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C'est l'Emigration qui doit gérer la Bibliothèque Polonaise

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N°2Automne20016, quaid’Orléanslettre de <strong>la</strong> Société Historique et Littéraire <strong>Polonaise</strong>C’est l’Emigration <strong>qui</strong> <strong>doit</strong> gérer <strong>la</strong>Bibliothèque <strong>Polonaise</strong>Interview du Pr Jerzy Wyrozumski, secrétaire général de <strong>la</strong> PAU (p. 4)Les deux mémoiresde <strong>la</strong> PolognePar Jean OffredoAu-délà du légitime débat juridique, del'échange d'arguments, hé<strong>la</strong>s trop souvent conflictuelset irraisonnés, l'accord entre <strong>la</strong> SociétéHistorique et Littéraire <strong>Polonaise</strong> et <strong>la</strong> PAU deCracovie, afin de créer les fondements d'unavenir nouveau pour <strong>la</strong> Bibliothèque polonaiseà Paris, est un acte dont <strong>la</strong> dimension historiqueet symbolique est de première grandeur.Il s'agit en effet d'un signe fort de présent retrouvéentre les deux mémoires de <strong>la</strong> Nation polonaiseque l'Histoire avait malheureusement ettragiquement séparées.*Mémoire de l'exil, d'une part, incarnée par <strong>la</strong>Grande Emigration du XIXe siècle, par les diverscourants d'émigration du XXe consécutifs auxaléas et aux bouleversements de l'Histoire.Mémoire de souffrance hors de <strong>la</strong> patrie <strong>qui</strong>ttée,mémoire aussi d'espérance pour que demeurevivant l'idéal de liberté et que soit préservéel'identité de <strong>la</strong> culture, fondement d'une Polognesuite p 2Photo Alicja Zawadzka


Ce numéro de <strong>la</strong> “Lettre” se donne pour objectif d’éc<strong>la</strong>irer les re<strong>la</strong>tions de <strong>la</strong> Bibliothèque<strong>Polonaise</strong> avec <strong>la</strong> Polska Akademia Umiejetnos’ci (PAU) de Cracovie, sur fond du débat actuelre<strong>la</strong>tif au projet d’accord entre <strong>la</strong> SHLP et <strong>la</strong> PAU sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> propriété de <strong>la</strong> BP. Selonce projet, <strong>la</strong> SHLP et <strong>la</strong> PAU devraient créer, à participation égale, une association à <strong>la</strong>quelleelles apporteraient tous leurs droits reconnus et revendiqués à <strong>la</strong> BP. L’intégralité et le maintienà Paris des collections de <strong>la</strong> BP sera garanti. La PAU a déja approuvé ce projet en Conseil et, le17.11.2001, en Assemblée générale solonnelle. Le vote de <strong>la</strong> SHLP est à l’ordre du jour del’Assemblée générale du 1.12.2001. Il est apparu au cours des débats sur ce projet que <strong>la</strong> situationprésente de <strong>la</strong> PAU, et surtout ses intentions à l’égard de <strong>la</strong> BP, sont mal connues ou incomprises.Nous espérons apporter ici des éléments d’information susceptibles de recentrer ce débatsur le fond - à savoir le souci de trouver pour <strong>la</strong> BP et ses collections <strong>la</strong> meilleure base d’uneexistence durable à Paris, soutenue par toutes les ressources de bonne volonté, en France commeen Pologne.,Les deux mémoires de <strong>la</strong> PolognePar Jean Offredosouveraine. Mémoire vécue pourles uns, héritée pour les autres,enracinée en nous.Mémoire de <strong>la</strong> "pensée captive",d'autre part, sur <strong>la</strong> terre polonaise,à l'épreuve des deuxidéologies totalitaires du sièclepassé, nazisme et communisme.Mémoire de nuit et de brouil<strong>la</strong>rd,de feu et de sang, d'oppositionet d'aliénation. Mémoirede lutte et de courage, quand,par <strong>la</strong> force du rêve, <strong>la</strong> volonté,même contrainte à plier sousl'épreuve, ne rompt pas.Grâces soient rendues à ceux età celles <strong>qui</strong> ont permis <strong>la</strong> survie,l'intégralité et l'inaltérabilité deces deux mémoires : hommes etfemmes, mouvements et institutions,paroles et écrits.Hommage particulier à l'Eglisepolonaise, là-bas et ici, <strong>qui</strong> fut lelieu du refuge, de rupture et derésistance où pouvaient convergerles aspirations et lesdésirs de chacun. On pouvait nepas être d'accord sur le ciel, onl'était pour que <strong>la</strong> terre ne soitpas un enfer.A sa p<strong>la</strong>ce, modeste mais décisive,<strong>la</strong> Bibliothèque polonaise àParis a joué un rôle fondamentalde veilleur et de gardien demémoire, voulue par lesPolonais, accueillie et protégéepar <strong>la</strong> France des Lumières.Grâce à elle surtout, l'Île Saint-Louis est devenue Varsovie-sur-Seine.*Les efforts et <strong>la</strong> déterminationdes uns et des autres ont permisqu'en l'an 1989 les deuxmémoires se retrouvent et puissentoeuvrer ensemble pour lebien commun de <strong>la</strong> Pologne etle destin libéré des Polonais.La Bibliothèque polonaise àParis peut être, <strong>doit</strong> être un lieuemblématique où les deuxmémoires se rejoignent dans lemiroir retrouvé de l'Histoire.Qu'un lieu-témoin de "penséecaptive", <strong>la</strong> PAU, et un lieutémoinde l'exil, <strong>la</strong> SHLP, décidentd'oeuvrer ensemble danscette perspective, est peut-êtreun pari, un défi même, mais <strong>la</strong>Pologne en a connu d'autres, etc'est pour ce<strong>la</strong> qu'elle est toujourslà, sur <strong>la</strong> carte des pays de<strong>la</strong> terre.*Karol Wojtyl / a, dans un très beaupoème – “Quand je pensePatrie” – a écrit ces vers <strong>qui</strong> meviennent à l'esprit :2Photo Alicja ZawadzkaSur l'immense cadran de l'Histoireles heures viennent toujoursLes heures deviennent le psaumedes conversions à n'en pas finir ;Nous sommes en marche pour prendrepart à l'Eucharistie des mondes.Alors, soyons les horlogers <strong>qui</strong>s'engagent avec lucidité etsérénité à pousser les aiguillesdu cadran de l'Histoire, veilleursdu temps <strong>qui</strong> s'écoule vers l'éternité.Jean Offredo


C’estl’EmigrationBibliothèque PolonaisInterview du Pr Jerzy Wyrozumski, secrétaire général de <strong>la</strong> PAUPiotr Blonski : Au fond, pourquoi <strong>la</strong>PAU tient-elle à faire reconnaître sesdroits sur <strong>la</strong> BP ?JW : C’est notre devoir. La PAU anon seulement le droit, maisaussi l’obligation morale de sesaisir de cette question. Si ellene le faisait pas, les générationsfutures pourraient lui reprocherd’avoir abandonné ces droitssans justification.Nous avons entrepris desdémarches dans ce sens dès <strong>la</strong>réactivation de <strong>la</strong> PAU, dès <strong>la</strong>chute de <strong>la</strong> République<strong>Polonaise</strong> Popu<strong>la</strong>ire. Dans certainsmilieux de l’Emigration onveut faire accroire que cesdémarches ont commencésubitement et récemment. Riende plus faux : nous avons évoqué<strong>la</strong> question dès les premiersentretiens avec le Pr Folkierski.Ces entretiens se poursuivantdonc depuis longtemps, nousavons notifié au tribunal françaisdont relève le cas de <strong>la</strong> BP que,premièrement, <strong>la</strong> PAU a étérestituée, deuxièmement, qu’elleest identique à l’AU (AkademiaUmiejetnos’ci) <strong>qui</strong> avait bénéficiédu transfert de propriété de<strong>la</strong> BP en 1893 et <strong>qui</strong> a géré <strong>la</strong> BPjusqu’à 1952, troisièmement,qu’elle respecte le contrat debail courant jusqu’à 2030, enfinqu’elle entreprend de récolterdes fonds afin de financer <strong>la</strong> BPà long terme.,J’insiste sur le fait que nousavons aujourd’hui une obligationmorale - vis-à-vis desgénérations passées, <strong>qui</strong> nousont légué <strong>la</strong> BP, et vis-à-vis desgénérations futures, <strong>qui</strong> pourraientnous reprocher d’avoirabandonné nos droits – derégler <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> propriétéde <strong>la</strong> BP. Car à ce jour, <strong>la</strong> BP n’aW<strong>la</strong>dys<strong>la</strong>w Mickiewicz, Délégué de <strong>la</strong> PAU. Pastel de S.Wyspian’ski. Collections de <strong>la</strong> BP//pas de propriétaire : c’est précisément<strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelleelle a été p<strong>la</strong>cée sous administrationjudiciaire. Dans certainescirconstances défavorables quel’on ne peut tout-à-fait exclure,<strong>la</strong> BP pourrait tomber, du faitdes mécanismes de prescription,dans le domaine public.Nos droits sont incontestables.Cependant, nous estimons quec’est l’émigration <strong>qui</strong> <strong>doit</strong> gérer<strong>la</strong> BP, aussi longtemps qu’elle enaura les moyens intellectuels etmoraux. C’est pour ce<strong>la</strong> quedans notre déc<strong>la</strong>ration auTribunal nous affirmons4respecter le contrat de bail. Ce<strong>la</strong>ne veut pas dire non plus quenous prévoyons, dès 2030, demettre <strong>la</strong> main sur <strong>la</strong> BP, deprendre son contrôle…PB : D’ici 2030, <strong>la</strong> notion mêmed’émigration sera dépassée, à l’intérieurde l’Union Européenne dont <strong>la</strong>Pologne sera membre…JW : C’est précisément <strong>la</strong> question.Les générations futuresauront le souci d’y répondre.Moi-même, je ne serai plus icibas,et personnellement je pourraisne pas y penser. Maiscomme secrétaire général de <strong>la</strong>PAU, je n’ai pas le droit de nepas penser à l’avenir, mêmelointain, de cette institutionpolonaise en France. Je n’en aipas le droit. Il s’agit de garantirsa pérennité, de <strong>la</strong> préserver desaléas de l’histoire…PB : La PAU a-t-elle les moyens definancer <strong>la</strong> BP ?JW : Non. La PAU n’a pas cesmoyens. En revanche, elle estqualifiée pour chercher à lesobtenir, dans <strong>la</strong> mesure où sondroit de propriété lui sera restitué.Rappellons que dans l’entre-deux-guerres,<strong>la</strong> PAU obtenaitpour <strong>la</strong> BP un financementpublic en Pologne, non seulementparce qu’elle en était propriétaire,mais aussi parce


l’intégrité et l’inaltérabilité descollections de <strong>la</strong> BP. Il n’y a làdessusaucune é<strong>qui</strong>voque. Ilfaut beaucoup de mauvaisevolonté pour croire que <strong>la</strong> PAUa d’autres intentions – cettemauvaise volonté s’est hé<strong>la</strong>sexprimée à diverses occasions.Nous n’avons aucun intérêt àprélever quoi que ce soit descollections de <strong>la</strong> BP. Je diraiplus : avant <strong>la</strong> guerre, certainsensembles d’archives ou dedocuments avaient été envoyésà Cracovie à titre de prêt pour yêtre étudiés. Après <strong>la</strong> guerre cespièces ont été soigneusementemballées et sont restéesintactes en tant que dépôt de <strong>la</strong>BP, successivement à <strong>la</strong> bibliothèquede <strong>la</strong> PAU, <strong>la</strong> PAN et denouveau de <strong>la</strong> PAU. Ce n’estqu’à <strong>la</strong> demande de M. Zaleskique l’on a récemment ouvert cescolis pour en vérifier le contenu.PB : Ainsi, ces pièces reviendraient àParis ?JW : Naturellement. C’est undépôt <strong>qui</strong> peut être restitué àchaque moment – enfin, sansdoute pas pendant que durentles travaux à <strong>la</strong> BP, mais dès que<strong>la</strong> BP le voudra.PB : A plus long terme, commentimaginez-vous l’activité de <strong>la</strong> BP et lerôle de <strong>la</strong> PAU ?JW : La BP <strong>doit</strong> certainementfonctionner comme un pôlepolonais en France, faire rayonner<strong>la</strong> culture polonaise, êtreactive, non seulement au servicedes Polonais en France,mais de tous les chercheurs, detous ceux <strong>qui</strong> s’intéressent à <strong>la</strong>Pologne.PB : Le modèle à suivre serait-il celuides années 1930, lorsque <strong>la</strong> BP fonctionnaiten tant qu’Institut polonais,financée par le gouvernement polonais,alors que le programme de <strong>la</strong>recherche, des conférences, des publicationsrestait sous <strong>la</strong> responsabilité dudélégué de <strong>la</strong> PAU ?JW : W<strong>la</strong>dys<strong>la</strong>w Mickiewiczétait, jusqu’en 1917 directeur de<strong>la</strong> BP délégué par l’AU. Ce<strong>la</strong> dit,<strong>la</strong> situation n’est plus <strong>la</strong> mêmeaujourd’hui. D’autres institutionspolonaises ont été créées, àParis comme ailleurs, <strong>qui</strong> remplissentcertaines anciennesfonctions le <strong>la</strong> BP. La BP ellemêmea rejeté son rôle de vitrineofficielle de <strong>la</strong> Pologne, etc’est tout à fait compréhensible,puisque l’émigration rejetait <strong>la</strong>domination communiste. Ainsi,à Paris même, il y a aujourd’huiun Institut polonais du Ministèredes Affaires Etrangères, une stationde <strong>la</strong> PAN – bref, les rôlesont changé. Cependant j’ai <strong>la</strong>conviction que <strong>la</strong> France a unetelle importance pour <strong>la</strong>Pologne qu’il n’y aura jamaistrop d’activités contribuant àleur re<strong>la</strong>tions. De plus, <strong>la</strong> BP,avec ses collections et ses traditions,a <strong>la</strong> capacité de jouer unrôle différent de celui, parexemple, de l’Institut polonais.//PB : Est-ce que <strong>la</strong> PAU envisage unprogramme d’activités spécifique à <strong>la</strong>BP ?JW : Nous sommes à mille lieuesde vouloir interférer de quelquefaçon que ce soit dans les activitésde <strong>la</strong> SHLP. Celle-ci a assezd’énergie pour poursuivre sonactivité de façon autonome etelle peut très bien se passer denous. Bien entendu, si on nous6le demande, nous serons toujoursprêts à coopérer.C’est seulement dans le cas oùle milieu de l’émigration polonaiseperdait cette énergie, cettecapacité d’agir, de réaliser samission à <strong>la</strong> hauteur de ce que<strong>la</strong> BP mérite, que nous serionsmoralement obligés de participeractivement. Nous disposonsdu potentiel intellectuelnécessaire et nous pouvons àchaque moment l’atteler, selonle besoin, à l’organisation deconférences, d’expositions, etc.Mais nous ne voulons pas nousimposer.PB : Ainsi, <strong>la</strong> PAU reste en réserve ?JW : Je vous <strong>la</strong>isse l’expression.Nous considérons simplementque <strong>la</strong> souveraineté de <strong>la</strong> BP, lemérite d’avoir survécu coupéede <strong>la</strong> Pologne, privée desmoyens <strong>qui</strong> auraient dû luirevenir, son existence et sa forceintellectuelle – tout ce<strong>la</strong> est uncapital précieux. Aussi, nous nevoulons rien retrancher de cecapital, au contraire, s’il le fal<strong>la</strong>it,nous sommes prêts à contribuerà son enrichissement.Cachet de <strong>la</strong> Bibliothèque polonaise dans les années 1926-1940


Les publications de <strong>la</strong> S H L P6, quai d’Orléanslettre trimestrielle publiée par <strong>la</strong> Société Historique et Littéraire <strong>Polonaise</strong> à Paris.Adresse : 6, quai d’Orléans, 75004 Paris - Tél. : 01 55 42 83 83 - Fax 01 46 33 36 31 - E-mail : quaidor@voi<strong>la</strong>.fr.Prix au numéro : 1,50 € (9,84 F). Abonnement 4 numéros : 5 € (32,80 F).N° Commission paritaire : inscription en cours.Directeur de <strong>la</strong> publication : Leszek Talko. Conseiller : Jean Offredo. Rédaction : Piotr Blonski

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