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Il est probable que l'acception de ce mot varia selon le pays etle siècle pendant lequel il fut employé.Dès que la commune se constitua, elle érigea aussides maisons,des forteresses et creusa des fossés pour son usage spécial, enmême temps qu'elle détermina les droits et les impôts à payer parchaque propriétaire. Dans la Charte concédée à la ville de Laon parle roi Louis VI, il est dit que toute personne qui aura élevé unemaison sera associée, au bout d'un an, aux privilèges de la commune.En l'année 1122, les habitants de Beauvais furent plus heureux :roi Louis VI leur accorda le droit de reconstruire, sans autre permission,leurs maisons tombées ou brûlées, pourvu qu'ils prouvassent,par trois loyaux témoins, qu'on la refaisait comme elle étaitauparavant.On le voit donc, l'autorisation seigneuriale était indispensablepour construire ou relever des bâtiments en ruines. Ce droit étaij.leimprescriptible :aussi fallut-il que l'abbé de Saint-Arnoult, de Metz,obtint de son évêque la permission de bâtir, lorsqu'il voulut, en1126, agrandir une succursale de son monastère. En l'année 1133,le seigneur Guifridus de Magniaco, et, en 1173, le comte deBourgogne,agirentde même.Le texte des chartes, relatives à ces deux dernièrestransactions,nous indique suffisamment que le mot Casai, qui au XllF siècle servaità désigner une maison, ainsi qu'on le voit par le texte de Villehardouin,était, au siècle précédent, le Ueu où cette maison devaitêtre construite. Mais au XIV siècle, il avait, dans les Privilègesde la ville d'Auch, une signification particulière. Il est dit dans cettecharte : « Super terminis vinearum , casaliiim , doinorum etaliarum possessionum in dicta villa. «... Porci non intrent prata,neque casalia, neque « vineas in aliquo tempore. »Nous avons déjà eu occasion de signaler lechangement d'acceptiondu mot mesnil ; nous trouvons ici un nouvel exemple desmodifications que subissait la langue française dans la valeur de sesmots, selon le siècle oi^i ils étaient usités. On doit donc, en cherchantà définir la signification exacte d'un mot ancien, tenir grandcompte de l'époque pendant laquelle il était employé. Le mot V7/-le-neuve que nous trouverons bientôt, en sera un exemple de plus

— 89 —à citer. Enfin le. mot granfjia, qui signifiait d'abord bâtiment pourl'exploitation rurale, fut aussi ultérieurement employé pour désignerles terres qui dépendaient de la grange ou y étaient annexées.Le droit seigneurial, très-rigoureux en certaines circonstances,avait aussi quelquefois son côté utile. Il en est ainsi , du moins,lorsque le roi de France, par un diplôme de l'an 1136, défend debâtir à une certaine distance de l'abbaye de Laon, afin (jue la solitudenécessaire aux religieux ne soit point troublée.Ce fut le mêmeprincipe de protection qui fit accorder par Tliibaud, comte de Blois,aiLX religieux de Val secret, le droit de ne laisser édifier ni maison,ni grange dans le voisinage de leur église.Dans d'autres circonstances, c'était comme moyen d'augmenterla richesse d'une abbaye, que le seigneur défendait de bâtir, dansun certain espace de terrain, sans la permission de l'abbé. Il en futainsi, en 1162, en vertu d'une charte du comte de Troyes, concédéeà l'église de Cheminon. En conséquence, l'autorisation de construires'obtenait de l'abbé moyennant certaines redevances ou un droitannuel. De même, en 1169, le roi Louis VII défendit de bâtir dansle voisinage de l'abbaye d'Aurillac.L'impôt perçu sur chaque maison pendant le XIF siècle est difficileà déterminer; il variait à l'infini et selon les localités. Ainsi,d'après les privilèges de Pont-Orson, qui sont de l'année 1172, toutbourgeois qui avait plusieurs maisons payait 12 deniers tournoispour chaque maison. Celui qui achetait la moitié d'une maison payaitla moitié du droit. En 1175, les privilèges concédés par Adélaïs,reine de France, aux habitants du heu nommé Sonchalo, portaient :« Pro masura quinque solUlos de censu persolvet s'mgulis annis. »Pendant lesXIII--' et XIV^ siècles, nous ne trouvons, dans les actesauthentiques qu'il nous a été possible d'étudier, aucune modificationmarquante aux usages précités relatifs aux constructions de maisons.Les Privilèges du bourg de Saulx, de l'année 12/i6, défendaient auxhabitants de cette commune de vendre leurs maisons et héritagessans la permission du seigneur, et ils perdaient tous droits sur cesmêmes maisons et héritages, s'ils cessaient d'habiter la commune.Les Privilèges de Gaillac, donnés en 1248, et ceux de Montmorency,de l'année 1252, étaient moins restrictifs. Nous voyons aussi que

Il est probable que l'acception de ce mot varia selon le pays etle siècle pendant lequel il fut employé.Dès que la commune se constitua, elle érigea aussi<strong>des</strong> maisons,<strong>des</strong> forteresses et creusa <strong>des</strong> fossés pour son usage spécial, enmême temps qu'elle détermina les droits et les impôts à payer parchaque propriétaire. Dans la Charte concédée à la ville de Laon parle roi Louis VI, il est dit que toute personne qui aura élevé unemaison sera associée, au bout d'un an, aux privilèges de la commune.En l'année 1122, les habitants de Beauvais furent plus heureux :roi Louis VI leur accorda le droit de reconstruire, sans autre permission,leurs maisons tombées ou brûlées, pourvu qu'ils prouvassent,par trois loyaux témoins, qu'on la refaisait comme elle étaitauparavant.On le voit donc, l'autorisation seigneuriale était indispensablepour construire ou relever <strong>des</strong> bâtiments en ruines. Ce droit étaij.leimprescriptible :aussi fallut-il que l'abbé de Saint-Arnoult, de Metz,obtint de son évêque la permission de bâtir, lorsqu'il voulut, en1126, agrandir une succursale de son monastère. En l'année 1133,le seigneur Guifridus de Magniaco, et, en 1173, le comte deBourgogne,agirentde même.Le texte <strong>des</strong> chartes, relatives à ces deux dernièrestransactions,nous indique suffisamment que le mot Casai, qui au XllF siècle servaità désigner une maison, ainsi qu'on le voit par le texte de Villehardouin,était, au siècle précédent, le Ueu où cette maison devaitêtre construite. Mais au XIV siècle, il avait, dans les Privilègesde la ville d'Auch, une signification particulière. Il est dit dans cettecharte : « Super terminis vinearum , casaliiim , doinorum etaliarum possessionum in dicta villa. «... Porci non intrent prata,neque casalia, neque « vineas in aliquo tempore. »Nous avons déjà eu occasion de signaler lechangement d'acceptiondu mot mesnil ; nous trouvons ici un nouvel exemple <strong>des</strong>modifications que subissait la langue française dans la valeur de sesmots, selon le siècle oi^i ils étaient usités. On doit donc, en cherchantà définir la signification exacte d'un mot ancien, tenir grandcompte de l'époque pendant laquelle il était employé. Le mot V7/-le-neuve que nous trouverons bientôt, en sera un exemple de plus

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