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— 428 —petit nombre accuse peut-être le peu de succès de cette fictionpoétique, et peut-être aussi pourrait-on penser que le marquis deSalaces, qui n'y ménageait pas toujours ses contemporains, souverains,ducs ou chevaliers, ne permit pas qu'on en fît des copies.Dans cette supposition, l'ouvrage du marquis aurait été gardé danssa famille comme souvenir et comme document de l'histoire deses ancêtres. Un fait pourrait confirmer cette opinion, c'est quesur le feuillet qui suit l'histoire de Thomas de Saluées,on a inscritla naissance et la mort de ses fils et petits-fils. Les bouleversementsoccasionnés par les révolutions auraientdonc seuls pu fairesortir ce monument de la famille de Saluées. Il n'appartient, eneffet, à la Bibliothèque Impériale que depuis les premières annéesde ce siècle.Le format de ce manuscrit est l'in-folio ; il est à deux colonnes,sur un parchemin assez blanc. De nombreuses et même d'assezbelles miniatures décorent ce volume; quelques-unes occupenttoute l'étendue de la page ; des lettres capitales et des ornementsen arabesques rehaussés d'or complètent la riche décoration de cerare et précieux manuscrit. Il est de la fin du XIV" siècle, commel'indique la date que nous avons citée. La Bibliothèque de Turinpossède également un manuscrit de ce roman.Thomas, marquis de Saluées, mourut en U16. Legrand d'Aussylui a consacré une notice très-étendue dans le tome V des Noticesdes Manuscrits.Les Mystères, malgré la forme religieuse de ces sortes de jeuxscéniques et renseignement moral qui leur était en quelque sorteréservé, empiétèrent parfois sur le domaine de la satire;parfois,aussi, certaines parties de leursdialogues sacrés renfermaient desapplications directes aux événements contemporains de la mise enscène de l'ouvrage ; d'autres fois encore, des remaniements et desadditions récentes, allégoriques ou satiriques, ajoutées à un thèmeancien, en faisaient, pourainsi dire, un mystère nouveau, dont laforme et la moralité étaient par ce moyen appropriées à une circonstancetoute mondaine ou toute politique.On a fait honneur del'invention de ce système singulier d'opposition au bas clergé deFrance, qui, participant très-peu aux faveurs de la cour réservées

— 429 —aux princes de l'Eglise, voyait avec peine les dérèglements toléréset quelquefois partagés par ces princes. De là son opposition qu'iln'avait pas d'autre moyen de manifester, du moins sans danger,que sous forme de dialogue religieux.Le roi, les prélats, les grandsseigneurs de la cour venaient assister à ces représentations : il n'yavait pas d'occasion meilleure de moraliser les grands de la terre.N'oublions pas non plus que ces spectacles pieux, dès lemomentqu'ils prirent de plus libres allures, cessèrent d'être réprésentésdevant les porches et dans l'intérieur des églises. Ils échappèrentainsi à la dépendance de l'autorité cléricale, et ils conquirent bientôtaprès une place indépendante dans le programme des fêtes publiques,à la cour des rois, chez les princes et lesgrands seigneurs.Cependant ces mystères avaient encore, dans maintes circonstances,un sermon pour prologue. On assistait au sermon pour être sur dene point perdre les scènes comiques et les grossières bouffonneriesdont on n'avait pas encore su préserver ces représentations. En1367, au château de Rouen, une troupe de jongleurs joua un des cesmystères devant le roi Charles V; au sacre de Charles V'I, à Reims,des mystères d'une invention nouvelle furent joués pendant lerepas. Les princes avaient leurs acteurs ordinaires attachés à leurcour : Gillet Villain, Jeannin Esturjon, Jacquemin et Jean Le Fevreétaient les joueurs de personnages du duc d'Orléans, et un acte del'année 1396 constate que « Monseigneur prist grant plaisir auxesbatemens des dessus dits istrions. » Des drames chevaleresquescomme celui des Enfants d'Émery de Narhonne avaient déjàétéjoués à Lille en 1351. En 1390, ce fut le jeu allégorique des septVertus et, dès l'année 1398, les confrères de la Passion ouvrirentleur théâtre, bien que les ordonnances de 1341 et de 1395 prescrivissentde réprimer la licence des farces populaires.Le théâtre prit donc au XV* siècle une forme permanente par leslettres patentes que Charles VI accorda, en 1402, aux confrères dela Passion pour la représentation des mystères. Les auteurs de cesouvrages tirèrent plus d'indépendance de ces patentes royales edonnèrent dans leur dialogue une part plus large à la satire. Onattribue aussi ce progrès important au développement qu'avaitdéjà pris l'opinion publique en France; n'est-ce pas plutôt l'effet

— 428 —petit nombre accuse peut-être le peu de succès de cette fictionpoétique, et peut-être aussi pourrait-on penser que le marquis deSalaces, qui n'y ménageait pas toujours ses contemporains, souverains,ducs ou chevaliers, ne permit pas qu'on en fît <strong>des</strong> copies.Dans cette supposition, l'ouvrage du marquis aurait été gardé danssa famille comme souvenir et comme document de <strong>l'histoire</strong> <strong>des</strong>es ancêtres. Un fait pourrait confirmer cette opinion, c'est quesur le feuillet qui suit <strong>l'histoire</strong> de Thomas de Saluées,on a inscritla naissance et la mort de ses fils et petits-fils. Les bouleversementsoccasionnés par les révolutions auraientdonc seuls pu fairesortir ce monument de la famille de Saluées. Il n'appartient, eneffet, à la Bibliothèque Impériale que depuis les premières annéesde ce siècle.Le format de ce manuscrit est l'in-folio ; il est à deux colonnes,sur un parchemin assez blanc. De nombreuses et même d'assezbelles miniatures décorent ce volume; quelques-unes occupenttoute l'étendue de la page ; <strong>des</strong> lettres capitales et <strong>des</strong> ornementsen arabesques rehaussés d'or complètent la riche décoration de cerare et précieux manuscrit. Il est de la fin du XIV" siècle, commel'indique la date que nous avons citée. La Bibliothèque de Turinpossède également un manuscrit de ce roman.Thomas, marquis de Saluées, mourut en U16. Legrand d'Aussylui a consacré une notice très-étendue dans le tome V <strong>des</strong> Notices<strong>des</strong> Manuscrits.Les Mystères, malgré la forme religieuse de ces sortes de jeuxscéniques et renseignement moral qui leur était en quelque sorteréservé, empiétèrent parfois sur le domaine de la satire;parfois,aussi, certaines parties de leursdialogues sacrés renfermaient <strong>des</strong>applications directes aux événements contemporains de la mise enscène de l'ouvrage ; d'autres fois encore, <strong>des</strong> remaniements et <strong>des</strong>additions récentes, allégoriques ou satiriques, ajoutées à un thèmeancien, en faisaient, pourainsi dire, un mystère nouveau, dont laforme et la moralité étaient par ce moyen appropriées à une circonstancetoute mondaine ou toute politique.On a fait honneur del'invention de ce système singulier d'opposition au bas clergé deFrance, qui, participant très-peu aux faveurs de la cour réservées

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