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,— 378 —proportions que la peinture, ne s e distingue cependant ni par lesgrandes allures, ni par la liberté des mouvements, ni par les effetsimposants.Malgré cet état secondaire de l'art au moyen âge, devait-on reprocheraux artistes de cette époque, moines ouchartreux, de n'avoirreprésenté aucune idée philosophique (1), dans un temps où lascolastique dégénérant en ergoterie avait presque déjà dénaturéles grandes pensées des pères de l'Éghse. Et peut-on dire que lematériaUsme religieux était en progrès en France, parce que lesartistes peignaient Dieu le père en roi, la Vierge Marie sous lestraits matériels et la ressemblance de la reine de Sicile ou d'AgnèsSorel, et parce qu'ils esquissaient plutôt les scènes de l'enfer quecelles du paradis. L'enfer, ajoute-t-on, est toujours figuré sous desformes peu variées et habituellement par la gueule béante d'unmonstre engloutissant les damnés. On pourrait dire aussi avecautant de justesse que, pendant bien des siècles, on nous a suffisammentfait assister à la réunion de tous les dieux et déessesde l'Olympe assis ou debout, dans des attitudes héroïques ou gracieuses,il est vrai, mais toujours sur des nuages d'un bleuéclatant.Lorsque l'art s'échappa des cloîtres pour se séculariser, il setrouva aux prises avec bien des difficultés, car il lui fallaitd'abord conquérir sa place au soleil. Pourquoi, dès son débutexiger que cet art s'applique à représenter autre chose que ce qu'ilvoit, et lui reprocher de chercher exclusivement à satisfaire lesgoûts du jour et ceux d'un monde qui le faisait vivre. Pourquoi luifaire un crime de ne peindre que des cérémonies, des fêtes, destournois, d'exceller dans la caricature et dans la peinture légendaire,si cependant, peu d'années après leurs débuts dans le monde(1) Discours sur l'état des beaux-arts, par Ernest Renan. — Ce discoursnous paraît écrit, en quelque sorte, par deux personnes différentes : l'une quia étudié les monuments de l'art au moyen âge et qui en rond compte d'aprèsce qu'il a pu apprécier, l'antn^ qui aurait semé dans ce compte ren'lu desphrases à effet, applicables à l'ait aniique ou aux produits des lieaux-arlsarrivés à la ,!,'rande époque de la renaissance du XVI'* siècle.

- 379 —civil,les artistes qui se formaient alors à force de patience, parvinrentà placer la France, dès le XIV siècle, à la tète de l'art, ets'ils créèrent par leur fécondité incomparable une véritable maîtrise?N'est-il pas très-méritoire pour ces artistes d'avoir réussiainsi, on le reconnaît, à ne pas laisser déposséder la France de sasupériorité dans les beaux-arts, supériorité qu'elle avait acquisesur les autres pays ?Il n'est donc pas juste de dire que les artistes du moyen âgemanquèrent de cette hardiesse sans laquelle on rapetisse touteschoses et on arrête le progrès I

,— 378 —proportions que la peinture, ne s e distingue cependant ni par lesgran<strong>des</strong> allures, ni par la liberté <strong>des</strong> mouvements, ni par les effetsimposants.Malgré cet état secondaire de l'art au moyen âge, devait-on reprocheraux artistes de cette époque, moines ouchartreux, de n'avoirreprésenté aucune idée philosophique (1), dans un temps où lascolastique dégénérant en ergoterie avait presque déjà dénaturéles gran<strong>des</strong> pensées <strong>des</strong> pères de l'Éghse. Et peut-on dire que lematériaUsme religieux était en progrès en France, parce que lesartistes peignaient Dieu le père en roi, la Vierge Marie sous lestraits matériels et la ressemblance de la reine de Sicile ou d'AgnèsSorel, et parce qu'ils esquissaient plutôt les scènes de l'enfer quecelles du paradis. L'enfer, ajoute-t-on, est toujours figuré sous <strong>des</strong>formes peu variées et habituellement par la gueule béante d'unmonstre engloutissant les damnés. On pourrait dire aussi avecautant de justesse que, pendant bien <strong>des</strong> siècles, on nous a suffisammentfait assister à la réunion de tous les dieux et déessesde l'Olympe assis ou debout, dans <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> héroïques ou gracieuses,il est vrai, mais toujours sur <strong>des</strong> nuages d'un bleuéclatant.Lorsque l'art s'échappa <strong>des</strong> cloîtres pour se séculariser, il setrouva aux prises avec bien <strong>des</strong> difficultés, car il lui fallaitd'abord conquérir sa place au soleil. Pourquoi, dès son débutexiger que cet art s'applique à représenter autre chose que ce qu'ilvoit, et lui reprocher de chercher exclusivement à satisfaire lesgoûts du jour et ceux d'un monde qui le faisait vivre. Pourquoi luifaire un crime de ne peindre que <strong>des</strong> cérémonies, <strong>des</strong> fêtes, <strong>des</strong>tournois, d'exceller dans la caricature et dans la peinture légendaire,si cependant, peu d'années après leurs débuts dans le monde(1) Discours sur l'état <strong>des</strong> beaux-arts, par Ernest Renan. — Ce discoursnous paraît écrit, en quelque sorte, par deux personnes différentes : l'une quia étudié les monuments de l'art au moyen âge et qui en rond compte d'aprèsce qu'il a pu apprécier, l'antn^ qui aurait semé dans ce compte ren'lu <strong>des</strong>phrases à effet, applicables à l'ait aniique ou aux produits <strong>des</strong> lieaux-arlsarrivés à la ,!,'rande époque de la renaissance du XVI'* siècle.

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