12.07.2015 Views

La pudeur est-elle devenue démodée? - Gouvernement du Québec

La pudeur est-elle devenue démodée? - Gouvernement du Québec

La pudeur est-elle devenue démodée? - Gouvernement du Québec

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

LA PUDEUR EST-ELLE DEVENUE DÉMODÉE ? ça sexprimeILA RELATION AU CORPS ET LA PUDEURÀ l’adolescence, la <strong>pudeur</strong> se vit essenti<strong>elle</strong>ment par la relation avecson corps et la découverte de sa sexualité (Germain, 1990 ; Robert, 2002 ;Roberts et Padgett-Yawn, 1998 ; Stagnara, 1998). Delaroche (2000) souligne quantà lui la difficulté pour l’adolescent d’accepter son nouveau corpssexué. Ce faisant, il ressentira une certaine gêne vis-à-vis de sonapparence physique, mais surtout vis-à-vis <strong>du</strong> regard des autres.Selon Delaroche, la peau <strong>est</strong> comme une frontière entre soi et lesautres. Aussi les changements physiologiques et psychologiques à lapuberté pourraient-ils amener les jeunes à devenir plus pudiques.<strong>La</strong> gêne des jeunes quant à leur apparence physique n’<strong>est</strong> pas sansrapport avec la honte qu’ils peuvent ressentir et leurs complexes.Comme on l’a souligné, un adolescent peut être pudique sans pourautant avoir honte de son corps. À l’inverse, il <strong>est</strong> fort possible qu’unadolescent ressente de la honte vis-à-vis de son corps; or avoir honteimplique une charge émotionn<strong>elle</strong> très angoissante qui peut provoquerde la souffrance (Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989). <strong>La</strong> honte corpor<strong>elle</strong> seprésente fréquemment chez le jeune comme le fait de ne pas aimerson corps, ou une partie précise de son corps (Dolto, 1989), et peut êtreliée à des distorsions quant à son image corpor<strong>elle</strong>. Concrètement,ce sentiment d’insatisfaction se manif<strong>est</strong>e lorsque la personne aune image <strong>du</strong> corps parfait et que cette image, qu’<strong>elle</strong> idéalise, necorrespond pas à son physique. Ce décalage peut provoquer del’angoisse, puisque la personne n’aura pas l’impression d’être b<strong>elle</strong>,d’être sé<strong>du</strong>isante : une situation à laqu<strong>elle</strong> l’identification des jeunesaux modèles féminins et masculins présents dans la société n’<strong>est</strong>certes pas étrangère (Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989). Or, les stéréotypesvéhiculés dans les médias correspondent à des critères de beauté quimettent l’accent sur la perfection <strong>du</strong> corps, ce qui <strong>est</strong> loin d’êtreréaliste. De plus, le rythme <strong>du</strong> développement pubertaire peut aussioccasionner de la honte. Les filles peuvent ne pas être satisfaites dela taille de leur poitrine, qu’<strong>elle</strong>s jugent peu ou trop développée; lesgarçons, quant à eux, s’inquiètent de la taille de leur pénis.En somme, c’<strong>est</strong> ce que l’on app<strong>elle</strong> avoir des complexes, complexesqui, en général, viennent des comparaisons avec le corps des autresjeunes et avec les modèles préconisés dans la société. Bref, avoir descomplexes vis-à-vis de son corps signifie ne pas aimer une partie deson corps (Fil Santé Jeunes, 2006), ce qui n’<strong>est</strong> pas synonyme de démontrerde la <strong>pudeur</strong>.LA RELATION À L’AUTRE ET LA PUDEURL’adolescence <strong>est</strong> une période marquée par le début des relationsamoureuses. Les garçons et les filles éprouvent leurs premièresattirances. Ils doivent donc apprendre à sé<strong>du</strong>ire la personne désirée,et ces premières tentatives d’approche de l’autre ne sont pas toujoursexemptes de maladresse. Prendre le risque d’avouer ses sentimentset son attirance signifie aussi prendre le risque d’essuyer un refus.Or, la peur <strong>du</strong> rejet et <strong>du</strong> ridicule <strong>est</strong> très présente chez les jeunes(Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989 ; Germain et <strong>La</strong>ngis, 1990 ; Robert, 2002). Faire preuve de<strong>pudeur</strong> dans l’expression de ses sentiments, c’<strong>est</strong> ne pas oser révélerce que l’on ressent pour l’autre, car c’<strong>est</strong> trop menaçant. <strong>La</strong> menaceréside dans le refus probable émis par l’autre, qui ébranle la confianceen soi et qui peut même blesser. Le désir de plaire et l’attirancesexu<strong>elle</strong> sont étroitement associés au besoin d’appartenance augroupe de pairs. Se faire rejeter n’<strong>est</strong> donc pas facile à vivre (Germainet <strong>La</strong>ngis, 1990). <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> devient donc un bouclier de protection enattendant de mieux connaître l’autre et ses sentiments.LES EXPÉRIENCES SEXUELLES ET LA PUDEURLes premières expériences sexu<strong>elle</strong>s peuvent être source de beaucoupd’angoisse pour les jeunes. Non seulement doivent-ils accepter leurnouv<strong>elle</strong> apparence corpor<strong>elle</strong>, mais encore doivent-ils exposerleur nudité et avoir des g<strong>est</strong>es sexuels. Plusieurs sont timides justedans leurs interactions avec les pairs, et font preuve de maladresse(Dolto, 1989 ; Robert, 2002). Alors comment peuvent-ils se sentir à l’aise etconfiants lorsqu’il s’agit de s’inv<strong>est</strong>ir dans la sexualité, voire d’utiliserun condom ? <strong>La</strong> rencontre sexu<strong>elle</strong> implique de se laisser aller, des’ouvrir à l’autre, de partager une intimité physique et émotionn<strong>elle</strong>,de découvrir ses désirs. Il n’<strong>est</strong> pas étonnant que l’inexpériencesexu<strong>elle</strong> et la peur de l’inconnu entraînent des craintes. D’ailleurs,les extraits <strong>du</strong> forum de Tel-jeunes présentés au tout début illustrentbien les différentes peurs des jeunes.TABLEAU 1<strong>La</strong> peur d’avoir mal.CRAINTES QUE PEUVENT SUSCITERLES PREMIÈRES EXPÉRIENCES SEXUELLESL’anxiété de performance et la peur de ne pas être à la hauteur(décevoir l’autre).<strong>La</strong> peur <strong>du</strong> rejet, de ne pas plaire et <strong>du</strong> ridicule.<strong>La</strong> peur de l’intimité, de dévoiler ses sentiments,ses désirs et ses appréhensions.L’angoisse de la nudité, <strong>du</strong> regard de l’autre.<strong>La</strong> difficulté de parler de sexualité et de contraception.LA PEUR DE NE PAS ÊTRE À LA HAUTEUR ET DE NE PAS PLAIRELe modèle de sexualité présenté dans la société reflète le culte de laperformance qui prévaut dans cette même société. Ce modèlepréconise une rencontre sexu<strong>elle</strong> axée sur la génitalité, qui doit êtreréussie à tout coup, où les deux partenaires atteignent nécessairementl’orgasme et nécessairement ensemble (Robert, 2005). Or, le contextedes premières expériences sexu<strong>elle</strong>s implique une part de découverte etd’apprentissage, donc de maladresse. Par conséquent, les jeunes risquentde ne pas se sentir à la hauteur et de craindre de ne pas savoir comments’y prendre. D’ailleurs, cette crainte transparaît fréquemment dansles qu<strong>est</strong>ions posées par les jeunes dans les divers forums. Elle setra<strong>du</strong>it par une certaine <strong>pudeur</strong>, qui fait que les jeunes n’osent paspartager leurs appréhensions avec leur partenaire. À cette craintepeut s’ajouter c<strong>elle</strong> de la réaction de l’autre (moqueries ou rejet) si laperformance qu’on croit atten<strong>du</strong>e n’<strong>est</strong> pas réalisée.4

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!