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— 498 —badine et le tour gracieux de Voltaire dans ses stances à madameDu Deffant. Le poète, par la douce émotion dont il était rempli,trouve de ces expressions qui n'ont point de date, et qui, étanttoujours vraies, ne passent pas de la mémoire et de la langue d'unpeuple. »L'authenticité de ces poésies n'a jamais été et n'a pu être sérieusementcontestée. Charles d'Odéans s'en déclare l'auteur dans unede ses ballades. Les manuscrits qui nous les ont conservées ne serventqu'à affermir la critique dans ses convictions. De nombreuxmots remémoralifs de la vie du prince, son nom et celui de sonpère se rencontrent fréquemment dans ces écrits. Ch. d'Orléansnous paraît même faire une allusion directe aux causes de la mortde son père, lorsqu'il met dans la bouche du dieu d'amour, àpropos de la discrétion prescrite par ses commandements : « Nobleprince, ce point-ci fort vous touche », et que « l'indiscrétion desserttrop grant vengeance » . On n'a pas oublié que l'un des motifs dumeurtre de Louis d'Orléans par le duc de Bourgogne était tiré dece que ce prince avait chanté en vers les plus secrets mérites dela duchesse de Bourgogne.On distingue dans les poésies du duc d'Orléans trois époquesdifférentes, caractérisées par la différence des sentiments que leprince y manifeste selon son âge et les circonstances particulièresde sa vie.La première époque comprend l'histoirede l'enfance de Charlesd'Orléans, sa jeunesse, ses amours qu'il a chantés d'une façon sigracieuse, si variée, mais si discrète, et sa prison, jusqu'à la mortde la dame de ses pensées. Ce fut pendant sa captivité qu'il lescomposa. Aussi commence-t- il par consacrer la mémoire de «celuiqui trouva premier la m.anière d'écrir(3 » ,puis il nous informe quece livre est destiné à célébrer sa princesse chérie, qui ne le cède ànulle autre en beauté, en grâce, en amabiUlé. A ces éloges toujourshabilement distribués, succède l'expression du chagrin du poète,retenu prisonnier sur la terre étrangère. Il invoque la mort à grandscris. Des nouvelles de Fiance viennent apporter quelque adoucissementà ses peines. La dame de ses pensées, prévoyant son chagrin,l'engage à chercher des distractions dans la poésie. C'est donc pour

— 499 —obéir au désir de cette belle que le prisonnier compose des balladeset des chansons en son honneur. Doux Souvenir était chargé deles lui offrir, pour lui montrer « que point on ne l'oublioit », Maisla perte de sa liberté ne fut pas le plus amer chagrin réservé à cecœur généreux. Il apprit d'abord la maladie et bientôt après lamort de sa belle princesse, enlevée au milieu de toutes les grâcesdu jeune âge. En nous retraçant son affliction, Charles d'Orléans semontre surtout poëte du cœur.Tels sont les sentiments qui dominent dans cette première époquedes poésies du prince prisonnier.Au sujet de celles qui nous paraissent appartenir à la secondeépoque, on sera peut-être disposé à ne pas trouver bien fondé lereproche fait à notre poète par le spirituel et savant critique à quinous avonsemprunté le plus digne éloge que l'on ait pu faire despoésies du prince.M. Villemain le blâme, en effet, de ne pas exhaler sa douleursur les misères de la France tant ravagée par les Anglais, et de neregretter que le beau soleil de sa patrie, le beau mois de mai, lesdanses et les belles dames de France ; trop peu soucieux du reste,ilne pense qu'au plaisir qu'il trouve dans l'exil.Ce fut cependant un sentiment profond des maux de sa patriequi inspira au prince sa Complainte de France, l'un de ses meilleursouvrages. Dans d'autres ballades encore, ainsi que dans seschansons, se manifeste la vive part qu'il ne cesse de prendre auxmaux de sa patrie et ensuite à ses succès.Charles d'Orléans ne fut donc oublieux ni des malheurs ni desgloires de sa belle France ; il pensait à elle, et tout à la fois, à laprincesse chérie, enlevée à son amour. Ce dernier souvenir luirevient dans tous les actes de sa vie, directement ou par de tendresallusions. Ses regrets, l'esprit et la grâce de la femme qui en estl'objet,se retrouvent sous sa plume comme dans son cœur.D'autres temps ont amené d'autresmœurs. La départie d'avecle Dieu d'amour est accomplie, le poëte ne nous entri-tient plusque de l'espoir de sa délivrance, de sa réconciliation avec le ducde Bourgogne, quis'employait pour traiter de sa rançon. Enfin, ilappelle de tous ses vœux la paix, et l'examen de sas compositions

— 498 —badine et le tour gracieux de Voltaire dans ses stances à madameDu Deffant. Le poète, par la douce émotion dont il était rempli,trouve de ces expressions qui n'ont point de date, et qui, étanttoujours vraies, ne passent pas de la mémoire et de la langue d'unpeuple. »L'authenticité de ces poésies n'a jamais été et n'a pu être sérieusementcontestée. Charles d'Odéans s'en déclare l'auteur dans unede ses balla<strong>des</strong>. Les manuscrits qui nous les ont conservées ne serventqu'à affermir la critique dans ses convictions. De nombreuxmots remémoralifs de la vie du prince, son nom et celui de sonpère se rencontrent fréquemment dans ces écrits. Ch. d'Orléansnous paraît même faire une allusion directe aux causes de la mortde son père, lorsqu'il met dans la bouche du dieu d'amour, àpropos de la discrétion prescrite par ses commandements : « Nobleprince, ce point-ci fort vous touche », et que « l'indiscrétion <strong>des</strong>serttrop grant vengeance » . On n'a pas oublié que l'un <strong>des</strong> motifs dumeurtre de Louis d'Orléans par le duc de Bourgogne était tiré dece que ce prince avait chanté en vers les plus secrets mérites dela duchesse de Bourgogne.On distingue dans les poésies du duc d'Orléans trois époquesdifférentes, caractérisées par la différence <strong>des</strong> sentiments que leprince y manifeste selon son âge et les circonstances particulièresde sa vie.La première époque comprend <strong>l'histoire</strong>de l'enfance de Charlesd'Orléans, sa jeunesse, ses amours qu'il a chantés d'une façon sigracieuse, si variée, mais si discrète, et sa prison, jusqu'à la mortde la dame de ses pensées. Ce fut pendant sa captivité qu'il lescomposa. Aussi commence-t- il par consacrer la mémoire de «celuiqui trouva premier la m.anière d'écrir(3 » ,puis il nous informe quece livre est <strong>des</strong>tiné à célébrer sa princesse chérie, qui ne le cède ànulle autre en beauté, en grâce, en amabiUlé. A ces éloges toujourshabilement distribués, succède l'expression du chagrin du poète,retenu prisonnier sur la terre étrangère. Il invoque la mort à grandscris. Des nouvelles de Fiance viennent apporter quelque adoucissementà ses peines. La dame de ses pensées, prévoyant son chagrin,l'engage à chercher <strong>des</strong> distractions dans la poésie. C'est donc pour

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