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BULLETIN DU CEGES - Centre for Historical Research and ...

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ont, pour leur part, établi le bilan de leursrecherches doctorales menées pendantleurs deux premières années au <strong>CEGES</strong> surl’enseignement secondaire général durantla Seconde Guerre mondiale en Belgique.Quatre jeunes docteurs ont présenté leurthèse de doctorat. Christoph Brüll adéveloppé la sienne – entre-temps publiée– consacrée à la place de la Belgique dansl’Allemagne d’après la Seconde Guerremondiale. L’historien liégeois nous amontré combien cette question pouvaitêtre appréhendée sous de multiplesfacettes : histoire diplomatique, histoiresociale mais aussi histoire des mentalitéset des représentations.La problématique de l’analyse desdiscours du nazisme a déjà fait l’objet denombreuses recherches, même s’il restebien évidemment des zones d’ombre,notamment par rapport au processusd’anéantissement des Juifs. C’est sur cettequestion que s’est penché dans sa thèseFabian Van Samang qui s’est basé dansses recherches sur le modèle linguistiqueélaboré par Victor Klemperer (la “LinguaTertii Imperii”).Am<strong>and</strong>ine Lauro s’est, pour sa part,focalisée sur l’étude des politiquesde mariage et de sexualité au Congobelge. Longtemps considérées commesecondaires, ces politiques occupent, aucontraire, une place essentielle dans lesmodalités de domination des sociétéscoloniales. Les stratégies de contrôleportent à la fois sur les colonisés et lescolonisateurs dont on attend une conduitemodèle considérée comme faisant partieintégrante du modèle de dominationcoloniale.Enfin, Clément Million s’est attelé àl’étude des pratiques judiciaires en tempsde guerre à travers la manière dont lapuissance occupante allem<strong>and</strong>e a exercéson autorité en France.Par ailleurs, trois chercheurs étrangerssont venus présenter leur dernier ouvrage.Le séminaire de l’Israélien Shlomo S<strong>and</strong>– auteur du très remarqué Comment lepeuple juif fut inventé – a été suivi parune assistance nombreuse et a donnélieu à d’intéressants débats sur laquestion des mythes fondateurs de l’Étatd’Israël. La séance animée par StéphaneCourtois, auteur du récent Communismeet totalitarisme, a donné lieu à un débatvivant sur les persécutions dans le mondecommuniste. Enfin, la problématique dela mémoire a été au cœur de l’exposéde Frank Van Vree, l’un des meilleursspécialistes de la question mémorielle auxPays-Bas et l’auteur de De dynamiek v<strong>and</strong>e herinnering.En mars, une dizaine de jeunes historiens,issus de l’ensemble des universités,ont présenté leur mémoire de masterautour des thèmes “guerres, mémoireet héritage” décliné dans une optiquebelge et internationale. Ce fut unenouvelle occasion de faire le point sur lesrecherches de la jeune génération et deconfirmer le rôle d’interface du <strong>CEGES</strong> entreles différentes universités de l’ensembledu pays.Chantal Kesteloot6


PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE ETRECHERCHE SCIENTIFIQUEDe l’obstruction à la constructionActivitésTout chercheur contemporanéisteest confronté à la législation surla protection de la vie privée.Cela vaut particulièrement pourla recherche historique dans desarchives délicates, à savoir lesarchives comportant des donnéessensibles sur le plan personnel.On ne peut donc que se réjouir del’organisation, le 23 novembre2010, par la Commission dela protection de la vie privée,d’un congrès international surles rapports entre recherchescientifique et protection de lavie privée.Planifié dans le cadre de la présidencebelge de l’Union européenne, ce congrèsaccessible seulement sur invitation verraun certain nombre de spécialistes tenterde parvenir à des recomm<strong>and</strong>ationsutilisables et à de ‘bonnes pratiques’,et ce sur deux terrains de la recherchescientifique : le bio-médical et l’histoire.Le site www.privacy<strong>and</strong>research.comfournit le programme complet et tousles renseignements pratiques relatifs àcette initiative. Le congrès sera précédé lelundi 22 novembre d’une journée d’étude.Les personnes intéressées peuvents’y inscrire sur privacy<strong>and</strong>research@privacycommission.be.Depuis novembre 2009, le <strong>CEGES</strong> collaboreà la préparation et à l’élaborationdu volet historique. Il concentre saparticipation au projet sur la manièrede traiter les archives délicates. Troisgroupes de cas sont abordés. En premier,les archives judiciaires (dossiers derépression) à l’issue de la SecondeGuerre mondiale. En deuxième lieu,les archives de la police secrète etdes services de sécurité dans lesanciens pays du bloc de l’Est aprèsl’implosion de 1989. En troisièmelieu, les archives de la répressionfranquiste (1936-1975) en Espagneaprès la transition de la dictature àla démocratie. Dans le premier groupesont abordés des pays comme les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et la Belgique.Le deuxième se concentre sur l’Allemagneet la Tchéquie. Le troisième se focaliseévidemment sur l’Espagne.Points d’achoppement etquestionsLe socle européen de la législation surla protection de la vie privée est ladirective 95/46/CE et son article 6.1. quidétermine l’exception pour la recherchescientifique. L’étude d’un certain nombrede cas comparés les uns par rapport auxautres fait surgir immédiatement despoints d’achoppement et des questions.En principe, la protection de la vie privéevaut exclusivement pour les personnes envie. Mais dans de nombreux pays, cettelégislation a aussi été étendue à la vie7


national conflictuel. Celui qui connaîtson histoire personnelle peut, d’après un‘droit au silence’, décider de laisser cettehistoire dormir dans les archives. D’unautre côté, cela peut conduire à ce que‘le droit à la vérité’ soit rogné et que laprotection de données personnelles aunom de la protection de la vie privée nese trans<strong>for</strong>me en protection du coupable.“L’intimité n’est pas l’impunité” disentdes historiens espagnols à propos dece qu’ils considèrent comme un exempled’abus de la protection de la vieprivée.Foule d’Espagnols fuyant lerégime franquiste bloquésdevant le poste frontièrefrançais du Perthus,30.1.1939. Les blessuresprovoquées par la guerrecivile sont toujours vives enEspagne, ce qui rend délicatl’accès aux archives de larépression franquiste.(<strong>CEGES</strong>, n° 56030)privée posthume. Cet élargissement posestricto sensu la question de savoir si desmorts peuvent avoir des droits, alorsque dans la pratique le droit relatif à laprotection de la vie privée revendiquéici concerne surtout la réputation desparents proches. Chaque fois, deux aspectsreviennent : le droit de connaître sonhistoire personnelle (ou celle de sesaïeux); le droit de la société de connaîtreson histoire collective. Souvent cependantles deux aspects ne coïncident pas l’unavec l’autre et peuvent provoquer unetension entre ‘le droit de savoir’ et le ‘droitd’oublier’. En Espagne, ce dilemme (la loid’amnistie de 1977 : le droit d’oublier – laloi sur la mémoire historique de 2007 : ledroit de savoir) conduit même à un débatMais l’accent n’est pas seulement mis surles pays au passé dictatorial. Là où existeune plus longue tradition démocratiqueexistent aussi trop souvent une législationet des règlements opaques en matièred’accès aux archives. Cela vaut à coupsûr pour les archives des services secretset de police ou pour celles ayant traitau passé colonial. En ce qui concerne lapremière catégorie, les archives de la Stasisont souvent érigées en modèle. Un cadrelégal spécifique (le Stasi-Unterlagen-Gesetzde décembre 1991) et une institutionspécifique (le Bundesbeauftragte für dieUnterlagen des Staatssicherheitsdienstesder ehemaligen Deutschen DemokratischenRepublik, le BStU) composée de centainesd’employés répartis dans des dizainesde filiales, montrent que ni les moyensmatériels ni les moyens humains nesont épargnés pour faire triompher‘le droit à son histoire personnelle’ etcelui ‘à la vérité’. Le contexte est bienévidemment celui d’un État (la RDA) quin’existe plus et avec lequel il faut en finirexplicitement, celui d’un service secretqui n’est plus opérationnel. Ce modèlede chute et de renaissance a été reprisdans d’autres anciennes dictatures du8


InternationalEUROPEAN HOLOCAUST RESEARCHINFRASTRUCTURE (EHRI)Le premier projet historique européenportant sur l’ouverture à la recherche desarchives du judéocideLe 16 novembre 2010, le projeteuropéen European Holocaust<strong>Research</strong> Infrastructure (EHRI) seraofficiellement lancé. Dix-septcentres de recherche de d’Europeet d’Israël unissent leurs <strong>for</strong>ces envue de l’élaboration d’une banquede données européenne descollections archivistiques sur lapersécution des Juifs pendant laSeconde Guerre mondiale. La miseà disposition via internet de cessources signifie un gr<strong>and</strong> pas enavant qualitatif et quantitatif pourl’accès à ces documents.L’intérêt historique et sociétal pour cesujet reste gr<strong>and</strong>. C’est une des raisonspour lesquelles l’Union européennefournira à ce projet 7 millions d’euros,répartis sur 48 mois. Le projet est suiviavec gr<strong>and</strong> intérêt à l’intérieur de laCommission européenne, car c’est lepremier projet scientifique en histoirefinancé via le Septième Programme cadrepar l’Union européenne.Des centres de recherche de dix Étatsmembres et d’Israël vont grouper dans uncorpus cohérent les données disponiblessur l’Holocauste qui sont dispersées enEurope, en Israël et aux États-Unis. L’ouvertureà la recherche intégrée des collectionsles plus importantes stimulera <strong>for</strong>tementle progrès historiographique et lacollaboration scientifique dans ce domainevital de recher che. Par ailleurs, le projetencouragera et facilitera la rechercherelative à des aspects relative ment méconnusde l’Holocauste. Une atten tionparticulière est accordée à l’Europe del’Est : la persécution des Juifs fut un phénomènepaneuropéen et la toute gr<strong>and</strong>emajorité des victimes de l’Holocausteétait originaire de l’est de l’Europe.Une partie essentielle du projet EHRI estla disponibilité en ligne et l’accessibilitémaximale des documents de l’Holocaustepour un gr<strong>and</strong> public. En ce sens, le projetjouera un rôle important dans la miseà la disposition des instruments que lesorga nisations (gouvernementales ou nongouvernementales), les enseignants et lessimples citoyens utiliseront pour in <strong>for</strong> mer10


les nouvelles générations sur le judéocide.EHRI est coordonné par le Nederl<strong>and</strong>s Instituutvoor Oorlogsdocumentatie (NIOD). Le<strong>CEGES</strong> dirige deux sections – appelées workpackages – du projet, à savoir Priva cy,Access <strong>and</strong> Copyrightpolicies et Identi -fication <strong>and</strong> Investigation. Le but du premierensemble est de faire le tourd’hori zon des questions juridiques etéthi ques en rapport avec le droit relatifà la protection de la vie privée que leras semblement et la mise à dispositionde telles données impliquent. Une lignegénérale pour tout le projet sera tracée.Le deuxième work package, Identification<strong>and</strong> Investigation, est une des parties lesplus vitales du projet. Le <strong>CEGES</strong> identifierales collections, archives, services et infrastructuresde l’Holocauste conservés.Ensuite, il sera procédé à une sélectiondes collections clés et une structure fonctionnellesera établie pour une base dedonnées qui intègrera tous ces serviceset collections. Dans ces work packages, le<strong>CEGES</strong> collabore activement avec notammentl’Institüt für Zeitgeschichte de Munich-Berlin, le Yad Vashem, l’Institut historiquejuif de Varsovie et le King’s College deLondres.Le 16 novembre prochain aura lieu à Bruxellesle lancement de ce projet. L’évène -ment a lieu sous le patronage du présidentde l’Union européenne Herman VanRompuy et a reçu le label de la présidencebelge de l’Union européenne. Au cours decet évènement, des représentants du mondepolitique et académique ainsi que destémoins du judéocide prendront la parole.Le développement et l’approbation duprojet EHRI ont constitué un passionnantprocessus d’apprentissage pour le <strong>CEGES</strong>.Dans les années à venir, suivront incontestablementdavantage de projets de ce typeet les collaborateurs du <strong>CEGES</strong> seront attentifsà collaborer avec des universités etdes institutions de recherche d’autres Étatsmembres.Nel de MûelenaereLe <strong>CEGES</strong>, hôte du programme international QuercusDepuis cet été 2010, le <strong>CEGES</strong> est partenaire du programme de bourses Quercus.Ce dernier a été lancé en 2003 par la Région de l’Estrémadure en Espagne.Il a pour objet de permettre, par un financement, la réalisation de stagesdans divers pays de l’Union européenne pour des jeunes diplômés de cettecontrée située au sud-ouest de la péninsule ibérique. Sollicité à cette finpar les responsables du programme, le <strong>CEGES</strong> a volontiers accepté de prendrecomme stagiaire pour une période de 6 mois un de ces jeunes diplômés. Enl’occurrence, il s’agit d’une historienne de 26 ans, Verónica Díaz Piñas, quiprépare actuellement une thèse de doctorat sur “pouvoir et violence au tempsde la guerre civile espagnole”. Présente en nos murs depuis octobre 2010, elleest chargée de la réalisation d’une recherche sur les tractations entre autoritésbelges et espagnoles à propos des avoirs belges bloqués en Espagne pendantet après la guerre civile.11


InternationalOCCUPATIONS MILITAIRESEN EUROPEBilan et nouvelles perspectivesLe séminaire “Occupationsmilitaires en Europe” (http://www.occupations-militaires-europe.com)patronné par le professeur Jean-François Chanet s’est poursuividurant l’année académique 2009-2010. Alors qu’il s’était focaliséprécédemment sur le vocabulaire,les pratiques et les expériencesdes occupations militaires, il s’estcentré cette année sur la questiondes sorties d’occupation, unthème qui a fait l’objet de nombreusesrecherches récentes.Un gr<strong>and</strong> colloque internationalintitulé “La guerre de 1940. Sebattre. Subir. Se souvenir” s’esten outre tenu à Lille en juin 2010.La plupart des séances du séminaire OMEse sont, comme les années précédentes,déroulées à l’université de Lille 3.Néanmoins, l’une d’entre elles, consacréeà la notion d’occupation de garantie,s’est tenue au <strong>CEGES</strong> le 26 mai 2010.Deux orateurs ont centré leur exposésur ce concept : le professeur ButronPrida (université de Cadix) a traité del’occupation française de l’Espagne de1823 à 1828 t<strong>and</strong>is que Nicolas Mignon(UCL) a évoqué l’occupation de la Ruhret de la Rhénanie au lendemain de laPremière Guerre mondiale. Ce faisant, ilsont une fois de plus illustré l’intérêt desapproches diachroniques, qui ont rythméles séminaires OME depuis leurs débuts en2007.L’initiative, riche de nombreuses séanceset journées d’études organisées sous celabel, s’achèvera en effet en 2011. Unepartie des exposés devrait faire l’objet depublications de synthèse.En cette année marquée par le 70 eanniversaire du début de la Seconde Guerresur le front occidental, le programme OMEa également été la cheville ouvrière ducolloque international “La guerre de 40.Se battre. Subir. Se souvenir” qui s’esttenu à Lille du 9 au 11 juin. Organiséen partenariat par le Conseil régionaldu Nord-Pas-de-Calais, l’université deLille 3, l’Institut historique allem<strong>and</strong>,la municipalité de Lille, le musée dela Coupole et le <strong>CEGES</strong>, ce colloque s’estassigné pour objectif de faire le point surla guerre de 1940 en croisant les analysesd’une trentaine de chercheurs français,belges, néerl<strong>and</strong>ais et britanniques. Parmiles thèmes abordés figuraient les enjeuxpolitiques, sécuritaires et militaires duconflit, le poids de la guerre sur les civilsà travers l’exode et les dommages subis,et enfin la problématique du souvenirvia les images et les récits ainsi que lescimetières et autres monuments. Chacunedes séances a donné lieu à une intensediscussion. Les actes seront publiés en2011 en versions anglaise et française.12


L’exode fut un desprincipaux thèmes traitéslors du colloque de Lillede juin 2010. Ici, desréfugiés devant la garede Bruges en mai 1940.(<strong>CEGES</strong>, n° 891)Eucowas, un nouveau projet européenLa fin du programme OME – financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR)– a également été l’occasion de réfléchir aux suites possibles à donner à cetteinitiative. Dans la perspective croissante de l’internationalisation, plusieurspartenaires se sont associés dans le but de créer un réseau sur l’étude des guerresau 20e siècle. Ont d’ores et déjà répondu positivement à cette initiative lesuniversités de G<strong>and</strong>, de Lille et de Kent, le <strong>CEGES</strong> et le NIOD; ce premier noyau seraélargi dans les mois à venir. Ce nouveau réseau, qui devrait s’intituler EUCOWAS(European Cooperation on War Studies), tiendra une première manifestationle 17 décembre sous la <strong>for</strong>me d’une journée d’étude réunissant des jeuneschercheurs des quatre pays concernés autour du thème “Guerre et sociétésen Europe au 20 e siècle”. Cette initiative qui se situe dans le prolongementdes journées ‘Jeunes historiens’ que le <strong>CEGES</strong> organise depuis cinq ans devraitpermettre à de jeunes chercheurs sur le point d’entamer ou débutant unethèse de doctorat de faire leurs premiers pas dans le monde international de larecherche. À terme, ce réseau veut promouvoir à la fois la mobilité des chercheurset l’organisation de colloques dans une optique résolument comparatiste. Uneinitiative à suivre…Chantal Kesteloot13


InternationalDE COLLABORATEUR À BON PATRIOTEInternement et rééducation après la SecondeGuerre mondialeInternement de suspectsdans une cage du jardinzoologique d’Anvers,septembre 1944.(<strong>CEGES</strong>, n° 201142)De nombreux aspects de larépression de la collaboration enBelgique et aux Pays-Bas ont, avecle temps, fait l’objet de recherches.Sont aussi indissociablementliés à la répression les centresd’internement et les prisons.Jusqu’à présent,c’est surtout lecontexte politiquede ces centrespénitentiairesqui a été étudié.Ce projet tenteprécisémentde partir d’uneperspective sociohistoriquedel’internement etde la détention.Quelles furent entre 1944 et 1950les fonctions de l’incarcération etles perceptions de la peine selondiverses perspectives, commecelles de l’État, des juristes, del’opinion publique et des ancienscollaborateurs eux-mêmes ?Cette question est centrale dansle projet de doctorat Het leven inde strafinrichtingen voor politiekedelinquenten, 1944-1950. Eenvergelijking tussen Nederl<strong>and</strong> enBelgië, mené au Nederl<strong>and</strong>s Instituutvoor Oorlogsdocumentatie (NIOD). Unséjour comme chercheuse invitée dansl’institution-sœur du <strong>CEGES</strong> a permisd’approfondir l’angle belge de ce projet.La comparaison entre la Belgique etles Pays-Bas est en effet pour ce sujethistorique moralement chargé utile etsouhaitable car elle peut apporter desnuances à l’idée que cet épisode estpour les deux pays une ‘page noire’ dansl’histoire nationale.Dans les deux pays, les collaborateurs etles membres de leur famille furent arrêtésà la Libération. Ils étaient considéréscomme un groupe socio-politiquedangereux qui constituait une menacepour le précaire ordre sociétal. Au total,tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, plusde 100.000 personnes ont été internéesdans des locaux scolaires inoccupés,des halls d’usine, d’anciens camps deconcentration allem<strong>and</strong>s comme Vuchtet Breendonk, des prisons régulières etdes camps créés spécialement pour lacirconstance. Les gardiens des centrespénitentiaires n’avaient souvent aucuneexpérience en la matière. Dans les premiersmois, il manquait aussi de matériel etde nourriture. Les procédures pénalesne se mirent en route que lentement etles jugements furent ressentis par lescollaborateurs comme arbitraires. Pendanttout ce temps, ils demeurèrent dansl’incertitude quant à leur avenir. Il n’estdonc pas non plus étonnant que ce soitsurtout la phase de l’internement qui aitpris la place la plus importante dans lamémoire de l’épuration.Cependant, lorsque la transition d’unrégime autoritaire vers un régime démo-14


atique fut pour une gr<strong>and</strong>e part accomplieen 1946, ce groupe ne constitua plus unproblème pour l’ordre existant et la mesured’internement fut levée. Il en résulta unchangement dans la fonctionnalité de lapeine. Pendant la période de la détention,la “rééducation” ou la resocialisationdes collaborateurs détenus fut mise surpied. Aux Pays-Bas, la Stichting ToezichtPolitieke Delinquenten (SPTD), qui exerçaitune surveillance sur les collaborateurs etleur famille pendant et après l’exécutionde la peine, avait été fondée dès 1945.En Belgique, un service comparable, leService de la rééducation, du reclassementet des tutelles (SRRT) se mit en place à lafin de 1946. Contrairement aux Pays-Bas,il dépendait du ministère de la Justice.Le point de départ du service belge étaitde “rendre conscient les détenus desvaleurs nationales”. Aux Pays-Bas, lescollaborateurs devaient redevenir de “bonsNéerl<strong>and</strong>ais”. Pour les deux pays, ce quicomptait, c’est que le collaborateur doiveretrouver le chemin de la patrie.Par le biais d’archives non encoreanalysées précédemment, le processusd’internement et de rééducation estétudié comme un processus cohérent. Lebut est de lier ce processus au contextedes sociétés belge et néerl<strong>and</strong>aised’après guerre. L’attention accordéedans cette étude aux perceptions de lapeine selon diverses perspectives dansun contexte comparatif doit contribuer àmieux conceptualiser la répression de lacollaboration. Pour plus d’in<strong>for</strong>mationsà ce sujet, voir le site web www.erfenissenvancollaboratie.nl.Helen GreversUn bel aboutissementChristian Westerhoff, présent comme chercheur invité au <strong>CEGES</strong> de février 2008à septembre 2009 (voir Bulletin précédent), a défendu en décembre 2009 aucentre Max Weber des hautes études culturelles et sociales de l’université d’Erfurtsa dissertation doctorale consacrée aux travailleurs est-européens utilisés parl’Allemagne entre 1914 et 1918. Le texte de sa dissertation, intitulé Zwangsarbeitim Ersten Weltkrieg. Rekrutierung und Beschäftigung osteuropaïscher Arbeitskräftein den von Deutschl<strong>and</strong> besetzten Gebieten, est disponible au <strong>CEGES</strong> sous la coteBF 1309.Un historien américain sur les traces des francophonesde Fl<strong>and</strong>reLe <strong>CEGES</strong> accueille depuis le 1 er septembre 2010 le jeune historien américainDavid Hensley, attaché à la Pennsylvania State University. La Belgian AmericanEducational Foundation lui a en effet octroyé une bourse d’un an pour luipermettre de mener des recherches en Belgique sur les francophones de Fl<strong>and</strong>reet leur organisation sociale et politique depuis la fin du 19 e siècle. L’objectiffinal est d’aboutir en 2012 à une thèse qui devrait s’intituler The decline ofFrench in the Flemish Public Sphere, 1880-1975.15


InternationalL’AKTION SÜHNEZEICHENFRIEDENSDIENSTE AU <strong>CEGES</strong>Premier bilanDepuis avril 2009, le <strong>CEGES</strong>accueille de jeunes volontairesallem<strong>and</strong>s, en vertu d’un accordavec l’Aktion SühnezeichenFriedensdienste (ASF), uneassociation allem<strong>and</strong>e qui a pourobjectif “de promouvoir l’ententeintergénérationnelle, interculturelleet interreligieuseen prenant en compte lesrépercussions contemporaines dunazisme dans nos sociétés en vued’un monde plus paisible et plusjuste”. Après Nicolai Moravitz,reçu dans notre institution d’avrilà août 2009, c’est BenjaminDober qui a offert ses services ànotre <strong>Centre</strong> de septembre 2009à août 2010. Avant son départ,la rédaction du Bulletin lui adem<strong>and</strong>é de tirer un bilan de sonexpérience. Ajoutons que dèsseptembre 2010, une autre volontaire,Myriell Fußer, lui a succédé.D’abord, quelques mots sur l’ASF. Née dela conscience que les conséquences dunational-socialisme sont encore toujoursà l’œuvre et ne peuvent être traitées quepar un dialogue intense, l’ASF s’emploieau rapprochement entre les générations,les cultures, les religions et les peuples.L’association, qui est <strong>for</strong>tement enracinéedans la foi chrétienne, espère, par des ac -tions concrètes, contribuer à la mise enœuvre d’un processus de réconciliation.Son travail a débuté dans les années 1960par l’engagement de volontaires en Israël.Actuellement, elle est active dans douzeautres pays, dont la Belgique où onzevo lon taires sont impliqués dans diversesinstitutions historiques, politiques etsociales.Mon expérience comme volontaire,ensuite. Ma tâche principale a consisté àintroduire des légendes de photographiesdans les archives digitalisées afin derendre le matériel photographique le plusaccessible possible et de conserver leslégendes dans leur fonction de pièce àconviction. Les photos sur lesquelles j’aitravaillé émanaient pour l’essentiel del’agence de presse belge sous contrôleallem<strong>and</strong> SIPHO et se rapportaient surtoutà l’Allemagne entre 1939 et 1945. Lasignification de l’image comme moyen depropag<strong>and</strong>e au temps du nazisme m’estapparue de plus en plus clairement au filde l’encodage. Par ailleurs, j’ai travailléà l’inventorisation de fonds d’archives.Ainsi, j’ai œuvré au classement d’unfonds belge en rapport avec la culture dusouvenir du mémorial de Buchenwald.C’était un travail assez ardu car il n’est pasfacile de remettre dans un ordre logiquedes pièces de nature privée.Au <strong>CEGES</strong>, la fonction de volontaire del’ASF est un ‘projet pionnier’ encore àdévelopper. Prendre des initiatives estdonc souhaitable. Au début de cetteannée, je me suis risqué, par intérêtpersonnel, à une recherche sur l’écrivainGottfried Benn, en poste à Bruxelles de1915 à 1917 comme médecin militairede l’armée allem<strong>and</strong>e affecté à unhôpital pour prostituées. Il en est sorti16


ExpertiseL’EXPOSITION GEKLEURD VERLEDEN.FAMILIE IN OORLOGau Kunsthal Sint-Pietersabdij de G<strong>and</strong>Pendant la Seconde Guerremondiale, les Belges se sontpositionnés de différentesmanières face à l’envahisseurallem<strong>and</strong>. La plupart ont obéiau pouvoir occupant, ont reprisleurs habitudes quotidiennes etse sont adaptés aux circonstancesnouvelles. D’autres se sont rebellésen passant à la résistance passiveou active. D’autres encore ontcollaboré tout à faitconsciemment avecl’occupant. En bref,la guerre a <strong>for</strong>cé à deschoix. Les blessuresalors subies continuentencore à vivre dans laconscience collective.Gekleurd Verledenrend compte de cettehistoire par le biaisd’un angle d’approchepersonnel. Parce que laguerre survit dans lesmémoires familiales,ces dernières <strong>for</strong>ment lepoint de départ de cettemagnifique exposition.conséquences dans leur vie. Enfin, même latroisième génération, qui en a uniquemententendu parler, a l’opportunité de fournirsa vision des choses.L’exposition Gekleurd Verleden est le fruitd’une collaboration entre le Kunsthal Sint-Pietersabdij, le <strong>CEGES</strong> et l’Instituut voorpublieksgeschiedenis de l’UGent. Elle seraouverte au public du 26 novembre 2010au 25 avril 2011. Pour les renseignementspratiques, voir la page Info du site duKunsthal Sint-Pietersabdij, www4.gent.be/spa/francais/info/info1_fr.htm.Un ouvrage scientifique réalisé sous ladirection de Bruno De Wever (UGent),Martine Van Asch (Kunsthal Sint-Pietersabdij) et Rudi Van Doorslaer (<strong>CEGES</strong>),servira de support et de prolongement àl’exposition. Portant le même titre quecette dernière, ce livre d’environ 192pages sera publié aux éditions Lannoo ennovembre 2010. Il sera disponible au <strong>CEGES</strong>au prix de 20 euros, port compris (au lieude 23,95 euros en librairie).Fabrice MaertenVia la famille, Gekleurd Verleden laissela parole à plusieurs générations. Ceuxqui ont participé activement à la guerrepeuvent raconter leur histoire. Mais c’estaussi vrai pour ceux qui l’ont vécu commeenfant et qui en éprouvent encore les18


PROJET PATRIMONIAL“LE NORD-LIMBOURG ET LASECONDE GUERRE MONDIALE”ExpertiseDans ce projet, les expériencesvécues par la populationlimbourgeoise pendant la guerreoccupent une place centrale.L’accent y est mis sur la manièredont des communautés agraireset très fermées ont fait connaissanceavec la présence étrangèreconsécutive à la guerre,notamment via l’exploitation desmines de charbon déjà entaméeavant le conflit, et commentelles s’en sont souvenues et s’ensouviennent encore.Les traces de l’influence d’acteurs oude facteurs globaux sur la populationlocale sont désignées sous le vocable“patrimoine de globalisation”. Dansce projet, le patrimoine immatériel(interviews de témoins) sera associéau patrimoine mobilier et immobilier,ainsi qu’à la recherche scientifique.Il en résultera un site web in<strong>for</strong>matifaccessible à un large public. Le projetest porté par une association réunissanttoutes les communes du Nord-Limbourg,et est soutenu par le <strong>Centre</strong> provinciallimbourgeois du patrimoine culturel.Le <strong>CEGES</strong> encadrera scientifiquement leprojet avec l’université de Maastricht.En outre, notre institution sera chargéed’exécuter une étude préalable sur la largeproblématique du Nord-Limbourg pendantla Seconde Guerre mondiale. Un chercheurdevrait être engagé à cette fin par le <strong>CEGES</strong>pour une période de six mois à partir de lafin 2010.Nel de MûelenaereLe corps du lieutenant SASJean Melsens, retrouvépar des membres de laWitte Brigade de Peer,juste après qu’il ait été tuépar des troupes allem<strong>and</strong>esen retraite le 10 septembre1944 à Meeuwen.(<strong>CEGES</strong>, n° 32385)19


ExpertiseLA NOUVELLE “KAZERNE DOSSIN”Le mercredi 20 octobre 2010, le <strong>CEGES</strong> aorganisé en ses murs une journée d’étudeportant sur l’avenir de la caserne Dossin.En 2001, le gouvernement flam<strong>and</strong> aen effet décidé d’élargir la perspectiveactuelle en trans<strong>for</strong>mant le Musée juif de ladéporta tion et de la résistance en “KazerneDossin”, une nou velle entité qui sera à lafois un mémorial, un musée et un centre dedocumentation sur l’holocauste et les droitsde l’homme.Cour intérieure de la caserneDossin, été 1942. Des Juifsviennent d’y être amenésen camion.(<strong>CEGES</strong>, n° 201123)Lors de la journée d’étude, l’architecture, lascéno graphie ainsi que le con cept historique,élaboré par Herman Van Goethem, professeurà l’Universiteit Antwerpen et membrede la commission scientifique du <strong>CEGES</strong>, ontfait l’objet d’une présentation et d’un débatavec la communauté des chercheurs. Uneinitiative similaire devrait suivre concernantle site de Breendonk.Chantal KestelootBastogne 1944-1945 : un projet qui se préciseMalgré quelques retards pour des raisons d’ordre administratif, leprojet de rénovation du site du Mardasson, à Bastogne, est bel etbien sur les rails.Au fil de différentes réunions regroupant les autorités publiques,différentes sociétés de scénographie et les représentants du <strong>CEGES</strong>,le projet en question s’est affiné et précisé. La phase pratiquedes travaux commencera sans doute à l’automne 2010 et seprolongera tout au long de 2011 pour se conclure, en théorie, auprintemps 2012.20


UN GROUPE DE RECHERCHE SURL’HISTOIRE COLONIALE AU <strong>CEGES</strong>RecherchesDepuis une dizaine d’années,le <strong>CEGES</strong> développe des projetstouchant à l’histoire coloniale.Intimement imbriqué dansl’histoire belge, voire européenne,le phénomène colonial permet eneffet d’éclairer des pans nouveauxde l’histoire sociale et politique,mais aussi des mentalités de nosrégions de la fin du 19 e siècleau début des années 1960. Deuxprojets en cours, auxquels il fautencore ajouter la publicationCongo-Belgique, 1955-1965 et lesinitiatives de la Cinémathèqueroyale de Belgique relatives aucinéma colonial belge évoquéesp. 36-37, touchent sous des anglesdifférents à la conception mêmede ce que pouvait ou devait êtreune société coloniale : selon legenre ou la couleur de peau, quiest citoyen ou sujet de la colonie ?Quelle est la place et le rôle dechacun, y compris de ceux qui setrouvent à la charnière (ou à lalisière) du monde des colonisateurset de celui des colonisés ?Femmes en colonie (1885-1962)Un premier projet porté par Anne Cornetscrute la dimension de genre en situationcoloniale. Les femmes européennesont-elles joué un rôle spécifique dansles territoires d’Afrique centrale sousadministration belge ? Leur présence a-t-elle influencé la société coloniale dansses diverses dimensions, et notammentsur le plan de la ségrégation raciale ?Les autorités coloniales ont-elles utilisél’image de la femme occidentale dans ledomaine de la propag<strong>and</strong>e afin de justifierla présence belge au Congo, au Rw<strong>and</strong>aet au Burundi ? Telles sont quelques-unesdes questions auxquelles nous cherchons àrépondre.À ce jour, il n’existe en effet toujours pasd’étude globale sur le rôle des Occidentalescomme “agents de colonisation” au Congobelge et au Ru<strong>and</strong>a-Urundi, même si despublications traitent de groupes plusrestreints ou de thématiques définies. Onignore par contre le profil général de cesfemmes, d’où elles venaient, dans quelcadre et avec quel statut, pour quelledurée et quelles fonctions, mais aussiquelles influences elles ont pu exercersur le plan professionnel ou privé, et pluslargement sur le projet colonial dans sonensemble.Notre projet d’histoire sociale de la présenceféminine occidentale en Afrique‘belge’ est très large et comprend diversangles que nous ne pouvons tous développerici. Nous nous propo sons doncd’évoquer brièvement l’étude prosopographiquedes employées occidentales del’État que nous avons entamée au traversdes dossiers du service du personneld’Afrique du ministère des Colonies. Prèsde 4.000 femmes ont signé des contratsavec les autorités coloniales en Belgiqueou sur place. Pendant la guerre, ellesfurent nombreuses à intégrer le cadre desVolontaires auxiliaires féminines.21


Assistante sociale àLéopoldville, début desannées 1950. Les assistantessociales engagées par legouvernement ou dessociétés privées intervenaientprincipalement auprèsdes femmes d’‘évolués’,mais aussi dansl’accompagnement destravailleurs.(<strong>CEGES</strong>, fonds MarthaBoudry, n° 151386)L’État colonial recrutait peu de femmesfonctionnaires dans son cadre régulier,et généralement dans des secteursconsidérés comme ‘féminins’ (d’abord desinfirmières et l’une ou l’autre médecin delaboratoire dès la fin de la Première Guerremondiale, puis des enseignantes pourles écoles réservées aux enfants blancs,enfin des assistantes sociales après 1945dans le cadre de Foyers sociaux destinésà encourager l’émergence d’une classemoyenne africaine). Sur le terrain, onobserve des engagements temporairesd’épouses de fonctionnaires ou d’agentsde sociétés privées comme employéesde bureaux dans les services généraux,provinciaux ou territoriaux, ou pourcompléter les effectifs des écoles pourenfants européens (notamment pourl’enseignement de la religion protestanteou catholique).Le statut de ces femmes dépendait dedivers facteurs, dont la <strong>for</strong>mation oul’état-civil : il n’est pas rare que le contratd’une femme célibataire enrôlée dansle cadre de l’État soit résilié en cas demariage et remplacé presque aussitôt parune convention l’engageant comme agenttemporaire pour les mêmes fonctions, lestatut en moins. De même, hormis lesfonctionnaires du cadre régulier, la plupartdes femmes embauchées sur place nebénéficiaient que de contrats de courtedurée et étonnamment peu homogènes :engagement deux heures par semaine, àtemps plein, deux matinées par quinzaine,etc. Les salaires présentent le même profilbigarré : paiement à l’heure, à la journée, àla semaine, au mois. Tous les cas de figurese présentent et reflètent une politique aucoup par coup, en fonction des besoins etdes disponibilités. Par ailleurs, les contratssont fréquemment interrompus au gré desvacances ou des nouvelles affectationsdu conjoint. Les veuves qui se remarientchangent elles aussi de statut, et perdentles allocations que l’État leur attribuaiten plus de leur salaire. Il en ressort unevision très sexuée du travail et du statut22


y afférant, l’engagement de femmespar la Colonie étant pour la plupartd’entre elles synonyme de flexibilité etd’instabilité. Sur le plan institutionnel,c’est une impression d’improvisationet d’arrangements selon les conditionsconjoncturelles qui prévaut. Cesconstatations de terrain devrontnéanmoins être confrontées à d’autressources, afin de déterminer si le recoursaux statuts temporaires résultait d’uneréflexion théorique sur la place et le rôledes Occidentales dans la colonie ou dufameux pragmatisme à la belge.Les enfants de Save. Volés ousauvés ?Un des principes essentiels à l’œuvre dansl’ancien État colonial était la politiquede ségrégation. Les autorités colonialesétaient structurées en fonction desdifférences raciales et sexuelles. L’absenceinitiale de femmes occidentales entraînale développement d’un système deconcubinage. L’homme blanc combattaitsa solitude en prenant une concubinenoire ou “ménagère”. Même plus tard,lorsqu’un nombre plus élevé de femmesoccidentales rejoignit la colonie, lesrelations (sexuelles) entre colonisateurset colonisés persistèrent. La présencecroissante de métis qui en résultait étaitressentie comme un problème crucialet constituait une gageure juridique,administrative et pratique. L’existenced’un groupe de personnes qui ne correspondaità aucune catégorie coloniale etse situait entre le colonisateur européenet le colonisé africain constituait en effetun véritable casse-tête pour les autoritéscoloniales.La recherche sur les ’enfants de Save’menée par Sarah Heynssens a trait auxenfants métis confiés à l’orphelinatdes Sœurs blanches à Save (Rw<strong>and</strong>a).Ces enfants n’étaient pas nécessairementdes orphelins dans le sens strict dumot. En effet, beaucoup d’entre euxLe réfectoire à Save,années 1950.(Collection JacquelineGoegebeur)23


avaient un père et une mère en vie.Ils se retrouvèrent à l’orphelinat pourdiverses raisons : ab<strong>and</strong>on de la mèrepar le père européen, la mère ne pouvantassurer seule l’entretien et l’éducation del’enfant; impossibilité pour les parentsde garantir une éducation occidentaleà l’enfant; placement de l’enfant dansl’institution au retour du père (ou de lamère) en Europe. Dans l’orphelinat, lesenfants étaient éduqués selon les normesoccidentales. Ils recevaient une <strong>for</strong>mationcorrespon dant à leur statut qui leurprocurait des avantages vis-à-vis de lapopulation noire, mais qui ne les plaçaitpas sur pied d’égalité avec les maîtresblancs.africaines. La recherche s’ef<strong>for</strong>ceégalement de mettre à jour lacollaboration entre les missions etl’administration coloniale; enfin, ellejette un éclairage sur la définition et lacréation d’une identité dans un mondecolonial et postcolonial.Anne Cornet / Sarah HeynssensÀ la veille de la décolonisation (1958-1961), ces enfants furent évacués enmasse vers la Belgique. Ce transfertpose une série de questions quiconstituent la base de cette recherche.Pour quelles raisons prit-on la décisiond’intégrer ces enfants métis dans lasociété européenne ? Qui prit l’initiativedu transfert ? Comment l’évacuation futelleorganisée ? Développa-t-on pourcela un mécanisme spécifique ? Quelsorganismes d’adoption furent associésà l’initiative ? L’autorisation des mèresfut-elle dem<strong>and</strong>ée ? Renoncèrent-ellesà leur droit parental ? Qu’advint-il desenfants en Belgique ? Fut-il questiond’un suivi ? Les contacts avec lesparents biologiques furent-ils possibles? La réponse à ces questionspeut non seulement permettre demieux comprendre les conceptionsdes autorités politiques, de l’Église,des familles d’accueil et des institutionsà l’égard de la population métisse,mais aussi l’attitude des autoritéscoloniales envers les populations24


le biais d’une ingénierie mémoriellecomplexe. Mais le délitement de Breendonken tant que lieu de mémoire étaitpourtant déjà entamé à la fin desannées 1960 : le nombre de visiteursdécroissait inexorablement, et les techniquescommémoratives mises en œuvreapparaissaient de moins en moins efficaces.C’est pourquoi le Mémorial entenditprofiter des commémorations misessur pied en 1970 dans le cadre du XXV eanniversaire de la Libération pour “renonceraux traditionnels discours, aux cortèges,aux drapeaux et aux flonflons”.Près d’un millier d’écoliers furent invitésau <strong>for</strong>t de Breendonk, pour un dialogueavec les ‘anciens’. Mais cette rencontreintergénérationnelle tourna au fiasco, lamémoire de l’horreur semblant impossibleà transmettre à la nouvelle génération.Ainsi se clôtura une période qui vit letriomphe et l’étiolement d’une mémoire patriotique‘institutionnalisée’ de la guerre.La colonne du CongrèsLes tensions internes à la culture mémorielle‘belge’ se manifestèrent égalementà la colonne du Congrès, qui avait déjàvu nombre de citoyens enthousiastesaffluer lors de la libération de Bruxelles.Au contraire de Breendonk, la colonnedu Congrès avait derrière elle une longuehistoire patriotique, plongeant ses racinesdans l’indépendance belge de 1830. Lemonument était doté d’une signification‘démocratique’, qui put être exploitéeaprès la Libération comme elle l’avait déjàété après la Première Guerre mondiale.Ce label ‘démocratique’ reçut à partir de1944 un double sens. ‘La démocratie’devint un drapeau commun pour desmilieux de mémoire concurrents, à savoirles anciens militaires, les prisonniers politiqueset les résistants de diverses tendancespolitiques. Mais cette démocratie“n’était pas comprise de la même manièrepar chacun”, comme le constatait l’ancienprisonnier politique Léopold Ros. Pourles anciens combattants, elle renvoyaità des devoirs patriotiques traditionnels,alors que pour le Front de l’Indépendance– d’obédience communiste – elle signifiaitune nouvelle ”démocratie populaire”.Dans le rituel commémoratif qui sedéveloppa autour de la colonne duCongrès, cette tension interne s’avératoujours plus <strong>for</strong>te. La Guerre froiderendit en effet toujours plus difficilela participation des communistes– qui avaient pourtant joué un rôlefondamental dans la Résistance – à lacommémoration du combat cl<strong>and</strong>estin.Le cadre ‘traditionnalisant’ de la colonnedu Congrès ne s’était nullement élargipour développer un nouveau récit sur uneexpérience traumatisante, mais fut aucontraire sollicité pour écarter un acteurindésirable de la politique d’après guerre.La tour de l’YserÀ la tour de l’Yser se mirent en place desprocessus d’exclusion comparables à ceuxqui se développèrent à la colonne duCongrès, même si les acteurs impliqués(et les perdants) y étaient pour le moinsdifférents. Ce n’était pas la nation belge,mais bien la construction de la nationflam<strong>and</strong>e qui était ici célébrée, dans destermes remontant au 19 e siècle. Cettefois, le lien n’était pas tant fait avecla Libération qu’avec l’Occupation : cemonument en hommage aux soldatsflam<strong>and</strong>s tombés en 1914-1918 se vitpendant les années d’occupation accaparépar la frange collaborationniste duMouvement flam<strong>and</strong> pour y célébrer,26


RecherchesLES FEMMES BELGES ET LA POLITIQUEDE MISE AU TRAVAIL ALLEMANDEpendant la Seconde Guerre mondialeLe projet de recherche“Expériences de travail de femmesbelges pendant la Seconde Guerremondiale” qui a démarré au<strong>CEGES</strong> en 2007, met en lumièrequelques aspects peu étudiés del’histoire de guerre belge, commele travail volontaire et obligatoirede femmes belges en Allemagneet dans l’industrie allem<strong>and</strong>een Belgique, et le phénomènedes femmes réfractaires. Tantles synthèses historiques queles études locales partentexplicitement et implicitement duprincipe que les déportés et – parextension – les réfractaires étaientdes hommes. La déportation defemmes, même si elle a aussimarqué les intéressées, fut eneffet un phénomène limité.Notre mémoire historique asurtout retenu qu’elle avaitété rapidement stoppée. Cetteindulgence allem<strong>and</strong>e a contribuéà ce qu’après la guerre l’histoiredes femmes qui d’une manière oud’une autre se retrouvèrent entreles mailles du filet de la politiquede mise au travail allem<strong>and</strong>edisparaisse à l’arrière-plan.L’étude innove aussi, outre par cettenouvelle thématique, par les sourcessélectionnées (journaux personnels,interviews, enquêtes et dossiersadministratifs) et par l’approcheméthodologique, dans un espritd’adhésion aux évolutions constatéesdans l’historiographie internationalede la guerre. L’historiographie récenteet la culture de la mémoire mettent eneffet de plus en plus l’accent sur lesexpériences civiles et leurs séquelles.C’est pourquoi occupent une placecentrale dans cette recherche nonseulement l’attitude et les actions del’administration belge et de l’occupantallem<strong>and</strong>, mais aussi la perspectivedes intéressées elles-mêmes. Àquelles stratégies et à quelles pratiquesrecoururent-elles face aux circonstanceschangeantes de la guerre et commentlégitimèrent-elles les choix réalisés ?Dans quelle mesure l’âge, le sexe,la classe, les normes culturelles contemporaines,l’idéologie de genreet de famille, les valeurs politiqueset le contexte social et économiqueinfluencèrent-elles leur comportement ?“J’ai jeté la convocation dansle poêle et je n’y suis pas allé”.Stratégies personnelles etcollectives à l’égard de la miseau travail et de la déportation en1940-1945En 2009-2010, Hannelore V<strong>and</strong>ebroek atravaillé sur le thème spécifique du ‘refus’ :des hommes et des femmes ont en effettenté d’une manière ou d’une autre etavec plus ou moins de succès d’échapper28


à la mise au travail allem<strong>and</strong>e. Le résultatest un tableau fascinant de stratégiesde survie familiales et de réseaux desolidarité locaux à l’intérieur d’un contextesocio-économique et culturel spécifique.Il s’agit d’expériences personnelles etde leur traitement subjectif confrontésà la réalité juridique, administrative,journalistique et historique. D’un côté,il y a le souvenir individuel du vécu, leschoix faits et surtout leurs légitimations,de l’autre l’interprétation sociétale quine corres pond pas toujours. Commentla société belge et les personnes concernéesjugèrent-elles après la guerre lesstratégies choisies ? Le cadre tant pourles stratégies individuelles que pourleur appréciation après la guerre est lamanière concrète dont l’occupant allem<strong>and</strong>a mis en pratique la politique demise au travail. Comment l’occupanta-t-il organisé le travail obligatoire desfemmes et des hommes et comment a-t-il réagi aux stratégies d’esquive et deconfrontation de la population ? Dansquelle mesure le genre a-t-il joué un rôleen cette matière ?catégorie “Uni<strong>for</strong>mes, équipements etdivers”. À son apogée en 1943, l’usinecomptait environ 5.000 salariés. Plus de70 % d’entre eux étaient des femmes.Le projet de Carmen Van Praet relatif àcette usine consiste en une étude de cassur le thème peu étudié de l’industrie deguerre allem<strong>and</strong>e en Belgique et du travailféminin en son sein.La recherche met surtout en lumière lesraisons qui ont poussé l’entrepreneurallem<strong>and</strong> à s’établir en Belgique. Elleexamine aussi sur base de quellesexigences le personnel a été recruté, etsi des motifs économiques ou politiquesont joué. Dans cette perspective, ontiendra aussi compte de la chronologiedes décisions politico-administrativespendant la Seconde Guerre mondiale(ordonnances allem<strong>and</strong>es, décisionsFemmes au travail dansl’usine d’uni<strong>for</strong>mes Reitz àMerksem.(<strong>CEGES</strong>, n° 3474)“On aurait fait n’importe quoicomme boulot”. Femmes autravail à l’usine d’uni<strong>for</strong>mes E.ReitzEn janvier 1941, Erich Reitz installa uneusine d’uni<strong>for</strong>mes dans les magasinsinoccupés de la British American TobaccoCompany à Merksem. La situation enbordure du canal Albert et du cheminde fer facilitait l’approvisionnement enmatières premières et la distributiond’uni<strong>for</strong>mes. L’usine E. Reitz Uni<strong>for</strong>mwerkeétait en 1942 et 1943 le principalfournisseur de la Wehrmacht dans la29


elges sur la régulation du marché dutravail, la durée du travail, la politiquesalariale, la politique sociale, …). Onrecherchera aussi quelles institutionspubliques et quels mouvements ontété impliqués dans les recrutementset si oui ou non les cercles nationalistesflam<strong>and</strong>s ont pratiqué le lobbysmepour faire engager des personnes dansl’usine.(du point de vue du travailleur et del’employeur), tout comme l’histoire dusecours civil, des très pauvres et des trèsriches, tous ces thèmes restent trop peuexploités dans l’historiographie de guerrebelge.Hannelore V<strong>and</strong>ebroek /Carmen Van PraetPar ailleurs, l’accent sera mis de façonsuccincte sur les travailleurs de sexeféminin. Les choix individuels opéréspar ces femmes seront éclairés grâceà quelques interviews et témoignages.Pourquoi quelqu’un allait-il travaillerchez Reitz ? De quelle manière lesfemmes tentèrent-elles de s’accommoderdes écueils politico-administratifset économiques, qu’ils soient ounon le résultat de décisions politiques ?Les expériences de travail de femmessont donc examinées au sein de leurcontexte socio-économique. Dans cetteperspective, une attention est aussiaccordée aux conditions de travailspécifiques. Les salariées de l’usined’uni<strong>for</strong>mes allem<strong>and</strong>e tombaient-ellessous le droit du travail allem<strong>and</strong> et celafaisait-il une différence réelle en termesde conditions de travail et de mesuressociales ?ConclusionsLes deux projets mettent en lumière lanécessité de développer les recherches dela base vers le sommet et d’accorder plusd’attention à l’histoire socio-économiquede la Seconde Guerre mondiale.L’évolution, pendant cette période, del’industrie, de l’agriculture et du commercede détail, ainsi que du marché du travail30


Exécution de collaborateurs(la b<strong>and</strong>e Duquesne ?),caserne Trésignies, Charleroi,14.6.1948.(<strong>CEGES</strong>, n° 28399)Dans cet objectif, étudier une périodede crise comme celle de la PremièreGuerre est une bonne portée d’entrée :les tensions vécues par les individus sontparfois si aigües qu’elles poussent ceuxcià sortir de leur réserve, à exprimer desconsidérations personnelles, voire à s’opposerà l’opinion officielle. La doctorantea eu la chance, par exemple, de découvrirdes correspondances confidentielles où selivrent des magistrats désorientés par lesmissions qui pèsent sur les épaules, parune situation juridique sans précédent etqui sont à la recherche de soutien voirede légitimation auprès de personnalitésparfois extérieures au monde judiciaire.Elle a aussi pu exploiter des comptesrendusd’assemblée générale de juridictionsqui témoignent d’oppositionsfranches entres les magistrats. Dansun système juridictionnel où les jugess’expriment toujours de manièrecollégiale, ces documents offrent unéclairage précieux sur une réalitéméconnue.La confrontation de ces archives avecune jurisprudence de guerre plutôt richeet explicite, apporte, malgré les lacunespointées, suffisamment d’élémentsintéressants pour mener à bien la thèse.Après avoir posé le cadre (acteurs etfonctionnement de la justice en tempsd’occupation), la thèse de MélanieBost aborde successivement l’impactdu surgissement de ce nouvel acteur– l’occupant – sur la vie des parquets,les principaux terrains de confrontationsavec la magistrature belge et le rôle quecette dernière est amenée à jouer dansl’immédiat après-guerre.État, justice et répression judiciairedes collaborations avec l’ennemiaprès la Seconde Guerre mondialeDans sa recherche, Lawrence Van Haeckeprivilégie l’État comme angle d’approchede la répression. Il examine commentcelui-ci, en particulier le gouvernement et32


la justice militaire, envisageait la sanctiondes différentes <strong>for</strong>mes de collaboration. Ils’intéresse aux instruments et à l’espacepolitique au sein duquel les décisionsfurent prises. La préparation de larépression prend place durant la période1941-1944. Le gouvernement en exil àLondres ne peut plus compter sur le cadreparlementaire et les partis politiques. C’estdans ces circonstances particulières qu’iltravaille à l’élaboration de nombreusesmesures. Le doctorant étudie donc attentivement le contexte de travail du gouvernementet y recherche des élémentsd’explication des décisions prises. Lapériode de Libération, qui se profile à lafois comme un moment-clé et un momentde rupture, est tout aussi importante.Complémentairement, Lawrence VanHaecke étudie les réponses données parles responsables aux problèmes posés parle processus répressif. ‘L’état de paix’ del’espace politique se remet lentement enplace à partir de septembre 1944. Durantce processus, l’État doit compter avec laRésistance comme avec les <strong>for</strong>ces alliées.Prenant quelque distance avec le contextedans lequel évoluent les acteurs précités,Lawrence Van Haecke s’intéresse égalementau contexte international et aux originesde la répression en Belgique. L’attentionpour la situation rencontrée dans d’autrespays, comme la France et les Pays-Bas,permet des comparaisons et la mise enévidence de spécificités belges. Il consacreégalement beaucoup d’attention aux antécédentset en particulier à la PremièreGuerre et à l’Entre-deux-guerres. La Belgiqueconnaît alors déjà un processus derépression des collaborations avec l’ennemi.Ce fait, comme d’ailleurs les mesuresétendues d’amnistie, peut avoir influencél’état d’esprit des décideurs. Durantl’Entre-deux-guerres, des articles du Codepénal ont été ren<strong>for</strong>cés; de nouvelles dispositionsont parfois été insérées. Ces initiativesinfluenceront plus tard les dirigeantsà Londres. Le chercheur espère decette façon dégager les lignes de fractureet les influences sur un plus long terme.La recherche comporte deux approchesthéoriques. La première est la transitionaljustice. Le travail judiciaire durant etaprès les changements de régime estsouvent considéré comme spécifique, ‘àpart’. Dans son étude, Lawrence rejointceux qui rejettent cette séparation stricteentre tribunaux de transition et tribunaux‘ordinaires’ et envisage leur problématiquecomme un tout. Par ailleurs, il recourt aumodèle théorique de la path dependance.Le modèle propose de porter attention àla façon dont le passé détermine les choixultérieurs. Il n’entre pas dans l’intentiondu chercheur d’appliquer ce modèle demanière strictement déterministe. Leconcept aide à rendre plus évidentes lestraces du passé et en particulier celles dela Première Guerre mondiale, qui présentedes similitudes avec l’objet étudié.Le traitement pénal des différentes <strong>for</strong>mesde collaboration constitue le noyau de larecherche. D’autres <strong>for</strong>mes de sanction,telles que la politique de déchéance desdroits civils et politiques, l’épuration civileet les différentes <strong>for</strong>mes de transaction<strong>for</strong>ment le second pilier de la recherche.La législation relative à la nationalitéet aux élections constitue le troisièmepoint d’attention : elle fait le lien entrela sanction de la collaboration et lerétablissement de la démocratie.La rédaction des deux thèses a dès àprésent commencé.Mélanie Bost / Lawrence Van Haecke33


PublicationsVILLES EN GUERRE -ANVERS 1940-1945Faisant suite au premiervolume de la série d’albumsphotographiques Villes enguerre consacré à Bruxellesdont le succès a été particulièrementimportant (on en estau troisième tirage !), vient deparaître en néerl<strong>and</strong>ais celuirelatif à Anvers.L’ouvrage, qui sortira en françaisdans un proche avenir (pourplus de précisions, voir notresite www.cegesoma.be), désire,par la photographie, offrir unmeilleur regard sur l’histoired’Anvers et de son agglomérationpendant la période 1940-1945.À côté d’un certain nombred’évolutions valables pourtoute la Belgique, Anversest intéressant du fait dedivers développementsspécifiques. Ainsi, on peut citerle très long maintien en fonctiondu collège des bourgmestreet échevins d’avant guerre, laspécificité de la persécution desJuifs, le gr<strong>and</strong> nombre de mortsprovoqué, après la Libération, parles bombes volantes allem<strong>and</strong>eset le rôle primordial du port en1945 comme tête de pont des arméesalliées en Europe occidentale.Ce livre est construit autour de six thèmes.Il s’agit des évènements militaires de1940, de l’administration, du pouvoiret de l’Ordre nouveau, de l’économie,du travail et de la vie quotidienne, del’engagement dans la collaboration etla résistance, des persécutions et de laLibération. Pour chacun de ces thèmes,les photos sont accompagnées de textes.Nous avons essayé de situer ces clichés,de les replacer dans leur contexte. Lesphotos reprises dans ce livre ne recouvrentnaturellement pas toute la réalitéde l’occupation. Certains thèmes sontimplicitement présents, sans pourautant être illustrés.Pour évoquer l’esprit du temps, nousavons aussi puisé dans un certainnombre de journaux personnels etmanuscrits. Il convient enfin de faireremarquer que, malgré les richesdécouvertes scientifiques de cesquinze dernières années, aucuneétude scientifique approfondie n’ajusqu’à ce jour été rédigée qui analyseAnvers dans sa totalité au cours del’occupation nazie. C’est une importantelacune.La plupart des photos reprises dans cetouvrage proviennent de la collection du<strong>CEGES</strong>, principalement des collections duphotographe de la propag<strong>and</strong>e officielleallem<strong>and</strong>e Otto Kropf, du photographeamateur et résistant anversois LouisPighini et de l’agence de pressecollaboratrice SIPHO. Cependant, cesphotos ne suffisent pas et nous avonsaussi fait appel à d’autres collections34


Certains, comme cecommerçant ambulantanversois sur le Volgelmarkt,parviennent encore à riredu système de rationnementinstauré. Il attire ses clientsavec des écriteaux du genre :“Je vends des poissons rougessans timbre”, “50.000 carpes”ou “Je vends tout, qu’on se ledise”, période de Noël 1942.(<strong>CEGES</strong>, collection Spronck,photo Otto Kropf,n° 100124)publiques et privées. Sans doutedes collections peuvent-ellesencore être trouvées dans pasmal de greniers de personnesprivées, d’associations et deparoisses, etc. d’Anvers. Puissele livre (et cet article) contribuerà les sortir de l’oubli. Si vousavez connaissance de telstrésors, n’hésitez en tout caspas à contacter les auteurs decet ouvrage par courriel (dirk.martin@cegesoma.be ou lieven.saerens@cegesoma.be) ou partéléphone (02/556.92.11).Dirk Martin /Lieven SaerensTribune d’honneur pendantun défilé de la milice thioisecollaboratrice ZwarteBrigade. Au centre, JanTimmermans, le chef dedistrict VNV d’Anvers, échevinet à partir de juillet 1944bourgmestre de la ville. Ilsalue un officier allem<strong>and</strong>.Une marche plus haut, à sagauche, un officier supérieurde la gendarmerie, 26.9.1943.(<strong>CEGES</strong>, collection Spronck,photo Otto Kropf, n° 15752)35


PublicationsCONGO-BELGIQUE, 1955-1965Entre propag<strong>and</strong>e et réalitéÀ l’occasion du cinquantièmeanniversaire de l’indépendance duCongo, le <strong>CEGES</strong> a voulu apportersa contribution au bilan réalisétant dans l’ancienne métropolequ’en Afrique centrale sur le passécommun de la Belgique et duCongo. À la suite des publicationsconsacrées à la Belgique sousl’occupation, l’ouvrage, qui seradisponible à partir de novembre2010 (voir alors notre site www.cegesoma.be), propose d’aborderla période de transition du Congocolonial vers un Congo indépendantà travers une analyse critiquede la production photographiqueentre 1955 et 1965.Exploitantla photographiedepropag<strong>and</strong>e,les albumsde famille,les fondsmissionnairesetde gr<strong>and</strong>essociétés,maisaussi lescollectionsdes agencesde presses’adressantaux Européensouproduits par eux, l’étude appréhende lecliché photo graphique comme une sourceà part entière sur un monde en pleineévolution, et non comme une simpleillustration.En effet, si le Congo accède à son indé -pendance le 30 juin 1960, dès le milieudes années cinquante plusieurs événementslaissent entrevoir les mutationsen cours. Que nous apprend l’image surl’évolution de la société congolaise ?Comment la propag<strong>and</strong>e coloniale a-t-ellemis en scène les dernières années de lacolonie et quel message a-t-elle voulufaire passer ? Quels souvenirs les ancienscoloniaux en ont-ils gardé à travers leursalbums de famille ? La photographie estellele témoin des changements en coursau sein des différentes sphères de lasociété congolaise ? Y a-t-il eu une prisede conscience du processus en marche ?Les Belges sur place ont-ils comprisqu’un bouleversement radical allait seproduire ?L’ouvrage montre comment la photographiese fait témoin de cette évolution entreune colonie extérieurement paisible, maismarquée par une ségrégation raciale sourcede tensions et de frustrations du côtécongolais, vers un pays indépendant, dansun climat de tensions communautaireset de violences. Il évoque également leséchos de ce pan d’histoire dans la sociétébelge.Anne Cornet / Florence Gillet36


Le cinéma colonial belge à l’honneurDans le cadre du 50 ème anniversaire de l’indépendance du Congo, le <strong>CEGES</strong>s’associe à la Cinémathèque royale de Belgique et au Musée royal del’Afrique centrale (MRAC) pour la publication d’un double DVD Belgisch Congobelge. Accompagné d’un livret réalisé par Patricia Van Schuylenbergh,Grace Winter et notre collègue Florence Gillet, il propose de revoir l’histoiredu Congo à travers le regard des trois ‘cinéastes coloniaux’ les plusremarquables de leur génération : Ernest Genval, Gérard de Boe et AndréCauvin. Ce double DVD fourni dans sa pochette-livret de 109 pages peut êtrecomm<strong>and</strong>é auprès du <strong>CEGES</strong> pour le prix de 19 euros (frais de port compris).Le <strong>CEGES</strong> est également partenaire de la Cinémathèque royale dans le cadrede sa programmation consacrée au Congo du 6 au 31 octobre 2010. Leprogramme complet de ce cycle de projections et de conférences estdisponible sur le site du <strong>CEGES</strong>, www.cegesoma.be.37


PublicationsLA BELGIQUE ET LAPERSÉCUTION DES JUIFSQuelle est la responsabilitédes autorités belges dans lapersécution des Juifs en Belgiquependant la Seconde Guerremondiale ?C’est à cette question cruciale que leprésent ouvrage, rédigé à la dem<strong>and</strong>edu <strong>CEGES</strong> par notre ancienne collègueAnne Roekens, aujourd’hui maître deconférences aux FUNDP de Namur, tented’apporter des réponses claires etnuancées. En replaçant les événementsdans leur contexte, La Belgique et lapersécution des Juifs décrit les différentsfacteurs qui expliquent comment lesautorités officielles d’un État démocratiqueont pu prêter main <strong>for</strong>te à la miseen œuvre de la “solution finale”. LaBelgique et la persécution des Juifsest une version abrégée de l’imposantrapport établi en 2007 par le <strong>CEGES</strong> à ladem<strong>and</strong>e du Sénat de Belgique. Visantà fournir une synthèse accessible deLa Belgique docile, l’ouvrage présenteune description chronologique desévénements enrichie d’encarts explicatifs,de documents écrits et iconographiqueset de lignes du temps récapitulatives.Autant de voies d’accès pour approcherune problématique qui pose des questionsfondamentales sur la démocratie et ses(dys)fonctionnements.L’ouvrage de 156 pages est disponible au<strong>CEGES</strong> pour le prix de 14 euros (frais de portcompris) au lieu de 16 euros en librairie.38


L’assassinat de Julien LahautEn 1987 paraissait sous la plume de RudiVan Doorslaer et Etienne Verhoeyen,L’assassinat de Julien Lahaut : une histoirede l’anticommunisme en Belgique. L’ouvrageidentifiait, sans les nommer, les auteurs del’assassinat en 1950 de celui qui était àl’époque le président du Parti communiste deBelgique, alors que la justice n’y était pasparvenue au bout de douze ans d’enquête.Surtout, il dressait un portrait éclairant desmilieux anticommunistes en Belgique etreplaçait l’assassinat dans le contexte de laQuestion royale et de la Guerre froide. Depuislors, l’affaire Lahaut revint régulièrement audevant de l’actualité. Les données nouvellesapportées ne firent cependant que compléteret ren<strong>for</strong>cer les conclusions de l’ouvrage de1987. Aussi l’actuel directeur du <strong>CEGES</strong> etl’ancien journaliste de la VRT ont-ils décidéde faire rééditer le livre en y ajoutant uneintroduction reprenant les éléments nouveauxdécouverts depuis la fin des années 1980.L’ouvrage de 256 pages est disponible au<strong>CEGES</strong> au prix de 20 euros, fait de port compris(au lieu de 25 euros en librairie).Fabrice MaertenToutes ces publications peuvent être comm<strong>and</strong>éesau <strong>CEGES</strong> par courriel (lieve.maes@cegesoma.be) ou partéléphone (00 32 2 556 92 07).39


PublicationsUN NOUVEAU NUMÉRO DESCAHIERSLa 22 e livraison des Cahiers-Bijdragen est parue. Au sommairede ce numéro figurent 5 articlesqui illustrent, chacun à leurfaçon, les recherches en cours enmatière d’histoire de Belgique.Les autres rubriques habituelles(Chronique, Image et Bibliothèque)élargissement la perspective de cenuméro.Vincent Scheltiens analyse l’évolutionpolitique et artistique du peintre WarVan Overstraeten. Ce communiste de lapremière heure va connaître une longueévolution qui le conduira notamment àexposer ses œuvres à Berlin en 1941.Au-delà du décryptage de sa personnalité,se pose toute la question de la complexitéde l’engagement d’une générationdont les choix se nourrissentd’apparentes discontinuités et deruptures probléma tiques. Mais le sontellesvraiment ?Anneleen Arnout s’interroge sur lapratique muséale en temps de guerre.Comment les musées belges ont-ilstraversé la Première Guerre ? Quelle étaitla marge de manœuvre des directions parrapport à l’occupant et dans quelle mesurecelui-ci souhaitait-il intervenir en cedomaine ?L’étude des pratiques coloniales de laBelgique est aussi celle des hommes deterrain. Andrea Schampaert nous dressel’itinéraire biographique d’Edouard DeJonghe, un homme à la croisée du mondeacadémique, administratif et politique,guidé par une préoccupation constante,défendre la mission civilisatrice de laBelgique.L’histoire de la Seconde Guerre nes’écrit plus seulement dans les livres. Latélévision joue un rôle capital dans lareprésentation de cette période difficile.Tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, desséries phares ont eu un impact majeursur les sociétés. Pour mieux comprendrele poids et la place de ces émissions,Veerle V<strong>and</strong>en Daele s’attache aux deuxpersonnalités qui les ont portées : LoeDe Jong aux Pays-Bas et Maurice De Wildeen Belgique.Dimitri Roden se consacre aufonctionnement de l’appareil judiciaireallem<strong>and</strong>, un maillon indispensable pourcomprendre le terrible mécanisme répressifmis en place par l’occupant.À ne pas manquer non plus, les rubriquesImage et Chronique.Dans la première, Lieven Saerenss’interroge sur la difficulté de l’utilisationde l’image dans le contexte despersécutions antisémites.Dans la seconde, Bruno De Wever analyselonguement la monumentale biographiede Lode Wils consacrée à Frans VanCauwelaert.Pour rappel, les CHTP-BEG sont vendus,frais de port compris, 22 euros pour la40


Belgique et 25 euros pour l’étranger parnuméro, ou 35 euros pour la Belgique et40 euros pour l’étranger par abonnementpour deux numéros.Infos : willem.erauw@cegesoma.be.Chantal Kesteloot41


Gros planL’AGENCE DE PRESSE SADO AU CŒURDE LA SECONDE GUERRE MONDIALEUne histoire à double jeuCréée en 1934, l’agence depresse photographique SADOpoursuivit ses activités durantla Seconde Guerre mondiale sousle contrôle des Allem<strong>and</strong>s. Sesarchives photographiques, quis’étendent des années trente auxannées septante et comptentplus de 450.000 clichés, sontdonc d’un gr<strong>and</strong> intérêt pourun centre comme le nôtre. Nousnous réjouissons dès lors toutparticulièrement de l’accord deprincipe signé en mars dernierentre la famille Rol<strong>and</strong>, détentricede ces riches archives, et le<strong>CEGES</strong> en vue de l’inventorisationet de la numérisation de cesarchives. Ce fut en outrel’occasion d’entamer une rechercheplus approfondie sur l’histoire del’agence SADO et plus précisémentsur son activité pendant laSeconde Guerre mondiale.Au début de l’année 1940, une dizained’agences de presse photographiquessont actives en Belgique. La plupartd’entre elles ferment définitivementleurs portes lors de l’arrivée desAllem<strong>and</strong>s t<strong>and</strong>is que de nombreuxphotographes quittent le pays.Rapidement, l’occupant va restructurerl’ensemble du secteur de la presseillustrée, confiant à la Propag<strong>and</strong>aAbteilung (PA) la gestion du travail desagences de presse photographiques.Dès le début de l’été 1940, la PA accordele monopole commercial dans le secteurà trois agences belges : Graphopresse,SIPHO et SADO. Plus tard, les Allem<strong>and</strong>sy ajoutent l’agence Belgapress, qu’ilscréent avec du matériel en provenancede l’agence berlinoise Weltib, filialephotographique du DNB (DeutscheNachrichtenbüro), dont elle assure ladistribution des clichés.Depuis sa création en 1934, SADO s’étaitcontentée de distribuer des photos enprovenance d’agences de presse belgeset étrangères, sans jamais se lancer ellemêmedans le reportage photographique.Durant les premiers mois du conflit,Léonid Itin poursuit dans la mêmedirection. Il affirmera d’ailleurs par la suiteavoir prétexté un manque de liquiditéspour ne pas engager de photographes enfaveur de son agence et ainsi éviter quesa société ne se trans<strong>for</strong>me directementen instrument de propag<strong>and</strong>e allem<strong>and</strong>e.Mais en 1942, les Allem<strong>and</strong>s commencentà voir d’un très mauvais œil l’activitérestreinte de l’agence. Ils lui reprochentde n’être qu’un commissionnaire de photosétrangères. Léonid Itin est convoqué à laPA et <strong>for</strong>tement encouragé à partir à Berlinpour y rencontrer le directeur de l’Atlantic-Orbis Verlag. Ce dernier lui propose deracheter une partie des parts de la sociétéet d’engager de nouveaux capitaux. Itin etson associé, Edmond Siret, refusent l’offre.Cet épisode a lieu quelques semaines avantle passage sous contrôle allem<strong>and</strong> de42


l’agence SIPHO, rachetée par Atlantic-Orbisau mois de janvier 1943.À partir de ce moment, la pressionde la PA sur l’agence SADO s’intensifie.D’autant que la publication d’une photonon passée par la censure va provoquerla colère des Allem<strong>and</strong>s et entraîner lafermeture de l’agence pendant plusieursjours. Léonid Itin se voit menacé d’êtredéféré devant un tribunal militaireet sommé de trouver rapidement desphotographes pour réaliser des reportages,sans quoi son agence sera purement etsimplement réquisitionnée. C’est à cetteépoque qu’il décide de s’associer avecPaul Némerlin.La collaboration entre les deuxhommes débute le 31 mai 1943.Jusque-là, Paul Némerlin a exercé uneactivité de photographe indépendantqui l’a amené à fréquenter les milieuxrexistes. Il a notamment effectué desprises de vue pour des groupementspolitiques tels que Rex, le VNV ou lesjeunesses légionnaires. Il s’est égalementrendu à plusieurs reprises au domicilede Léon Degrelle pour réaliser desreportages photographiques. Malgrétout, l’intéressé niera toujours avoiradhéré au Parti rexiste, prétextant desrelations exclusivement professionnellesavec ses membres. En outre, Leonid Itinconstitue une petite équipe de reporters,laborantins et employés dont fait partieJoseph Rol<strong>and</strong> qui accèdera à la directionde l’agence après la guerre. Les registresde comm<strong>and</strong>e de l’agence pour lapériode de guerre, qui ont été numériséspar le <strong>CEGES</strong>, montrent très clairementqu’avant 1942, l’agence n’a pratiquementpas produit de reportages et qu’uneaugmentation significative se produit àpartir de l’été 1943.À côté de l’activité principale de l’agenceSADO, exercée sous la tutelle de l’autoritéallem<strong>and</strong>e, les archives révèlent l’existenced’une action cl<strong>and</strong>estine en faveur de lacause alliée, notamment à l’interventionde William Ugeux, figure centrale desservices de renseignements pro-Alliés enBelgique occupée. Entre 1941 et 1943,Léonid Itin aurait transmis à Londresplusieurs documents photographiquespar l’intermédiaire du lieutenant Decamp,membre du service derenseignements Luc. Parailleurs, entre octobre 1943et le printemps 1944, JosephRol<strong>and</strong> fait parvenir à AlbertAdriaen, l’un de ses amismembre du service Zéro,plusieurs clichés de réunionsde dirigeants rexistes etVNV, des reproductions deplans, ainsi que des photosde passeports nécessaires àl’établissement de faussespièces d’identité pourles aviateurs devant êtrerapatriés.Comme pour les trois autresagences ayant exercé uneactivité sous l’Occupation,l’Auditorat militaire ouvreune instruction à charge deSADO, et ce en 1945. Cette dernière sesolde le 20 décembre de la même annéepar un non-lieu pour cause de chargesinsuffisantes. L’enquête confirme en effetque l’agence a pratiqué un double jeu,travaillant sous le couvert de la Sûretéde l’État pour fournir des photos et desrenseignements aux Alliés. Malgré cenon-lieu, les photographes de l’agencesubissent l’hostilité de la professionpendant les premières années d’aprèsguerre. Ainsi, l’association des ReportersCharles de Greef,photographe engagé parLéonid Itin en 1944, auxcôtés de Léonid Itin.(<strong>CEGES</strong>, fonds André Itin)L’équipe de l’agenceSADO pendant la guerre.À l’arrière-plan, Léonid Itinet Paul Némerlin.(<strong>CEGES</strong>, fonds André Itin)43


photographes refuse dans un premiertemps de leur accorder le coupe-filenécessaire à l’exercice de leur métier. Ilfaudra l’intervention de William Ugeuxauprès du bourgmestre de la ville deBruxelles, responsable en cette matière,pour pouvoir débloquer la situation.Paul Némerlin est quant à lui arrêtéle 16 novembre 1944 pour faits decollaboration. Il est accusé d’avoirtravaillé pour le compte du VNV et duParti rexiste pendant l’Occupation enphotographiant des manifestations et desmeetings politiques des deux partis. Ilest également poursuivi pour avoir étéle photographe privé de Léon Degrelle.La justice lui reproche d’avoir exercé cesactivités volontairement sans avoir étéréquisitionné. Il est finalement condamnéà un an d’emprisonnement.Florence GilletCet article est basé principalement sur ledossier d’instruction “SADO” et le dossier pénal“Némerlin” de l’Auditorat général, avec unemention particulière pour les témoignages deWilliam Ugeux, Joseph Rol<strong>and</strong> et Léonid Itinqui y figurent. Il fait également référence aumémoire de Céline Renchon (ULB, 1999-2000)et à l’article d’Anne Roekens (Bulletin du <strong>CEGES</strong>,n° 40, juin 2007) sur l’agence SIPHO.Page du répertoire dereportages réalisé parl’agence SADO en juillet 1943.44


LES ARCHIVES LUDO DIERICKXDe Agalev à B-PlusGros planLa veuve de l’ancien parlementaireAgalev Ludo Dierickx (1929-2009)a offert récemment au <strong>CEGES</strong> lesarchives de son défunt mari.L’acquisition est encore une conséquencedes contacts établis àl’époque du projet “L’idée belge etle séparatisme” (2007) par le biaisduquel le <strong>Centre</strong> désirait acquérir,conserver et rendre accessible desarchives et de la documentationd’organisations et de personnesqui après 1945 menèrent desactions pour l’unité du pays.Né le 10 août 1929, Ludo Dierickx fréquentele collège jésuite de Borgerhoutet mène ensuite des études de droit àl’université de G<strong>and</strong> et au collège del’Europe à Bruges. Au cours de ses études,il tombe sous le charme de l’idée fédéralisteeuropéenne. Il fonde le <strong>Centre</strong> d’étudeet d’in<strong>for</strong>mation européen et est chercheurà l’Institut d’études européennes de l’ULB.Début des années 1960, Dierickx, quiprovient d’un milieu démocrate-chrétien,est pendant trois ans lié comme conseillerau cabinet du ministre de l’Intérieur PSCArthur Gilson. De 1968 à 1981, il occupela fonction de directeur à l’Association desétablissements publics de soin. Au coursdes années 1970, il entre en contact avecle mouvement Vivre autrement et devientpolitiquement actif au sein d’Agalev. Il yjoue surtout un rôle de premier plan audébut des années 1980. En 1981, il est éludéputé, ce qui le fait appartenir au toutpremier contingent des parlementairesAgalev. Grâce à ses publications, il donne<strong>for</strong>me au sous-bassement théorique dela pensée verte en Belgique. Après septannées passées comme député, suiventencore sept années comme sénateur. Peuà peu, il passe cependant à l’arrière-planau sein d’Agalev. Après une période au SPAà partir de 1995, il revient à Agalev/Groenen 2003. Entre-temps, il est, commeadversaire de la communautarisation dela Belgique et écrivain critique vis-à-visdu nationalisme, étroitement lié à B-Plus, un groupe d’action qui lutte pour lemaintien de la Belgique. En 1998, il estco-fondateur de l’organisation et pendantles dernières années de sa vie, il en est lafigure de proue.Les archives Ludo Dierickx (cote AA 2230)couvrent au total environ 10 mètrescourants et se rapportent surtout à sesactivités au sein d’Agalev et de Groen. Ils’agit entre autres d’écrits personnels,de correspondance avec des membres, detextes de congrès du parti, de comptesrendus de la commission d’experts, ducomité exécutif et de réunions du groupeparlementaire, de communiqués de presse,de revues, de livres et de coupures depresse. Un deuxième pan important desarchives a trait à B-Plus. Sont égalementconservés un certain nombre de parties defonds d’archives relatifs au <strong>Centre</strong> d’étudedu nationalisme, au <strong>Centre</strong> d’étude etd’in<strong>for</strong>mation européen et à ses activitésau SPA, ainsi que des textes sur l’Europe.En bref, des archives intéressantes pourqui veut étudier un certain nombre dedéveloppements dans la politique belgeaprès 1960.Gerd De CosterAffiche B Plus conservéedans les archives LudoDierickx.45


Gros planRUSSIE-POLOGNE,ou la difficile gestion d’un passé ‘commun’ à laloupe de la bibliothèqueLa récente catastrophe aériennequi a décapité une part importantedes cadres dirigeants de l’appareild’État polonais en route pourcommémorer le 70 ème anniversairedu tristement célèbre massacrede Katyn n’a pas manqué deremuer passablement les opinionspubliques, aussi bien à Moscouqu’à Varsovie. À cette occasion,le président russe Medvedev s’estprofilé sur le plan internationalen gérant avec doigté la crise eten multipliant les signes d’amitiéenvers la nation polonaise. Parla suite, se démarquant de sonprédécesseur immédiat, il s’estencore positionné avec <strong>for</strong>cepour récuser l’image et l’héritagepolitiques de Joseph Staline,complaisamment réactivés cesderniers temps sur les bordsde la Moskova dans le sensd’un néo-patriotisme de type‘russo-soviétique’. Les personnesintéressées par les relationstourmentées qu’ont nourries depuis1918 (réapparition d’une Pologneindépendante !) les deux gr<strong>and</strong>speuples slaves trouveront sans nuldoute bon nombre d’in<strong>for</strong>mationsutiles dans notre bibliothèque.Pour le début de l’Entre-deux-guerres,relevons par exemple les travaux de JulesLebreton (La résurrection de la Pologne,1919) et de Léon Wasilewski (Les frontièresde la république de Pologne, 1927), certesvieillis mais toujours utilisables sur leplan factuel, comme d’ailleurs l’ouvragede Leszek Kirkien, Russia, Pol<strong>and</strong> <strong>and</strong> theCurzon Line (1945). Ces titres devrontnaturellement être complétés par desproductions historiographiques plusrécentes. Nous songeons en particulierau volumineux ouvrage collectif intituléPol<strong>and</strong> between the War, 1918-1939 éditépar Peter Stachura chez Macmillan en1999.Le pacte (dit) de non-agression germanosoviétiqued’août 1939 qui annonçaitun cinquième partage de la Pologne, afait couler des flots d’encre. Mentionnertous les écrits consacrés à cette ‘nouvelledonne’ géopolitique nécessiterait un<strong>for</strong>t volume, mais nous en possédonscependant dans nos collections unéchantillonnage substantiel, depuis letrès polémique Ernesto Rossi (Deux ansd’alliance germano-soviétique, 1949)jusqu’au nettement plus serein YvesSantamaria (1939. Le pacte germanosoviétique,1998), en passant par Frompeace to War. Germany, Soviet Russia <strong>and</strong>the World 1939-1941, 1997).Pour nous en tenir à une de sesconséquences les plus immédiatementtragiques, le massacre des officierspolonaise dans la <strong>for</strong>êt de Katyn,épinglons la longue série de contributionsd’Alex<strong>and</strong>ra Viatteau, et toutspécialement son récent Katyn : La vérité46


sur un crime de guerre (2009), maisaussi l’ouvrage de Victor Zaslavsky (Lemassacre de Katyn, 2003) et l’excellentemise au point d’Anne Durufle-Lozinski(URSS/Pologne : Retour à Katyn, dansÀ l’Est, la mémoire retrouvée, 1990,p. 39-52). Comme on le sait déjà, notrebibliothèque s’ef<strong>for</strong>ce de présenter unprofil européen. Le chercheur d’outre-Rhin trouvera ainsi d’utiles matières àréflexion dans la recherche de GerhardKaiser et d’Andrzej Szczesniak (Katyn.Der Massenmord an polnischer Offizieren,1991) ou de Czeslaw Madajczyk (DasDrama von Katyn, 1991), t<strong>and</strong>is que soncollègue anglophone pourra utiliser avecfruit la copieuse étude collective – 561pages ! – publiée en 2007 par la YaleUniversity Press, Katyn : Crime withoutPunishment. Et s’il reste sur sa faim, ilpourra toujours reporter son attentionsur des productions ponctuelles dans desrevues de qualité, comme celle de GeorgeSan<strong>for</strong>d, “The Katyn Massacre <strong>and</strong> thePolish-Soviet Relations”, dans le Journalof Contemporary History, 2006, n° 1,p. 95-111.Le lecteur d’expression néerl<strong>and</strong>aise, lui,pourra se référer avec confiance au travailde Louis Vos et d’Idesbald Goddeeris, Destrijd van de witte adelaar (2005). Ce livretranscende d’ailleurs largement le seulépisode de Katyn et aborde l’histoire desrapports entre la Pologne et la Russie/URSSdans une perspective globale. Car, bienentendu, le ‘dialogue’ entre ces deuxÉtats ne s’est pas résumé uniquement àdes faits tragiques ; il s’inscrit dans uneproblématique qui parcourt l’ensembledu ‘court 20ème siècle’ étudié par notreinstitution. On en aura une petite idéeen recourant à la synthèseproposée par JerzyPomianovski, Les relationsde la Pologne avec la Russieet des Polonais avec lesRusses (dans Matériaux pourl’histoire de notre temps,n° 61-62, 2001, p. 23-31), que l’on complétera,pour la mise en place durégime soviéto-communisteà Varsovie, par les travauxde Marek Chodakiewicz(Between nazis <strong>and</strong> Soviets.Occupation Politics inPol<strong>and</strong>, 2004), d’AnitaPrazmowska (Civil War inPol<strong>and</strong>, 2004), de KrystynaKersten (The Establishmentof Communist Rule inPol<strong>and</strong>, 1991), de PadraicKenney (Rebuilding Pol<strong>and</strong>.Workers <strong>and</strong> Communism,1945-1950, 1997) ou deA. Kemp-Welch (Pol<strong>and</strong> <strong>and</strong>Communism : a Cold WarHistory, 2008).On nous permettra de clore ici cemodeste aperçu bibliographique de nosrichesses sur la question par l’évocationde deux ouvrages engagés de l’un etl’autre côté de la barrière ou, plutôt, du‘Rideau de fer’ : Jacques Walckiers, L’URSSet la Pologne (édité en 1945 sous lesauspices des Amitiés belgo-soviétiques)et Edouard Krakowski, Pologne et Russie(1946). Publications de circonstance auxapproches parfaitement antagonistes, cestravaux sont devenus, avec le temps et àleur façon, des sources. Et le reflet d’uneépoque désormais révolue.La synthèse récented’Alex<strong>and</strong>ra Viatteau donneun bon aperçu du drame deKatyn et de ses retombéesjusqu’à ce jour.Alain Colignon47


Gros planLE DROIT ET L’HISTOIRE <strong>DU</strong> DROITUn nouveau champ d’investigation dans lescollections de la bibliothèqueLe plaidoyer d’Henri Velgepour un Conseil d’État, unesource aujourd’hui bien utilepour les historiens.Les guerres ou, plus largement,les conflits armés, présententà divers titres des liens avecle droit. La répression de lacollaboration et les aspectsjuridiques internationaux de laguerre en sont natu rellementdes exemples probants. L’intérêtpour des questions commeles conflits armés et le droitdes gens, la poursuite descriminels de guerre, le statutjuridique des prisonniers deguerre ou la question de lalégitimation de la guerres’est <strong>for</strong>t accru ces dernierstemps.C’est pourquoi la bibliothèque du<strong>CEGES</strong> s’est enrichie depuis quelquesannées de publications récentes surces thématiques. L’élargissement duprofil de notre collec tion résulte aussi,par ailleurs, des nou veaux projets derecherche dans lesquels le <strong>CEGES</strong> estimpliqué, à savoir : “La Bel gique docile”,le pôle d’attraction inter universitaire“Histoire socio-politique de la justicebelge”, le projet “Vie privée et recherchehistorique” et l’étude du rôle de laBelgique dans le développement dudroit de la guerre. Il n’est pas dans nosintentions de devenir une bibliothèquejuridique, mais bien de suivre la productionutile aux historiens spécialisés dansl’étude des conflits du 20ème siècle ouimportante pour l’exercice du métierd’historien.Citons, par exemple, la série demonographies Das Europa der Diktatur,éditée par le Max-Planck-Institut füreuropaïsche Rechtsgeschichte, danslaquelle les systèmes juridiques desdictatures et des régimes autoritairesd’Europe occidentale et orientale sontétudiés. Les publi cations sur la justicede tran sition en Europe font, en règlegénérale, l’objet d’acquisitions. Laproduction sur le jugement de criminelsde guerre, non seulement après laSeconde Guerre mondiale mais aussilors de conflits plus récents (Rw<strong>and</strong>a,ex-Yougoslavie), est systématiquementsuivie, et il en va de même pour lesouvrages traitant de la justice detransition en Afrique du Sud et enAmérique latine.La section des périodiques s’estégalement étendue par l’acquisitionde revues en rapport avec l’histoiredu droit : Crime, History <strong>and</strong> Societies/Crime, Histoire et Société, ainsi que TheInternational Journal of TransitionalJustice font depuis peu partie de noscollections.Sources juridiquesOutre la littérature scientifique récente,la bibliothèque rassemble aussi des48


travaux juridiques publiés entre 1914 et1960 à titre de sources pour la recherchehistorique. Épinglons ainsi les étudesjuridiques sur les pensions de guerre oul’ouvrage dans lequel Henri Velge plaidaiten 1930 pour la mise en place d’unConseil d’État. Ces vieux ouvrages de droitprouvent presque chaque jour leur utilité.L’acquisition par la bibliothèque de cessources juridiques s’est surtout effectuéeà partir de dons. Si vous trouvez unecollection de livres et/ou de publicationsjuridiques quelque peu tombée dansl’oubli, ne la jetez pas mais contactezplutôt la bibliothèque du <strong>CEGES</strong> (AlainColignon ou Dirk Luyten). Nous viendronsvolontiers la récupérer afin qu’elle puisseencore servir aux chercheurs.Dirk LuytenJournée d’étude :Les épurations ethniques en Europe au20e siècleLe vendredi 29 novembre 2010, le Sénat de Belgique etle <strong>CEGES</strong> organisent une journée d’étude sur le thème desépurations ethniques en Europe au 20 e siècle.Cette journée s’articulera en deux temps :- de 10h.30 à 12h.30, un exposé général du professeur PieterLagrou (ULB) suivi d’un débat;- de 14h à 16h, des séances sous <strong>for</strong>me d’ateliers destinés enparticulier aux enseignants et consacrés à des cas précis.Quatre thématiques sont envisagées, en l’occurrence legénocide arménien, la persécution des Juifs par l’Allemagnenazie, les expulsions d’Allem<strong>and</strong>s après la Seconde Guerremondiale et le cas de la guerre en ex-Yougoslavie.La journée se déroulera au Sénat de Belgique.Renseignements complémentaires et inscriptions :cegesoma@cegesoma.be49


AcquisitionsDE LA CORRESPONDANCE DE CAPTIVITÉAUX ARCHIVES DE LA RÉSISTANCELes acquisitions d’archivespendant l’année académiqueécoulée portent pratiquement surtous les domaines de l’occupation.L’accent repose sur la résistance,les prisonniers politiques et lesmilieux patriotiques après laguerre, ainsi que, dans unemoindre mesure, sur l’année1940 et l’occupant allem<strong>and</strong>.L’acquisition la plus importante(en volume) a par contre traità plusieurs mètres des archivespartielles du responsable d’Agalev/Groen Ludo Dierickx en rapportnon seulement avec le mouvementécologiste, mais aussi avec sesactivités en faveur de l’unité de laBelgique (AA 2230, voir l’articledétaillé, p. 45).Ceci dit, un des thèmes centraux de lacollection du <strong>CEGES</strong>, la résistance et lesprisonniers politiques, reste tout demême particulièrement important. Dela période de guerre proprement ditedatent les archives Adrien Fache. Ellescontiennent tant des archives personnellesde ce résistant et agent de renseignementque des archives conservées par lui duservice de renseignement BB-Zig (AA2237). De la résistante gantoise PierretteCuelenaere récemment décédée, dontnous avons déjà mentionné par le passéavoir acquis les archives de la CNPPAG<strong>and</strong>-Eeklo, nous pouvons maintenantrelever les archives d’après guerre del’Amicale des anciens prisonnierspolitiques de Neuengamme (AA 2244).Le fonctionnement dans l’après-guerredu groupe des anciens combattants etrésistants liés à notre radio nationaled’autrefois fait l’objet des archives del’Amicale des anciens combattants deL’INR/NIR (AA 2214).La période de guerre sur un plan plusquotidien peut être documentée defaçon plus approfondie grâce à quelquescollections de lettres. Est particulièrementoriginale la correspondance d’un Italiende Belgique qui dut rejoindre l’arméeitalienne. De 1942 à 1944, FrançoisBerdondini écrivit abondamment à sonamie vivant à Liège, et cela même aprèsque son unité ait abouti dans un camp deprisonniers de guerre après la chute deMussolini (AA 2236).En ce qui concerne l’immédiat aprèsguerre– on remarque donc quel’acquisition de fonds non directementrattachés à la guerre se poursuit – sonttraités, en dehors des archives mentionnéesde la résistance d’après1944, le nouveau paysage politique,le syndi calisme et la répression de lacollaboration. Les archives de l’aileflam<strong>and</strong>e de l’Union démocratiquebelge (UDB) sont particulièrementintéressantes au sujet de la fondation,du fonctionnement et du déclin rapidede ce nouveau parti travailliste. Lesarchives en question ont été <strong>for</strong>méespar le secrétaire de parti flam<strong>and</strong>, OmerDe Ras (AA 2221). Rik Hemmerijckx,spécialiste du syndicalisme de guerreet d’immédiat après guerre, a déposé50


Fours crématoires dans lecamp de concentration deNeuengamme libéré.(<strong>CEGES</strong>, n° 169117)ses archives de recherche au <strong>CEGES</strong>. Évidemment,ce matériel a déjà été utilisé dansles multiples publications du donateur,mais quiconque est intéressé par lesyndicalisme en Belgique entre 1940 et1950, les syndicats cl<strong>and</strong>estins, la FGTBau cours de ces années ainsi que parle communisme et le PCB, doit sans nuldoute consulter les archives de rechercheHemmerijckx (AA 2241). En outre, nousavons reçu le dossier des avocats dansl’affaire Paul Lambrichts, bourgmestre deguerre de Eisden poursuivi dans le cadrede la répression de la collaboration avecl’ennemi (AA 2238).Enfin, l’attention doit encore être attirée,parmi les plus récentes acquisitions,sur quelques journaux et manuscrits.Quiconque travaille sur les élites pendantla Première Guerre mondiale, sur l’occupationbelge de la Rhénanie ou encoresur les troupes britanniques en Bel giqueen 1940 doit avoir l’attention attirée surrespectivement Journal baron Albert deBassompierre, 1914-1919 et 1940-1941par Albert de Bassompierre (AB 2515),Historisch-administratief verslag over deKreis Kleve (Duitsl<strong>and</strong>) (“Le cercle deClèves”) rédigé en 1926 par Robert Rieu ?(AB 2505) et The British ExpeditionaryForces, mei 1940. In<strong>for</strong>matie betr. terechtstellingenvan onschuldige Belgische burgerste Denderhoutem, Okegem, Petegem,Helkijn, Menen, Veurne par Gilbert Dubois(AB 2521).Les plus importants de ces fondsdisposent déjà d’un inventaire qui peutêtre consulté sur le site du <strong>CEGES</strong> (voir“Catalogue en ligne”). À ce propos, ilconvient d’attirer l’attention sur le faitque tous les inventaires imprimés et tapésà la machine existants sont introduitsrétrospectivement sur le site et qu’ilsseront donc consultables d’ici la fin del’année depuis votre fauteuil. Attention :il s’agit d’inventaires en <strong>for</strong>mat pdf liésaux descriptions d’archives. Pour êtrecomplet, il convient aussi de chercher lesinventaires dans l’organigramme hiérarchiquedes archives (“Consulter le catalogueen ligne”, puis “Parcourir les archives” etcliquer dans la description du fonds).Nous espérons que les acquisitionsfutures en cette année anniversaire2010 présenteront une même richessethématique. Pour des dépôts, il esttoujours possible de prendre contact avecdirk.martin@cegesoma.be.Dirk MartinFrançois Berdondinidans un camp deprisonniers allem<strong>and</strong>.(<strong>CEGES</strong>, n° 277374)51


AcquisitionsEXTENSION ET MISE EN VALEUR DESCOLLECTIONS AUDIOVISUELLESPierre Ryckmans, anciengouverneur général duCongo, son fils André,agent territorial, etson petit-fils François,journaliste à la RTBF.(<strong>CEGES</strong>, fonds AndréRyckmans)Alors que les historiens utilisentde plus en plus les archives‘Images et sons’ dans le cadrede leurs travaux de recherche,le <strong>CEGES</strong> poursuit chaque annéeavec le même enthousiasme sapolitique d’acquisition, de gestionet de conservation de documentsaudiovisuels. La publicationannuelle du Bulletin nous donnel’occasion de vous présenter lesprojets en cours et les dernièresinnovations.En 2009, le <strong>CEGES</strong> s’est lancédans la publication d’ouvragesphotographiques sur la SecondeGuerre mondiale. Le premiervolet consacré à Bruxelles futl’occasion de réaliser un appel envue d’enrichir notre collection defonds de photos de particulierssur la période 1940-1945.Cet appel profita d’un bel échodans la presse et donna lieu àde nombreuses réactions ainsiqu’à l’acquisition de quelquesfonds intéressants. Par ailleurs,paraîtra à la fin de l’année unouvrage photographique consacréà l’évolution du Congo entre 1955 et1965 et à la perception qui en est donnéepar la photographie. Ce projet a permisd’étoffer la collection déjà riche de fondsd’anciens coloniaux en notre possession.Parmi beaucoup d’autres acquisitions,citons le fonds André Ryckmans, fils del’ancien gouverneur du Congo, capturépuis abattu le 17 juillet 1960 lors d’uneopération de sauvetage d’Européensen difficulté au Congo. Toute l’équipedu secteur audiovisuel fut mise àcontribution tant pour la prospection quepour l’inventorisation et le scannage desnombreux clichés.Par ailleurs, dès le mois d’avril 2008,des négociations avaient été entreprisesavec la famille Rol<strong>and</strong>, propriétaire dela collection photographique de l’agencede presse SADO (voir l’article, p. 42-44),afin de conclure un accord prévoyantle classement et la digitalisation decet énorme fonds (environ 450.000clichés). Tous ces ef<strong>for</strong>ts ont porté leursfruits puisque nous avons signé unpremier accord de collaboration avec lafamille Rol<strong>and</strong> en mars 2010. En outre,les registres de comm<strong>and</strong>e de l’agencepour la période de guerre ont déjà étédigitalisés.Toujours concernant la photothèque,plus de 275.000 photos ont à présentété numérisées. La plupart d’entre ellesfigurent dans le module photothèque dePallas (voir notre site www.cegesoma.be). Suite aux nouvelles mesuresprises afin de supprimer du Web toutephotographie dont le <strong>CEGES</strong> ne disposeraitpas explicitement des droits, nous avonspoursuivi les recherches concernantles ayants droit. Il s’agit d’un travailtitanesque. De janvier à juin 2010, notrebénévole Audrey Sesana s’y est attaquéun jour par semaine.52


Outre son importante collectiond’archives photographiques,le <strong>CEGES</strong> conserve égalementde nombreuses interviews.Nous avions déjà eu l’occasiond’évoquer dans le Bulletinprécédent le travail denumérisation de celles-ci.2010 a permis d’entamer unnouveau volet de l’ouverturede nos archives sonores aupublic avec la mise en placed’un inventaire in<strong>for</strong> matisé desémissions de Radio Bruxellesdiffusées par l’occupant durantla Seconde Guerre mondiale.En outre, le <strong>CEGES</strong> continueà acquérir ponctuellementdes DVD de documentaireshistoriques sur la Secondeguerre mondiale. L’annéedernière fut marquée par leversement d’un millier decassettes VHS en provenance dela VRT reprenant les rushs des émissions deMaurice De Wilde sur la Seconde Guerremondiale. Ces derniers viennent compléterles photos et les VHS des émissions déjàen notre possession. Enfin, les vidéos detémoignages de rescapés de camps deconcentration qui nous ont été donnéespar Simon Goldberg ont été récemmentinventoriées par notre bénévole BrunoPicard. Tous les inventaires que nousvenons de mentionner devraient êtredisponibles sur notre site web d’ici la finde l’année.Concert à Radio Bruxelles,Seconde Guerre mondiale.(<strong>CEGES</strong>, Belgapress, n° 12081)Florence Gillet53


BénévolesUNE ÉQUIPE DISCRÈTE, MAISD’UNE GRANDE UTILITÉPar nature moins propice àla mise en évidence que lesecteur Activités scientifiqueset Publications, le secteurDocumentation n’en constituepas moins un pilier fondamentaldu <strong>CEGES</strong>. Les services rendusdans ce domaine par lesbénévoles sont dès lors d’autantplus précieux que les tâchesà remplir en la matière sontmultiples.Témoignent d’ailleurs de cette variétéles diverses prestations assumées par lapetite dizaine de bénévoles actifs dansl’institution au cours de l’année écoulée.Ainsi, Mania Kozyreff a poursuivi sonprécieux travail entamé depuis plusieursannées déjà de classement des coupuresde presse et de contrôle des descriptionsd’ouvrages introduites dans notre moduledocumentaire Pallas.Pierre Brolet, autre fidèle collaborateur,a quant à lui étendu ses activités ducontrôle d’inventaires d’archives auclassement de coupures de presse et devidéos.Bruno Picard, également un ancien de lamaison, travaille aussi à la mise en valeurdes cassettes vidéos.Par ailleurs, le <strong>CEGES</strong> a eu le plaisir de voirrevenir deux membres de l’équipe quiGilbert Waeyenbergh autravail dans la photothèquedu <strong>CEGES</strong>.54


s’étaient quelque peu éloignés en 2008,à savoir Jacques Drouart et GilbertWaeyenbergh.Le premier s’est attelé au classementdes archives personnelles Adrien Facherelatives au service de renseignementsBravery-BB-Zig, tâche qu’il a achevée enseptembre 2010; quant au second, il arepris l’immense travail de mise en ordredu fonds photographique de l’agence depresse pro-allem<strong>and</strong>e SIPHO entamé depuis1994 : ainsi, il œuvre à l’heure actuelleau classement des milliers de clichésconsacrés au front de l’Est.Sarah Dabaghy, qui a désiré compléterson activité professionnelle de gestion desfonds audiviovisuels, photographiques etnumériques à la RTBF par ce bénévolat.Fabrice MaertenLe groupe a par contre dû se résigner àvoir partir pour raisons de santé en cedébut 2010 Michel Mombeek, qui aucours des quelques années passées auservice de l’institution a classé une dizainede fonds d’archives de taille relativementimportante. Ce sont des motifs d’ordreprofessionnel qui ont poussé JacquelineBrau, auteur du classement du fondsdocumentaire Charles van den Berg relatifà l’extrême gauche dans les années 1970(AA 2172), à cesser momentanément saprécieuse collaboration.Nous ont encore accordé leur précieuxconcours pendant l’année écoulée lesjeunes universitaires Alizée Van DenBr<strong>and</strong>en et Audrey Sesana.La première a travaillé de décembre2009 à février 2010 au classement depapiers person nels relatifs à l’Office derécupération économique t<strong>and</strong>is que laseconde œuvrait de janvier à juin 2010 àla question des droits d’auteurs pour lesphotographies tout en introduisant deslégendes de photos dans le module Pallas.Depuis octobre 2010, ce travail de contrôledes droits d’auteurs pour les photos aété repris par une autre jeune diplômée,55


Les AmisLes films historiques à l’honneurL’intérêt porté à l’asbl Les Amis du Ceges ne s’est pas démenti au cours de cettedernière année. En effet, une dizaine de nouveaux membres sont venus ren<strong>for</strong>cerses rangs. Elle en totalise donc actuellement 188. En outre, Vincent Scheltiens,chercheur sur projet au cEGES, a rejoint Isabelle Ponteville pour l’organisationdes activités.Désireuse de fêter à sa manière le quarantième anniversaire du <strong>CEGES</strong>, l’asbla organisé le 9 décembre 2009 la projection du film Katyn d’Andrzej Wajdasans se douter à ce moment que cette page si sombre de l’histoire allait êtrecommémorée de façon tellement dramatique et se retrouver une fois de plus à laune de l’actualité peu de temps après.Pour présenter le film (qui par ailleurs n’a jamais été distribué en Belgique),l’asbl avait choisi d’inviter Joris De Deurwaerder. Auteur d’une biographie dudocteur Reimond Speleers (membre belge de la Commission d’enquête envoyéesur place début 1943), il a apporté aux nombreux participants son éclairage surce qui s’était réellement passé et sur les enjeux internationaux qui avaient silongtemps présidé à la dissimulation de la vérité.Vu l’intérêt suscité par la démarche et le succès remporté par la soirée, l’idéede proposer un cycle de projections de films introduits par des spécialistes desthématiques abordées, s’est imposée. Au menu, on retrouverait des films defiction, des documentaires et des émissions télévisées diffusés de manière assezconfidentielle.Pour inaugurer cette série, l’asbl a projeté le 3 juin 2010 le documentaire deRob Epstein et Jeffrey Friedman Paragraphe 175, consacré à la persécutiondes homosexuels par les nazis. Marc Beumier, conseiller général à la Politiquescientifique et administrateur de l’asbl du <strong>CEGES</strong> ainsi que Mathieu Vanhaelewijn,doctorant à l’Universiteit Antwerpen sur le thème A New Order, a New Man.Masculinity <strong>and</strong> Fascism in Belgium, c. 1930-1945, étaient là pour présenter le56


documentaire, évoquer le contexte historique dans lequel s’inscrit la problématiqueet répondre aux questions du public.D’ici fin 2010, deux rendez-vous sont encore planifiés, le premier au <strong>CEGES</strong> et lesecond à la Cinematek de Bruxelles.Le 18 novembre 2010, Rudi Van Doorslaer et Etienne Verhoeyen (anciencollaborateur scientifique de la VRT) présenteront la réédition de leur ouvrageL’assassinat de Julien Lahaut. Un documentaire réalisé par la VRT en 2008illustrera les faits.Et enfin, le 13 décembre 2010, l’asbl organise en collaboration avec la Cinematekla projection du film d’André Delvaux, Femme entre chien et loup. AdolpheNysenholc, spécialiste d’André Delvaux, introduira le film et Fabrice Maerten,historien au <strong>CEGES</strong>, animera le débat qui s’ensuivra.Pour davantage d’in<strong>for</strong>mations sur l’asbl, vous pouvez contacter sa secrétairegénérale, Isabelle Ponteville (02/556.92.09), ou consulter la rubrique Les Amisdu Ceges sur le site www.cegesoma.be.Isabelle PontevilleL’affiche du film Paragraphe 175 présentéau <strong>CEGES</strong> par l’asbl le 3 juin 2010.57


ActivitésProchaines activitésdu <strong>CEGES</strong>SÉMINAIRES5 novembre 2010 - 14h.30Jan Velaers (UAntwerpen), “Het ‘actieve’ koningschap van Albert I1909-1934”.24 novembre 2010 - 14h.30Els Witte et Harry Van Velthoven, “Strijden om taal. De Belgischetaalkwestie in historisch perspectief”.1er décembre 2010 - 14h.30Avi Shlaim (University of Ox<strong>for</strong>d), “Israel : The Strategy of the Iron WallRevisited”.22 décembre 2010 - 14h.30Anne Cornet (<strong>CEGES</strong>) et Florence Gillet (<strong>CEGES</strong>), “Congo-Belgique 1955-1965. Entre propag<strong>and</strong>e et réalité”.<strong>CEGES</strong>, 29 square de l’Aviation, 1070 Bruxelles. Accès libre.Renseignements : 02/556.92.11, cegesoma@cegesoma.be.JOURNÉES D’ÉTUDE29 octobre 2010 - 9h15-18h.Journée d’étude “Paysage en fragments. Mémoire de la Seconde Guerremondiale en Belgique, 1945-2010”.58


<strong>CEGES</strong>, 29 square de l’Aviation, 1070 Bruxelles.Renseignements et inscriptions : 02/556.92.11, cegesoma@cegesoma.be.22 et 23 novembre 2010Conférence internationale “Privacy & Scientific <strong>Research</strong> : fromObstruction to Construction” organisée par la Commission de laprotection de la vie privée avec la collaboration du <strong>CEGES</strong>.Crowne Plaza, Place Rogier, 1000 Bruxelles. Accès uniquement sur invitation(voir www.privacy<strong>and</strong>research.be).29 novembre 2010 - 10h.30-16h.Journée d’étude “Les épurations ethniques en Europe au 20e siècle“organisée par le Sénat de Belgique et le <strong>CEGES</strong>.Sénat de Belgique, 1 place de la Nation, 1000 BruxellesRenseignements et inscriptions : 02/556.92.11, cegesoma@cegesoma.be.17 décembre 2010Journée internationale Jeunes chercheurs sur le thème “Guerre etsociétés en Europe au 20e siècle” dans le cadre du nouveau projeteuropéen EUCOWAS.<strong>CEGES</strong>, 29 square de l’Aviation, 1070 Bruxelles.Renseignements et inscriptions : 02/556.92.11, cegesoma@cegesoma.beÉVÈNEMENTS6 au 31 octobre 2010Cycle de projections et de conférences intitulé Caméra Congoconsacré au Congo pendant la période coloniale, mis sur pied par laCinémathèque royale de Belgique en collaboration avec le Musée royalde l’Afrique centrale, le KADOC et le <strong>CEGES</strong>.Cinematek, 3 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles.Renseignements : sites www.cegesoma.be ou www.cinematek.be.59


16 novembre 2010 - 13h.30-17h.Lancement du projet European Holocaust <strong>Research</strong> Infrastructure (EHRI)auquel le <strong>CEGES</strong> est associé.Musées royaux d’art et d’histoire, 10 parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles.Renseignements et inscriptions : p.drenth@niod.knaw.nlACTIVITÉS asbl LES AMIS <strong>DU</strong> <strong>CEGES</strong>18 novembre 2010 - 18h.-20h.Présentation par Rudi van Doorslaer (<strong>CEGES</strong>) et Etienne Verhoeyen (exVRT) de la réédition de leur ouvrage L’assassinat de Julien Lahaut.<strong>CEGES</strong>, 29 square de l’Aviation, 1070 Bruxelles.13 décembre 2010 - 17h.-19h.30Projection du film d’André Delvaux Femme entre chien et loup,introduite par Adolphe Nysenholc, spécialiste du cinéaste. FabriceMaerten (<strong>CEGES</strong>) animera le débat qui suivra.Cinematek, 3 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles.Participation aux frais : 3 euros.Renseignements : 02/556.92.11, isabelle.ponteville@cegesoma.be60


Exp. <strong>CEGES</strong> - Square de l’Aviation 29 - 1070 Bruxelles ISSN 0772 - 120 XBelgique - BelgiëP.B. - P.P.1070 Bruxelles 7BC 11568

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