Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

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— 208 —guerres ne lui permettaient pas de jouir de sa terre et de ses revenus ;que, ne pouvant tenir sa forteresse contre les ennemis, cela le mettaiten péril de tomber en pauvreté et mendicité et de voir les ennemiss'emparer de sa forteresse ; il lui était alors accordé des lettresd'autorisation de transporter son château à un autre seigneur. C'estce qui arriva, en 1360, au seigneur de Chantilly, Guillaume Le BouteUierde Senlis, et il vendit, avec permission du Roi, son châteauau seigneur d'Acqueri, son cousin germain. D'autres fois, dans descas analogues, le seigneur suzerain demandait au Roi de se rendreacquéreur du château; si le monarque n'y consentait pas, ainsi quecela était arrivé du temps de Philippe VI pour le château de Crèvecœuren 1335,1e rhonarque s'engageait à ne pas souffrir que d'autreque tel comte en fît l'acquisition pour son fils ou son cousin (B. 731).Dans les temps de guerre ou bien de troubles politiques, le châteauseigneurial devait contenir les biens les plus précieux des habitantsd'une localité, et le seigneur était obligé de le faire suffisammentgarder à ses frais, et de manière à sauver ces débris de la fortune deses vassaux. Pour les châteaux situés sur les frontières, les châtelainsrecevaient des instructions spéciales, selon les circonstancespolitiques du moment.Le seigneur avait aussi des dédommagements pour la protectionqu'il accordait aux populations de son voisinage. Quand il partaitpour la guerre, un certain nombre d'hommes de son fief venaientmonter la garde à son château, pendant toute la durée de sonabsence. En l'année 1361, ces hommes étaient au nombre de dixou douze chaque jour, pour le château de Joinville. Des droits plusimportants, des corvées et des redevances furent aussi des compensationsautrement utiles au seigneur.En ce temps-là, le Roi était plus que jamais le suzerain en faitde fortifications, soit qu'elles fussent construites sur son domaine,soit qu'elles relevassent entièrement de lui, soit enfin qu'un seigneur,comte ou duc, prétendît encore a\'oir la juridiction exclusivede ces ouvrages. Charles V voulut fixer d'une manière positive sesdroits sur ce point important dans le Languedoc, et, en l'année 1366,il ordonna à son viguier de Narbonne , malgré l'opposition duvicomte, d'obliger les consuls de la même ville à faire des b;ir-

,— 209 —bacanes et à réparer les fossés de leur cité. L'acte de l'exécutionde ces ordres du Roi nous fournit également des renseignementsprécieux sur la nature des travaux de fortification alors exécutésà Narbonne, sur la rivière de l'Aude, « et ante turrim rotundamvocatam Ventosa. »On voit d'abord que le vicomte, pour se donner le droit de contesterles ordres du Roi, vint faire placer quelques-unes des plusgrosses pierres des barbacanes. Il signifia ensuite aux consuls devouloir bien s'abstenir d'empiéter sur ses droits; les consuls en référèrentau viguier et le viguier au sénéchal de Carcassonne. Le sénéchalréitéra aux consuls les ordres du Roi et les informa que SaMajesté, prévenue de l'approche du duc de Lancastre avec un corpsd'armée sous ses ordres, non-seulement voulait qu'on achevât cesfortifications, mais que l'on renfermât dans les châteaux de Narbonnetoutes les provisions de grains qui existaient dans le pays, et quel'on détruisît ce qui ne pouvait pas y être apporté, afin que lesennemis ne pussent en profiter.Dans d'autres pays, le Roi fît visiter également, en 1367, toutesles forteresses, et celles qui ne pouvaient ni être réparées, ni servirà la sûreté du royaume, furent démolies par ses ordres. Il fit défendred'en construire de nouvelles à Abbeville et à Puy-Mirol ; devendre à des personnes non nobles des fiefs sur lesquels s'élèveraientdes fortifications et sans la permission royale. Il autorisa denouveaux ouvrages militaires à Gahnières, aux dépens de la routeroyale, ainsi que ceux de Merry-sur-Seine et du château de Vincennes;les contributions levées en Languedoc furent exclusivementaffectées aux travaux exécutés dans les châteaux de cette province;quarante mille francs d'or y furent employés à la fin de l'année 1375.Le Quercy, plus heureux que le Languedoc, obtint Texemption decertains droits, pendant vingt années, à condition de n'acquérir niforteresses ni droits d'hommages. Comme les habitants de tout paysavaient le plus grand intérêt à voir raser les châteaux féodaux, puisqueles corvées qui en dépendaient disparaissaient aussi avec eux,on comprendra avec quelle joie on apprit, dans les dernières annéesdu règne de Charles V ,que le Roi ,par des retraits féodauxunissait à son domaine, sur la demande des habitants, certains14

— 208 —guerres ne lui permettaient pas de jouir de sa terre et de ses revenus ;que, ne pouvant tenir sa forteresse contre les ennemis, cela le mettaiten péril de tomber en pauvreté et mendicité et de voir les ennemiss'emparer de sa forteresse ; il lui était alors accordé <strong>des</strong> lettresd'autorisation de transporter son château à un autre seigneur. C'estce qui arriva, en 1360, au seigneur de Chantilly, Guillaume Le BouteUierde Senlis, et il vendit, avec permission du Roi, son châteauau seigneur d'Acqueri, son cousin germain. D'autres fois, dans <strong>des</strong>cas analogues, le seigneur suzerain demandait au Roi de se rendreacquéreur du château; si le monarque n'y consentait pas, ainsi quecela était arrivé du temps de Philippe VI pour le château de Crèvecœuren 1335,1e rhonarque s'engageait à ne pas souffrir que d'autreque tel comte en fît l'acquisition pour son fils ou son cousin (B. 731).Dans les temps de guerre ou bien de troubles politiques, le châteauseigneurial devait contenir les biens les plus précieux <strong>des</strong> habitantsd'une localité, et le seigneur était obligé de le faire suffisammentgarder à ses frais, et de manière à sauver ces débris de la fortune <strong>des</strong>es vassaux. Pour les châteaux situés sur les frontières, les châtelainsrecevaient <strong>des</strong> instructions spéciales, selon les circonstancespolitiques du moment.Le seigneur avait aussi <strong>des</strong> dédommagements pour la protectionqu'il accordait aux populations de son voisinage. Quand il partaitpour la guerre, un certain nombre d'hommes de son fief venaientmonter la garde à son château, pendant toute la durée de sonabsence. En l'année 1361, ces hommes étaient au nombre de dixou douze chaque jour, pour le château de Joinville. Des droits plusimportants, <strong>des</strong> corvées et <strong>des</strong> redevances furent aussi <strong>des</strong> compensationsautrement utiles au seigneur.En ce temps-là, le Roi était plus que jamais le suzerain en faitde fortifications, soit qu'elles fussent construites sur son domaine,soit qu'elles relevassent entièrement de lui, soit enfin qu'un seigneur,comte ou duc, prétendît encore a\'oir la juridiction exclusivede ces ouvrages. Charles V voulut fixer d'une manière positive sesdroits sur ce point important dans le Languedoc, et, en l'année 1366,il ordonna à son viguier de Narbonne , malgré l'opposition duvicomte, d'obliger les consuls de la même ville à faire <strong>des</strong> b;ir-

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