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— 170 —droit de meute. Certaines villes, comme Montauban, avaient ledroitde chasse aux bêtes noires et fauves; les habitants d'Antonin aussi,mais en dehors des forêts du Roi et pour détruire les bêtes quinuisaient aux récoltes. A Tannay, toute personne pouvait chasser entous lieux, hormis dans les garennes du seigneur. Dans les autresprovinces, en général , l'homme coutumier encourait des peinestrès-graves lorsqu'il chassait sans la permission de son seigneur.Les ordonnances de saint Louis (1270) et de Philippe le Bel (1302)étaient fort sévères sur ce point. L'évèque d'Albi défendit longuementson droit de chasse et le fit maintenir. En DaL phiné , lesnobles chassaient partout, excepté dans les garennes à lapins et àlièvres. L'évèque de Gap prohibait la chasse aux perdrix et auxlièvres dans l'étendue de son évêché, en l'année 1243 (Inv. des Bouches-du-Rhône,B. 14). Les malheureux habitants de Revel étaientdésolés par les sangliers, les loups, les cerfs, les chevreuils de laforêt de Lavor; ils demandèrent au Roi, en 1341, la permission deles détruire et d'y employer le jour et la nuit, avec ou sans chienset cum rameriis, s'engageant à payer immédiatement cent cinquanteflorins d'or et un cens annuel de dix sols; de plus, la têtede chaque sanglier et trois doigts au-dessous du col devaient êtredonnés au maître des forêts royales de Toulouse , et la moitié duquartier de derrière avec le pied des cerfs et des chevreuils. Cedroit leur fut accordé conformément à leur demande. La chasseétait donc doublement productive pour les seigneurs, elle leur procuraitdes redevances et plus encore des recettes de venaison, carles maîtres veneurs étaient obligés de fournir à la maison du seigneurtant de pièces de gibier par semaine, en cerfs et sangliersprincipalement (Inv. de la Côte-d'Or, B. 318).Malgré toutes les garennes qui existaient alors, il paraît que legoût de la chasse amenait, dans certaines provinces, de telles destructionsde gibier, que le roi saint Louis se vit obligé de demanderdes lapins à Carcassonne, pour repeupler ses forêts. Ce monarqueaffectionnait particuhèrement le palais de Fontainebleau, qu'ilappelait son désert; il y trouvait la paix nécessaire à ses méditationsreligieuses et le plaisir de la chasse. Enfin, Charles VI, cédantà tout l'entraînement de sa passion pour la chasse, promulgua,

— 171 -le 10 janvier 1396, étant à Paris, une ordonnance qui la défendaità toute personne non noble (Archives de l'Empire, P. 54-8).Quant aux châteaux, les rois de France ne cessèrent pas d'entretenir, à Paris , le palais des Thermes ,quoiqu'ils n'y habitassentplus ordinairement ; on y avait établi un pressoir banal, du tempsde Philippe-Auguste; et le chambellan de ce monarque avait la gardede ce palais et celle du pressoir, moyennant une redevance annuellede douze deniers. Du temps de saint Louis, des réparations y furentfaites, mais on ne connaît pas exactement en quoi elles consistèrent.D'autres seigneurs avaient encore l'habitude de clore de fossés etde murailles flanquées de tours, leurs châteaux éloignés des villes.De ce nombre, Eustache de Conflans, en 1242, pour sa demeurepersonnelle, et Simon, sire de Clermont, en 12/i5, pour sa maisonde Pont-Ménars.Ces gentilshommes étaient obligés d'accorder au Roi un gîte lorsqu'ilne pouvait aller coucher dans un de ses châteaux royaux. Sice gîte était le résultat d'une gracieuse et accidentelle volonté, leRoi , avant de quitter ces soign?ura , leur donnait des lettres denon-préjudice pour l'avenir; mais, dans le cas contraire, tous lesfrais de gîte étaient à la charge du seigneur du château. C'étaitune énorme dépense pour lui, à cause du nombreux personnel quisuivait toujours le Roi en ses voyages et du désordre inséparablede telles visites, au fond plus ou moins bienveillantes. Saint Louisparaît être celui des rois de France qui posséda le plus grand nombrede droits de gîte. On voit dans son cartulaire (Cartulaire , fol.CCCII, col. 1, manuscrit de la Bibliothèque Impériale) le nombrede jours et les noms des localitésdans lesquelles lo Roi jouissait dece privilège. Nous aurions pu, en nous servant de ce document,mentionner un grand nombre de châteaux ayant appartenu auxgrands feudataires de la couronne; toutefois, il n'indique point quelsfurent les seigneurs qui les avaient fait bâtir, et la nature etl'étenduedes bâtiments.Mais, comme toujours, le temps amena de graves abus dans lajouissance du droit de gîte. Les seigneurs imitèrent le Roi, et lesofficiers attachés à la personne du monarque et des princes prétendaientjouir du droit accordé à leur maître , même lorsqu'il

— 170 —droit de meute. Certaines villes, comme Montauban, avaient ledroitde chasse aux bêtes noires et fauves; les habitants d'Antonin aussi,mais en dehors <strong>des</strong> forêts du Roi et pour détruire les bêtes quinuisaient aux récoltes. A Tannay, toute personne pouvait chasser entous lieux, hormis dans les garennes du seigneur. Dans les autresprovinces, en général , l'homme coutumier encourait <strong>des</strong> peinestrès-graves lorsqu'il chassait sans la permission de son seigneur.Les ordonnances de saint Louis (1270) et de Philippe le Bel (1302)étaient fort sévères sur ce point. L'évèque d'Albi défendit longuementson droit de chasse et le fit maintenir. En DaL phiné , lesnobles chassaient partout, excepté dans les garennes à lapins et àlièvres. L'évèque de Gap prohibait la chasse aux perdrix et auxlièvres dans l'étendue de son évêché, en l'année 1243 (Inv. <strong>des</strong> Bouches-du-Rhône,B. 14). Les malheureux habitants de Revel étaientdésolés par les sangliers, les loups, les cerfs, les chevreuils de laforêt de Lavor; ils demandèrent au Roi, en 1341, la permission deles détruire et d'y employer le jour et la nuit, avec ou sans chienset cum rameriis, s'engageant à payer immédiatement cent cinquanteflorins d'or et un cens annuel de dix sols; de plus, la têtede chaque sanglier et trois doigts au-<strong>des</strong>sous du col devaient êtredonnés au maître <strong>des</strong> forêts royales de Toulouse , et la moitié duquartier de derrière avec le pied <strong>des</strong> cerfs et <strong>des</strong> chevreuils. Cedroit leur fut accordé conformément à leur demande. La chasseétait donc doublement productive pour les seigneurs, elle leur procurait<strong>des</strong> redevances et plus encore <strong>des</strong> recettes de venaison, carles maîtres veneurs étaient obligés de fournir à la maison du seigneurtant de pièces de gibier par semaine, en cerfs et sangliersprincipalement (Inv. de la Côte-d'Or, B. 318).Malgré toutes les garennes qui existaient alors, il paraît que legoût de la chasse amenait, dans certaines provinces, de telles <strong>des</strong>tructionsde gibier, que le roi saint Louis se vit obligé de demander<strong>des</strong> lapins à Carcassonne, pour repeupler ses forêts. Ce monarqueaffectionnait particuhèrement le palais de Fontainebleau, qu'ilappelait son désert; il y trouvait la paix nécessaire à ses méditationsreligieuses et le plaisir de la chasse. Enfin, Charles VI, cédantà tout l'entraînement de sa passion pour la chasse, promulgua,

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