Photo : Marvin T. Jones • Archives / ISPANAlbert Mangonès (1917 - 2002)Albert Mangonès est né à Port-au-Prince en 1917. Ilest le fils d’Edmond Mangonès, grand collectionneuret passionné d’histoire. Après ses études primaires etsecondaires à l’Institution Saint-Louis de Gonzaguedirigée par les Frères de l’Instruction Chrétienne, ilse rend en Belgique pour étudier l’agronomie. Il fréquenteles milieux intellectuels et artistiques et décidede changer de cap et de s’orienter de préférence versl’architecture. Il se rend par la suite aux États Uniset obtiendra son diplôme d’architecte à Cornell Universityet un premier prix de sculpture en 1942. Iltravailla à New-York et à Mexico City avant derevenir définitivement au pays.En plus de ses activités d’architecte il participe activement,avec Dewitt Peters, à la création en 1944du Centre d’Art qui sera à l’origine du rayonnementinternational de l’art haïtien.En 1948 il est nommé par le Président DumarsaisEstimé, Directeur général des travaux d’aménagementpour l’Exposition Universelle du bicentenairede la création de Port-au-Prince. Il réalise, à cetteoccasion, le Théâtre de Verdure Massillon-Coicou,qui fut construit en moins de trois semaines.De sa longue carrière d’architecte, on lui doit denombreux édifices d’architecture moderne intégrantdes éléments artistiques contemporains ou puisés dulangage populaire et traditionnel. Il s’intéresse à l’urbanismeet publie de nombreux articles de journauxsur Port-au-Prince, ses problèmes et son avenir.Au début des années 1960, il se voit confier l’exécution,sur la Place des Héros de l’Indépendance àPort-au-Prince, d’une sculpture en bronze en l’honneurdu “Marron Inconnu”. Cette statue est dévoiléeen 1967 et deviendra une œuvre mondialement connue.En 1989, elle fut choisie par l’Organisation desNations-Unies (ONU) pour figurer sur un timbreposte,d’une série de cinq, émis pour commémorer laDéclaration Universelle des Droits de l’Homme.En 1972, Albert Mangonès crée le Service Nationaldes Monuments et des Sites Historiques.Cet organisme privé, financé par l’État Haïtien sedonne pour tâche de préserver et de mettre en valeurles monuments historiques d’Haïti. Sous son impulsion,l’Etat haïtien transforme en 1979 ce serviceen l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National(ISPAN), organisme autonome technique chargé dela protection et de la mise en valeur des monuments etsites historiques d’Haïti. En plus de la restaurationde la Citadelle Henri du Palais de Sans-Souci et duSite fortifié de Ramiers, l’ISPAN, sous la directiond’Albert Mangonès, s’impliqua dans des travauxd’inventaire scientifique des monuments historiques,dans des fouilles archéologiques, notamment celle dePuerto-Real et du village de Guacanagaric dans le<strong>No</strong>rd d’Haïti, ainsi que dans des recherches dans lesarchives de France de documents relatifs à la périodecoloniale de Saint-Domingue.On doit également à Albert Mangonès le rapatriementen Haïti au milieu des années 1980 du portraitdu Roi Henri 1er, réalisé de son vivant en 1816 parle peintre anglais Richard Evans. Ce tableau est actuellementexposé au Musée du Panthéon NationalHaïtien.En 1984, il est honoré par la prestigieuse AmericanInstitute of Architecture pour son combat pourla sauvegarde de la Citadelle Henry. En 1999, ilcollabore à la Commission de Commémoration du250ème Anniversaire de la Fondation de Port-au-Prince, dont il fût le conseiller.Albert Mangonès meurt à Port-au-Prince le 25 avril2002.Le 12 décembre 2009, le Gouvernement de la Républiquefait de l’Architecte Albert Mangonès, GrandOfficier à titre posthume de l’Ordre national Honneuret Mérite.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 8 • 1er janvier 2010 • 6
Photo : Raphaëlle Castera • 2009Chroniquedes monuments et sites historiques d’HaïtiGala pour la Citadelle HenryDécoration pour Albert MangonèsLe samedi 12 décembre 2009 s’est tenueau Karibe Convention Center à Pétion-Villeune soirée de levée de fonds au profit de laCitadelle Henry, du Palais de Sans-Souci et duSite Fortifié de Ramiers. Cet événement quis’est déroulé en présence de plus de trois centpersonnes a été, de l’avis de nombreux participants,en tous points, réussi. Cette soirée or-ganisée pour présenter au public en général etaux entreprises haïtiennes ayant contribuéesà sa publication, le livre «La Citadelle Henry»réalisé par l’ISPAN et la firme de promotionLOGO+, marquait également le trentième anniversairede la création de l’Institut de Sauvegardedu Patrimoine National. Ce magnifiqueouvrage de 248 pages entièrement en couleurprésente le monument sous ses différents aspects,ainsi que l’extraordinaire collection debouches à feu du XVIIIe siècle qui s’y trouveexposé. Il est abondamment illustré de photostirées des archives de l’ISPAN ou réaliséespour le livre par Raphaelle Castera, Karine Rocourtet Daniel Elie.Après les propos de bienvenue de MmeMonique Rocourt, la dynamique directrice deLOGO+ et cheville ouvrière de toute cetteopération, le directeur général de l’ISPAN, M.Daniel Elie a tracé pour l’assistance un rappeldu parcourt et des réalisations de l’ISPAN, desa création, en 1979, à nos jours. Cette interventiona permis de souligner le rôle et les responsabilitéslégales de l’institution ainsi que leslacunes qui compromettent son évolution.Ce fut ensuite le tour de Sir John McAslande la McAslan Family Trust, qui au cours d’une• Mme la Ministre de la Culture Jocelyn-Lassègue remettant à Frédéric et à Georges Mangonès lecertificat “Honneur et Mérite” au grade de “Grand Officier”, décerné à titre posthume à leur pèrel’architecte Albert Mangonèsbrève intervention a, au nom de Son AltesseRoyale le Prince de Galles, transmis à l’ISPANses meilleures vœux à l’occasion de son trentièmeanniversaire et souhaité un vaste mouvementde solidarité et de la participation autourde la préservation et de la mise en valeur de laCitadelle Henry.Au nom du Ministre de la Culture et de laCommunication, Mme Magali Comeau-Denisprit ensuite la parole pour rappeler l’importancede l’ISPAN et le rôle jouer par AlbertMangonès dans le mouvement de préservationdes monuments historiques en Haïti. Puis,la Ministre de la Culture et de la Communication,Mme Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue,au nom du Gouvernement, remis à titre posthumele certificat “Honneur et Mérite” augrade de “Grand Officier” à l’Architecte AlbertMangonès pour son importante contribution àla sauvegarde du patrimoine historique d’Haïti.Un autre moment chargé d’émotion a étéla remise de plaques aux gardiens et techniciensde surface qui travaillent principalementà la Citadelle Henry depuis plus de trente ans.Ce fut l’occasion de rappeler que ces ouvriers,qui assurent dans des conditions toujours difficiles,les travaux quotidiens de nettoyage etd’entretien de la Citadelle, de Sans-Souci et deRamiers sont les véritables garants de l’intégritéde ces monuments qui, comme l’a soulignéMme Rocourt, malgré leur taille sont extrêmementfragiles. Toute la salle debout leur fit uneovation bien méritée.Avec la participation enthousiaste du public,un tombola et une vente aux enchèresfurent ensuite organisés grâce à la contributiond’artistes de renons et de plusieurs maisons decommerce de la place.Un ballet réalisé pour la circonstance parla chorégraphe Nicole Lumarque retraça ens’appuyant sur des textes tirés de la Tragédiedu Roi Christophe d’Aimé Césaire, l’épopée dela construction de la Citadelle Henry.Après un somptueux dîner où tous lesplats ont été nommés en référence aux monumentset sites historiques du <strong>No</strong>rd, la soirées’acheva dans la danse, avec l’animation musicaledu groupe Mizik-Mizik..Le Marché Hyppolite relevéGrâce à un financement obtenus du Ministèrede l’Economie et des Finances, l’ISPANa effectué durant le mois de novembre 2009les relevés architecturaux du Marché Hyppolite.Ce bâtiment en fer et fonte, emblématiquede la ville de Port-au-Prince, a subi d’importantsdommages au cours d’un incendie qui leravagea dans la nuit du 29 au 30 mai 2008.(Voir le <strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN <strong>No</strong> 2 - 1erjuillet 2009)Les dessins en plans, en coupes et desdétails de construction, les relevés topographiquespar station totale ont été réalisés, ainsiqu’une analyse de l’état de conservation dubâtiment. Parallèlement un relevé photographiquedétaillé et des enquêtes sur le fonctionnementactuel permettent de mieux cerner laproblématique actuelle du marché, ses besoinset son évolution.Un rapport en cours de finalisation permettrabientôt à l’ISPAN de disposer d’un do-• Elévation ouest du marché Vallière<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 8 • 1er janvier 2010 • 7Document ISPAN • 2009