DP_La-toilette-naissance-de-l-intime

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IIcommuniqué <strong>de</strong> presseAnonyme(Ecole <strong>de</strong> Fontainebleau),Portrait présumé <strong>de</strong> Gabrielled’Estrées et la duchesse <strong>de</strong>Villars au bain, fin xvi e siècle,Montpellier, Musée<strong>La</strong>nguedocienCe tableau est une variationd’après un original, au Louvre,qui représente Gabrielled’Estrées, favorite d’Henri IV, etsa sœur. Les <strong>de</strong>ux femmes sontau bain, une cuve couverte d’undrap, isolée par <strong>de</strong>s courtines.A l’arrière-plan, une nourriceallaite : le bain est sans doutelié à <strong>de</strong>s relevailles. <strong>La</strong> volonté<strong>de</strong> distinction est marquée : lebuste <strong>de</strong>meure droit, membresimmobiles, visage fardé, loin <strong>de</strong>toute attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nettoiement.Les chemises que portent lesbaigneuses accentuent cetteexigence <strong>de</strong> retenue, alors mêmeque la cuve mêle les corps.Après avoir célébré les quatre-vingts ans <strong>de</strong> l’ouverture du musée au public à travers les <strong>de</strong>uxexpositions temporaires « Les Impressionnistes en privé » et « Impression, soleil levant », le muséeMarmottan Monet présente du 12 février au 5 juillet 2015 la première exposition jamais dédiée authème <strong>de</strong> <strong>La</strong> Toilette et à <strong>La</strong> Naissance <strong>de</strong> l’Intime. L’exposition réunit <strong>de</strong>s œuvres d’artistes majeursdu xv e siècle à aujourd’hui, concernant les rites <strong>de</strong> la propreté, leurs espaces et leurs gestuelles.C’est la première fois qu’un tel sujet, unique et incontournable, est présenté sous formed’exposition. Dans ces œuvres qui reflètent <strong>de</strong>s pratiques quotidiennes qu’on pourrait croirebanales, le public découvrira <strong>de</strong>s plaisirs et <strong>de</strong>s surprises d’une profon<strong>de</strong>ur peu attendue.Des musées prestigieux et <strong>de</strong>s collections internationales se sont associés avec enthousiasmeà cette entreprise et ont consenti <strong>de</strong>s prêts majeurs, parmi lesquels <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong>peintures qui n’avaient jamais été montrées <strong>de</strong>puis leur création. Une centaine <strong>de</strong> tableaux,<strong>de</strong>s sculptures, <strong>de</strong>s estampes, <strong>de</strong>s photographies et <strong>de</strong>s images animées (« chronophotographies») permettent <strong>de</strong> proposer un parcours d’exception.L’exposition s’ouvre sur un ensemble exceptionnel <strong>de</strong> gravures <strong>de</strong> Dürer, <strong>de</strong> Primatice, <strong>de</strong>peintures <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Fontainebleau, parmi lesquels un Clouet, l’exceptionnelle Femme àla puce <strong>de</strong> Georges <strong>de</strong> <strong>La</strong> Tour, un ensemble unique et étonnant <strong>de</strong> François Boucher, montrantl’invention <strong>de</strong> gestes et <strong>de</strong> lieux spécifiques <strong>de</strong> <strong>toilette</strong> dans l’Europe d’Ancien Régime.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 4


u communique <strong>de</strong> presseAlain Jacquet,Gaby d’Estrées, 1965,Paris, galerie ValloisJacquet est un représentantdu Mec’art, qui se consacre àla production d’images par <strong>de</strong>sprocédés <strong>de</strong> report mécaniques.<strong>La</strong> source <strong>de</strong> ses sérigraphiesest non le réel, mais l’histoire<strong>de</strong> l’art elle-même. Jacquets’approprie ici la Gabrielled’Estrées au bain avec laduchesse <strong>de</strong> Villars <strong>de</strong> l’Ecole<strong>de</strong> Fontainebleau (salle 1).Il ne se contente pas, cependant,<strong>de</strong> reprendre l’original ; il lemaquille en photo publicitaire,vaguement inquiétante.Cette mo<strong>de</strong>rnisation se traduitdans le titre, où le prénom<strong>de</strong> la favorite d’Henri IV estaméricanisé en « Gaby ».Dans la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l’exposition, le visiteur découvrira qu’avec le xix e siècle s’affirmeun renouvellement en profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s outils et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la propreté. L’apparition ducabinet <strong>de</strong> <strong>toilette</strong>, celle d’un usage plus diversifié et abondant <strong>de</strong> l’eau inspirent à Manet, àBerthe Morisot, à Degas, à Toulouse <strong>La</strong>utrec et encore à d’autres artistes, et non <strong>de</strong>s moindres,<strong>de</strong>s scènes inédites <strong>de</strong> femmes se débarbouillant dans un tub ou une cuve <strong>de</strong> fortune. Lesgestuelles sont bouleversées, l’espace est définitivement clos et livré à une totale intimité,une forme d’entretien entre soi et soi se lit dans ces œuvres, d’où se dégage une profon<strong>de</strong>impression d’intimité et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité.<strong>La</strong> <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> l’exposition livre au visiteur l’image à la fois familière et déconcertante <strong>de</strong>salles <strong>de</strong> bains mo<strong>de</strong>rnes et « fonctionnelles » qui sont aussi, avec Pierre Bonnard, <strong>de</strong>s espacesoù il est permis, à l’écart du regard <strong>de</strong>s autres et du bruit <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong> s’abandonner et <strong>de</strong> rêver.Commissariat <strong>de</strong> l’expositionGeorges Vigarello, historienNa<strong>de</strong>ije <strong>La</strong>neyrie-Dagen, historienne <strong>de</strong> l’artMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 5


IIIintroduction <strong>de</strong>s commissairesPays-Bas du Sud, Le Bain,tenture <strong>de</strong> la vie seigneuriale,vers 1500, Paris, musée<strong>de</strong> Cluny - Musée nationaldu Moyen AgeCette tapisserie est exemplaired’une conception du bain aucommencement <strong>de</strong> laRe<strong>naissance</strong> : un bain qui seprend l’été, dans un jardin.Une noble jeune fille prépareson corps, peut-être à une nuitnuptiale : on l’environne <strong>de</strong>musique, on lui porte bijoux etfriandises. Elle n’effectueaucun geste <strong>de</strong> nettoiement,jugé trop prosaïque, mais<strong>de</strong>meure immobile, nuejusqu’à mi-corps, quasi-idéelledans sa perfection. Le bainconfine au rêve : hymne à labeauté, à la féminité. L’espaceest utopique, ouvert à tousvents, la nature prolifique,saturée <strong>de</strong> couleurs.Une tapisserie du musée <strong>de</strong> Cluny, un <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> la tenture <strong>de</strong>s Épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la vieseigneuriale, au xvi e siècle, illustre un bain somptueux : <strong>de</strong>s domestiques s’empressentauprès <strong>de</strong> la baigneuse, une nature luxuriante entoure la cuve <strong>de</strong> pierre, les instruments <strong>de</strong>musique, les parfums, les couleurs évoquent l’alerte <strong>de</strong>s sens. Le bain serait plénitu<strong>de</strong>,plaisir, l’occasion <strong>de</strong> représenter le nu aussi, un corps fin et délié triomphant dans un décorsublimé. Cette image est particulière, quasi irréelle dans sa perfection : aucun cadre quotidienn’y est indiqué, aucun geste d’ablution ou d’entretien. Elle rejoint une tradition : cellequi, vers 1500, représente <strong>de</strong>s femmes au bain, au milieu d’une nature prolifique associantfontaines et ciels, liqui<strong>de</strong>s et fleurs, linges et chairs, et campant <strong>de</strong>s corps hiératiques, affirmésen majesté. C’est le nu, à vrai dire, qui est ici célébré, l’idéal <strong>de</strong>s formes, leur achèvement,et moins la gestuelle toute prosaïque <strong>de</strong> l’ablution. Le bain n’est que prétexte. <strong>La</strong> scènegagne en idéalité ce qu’elle perd en réalité, le recours fréquent aux personnages <strong>de</strong> la BibleMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 6


u introduction <strong>de</strong>s commissa iresou à ceux <strong>de</strong> la mythologie permet <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s vestimentaires, tout en dévoilantce que le quotidien peut cacher. Le peintre révèle le « <strong>de</strong>ssous », celui <strong>de</strong>s lignes « parfaites »offertes au regard du spectateur : démarche marquante dans une époque où le profaneprend une importance plus considérable et où Vénus tend insensiblement à concurrencer laVierge. D’où ces corps aux carnations laiteuses, délicates, aux formes magnifiées, dont lesSuzanne au bain <strong>de</strong> Tintoret, au xvi e siècle, celle du Louvre ou celle du KunsthistorischesMuseum <strong>de</strong> Vienne, <strong>de</strong>meurent un exemple privilégié. Une manière <strong>de</strong> faire exister la beautédans une Re<strong>naissance</strong> s’interrogeant comme jamais sur l’excellence physique. Une manière<strong>de</strong> faire exister la pu<strong>de</strong>ur aussi, celle <strong>de</strong> Suzanne surprise par les vieillards , par exemple, oucelle Bethsabée au bain entrevue par David, symbolisant dans leurs expressions et leursvoilements toute la délicatesse attendue du féminin. <strong>La</strong> scène traditionnelle du bain viseainsi le corps plus que la pratique, la beauté, la pu<strong>de</strong>ur, plus que l’ablution.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce « bain prétexte » exploité par les peintres, l’immersion dans une cuve ou lafréquentation <strong>de</strong>s étuves <strong>de</strong>meurent, quoi qu’il en soit, <strong>de</strong>s pratiques rares au début <strong>de</strong>notre mo<strong>de</strong>rnité. Non que soient absentes les « baigneries » dans quelques grands châteaux.Non que soient absentes les remarques sur les effets hygiéniques du bain dans quelquesgrands traités <strong>de</strong> santé. Mais, outre la rareté <strong>de</strong> l’eau dans les villes et les logements du xvi eet du xvii e siècle, une crainte existe à son égard. Le séjour dans le liqui<strong>de</strong>, sa chaleur censéeouvrir les pores <strong>de</strong>viennent autant <strong>de</strong> gages <strong>de</strong> fragilité. Le corps pourrait y être offert au« venin », celui <strong>de</strong> la peste en particulier. Aussi les remarques s’accumulent-elles <strong>de</strong>puis lafin du Moyen Âge, qui stigmatisent et raréfient l’usage <strong>de</strong> l’eau : « Pour le bain, sont alors lesveines ouvertes, si bien que l’eau pourrait aller dans les principaux membres du corps etmettre leur vertu à néant » affirme un traité du xv e siècle sur le régime <strong>de</strong> santé. <strong>La</strong> pratique,<strong>de</strong> fait, n’est autre que limitée.Précieuses en revanche <strong>de</strong>meurent <strong>de</strong> telles représentations d’un bain quasi « mythologique »au début <strong>de</strong> notre mo<strong>de</strong>rnité. Leur témoignage sur l’idéal <strong>de</strong> la beauté physique et la perfection<strong>de</strong>s lignes s’associe encore au témoignage sur une vision <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong>. Elles jouent avecle « couvert » et le « découvert », le caché et son secret. Elles circonscrivent une intimité faite<strong>de</strong> parement, <strong>de</strong> voilement. Le vêtement protège. Il est « frontière ». L’intimité s’amorce iciaux limites du corps, désignant un « intérieur » que l’étoffe doit recouvrir, tout en affirmantune décisive part <strong>de</strong> mystère et d’appartenance à soi.Plus importantes, plus réalistes aussi, sont les scènes <strong>de</strong> <strong>toilette</strong> : la femme assise <strong>de</strong>vantson miroir, vérifiant son teint, appliquant sa poudre, ajustant ses cheveux. Elles révèlent,avec le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, l’importance croissante donnée à la tenue, aux atours, au paraître.Elles montrent que s’accentuent les normes au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir objets d’illustrations : celles,en particulier, qui pèsent sur l’allure, la présentation <strong>de</strong> soi. Elles disent, aussi, la part minimeprise par l’eau dans <strong>de</strong> telles opérations matinales, pratiques « sèches » autrement dit, où lelinge, le parfum, les onguents sont les principaux outils du nettoiement, alors même que lesmains sont simplement et furtivement aspergées. Plus encore, elles témoignent <strong>de</strong> tolérancessociales que l’on a oubliées aujourd’hui : la femme à la <strong>toilette</strong> est d’autant plusMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 7


u introduction <strong>de</strong>s commissa iresaisément montrée par les peintres et graveurs que ce moment est pensé comme un spectacle.L’univers <strong>de</strong> la chambre, du boudoir, peut être occupé par <strong>de</strong>s domestiques, <strong>de</strong>s proches,<strong>de</strong>s visiteurs. L’art <strong>de</strong> la conversation peut s’y déployer, comme l’art <strong>de</strong> l’échange ou <strong>de</strong> lasociabilité. Aucune présence <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> tel que nous l’entendons aujourd’hui. <strong>La</strong> femme sefar<strong>de</strong>, s’arrange, s’habille <strong>de</strong>vant d’autres, même si, bien sûr, elle ne dévoile en rien sanudité, <strong>de</strong>rnier rempart <strong>de</strong> son intimité.C’est bien la profon<strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> cette image que dévoile l’histoire <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong>, àtravers tableaux et estampes. C’est elle qu’illustre la présente exposition : un thème jusqu’icipeu étudié, qui n’a pas encore fait l’objet d’un projet semblable. L’espace <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong> changepar exemple avec le xviii e siècle. <strong>La</strong> scène se privatise. Le lieu se fait plus « réservé ». L’eau <strong>de</strong>surcroît s’y banalise, s’y « normalise ». Loin <strong>de</strong>s frayeurs du passé naissent <strong>de</strong>s pratiquesd’ablution qui ren<strong>de</strong>nt moins tolérable le regard étranger. Le recours au bi<strong>de</strong>t, le lavement<strong>de</strong>s parties <strong>intime</strong>s, celui <strong>de</strong>s pieds ou d’autres parties du corps peuvent encore se faire enprésence <strong>de</strong> domestiques, ils ne s’effectuent plus <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s visiteurs venus du <strong>de</strong>hors. Lemoment <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong>, ainsi, se dédouble : le premier <strong>de</strong>vient celui d’une nouvelle intimités’appliquant aux ablutions, le second reste celui d’une sociabilité correspondant à l’ajustementet à l’art <strong>de</strong> quelque ultime apprêt.Ce second moment lui-même, celui, tout « social » jusque-là, <strong>de</strong> l’habillement, se transformeà son tour. A la fin du xviii e siècle, il ne tolère plus les visites étrangères. Peu après 1800,M me <strong>de</strong> Genlis, dans son Dictionnaire <strong>de</strong>s étiquettes, s’étonne même qu’une telle situationait pu auparavant exister. C’est l’ensemble <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> <strong>toilette</strong> qui dès lors se privatise, c’estson cadre aussi qui, abandonné aux illustrations du « coquin », voire du « grivois », s’effacedu grand genre pictural. C’est l’espace surtout qui se ferme, celui <strong>de</strong> la chambre, celui ducabinet <strong>de</strong> <strong>toilette</strong>, dont la formule se diffuse insensiblement dans le mon<strong>de</strong> bourgeois.L’individu s’y affirme, s’y retrouve, s’y abandonne. Il déploie <strong>de</strong>s gestes qui n’appartiennentqu’à lui. De la sorte, le dispositif se transforme : il <strong>de</strong>vient celui du « sujet » avec ses instrumentspropres, sa nouvelle intimité. Cette « conquête », autant le dire, participe d’un affranchissementplus large. Elle le symbolise même. C’est que la culture du xviii e siècle accentuel’espace privé autour <strong>de</strong> pratiques inédites dont la lecture <strong>de</strong> « for privé », solitaire, retirée,est l’exemple le plus marquant.Une telle dynamique <strong>de</strong> privatisation ne peut que se poursuivre et s’accentuer avec lexix e siècle. C’est bientôt la domesticité elle-même qui, dans <strong>de</strong> telles scènes, est moins tolérée.D’où ces images totalement renouvelées dont s’enchantent les graveurs : celles <strong>de</strong> portes sefermant, <strong>de</strong> verrous se tirant, pour mieux assurer une intimité <strong>de</strong> l’entre-soi. Seuls y sontcensés exister <strong>de</strong>s gestes échappant à tout regard. Seuls s’y imposent l’isolement, l’attentiontoute personnalisée. Phase décisive où s’invente l’exigence d’intimité absolue qui est lanôtre. Une exigence, chacun le comprend, qui n’est pas seulement spatiale, mais qui influesur les attitu<strong>de</strong>s, les comportements, les outils. Sur la psychologie aussi, l’individu existantdésormais face à lui-même, s’étudiant selon une liberté dont il est seul à fixer les limites.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 8


u introduction <strong>de</strong>s commissa iresC’est dès lors le xix e siècle, avec une large diffusion du cabinet <strong>de</strong> <strong>toilette</strong> et, à la fin <strong>de</strong> lapério<strong>de</strong>, celle d’une salle <strong>de</strong> bains alimentée par une eau atteignant pour le première foistous les étages, qui fait définitivement exister la situation nouvelle ; espace totalement inédit,fortement réservé à une élite d’abord, irrémédiablement étendu à d’autres franges socialesensuite. C’est, du coup, le « secret » lui-même qui se redéploie, se complexifie, s’approfondit.C’est ce « secret » également qui <strong>de</strong>vient une nouvelle préoccupation du peintre, une fois laculture picturale engagée, dans le <strong>de</strong>rnier tiers du xix e siècle, dans un réalisme sensible auxthèmes du quotidien, une fois aussi la légitimité croissante accordée au plaisir, au désir, autorisantà restituer leur mystère et leur force aux images <strong>de</strong> l’intimité. Ce qui, en renouvelantles représentations <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong> et du bain, renouvelle alors les représentations <strong>de</strong> la nuditéelle-même. Non plus simplement le <strong>de</strong>ssous censé restituer <strong>de</strong>s zones, les lignes physiquesqui d’ordinaire ne se voient pas, mais le <strong>de</strong>ssous censé restituer <strong>de</strong>s actes, le fourmillement<strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> gestes, <strong>de</strong> contacts entre soi et soi, jugés d’autant plus captivants qu’ils s’imposentau cœur du caché. <strong>La</strong> scène <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong> et du bain bascule dès lors vers une dynamiqueinédite : débauche <strong>de</strong> mouvements, jeux d’éponges, frottements divers, écoulement <strong>de</strong>l’eau sur les chairs. Le nu lui-même n’est plus celui, académique, du corps parfait, maiscelui, tout prosaïque, du quotidien : les gestes secrets l’emportent sur l’idéal du trait.Phase ultime : au xx e siècle, les corps presque entièrement immergés dans les mo<strong>de</strong>rnesbaignoires s’abandonnent à l’eau au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> tout lavage ou <strong>de</strong> toute pratique d’entretien,livrés au plaisir psychologique autant que physique d’une solitu<strong>de</strong> dans le flui<strong>de</strong> tiè<strong>de</strong>,milieu accueillant et moelleux. Intimité réflexive dès lors, quasi méditative aussi, qui fait <strong>de</strong>l’eau et du bain l’occasion d’un total retour sur soi, accompagnant le triomphe d’un individualismed’un nouveau genre. Il n’est jusqu’au regard assuré <strong>de</strong>s femmes surprises dansleur bain, dans les œuvres les plus récentes, regard assumé et fier, qui montre que l’entreprisedu photographe et du peintre ne saurait définitivement plus prétendre manipulerl’image <strong>de</strong> celui et surtout <strong>de</strong> celle qui, dans le moment <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong>, veut être seule.Immense parcours où l’intimité, d’abord limitée aux marges <strong>de</strong> l’habit, a construit avec l’universmo<strong>de</strong>rne un espace instrumenté, spécifique, et <strong>de</strong>s gestes particuliers où cette mêmeintimité, d’abord surprise par le regard étranger, a acquis suffisamment d’assurance pourmettre, aujourd’hui, ce même regard au défi.Georges VigarelloNa<strong>de</strong>ije <strong>La</strong>neyrie-DagenMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 9


u pa rcours <strong>de</strong> l’exposition7 | <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> dans tous ses états mo<strong>de</strong>rnesEdgard Degas, Femme dansson bain s’épongeant la jambe,vers 1883, Paris, musée d’OrsayEdgard Degas, Après le bain,femme nue couchée, 1885-90,Suisse, Collection NahmadLe pastel fournit à Degas lemoyen idéal pour évoquer lasensualité du corps féminin. Il<strong>de</strong>ssine avec la couleur, l’écrase,la pose en stries, en taches,transforme les pulvérulences envibrations : il malaxe et il caresse,comme il toucherait et caresseraitle corps. Allongée sur sa servietteà même le sol, sur un tapis qu’onprésume doux, entre bassine etjeté <strong>de</strong> lit, la baigneuse, après letub, s’abandonne au sommeil, sesmules, simples taches rouges,jetées près d’un peignoir ou d’undrap <strong>de</strong> bain <strong>de</strong>rrière elle.A la fin du xix e siècle, Degas accomplit une nouvelle révolution dans la représentation <strong>de</strong> la<strong>toilette</strong>. Thèmes et accessoires ne sont pas neufs : la femme dans toutes les poses possibles,la bassine et le broc dans la chambre ou le cabinet <strong>de</strong> <strong>toilette</strong>, puis la baignoire <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong>bain. Mais le traitement est inédit, par les points <strong>de</strong> vue (bas ou plongeants) et cadrages(resserrés sur les corps) et par le traitement <strong>de</strong>s surfaces et <strong>de</strong>s couleurs qui, en particulierdans les pastels, évoque la sensation que procurent une chair vivante, une douce chevelure,et la volupté <strong>de</strong> toucher serviettes, tapis et autres tissus. Après 1900, Pierre Bonnard reprendcette stratégie d’incarnation par la couleur. Le décor évolue au fil du temps : Marthe, sa compagne,est au tub, puis dans la salle <strong>de</strong> bain. Un rapport nouveau, cependant, s’établit entrela femme et la <strong>toilette</strong>. Il s’agit moins <strong>de</strong> se laver que <strong>de</strong> ressentir, moins <strong>de</strong> se parer que<strong>de</strong> s’oublier, ou plutôt <strong>de</strong> se retrouver. <strong>La</strong> salle <strong>de</strong> bain <strong>de</strong>vient refuge contre le mon<strong>de</strong>, la<strong>toilette</strong>, un temps où le temps n’existe plus.Pierre Bonnard,Nu dans la baignoire,collection particulièreAu milieu <strong>de</strong>s années 1920,Bonnard peint ses premières« baignoires », à l’huile et à échelle1/1, ou à la gouache et dans unformat mo<strong>de</strong>ste, comme ici. Lesnus glisse dans l’eau, avec unelangueur inédite.. Immergépresque entièrement, le corps sefond, se dissout dans les couleurset les distorsions <strong>de</strong> l’espace,reprend forme dans la lumière.L’eau change d’image. Elle n’estplus hygiène mais « détente » –l’acception psychologique du motdate du xx e siècle.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 15


u pa rcours <strong>de</strong> l’exposition8 | Avant-gar<strong>de</strong>s : le nu féminin, un problème formel ?František Kupka,Le rouge à lèvres, 1908,Paris, musée nationald’Art mo<strong>de</strong>rne – CentreGeorges PompidouCe tableau évoque la Gigoletteen rouge, une toile <strong>de</strong> Kupkapeinte la même année : il s’agitd’une fille <strong>de</strong>s rues. Il en existeune autre version, Le Rouge àlèvres II. De tels tableauxappartiennent à la jeunesse <strong>de</strong>Kupka, dont le langage évolueensuite vers l’abstraction. Déjàoutrageusement fardée, lafemme re<strong>de</strong>ssine sa boucheavec du rouge. Autant que lesujet, une femme tendue dansl’effort du maquillage, c’est lacombinaison <strong>de</strong>s couleurs,inspirée <strong>de</strong>s « Fauves », le vertdu cou, le blanc <strong>de</strong> la peaupoudrée, le rouge outrancier<strong>de</strong>s lèvres, qui intéresse Kupka.Fernand Léger,Les femmes à la <strong>toilette</strong>, 1920,Suisse, Collection NahmadEn 1920, Léger, rendu à la viecivile et remis d’une infectionpulmonaire, peint huit toiles surle thème <strong>de</strong>s femmes seregardant dans leur miroir. <strong>La</strong>jubilation qui se lit dans cetableau est à la mesure du plaisirque le peintre éprouve àretrouver les joies du quotidien.Alors que d’autres artistes sonttentés par un « retour à l’ordre »,il reste fidèle à l’éthique mo<strong>de</strong>rneet traite ce sujet par la géométrie(lignes droites, cylindres, arcs <strong>de</strong>cercle indiquant chevelures etpots à onguents), <strong>de</strong>s aplats <strong>de</strong>couleur, et fragmentant les corpset les objets.Au commencement du xx e siècle, le nu fémininconstitue pour les artistes <strong>de</strong>s « avant-gar<strong>de</strong>s » undéfi : comment traiter le corps, la sensualité <strong>de</strong> lafemme, dans un langage qui ne soit pas simplementimitatif ? Le problème s’est imposé en premierlieu à Cézanne, qui a choisi <strong>de</strong> peindre dansla nature <strong>de</strong>s baigneuses qui ne soient plus <strong>de</strong>snymphes : hardiesse radicale. Picasso, <strong>de</strong>ssinateurcompulsif, croque dans sa maison les femmes,ses compagnes successives, dans la situationdu bain. Le travail graphique tient <strong>de</strong> l’exercice.Il témoigne que le peintre explore, non pas au fil<strong>de</strong>s années mais éventuellement le même jouret parfois dans une seule matinée, une variété <strong>de</strong> solutions : expériences qui vont d’uneapproche réaliste, traits appuyés, corps évi<strong>de</strong>mment pesants et que l’ombre rend plastiques,à une ligne inspirée du trait « classique », ou encore délibérément schématique, qui déconstruitet reconstruit les corps en soulignant leur structure et leurs articulations.Chez les peintres mo<strong>de</strong>rnes dans la première moitié du xx e siècle, la question formelle primesur celle du motif. Il ne s’agit plus <strong>de</strong> représenter le corps <strong>de</strong> la femme ni ses occupations <strong>de</strong><strong>toilette</strong> « telles qu’ils sont », mais <strong>de</strong> traiter ces motifs <strong>de</strong> sorte à ce qu’ils provoquent uneémotion qui dépasse celle du regard pénétrant par effraction dans un lieu où il ne <strong>de</strong>vraitpas entrer. Aux courbes associées au nu féminin, aux roses et aux bleutés qui rendaient sacarnation ou construisaient le décor, se substitue une géométrie qui admet droites et angles(Kapek), et <strong>de</strong>s couleurs qui jouent <strong>de</strong>s dissonances (Kupka), recourent aux primaires (Léger)ou font usage <strong>de</strong>s noirs et <strong>de</strong>s gris (<strong>La</strong>m).Pablo Picasso, Femmeà la montre, 30 avril 1936,Paris, musée PicassoLe modèle est habillé etdéshabillé (un sein surgit, sous larobe se voit le corps), uneguirlan<strong>de</strong> <strong>de</strong> fleurs à <strong>de</strong>mi fixéeretombe mollement, la femme ales ongles faits, un peigne estposé près <strong>de</strong> sa cuisse. Assise surle sol, elle allonge le cou pour secontempler, nouveau Narcisse.Les carreaux du vêtement nesuivent pas l’anatomie – letableau n’est pas illusionniste. Lecadrage serré rend le face à faceavec soi-même plus sensible. Lebracelet <strong>de</strong> montre, désignant letemps qui passe, donne à lapeinture le sens d’une vanité.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 16


u pa rcours <strong>de</strong> l’exposition9 | Onguents et cosmétiques : la publicité et la peintureNatalino Bentivoglio Scarpa,dit Cagnaccio di San Pietro,Femme au miroir, 1927,Vérone, collezione <strong>de</strong>llaFondazione CariveronaCagnaccio di San Pietroappartient à l’école dite du« réalisme magique ». <strong>La</strong> visionqu’il propose <strong>de</strong> la <strong>toilette</strong> estd’un réalisme aigu et mo<strong>de</strong>rne,par le point <strong>de</strong> vue plongeantqui évoque le cinéma, par lapalette où contrastent les bleuset les rouges, comme par lasingularité du reflet <strong>de</strong> lafemme, répété partiellementpar le bord biseauté du miroir,et qui révèle un sein pâle,lourd et tendre. Cette femmequi se met du rouge n’a plusrien <strong>de</strong> commun avec laprostituée fardée <strong>de</strong> Kupka :c’est une jeune bourgeoisesoignée, mondaine sans doute,et vaine.Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Première Guerre mondiale, lesefforts d’entrepreneuses comme Helena Rubinstein,Esthée <strong>La</strong>u<strong>de</strong>r ou Elisabeth Ar<strong>de</strong>n, achèvent d’imposerle concept <strong>de</strong> « maison <strong>de</strong> beauté » et <strong>de</strong> diffuserles premières « lignes » cosmétiques. Désormais, lesbourgeoises se maquillent. Dix ans plus tard, la photographiepublicitaire naissante vient soutenir les campagnesen faveur <strong>de</strong>s « produits et soins <strong>de</strong> beauté ».Ce phénomène, auquel participent <strong>de</strong>s femmes photographes(la Française <strong>La</strong>ure Albin Guyot ou l’Alleman<strong>de</strong>Germaine Krull) influence le regard que la société portesur la <strong>toilette</strong> et elle en renouvelle les représentations.Corollaire, elle conforte une imagerie lisse et rassurantecomme celle, d’une virtuosité admirable, <strong>de</strong> Cagnaccio di San Pietro dans l’Italie <strong>de</strong> Mussolini,qui relègue la femme chez elle, occupée soit <strong>de</strong> son intérieur et <strong>de</strong> ses enfants, soit <strong>de</strong> sefaire belle pour plaire à celui qu’elle aime.10 | Julio González, le Grand FerJulio González,Femme se coiffant, dit aussi“Le Grand Fer”, vers 1931,Paris, musée nationald’Art mo<strong>de</strong>rne – CentreGeorges PompidouQuand il forge le fer, lemartèle, le découpe, enassemble les morceaux puisles sou<strong>de</strong>, González construit<strong>de</strong>s silhouettes plutôt qu’il necherche à constituer <strong>de</strong>svolumes. Sa sculpture est un« <strong>de</strong>ssin dans l’espace », quilibère l’expressivité <strong>de</strong>sformes. Mais à la différence du<strong>de</strong>ssin, il faut regar<strong>de</strong>r les« fers » <strong>de</strong> González comme<strong>de</strong>s œuvres authentiquementtridimensionnelles : c’est-àdireles voir <strong>de</strong> façon nonseulement frontale maisen tournant autour d’ellesautant qu’il se peut, pourles apprécier selon unemultiplicité <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue.Julio González est, comme Pablo Picasso dont il futl’ami proche, un Espagnol <strong>de</strong> Paris. Vers 1930, c’est-à-direà l’époque du Grand Fer, il conduit avec ce <strong>de</strong>rnier undialogue qui concerne le renouvellement <strong>de</strong> la sculpture.Sculpteur sur métal, González a pour matériau lefer et non plus le bronze, et pour technique la soudureet non plus la fonte. Les formes qui lui sont familièressont acérées et coupantes. <strong>La</strong> série <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins rassemblésdans cette exposition montre comment, à l’instar <strong>de</strong>Picasso, il utilise les moyens du graphisme pour explorerles formes. Postérieure à la sculpture d’un peumoins <strong>de</strong> dix ans, le <strong>de</strong>ssin Femme se coiffant <strong>de</strong> 1940met en évi<strong>de</strong>nce les contours du corps féminin : le seinrévélé dans l’entrebâillement du peignoir, le profil duvisage, la longue chevelure qu’il s’agit <strong>de</strong> brosser. Lesbras relevés dans la sculpture rappellent quant à euxle <strong>de</strong>ssin Femme en chemise se coiffant <strong>de</strong> 1909. Maisles motifs explicites dans ces œuvres sont épurés dansle Grand Fer par un processus d’abstraction.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 17


u pa rcours <strong>de</strong> l’exposition11 | Notre tempsAux alentours <strong>de</strong> l’an 2000, il <strong>de</strong>vient difficile d’individualiser dans les arts visuels un thèmeparticulier qui serait la <strong>toilette</strong>. Les conquêtes matérielles, celle <strong>de</strong> l’eau et celle <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong>bains, sont acquises <strong>de</strong>puis longtemps. <strong>La</strong> question du nu, ou du moins celle du nu se parant,n’est plus d’actualité. Dès lors, les œuvres qui mettent en scène la <strong>toilette</strong> doivent s’interpréteren fonction d’interrogations esthétiques plus générales. <strong>La</strong> sérigraphie <strong>de</strong> Jacquet et lapeinture d’Erro participent d’un postmo<strong>de</strong>rnisme <strong>de</strong> la citation qui détourne les œuvres <strong>de</strong>l’histoire <strong>de</strong> l’art ; les objets insolites <strong>de</strong> Dietman relèvent <strong>de</strong> l’ironie et du jeu verbal. Chezles photographes, cependant, le corps féminin <strong>de</strong>meure un sujet essentiel. Le rapport à lamo<strong>de</strong> et à la publicité se combine avec les progrès technologiques, suggère <strong>de</strong>s expériencesinsolites et stimule <strong>de</strong>s recherches nouvelles : ainsi chez Erwin Blumenfeld au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, ou au seuil du xxi e siècle chez Bettina Rheims.Erwin Blumenfeld, Etu<strong>de</strong> pour une photographie publicitaire, 1948,Paris, musée national d’Art mo<strong>de</strong>rne – Centre Georges PompidouMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 18


VIautour <strong>de</strong> l’exposition1 PublicationsCatalogue <strong>de</strong> l’exposition coédité parle musée Marmottan Monet et les éditions HazanAuteurs : Georges Vigarello et Na<strong>de</strong>ije <strong>La</strong>neyrie-Dagen,Commissaires <strong>de</strong> l’expositionBroché, 22 x 28,5 cm, 224 pagesPrix : 29 eurosISBN : 978 2 7541 0814 0Hors Série Con<strong>naissance</strong> <strong>de</strong>s Arts n°65344 pages - Prix : 9,50 €ISBN : 978 275 800 5865 (fr)ISBN : 978 275 800 5872 (ang)2 Ateliers pédagogiquesLes enfants pourront découvrir, les mercredis et pendant lesvacances scolaires avec «Les P’tits Marmottan», ou toute l’annéeavec l’école, l’exposition «<strong>La</strong> <strong>toilette</strong>. Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong>»,en participant aux ateliers pédagogiques.Age : <strong>de</strong> 7 à 15 ans (du CP à la 3 e )Durée : 1 heure 15 (visite thématique et atelier)Tarif «Les P’tits Marmottan» : 9 € / enfantTarif scolaire : 7 € / enfantTarif atelier en langue étrangère(anglais, espagnol, allemand et italien) : 9,50 € / enfantRenseignements et réservations :Camille Pabois : tél. 01 44 96 50 41atelier@marmottan.comMusée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 22


VIIIle musée marmottan monetMusée Marmottan MonetVue coté jardinEn 1882, Jules Marmottan (1829-1883), directeur <strong>de</strong> la compagnie houillère <strong>de</strong> Bruay, achètedans le seizième arrondissement <strong>de</strong> Paris, l’ancien pavillon <strong>de</strong> chasse du duc <strong>de</strong> Valmy. A samort, en 1883, son fils Paul (1856-1932) en hérite. Il embellit et l’agrandit durant quarante ansfaisant <strong>de</strong> l’hôtel particulier <strong>de</strong> la rue Louis Boilly l’écrin pour les collections du Moyen Âgeet <strong>de</strong> la Re<strong>naissance</strong> réunies par son père et pour ses propres œuvres et objets d’art, témoignage<strong>de</strong> sa passion pour les époques Consulaire et Empire.À sa mort en 1932, Paul Marmottan lègue à l’Académie <strong>de</strong>s Beaux-Arts sa <strong>de</strong>meure et l’intégralité<strong>de</strong> ses collections pour en faire le musée Marmottan. L’institution ouvre au public le21 juin 1934. A partir <strong>de</strong> 1938, dons et legs se succè<strong>de</strong>nt permettant <strong>de</strong> doubler les collectionsdu musée et <strong>de</strong> l’ouvrir à l’impressionnisme.En 1940, Victorine Donop <strong>de</strong> Monchy (1863-1958) offre les toiles que son père, le docteurGeorges <strong>de</strong> Bellio (1832-1894), mé<strong>de</strong>cin et collectionneur <strong>de</strong>s impressionnistes, avait acquisesdans les années 1870. Onze peintures par Morisot, Renoir, Pissarro, Sisley et Monet au premierrang <strong>de</strong>squelles Impression, soleil levant (1872) entrent à Marmottan. Le don VictorineDonop <strong>de</strong> Monchy fon<strong>de</strong> les collections impressionnistes <strong>de</strong> l’établissement.En 1966, Michel Monet (1879-1966), <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>scendant direct <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Monet, instaure lemusée Marmottan son légataire universel. Des tableaux <strong>de</strong> Monet et <strong>de</strong> ses amis, une importantecorrespondance et une documentation variée jusque là répartis entre la maison dumaître à Giverny et celle <strong>de</strong> son fils, à Sorel-Moussel rejoignent Marmottan. Une centaine <strong>de</strong>toiles du chef <strong>de</strong> file <strong>de</strong> l’impressionnisme retrace sa carrière <strong>de</strong> 1880 à sa mort en 1926.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 24


u le musée m a rmotta n monetVues <strong>de</strong> Normandie, <strong>de</strong> la Creuse, du midi, <strong>de</strong> Londres ou <strong>de</strong> Norvège témoignent <strong>de</strong> lapassion du peintre pour le paysage. Un ensemble rarissime <strong>de</strong> grands nymphéas restésinédits du vivant <strong>de</strong> l’artiste est au cœur <strong>de</strong> cet héritage. Le legs Michel Monet constitue lepremier fonds mondial d’œuvres <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Monet.L’année suivant le centième anniversaire <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Berthe Morisot, en 1996, les petitsenfants<strong>de</strong> l’artiste et leurs épouses, Denis (1908-1984) et Annie Rouart (1921-1993) aux côtés<strong>de</strong> Julien (1901-1994) et Thérèse Rouart (1898-1996) lèguent vingt-cinq toiles et une cinquantained’œuvres graphiques <strong>de</strong> la première femme impressionniste. Leur collection comprendégalement <strong>de</strong>s œuvres par Poussin, Delacroix, Corot, Manet, Gauguin, Renoir, Odilon Redon...D’importance égale, d’autres collections, telles les enluminures <strong>de</strong> Daniel Wil<strong>de</strong>nstein(1917-2001), ont intégré le musée.Au fil <strong>de</strong>s ans, la <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> Jules et Paul Marmottan est ainsi <strong>de</strong>venue un haut lieu <strong>de</strong> l’impressionnisme.En 2014, le musée a souhaité redéployer ses collections et mettre à l’honneurcette double i<strong>de</strong>ntité. <strong>La</strong> salle à manger <strong>de</strong> l’hôtel particulier est le premier temps fort <strong>de</strong> lavisite. Bas-reliefs, surtout <strong>de</strong> table en bronze doré par Thomire, mobilier par Jacob-Desmalterrappellent le décor d’origine <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Paul Marmottan. Les tableaux impressionnisteset mo<strong>de</strong>rnes qui y sont présentés – peintures par Caillebotte, Renoir, Morisot, Gauguinou encore Chagall – sont <strong>de</strong> provenance variées et illustrent le rôle clé <strong>de</strong>s collectionneursdans l’histoire <strong>de</strong> l’établissement.Gouaches <strong>de</strong> Carmontelle, peintures par Bidault et Vernet, Pajou, Fabre, Gérard, Chau<strong>de</strong>t,Riesener, sculptures par Bartolini et <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Canova ornent les salons <strong>de</strong> Paul Marmottanet sa chambre où l’on peut voir le lit <strong>de</strong> Napoléon Ier au Palais Impérial <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux. Autour<strong>de</strong> son bureau par Pierre-Antoine Bellangé, on découvre un exceptionnel ensemble <strong>de</strong> peintures<strong>de</strong> Louis-Léopold Boilly dont Marmottan fut le biographe.Le premier fonds mondial d’œuvres <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Monet est présenté dans un espace conçusur mesure, par l’architecte et ancien directeur du musée, Jacques Carlu. Excavée sous lejardin entre 1966 et 1970, cette galerie spacieuse et mo<strong>de</strong>rne présente en permanence, auxcôtés d’Impression, soleil levant, les fleurons du legs Michel Monet.En 2014, <strong>de</strong>ux nouvelles salles aménagées dans d’anciennes dépendances <strong>de</strong> l’hôtel particulierau premier étage <strong>de</strong> la maison ont été ouvertes au public. Elles accueillent dorénavantles œuvres <strong>de</strong> Berthe Morisot et <strong>de</strong> la fondation Denis et Annie Rouart.Musée Marmottan Monet – <strong>La</strong> <strong>toilette</strong> – Naissance <strong>de</strong> l’<strong>intime</strong> Dossier <strong>de</strong> presse 25

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