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La pudeur est-elle devenue démodée? - Gouvernement du Québec

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çasexprime10P R I N T E M P S | 2 0 0 8LE MAGAZINE DES INTERVENANTS MENANTDES ACTIVITÉS D’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉAUPRÈS DES JEUNES DU SECONDAIREune pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> ministère de la Santé et des Services sociaux <strong>du</strong> Québec,en collaboration avec l’Université <strong>du</strong> Québec à Montréal et de Tel-jeunes.LA PUDEUREST-ELLE DEVENUEDÉMODÉE ?PAR MIREILLE FAUCHERPOUR RECEVOIR LE MAGAZINE ÇA SEXPRIME SANS FRAIS, INSCRIVEZ-VOUS À : msss.gouv.qc.ca/itss/abonnementPOUR DONNER VOTRE OPINION SUR LE MAGAZINE, ALLEZ À : msss.gouv.qc.ca/itss/evaluation


LA PUDEUR EST-ELLE DEVENUE DÉMODÉE ? ça sexprimeIPEUR D’EMBRASSER MALBen je demande conseil parce que je voudrais sortir avec un gars. Je l’aime pis il m’aime, mais c’<strong>est</strong> que je vais devoirl’embrasser et je n’ai encore jamais embrassé de ma vie. Et en plus, j’ai des broches alors j’ai peur de tout rater et qu’il medise : tu « frenches » mal pis qu’il me laisse pour ça ! Aidez-moi ! (13 ans)MA PREMIÈRE FOISJ’ai un chum depuis un bon bout de temps et il faut qu’on fasse l’amour, mais je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur de ne pasêtre bonne et de lui déplaire et si je ne suis pas prête ???? Que dois-je faire ? (15 ans)PEUR DU REJETJ’ai un problème… il y a un gars qui m’intéresse. Il m’a déjà demandé si je l’aimais. Je lui ai répon<strong>du</strong> : je ne sais pas… maisau fond, je l’aime vraiment beaucoup. Je le trouve très sympa. Mais j’ai peur de lui avouer mes sentiments. Il <strong>est</strong> une personnequi <strong>est</strong> <strong>du</strong> genre cool… et moi… je ne sais pas si je vais bien avec lui. J’ai peur de me faire rejeter… j’ai peur de faire lespremiers pas… je ne sais pas quoi faire… il <strong>est</strong> t<strong>elle</strong>ment beau… Que dois-je faire ? (14 ans)çasexprimeN O 10, PRINTEMPS 2008CE MAGAZINE EST UNE COLLABORATION :<strong>du</strong> ministère de la Santé etdes Services sociaux <strong>du</strong> Québec- Direction des communications- Direction générale de santé publique• Richard Cloutier- Direction générale des services sociaux• Jacinthe Bonneaude l’Université <strong>du</strong> Québec à Montréal- Mireille Faucher, sexologue-é<strong>du</strong>catrice,étudiante à la maîtrise en sexologie- Francine Duquet,professeure au département de sexologieet de Tel-jeunes- Christine Turcotte, intervenante- Louise Blais, Directrice des servicesDesign graphique : Immaculæ conception graphiqueLes photographies contenues dans le présentmagazine ne servent qu’à illustrer les différentssujets abordés. Les personnages apparaissant sontdes figurants.Le magazine Ça sexprime <strong>est</strong> aussi disponibleen anglais sous le nom de The SexE<strong>du</strong>cator.Votre opinion sur le magazineVous êtes invités à répondre à quelques qu<strong>est</strong>ions surle magazine pour aider à en améliorer le contenu. Pource faire, allez à : www.msss.gouv.qc.ca/itss/evaluation,puis sélectionnez Magazine Ça sexprime.Pour obtenir les numéros précédents <strong>du</strong> magazineLes numéros précédents <strong>du</strong> magazine Ça sexprimesont disponibles en version électronique seulement,à : www.msss.gouv.qc.ca/itss onglet : documentation/pour les professionnels de l’é<strong>du</strong>cation/Le MagazineÇa sexprime.Dépôt légalBibliothèque et Archives nationales <strong>du</strong> Québec, 2008Bibliothèque et Archives Canada, 2008ISSN 1712-5782 (Version imprimée)ISSN 1718-5238 (Version PDF)Toute repro<strong>du</strong>ction totale ou parti<strong>elle</strong> de cedocument <strong>est</strong> autorisée, à condition quela source soit mentionnée.© <strong>Gouvernement</strong> <strong>du</strong> Québec, 2008LA TAILLE DU PÉNISBon moi j’ai 15 ans et j’ai encore un petit pénis. Et là je me demande si c’<strong>est</strong> normal car tous mes amis en ont des gros [je lesvois à la piscine (leur costume de bain moule)]. Donc à cause que j’ai un petit pénis, je ne veux pas avoir de blonde car <strong>elle</strong> varire de moi et je ne veux pas aller me baigner avec mes amis parce qu’ils vont s’en rendre compte.(extraits <strong>du</strong> Forum d’entraide de Tel-jeunes)Comment répondre à ces qu<strong>est</strong>ions tout en tentant de rassurer ces adolescents ? Les divers forums d<strong>est</strong>inésaux jeunes, comme le Forum d’entraide <strong>du</strong> site Internet de Tel-jeunes (adresse : www.teljeunes.com),permettent de constater jusqu’à quel point les adolescents sont préoccupés par leur corps (et sa normalité),les premières relations amoureuses et les premières expériences sexu<strong>elle</strong>s. Nombreuses sont les qu<strong>est</strong>ionsportant sur la manière d’entrer en relation avec l’autre, de communiquer, de sé<strong>du</strong>ire, ainsi que sur lesrapports sexuels en général. Ils cherchent des modes d’emploi : comment embrasser, comment faire unefellation, comment se passe la première fois, comment être à la hauteur. <strong>La</strong> peur <strong>du</strong> ridicule transparaîtclairement dans leurs propos. Ils cherchent aussi à savoir s’ils sont « normaux », tant dans leurs réactionsémotives que sur le plan physiologique. Peur, crainte, embarras sont les mots qu’ils utilisent pour décrirece qu’ils ressentent vis-à-vis de leur sexualité et de leurs relations amoureuses. Ces angoisses et cescraintes se rapportent à un phénomène bien précis : la <strong>pudeur</strong>. Mais qu’<strong>est</strong>-ce que la <strong>pudeur</strong> ? À l’heureoù certains médias présentent de plus en plus de contenu sexuel explicite et où d’autres semblentpréconiser la performance sexu<strong>elle</strong>, qu<strong>elle</strong> <strong>est</strong> la place de la <strong>pudeur</strong> dans la sexualité adolescente ?POURQUOI PARLER DE PUDEUR ?Comme les jeunes sont bombardés d’informations et d’images privilégiant une sexualité de performance etsa représentation explicite (ex. : sexe dans Internet), il <strong>est</strong> important de les aider à comprendre le rôle dela <strong>pudeur</strong> dans leur sexualité. <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> en quelque sorte l’antenne intérieure qui permet à l’adolescentde découvrir ses limites, ses peurs et ses angoisses. Elle lui permet de respecter son intégrité physique etmentale lorsqu’il <strong>est</strong> dans un contexte d’intimité avec l’autre (De Rausas, 1997). <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> peut notammentsignifier au jeune qu’il n’<strong>est</strong> pas à l’aise avec l’autre ou qu’il n’<strong>est</strong> pas prêt à avoir des g<strong>est</strong>es sexuels. Ellelui permet de discerner ses zones d’inconfort. Mais le jeune y portera-t-il attention ? Les enseignants oules intervenants pourront à tout le moins aider les adolescents en ce sens.D’abord, pourquoi ne pas enseigner ce qu’<strong>est</strong> la <strong>pudeur</strong> en partant de la notion de respect ? Si l’adolescent<strong>est</strong> en mesure de déceler ses peurs, il pourra réfléchir à l’importance <strong>du</strong> respect de ses limites, ce quinécessite au préalable une capacité d’affirmation de soi. Plusieurs ont de la difficulté à partager leursémotions et leurs craintes, d’où la pertinence d’aborder avec eux la <strong>pudeur</strong> et le respect de ses limites.Puisque, en tant qu’enseignants ou intervenants, vous fréquentez les jeunes dans un de leurs milieux clésde socialisation, vous avez un rôle privilégié. Vous avez la possibilité de recevoir leurs confidences, maisaussi d’intervenir sur leurs propos et leurs comportements. Les différentes activités pédagogiques présentéesici vous aideront à les outiller.AbonnementLes personnes intéressées à recevoir gratuitement le magazineÇa sexprime peuvent s’abonner en allant à : msss.gouv.qc.ca/itss/abonnement


QU’EST-CE QUE LA PUDEUR ?<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> a plusieurs visages, connaît plusieurs acceptions, etvoisine des concepts comme la honte, l’im<strong>pudeur</strong>, la pruderie.LA PUDEURSelon Inès Pélissié De Rausas, l’auteure de <strong>La</strong><strong>pudeur</strong>, le désir et l’amour (1997), <strong>pudeur</strong> tireson origine <strong>du</strong> latin pudorem qui signifiehonte. Ainsi, la <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> souvent définiecomme la honte de son corps ou la honted’une action. Toujours selon De Raussas, <strong>elle</strong>renvoie aussi au respect de soi et de l’autre.Dans son Dictionnaire de la langue française,publié au XIX e siècle, Littré définit la <strong>pudeur</strong>comme une « honte honnête causée parl’appréhension de ce qui peut blesser » ladécence, la mod<strong>est</strong>ie, l’honnêteté. Il l’apparenteégalement à une sorte « de retenue […] quiempêche de dire, d’entendre ou de fairecertaines choses » susceptibles de causer del’embarras. Cette seconde définition de Littré sort clairement <strong>du</strong>contexte de la seule honte <strong>du</strong> corps, pour adjoindre à <strong>pudeur</strong> lanotion de respect des autres et des valeurs présentes dans la société.LA PUDEUR LIÉE À LA SEXUALITÉPour définir la <strong>pudeur</strong> liée à la sexualité, Jocelyne Robert (2005 : 39)reprend cette idée de retenue dans son ouvrage Le sexe en mal d’amour :« Qu’<strong>est</strong>-ce que la <strong>pudeur</strong> sexu<strong>elle</strong> sinon une sorte de barrage ? Unedigue, une réserve, une retenue. <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> sert à contenir pour untemps, à réserver et à préserver le flot libidinal. »<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> aussi définie comme étant l’expression d’un sentimentde gêne et de honte qu’on peut éprouver en observant, en faisant ouen envisageant des actes de nature sexu<strong>elle</strong> (Bologne, 1986). Cette gênepeut amener à vouloir cacher son corps et à garder ses sentimentspour soi (Débarède et Santiveri, 1996). Ces auteurs ajoutent l’aspect de ladignité humaine, lequel exige le respect de l’intégrité physique etémotionn<strong>elle</strong> d’une personne. Ils soulignent également que la <strong>pudeur</strong>a toujours été présente dans l’histoire de l’humanité, qu’<strong>elle</strong> a prisdiverses formes, et ce, qu<strong>elle</strong>s que soient les cultures.LA HONTE<strong>La</strong> honte <strong>est</strong> liée au fait de ne pas aimer son corps et, conséquemment,de ne pas vouloir le dévoiler. <strong>La</strong> honte semble souvent reliée à la<strong>pudeur</strong> (Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989), quand les deux termes ne sont pasconsidérés comme des synonymes. Toutefois, une personne peut trèsbien être pudique sans pour autant ressentir de honte (Delaroche, 2000 ;De Rausas, 1997 ; Dolto, 1989). Concrètement, une adolescente ou unadolescent peuvent être gênés de se dévêtir devant les autres, doncêtre pudiques, sans pour autant avoir honte de leur corps.L’IMPUDEURMaintenant que la notion de <strong>pudeur</strong> a été précisée, il devient plusfacile de définir l’im<strong>pudeur</strong>. Le Petit <strong>La</strong>rousse illustré (2003) en donnel’acception suivante : « Manque de <strong>pudeur</strong> physique, de retenue ;indécence. Manque de <strong>pudeur</strong> morale, de discrétion dans la manif<strong>est</strong>ationdes sentiments. »L’im<strong>pudeur</strong> peut également être définie comme étant la banalisationde l’expérience <strong>du</strong> corps. En ce sens, <strong>elle</strong> consisterait en une attitudevolontaire de dévoilement <strong>du</strong> corps afin de provoquer le désir(De Rausas, 1997).Q u ’ e s t - c e q u e l a p u d e u rs e x u e l l e s i n o n u n e s o r t e d eb a r r a g e ? U n e d i g u e , u n er é s e r v e , u n e r e t e n u e . L a p u d e u rs e r t à c o n t e n i r p o u r u n t e m p s ,à r é s e r v e r e t à p r é s e r v e r l ef l o t l i b i d i n a l . (Jocelyne Robert, 2005 : 39)LA PRUDERIE<strong>La</strong> pruderie <strong>est</strong> un synonyme de la pudibonderie, deux termessignifiant : « Affectation d’une <strong>pudeur</strong> excessive » (Littré, 1987). Bref,une personne prude ou pudibonde rejette toutce qui <strong>est</strong> à caractère sexuel et ce qui la rendmal à l’aise.LA PUDEUR À L’ADOLESCENCEIl convient d’abord de préciser que la <strong>pudeur</strong>n’<strong>est</strong> pas un sentiment propre à l’adolescence.L’apprentissage de la <strong>pudeur</strong> se fait dèsl’enfance par l’intermédiaire des parents.Cet apprentissage se fait de pair avec ladécouverte progressive de la sexualité, laqu<strong>elle</strong>s’établit à l’intérieur des limites imposées parles parents en ce qui a trait à leur intimité età c<strong>elle</strong> de l’enfant (Bonnet, 2003). <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> nedisparaît pas après l’adolescence, ni même àl’âge a<strong>du</strong>lte ; en somme <strong>elle</strong> se manif<strong>est</strong>etoute la vie, mais à des degrés divers selon lesindivi<strong>du</strong>s (Bonnet, 2003 ; Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989).L’adolescence a toutefois ceci de particulier qu’<strong>elle</strong> <strong>est</strong> une périodetumultueuse : c<strong>elle</strong> de nombreux changements physiologiques etpsychologiques. Ce passage de l’enfance à l’âge a<strong>du</strong>lte <strong>est</strong> marquépar le phénomène de la puberté, qui exige des adolescentsd’accepter leur nouveau corps sexué et leur nouv<strong>elle</strong> image corpor<strong>elle</strong>,ce qui n’<strong>est</strong> pas toujours évident. C’<strong>est</strong> également à l’adolescenceque les indivi<strong>du</strong>s découvrent leur sexualité et qu’ils font, pour laplupart, leurs premières expériences sexu<strong>elle</strong>s. Ainsi, avec l’apprivoisementde leur nouveau corps, la découverte <strong>du</strong> désir et de leursensualité, les adolescents éprouveront denouv<strong>elle</strong>s sensations. Leurs pulsionssexu<strong>elle</strong>s peuvent entraîner diverssentiments qui évolueront avec letemps, comme la satisfaction oula honte, l’angoisse, la peur, ledéni et la souffrance (Winaver, 2002).3


LA PUDEUR EST-ELLE DEVENUE DÉMODÉE ? ça sexprimeILA RELATION AU CORPS ET LA PUDEURÀ l’adolescence, la <strong>pudeur</strong> se vit essenti<strong>elle</strong>ment par la relation avecson corps et la découverte de sa sexualité (Germain, 1990 ; Robert, 2002 ;Roberts et Padgett-Yawn, 1998 ; Stagnara, 1998). Delaroche (2000) souligne quantà lui la difficulté pour l’adolescent d’accepter son nouveau corpssexué. Ce faisant, il ressentira une certaine gêne vis-à-vis de sonapparence physique, mais surtout vis-à-vis <strong>du</strong> regard des autres.Selon Delaroche, la peau <strong>est</strong> comme une frontière entre soi et lesautres. Aussi les changements physiologiques et psychologiques à lapuberté pourraient-ils amener les jeunes à devenir plus pudiques.<strong>La</strong> gêne des jeunes quant à leur apparence physique n’<strong>est</strong> pas sansrapport avec la honte qu’ils peuvent ressentir et leurs complexes.Comme on l’a souligné, un adolescent peut être pudique sans pourautant avoir honte de son corps. À l’inverse, il <strong>est</strong> fort possible qu’unadolescent ressente de la honte vis-à-vis de son corps; or avoir honteimplique une charge émotionn<strong>elle</strong> très angoissante qui peut provoquerde la souffrance (Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989). <strong>La</strong> honte corpor<strong>elle</strong> seprésente fréquemment chez le jeune comme le fait de ne pas aimerson corps, ou une partie précise de son corps (Dolto, 1989), et peut êtreliée à des distorsions quant à son image corpor<strong>elle</strong>. Concrètement,ce sentiment d’insatisfaction se manif<strong>est</strong>e lorsque la personne aune image <strong>du</strong> corps parfait et que cette image, qu’<strong>elle</strong> idéalise, necorrespond pas à son physique. Ce décalage peut provoquer del’angoisse, puisque la personne n’aura pas l’impression d’être b<strong>elle</strong>,d’être sé<strong>du</strong>isante : une situation à laqu<strong>elle</strong> l’identification des jeunesaux modèles féminins et masculins présents dans la société n’<strong>est</strong>certes pas étrangère (Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989). Or, les stéréotypesvéhiculés dans les médias correspondent à des critères de beauté quimettent l’accent sur la perfection <strong>du</strong> corps, ce qui <strong>est</strong> loin d’êtreréaliste. De plus, le rythme <strong>du</strong> développement pubertaire peut aussioccasionner de la honte. Les filles peuvent ne pas être satisfaites dela taille de leur poitrine, qu’<strong>elle</strong>s jugent peu ou trop développée; lesgarçons, quant à eux, s’inquiètent de la taille de leur pénis.En somme, c’<strong>est</strong> ce que l’on app<strong>elle</strong> avoir des complexes, complexesqui, en général, viennent des comparaisons avec le corps des autresjeunes et avec les modèles préconisés dans la société. Bref, avoir descomplexes vis-à-vis de son corps signifie ne pas aimer une partie deson corps (Fil Santé Jeunes, 2006), ce qui n’<strong>est</strong> pas synonyme de démontrerde la <strong>pudeur</strong>.LA RELATION À L’AUTRE ET LA PUDEURL’adolescence <strong>est</strong> une période marquée par le début des relationsamoureuses. Les garçons et les filles éprouvent leurs premièresattirances. Ils doivent donc apprendre à sé<strong>du</strong>ire la personne désirée,et ces premières tentatives d’approche de l’autre ne sont pas toujoursexemptes de maladresse. Prendre le risque d’avouer ses sentimentset son attirance signifie aussi prendre le risque d’essuyer un refus.Or, la peur <strong>du</strong> rejet et <strong>du</strong> ridicule <strong>est</strong> très présente chez les jeunes(Delaroche, 2000 ; Dolto, 1989 ; Germain et <strong>La</strong>ngis, 1990 ; Robert, 2002). Faire preuve de<strong>pudeur</strong> dans l’expression de ses sentiments, c’<strong>est</strong> ne pas oser révélerce que l’on ressent pour l’autre, car c’<strong>est</strong> trop menaçant. <strong>La</strong> menaceréside dans le refus probable émis par l’autre, qui ébranle la confianceen soi et qui peut même blesser. Le désir de plaire et l’attirancesexu<strong>elle</strong> sont étroitement associés au besoin d’appartenance augroupe de pairs. Se faire rejeter n’<strong>est</strong> donc pas facile à vivre (Germainet <strong>La</strong>ngis, 1990). <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> devient donc un bouclier de protection enattendant de mieux connaître l’autre et ses sentiments.LES EXPÉRIENCES SEXUELLES ET LA PUDEURLes premières expériences sexu<strong>elle</strong>s peuvent être source de beaucoupd’angoisse pour les jeunes. Non seulement doivent-ils accepter leurnouv<strong>elle</strong> apparence corpor<strong>elle</strong>, mais encore doivent-ils exposerleur nudité et avoir des g<strong>est</strong>es sexuels. Plusieurs sont timides justedans leurs interactions avec les pairs, et font preuve de maladresse(Dolto, 1989 ; Robert, 2002). Alors comment peuvent-ils se sentir à l’aise etconfiants lorsqu’il s’agit de s’inv<strong>est</strong>ir dans la sexualité, voire d’utiliserun condom ? <strong>La</strong> rencontre sexu<strong>elle</strong> implique de se laisser aller, des’ouvrir à l’autre, de partager une intimité physique et émotionn<strong>elle</strong>,de découvrir ses désirs. Il n’<strong>est</strong> pas étonnant que l’inexpériencesexu<strong>elle</strong> et la peur de l’inconnu entraînent des craintes. D’ailleurs,les extraits <strong>du</strong> forum de Tel-jeunes présentés au tout début illustrentbien les différentes peurs des jeunes.TABLEAU 1<strong>La</strong> peur d’avoir mal.CRAINTES QUE PEUVENT SUSCITERLES PREMIÈRES EXPÉRIENCES SEXUELLESL’anxiété de performance et la peur de ne pas être à la hauteur(décevoir l’autre).<strong>La</strong> peur <strong>du</strong> rejet, de ne pas plaire et <strong>du</strong> ridicule.<strong>La</strong> peur de l’intimité, de dévoiler ses sentiments,ses désirs et ses appréhensions.L’angoisse de la nudité, <strong>du</strong> regard de l’autre.<strong>La</strong> difficulté de parler de sexualité et de contraception.LA PEUR DE NE PAS ÊTRE À LA HAUTEUR ET DE NE PAS PLAIRELe modèle de sexualité présenté dans la société reflète le culte de laperformance qui prévaut dans cette même société. Ce modèlepréconise une rencontre sexu<strong>elle</strong> axée sur la génitalité, qui doit êtreréussie à tout coup, où les deux partenaires atteignent nécessairementl’orgasme et nécessairement ensemble (Robert, 2005). Or, le contextedes premières expériences sexu<strong>elle</strong>s implique une part de découverte etd’apprentissage, donc de maladresse. Par conséquent, les jeunes risquentde ne pas se sentir à la hauteur et de craindre de ne pas savoir comments’y prendre. D’ailleurs, cette crainte transparaît fréquemment dansles qu<strong>est</strong>ions posées par les jeunes dans les divers forums. Elle setra<strong>du</strong>it par une certaine <strong>pudeur</strong>, qui fait que les jeunes n’osent paspartager leurs appréhensions avec leur partenaire. À cette craintepeut s’ajouter c<strong>elle</strong> de la réaction de l’autre (moqueries ou rejet) si laperformance qu’on croit atten<strong>du</strong>e n’<strong>est</strong> pas réalisée.4


LA PEUR D’AVOIR MALET L’ANGOISSE DE LA NUDITÉ<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> joue un rôle très important au regard de l’intimité dans lespremières expériences sexu<strong>elle</strong>s des adolescents. L’intimité impliquele partage des émotions, des désirs et des craintes. L’une des craintesdes filles <strong>est</strong> d’avoir mal et d’avoir des saignements au cours de lapremière relation sexu<strong>elle</strong> avec pénétration vaginale (Robert, 2002 ;Winaver, 2002). Cette peur <strong>est</strong> très présente et bien souvent, <strong>elle</strong>signorent comment en parler avec leur partenaire. Les garçons, quantà eux, craignent de faire mal à leur copine, mais n’en parlent pas nonplus. Pour les garçons comme pour les filles, cela s’explique par lagêne d’avouer à l’autre sa virginité.De même, l’angoisse de la nudité touche autant les filles que lesgarçons. En se dénudant devant l’autre, on se rend vulnérable : cettesituation suppose une grande intimité car on <strong>est</strong> alors sans protectionen face de l’autre et de son regard. Si par surcroît l’adolescent n’<strong>est</strong>pas encore tout à fait à l’aise avec son nouveau corps sexué et qu’ila des complexes, l’éventualité de la nudité devient très angoissante.Ici, la <strong>pudeur</strong> permet au jeune de savoir où se situent ses limites.C’<strong>est</strong> en respectant ses limites que le jeune pourra apprendre gra<strong>du</strong><strong>elle</strong>mentà apprivoiser l’angoisse de sa nudité. <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> l’amènera fortprobablement à prendre davantage son temps dans ses expériencessexu<strong>elle</strong>s. Or c’<strong>est</strong> par l’exploration mutu<strong>elle</strong> de leurs corps et de ce quileur procure <strong>du</strong> plaisir que les deux jeunes partenaires apprendront àse connaître, à se faire confiance (Robert, 2002 ; Stagnara, 1998). L’avantaged’apprivoiser sa <strong>pudeur</strong> et c<strong>elle</strong> de l’autre, c’<strong>est</strong> de créer une relationintime basée sur le respect et la confiance. Une t<strong>elle</strong> intimité pourra aiderle jeune à mieux juguler son angoisse quant à sa nudité, entre autres.LA PEUR DE L’INTIMITÉ, DE DÉVOILER SES SENTIMENTSET DE PARLER DE SEXUALITÉSelon Badeau (1998 : 257), l’intimité « se caractérise comme une zonede soi-même qui se constitue à l’abri <strong>du</strong> regard des autres et que l’ondévoile seulement de son plein gré ». Et pour se dévoiler à l’autre,pour avouer ses sentiments, ses désirs et ses craintes, il faut faireconfiance à l’autre; pour en arriver à une intimité avec une autrepersonne, les adolescents doivent d’abord pouvoir se sentir à l’aise dese confier. Dans cette optique, les deux partenaires doivent fairepreuve de respect et d’écoute l’un envers l’autre. Pour faciliter cepartage entre deux personnes, il serait fort utile d’aider les jeunes àmieux communiquer. Pourquoi <strong>est</strong>-ce si difficile de parler de sexualité ?<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> et la gêne empêchent parfois les adolescents d’avoir unediscussion franche sur ce qu’ils ressentent et souhaitent, sur la contraception,les méthodes de protection et le passé sexuel de chacun(Robert, 2002). Pour mieux outiller les jeunes dans la manière decommuniquer avec leur partenaire, Jocelyne Robert (2002 : 117) proposeune communication verbale en trois étapes (voir le tableau 2).TABLEAU 2ÉLÉMENTS D’UNE COMMUNICATION1. Ce que l’on veut dire (intention).2. Ce que l’on dit et comment on le dit (mise en forme).3. Ce que l’autre comprend (interprétation).Cette communication représente une b<strong>elle</strong> façon de réagir à unesituation qui suscite un malaise et ainsi de gérer progressivement sa<strong>pudeur</strong> personn<strong>elle</strong> 1 .L’ÉDUCATION DES JEUNES À LA SEXUALITÉ PAR LES INTERVENANTSET LES ENSEIGNANTS<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> un aspect naturel, normal et indispensable audéveloppement psychosexuel, dans la mesure où par <strong>elle</strong>, la personnefixe ses propres limites à ne pas transgresser (Brenot, 2004 ; Bologne, 1986).Ainsi un adolescent peut être mal à l’aise de révéler à ses amis qu’il<strong>est</strong> amoureux; par <strong>pudeur</strong> il taira ses sentiments, afin d’éviter de vivreun moment de gêne ou d’angoisse. Cela dit, les intervenants et lesenseignants doivent parfois passer outre leur propre <strong>pudeur</strong> et c<strong>elle</strong>des jeunes pour faire de la prévention en matière de sexualité. C’<strong>est</strong>par exemple nécessaire lorsqu’il faut utiliser un vocabulaire adéquatet pour parler ouvertement des différents modes de transmission desinfections. Ils doivent néanmoins tenir compte <strong>du</strong> fait que les jeunesn’ont pas toujours le choix de recevoir une é<strong>du</strong>cation à la sexualité,et que ce sujet peut provoquer chez eux de la gêne. Aussi veillera-t-onà respecter au mieux les limites personn<strong>elle</strong>s des jeunes. Les intervenantset les enseignants doivent aussi pouvoir cibler leurs propreszones de malaise quant à la sexualité avant d’aborder le sujet avecles adolescents. Parler de sexualité n’<strong>est</strong> pas toujours facile, car c’<strong>est</strong>un sujet délicat qui touche l’intimité des gens (Stagnara, 1998).Cependant les jeunes risquent fort de s’apercevoir <strong>du</strong> malaise desintervenants. Avouer ce malaise, le partager avec les jeunes peut doncs’avérer la meilleure stratégie ; ce faisant, on leur montre égalementque les a<strong>du</strong>ltes aussi éprouvent de la <strong>pudeur</strong>, et que c<strong>elle</strong>-ci <strong>est</strong> normale.Cela peut par ailleurs constituer une b<strong>elle</strong> occasion d’intro<strong>du</strong>ire dansla discussion l’aspect <strong>du</strong> respect de soi et <strong>du</strong> respect des autres, touten n’empêchant pas une é<strong>du</strong>cation à la sexualité adéquate et explicite.FAIRE PREUVE DE PUDEURCe n’<strong>est</strong> pas tout de parler de la place de la <strong>pudeur</strong> à l’adolescence ;encore les jeunes doivent-ils savoir ce que signifie faire preuve de<strong>pudeur</strong>. Faire preuve de <strong>pudeur</strong> implique de respecter les normessociales (ce qui <strong>est</strong> décent et acceptable), mais aussi de respecterses limites et c<strong>elle</strong>s des autres. Cela se tra<strong>du</strong>it concrètement deplusieurs manières. Puisqu’on <strong>est</strong> dans un contexte d’é<strong>du</strong>cation à lasexualité, on pourrait aborder la <strong>pudeur</strong> par une réflexion sur laportée <strong>du</strong> langage dans la façon de parler de sexualité. L’utilisationd’un langage vulgaire peut heurter la sensibilité d’une personne, pourqui certains mots ont une connotation méprisante. Le respect del’autre, c’<strong>est</strong> aussi le respect de l’intimité partagée. Dans ce cas, onfera preuve de <strong>pudeur</strong> en s’abstenant de divulguer des détails sur lesconfidences de l’autre, sur le couple et sur les expériences vécuesensemble. <strong>La</strong> qu<strong>est</strong>ion de l’intimité partagée peut constituer unthème intéressant pour amener les jeunes à comprendre l’importancede la <strong>pudeur</strong>.<strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> une notion qui a toujours été présente dans l’histoiredes sociétés. Elle permet de reconnaître les limites personn<strong>elle</strong>sd’une personne. Ces limites servent à préserver l’intégrité physiqueet émotionn<strong>elle</strong> d’une personne en lui évitant l’angoisse et la honte.Toutefois la société québécoise actu<strong>elle</strong>, où les divers médiasbombardent les indivi<strong>du</strong>s de représentations explicites de la sexualité,ne semble guère accorder de place à la <strong>pudeur</strong>. C’<strong>est</strong> pourquoi ilimporte qu’intervenants et enseignants abordent cette notion avec lesjeunes. <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> permet notamment d’aborder les craintes desjeunes au regard de leur sexualité (certaines tout à fait légitimes) etde leurs expériences amoureuses, donc de traiter de la dimensionpsychoaffective. Bien que la <strong>pudeur</strong> ne se limite pas au domaine dela sexualité, ce sujet préoccupe grandement les adolescents. Aussiles activités proposées ici visent-<strong>elle</strong>s la sensibilisation à l’importance<strong>du</strong> respect des limites personn<strong>elle</strong>s dans les relations amoureuses,donc <strong>du</strong> respect de sa <strong>pudeur</strong> et de c<strong>elle</strong> des autres.1. On pourra consulter aussi le site Internet www.masexualite.ca, section Trucs utiles, qui contient informations et conseils sur la manière de parler de sexualité et de contraception avec un partenaire, les parents et des professionnels en santé.L’information devra certes être adaptée, cependant <strong>elle</strong> <strong>est</strong> claire et détaillée. Dans la foulée, il serait intéressant et pertinent de susciter chez les jeunes une réflexion sur la difficulté à parler de prévention des ITSS et de la grossesse.5


TABLEAU 3 QUESTIONNAIRE « SUIS-JE PUDIQUE ?»Indique, par les chiffres 1 à 4, ton degré de confort ou d’inconfort pour chacun des énoncés.1 = pas <strong>du</strong> tout à l’aise2 = plus ou moins à l’aise3 = assez à l’aise4 = totalement à l’aiseSi présentement tu n’as pas de chum ou de blonde, réponds aux qu<strong>est</strong>ions en fonction d’unerelation passée ou en t’imaginant que tu es dans une relation (comment te sentirais-tu si tuétais dans une relation ?).Sexe <strong>du</strong> répondant Fille GarçonA. Me promener en sous-vêtements devant mes parents. ____B. Me changer devant les autres dans le v<strong>est</strong>iaire sportif de l’école. ____C. <strong>La</strong>isser la porte ouverte lorsque je vais à la salle de bain chez moi,pour utiliser les toilettes.____D. Poser des qu<strong>est</strong>ions sur la sexualité à mes parents. ____E. Parler de sexualité avec mes amis. ____F. Regarder une scène d’intimité présentée dans un film (ex. : deux personnesse déclarent leur amour, un couple danse sur une musique romantique, etc.). ____G. Raconter à mon meilleur ami ou à ma meilleure amie commentmon chum ou ma blonde embrasse.____H. Aller acheter des condoms dans une pharmacie. ____I. Parler ouvertement de contraception avec mon chum ou ma blonde. ____J. Me déshabiller devant mon chum ou ma blonde. ____RésultatsAdditionne les chiffres de chacune des qu<strong>est</strong>ions afin d’obtenir le résultat global.10 : je suis pudique en général.Entre 11 et 20 : je suis pudique dans plusieurs situations.Entre 21 et 30 : je suis pudique seulement dans certaines situations.Entre 31 et 40 : je suis rarement pudique.Les résultats de ce qu<strong>est</strong>ionnaire sont à titre indicatif. Ils ne peuvent être généralisés à l’ensemblede ta personnalité car les qu<strong>est</strong>ions n’ont pas été validées par une recherche scientifique.7


LA PUDEUR EST-ELLE DEVENUE DÉMODÉE ? ça sexprimeICe type d’activité ne vise pas à placerles jeunes dans une situation humiliante,mais bien à créer un contexte d’apprentissage concret.Il sera alors plus facile de les conscientiserà cette notion et à c<strong>elle</strong> des limites indivi<strong>du</strong><strong>elle</strong>scar ils auront peut-être ressenti de la gêne ou unmalaise à être dans une t<strong>elle</strong> proximité avec un autre jeune.ACTIVITÉ 2<strong>La</strong> danse en coupleDURÉE50 minutes1Trouver une personne qui pourra enseignerune danse en couple (tango, danses latines).Le cours de danse en couple peut êtreremplacé par un cours d’arts martiaux ou uncours de réanimation. Dans tous les cas lebut demeure le même, soit placer les jeunesdans un contexte de proximité avec uneautre personne et leur faire ressentir cequ’<strong>est</strong> la <strong>pudeur</strong>. Il importe surtout quel’activité se réalise à deux et qu’<strong>elle</strong> demandeune grande proximité.Prévoir un local assez grand et une chaîn<strong>est</strong>éréo pour faire jouer de la musique (aubesoin).2SERVICES ÉDUCATIFSCOMPLÉMENTAIRESServices d’animation sur les planssportif, culturel et social.Demander aux jeunes de se placer en équipede deux (équipes mixtes ou non mixtes).Mentionner qu’il arrive, dans les cours dedanse (dans les cours d’arts martiaux, dansles cours de réanimation) que des personnesde même sexe doivent pratiquer ensemble.(5 minutes)Le professeur explique les rudiments et lespas de la danse (les techniques d’arts martiauxou les techniques de réanimation).(20 minutes)Faire pratiquer les jeunes pendant 20 à 25minutes.3COMPÉTENCES TRANSVERSALESActualiser son potentiel, coopérer,communiquer de façon appropriée.Revenir en grand groupe pour une discussion.Qu<strong>est</strong>ions proposées :• Comment avez-vous trouvé cette expérience ?• Qu’avez-vous trouvé difficile dansla danse en couple (dans la pratiqueavec un ou une partenaire) ?• Était-ce facile de se trouverun ou une partenaire ? En quoi ?• Que vous apprend l’expériencesur votre propre <strong>pudeur</strong> ?OBJECTIF PARTICULIERFaire vivre aux jeunes une expérienceoù ils pourront ressentir de la <strong>pudeur</strong>.EXEMPLE D’ANIMATIONUne situation de proximité avec une autrepersonne implique des odeurs, des sensations,des contacts visuels et même des contactsphysiques. Parfois c’<strong>est</strong> facile, et parfois non.Cela dépend des situations et des personnes.<strong>La</strong> proximité demande une période d’adaptation,c’<strong>est</strong>-à-dire une période où on <strong>est</strong>moins à l’aise (on <strong>est</strong> gêné, on ressent de la<strong>pudeur</strong>) et une période où on découvre l’autre.Ainsi dans la danse, on apprend à bouger àdeux, à partager son espace avec l’autre, às’entendre sur les pas et sur qui con<strong>du</strong>it ladanse.Ainsi dans les cours d’arts martiaux, on doitapprendre à travailler à deux en pratiquantles mouvements requis, ce qui demande detoucher à l’autre personne et d’être près d’<strong>elle</strong>.Ainsi dans les cours de réanimation, on <strong>est</strong>appelé à toucher l’autre personne pourapprendre les techniques de réanimation, età être très près d’<strong>elle</strong> pour faire le bouche-àboucheet le massage cardiaque.On doit rentrer dans l’espace personnel del’autre, donc envahir un peu son intimité. Cegenre de situation occasionne de la gêne, unmalaise, mais après un certain temps ouaprès un certain apprivoisement de l’autrecette <strong>pudeur</strong> diminue. C’<strong>est</strong> un peu la mêmechose dans les relations en général, car pluson connaît une personne et plus il sera faciled’être proche d’<strong>elle</strong> tant physiquementqu’affectivement.8


DURÉE30 minutes2ACTIVITÉ 3CONTEXTE D’APPRENTISSAGEÉthique et Culture religieuse ouFrançais, langue d’enseignement1Demander aux jeunes de former des équipesmixtes ou non mixtes de trois à quatrepersonnes. (2 minutes)Distribuer à chaque jeune la feuille « Avecqui parler de sexualité ? ».Demander aux équipes de répondre auxqu<strong>est</strong>ions. (5 à 10 minutes)Faire un retour en grand groupe. (20 minures)L’enseignant ou l’intervenant devra revoirtoutes les qu<strong>est</strong>ions avec les jeunes afin defaire ressortir les éléments majeurs. Il devraaussi s’assurer d’aborder les notions derespect des limites personn<strong>elle</strong>s, de confidentialité,de confiance, de relation d’intimitéentre deux personnes. Enfin on insistera surla différence entre parler de sexualité engénéral et révéler des détails précis de sesexpériences amoureuses.Avec qui parlerde sexualité ?COMPÉTENCES TRANSVERSALESExercer son jugement critique,communiquer de façon appropriée.ACTIVITÉ« AVEC QUI PARLER DE SEXUALITÉ ?»1. Qu<strong>elle</strong> <strong>est</strong> la différence entre parlerde sexualité et parler de sa sexualité ?2. Avec qui peut-on discuter de sexualitéet dans quels contextes <strong>est</strong>-ce approprié ?Expliquez votre réponse.3. Avec qui peut-on parler de sa sexualité(craintes, angoisses, interrogations sur soncorps, ses histoires d’amour, ses rêves, sesrelations avec les garçons ou les filles) ?Dans quels contextes <strong>est</strong>-ce approprié ?Expliquez votre réponse.4. À part les amis, avec qui pouvez-vousparler de vos émotions, de ce que vousvivez, de ce qui vous inquiète :a) dans votre milieu scolaire ?b) dans votre entourage familial ?c) dans votre famille ?d) dans votre milieu communautaire(ressources, professionnels) ?5. Quels seraient les critères d’une personnedite digne de confiance et qui préserveraitvos confidences ?6. Si une personne révélait aux autres lesconfidences que vous lui avez faites,comment réagiriez-vous ?OBJECTIFS PARTICULIERS• Amener les jeunes à réfléchirsur le respect de leur intimitéet c<strong>elle</strong> de l’autre.• Amener les jeunes à faire ladistinction entre parler de sexualitéet révéler sa sexualité.SUGGESTIONSPOUR CONCLURE CETTE ACTIVITÉLorsque l’on fait des confidences à une personnequ’on <strong>est</strong>ime, on s’attend à ce que c<strong>elle</strong>-cirespecte nos révélations. Si cette personne utiliseces confidences et ces informations personn<strong>elle</strong>s,<strong>elle</strong> brise le lien de confiance. Il <strong>est</strong> alors normalde se sentir trahi, <strong>du</strong>pé, et même blessé. C’<strong>est</strong>pourquoi il <strong>est</strong> important de déterminer avecqui on peut partager ré<strong>elle</strong>ment ses secrets, sessentiments, ses préoccupations. Lorsqu’onressent le besoin de faire des confidences ausujet de ses émotions, de ses expériencesamoureuses ou de sa sexualité, il faut s’assurerque la personne <strong>est</strong> discrète, respectueuse, etqu’<strong>elle</strong> ne racontera pas à tout le monde cequ’on lui a confié. Parmi nos amis, il fautsavoir reconnaître ceux qui sont dignes deconfiance et ceux qui ne peuvent pas garder unsecret. Sinon, on risque de ressentir une blessure,une véritable atteinte à notre <strong>pudeur</strong>.Parler de sexualitéou parler de sa sexualité ?Pudeur ou im<strong>pudeur</strong> ?9


LA PUDEUR EST-ELLE DEVENUE DÉMODÉE ? ça sexprimeIEn précisant les facteurs qui contribuent au sentiment de gêne de dévoiler son corps, les jeunesseront à même de mieux comprendre ce qu’ils peuvent éprouver dans des situations similaires.Car si la <strong>pudeur</strong> <strong>est</strong> un sentiment normal, surtout à l’adolescence, il <strong>est</strong> toutefois difficile de biendéfinir cette notion. Par ailleurs, la <strong>pudeur</strong> quant au dévoilement de son corps <strong>est</strong> souvent <strong>du</strong>e à un manqued’acceptation de son image corpor<strong>elle</strong>. Ce manque d’acceptation peut s’expliquer par un manque de confianceen soi, par la peur d’être jugé par ses pairs et la peur de déplaire. Il devient donc important, dans ce contexte,d’amener les jeunes à réfléchir aux éléments favorables à l’acceptation et à la confiance en soi.Pendant cette activité, l’enseignant ou l’intervenant veillera au maintien <strong>du</strong> respect. <strong>La</strong> mise en situationpeut faire réagir les jeunes car <strong>elle</strong> <strong>est</strong> près de leur réalité. Néanmoins, on ne devra pas accepter des remarquesou des moqueries qui visent directement un ou une élève. Enfin même si le personnage de la mise en situation<strong>est</strong> une adolescente, il va sans dire que les garçons ont à exprimer leur point de vue.ACTIVITÉ 4Forum d’entraideDURÉE30 minutesCONTEXTE D’APPRENTISSAGEÉthique et Culture religieuse1Demander aux jeunes de former des équipesnon mixtes de quatre ou cinq personnes.(2 minutes)Demander aux jeunes de lire la mise ensituation ci-dessous et de répondre en équipeaux deux qu<strong>est</strong>ions. (15 minutes)Mise en situationDans son cours d’é<strong>du</strong>cation physique,Delphine, 13 ans, doit aller à la piscinepour l’activité de natation. Delphine <strong>est</strong> trèsstressée à l’idée de se mettre en maillot debain devant les autres élèves de sa classe.Elle trouve que sa poitrine <strong>est</strong> trop petitecomparée à c<strong>elle</strong> des autres filles de saclasse et a peur qu’on se moque d’<strong>elle</strong>. Ellea surtout peur que son amoureux, Pierre-Luc,avec qui <strong>elle</strong> <strong>est</strong> depuis peu de temps, ne latrouve pas assez b<strong>elle</strong> et décide de la laissertomber. Comment l’aider ?23COMPÉTENCES TRANSVERSALESRésoudre des problèmes, coopérer.Demander à chaque équipe de déterminer cequi peut être gênant dans le fait d’être enmaillot de bain devant les autres et devantson amoureux ou son amoureuse.Demander aux équipes de préciser cequ’<strong>elle</strong>s diraient à Delphine.De retour en grand groupe, les équipes sontinvitées à présenter leurs éléments deréponse pour la première qu<strong>est</strong>ion, puis àdire ce qu’<strong>elle</strong>s conseilleraient à Delphine.OBJECTIFS PARTICULIERS• Déterminer les facteurs contribuantau sentiment de gêne (embarras)de dévoiler son corps aux autres.• Préciser des éléments favorables àl’acceptation et à la confiance en soi.4Animation (10 à 15 minutes)Qu<strong>est</strong>ions proposées :• Pourquoi <strong>est</strong>-ce difficile de se retrouver enmaillot de bain devant une autre personne ?• Qu’<strong>est</strong>-ce qui <strong>est</strong> menaçant ou intimidantdans le regard de l’autre ?• Les filles ont-<strong>elle</strong>s tendance à avoirdavantage de complexes vis-à-visde leur corps que les garçons ?L’enseignant ou l’intervenant pourra conclureen faisant la synthèse des principaux élémentsrelevés par les jeunes. Leurs réponses doiventmettre en évidence la notion de respect deses limites personn<strong>elle</strong>s et l’importance deles communiquer à son partenaire. Encoreune fois, il conviendra d’insister sur lanormalité d’éprouver de la gêne et de la<strong>pudeur</strong> à dévoiler son corps (voir la section« <strong>La</strong> <strong>pudeur</strong> à l’adolescence », p. 3).10


CONCLUSIONAborder la notion de <strong>pudeur</strong> avec des adolescents n’<strong>est</strong> pas forcémentfacile car ceux-ci risquent de ne pas bien saisir comment la <strong>pudeur</strong>peut se tra<strong>du</strong>ire dans leur vie. Cette notion ne fait pas partie de leurvocabulaire et semble absente des discours et des modèles privilégiéspar la société et dans les médias. Une <strong>pudeur</strong> adolescente semanif<strong>est</strong>e néanmoins dans l’expression des sentiments et des désirs,ou encore par rapport au corps, à la nudité, à la sexualité, etc.,comme en témoignent les craintes et appréhensions formulées parles jeunes. Les activités présentées ont été conçues pour aborder lerôle de la <strong>pudeur</strong> dans la vie des jeunes. Ils seront ainsi amenés àréfléchir à ce qu’<strong>est</strong> la <strong>pudeur</strong> et à prendre conscience <strong>du</strong> fait qu’ilsla ressentent dans divers contextes et en raison de différentsfacteurs. Les activités pédagogiques proposées visent à ce que lesjeunes puissent reconnaître ces contextes et facteurs. Elless’adressent aux élèves <strong>du</strong> 1 er cycle <strong>du</strong> secondaire, toutefois lesenseignants et les intervenants peuvent les adapter à la réalité desélèves <strong>du</strong> 2 e cycle. Ces activités doivent se dérouler dans un contextede respect total afin de ne pas heurter les limites personn<strong>elle</strong>s desjeunes. L’importance <strong>du</strong> respect de ses limites personn<strong>elle</strong>s et dec<strong>elle</strong>s des autres <strong>est</strong> d’ailleurs le message essentiel que lesenseignants et les intervenants devront transmettre aux jeunes.11

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