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— 188 —'de troubles civils, implorèrent souvent l'assistance du seigneurd'épée pour défendre leurs monastères; elles permettaient alors deconstruire sur leurs terres des châteaux forts dont le seigneur pouvaitdisposer. Mais, dans ce cas, elles avaient soin de se réserverfoi et hommage à perpétuité, et de faire prendre l'engagement quejamais les ennemis de l'abbaye n'y recevraient refuge, asile,retraite ou protection. C'est ce qui eut lieu en l'année 1050« pro castello Tintiniaco. » En voici, du reste, un nouvel exemple,qui porte la date de l'année 1060 : « Gaufridus jiiramentum securitatisfecit Adelœ abbatissœ S. (korijil Rodomensis, qiwd castelluma se œdificatum in NuUiaco, ex permissu abbatissœ, nequecontra abbatiam tenebit, neque contra dominum comitem, etS. Georgii monasterio donat theloneiim in NuUiaco. »Les abbés et les abbesses étaient de très-sévères surveillants desconstructions mihtaires, qui s'élevaient dans le voisinage de leursmonastères; et lorsque le comte d'Anjou, en l'année 1061, eutreconstruit le château de Saint-Florent de Saumur, et qu'il futreconnu que cette forteresse était trop rapprochée du monastère,l'abbé en demanda la démolition immédiate; un traité intervintalors entre le comte et l'abbé, et il fat convenu qu'à l'avenir cechâteau appartiendrait exclusivement à l'abbé, à condition de certainesréserves durant les temps de guerre. Ce fut pour une raisonanalogue que Guillaume, duc de Normandie et roi d'Angleterre,abandonna aussi au monastère de Fleury la moitié du château qu'ilavait fait élever dans le voisinage de cette abbaye et sur les confinsde la Normandie et de la Bretagne. Il y mit pour toute condition,que ces religieux prieraient Dieu pour le salut de son Ame.Pour obtenir des concessions aussi importantes de la part depersonnages mal disposés à les faire, il fallait quelquefois recourirà l'autorité royale : cela arriva à l'abbé de Saint-Corneille de Compiègnelorsqu'il voulut démolir une tour, que des hommes perversavaient élevée devant son église. Philippe V décida aussi quepersonne, à l'avenir, ne pourrait construire sur le territoire deCompiègne.D'autres fois,au contraire, un seigneur d'épée qui relevait de sesruines une maison conventuelle, mettait le comble à ses bienfaits

- 189 —en pourvoyant à la défense et à la sûreté de cette maison par destravaux de fortifications. C'est ainsi que fit Guillaume, comte deNevers. Après avoir reconstruit le monastère de Saint-Étienne deNevers, il eut soin de l'entourer de créneaux redoutables, au milieudesquels on remarquait surtout trois tours d'un assez beau etremarquable travail, disent les chartes du temps.Les châteaux , les forteresses s'étaient multipliés à l'infini enFrance dès le XP siècle, et leur grand nombre devint un sujet permanentde querelles entre les comtes, les barons, les évoques etles abbés. Ces seigneurs furent bien des fois obUgés de réclamerl'intervention royale pour apaiser ces discussions ; il n'est donc pasétonnant que dès lors les rois de France aient sérieusement songéà soumettre toutes ces constructions militaires à leur autorisationpréalable. Mais lesseigneurs se conformèrent-ils aux prescriptionsdu Roi? Ce qu'il y a de sur. c'est que tous ces châteaux favorisèrentsingulièrement la tyrannie seigneuriale. Elle avait déjà,dans certaines localités, dépassé toutes les bornes; cette dominationmême était devenue assez cruelle pour que l'église cherchâtà intervenir en faveur des sujets opprimés. Des conciles furent convoquésà cet effet vers la fin du X" siècle. Malheureusement, celuiqui s'assembla à Saint-Denis, en l'année 995, ne s'occupa que dedîmes et excita l'animadversion populaire à un si haut degré,qu'il fut obligé de se disperser devant une émeute menaçante.Des conventions à l'amiable vinrent suppléer à l'inefficacitéde l'intervention de l'Église. Ainsi, en 1025, les chanoines deSainte-Marie de Reims et le comte Odon firent un traité relatif auxfortifications du Val-de-Rougnon, dont la garnison devait, à partir decette époque, protéger les maisons de campagne des chanoines, etne pas les piller, comme cela avait lieu habituellement. Une desclauses du traité fut que les chanoines abandonneraient au comteleur droit de chasse. Moyennant le don d'un cheval et d'unesomme d'environ 300 sous, le duc Alain Forgent dispensa l'abbéde Redon d'une coutume très-onéreuse pour le monastère (/«-justam) ,que ce seigneur avait l'habitude d'exiger pour la constructionde son château de Blaen.Le peuple avait encore plus à souffrir de toutes les aggloméra-

— 188 —'de troubles civils, implorèrent souvent l'assistance du seigneurd'épée pour défendre leurs monastères; elles permettaient alors deconstruire sur leurs terres <strong>des</strong> châteaux forts dont le seigneur pouvaitdisposer. Mais, dans ce cas, elles avaient soin de se réserverfoi et hommage à perpétuité, et de faire prendre l'engagement quejamais les ennemis de l'abbaye n'y recevraient refuge, asile,retraite ou protection. C'est ce qui eut lieu en l'année 1050« pro castello Tintiniaco. » En voici, du reste, un nouvel exemple,qui porte la date de l'année 1060 : « Gaufridus jiiramentum securitatisfecit Adelœ abbatissœ S. (korijil Rodomensis, qiwd castelluma se œdificatum in NuUiaco, ex permissu abbatissœ, nequecontra abbatiam tenebit, neque contra dominum comitem, etS. Georgii monasterio donat theloneiim in NuUiaco. »Les abbés et les abbesses étaient de très-sévères surveillants <strong>des</strong>constructions mihtaires, qui s'élevaient dans le voisinage de leursmonastères; et lorsque le comte d'Anjou, en l'année 1061, eutreconstruit le château de Saint-Florent de Saumur, et qu'il futreconnu que cette forteresse était trop rapprochée du monastère,l'abbé en demanda la démolition immédiate; un traité intervintalors entre le comte et l'abbé, et il fat convenu qu'à l'avenir cechâteau appartiendrait exclusivement à l'abbé, à condition de certainesréserves durant les temps de guerre. Ce fut pour une raisonanalogue que Guillaume, duc de Normandie et roi d'Angleterre,abandonna aussi au monastère de Fleury la moitié du château qu'ilavait fait élever dans le voisinage de cette abbaye et sur les confinsde la Normandie et de la Bretagne. Il y mit pour toute condition,que ces religieux prieraient Dieu pour le salut de son Ame.Pour obtenir <strong>des</strong> concessions aussi importantes de la part depersonnages mal disposés à les faire, il fallait quelquefois recourirà l'autorité royale : cela arriva à l'abbé de Saint-Corneille de Compiègnelorsqu'il voulut démolir une tour, que <strong>des</strong> hommes perversavaient élevée devant son église. Philippe V décida aussi quepersonne, à l'avenir, ne pourrait construire sur le territoire deCompiègne.D'autres fois,au contraire, un seigneur d'épée qui relevait de sesruines une maison conventuelle, mettait le comble à ses bienfaits

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