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Pour lire le rapport - Ipis

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54 International A<strong>le</strong>rt La comp<strong>le</strong>xité de la gestion des ressources dans un contexte de fragilité de l’État : une analyse du secteur minier dans l’arrière-pays du Kivu55soit pas nécessairement synonyme d’une gestion plus responsab<strong>le</strong>, efficace et transparente dusecteur. Le niveau des taxes, qu’el<strong>le</strong>s soient léga<strong>le</strong>s ou non, est beaucoup plus é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong>szones étudiées du territoire de Mambasa que dans cel<strong>le</strong>s du Bafwasende, tout comme <strong>le</strong> nombred’agents qui y est présent. <strong>Pour</strong>tant, <strong>le</strong>s auteurs n’ont pas pu constater de différence significativeen termes de gestion globa<strong>le</strong> du secteur lors des entretiens sur <strong>le</strong> terrain et des visites des sites. Laprésence d’agences gouvernementa<strong>le</strong>s n’améliore quasiment en rien <strong>le</strong> respect des rég<strong>le</strong>mentationset des règ<strong>le</strong>s officiel<strong>le</strong>s du secteur minier artisanal (ENCADRÉ 5). Généra<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s à êtreappliquées sont cel<strong>le</strong>s qui concernent la hiérarchie de la direction des sites et <strong>le</strong>s frais à payer.Cela signifie qu’une multitude d’acteurs affirment détenir un rô<strong>le</strong> et des responsabilités légitimes,avec <strong>le</strong>s émoluments qui vont avec, alors qu’ils ne font en réalité presque rien pour remplir <strong>le</strong>ursobligations une fois l’argent touché.ENCADRÉ 5Règ<strong>le</strong>mentations et règ<strong>le</strong>s officiel<strong>le</strong>s du secteur minier artisanalL’exploitation minière artisana<strong>le</strong> et à petite échel<strong>le</strong> et <strong>le</strong> commerce qui en décou<strong>le</strong> sont reconnus par<strong>le</strong> Code minier de 2002 et par <strong>le</strong> Règ<strong>le</strong>ment minier de 2003 comme des activités léga<strong>le</strong>s, des artic<strong>le</strong>sdéterminant <strong>le</strong>s acteurs, <strong>le</strong>s pratiques et <strong>le</strong>s emplacements autorisés dans <strong>le</strong> domaine. Néanmoins,la connaissance, la compréhension et <strong>le</strong> respect de ces dispositions léga<strong>le</strong>s sont quasi nuls. Lesdispositions du Code minier sont développées dans <strong>le</strong> « Code de conduite de l’exploitant artisanal »,inclus dans l’annexe V du Règ<strong>le</strong>ment minier.Dans certaines zones, <strong>le</strong> Code de conduite est remplacé par un « Statut de foyer minier et règ<strong>le</strong>mentd’ordre intérieur » local. Ces deux documents présentent dans <strong>le</strong>s grandes lignes <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s que<strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s ont décidées de faire appliquer au secteur minier artisanal et peuvent inclurenotamment des dispositions détaillées sur <strong>le</strong> comportement des mineurs et la gestion du site.Le rô<strong>le</strong> des coopératives et des associationsLorsqu’un groupe de mineurs artisanaux souhaite exploiter une zone d’exploitation artisana<strong>le</strong>,il doit d’abord former une coopérative minière 192 . Cette coopérative doit être enregistrée en tantqu’association sans but lucratif (ASBL), l’approbation fina<strong>le</strong> revenant à la Division provincia<strong>le</strong>des mines.Aucune coopérative ou association n’a été trouvée dans <strong>le</strong> territoire de Bafwasende et seu<strong>le</strong>s troismines du territoire de Mambasa affirment avoir des associations pour <strong>le</strong>s mineurs artisanauxsur <strong>le</strong>ur site. Cependant, certains groupes de représentants miniers sont présents dans la vil<strong>le</strong> deMambasa (15), de Nia-Nia (10) et <strong>le</strong> long de l’axe Nia-Nia - Isiro (14), ce qui laisse supposer unmeil<strong>le</strong>ur niveau de compréhension des intérêts des travail<strong>le</strong>urs et des négociants. Cela pourraitéga<strong>le</strong>ment être <strong>le</strong> résultat de conditions de stabilité socia<strong>le</strong> plus grandes dans ces zones, comparées àcel<strong>le</strong>s étudiées dans <strong>le</strong> territoire de Bafwasende. Il est néanmoins peu probab<strong>le</strong> que ces associations,basées principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s grandes vil<strong>le</strong>s, fassent des visites assez sérieuses des sites pour êtrecapab<strong>le</strong>s de représenter correctement <strong>le</strong>s intérêts et <strong>le</strong>s revendications des travail<strong>le</strong>urs qu’el<strong>le</strong>sreprésentent.Il faut en outre observer une certaine prudence dans l’évaluation du niveau de représentationlégitime des mineurs artisanaux par <strong>le</strong>s associations et <strong>le</strong>s coopératives qui sont en grande partiegérées par <strong>le</strong>s négociants et des intermédiaires. Cela se traduit rarement par une améliorationdes services et de meil<strong>le</strong>ures conditions de travail pour <strong>le</strong>s mineurs eux-mêmes, contrairementà certaines zones du nord de la Province Orienta<strong>le</strong> et du Sud-Katanga, où il existe une culture192 Voir <strong>le</strong>s Règ<strong>le</strong>mentations minières de 2003, artic<strong>le</strong>s 234-237.des coopératives et des associations plus établie 193 . En règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, ce n’est qu’une fois que<strong>le</strong>s mineurs artisanaux peuvent s’organiser et représenter <strong>le</strong>urs intérêts de manière indépendantequ’une véritab<strong>le</strong> amélioration se fait sentir.Routes commercia<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> détour par KisanganiLe rô<strong>le</strong> de Kisangani, essentiel pour <strong>le</strong> commerce de diamants dans la province, l’est beaucoupmoins dans <strong>le</strong> commerce des autres minerais. En raison de l’absence quasi-tota<strong>le</strong> de comptoirspour l’or, la cassitérite et <strong>le</strong> coltan à Kisangani, la vil<strong>le</strong> a énormément de difficultés à capter <strong>le</strong>sdynamiques commercia<strong>le</strong>s. Les données provenant des agences gouvernementa<strong>le</strong>s des vil<strong>le</strong>s où <strong>le</strong>séchanges commerciaux pour ces minerais ont lieu, comme Butembo, Bunia et, dans une moindremesure, Goma, sont en revanche révélatrices. Des entretiens menés sur <strong>le</strong> terrain par <strong>le</strong>s auteurset <strong>le</strong>s <strong>rapport</strong>s du CEEC mettent au jour une augmentation du transit de cassitérite depuis <strong>le</strong>territoire de Lubutu, la province du Maniema et <strong>le</strong> territoire de Walika<strong>le</strong>, dans la province duNord-Kivu, qui passe par Kisangani avant d’atteindre Beni, Butembo et Goma.Il est important de comprendre <strong>le</strong>s dynamiques qui expliquent cette augmentation du transfertde minerais depuis Lubutu et Walika<strong>le</strong>. Les négociants prétendent qu’avec l’ouverture de la routereliant Kisangani à Beni et Butembo, <strong>le</strong> coût du transport pour ces minerais est beaucoup moinsé<strong>le</strong>vé que par avion, au départ de Walika<strong>le</strong>, Lubutu ou Kisangani et à destination directe deButembo ou de Goma, et qu’ils cherchent donc <strong>le</strong> moyen de transport <strong>le</strong> plus économique pour<strong>le</strong>urs produits 194 .Mais ce choix d’itinéraire pourrait tout aussi bien être l’élément révélateur d’une tentative des négociantspour éviter <strong>le</strong> durcissement de la traçabilité dans <strong>le</strong> secteur. Depuis 2009, lorsque <strong>le</strong>s questions sur <strong>le</strong>sliens entre conflits et exploitation des ressources ont commencé à se poser d’une façon de plus en pluspressante, <strong>le</strong> commerce de minerais a été menacé d’un réel risque d’embargo. Comme l’ont soulignécertaines sources, <strong>le</strong> temps que <strong>le</strong>s minerais atteignent Kisangani, ils ont été blanchis 195 . Une partie dela cassitérite en transit à Kisangani est par exemp<strong>le</strong> déclarée comme venant de Lubutu alors qu’el<strong>le</strong>est en réalité produite dans <strong>le</strong>s mines de Walika<strong>le</strong> 196 . Le CEEC de Butembo admet qu’un tel détour estbien utilisé et déclare éga<strong>le</strong>ment avoir lancé des enquêtes sur ce phénomène et établi des contrô<strong>le</strong>s devéhicu<strong>le</strong>s depuis mai 2009 197 . En juil<strong>le</strong>t de la même année, il signalait que la cassitérite en provenancede Walika<strong>le</strong> et transitant par Kisangani était devenue « chose courante » 198 .À part Kisangani, il existe deux autres axes majeurs du commerce de minerais dans la provincepour <strong>le</strong>s zones concernées par cette recherche. Le premier remonte vers Bunia, puis se déploieau bout d’un moment en une série de couloirs partant vers l’est, au nord de la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> long desfrontières poreuses avec l’Ouganda et <strong>le</strong> Soudan. Cette route commercia<strong>le</strong>, très empruntée pour<strong>le</strong> transit de l’or, est décrite en détail dans de précédents <strong>rapport</strong>s rédigés par des organisationsinternationa<strong>le</strong>s et n’a pas été <strong>le</strong> principal objet de cette mission de terrain 199 .Le deuxième de ces grands axes est constitué d’une multitude de routes secondaires traversant lapartie sud de la province à destination de Butembo, via Beni, et dans certains cas, de Goma. L’accenta été mis sur cet ensemb<strong>le</strong> de routes commercia<strong>le</strong>s, étant donné <strong>le</strong> manque de documentationdisponib<strong>le</strong> pour cette partie de la province.193 L’Organisation internationa<strong>le</strong> du travail a produit un travail remarquab<strong>le</strong> sur ce sujet dans <strong>le</strong> Sud-Katanga de 2006 à 2008. La PactInc., à Kolwezi, se sert de ce travail et dirige de nouveaux travaux sur <strong>le</strong>s coopératives dont l’accès est réservé aux mineurs artisanauxuniquement, dans une tentative d’équilibrer <strong>le</strong>s dynamiques de pouvoir avec <strong>le</strong>s négociants.194 Entretiens sur <strong>le</strong> terrain, juin et juil<strong>le</strong>t 2010.195 Entretien avec des opérateurs économiques à Kisangani, en juin et juil<strong>le</strong>t 2010.196 Entretiens sur <strong>le</strong> terrain, juin 2010.197 CEEC de Butembo, Rapport statistique 2009, p. 4.198 Ibid., p. 8.199 Voir <strong>le</strong>s <strong>rapport</strong>s « Trading for Peace » (DFID/USAID/COMESA), de l’International Crisis Group et de Human Rights Watch pour <strong>le</strong> districtde l’Ituri depuis 2004.

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