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— 396 —d'Anjou, à la fin du Xlir siècle. Charles V, roi de France, enordonna la traduction dès l'année 1373, comme nous l'apprenonspar le litre suivant :« Ce livre est nommé Rustican, lequel parle du labeur deschamps, que fist translater le très noble roy de France Charles leQuint de ce nom, l'an mil ccc soixante treze. » Et le traducteur,dans son prologue, se fait connaître par la qualité qu'il prend.On y lit, en effet : « à très excellent prince, très hault, puissant etredoublé seigneur le très crestien des roys catholiques, Charles, dece nom cinquiesme, roy de France, le voustre petit et humbleorateur, soy et tout ce qu'il plaira à Dieu faire par luy aggréable.»Or, nous venons de voir que dans sa traduction des Remèdesde Vune et de Vautre Fortune^ Jean Dandin prend expressémentcette qualité d'orateur du Roi ; cette similitude de titre nous sembleindiquer une identité d'auteur. Ce sentiment ne peut pas êtrecombattu par la rubrique suivante du manuscrit n° 15/i6 du Supplémentfrançais de la Biblothèque Impériale de Paris, qui porte :« Cy commence le livre des profiz champestres et ruraux, lequelcompila maistre Pierre des Croissans, bourgeois de Bouloigne, à larequeste de très noble et excellent prince le roy de France CharlesQuint. » Car on ne peut croire que Pierre de Crescentiis, qui composaitson ouvrage à la fm du XIIP siècle pour un roi de Sicile,et étant déjà âgé, puisqu'il parle de sa longue expérience dans lapratique des champs, soit venu en France, soixante-quinze ansplus tard, traduire ce même ouvrage en français par ordre deCharles V. Il y a donc une lacune, une omission dans cette rubrique,et en lisant : Mis en françois à la requeste de très noble et excellentprince le roy de France Charles Quint, l'opinion que nousémettons devient de plus en plus probable. Disons aussi que, traduisantlui-même son ouvi'age, Pierre de Crescetitiis n'aurait pasajouté dans son prologue (comme l'a dit Jean Dandin) : a J'ay prinshardiesce du livre translater de latin en françois en ensuyvant le latinau plus près que je pourray sans desvoyer », car personne n'auraitpu mieux ni plus sûrement que l'auteur traduire sa véritable pensée.Mais cette méprise ou omission du manuscrit n° 1 546 n'existe

-397 —pas dans les autres, et notre conjecture tire de cette circonstanceune certitude de plus.Ferron (Jean) et Jean de Vignai. Ces deux écrivains ont traduità peu près en même temps, vers 13/i7, le texte latin du Jeu deséchecs, de Jacques de Césoles. Mais la traduction de Jean de Vignai,qui vint après celle de Ferron, fut en grande réputation pendantle XIV* siècle, et fit bientôt oublier la première.Il arriva cependant que, vers le milieu du XV* siècle, l'œuvre desdeux traducteurs ayant été comparée et étudiée, il survint un compilateuranonyme, qui, choisissant dans les deux traductions lesexemples moraux les plus beaux ou les mieux racontés, composa,aux dépens des deux premiers traducteurs, un troisième ouvragequi ne tarda pas à être généralement répandu, et sous le nom deJean de Vignai seulement : Jean Ferron fut dès lors oublié.Cette troisième version française appartenant à l'un et à l'autredes deux premiers traducteurs, ne paraît pas avoir été distinguéedes deux autres par deux savants critiques, MM. Lebertet P. Paris,qui se sont occupés du texte latin du Jeu des échecs et de sestraducteurs. Des copies de ce troisième travail sur le Jeu des échecsse trouvent parmi les manuscrits français de la Bibliothèque Impériale.Nous transcrivons le proème qui constate le mélanged'un choix de passages fait dans les deux premières versions pourcomposer la troisième :« Ci commence le livre moral du Jeu des Eschaz qui est fait desmeurs et offices de toutes gens, tant nobles comme populaires,translaté de latin en françois par double translation, l'une faictepar frère Jehan de Vignay, hospitaher de l'ordre du Hault-Pas, etl'autre faicte par frère Jehan Ferron, de l'ordre des Frères Prescheursde Paris, comme cy après apperra par les deux prologuesd'iceulx translateurs. Et combien que les dictes translations soientsouvent différans, tant en langaige comme en substance, toutesfoiz pour ce que aucunes fois l'une d'icelle est plus prouffitable ensubstance et plaisant en langaige que l'autre, ce présent livre estcompilé cl'icelles deux translacions, en prenant puis de l'une,puis de l'autre, ainsy que bon a semblé au compilateur. Toutes foiz,ilensuit plus communément la translation du dit de Vignay pour ce

— 396 —d'Anjou, à la fin du Xlir siècle. Charles V, roi de France, enordonna la traduction dès l'année 1373, comme nous l'apprenonspar le litre suivant :« Ce livre est nommé Rustican, lequel parle du labeur <strong>des</strong>champs, que fist translater le très noble roy de France Charles leQuint de ce nom, l'an mil ccc soixante treze. » Et le traducteur,dans son prologue, se fait connaître par la qualité qu'il prend.On y lit, en effet : « à très excellent prince, très hault, puissant etredoublé seigneur le très crestien <strong>des</strong> roys catholiques, Charles, dece nom cinquiesme, roy de France, le voustre petit et humbleorateur, soy et tout ce qu'il plaira à Dieu faire par luy aggréable.»Or, nous venons de voir que dans sa traduction <strong>des</strong> Remè<strong>des</strong>de Vune et de Vautre Fortune^ Jean Dandin prend expressémentcette qualité d'orateur du Roi ; cette similitude de titre nous sembleindiquer une identité d'auteur. Ce sentiment ne peut pas êtrecombattu par la rubrique suivante du manuscrit n° 15/i6 du Supplémentfrançais de la Biblothèque Impériale de Paris, qui porte :« Cy commence le livre <strong>des</strong> profiz champestres et ruraux, lequelcompila maistre Pierre <strong>des</strong> Croissans, bourgeois de Bouloigne, à larequeste de très noble et excellent prince le roy de France CharlesQuint. » Car on ne peut croire que Pierre de Crescentiis, qui composaitson ouvrage à la fm du XIIP siècle pour un roi de Sicile,et étant déjà âgé, puisqu'il parle de sa longue expérience dans lapratique <strong>des</strong> champs, soit venu en France, soixante-quinze ansplus tard, traduire ce même ouvrage en français par ordre deCharles V. Il y a donc une lacune, une omission dans cette rubrique,et en lisant : Mis en françois à la requeste de très noble et excellentprince le roy de France Charles Quint, l'opinion que nousémettons devient de plus en plus probable. Disons aussi que, traduisantlui-même son ouvi'age, Pierre de Crescetitiis n'aurait pasajouté dans son prologue (comme l'a dit Jean Dandin) : a J'ay prinshardiesce du livre translater de latin en françois en ensuyvant le latinau plus près que je pourray sans <strong>des</strong>voyer », car personne n'auraitpu mieux ni plus sûrement que l'auteur traduire sa véritable pensée.Mais cette méprise ou omission du manuscrit n° 1 546 n'existe

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