Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

cch.kcl.ac.uk
from cch.kcl.ac.uk More from this publisher
12.07.2015 Views

— 7G —mains trop débiles : aussi, retrouve-t-on aujourd'hui bien difficilement,en France, des restes d'édifices dont on puisse faire remonteravec certitude l'ancienneté jusqu'au X'' siècle, et le plus grandnombre de ceux que l'on peut encore étudier ne datent que despremiers temps de la domination capétienne.Cependant, en parcourant les chartes contemporaines de la troisièmerace des rois de France, on est frappé de la prodigieusequantité de travaux dont elles constatent l'exécution, et l'on sedemande comment il peut se faire que cette société si bouleverséeau XV siècle, et ([ui se reconstituait alors sur des bases nouvelles,en grossissant les individualités seigneuriales aux dépens de laroyauté et en se séparant de l'autorité souveraine au profit de sonaction toute locale, put néanmoins ériger, en bien peu de temps,un si grand nombre d'églises remarquables, enclore d'ouvragesmilitaires tant de villes et de villages, percer des routes, construiredes ponts, creuser des canaux ;comment elle put créer les palaissomptueux, les châteaux, les parcs, les habitations de plaisance,enfin les bâtiments utiles à l'industrie, ceux qui étaient nécessaireau soulagement des malheureux et à la répression des malfaiteurs.Nous avons donc dû essayer de nous rendre compte des principauxmoyens employés, pendant plusieurs siècles, pour élever desi vastes constructions ; nous avons voulu connaître la nature etl'étendue des charges que ces travaux imposèrent aux populationscontemporaines etsavoir à quelle source inépuisable les seigneursd'épée et d'église trouvèrent des ressources suffisantes pour faireface à tant et à de si grandes dépenses.Dans ce but, nous avons eu à recourir aux textes des ordonnancesdes rois de France, déjà imprimées ou conservées encoremanuscrites dans les Archives Départementales, aux Cartulaires descorporations religieuses, aux Chartes de communes et aux transactionsentre particuliers qui existaient de nos jours dans des dépôtspublics. Les histoires des provinces nous ont fourni d'utiles renseignementssur les travaux civils, sur les règlements qui les régissaient,les obligations à remplir pour obtenir la permission defonder un établissement même d'utilité publique. Enfin, le Galliachristiana et les Archives Départementales nous ont indiqué un grand

,— 77 —nombre de constructions civiles faites avec les deniers de l'Église,mais dont elle devait tirer aussi, en certains cas, de grands profits.De l'ensemble de ces di'cisions si nombreuses et si diverses, ilnous a paru possible de tirer, sinon la jurisprudence générale surcette matière, du moins des exemples isolés de tous les moyensmis en usage pour réaliser d'immenses travaux d'art.Le Droit écritet les Coutuinos des pro\ inces de France ne devaient pas fournir ànos recherches des indications suffisantes, car ils ne sont évidemmentque le résultat de? usages depuis longtemps établis, et qui,dans le principe, avaient été imposés arbitrairement par leurs seigneurs; et lorsque ce Droit écrit et ces Coutumes locales purentêtre utileaient invoqués par les populations, déjà les plus importantstravaux étaient exécutés. Nous avons négligé de rechercherquelle fut, pendant l'époque où il n'existait aucune règle fixe, lafaible portion de droits romains conservée dans les usages de certaineslocalités, parce qu'on n'y retrouve qu'un assemblageinformeet bizarre de parcelles de ce droit, mélangé avec d'autres traditionsempruntées aux lois barbares. La Normandie, il est vrai, se préoccupa,j)lusque toute autre province, de rédiger ses Coutumes, et ily eut, dans cette partie de la France, un peu plus de fixité dans lesusag(^s et dans les jurisprudences seigneuriales ; mais partoutailleurs, le caprice et l'errcair entraient pour une plus grande partdans les lois et le droit, que ne le faisaient la science et l'équité.Le temps vint enfin oij l'autorité souveraine s'étendit, se fortifia,et les ordonnances des rois de France réglèrent alors un plus grandnombre d'intérêts : ces intérêts venaient aussi se mettre sous latutelle d'une domination plus paternelle.En étudiant l'état légal d'un si grand nombre d'établissementspublics,nous aurons soin de distinguer deux circonstances qui leursont communes. D'abord l'établissementen lui-même, son origine,sa création; ensuite son mode d'existence après sa création, c'està-direson entretien, ses réparations ou reconstructions : car deséUiblissements créés par le seigneur et qui lui apppartenaientétaient cependant entretenus par les sujets ; ceci provenait de conventions,et il y avait alors échange de services. Nous distingueronsdonc la propriété toujours Ubre de ces droits, et l'usage à la charge

,— 77 —nombre de constructions civiles faites avec les deniers de l'Église,mais dont elle devait tirer aussi, en certains cas, de grands profits.De l'ensemble de ces di'cisions si nombreuses et si diverses, ilnous a paru possible de tirer, sinon la jurisprudence générale surcette matière, du moins <strong>des</strong> exemples isolés de tous les moyensmis en usage pour réaliser d'immenses travaux d'art.Le Droit écritet les Coutuinos <strong>des</strong> pro\ inces de France ne devaient pas fournir ànos recherches <strong>des</strong> indications suffisantes, car ils ne sont évidemmentque le résultat de? usages depuis longtemps établis, et qui,dans le principe, avaient été imposés arbitrairement par leurs seigneurs; et lorsque ce Droit écrit et ces Coutumes locales purentêtre utileaient invoqués par les populations, déjà les plus importantstravaux étaient exécutés. Nous avons négligé de rechercherquelle fut, pendant l'époque où il n'existait aucune règle fixe, lafaible portion de droits romains conservée dans les usages de certaineslocalités, parce qu'on n'y retrouve qu'un assemblageinformeet bizarre de parcelles de ce droit, mélangé avec d'autres traditionsempruntées aux lois barbares. La Normandie, il est vrai, se préoccupa,j)lusque toute autre province, de rédiger ses Coutumes, et ily eut, dans cette partie de la France, un peu plus de fixité dans lesusag(^s et dans les jurisprudences seigneuriales ; mais partoutailleurs, le caprice et l'errcair entraient pour une plus grande partdans les lois et le droit, que ne le faisaient la science et l'équité.Le temps vint enfin oij l'autorité souveraine s'étendit, se fortifia,et les ordonnances <strong>des</strong> rois de France réglèrent alors un plus grandnombre d'intérêts : ces intérêts venaient aussi se mettre sous latutelle d'une domination plus paternelle.En étudiant l'état légal d'un si grand nombre d'établissementspublics,nous aurons soin de distinguer deux circonstances qui leursont communes. D'abord l'établissementen lui-même, son origine,sa création; ensuite son mode d'existence après sa création, c'està-direson entretien, ses réparations ou reconstructions : car <strong>des</strong>éUiblissements créés par le seigneur et qui lui apppartenaientétaient cependant entretenus par les sujets ; ceci provenait de conventions,et il y avait alors échange de services. Nous distingueronsdonc la propriété toujours Ubre de ces droits, et l'usage à la charge

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!