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Pour lire le rapport - Ipis

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42 International A<strong>le</strong>rt La comp<strong>le</strong>xité de la gestion des ressources dans un contexte de fragilité de l’État : une analyse du secteur minier dans l’arrière-pays du Kivu43rebel<strong>le</strong>s ont pillé la mine D 25 dans la zone de Nkumwa, brûlant un grand nombre de huttes, tuantdeux soldats, volant près d’une tonne de cassitérite et prenant 50 civils en otage pour porter <strong>le</strong>urbutin. 137 Une incursion des FDLR au début du mois de mai dans la mine de Ka<strong>le</strong>nda s’est quantà el<strong>le</strong> soldée par la prise en otage de 450 civils et <strong>le</strong> vol d’environ deux tonnes de cassitérite. 138Le parc national de la MaikoLa partie sud-ouest du parc national de la Maiko, qui s’étend dans <strong>le</strong> Maniema, la ProvinceOrienta<strong>le</strong> et <strong>le</strong> Nord-Kivu, se trouve dans <strong>le</strong> territoire de Lubutu.Dans ce territoire, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des sites miniers à l’intérieur et autour du parc fait l’objetd’affrontements vio<strong>le</strong>nts entre <strong>le</strong>s FARDC et certaines factions rebel<strong>le</strong>s armées, comme cel<strong>le</strong> desSimba du général Mando, des FDLR et des Maï-Maï. Les conditions de sécurité et <strong>le</strong> respect desdroits de l’homme se sont détériorés de manière significative depuis décembre 2009, suite à uneaugmentation de la présence des FARDC sur <strong>le</strong> territoire.Les rebel<strong>le</strong>s Simba sont présents dans <strong>le</strong> parc de la Maiko depuis plus de 40 ans. Le passage du tempsa estompé <strong>le</strong>urs motivations politiques et il semb<strong>le</strong> désormais que l’exploitation des ressourcesnaturel<strong>le</strong>s du parc constitue la seu<strong>le</strong> raison de <strong>le</strong>ur présence dans la région. Apparemment, <strong>le</strong>sSimba contrô<strong>le</strong>nt l’accès aux mines d’or, de diamants, de coltan et de cassitérite du parc de laMaiko et font payer des taxes illéga<strong>le</strong>s aux creuseurs. Au cours d’une visite sur <strong>le</strong> terrain effectuéepar l’IPIS en octobre 2009, <strong>le</strong>s autorités provincia<strong>le</strong>s ont déclaré qu’en raison de l’iso<strong>le</strong>mentgéographique des zones du parc où <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s sévissent, el<strong>le</strong>s considéraient <strong>le</strong>s Simba comme undanger environnemental plus qu’humanitaire.Depuis, la situation a évolué de façon spectaculaire, après que des combats vio<strong>le</strong>nts ont eu lieuentre <strong>le</strong>s FARDC et <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s Simba en décembre 2009. Les conditions de sécurité se sontparticulièrement détériorées entre Bitu<strong>le</strong> et Osso, dans <strong>le</strong>s villages longeant la route entre Lubutuet Walika<strong>le</strong> (Obogena, Amisi, Salibollo, Munge<strong>le</strong> Kingombe et Kapuluma). La population danscette zone, à l’est de la col<strong>le</strong>ctivité de Bitu<strong>le</strong>, serait apparemment en majeure partie du côté desSimba, <strong>le</strong> chef de la rébellion, <strong>le</strong> général Mando, étant originaire de Munge<strong>le</strong>. 139 Dans cette région,<strong>le</strong> 104 e bataillon de la 10 e brigade de la 9 e région militaire de Kisangani des FARDC 140 s’estmontré vio<strong>le</strong>nt envers la population, qu’il accusait d’avoir coopéré avec <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s. Selon <strong>le</strong>sautorités loca<strong>le</strong>s, entre 8 000 et 10 000 civils ont été déplacés. 141 50 % de ces déplacés internesont fui à Walika<strong>le</strong>, 20 % dans la vil<strong>le</strong> de Lubutu et 30 % dans la forêt. 142Il a été signalé que <strong>le</strong>s Simba sont en train de former une alliance avec <strong>le</strong>s FDLR et <strong>le</strong>s Maï-Maï dugroupe Cheka, basés dans <strong>le</strong> territoire de Walika<strong>le</strong>, qui souhaitent éga<strong>le</strong>ment profiter des richessesminéra<strong>le</strong>s de Lubutu. Il faut noter que l’implication de la coalition FDLR/ Maï-Maï du groupeCheka dans <strong>le</strong> secteur minier de Bitu<strong>le</strong> n’est pas du même ordre que <strong>le</strong>urs activités de pillageà Kasese. Dans <strong>le</strong> secteur de Bitu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s tentent de contrô<strong>le</strong>r des mines, bien qu’ils nedisposent d’aucune base sur place. Leur présence a été signalée en particulier près de la frontièreavec Walika<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités de Batike, Mandimba et Batikamvanga. 143Les FDLRLes opérations militaires de Kimia II, dans <strong>le</strong>s provinces du Kivu, ont forcé <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s des FDLRà se déplacer vers l’ouest. Depuis juil<strong>le</strong>t 2009, l’afflux des FDLR au Maniema a augmenté de137 Radio Okapi, Kindu: 2 militaires FARDC tués, 50 personnes déportées, bilan d’une attaque des FDLR à Nkumwa, 10 février 2010.138 Radio Okapi, Retour au calme à la cité minière de Ka<strong>le</strong>nda, 9 mai 2010.139 Source écrite confidentiel<strong>le</strong> de l’ONU.140 GRAADE, Rapport Circonstancié de monitoring sur la situation humanitaire et des droits humains dans <strong>le</strong>s localités de Osso et Munge<strong>le</strong> enterritoire de Lubutu, Province de Maniema/RDC, 19 janvier 2010.141 Source écrite confidentiel<strong>le</strong> de l’ONU, avril 2010142 GRAADE (2010), op. cit.143 Source écrite confidentiel<strong>le</strong> de l’ONU.manière significative et <strong>le</strong>ur présence a été signalée dans <strong>le</strong>s territoires de Lubutu, Punia, Pangi etKabambare.Les activités des FDLR à Lubutu et dans <strong>le</strong> territoire de Punia ont été traitées ci-dessus. À Kabambare,où <strong>le</strong>s FDLR sont présentes depuis longtemps, el<strong>le</strong>s possèdent un bataillon composé d’environ 400 à500 combattants qui opère <strong>le</strong> long de l’axe Kabeya-Kasanga, dans <strong>le</strong> secteur de Babuyu, parallè<strong>le</strong> àla frontière avec <strong>le</strong> territoire de Fizi, dans <strong>le</strong> Sud-Kivu. 144 Apparemment, il s’agit de la seu<strong>le</strong> unité desFDLR au Maniema, avec une base permanente dans la province el<strong>le</strong>-même. Installés dans <strong>le</strong>s collinesentourant Kasanga, <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s lancent des incursions tous <strong>le</strong>s mois dans la zone qui s’étend au sud,de Kimano II à Kasanga, volant des minerais, du poisson ainsi que d’autres denrées alimentaires. Lapopulation est souvent prise en otage pour porter <strong>le</strong> butin jusqu’au repère des rebel<strong>le</strong>s. 145 On signa<strong>le</strong>aussi une activité des FDLR dans la réserve de Luama, un domaine de chasse du secteur de Babuyu,dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong>s chassent et exploitent <strong>le</strong>s minerais. 146Depuis décembre 2009, une diminution des mouvements des FDLR a pu être observée dans <strong>le</strong>territoire de Kabambare, entraînant une amélioration des conditions de sécurité. C’est peut-êtrela conséquence de l’installation de soldats des FARDC à Wamaza, Salamabila et dans la vil<strong>le</strong>principa<strong>le</strong> de Kabambare. Il a même été <strong>rapport</strong>é que <strong>le</strong>s FDLR avaient abandonné <strong>le</strong>urs basesdans <strong>le</strong> secteur de Babuyu. 147 De récentes observations sur <strong>le</strong> terrain ont cependant permis deconstater des incursions des FDLR dans cette zone. 1482.5 ConclusionLe sous-sol du Maniema renferme d’importants gisements de minerais. Bien que l’exploitationindustriel<strong>le</strong> ait disparu au début des années 90, <strong>le</strong>s mineurs artisanaux ont maintenu la productionminière de la province ces dernières années. Le Maniema fournit notamment des quantitésconsidérab<strong>le</strong>s de cassitérite à Goma et à Bukavu.Le Maniema lui-même, cependant, ne bénéficie pas assez de ses richesses minières. En raison dumauvais état des infrastructures de transport, la majorité de sa production minière est exportéepar avion vers <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s frontalières des Kivu, depuis des pistes d’envol dispersées dans toute laprovince. En conséquence, cette dernière n’abrite que quelques comptoirs et un grand nombre denégociants vendent <strong>le</strong>urs minerais directement aux comptoirs de Goma et Bukavu.Plusieurs compagnies minières sont ou ont été présentes dans la province, mais l’exploitationindustrialisée des minerais n’a pas repris, en dépit des nombreux permis d’exploration qui ont étédélivrés aux compagnies. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet échec des compagnies minières àfaire redémarrer l’exploitation industrialisée : problèmes financiers, manque d’investissements decapitaux, conflits avec <strong>le</strong>s mineurs locaux et avec <strong>le</strong>s autres compagnies minières, <strong>le</strong> tout s’ajoutantà un contexte d’insécurité. Certaines se sont reconverties dans la commercialisation des mineraisexploités par <strong>le</strong>s mineurs artisanaux sur <strong>le</strong>urs concessions.Le problème des rebel<strong>le</strong>s et des unités de l’armée qui tirent profit de l’exploitation minière est unphénomène très répandu dans l’est de la RDC. Comparées à la situation des Kivu, <strong>le</strong>s provincesvoisines, <strong>le</strong>s conditions de sécurité du Maniema sont en général plutôt calmes et une grandepartie des zones minières n’est marquée par aucune présence militaire. La plupart des mineraisproduits dans la province, comme ceux de Kalima par exemp<strong>le</strong>, pourraient donc être qualifiés de« minerais propres ».144 Source écrite confidentiel<strong>le</strong> de l’ONU.145 Entretien avec la MONUC à Kindu, en juin 2010.146 Entretien avec la Division de l’environnement du Maniema, en octobre 2009.147 Source écrite confidentiel<strong>le</strong> de l’ONU.148 Entretien avec la MONUC à Kindu, en juin 2010.

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