Documents palographiques relatifs l'histoire des ... - Warburg Institute

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— 206 —Les États provinciaux accordèrent toujours, avec une certainefacilité, des aides spécialement destinées à la réparation des forteresses.Mais, dan-s ce cas, ils réglaient eux-mêmes le mode et lesconditions auxquels ces impôts étaient levés. A Laon, le peupleélisait six personnes portant le nom de procureurs, chargées de\dsiter les fortifications de la ville et d'indiquer les réparations à faire.A Narbonne, c'était le consul qui les choisissait ;ils étaient au nombrede douze, à cause de l'importance des travaux. Pendant deuxans, il fut convenu que les maîtres maçons, charpentiers, forgeronset les ouvriers en toutes sortes d'états, vaqueraient exclusivementaux fortifications de cette ville pour qu'elles fussent promptementachevées. A Saint-Quentin et à Péronne, qui étaient des villesfrontières, les habitants donnèrent une marque de leur patriotisme ens'empressant de réparer les fortifications. Le roi Philippe de Valoisse montra fort sensible à ce procédé, attendu que les ennemis menaçaienttoujours de surprendre ces villes, et il voulut en donner unepreuve aux habitants en les dispensant de se rendre à l'assembléedu ban et de l'arrière-ban convoquée à Amiens. Au mois de juin 1338,à Avignon, les habitants s'engagèrent à réparer le château, moyennantun octroi de bois à prendre dans la forêt royale. Mais lorsquela contribution aux réparations des forteresses était un don pur etsimple et une véritable libéralité, soit de la part d'une abbaye,soit de la part d'un seigneur, on avait soin alors d'obtenir deslettres de non-préjudice pour l'avenir. En 1338, l'abbé de Saint-Wast d'Arras donna, une première fois, une somme de cent Uvrespour être employée aux réparations des forteresses d'Arras, enconsidération de la grande nécessité de cette ville et de l'obligation011 elle se trouvait d'obéir en ce point aux commandements du Roi ; ilrenouvela ce don pendant plusieurs années de suite, mais chaquefois on lui accorda des lettres de non-préjudice.Si les villes étaient peu disposées à ces octrois de subsidespour les travaux militaires, le Roi avait grand soin de réchaufferleur zèle à ce sujet. Philippe de Valois et le roi Jean provoquèrentplusieurs fois des aides de la part des habitants de Compiègne pourréparer les forteresses de ce pays. La pénurie des cités était souventle plus grand obstacle à surmonter dans la question de l'en-

— 207 ~tretien des forteresses ;on ne pouvait suppléer à cet état de misèrequ'en accordant l'autorisation de frapper des impôts extraordinaires,comme des bans de vin ou des barrages momentanés surcertaines routes ou bien sur les rivières. Il en fut ainsi, en 1353,à Trie, en 1358, à Anduze et à Auxerre.Des commissaires ordinaires et extraordinaires, nommés par leRoi, surveillaient ces fortifications, ainsi que l'emploi de l'argentaffecté aux réparations, et signalaient surtout les forts qui en avaientbesoin ; ils s'assuraient également du bon état des approvisionnementsde bouche et en munitions. Les capitaines qui commandaientles forteresses encouraient de graves punitions, si les ordres deréparations n'avaient pas été exécutés. En 1353, le vicomte deValogne fut prévenu par le maréchal d'Adenhaim que si les réparationsde Cherbourg n'étaient pas exécutées conformément à sesordres : « Nous vous punirons en cette manière, que tous lesautres y prendront exemple. » Malgré toutes ces inspections, laplupart des châteaux forts du royaume étaient ruines, soit pardéfaut de garde, soit par défaut d'entretien, surtout en Languedocet dans les sénéchaussées de Carcassonne et de Béziers.11 fut décidé par le Roi, en 1358, qu'on n'y enverrait plus de commissaires,puisque leur mission avait été sans résultat. On lesremplaça par les capitaines des pays, accompagnés de trois personnesdésignées par eux ou élues par le peuple des villes. Ilsdevaient visiter toutes les forteresses et obliger les propriétaires àles mettre en état de défense ; en cas de refus , le capitaine faisaitexécuter ces réparations aux frais du propriétaire ; mais si le propriétairen'avait pas de quoi payer, le château devait être immédiatementrasé. Il en fut ainsi pour la Bourgogne, en 1369, lorsquel'on apprit que les ennemis s'étaient emparés de la Champagne(B. 2757). Pour le Beauvaisis, il y eut, en 1360, une transactionentre le capitaine désigné par le Roi (qui se nommait Jean Dodenel)et l'évêque. Dodenel choisit toutes les forteresses utiles au Roiqu'il fallait réparer, celles qui étaient encore en assez bon état pourêtre entretenues, et il fit décider que les autres seraient rasées.Mais, par exception toute spéciale, lorsque le propriétaire d'unchâteau exposait au Roi qu'il était vieux et faible de corps; que les

— 206 —Les États provinciaux accordèrent toujours, avec une certainefacilité, <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> spécialement <strong>des</strong>tinées à la réparation <strong>des</strong> forteresses.Mais, dan-s ce cas, ils réglaient eux-mêmes le mode et lesconditions auxquels ces impôts étaient levés. A Laon, le peupleélisait six personnes portant le nom de procureurs, chargées de\dsiter les fortifications de la ville et d'indiquer les réparations à faire.A Narbonne, c'était le consul qui les choisissait ;ils étaient au nombrede douze, à cause de l'importance <strong>des</strong> travaux. Pendant deuxans, il fut convenu que les maîtres maçons, charpentiers, forgeronset les ouvriers en toutes sortes d'états, vaqueraient exclusivementaux fortifications de cette ville pour qu'elles fussent promptementachevées. A Saint-Quentin et à Péronne, qui étaient <strong>des</strong> villesfrontières, les habitants donnèrent une marque de leur patriotisme ens'empressant de réparer les fortifications. Le roi Philippe de Valoisse montra fort sensible à ce procédé, attendu que les ennemis menaçaienttoujours de surprendre ces villes, et il voulut en donner unepreuve aux habitants en les dispensant de se rendre à l'assembléedu ban et de l'arrière-ban convoquée à Amiens. Au mois de juin 1338,à Avignon, les habitants s'engagèrent à réparer le château, moyennantun octroi de bois à prendre dans la forêt royale. Mais lorsquela contribution aux réparations <strong>des</strong> forteresses était un don pur etsimple et une véritable libéralité, soit de la part d'une abbaye,soit de la part d'un seigneur, on avait soin alors d'obtenir <strong>des</strong>lettres de non-préjudice pour l'avenir. En 1338, l'abbé de Saint-Wast d'Arras donna, une première fois, une somme de cent Uvrespour être employée aux réparations <strong>des</strong> forteresses d'Arras, enconsidération de la grande nécessité de cette ville et de l'obligation011 elle se trouvait d'obéir en ce point aux commandements du Roi ; ilrenouvela ce don pendant plusieurs années de suite, mais chaquefois on lui accorda <strong>des</strong> lettres de non-préjudice.Si les villes étaient peu disposées à ces octrois de subsi<strong>des</strong>pour les travaux militaires, le Roi avait grand soin de réchaufferleur zèle à ce sujet. Philippe de Valois et le roi Jean provoquèrentplusieurs fois <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> de la part <strong>des</strong> habitants de Compiègne pourréparer les forteresses de ce pays. La pénurie <strong>des</strong> cités était souventle plus grand obstacle à surmonter dans la question de l'en-

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