Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

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— 82 —nous ont conservé la forme de ceux dont on se servait habituellement.Les rois de France n'oubliaient point non plus de protéger leurssujets, et les mandements contre les brûlements de maisons et lesperturbateurs de toutes les industries se renouvelèrent fréquemment.Au XIII® siècle, les corporations d'ouvriers furent régulièrementconstituées et obtinrent d'importants privilèges. Les manufacturesfurent surveillées par des jurés, qui devaient s'assurer dela bonne confection des marchandises. Des ordonnances royalesréglèrent les droits des corporations comme ceux des manufacturiers;et enfin des statuts rédigés par Etienne Boileau, d'aprèsles ordres du roi saint Louis, contribuèrent puissamment à développerl'industrie en France vers la fin du XIIP siècle. Elle futtrèsactiveet en pleine prospérité pendant le XIV^ siècle.Les architectes habiles ne devaient pas être très-répandus sur lesol de la France, puisque l'on voit, par les lettres de Gerbert, qu'ilen demandait un de tous les côtés, qui fCit capable d'achever debâtir son château. Cependant, vers le même temps, un certainGuillelmus avait de la réputation comme architecte et sculpteur àDijon; et l'auteur de l'ouvrage anonyme ayant pour titre : Chroniquedu monastère de Vaussoire, nous donne le nom d'un architecteet sculpteur qui, en l'année 995,orna ce monastère d'ouvragesadmirables : il se nommait Erembertus. On peut encore mentionnerparmi les architectes, ou maîtres des œuvres, comme onles désignait plus habituellement, Hugues, abbé de Moutier en Derf,de grande réputation pour des travaux exécutés vers l'année 1002;du temps du roi Robert, Morard fut l'architecte de l'abbaye Saint-Germain des Prés, et pendant le Xl° siècle on cite : Henri le Bon,abbé de Gorze; Gontran et Théodoric, abbés de Saint-Trudon;Adelard, de la Hasbaye; Warin, de Saint-Arnould de Metz; ilsavaient dirige de grands travaux d'architecture, mais on ne peutpas déterminer la part qu'ils prirent réellement à la rédaction desplans de ces travaux et à la surveillance de leur exécution. Cependantl'évêque de Chartres, Fulbert, passe incontestablement pouravoir été l'architecte de sa cathédrale. Un abbé de la Chaise-Dieu,Giinimandus, s'illustra aussi en l'année 1037 par les admirables

— 83 —sculptures du tombeau de saint Fronton, dont il avait fait le projet,cl, pendant les XP et XIl" siècles, on lui donne comme rivaux dansl'art de la sculpture, Othon, qui orna le tombeau de Guillaumele Conquérant ; Azon, sculpteur de la cathédrale de Séez ; Garnier,de celle de Fécamp; AsquilinuSj de l'abbaye de Moissac ;Guillaume,prieur de Flavigny; Philippe, abbé d'Étanche; enfin Guillaume deSens reconstruisit, en 1176, la cathédrale de Cantorbéry.Ce fut sous les auspices de ces hommes illustres et de leursélèves appartenant à divers ordres rehgieux, et originaires dediverses provinces de France, que s'exécutèrent les grands travauxde construction dont nous allons parler.Nous ne pouvons donc admettre, ainsi que le soutient M. Viollet-le-Duc, « qu'il ne restait en France, au Xi siècle, qu'un ordre religieux« capable de fournir des hommes dont l'énergie et la patience« incomparable arrêtèrent le progrès de la barbarie, mirent quelque« ordre dans ce chaos et exercèrent sur les arts, sur les lettres et« sur la politique une immense influence ; et que si on rayait Cluny« du XI" siècle, on ne trouverait que ténèbres, ignorance grossière« et abus monstrueux. » On doit en effet resendiquer pour lesautres corporations quelque part dans la régénération fort lentequi s'opéra dans toutes les provinces de France, non pas sous uneseule et unique direction , mais par des influences différentes, soitpar les traditions du Nord, soit par les souvenirs visigothiques, etbeaucoup aussi par le Midi de la France, dont la barbarie a toujoursété moins complète que dans le reste du royaume. Les Écoles, enfait dart et de construction, sont ordinairement le résultat d'unecilivisation très-avancée ; il y eut sans doute toujours des maîtresqui façonnèrent des élèves par la supériorité de leur génie ;maisces élèves, indépendants par raison autant que par instinct, cherchaientà faire leur chef-d'œuvre à leur manière, et aux XI* etXII® siècles on ne se glorifiait pas d'être de l'école de Limoges , oude celle de Normandie (si toutefois elles ont existé), comme de nosjours d'être élève de Paul Delaroche, d'Ingres, de Da\id, etc. Lesrèglements des corporatioiTS exigeaient même qu'avant de devenirmaitre, chaque individu produisît une œuvre spéciale, personnelle,qu'il soumettait à la maîtrise, et qui yrestait déposée comme sou-

— 83 —sculptures du tombeau de saint Fronton, dont il avait fait le projet,cl, pendant les XP et XIl" siècles, on lui donne comme rivaux dansl'art de la sculpture, Othon, qui orna le tombeau de Guillaumele Conquérant ; Azon, sculpteur de la cathédrale de Séez ; Garnier,de celle de Fécamp; AsquilinuSj de l'abbaye de Moissac ;Guillaume,prieur de Flavigny; Philippe, abbé d'Étanche; enfin Guillaume deSens reconstruisit, en 1176, la cathédrale de Cantorbéry.Ce fut sous les auspices de ces hommes illustres et de leursélèves appartenant à divers ordres rehgieux, et originaires dediverses provinces de France, que s'exécutèrent les grands travauxde construction dont nous allons parler.Nous ne pouvons donc admettre, ainsi que le soutient M. Viollet-le-Duc, « qu'il ne restait en France, au Xi siècle, qu'un ordre religieux« capable de fournir <strong>des</strong> hommes dont l'énergie et la patience« incomparable arrêtèrent le progrès de la barbarie, mirent quelque« ordre dans ce chaos et exercèrent sur les arts, sur les lettres et« sur la politique une immense influence ; et que si on rayait Cluny« du XI" siècle, on ne trouverait que ténèbres, ignorance grossière« et abus monstrueux. » On doit en effet resendiquer pour lesautres corporations quelque part dans la régénération fort lentequi s'opéra dans toutes les provinces de France, non pas sous uneseule et unique direction , mais par <strong>des</strong> influences différentes, soitpar les traditions du Nord, soit par les souvenirs visigothiques, etbeaucoup aussi par le Midi de la France, dont la barbarie a toujoursété moins complète que dans le reste du royaume. Les Écoles, enfait dart et de construction, sont ordinairement le résultat d'unecilivisation très-avancée ; il y eut sans doute toujours <strong>des</strong> maîtresqui façonnèrent <strong>des</strong> élèves par la supériorité de leur génie ;maisces élèves, indépendants par raison autant que par instinct, cherchaientà faire leur chef-d'œuvre à leur manière, et aux XI* etXII® siècles on ne se glorifiait pas d'être de l'école de Limoges , oude celle de Normandie (si toutefois elles ont existé), comme de nosjours d'être élève de Paul Delaroche, d'Ingres, de Da\id, etc. Lesrèglements <strong>des</strong> corporatioiTS exigeaient même qu'avant de devenirmaitre, chaque individu produisît une œuvre spéciale, personnelle,qu'il soumettait à la maîtrise, et qui yrestait déposée comme sou-

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