Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

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— 286 —droit de prendre dans la forêt d'Halatte, tous les jours, autant debois que deux ânes pourraient en transporter de la forêt à Saint-Leu. Au lieu de conduire ce bois jusqu'au monastère, le prieurs'empressa de faire seulement sortir le bois par ses ânes jusqu'aubord de la forêt, afin de multiplier ainsi le nombre des voyagesde ses bêles de somme. Le maître des eaux et forêts ne trouva pasle procédé très-légal ; il voulut retirer son droit d'usage au prieurde Saint-Leu; mais le Roi, par grâce spéciale, et désarmé par l'ingénieusesupercherie de ce religieux personnage, lui accorda la permissionde continuer à user de cette concession selon sa manièreaccoutumée, quoique de fait peu ordinaire et contraire à la permissionoctroyée primitivement.En 1327, lorsque Jeanne de Flandre, dame Saint-Gobin, voulutagrandir le couvent et l'église de Saint-Crépin de Soissons et lachapelle de Saint-Lambert, elle accorda simplemeiU : « Dix pieds« de terre à prendre à son chastel de Saint-Lambert au joignant la« maison desdits religieux, pour édifier, faire encroissance de ladite« maison, avec le siège dou muret ledit mur jusques aus dix piesf et de long quarante pieds. Et pourront lesdits religieux, esdits« lieus , faire fenestre et autre choses pour avoir clarté , aussi« comme ils verront que bon leur sera.... Et avec ce, voulons que« les religieux facent et puissent faire hors dou mur de leur pi-« gnon, un aisément prou nécessaire, de pel et de torches, pour« eulx et pour leurs gens aisier perpétuellement, et d'en retenir(( et refaire toutes fois que mestier en sera. »Les communes continuèrent d'être responsables des dégâts faitsaux édifices religieux soit par leurs hommes, soit par leurs propresofficiers municipaux. C'est ce qui valut à la commune de Bézieis dereconstruire à ses frais, en 1347, le couvent des Frères Prêcheursde cette ville, que le consul avait injustement démoli. En 1354, cesreligieux se plaignant d'être interrompus dans la célébration desoffices par un ateUer de forgerons établi près de 1 église, le Roiordonna de le faire démolir. Enfin, en 1366, Louis, duc d'Orléans,leur donna quarante francs d'or pour être spécialement employés àla réparation du monastère et non ailleurs. Les éghses avaient doncun droit spécial que nul autre établissement civil ne pouvait récla-

— 287 —mer et rexpiopriatioa pour cause d'utilité publique religieuse sepratiquait alors fort largement : nous en avons déjà cité d'autresexemples.Le Roi, pour garantir tous les droits et même tous les intérêts desreligieux, avait établi, avant l'année 134i, et dans un grand nombred3 provinces, des conservateurs laïques dus églises et des monastères;ils étaient chargés de plaider devant la justice royale et desoutenir les intérêts de ces églises; c'est ce que nous apprend unelettre de Philippe de Valois, datée du P"" juillet 1344, et adressée à sonsénéchal de Carcassonne.Le pape Clément VI ratifia cette institution des conservateurs laïquesdes églises ; il paraît même qu'il pouvait lui aussi en nommer,puisque, par une bulle du mois de février 1351 , il chargeait spécialementles évéques de Maguelone et du Puy, auxquels il donne le titrede conservateurs de toutes les abbayes de l'ordre de Clteaux, de fairerestituer à ces maisons rehgieuses les villes, châteaux et places qu'onleur avait injustement enlevés.Urbain V imita son prédécesseur, en chargeant les évoques deCarcassonne, de Castres et d'Alet de faire réparer les dommagesoccasionnés par des impies aux églises du diocèse de Toulouseet de les y contraindre par censure ecclésiastique ou autrement. 11paraît que les calices, les croix, les rehques des saints, les ornementsd'églises , les livres Uturgiques avaient été presque tousdétruits. Déjà on affichait fréquemment des mandements des évéquespubhant l'excommnication fulminée par le Pape contre ceux quibattaient, emprisonnaient et tuaient les prêtres, pillaient les églises,dévastaient les monastères et même les hôpitaux.Les monumenis religieux subirent donc de grandes dévastationspendant laseconde moitié du XIV siècle; mais on ne doit pas s'enétonner, si l'on pense aux invasions étrangères et aux guerres civilesqui causèrent tant de maux à la France. Cependant le rui deFrance, qui avait tant de désastres à réparer dans son royaume,n'oubha jamais les intérêts du clergé, et les grands feudatairessuivirent son exemple en ce point. Le comte d'Armagnac accorda,en 1353, des bans de vin aux habitants de Trie pour leur aider àrebâtir leur église. En 1363, le Roi déclarait que les maîtres de ses

— 286 —droit de prendre dans la forêt d'Halatte, tous les jours, autant debois que deux ânes pourraient en transporter de la forêt à Saint-Leu. Au lieu de conduire ce bois jusqu'au monastère, le prieurs'empressa de faire seulement sortir le bois par ses ânes jusqu'aubord de la forêt, afin de multiplier ainsi le nombre <strong>des</strong> voyagesde ses bêles de somme. Le maître <strong>des</strong> eaux et forêts ne trouva pasle procédé très-légal ; il voulut retirer son droit d'usage au prieurde Saint-Leu; mais le Roi, par grâce spéciale, et désarmé par l'ingénieusesupercherie de ce religieux personnage, lui accorda la permissionde continuer à user de cette concession selon sa manièreaccoutumée, quoique de fait peu ordinaire et contraire à la permissionoctroyée primitivement.En 1327, lorsque Jeanne de Flandre, dame Saint-Gobin, voulutagrandir le couvent et l'église de Saint-Crépin de Soissons et lachapelle de Saint-Lambert, elle accorda simplemeiU : « Dix pieds« de terre à prendre à son chastel de Saint-Lambert au joignant la« maison <strong>des</strong>dits religieux, pour édifier, faire encroissance de ladite« maison, avec le siège dou muret ledit mur jusques aus dix piesf et de long quarante pieds. Et pourront lesdits religieux, esdits« lieus , faire fenestre et autre choses pour avoir clarté , aussi« comme ils verront que bon leur sera.... Et avec ce, voulons que« les religieux facent et puissent faire hors dou mur de leur pi-« gnon, un aisément prou nécessaire, de pel et de torches, pour« eulx et pour leurs gens aisier perpétuellement, et d'en retenir(( et refaire toutes fois que mestier en sera. »Les communes continuèrent d'être responsables <strong>des</strong> dégâts faitsaux édifices religieux soit par leurs hommes, soit par leurs propresofficiers municipaux. C'est ce qui valut à la commune de Bézieis dereconstruire à ses frais, en 1347, le couvent <strong>des</strong> Frères Prêcheursde cette ville, que le consul avait injustement démoli. En 1354, cesreligieux se plaignant d'être interrompus dans la célébration <strong>des</strong>offices par un ateUer de forgerons établi près de 1 église, le Roiordonna de le faire démolir. Enfin, en 1366, Louis, duc d'Orléans,leur donna quarante francs d'or pour être spécialement employés àla réparation du monastère et non ailleurs. Les éghses avaient doncun droit spécial que nul autre établissement civil ne pouvait récla-

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