BULLETIN DE L'ISPAN No 8.pdf - Numismondo

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président Vincent lança une souscription nationaleafin de réunir les fonds nécessaires. Destravaux furent réalisés sur de nombreux sites,tels : l’Esplanade de l’Intendance, construite en1750 et située à l’avant de la Cathédrale dePort-au-Prince, la Citadelle Henry, la chapelledu Palais de Sans-Souci, le Palais de la Belle-Rivière dit Palais aux 365-Portes, à la Petite Rivièrede l’Artibonite, la forteresse des Platonsà Dussis, près des Cayes et le Fort Alexandreà Fermathe. Ce souci pour le patrimoine historiquese manifesta également par des travauxd’archéologie sur des sites précolombiens menéspar des chercheurs haïtiens.C’est de cette époque, également, quedate notre première législation spécifiquesur «les monuments, ruines et souvenirs historiques,les immeubles ou objets mobiliers,sites et monuments présentant un caractèrearchéologique, historique, artistique ou autred’intérêt public.»La Loi Vincent, bien que très complète etavancée pour l’époque, ne fut pas appliquée:aucun inventaire ne fut réalisé, aucune liste officiellepubliée, la Commission des MonumentsHistoriques projetée ne vit jamais le jour...Néanmoins, la visite de certains monumentshistoriques prend une place importante dansles programmes de l’Éducation Nationale.Sous la présidence de Paul-Eugène Magloire(1950 – 1956), le programme de préservationet de valorisation continue sur lamême lancée de la Loi Vincent. Les travaux deconsolidation de la Citadelle Henry et du Palaisde Sans-Souci, interrompus durant une dizained’années seront rouverts; les ruines du Palaisde la Belle-Rivière sont aménagées en complexeadministratif; le Fort l’Islet, dans la baiede Port-au-Prince, est transformé en accueiltouristique; le site historique de Vertières, àl’entrée du Cap-Haïtien, est doté d’une statuemonumentale et agrémentée d’une promenade.Ces travaux sont réalisés principalementpar les ingénieurs des Travaux Publics.À la fin des années 50, les projets sontabandonnés et les dispositions légales oubliées.Les troubles politiques freinent brutalement ledéveloppement du tourisme et avec le mouvementde préservation et de mise en valeurdu patrimoine. Il a fallu attendre le début desannées 70 pour assister à une reprise du tourismeet à son corollaire : un regain d’intérêtpour le patrimoine historique.C’est dans cette nouvelle mouvance quel’Etat haïtien crèe l’Institut de Sauvegarde duPatrimoine National afin de donner à la conservationdu Patrimoine toute son autonomie,en tant que discipline à part entière. De cetteémancipation de la conservation du Patrimoine,Albert Mangonès croyait, à juste titre, que lesvaleurs que véhicule la Conservation du Patrimoinese situaient au-delà du commerce et del’industrie touristique. Selon lui, ces valeurs quevéhicule la conservation du Patrimoine sont en• Restauration de la Batterie Coidavidde la Citadelle HenryPhotos : Archives / ISPAN• Pose de la charpente de la Batterie Royale de la Citadelle HenryBULLETIN DE L’ISPAN • No 8 • 1er janvier 2010 • 2Photos : Archives / ISPAN

Photos : Archives / ISPAN• Restauration du fort Jacques à Fermathe (1979)• A. Mangonès et W. Hodges inspectant le chantierde fouilles archéologiques de Puerto-Real(Limonade, 1979)• Les plans du fort National construit en 1794 parles Anglais. Document retrouvé aux Archives de laMarien à Vincennes (France)tout premier lieu le renforcement de l’identiténationale autour d’une Histoire commune àtous les Haïtiens. Puis viennent les valeurs historiqueset culturelles que véhiculent les monumentshistoriques. Les valeurs cognitives dupatrimoine étaient pour lui également essentielles.Et, enfin, en toute évidence, les valeurséconomiques et sociales que peuvent générerune exploitation rationnelle et intelligente dece patrimoine devraient absolument être prisesen compte. Mais pour Albert Mangonès,au delà de ces considérations esthétiques,culturelles, techniques et économiques, la conservationdu patrimoine architectural « doittrouver sa véritable finalité dans la recherchede solutions aux problèmes humains soulevéspar les transformations brutales du milieu devie. Il s’agit de prendre conscience d’une communautéorganisée qui a le droit d’exister dansdes conditions décentes, qui doit s’épanouir etpour laquelle le Patrimoine doit rester l’un desprincipaux facteurs de cohésion sociale. »Dès sa création, l’ISPAN prit la relève destravaux de restauration de la Citadelle Henryet du Palais de Sans-Souci, commencé par leService de Conservation des Monuments historiques.Ces travaux consistaient essentiellementen la mise hors d’eau, la protection etla stabilisation de ces monuments historiques,avec l’assistance technique de l’UNESCO etun financement du PNUD et du Trésor Publichaïtien.L’ISPAN entreprit ces travaux sur desbases scientifiques, conformes aux normes internationales,avec une équipe pluridisciplinaireformée d’architectes, d’ingénieurs, certes, maiségalement de sociologues, d’archéologues, dechimistes spécialistes en la conservation dela pierre ou en la conservation de métaux,d’historiens, de photographes, de spécialistesen aménagement du territoire, maître-charpentiers,maître-maçons, etc. Bon nombre detechniciens ont pu être ainsi formés, aussi biensur le terrain qu’à des cours de spécialisationsdans des centres d’enseignement reconnus deconservation du patrimoine à l’étranger. Uneplace importante fût accordée aux investigationshistoriques et archéologiques pour unemeilleure interprétation de ces témoins muetsque sont les monuments historiques.En treize années de travaux titanesques,la Citadelle Henry et le Palais de Sans-Soucifurent mis hors de danger et sauvés d’une destructionirréversible. Ces travaux, qui devaientconstituer une première phase, s’achevèrenten 1993. Une belle aventure de l’Homme moderne,a-t-on pris l’habitude de qualifier cetteépopée.Parallèlement, l’ISPAN poursuivit, dèssa création en 1979, le premier inventairescientifique et objectif de monuments historiquesd’Haïti, projet initié un an plus tôt parl’Office National du Tourisme et des RelationsPubliques. Pour réaliser cet inventaire, AlbertMangonès s’entoura de jeunes fraichementsortis des écoles, qu’il attela à cette formidableet exaltante tâche. Albert Mangonès, dansson immense générosité, laissa une très largemarge de manœuvre à ces jeunes tout en lesencadrant, les encourageant et leur prodiguantde judicieux conseils basés sur sa très longueexpérience. L’équipe de l’Inventaire des MonumentsHistoriques entreprit de sillonner lepays à la recherche de ruines et de constructionsanciennes tout en se documentant dansles écrits d’historiens tels Madiou, Ardouin,Cabon, Debien, Marc Péan, Georges Corvingtonet autres ou des chroniques d’époque, duJournal de bord de Christophe Colomb auxdescription d’Edgard Laselve, en passant parles textes de Labat, de Moreau de Saint-Méryou de Descourtiltz.Les recherches en archives ne furent pasnégligées. L’équipe de l’inventaire fréquentarégulièrement la Bibliothèque Nationale, labibliothèque de Kurt Fisher, celle de Jean Fouchard,des Frères de l’Instruction Chrétienneoù notamment était déposé, à l’époque, lefonds documentaire Edmond-Mangonès.L’Inventaire des Monuments Historiquesentreprit également le rapatriement des carteset plans de la Colonie de Saint-Dominguedéposés aux Archives de la Marine de Franceet aux Archives de France Section Outre-Mer.Les expéditions de recherches scientifiquessur le terrain s’accompagnaient derelevés architecturaux et du remplissage defiches d’inventaire. Des rapports de synthèsesuivaient. Ainsi furent identifiés et documentés,• Restauration de la Barrière-Bouteille au Cap-Haïtien (1982)BULLETIN DE L’ISPAN • No 8 • 1er janvier 2010 • 3Photo : Archives / ISPAN

président Vincent lança une souscription nationaleafin de réunir les fonds nécessaires. Destravaux furent réalisés sur de nombreux sites,tels : l’Esplanade de l’Intendance, construite en1750 et située à l’avant de la Cathédrale dePort-au-Prince, la Citadelle Henry, la chapelledu Palais de Sans-Souci, le Palais de la Belle-Rivière dit Palais aux 365-Portes, à la Petite Rivièrede l’Artibonite, la forteresse des Platonsà Dussis, près des Cayes et le Fort Alexandreà Fermathe. Ce souci pour le patrimoine historiquese manifesta également par des travauxd’archéologie sur des sites précolombiens menéspar des chercheurs haïtiens.C’est de cette époque, également, quedate notre première législation spécifiquesur «les monuments, ruines et souvenirs historiques,les immeubles ou objets mobiliers,sites et monuments présentant un caractèrearchéologique, historique, artistique ou autred’intérêt public.»La Loi Vincent, bien que très complète etavancée pour l’époque, ne fut pas appliquée:aucun inventaire ne fut réalisé, aucune liste officiellepubliée, la Commission des MonumentsHistoriques projetée ne vit jamais le jour...Néanmoins, la visite de certains monumentshistoriques prend une place importante dansles programmes de l’Éducation Nationale.Sous la présidence de Paul-Eugène Magloire(1950 – 1956), le programme de préservationet de valorisation continue sur lamême lancée de la Loi Vincent. Les travaux deconsolidation de la Citadelle Henry et du Palaisde Sans-Souci, interrompus durant une dizained’années seront rouverts; les ruines du Palaisde la Belle-Rivière sont aménagées en complexeadministratif; le Fort l’Islet, dans la baiede Port-au-Prince, est transformé en accueiltouristique; le site historique de Vertières, àl’entrée du Cap-Haïtien, est doté d’une statuemonumentale et agrémentée d’une promenade.Ces travaux sont réalisés principalementpar les ingénieurs des Travaux Publics.À la fin des années 50, les projets sontabandonnés et les dispositions légales oubliées.Les troubles politiques freinent brutalement ledéveloppement du tourisme et avec le mouvementde préservation et de mise en valeurdu patrimoine. Il a fallu attendre le début desannées 70 pour assister à une reprise du tourismeet à son corollaire : un regain d’intérêtpour le patrimoine historique.C’est dans cette nouvelle mouvance quel’Etat haïtien crèe l’Institut de Sauvegarde duPatrimoine National afin de donner à la conservationdu Patrimoine toute son autonomie,en tant que discipline à part entière. De cetteémancipation de la conservation du Patrimoine,Albert Mangonès croyait, à juste titre, que lesvaleurs que véhicule la Conservation du Patrimoinese situaient au-delà du commerce et del’industrie touristique. Selon lui, ces valeurs quevéhicule la conservation du Patrimoine sont en• Restauration de la Batterie Coidavidde la Citadelle HenryPhotos : Archives / ISPAN• Pose de la charpente de la Batterie Royale de la Citadelle Henry<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 8 • 1er janvier 2010 • 2Photos : Archives / ISPAN

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