> humi<strong>de</strong> / pério<strong>de</strong> sèche,l’approvisionnement sur <strong>le</strong> plan logistique et financier, la gestion et distribution <strong>de</strong>s médicaments et dispositifsmédicaux sur <strong>le</strong>s différents centres <strong>de</strong> santé- <strong>de</strong> sensibiliser et former <strong>le</strong>s personnels <strong>de</strong> santé au bon emploi <strong>de</strong>s médicaments et aux bonnes pratiques <strong>de</strong> gestion- d’apprendre comment détruire et éliminer <strong>de</strong>s déchets pharmaceutiques- d’exercer un œil critique sur <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong>s laboratoires d’analyses (matériels, réactifs, techniques, témoinsd’étalonnage, etc.)Fréquemment, il lui sera <strong>de</strong>mandé d’al<strong>le</strong>r au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> son rô<strong>le</strong> premier <strong>de</strong> pharmacien « logisticien » pour jouer d’autres rô<strong>le</strong>scomme celui d’hygiéniste ou même d’économiste <strong>de</strong> la santé.Ainsi, <strong>le</strong> quotidien du pharmacien humanitaire est tout autant <strong>de</strong> :- se battre pour l’hygiène : <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s sièges et <strong>le</strong>s sols <strong>de</strong>s sal<strong>le</strong>s d’attente jusqu’aux paillasses où l’on réalise <strong>le</strong>sgouttes épaisses- s’insurger en permanence contre la sa<strong>le</strong>té <strong>de</strong>s murs, <strong>de</strong>s blouses, <strong>de</strong>s divans d’examen au revêtement toujoursmoribond et au drap d’examen inexistant- faire <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> javel, sans concession aucune, son allié constant!- rappe<strong>le</strong>r qu’une moustiquaire imprégnée ne doit présenter aucune déchirure et que son imprégnation a une durée <strong>de</strong>vie limitée- rappe<strong>le</strong>r sans cesse que la stérilisation en autoclave est obligatoire pour tous <strong>le</strong>s matériels à usage multip<strong>le</strong> au contact<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>sSeuls <strong>le</strong>s médicaments figurant à la nomenclature <strong>de</strong>s essentiels <strong>de</strong> l’OMS doivent être prescrits au mala<strong>de</strong>. Ce problème nese pose pas en milieu rural où <strong>le</strong>s seuls médicaments <strong>de</strong>s ONG sont accessib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s dispensaires associatifs, par contre envil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s usages sont tout autre : il advient comme dans <strong>le</strong>s centres <strong>de</strong> santé publique que <strong>de</strong>s médicaments plus récents, maissurtout plus onéreux soient recommandés au mala<strong>de</strong> ; <strong>le</strong> pharmacien doit veil<strong>le</strong>r à l’économie <strong>de</strong> sa gestion autant qu’à cel<strong>le</strong><strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s. Il doit être un garant vigilant du ratio prix / efficacité.Spécificités <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développementOn estime que l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s ONG représenterait 10% du PNB mondial. Ce chiffre est considérab<strong>le</strong>.Les populations concernées par <strong>le</strong>ur action n’ont pas <strong>de</strong> couverture socia<strong>le</strong>. Les pays concernés ont un déficit en structures <strong>de</strong>soins conventionnel<strong>le</strong>s. L’accès aux médicaments essentiels est diffici<strong>le</strong>. Ces pays sont atteints <strong>de</strong> p<strong>le</strong>in fouet par <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>sendémies (drame du Sida) avec réduction <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie dans un grand nombre et un impact économique considérab<strong>le</strong>.Du fait <strong>de</strong> ne pouvoir accé<strong>de</strong>r aux soins, en Afrique subsaharienne, on estime que :- 10 millions d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> cinq ans meurent chaque année- 500.000 femmes décè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur grossesse- 17 millions <strong>de</strong> personnes meurent <strong>de</strong> maladies infectieusesCertes, l’OMS rappel<strong>le</strong> que la santé doit être une priorité <strong>de</strong>s politiques publiques et <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> publique au développement, etdisposer d’un financement stab<strong>le</strong>, dont un minimum estimé à 40 dollars par habitant par an pour <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> base. Il fautse rendre compte comme nous <strong>le</strong> montrerons ultérieurement avec l’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> la Guinée / Conakry que certains dispensairesne disposent en tout et pour tout pour ses achats <strong>de</strong> médicaments que <strong>de</strong> 500 dollars par an pour environ 5.000 habitants.Les directions <strong>de</strong>s pharmacies <strong>de</strong>s pays africains combattent <strong>le</strong>s médicaments trottoirs et luttent contre <strong>le</strong>s importationsilléga<strong>le</strong>s. Reste que par manque <strong>de</strong> moyens, et par manque <strong>de</strong> volonté politique affirmée, jamais <strong>le</strong> commerce illégal n’aautant prospéré.Qui pénètre dans une véritab<strong>le</strong> officine en Afrique ? Moins <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> la population.Les raisons sont d’abord économiques, viennent ensuite la géographie <strong>de</strong>s lieux, <strong>le</strong>s mœurs, avec <strong>le</strong> recours à la pharmacopéetraditionnel<strong>le</strong>, et l’analphabétisme qui pèse invariab<strong>le</strong>ment son poids <strong>de</strong> préjugés.15/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Le médicament est plus onéreux (<strong>de</strong> 15 à 20 %) pour un patient africain que pour son homologue français <strong>de</strong> par la séquence-achat sur une base prix grossistes hors taxes + frais d’acheminements + taxes loca<strong>le</strong>s + marges du répartiteur + marges <strong>de</strong>l’officinal –Cette situation aberrante fait <strong>le</strong> lit <strong>de</strong>s comportements déviants que nous dénonçons.Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas : l’Ordre <strong>de</strong> Malte France (OMF) en Guinée ConakryLa Guinée est un pays côtier offrant une faça<strong>de</strong> maritime <strong>de</strong> 300 km, situé à l’Ouest <strong>de</strong> l’Afrique, est indépendant <strong>de</strong>puis1958 lorsque Sékou Touré a dit « Non » au général <strong>de</strong> Gaul<strong>le</strong>.Le coup d’Etat <strong>de</strong> Décembre 2008, à la mort <strong>de</strong> Lansana Conté, a mis ce pays au ban <strong>de</strong>s institutions inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s. Le paysse situe parmi <strong>le</strong>s moins avancés, et son PNB par habitant ne cesse <strong>de</strong> chuter.D’une superficie moitié environ <strong>de</strong> la France, el<strong>le</strong> est peuplée d’environ 10 millions d’habitants, dont 44% <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15ans, avec quatre régions naturel<strong>le</strong>s : la basse Guinée (région côtière 18 %), la moyenne Guinée (région montagneuse 22 %), lahaute Guinée (région <strong>de</strong> savane 40%) et la Guinée forestière (20 %)Les autorités loca<strong>le</strong>s ont ainsi segmenté en 4 régions sanitaires, et l’Ordre <strong>de</strong> Malte France OMF gère la moyenne Guinéeautour du Fouta Djalon.C’est une région très touchée par <strong>de</strong>s pathologies tel<strong>le</strong>s que VIH / SIDA / tuberculose, l’ulcère <strong>de</strong> Buruli, la trypanosomiasehumaine africaine, la lèpre, l’onchocercose, et <strong>le</strong> dracunculose.Les programmes élargis <strong>de</strong> vaccination ont permis d’enrayer tétanos et poliomyélite. Reste que <strong>le</strong> pays a été fortement touchéces 10 <strong>de</strong>rnières années par <strong>de</strong>s épidémies <strong>de</strong> fièvre jaune, <strong>de</strong> méningites cérébro-spina<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> rougeo<strong>le</strong>, <strong>de</strong> choléra, et <strong>de</strong>shigelloses.Le secteur pharmaceutique est constitué <strong>de</strong> 230 officines, 40 points <strong>de</strong> vente, et 10 laboratoires d’analyse biomédica<strong>le</strong>.La mé<strong>de</strong>cine et la pharmacopée traditionnel<strong>le</strong>s sont utilisées par 80 % <strong>de</strong> la population.La structuration publique <strong>de</strong> la santé s’établit sur 5 strates- 516 postes <strong>de</strong> santé fonctionnels- 391 centres <strong>de</strong> santé- 32 hôpitaux préfectoraux / centres médicaux <strong>de</strong> communes- 7 hôpitaux régionaux- 2 hôpitaux nationauxLa structuration <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s coopératives était jusqu’alors parfaitement compartimentée :- USAID et GTZ : lutte contre <strong>le</strong> Sida, santé <strong>de</strong> la reproduction (gestion, formation, marketing, qualité <strong>de</strong>s soins,partenariat avec <strong>le</strong>s usagers- Coopération française : organisation offre <strong>de</strong> soins, réseau hospitalier, formation <strong>de</strong>s ressources humaines- Coopération canadienne : prise en charge IST, surveillance épidémiologique, riposte aux épidémies- Coopération japonaise : domaine vaccination et construction d’infrastructures <strong>de</strong> santéLes ONG jouent un rô<strong>le</strong> clé dans <strong>le</strong> financement et la mise en œuvre <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé dans la lutte contre <strong>le</strong> VIH / Sida, pourla santé <strong>de</strong> la reproduction, pour la nutrition / allaitement, pour la lutte contre la cécité, <strong>le</strong> paludisme, la lèpre, la tuberculose,et l’ulcère <strong>de</strong> Buruli.Historiquement <strong>de</strong>puis l’indépendance, l’Ordre <strong>de</strong> Malte France s’occupait <strong>de</strong>s léproseries. Depuis 1985, il lui est dévolul’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la moyenne Guinée pour la mise en application <strong>de</strong> la Politique Nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> Lutte contre la Lèpre (PNLCL) et<strong>de</strong>puis 1993, la Politique Nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> Lutte contre la Tuberculose (PNLCT). Sur <strong>le</strong> reste <strong>de</strong> la Guinée, nous avons nosdispensaires <strong>de</strong> soins inscrits dans la carte sanitaire d’ensemb<strong>le</strong>.Le rô<strong>le</strong> premier du pharmacien humanitaire OMF en Guinée est <strong>de</strong> sécuriser <strong>le</strong>s approvisionnements en médicaments, endispositifs médicaux, en réactifs (pour analyse <strong>de</strong>s crachats), en matériels divers. Pour exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> cas d’espèce :- <strong>le</strong>s traitements <strong>de</strong> la lèpre sont mis gracieusement à sa disposition par la <strong>Pharmacie</strong> Centra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la Guinée (PCG),avec quelques aléas possib<strong>le</strong>s à anticiper.- <strong>le</strong>s traitements <strong>de</strong> la tuberculose sont adressés 2 fois par an par OMF (théoriquement fournis gratuitement par OMS)selon un planning convenu pour chaque exercice- <strong>le</strong>s médicaments essentiels sont acheminés 2 fois par an <strong>de</strong>puis la Centra<strong>le</strong> Humanitaire <strong>de</strong> référence IDA / PaysBas, rapportés à envoi précé<strong>de</strong>nt16/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


Sont éga<strong>le</strong>ment gérés <strong>le</strong>s compléments alimentaires (Plumpy Nut) pour lutter contre la dénutrition, <strong>le</strong>s désinfectants, <strong>le</strong>sconsommab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> toute nature pour <strong>le</strong>s lieux <strong>de</strong> soins, <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong>s plus variés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s potences pour perfusion,jusqu’au cuir pour <strong>le</strong> cordonnier, <strong>de</strong>s lits mécaniques, <strong>de</strong>s fauteuils, <strong>de</strong>s matériels pour <strong>le</strong>s ateliers d’ergothérapie <strong>de</strong>s lépreux,etc.L’achat <strong>de</strong>s médicaments auprès <strong>de</strong> centra<strong>le</strong> d’achat humanitaire, la recherche <strong>de</strong> donateurs <strong>de</strong> matériels <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main(hôpitaux, institutions) est réalisée et financée par la direction <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l’Ordre localisé à Paris.Le pharmacien humanitaire OMF s’impliquera directement dans <strong>le</strong> dédouanement et <strong>le</strong> contact avec <strong>le</strong>s autoritésadministratives à la réception au port <strong>de</strong> Conakry.Basé à Pita, vil<strong>le</strong> principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> moyenne Guinée, à trois heures <strong>de</strong> Conakry, son travail <strong>de</strong> gestionnaire <strong>de</strong>s dispensairesréparti sur <strong>le</strong> territoire <strong>le</strong> conduit à voyager très régulièrement. Il doit veil<strong>le</strong>r en outre à ce que tous <strong>le</strong>s processus : stérilisation,décontamination, incinération à l’hôpital préfectoral <strong>de</strong>s « safety boxes », etc …soient scrupu<strong>le</strong>usement respectés.Tous <strong>le</strong>s soins n’étant pas gratuits, <strong>de</strong>s contributions symboliques sont <strong>de</strong>mandées lorsque <strong>le</strong>s patients sont en mesured’acquitter. Le pharmacien participe à la réf<strong>le</strong>xion pour déterminer <strong>le</strong> montant <strong>de</strong> ces contributions mêlant consultation +traitement comp<strong>le</strong>t (toujours d’un coût majoré <strong>de</strong> quelques centimes s’il y a <strong>de</strong>s injections ou <strong>de</strong>s antibiotiques, fréquemmentgratuit pour <strong>le</strong>s autres médicaments). Selon <strong>le</strong>s postes <strong>de</strong> santé, selon <strong>le</strong>s régions, selon la participation communautaire <strong>le</strong>scontributions varient <strong>de</strong> 24 à 44 centimes d’Euro.Dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> la politique <strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>de</strong> santé, l’Etat pourvoit <strong>le</strong>s centres <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> paramédicaux (infirmiers, sagefemmes)et assure <strong>le</strong>ur rétribution. L’investissement et <strong>le</strong> fonctionnement du centre relève d’une politique communautaire <strong>de</strong>proximité.Dans <strong>le</strong>s dispensaires <strong>de</strong> moyenne Guinée, paludisme, infections pulmonaires, infections gastriques, infections génitourinaires,infections oculaires, <strong>de</strong>rmatoses, anémies, parasitoses, et plaies plus ou moins profon<strong>de</strong>s représentent 80% <strong>de</strong>spathologies communément rencontrées.Les résultats observésLèpre : En 1985, la population était <strong>de</strong> 1,2 million d’habitants avec une préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> la lèpre <strong>de</strong> 21 / 10.000. 24 ans plustard, la population <strong>de</strong> la moyenne Guinée est <strong>de</strong> 2 millions d’habitants avec une préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> la lèpre inférieure à 1 / 10.000(supposant que <strong>le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul soit i<strong>de</strong>ntique…).ODM dispose d’une flotte <strong>de</strong> 7 véhicu<strong>le</strong>s (pour l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la Guinée) et d’une quinzaine <strong>de</strong> motos pour <strong>le</strong>s prospectionsavancées réalisées par <strong>le</strong>s infirmiers.Le cordonnier <strong>de</strong> l’ODM, au centre <strong>de</strong> Pita, réalise prothèses et chaussures spécia<strong>le</strong>s (environ 150 paires par an) pour <strong>le</strong>slépreux. La prise en charge médica<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s lépreux est tota<strong>le</strong>ment gratuite pour toutes <strong>le</strong>s personnes dépistées positives etpour <strong>le</strong>ur proche.Cependant, <strong>de</strong>ux aspects <strong>de</strong>meurent sans réponse, la prise en charge <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s par la chirurgie réparatrice, la réinsertionprofessionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s anciens lépreux. Or, la moyenne Guinée compte 15.000 anciens lépreux dont 3.000 souffrant <strong>de</strong>séquel<strong>le</strong>s. Seuls 20 d’entre eux ont à ce jour pu bénéficier <strong>de</strong> chirurgie réparatrice.L’Ordre <strong>de</strong> Malte procè<strong>de</strong> à un recensement <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s villages <strong>de</strong> lépreux, afin d’étudier une possibilité <strong>de</strong> missionchirurgica<strong>le</strong> ; <strong>de</strong> plus il soutient <strong>le</strong>s centres <strong>de</strong> santé primaire <strong>de</strong> ces villages en <strong>le</strong>s dotant <strong>de</strong> médicaments. Cependant,beaucoup d’anciens lépreux ne survivent que grâce à la mendicité.Tuberculose : Chacune <strong>de</strong>s 10 préfectures <strong>de</strong> Moyenne Guinée dispose d’un centre <strong>de</strong> traitement antitubercu<strong>le</strong>ux et d’unlaboratoire d’analyse <strong>de</strong>s crachats. En 1993, la préva<strong>le</strong>nce était à 47 / 10.000. L’occurrence du sida conduit la préva<strong>le</strong>ncedésormais à plus <strong>de</strong> 60 / 10.000. Le protoco<strong>le</strong> standard <strong>de</strong> traitement sur 6 mois est bien entendu celui préconisé par l’OMS.Selon <strong>le</strong>s experts <strong>de</strong> l’OMS, <strong>le</strong>s laboratoires sont encore trop souvent inexistants, <strong>le</strong>s lacunes en matière d’inspection et <strong>de</strong>diagnostic, et la non-observance <strong>de</strong>s six mois <strong>de</strong> traitements ont augmenté dramatiquement la fréquence <strong>de</strong>s tubercu<strong>le</strong>uxporteurs <strong>de</strong> MDR – TB (Multi-Drug Resistant Tuberculosis), puisqu’apparaissent désormais en Afrique du Sud <strong>de</strong>s patientsultra-résistants XDR – TB. Qu’en est il en Guinée, nul ne <strong>le</strong> sait puisqu’aucune étu<strong>de</strong> n’est conduite sur <strong>le</strong> sujet … <strong>le</strong> CDCd’Atlanta est très pessimiste pour ce pays.ConclusionsLe missionnaire, dans sa mission d’assistance humanitaire et socia<strong>le</strong>, a été remplacé par <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s ONG.Le pharmacien humanitaire à l’Ordre <strong>de</strong> Malte France opère dans un cadre <strong>de</strong> travail bien défini tant au siège que sur <strong>le</strong>smissions <strong>de</strong> terrain en Afrique. Il est responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s médicaments essentiels adaptés et sé<strong>le</strong>ctionnés <strong>de</strong> concertavec <strong>le</strong>s dispensaires <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s hôpitaux locaux. Il définit et met en œuvre <strong>le</strong> cahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong>stiné aux centra<strong>le</strong>shumanitaires dans <strong>le</strong> cadre très contraint et limité <strong>de</strong>s budgets d’une ONG. Il s’assure <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur envoi et réception à bon port,selon un agenda offrant <strong>de</strong> se <strong>sous</strong>traire aux ruptures <strong>de</strong> stocks (hors cadre épidémique). Il doit organiser, gérer <strong>le</strong>s contrainteslogistiques inopinées, former <strong>le</strong>s acteurs <strong>de</strong> terrain au bon usage <strong>de</strong>s médicaments, certifier que <strong>le</strong>s recommandations et <strong>le</strong>sprotoco<strong>le</strong>s <strong>de</strong> soins OMS soient bien respectés. Ces éléments à caractère technique doivent être en parfaite harmonie avec une17/18CR Séance académique du 7 octobre 2009


vraie vocation - l’humanitaire - au service <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s pauvres, socia<strong>le</strong>ment vulnérab<strong>le</strong>s, très souvent analphabètes à qui cessoins, dès lors fondamentaux, sinon vitaux, sont <strong>de</strong>stinés.L’exigence et l’éthique, <strong>le</strong> respect <strong>de</strong> l’autre, l’effacement et l’humilité, quelques unes <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs qui constitueront lapersonnalité <strong>de</strong> fond du professionnel <strong>de</strong> terrain, sans exclure <strong>le</strong> charisme et un sens profond <strong>de</strong>s responsabilités.Dans ce constat dramatique avec <strong>de</strong>s Etats qui manquent à <strong>le</strong>ur <strong>de</strong>voir social premier pour ai<strong>de</strong>r à la santé <strong>de</strong> <strong>le</strong>urspopulations, <strong>le</strong> pharmacien humanitaire tient là un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> service tout à fait clé. Son professionnalisme s’inscrit dans cecaractère d’exigence qui signe désormais l’engagement humanitaire sur <strong>le</strong> terrain d’opérations.Nous pouvons nous interroger sur son avenir : enjeu dramatique car il est diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> jouer la carte du non lucratif dans unmon<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en plus comp<strong>le</strong>xe et matérialiste. On peut penser que <strong>le</strong>s pharmaciens « jeunes retraités », dotés <strong>de</strong> <strong>le</strong>urexpérience acquise en entreprise voire en laboratoire ou en officine, auraient un rô<strong>le</strong> à jouer.L’Ordre <strong>de</strong> Malte véhicu<strong>le</strong> une exigence <strong>de</strong> qualité, en référence aux normes <strong>de</strong> qualité inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s. Chacun en son seincherche à prendre part <strong>de</strong> la sorte au développement et au progrès espéré par <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s.CONCLUSIONS : Yves JUILLET, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>Pharmacie</strong>Quelques mots seu<strong>le</strong>ment.Concernant l’accès au médicament, il s’agit d’un sujet comp<strong>le</strong>xe. Il n’y a pas une solution unique. Seul <strong>le</strong> développement <strong>de</strong>partenariats se révè<strong>le</strong> efficace. La situation a considérab<strong>le</strong>ment évolué même s’il reste beaucoup à faire. On peut cependantregar<strong>de</strong>r aussi la situation comme s’améliorant significativement, <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> patients pris en charge pour <strong>le</strong> VIH ou <strong>le</strong>paludisme a ainsi augmenté dans <strong>de</strong> fortes proportions.Sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du pharmacien humanitaire, il faut chercher à susciter <strong>de</strong>s vocations notamment chez <strong>le</strong>s ‘jeunes retraités ».Remerciements à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s orateurs.4. COMITE SECRET18/18CR Séance académique du 7 octobre 2009

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