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26 International Alert La complexité de la gestion des ressources dans un contexte de fragilité de l’État : une analyse du secteur minier dans l’arrière-pays du Kivu27Ce changement d’orientation des échanges commerciaux a généré plus de rentrées fiscales pourLubumbashi et renforcé son contrôle sur les zones minières isolées, réduisant peut-être ainsi lepouvoir exercé sur les échanges commerciaux par les hommes forts locaux. La canalisation d’unegrande partie des échanges par le biais d’une seule compagnie éclaire une situation jusque-làopaque, où une multitude d’intermédiaires intervenaient, et représente peut-être une occasion deréduire la corruption locale. Le revers de la médaille est que les négociants et les transporteurssont presque forcés de sortir de la chaîne des échanges. Cela contribue à créer de graves tensionscar les négociants, qui ont payé une licence annuelle pour vendre et acheter des minerais, sevoient tout d’un coup refuser l’accès aux sites miniers les plus importants et les plus productifs.D’un autre côté, il semble que cette situation ne changera pas grand-chose pour les creuseurs et lapopulation locale. Bien que la MMR ait certaines obligations sociales, qui figurent dans le contratqu’elle a signé avec le ministère provincial des Mines, elle ne paraît pas en avoir fait sa priorité.Tout comme les négociants, les itinéraires commerciaux ont changé et excepté pour l’or, ils sontrelativement bien définis. Les minerais sont en général transportés par la route à Lubumbashi,en ce qui concerne la majeure partie de la production de cassitérite, ou à Kalemie, dans le casdu coltan.Le secteur minier katangais diffère de celui des Kivu sur un point majeur : excepté une faibleprésence des FDLR dans le nord-est de la province, il n’est pas victime d’interférences de la part degroupes armés. Néanmoins, les incidents sur les sites miniers sont chose courante et sont souventliés à la mauvaise conduite de soldats des FARDC ou d’autres agents armés.D’après ce qui a été rapporté plus haut, il est clair que les compagnies internationales auront plusde facilités à faire des efforts de vérification préalable de leurs opérations dans le Nord-Katangaque dans les Kivu. Bien que certaines mines soient très isolées et que des problèmes de sécuritépersistent, une mise à l’essai dans un nombre important de sites miniers est tout à fait possible.En outre, les rares statistiques disponibles indiquent que la production de minerais, notamment decoltan, est particulièrement importante dans la partie sud de l’arrière-pays des Kivu, ce qui constitueune motivation économique supplémentaire pour les compagnies de contrôler attentivement leurschaînes de production dans cette région et de la préserver de toute influence des autres régions.Un positionnement clair quant à la façon de gérer les problèmes de violations des droits del’homme perpétrées par les soldats de l’armée congolaise constitue cependant une condition sinequa non à une vérification préalable crédible des opérations.

26 International A<strong>le</strong>rt La comp<strong>le</strong>xité de la gestion des ressources dans un contexte de fragilité de l’État : une analyse du secteur minier dans l’arrière-pays du Kivu27Ce changement d’orientation des échanges commerciaux a généré plus de rentrées fisca<strong>le</strong>s pourLubumbashi et renforcé son contrô<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s zones minières isolées, réduisant peut-être ainsi <strong>le</strong>pouvoir exercé sur <strong>le</strong>s échanges commerciaux par <strong>le</strong>s hommes forts locaux. La canalisation d’unegrande partie des échanges par <strong>le</strong> biais d’une seu<strong>le</strong> compagnie éclaire une situation jusque-làopaque, où une multitude d’intermédiaires intervenaient, et représente peut-être une occasion deréduire la corruption loca<strong>le</strong>. Le revers de la médail<strong>le</strong> est que <strong>le</strong>s négociants et <strong>le</strong>s transporteurssont presque forcés de sortir de la chaîne des échanges. Cela contribue à créer de graves tensionscar <strong>le</strong>s négociants, qui ont payé une licence annuel<strong>le</strong> pour vendre et acheter des minerais, sevoient tout d’un coup refuser l’accès aux sites miniers <strong>le</strong>s plus importants et <strong>le</strong>s plus productifs.D’un autre côté, il semb<strong>le</strong> que cette situation ne changera pas grand-chose pour <strong>le</strong>s creuseurs et lapopulation loca<strong>le</strong>. Bien que la MMR ait certaines obligations socia<strong>le</strong>s, qui figurent dans <strong>le</strong> contratqu’el<strong>le</strong> a signé avec <strong>le</strong> ministère provincial des Mines, el<strong>le</strong> ne paraît pas en avoir fait sa priorité.Tout comme <strong>le</strong>s négociants, <strong>le</strong>s itinéraires commerciaux ont changé et excepté pour l’or, ils sontrelativement bien définis. Les minerais sont en général transportés par la route à Lubumbashi,en ce qui concerne la majeure partie de la production de cassitérite, ou à Ka<strong>le</strong>mie, dans <strong>le</strong> casdu coltan.Le secteur minier katangais diffère de celui des Kivu sur un point majeur : excepté une faib<strong>le</strong>présence des FDLR dans <strong>le</strong> nord-est de la province, il n’est pas victime d’interférences de la part degroupes armés. Néanmoins, <strong>le</strong>s incidents sur <strong>le</strong>s sites miniers sont chose courante et sont souventliés à la mauvaise conduite de soldats des FARDC ou d’autres agents armés.D’après ce qui a été <strong>rapport</strong>é plus haut, il est clair que <strong>le</strong>s compagnies internationa<strong>le</strong>s auront plusde facilités à faire des efforts de vérification préalab<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs opérations dans <strong>le</strong> Nord-Katangaque dans <strong>le</strong>s Kivu. Bien que certaines mines soient très isolées et que des problèmes de sécuritépersistent, une mise à l’essai dans un nombre important de sites miniers est tout à fait possib<strong>le</strong>.En outre, <strong>le</strong>s rares statistiques disponib<strong>le</strong>s indiquent que la production de minerais, notamment decoltan, est particulièrement importante dans la partie sud de l’arrière-pays des Kivu, ce qui constitueune motivation économique supplémentaire pour <strong>le</strong>s compagnies de contrô<strong>le</strong>r attentivement <strong>le</strong>urschaînes de production dans cette région et de la préserver de toute influence des autres régions.Un positionnement clair quant à la façon de gérer <strong>le</strong>s problèmes de violations des droits del’homme perpétrées par <strong>le</strong>s soldats de l’armée congolaise constitue cependant une condition sinequa non à une vérification préalab<strong>le</strong> crédib<strong>le</strong> des opérations.

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